1. pair [ pɛr ] n. m.
• peer adj. « égal, semblable » v. 980; lat. par
1 ♦ Vx Ce qui est égal, pareil. ⇒ pareil. C'est un homme sans pair. — Mod. Hors de pair, hors pair : sans égal. ⇒ supérieur. Réussite hors (de) pair. C'est un cuisinier hors pair. « Mais dans son domaine, [...] Romains est hors de pair » (Maurois). Aller de pair, ensemble, sur le même rang. Le courage peut aller de pair avec la prudence.
2 ♦ Personne semblable, quant à la fonction, la situation sociale. « Un artiste ne peut attendre aucune aide de ses pairs » (Cocteau). Écrire pour ses pairs. Littér. Être avec qqn, traiter qqn de pair à compagnon, comme si on était son égal.
3 ♦ (XVIe) Féod. Se disait de vassaux ayant même rang par rapport au suzerain. Les douze pairs de France.
♢ Dans les Constitutions de 1814 et 1830, Membre de la Haute Assemblée législative ou Chambre des pairs. Pair de France.
♢ (angl. peer) En Grande-Bretagne, Membre de la Chambre des pairs ou Chambre des lords.
4 ♦ Fin. Rapport d'une valeur (monnaie, titre) à un étalon de référence ou à une autre valeur. Le pair du change, d'une monnaie. ⇒ cours, parité, taux. — (1720 ) Bourse Valeur nominale d'un titre. Acheter, émettre au pair. La cote est au-dessus, au-dessous du pair.
5 ♦ AU PAIR : en échangeant un travail contre le logement et la nourriture (sans salaire). Travailler au pair. Jeune fille au pair. « Elle était pour l'instant en Angleterre, au pair » (Aragon).
⊗ HOM. Paire, père, pers.
pair 2. pair, paire [ pɛr ] adj.
1 ♦ Se dit d'un nombre divisible exactement par deux. Par ext. Numéro pair, représenté par un nombre pair. Jours pairs.
♢ Se dit d'une fonction dont la valeur reste inchangée lorsque les variables changent de signe.
2 ♦ Anat. Organes pairs, au nombre de deux. Les poumons sont des organes pairs.
3 ♦ N. m. Numéro pair, au jeu. Jouer pair. Jeu du pair et de l'impair.
⊗ CONTR. Impair.
● pair nom masculin (de pair) Cours nominal d'une valeur mobilière. Évaluation de deux monnaies d'après la quantité de métal qu'elles représentent ; égalité de change de deux monnaies. ● pair nom masculin (de pair) Sous l'Ancien Régime, seigneur d'une terre érigée en pairie et membre de droit du parlement. Membre de la Chambre des pairs, en France, de 1814 à 1848. Membre de la Chambre des lords, en Grande-Bretagne. ● pair (expressions) nom masculin (de pair) Aller de pair (avec quelque chose), être sur le même rang, ensemble ; accompagner. Au pair, nourri et logé pour son travail, sans salaire. Hors (de) pair, sans égal, supérieur à tous les autres : Employé hors pair. Pair réel, cours qui résulte de la comparaison du titre, du poids et du cours d'une espèce, avec le titre, le poids et le cours d'une autre espèce d'un autre pays. Titre au pair, valeur mobilière dont le cours en Bourse est égal à la valeur nominale. ● pair (homonymes) nom masculin (de pair) pair adjectif paire nom féminin perd forme conjuguée du verbe perdre perds forme conjuguée du verbe perdre père nom masculin pers adjectif masculin ● pair (difficultés) nom masculin (de pair) Orthographe et sens Ne pas confondre ces deux mots. 1. Pair n.m. = égalité de valeur (dans certaines expressions). Hors de pair, hors pair : sans égal, exceptionnel. Aller, marcher de pair : aller, marcher ensemble. Les deux vont de pair. 2. Paire n.f. = ensemble de deux choses identiques ou symétriques. Les deux font la paire. ● pair, paire adjectif (latin par, paris, égal) Se dit d'un nombre entier naturel divisible par 2. Qui est affecté d'un numéro, d'un nombre pair : Jours pairs. Se dit des organes qui sont, dans l'organisme, au nombre de deux, tels les poumons, les reins, les seins, etc. Se dit d'une permutation dont la signature est égