paradis [ paradi ] n. m.
• 980; lat. ecclés. paradisus, gr. paradeisos, de l'avestique paridaiza « enclos, édifice » →aussi parvis
1 ♦ Lieu où les âmes des justes jouissent de la béatitude éternelle. ⇒ ciel (cf. Le royaume de Dieu, le royaume éternel). Le paradis et l'enfer. Aller au paradis, (vieilli) en paradis. Les clés du paradis. — Vous ne l'emporterez pas au paradis.
2 ♦ Fig. État ou lieu de bonheur parfait, séjour enchanteur. ⇒ éden. C'est le paradis sur (la) terre. Un coin de paradis. « le vert paradis des amours enfantines » (Baudelaire). « c'est de l'enfer des pauvres qu'est fait le paradis des riches » (Hugo). Loc. Être, se croire au paradis : être au comble du bonheur. — « Les Paradis artificiels » (ouvrage de Baudelaire) : les plaisirs de la drogue.
♢ Paradis fiscal : pays où la réglementation monétaire, la fiscalité plus souple, plus favorable que dans le reste du monde attire les capitaux étrangers. Fuite de capitaux vers un paradis fiscal.
3 ♦ LE PARADIS TERRESTRE :jardin, lieu de délices où, dans la Genèse, Dieu plaça Adam et Ève. ⇒ éden.
4 ♦ (XVIe-XVIIe) Vx Bassin aménagé dans un port pour abriter les navires.
5 ♦ (1606) Galerie supérieure d'un théâtre. ⇒ poulailler. « Les Enfants du Paradis », film de M. Carné.
6 ♦ (1542) Pommier de paradis ou paradis : variété de pommier (Mala paridisiaca) utilisée comme porte-greffe. — Graine de paradis. ⇒ maniguette.
7 ♦ (1560) Oiseau de paradis. ⇒ paradisier.
⊗ CONTR. Enfer, géhenne.
● paradis nom masculin (latin ecclésiastique paradisus, du grec paradeisos, jardin) Dans la théologie ancienne, séjour des justes après la mort ; dans la théologie moderne, état de bonheur dont jouissent auprès de Dieu les âmes des justes après la mort. Pour les musulmans, séjour de félicité où le croyant sans faute retrouvera les siens. Lieu, séjour, état délicieux et enchanteur : Cette plage, c'est un paradis. Lieu où quelqu'un est dans une situation privilégiée en ce qui concerne ses goûts ou l'activité choisie : Cette rivière est le paradis des pêcheurs. Pommier de faible vigueur que l'on greffe pour avoir des arbres de petite taille. Plume de paradisier, autrefois utilisée pour orner les coiffures. Au théâtre, synonyme de poulailler. ● paradis (citations) nom masculin (latin ecclésiastique paradisus, du grec paradeisos, jardin) Marcel Aymé Joigny 1902-Paris 1967 La forêt, c'est encore un peu du Paradis perdu. Dieu n'a pas voulu que le premier jardin fût effacé par le premier péché. Clérambard, I, 10, le moine Grasset Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 Mais le vert paradis des amours enfantines […]. Les Fleurs du Mal, Moesta et errabunda Paul Claudel Villeneuve-sur-Fère, Aisne, 1868-Paris 1955 La femme sera toujours le danger de tous les paradis. Conversations dans le Loir-et-Cher Gallimard Paul Claudel Villeneuve-sur-Fère, Aisne, 1868-Paris 1955 Quand l'homme essaie d'imaginer le Paradis sur terre, ça fait tout de suite un enfer très convenable. Conversations dans le Loir-et-Cher Gallimard Jean Giraudoux Bellac 1882-Paris 1944 Adam croit dur comme fer qu'il a été chassé du paradis terrestre. Ève n'en est pas sûre du tout, et agit, en tout cas, comme si elle y restait. Pour Lucrèce, I, 8, Paola Grasset Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Mieux vaudrait encore un enfer intelligent qu'un paradis bête. Quatrevingt-Treize Marcel Proust Paris 1871-Paris 1922 Les vrais paradis sont les paradis qu'on a perdus. À la recherche du temps perdu, le Temps retrouvé Gallimard Jules Renard Châlons, Mayenne, 1864-Paris 1910 Le paradis n'est pas sur la terre, mais il y en a des morceaux. Il y a sur la terre un paradis brisé. Journal, 28 décembre 1896 Gallimard Pierre Reverdy Narbonne 1889-Solesmes 1960 L'avenir est un paradis d'où, exactement comme de l'autre, personne n'est encore jamais revenu. En vrac Éditions du Rocher François Marie Arouet, dit Voltaire Paris 1694-Paris 1778 Le paradis terrestre est où je suis. Satires, le Mondain Federico García Lorca Fuente Vaqueros 1898-Víznar 1936 La terre est le probable paradis perdu. La tierra es el probable paraíso perdido. Mar, Versos finales Aleksandr Sergueïevitch Pouchkine Moscou 1799-Saint-Pétersbourg 1837 Ce que nous recherchons, c'est le fruit défendu. Sans lui, le Paradis n'est pas pour nous le Paradis. Eugène Onéguine, VIII, 27 Rabia al-Adawiyya ou Rabia al-Qaisiya 713-Bassora 801 Si je t'adore par crainte de l'Enfer, brûle-moi en Enfer ; si je t'adore dans l'espoir du Paradis, exclus-moi du Paradis. Mais si je t'adore pour toi-même, ne me prive pas de ta Beauté éternelle. Diwan ● paradis (difficultés) nom masculin (latin ecclésiastique paradisus, du grec paradeisos, jardin) Orthographe Jamais de majus-cule. Construction En paradis / au paradis : l'un et l'autre sont corrects aujourd'hui. En paradis, un peu vieilli, appartient à une langue plus soignée. Même dans l'expression figée ne pas l'emporter en paradis, à remplace de plus en plus souvent en (ne pas l'emporter au paradis). ● paradis (expressions) nom masculin (latin ecclésiastique paradisus, du grec paradeisos, jardin) Être au paradis (terrestre), être en état de parfait bonheur. Oiseau de paradis, synonyme de paradisier. Paradis artificiels, état de bien-être provoqué par l'usage des drogues, des stupéfiants. Paradis fiscal, pays qui fait bénéficier d'avantages fiscaux les non-résidents qui y placent des capitaux. Paradis terrestre, dans le livre de la Genèse (II-III), jardin idyllique où Dieu plaça le premier homme et la première femme, considérés comme les ancêtres de l'humanité. ● paradis (synonymes) nom masculin (latin ecclésiastique paradisus, du grec paradeisos, jardin) Dans la théologie ancienne, séjour des justes après la mort ;...
Synonymes :
- ciel
Contraires :
- enfer
- limbes
Lieu, séjour, état délicieux et enchanteur
Synonymes :
- eldorado
- élysée
- nirvana
Oiseau de paradis
Synonymes :
Paradis fiscal
Synonymes :
Paradis terrestre
Synonymes :
- Éden
Synonymes :
paradis
(Grand) (en ital. Gran Paradiso) massif des Alpes occidentales (4 061 m), en Italie, près de la frontière française.
— Parc national (56 000 ha) créé en 1922, auquel fait suite le parc français de la Vanoise.
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paradis
n. m.
d1./d Selon plusieurs religions, lieu où séjournent les bienheureux après leur mort.
d2./d Le Paradis terrestre: le jardin habité par Adam et ève, selon la Genèse.
d3./d Fig. Lieu enchanteur. Un paradis tropical.
— Paradis fiscal: pays où le régime fiscal est particulièrement avantageux.
d4./d Les paradis artificiels: les sensations procurées par les drogues.
d5./d Balcon, galerie en haut d'une salle de spectacle.
d6./d Oiseau de paradis: paradisier.
d7./d Graine de paradis: V. maniguette.
⇒PARADIS, subst. masc.
A. —1. ANTIQ. ,,Verger, parc, jardin arrosé et planté d'arbres`` (Bible 1912, p.2120). Un vieux mot, paradis (...) qui désigna d'abord les parcs des rois achéménides, résumait le rêve de tous: un jardin délicieux où l'on continuerait à jamais la vie charmante que l'on menait ici-bas (RENAN, Vie Jésus, 1863, p.200). L'Égypte, la Chaldée, les jardins ou paradis de l'Asie occidentale jouèrent pour les animaux le même rôle que pour les plantes (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p.287).
♦Région. (Ouest), vieilli. Pré planté d'arbres fruitiers. Elle, avec un panier au bras, allait au paradis fruitier des Mariel (PÉROCHON, Les Fils Madagascar, 1932 ds RÉZEAU, Note sur le lexique d'Ernest Pérochon ds R. Ling. rom. t.42 1978, p.112).
— En partic. [P. réf. à Gen. II, 8, 15, 22] Paradis terrestre. ,,Jardin merveilleux que Dieu donna comme séjour à Adam et Ève au moment de leur création`` (Bible, loc. cit.). Synon. Éden. Les arbres, les fleuves du paradis; Adam chassé du paradis terrestre. Le village où cette Jézabel nous a donné des fleurs, c'est Freidis, mot syriaque qui veut dire petit paradis. On croit que c'est l'endroit où se trouvait le paradis terrestre à cause de ce grand fleuve qui s'y trouve (BARRÈS, Cahiers, t.10, 1914, p.356).
P. anal. Lieu très agréable; ce qui constitue sur terre un paradis. Tous mes regrets, comme toutes mes espérances, me ramènent en Surrey. C'est là le paradis terrestre pour moi (STAËL, Lettres div., 1793, p.465).
♦Paradis perdu. Paradis d'où Adam a été chassé. Je comprends que les traditions arabes placent à Damas le site du paradis perdu: aucun lieu de la terre ne rappelle mieux l'éden (LAMART., Voy. Orient, t.2, 1835, p.238). Au fig. Ce qui fait l'objet de regrets, de nostalgie. Je prends mes dispositions pour passer ma première nuit dans le jardin de mon enfance, ce paradis perdu et, ce soir, retrouvé (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p.106).
2. P. anal. et p.métaph.
a) Lieu enchanteur par sa beauté, sa douceur de vivre. Un paradis d'herbe, de roses, de verdure. J'ai couru la Provence et la Savoie; la Savoie de Chambéry, un paradis! (SAND, Corresp., t.4, 1861, p.264):
• 1. ... Beyrouth avec ses maisons en amphithéâtre, au milieu de vastes jardins, un paradis délicieux planté d'orangers, de citronniers et de palmiers.
ZOLA, Argent, 1891, p.77.
♦Lieu qui est à l'image du paradis. C'est un vrai paradis; ce pays, votre maison est un vrai paradis. Un de ces paradis sur terre, si chers aux Méridionaux, qu'on intitule villas à Nice, bastides en Avignon, cabanons à Marseille (ARÈNE, Veine argile, 1896, p.233).
♦Coin de paradis. Endroit très agréable, paradisiaque. Je revoyais ce pays merveilleux, cette côte d'azur aperçue au réveil comme un coin de paradis après l'horrible départ de Paris (G. LEROUX, Parfum, 1908, p.28).
b) Endroit rêvé pour les plaisirs qu'il peut offrir; lieu idéal pour quelqu'un, quelque chose. Paradis culinaire, matériel; paradis d'insouciance; paradis des jouets, de la technique. Montparnasse, avant d'être le quartier des faux peintres arrivés, a longtemps été un petit paradis (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p.154):
• 2. ... dans le pays de cocagne, dans ce paradis dont un trouvère du
XIIIe siècle a dépeint les ineffables douceurs, la place est largement faite aux plaisirs de la bouche.
FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p.174.
♦Paradis fiscal. ,,Pays où la législation fiscale est très avantageuse et permet notamment de placer ou de mettre en sûreté des capitaux étrangers de telle sorte qu'ils échappent à certaines impositions qui les auraient frappés dans leur pays d'origine`` (GILB. 1980). À Bâle un référendum populaire institue une «taxe sur les riches»: à partir d'un certain niveau de revenu, la Suisse cesse d'être un paradis fiscal (Le Nouvel Observateur, 24 sept. 1973, ds GILB. 1980).
♦Paradis de qqn. Le paradis des enfants, des chasseurs, des pêcheurs. On appeloit la France le paradis des femmes, parce qu'elles y jouissoient d'une grande liberté (STAËL, Allemagne, t.1, 1810, p.79). La France apparaissant comme le paradis des inventeurs et le berceau de la voiture sans chevaux (P. ROUSSEAU, Hist. techn. et invent., 1967, p.343).
c) État qui procure le contentement, le bonheur. Le paradis de l'enfance; un paradis de tendresse; trouver le paradis sur terre. Il a, dans sa jeunesse, connu le paradis, un bonheur dont il ne peut guérir (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p.86).
— P. métaph. Le paradis d'un visage. Donne-moi encore une fois ce paradis de ta petite tête (MONTHERL., Malatesta, 1946, IV, 1, p.511).
♦[P. réf. à l'oeuvre de Baudelaire (1860)] Paradis artificiels. L'état de bien-être, l'euphorie extrême produits par l'usage des stupéfiants. [Baudelaire] atteignait à la contemplation de l'éternité. (...) c'est (...) dans les Paradis artificiels qu'il a parlé de ses états de rêverie avec le plus de netteté (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p.378).
B. —RELIGION
1. Région suprême; lieu de séjour où, dans les différentes traditions, les âmes se retrouvent après la mort. Paradis bouddhique, celte, germanique. Quelques nations du sud (...) plaçaient leur paradis au milieu des mers, où les élus jouissaient d'une fraîcheur qu'ils ne rencontrent jamais dans leurs sables brûlans (Voy. La Pérouse, t.2, 1797, p.274). Mais où vont ces ames célestes lorsqu'elles sont séparées du corps? (...) elles passent dans un des sept paradis ou mondes (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p.281).
♦Paradis de Mahomet, du prophète, d'Allah. Lieu de délices promis aux musulmans après leur mort en récompense de leurs mérites, et où ils jouiront de tous les plaisirs des sens. Les houris du paradis. Comme on comprend, sous ces verdures, le désordre passionné de la poésie arabe et son éternelle promesse de paradis verdoyants! (THARAUD, Fête arabe, 1912, p.18).
♦Paradis orphique. Le paradis orphique, promis aux initiés, était une région bienheureuse du monde souterrain, prairies émaillées de fleurs où abondent les arbres chargés de fruits, où les âmes se reposent dans une douce lumière, participent aux danses et aux chants sacrés, et festoyent à des tables dressées sous les ombrages de beaux jardins (Encyclop. univ. t.6 1970, p.240).
2. CHRIST. [P. oppos. à purgatoire, à enfer] Lieu de séjour où les âmes des justes jouissent de la béatitude éternelle. Aller, monter au/en paradis; mériter le paradis; avoir sa place en paradis. Dieu (...) nous a toutes fait la même révélation, qui est que nous irons en paradis si nous vivons en bons chrétiens (PÉGUY, Myst. charité, 1910, p.27). La mère disait que si les pauvres gagnent le paradis par leur misère même, les riches n'arrivent à le gagner que par leur charité. Les uns parce qu'ils n'ont rien, les autres parce qu'ils donnent ce qu'ils ont (POURRAT, Gaspard, 1925, p.86):
• 3. ... tôt ou tard le seigneur m'appellera (...) j'irai donc dans le paradis, je verrai Jésus-Christ, la Vierge, les anges, les bienheureux apôtres saint Pierre et saint Paul, tous les martyrs, les chérubins et les séraphins...
FLAUB., Tentation, 1849, p.369.
♦Le chemin du paradis. ,,Chemin étroit, montant et difficile`` (Ac. 1835, 1878).
♦La clef, les clefs, les portes du paradis. À droite, on voit (...) saint Pierre avec la clef du paradis (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p.352). Fam. Le portier du paradis. Saint Pierre. (Dict.XIXe et XXes.).
♦Part de paradis. Place promise au paradis aux élus. Attendre sa part de paradis; jurer qqc. sur sa part de paradis. Sur ton salut éternel tu promets de faire ce que je t'ai dit? Landry: Sur la part que j'espère dans le paradis, je le jure (DUMAS père, Tour Nesle, 1832, III, 2, p.57).
— Loc. verb.
♦Avoir, faire son paradis en ce monde. ,,Se livrer à toutes sortes de plaisirs`` (Ac. 1878, 1935).
♦Envoyer en paradis (pop., vieilli). Tuer. Que j' t'y prenne à me faire des queues, j' t'envoie en paradis (H. Monnier) (LARCH. 1872, p.126).
♦Être, se croire en/au paradis; avoir le paradis dans le coeur. Éprouver un grand sentiment de repos, de joie. Renée répondit à ce regard par son plus doux sourire, et Villefort sortit avec le paradis dans le coeur (DUMAS père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.71). La pelouse était couverte de faibles vapeurs condensées, qui déroulaient leurs blancs flocons sur les pointes des herbes. Nous pensions être en paradis (NERVAL, Filles feu, Sylvie, 1854, p.595).
♦Avoir heurté à la porte du paradis (vieilli). Avoir été à l'agonie. (Ds BESCH. 1845, LITTRÉ, Lar. 19e-20e).
♦[En formule d'invocation, de prière ou de souhait] Bonjour papa, bonjour maman, je vous souhaite une bonne année, une bonne santé et le paradis à la fin de vos jours (RENARD, Poil carotte, 1894, p.114). Dieu, messer Farinata, vous garde de l'enfer et vous reçoive, après votre mort, en son saint Paradis! (A. FRANCE, Clio, 1900, p.133). Se recommander à tous les saints du paradis. Implorer leur protection. Grands saints du paradis! s'écria le vieillard, où sommes-nous? (HUGO, Han d'Isl., 1823, p.143).
♦[En formule de menace] Ne pas l'emporter en/au paradis; ne pas porter en/au paradis (vieilli et pop.). Être puni de telle action. Le fait est que ces messieurs se sont cruellement joués de vous (...) Ils ne le porteront pas en paradis (AUGIER, Fils Giboyer, 1862, pp.143-144). Il faut le laisser à ses bougies, au petit ménage de l'autel... Tout de même, il ne l'emportera pas en paradis! (VERCEL, Cap.Conan, 1934, p.191).
— P. anal.
♦JEUX. ,,Jeu de marelle, à cause du nom donné au point gagnant`` (FRANCE 1907).
♦LITURGIE
Vieilli. ,,Autels provisoires élevés dans les rues les jours de procession solennelle`` (Ac. Compl. 1842). Synon. reposoir. Paradis: Reposoirs que l'on fait à la Fête-Dieu, que l'on faisait autrefois à la porte des églises (COLLINET, Région. hte-montagne, 1925).
Ces mêmes autels élevés dans les églises, les chapelles au temps des grandes fêtes chrétiennes. Visiter les «Paradis» dans les églises et les chapelles (ARÈNE, Calanque, 1896, p.88).
♦THÉÂTRE, vieilli. Places les plus élevées et les moins chères d'un théâtre. Synon. poulailler (fam.). Un public de paradis. Elle est pleine [la salle], des fauteuils d'orchestre au paradis (P. LALO, Mus., 1899, p.49).
— Spécialement
♦BOT. Pommier de paradis ou paradis. Espèce de pommier nain utilisé comme porte-greffe. Ce moyen de propagation reste le plus employé pour la production commerciale des porte-greffes autres que les francs (cognassiers, pommiers paradis) (BOULAY, Arboric. et prod. fruit., 1961, p.77).
♦ORNITH. Oiseau de paradis. Synon. de paradisier. Les colibris et les oiseaux de paradis étalaient en plein air les richesses de leur plumage (VERNE, 500 millions, 1879, p.109).
Plumes de paradis, p.ell., paradis. Plumes de cet oiseau que les femmes portent dans leur coiffure. Longue figure immobile (...) encadrée de deux plumes de paradis roses qui lui emprisonnent les joues entre deux parenthèses (GREEN, Journal, 1945, p.272).
REM. Paradiser, verbe trans., rare. Rendre merveilleux comme un paradis. La variété prodigieuse, infinie, des parures dont la nature a voulu maternellement glorifier l'hymen de l'insecte et lui paradiser ses noces (MICHELET, Insecte, 1857, p.156).
Prononc. et Orth.:[]. Att.ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.A. 1. Fin Xes. «lieu où les âmes des justes jouissent de la béatitude» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 300: Eu t'o promet, oi en cest di Ab me venras in paradis); ca 1050 (St Alexis, éd. Chr. Storey, 173: Quar il ad Deu bien ed a gret servit, Ed il est dignes d'entrer en paradis); ca 1135 (Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 431: Qui en ce jor morra en la bataille, En paradis sera son herbergage); 1188 le paradis considéré comme le comble de la félicité (AIMON DE VARENNES, Florimont, 6019 ds T.-L.: Est gueris qui la [la pucele] puet vëoir; Vis est qu'il soit em paradix); 2. fin XIIes. «bonheur parfait, béatitude» (Mainet, III, 3, ibid.); 1226-27 (GUILLAUME LE CLERC, Besant de Dieu, éd. P. Ruelle, 452: Querez vus autre paradis Que seeir en tel palefrei); 3. 1269-78 «séjour des divinités païennes» (JEAN DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 5399); 4. 1597 mar. «anse d'un port où les navires sont en sûreté» (doc. ds JAL1); 5. 1606, avr. «amphithéâtre placé dans la partie la plus haute d'un théâtre» (doc. ds G. COHEN, Compte des dépenses pour le Mystère de la Passion, 1925, LI). B. 1. Ca 1135 «jardin merveilleux où, selon Gen. II, 8-10, Dieu plaça Adam et Ève» (Couronnement de Louis, 703); 1146-70 (Jeu d'Adam, éd. W. Noomen, 198, 345); ca 1200 le paradis considéré comme un lieu riche et fécond, aux productions délectables (Aye d'Avignon, 62 ds T.-L.: ... qui ert vaillant et clere [la pierre precïose] De paradis terrestre l'avoit on aportee); ca 1240 (Narbonnais, 4318, ibid.: ... une espice aroment, ... En paradis fu prise voirement, Là ò Dex fist Adan primierement); spéc. a) 1225-30 graine de paradis (GUILLAUME DE LORRIS, Rose, éd. F. Lecoy, 1341); b) 1256 poume de paradis «banane» (,,Régime du corps`` de Aldebrandin de Sienne, éd. L. Landouzy et R. Pépin, p.99, 6); 1538 pomme de paradis «pomme d'api» (EST., s.v. malus); c) 1585 oyseaulx de paradis (FRANCHIÈRES, Fauc., ms. Chantilly 1528, fol. 5 r° ds GDF. Compl.); d) 1521 fleur de paradis (Trév.). Empr. au lat. chrét. paradisus (gr. «parc clos où se trouvent des animaux sauvages [en parlant des parcs des rois et des nobles perses]» empr. à l'iranien [CHANTRAINE], utilisé dans les Septante aux sens B [Gen. II, 8] et A [Luc XXIII, 43; 2 Cor. XII, 4]) «parc, enclos» (Aulu-Gelle), «jardin délicieux» (Cant. IV, 12), employé pour désigner le paradis terrestre (Tertullien, St Jérôme), le séjour des justes, le ciel [p.oppos. à inferi] (Tertullien), de là le sens de «lieu de bonheur spirituel» (St AUGUSTIN, Gen. Man. ds BLAISE Lat. chrét.). Cf. la forme adaptée a. fr. pareïs «séjour des élus» (ca 1100, Roland, éd. J. Bédier, 1855, 2396; 1121-35 parais terrestre PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, éd. E. Walberg, 1456); pour la forme a. fr. parevis, parvis, v. ce dernier mot. Fréq. abs. littér.:2401. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 2705, b) 4032; XXes.: a) 3894, b) 3399.
paradis [paʀadi] n. m.
ÉTYM. 980; du lat. ecclés. paradisus, du grec paradeisos, empr. de l'avestique paridaiza « enclos du seigneur »; → Parvis.
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1 Dans la religion chrétienne, Lieu où les âmes des justes et des bienheureux jouissent en compagnie des anges de la béatitude éternelle. ⇒ Ciel. Cf. La cité céleste, la cour céleste, la céleste demeure, le royaume de Dieu, le royaume éternel… || Le paradis céleste. || Le Paradis et l'Enfer (cit. 12). || Félicité éternelle de l'âme au paradis. || Les joies du paradis. ⇒ Paradisiaque. || Gagner (cit. 28), mériter le paradis par ses bonnes œuvres. || Aller, être au paradis, en paradis. (Cf. Dans le sein de Dieu). || Saint Pierre, portier du paradis. || Les clefs du paradis. — ☑ Se recommander à tous les saints du paradis : implorer la protection, l'aide de tout le monde. — Littér. || Le Paradis, troisième partie de La Divine Comédie de Dante. || Paradis, texte de Philippe Sollers (allusion à Dante).
1 Puis il (l'un des voleurs crucifiés en même temps que Jésus) dit à Jésus : Seigneur, souvenez-vous de moi, lorsque vous serez arrivé dans votre royaume. Jésus lui répondit : Je vous le dis en vérité : Vous serez aujourd'hui avec moi dans le paradis.
Bible (Sacy), Évangile selon saint Luc, XXIII, 42-43.
♦ Équivalents du paradis chrétien dans d'autres religions : Olympe des anciens Grecs, Walhalla des anciens Scandinaves… — Le paradis d'Allah, de Mahomet (→ Inventeur, cit. 3). || Les houris du paradis (→ Enchanteur, cit. 5).
♦ ☑ Loc. div. (Vx). Mettre en paradis : glorifier. — ☑ (Vx). Aller par-delà paradis : faire plus que son devoir. — ☑ Le chemin du paradis. ☑ Vous ne l'emporterez pas en, au paradis.
2 Fig. (En parlant d'un état ou d'un lieu de bonheur parfait, d'un séjour enchanteur). ⇒ Délice (lieu de délices), éden, élysée (→ Avril, cit. 4; blottir, cit. 6). || Avoir le paradis sur la terre (→ Mariage, cit. 23 et 25). ☑ Être, se croire au paradis, en paradis, dans le paradis : être au comble du bonheur. || Au sortir de pareilles calamités, la paix semble un paradis (→ Mieux, cit. 37). || Mener qqn en paradis (→ Formalité, cit. 9). — ☑ Avoir, faire son paradis en ce monde : avoir tous les bonheurs, jouir de tous les plaisirs. || « Mais le vert paradis des amours enfantines » (→ Furtif, cit. 7, Baudelaire). || « Le paradis ou l'enfer des familles dépend de l'opinion (cit. 17) qu'elles ont donnée d'elles » (Beaumarchais). || « Cette plage est le paradis des enfants » (Académie).
2 Duclos parlait un jour du paradis, que chacun se fait à sa manière. Madame de Rochefort lui dit : « Pour vous, Duclos, voici de quoi composer le vôtre : du pain, du vin, du fromage et la première venue ».
Chamfort, Caractères et anecdotes, Paradis de Duclos.
3 On appelait la France le paradis des femmes, parce qu'elles y jouissaient d'une grande liberté (…)
Mme de Staël, De l'Allemagne, I, IV.
4 (…) c'est de l'enfer des pauvres qu'est fait le paradis des riches.
Hugo, l'Homme qui rit, II, II, XI.
5 (…) les vrais paradis sont les paradis qu'on a perdus.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XV, p. 12.
6 Si lugubre que fût l'appartement, c'était un paradis pour qui revenait du lycée.
Gide, Si le grain ne meurt, I, IV, p. 107.
♦ ☑ Les paradis artificiels, titre d'un ouvrage de Baudelaire (1860) désignant « l'état exceptionnel de l'esprit et des sens », l'euphorie, le bien-être que procurent l'opium, le haschisch, etc.
7 Ce seigneur visible de la nature visible (je parle de l'homme) a donc voulu créer le paradis par la pharmacie, par les boissons fermentées (…) Parmi les drogues les plus propres à créer ce que je nomme l'Idéal artificiel (…) celles dont l'emploi est le plus commode (…) sont le haschisch et l'opium.
Baudelaire, les Paradis artificiels, « Poème du haschisch », I.
3 Le paradis terrestre, ou simplement, le paradis : lieu de délices, sorte de jardin merveilleux où, selon la Genèse, Dieu plaça Adam et Ève. ⇒ Éden (jardin d'Éden). || L'arbre (cit. 48) de vie, au milieu du paradis. || Adam chassé du paradis ainsi qu'Ève, après la faute (→ Fruit, cit. 13). — Le paradis perdu, poème de Milton.
8 Le Seigneur Dieu prit donc l'homme et le mit dans le paradis de délices, afin qu'il le cultivât et le gardât.
Bible (Sacy), Genèse, II, 15.
♦ ☑ Un paradis terrestre : un séjour enchanteur, un pays délicieux; un état de bonheur extrême.
9 Le paradis terrestre est où je suis.
Voltaire, Satires, Le mondain.
10 (…) flatterie involontaire qui me valut la bienveillance du vieux gentilhomme, j'enviais cette jolie terre, sa position, ce paradis terrestre, en le mettant bien au-dessus de Frapesle.
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 818.
4 (Mil. XXe). || Paradis fiscal : pays où le régime fiscal, très avantageux, offre aux capitaux étrangers le moyen d'échapper à la législation plus sévère de leur pays d'origine. || La Suisse, la principauté de Monaco, les îles anglo-normandes, paradis fiscaux.
1 Vx. (XVIe-XVIIe). Bassin aménagé dans un port pour mettre les navires à l'abri du vent et de la mer. || Le paradis de Calais (→ Bassin, cit. 7).
2 (1606). Galerie supérieure d'un théâtre. ⇒ Poulailler.
11 Pourquoi a-t-on appelé paradis le rang des troisièmes loges à la comédie et à l'opéra ? Est-ce parce que ces places étant moins chères que les autres, on a cru qu'elles étaient faites pour les pauvres, et qu'on prétend que dans l'autre paradis il y a beaucoup plus de pauvres que de riches ? Est-ce parce que ces loges, étant fort hautes, on leur a donné un nom qui signifie aussi le ciel ?
Voltaire, Dict. philosophique, Paradis.
C … de paradis.
1 (1542). || Pommier de paradis ou paradis : variété de pommier (mala paradisiaca) utilisée comme porte-greffe. — Graine de paradis. ⇒ Amome, maniguette. — Arbre de paradis.
2 (1585). Zool. || Oiseau de paradis. ⇒ Paradisier.
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CONTR. Enfer, géhenne.
DÉR. Paradisier.
Encyclopédie Universelle. 2012.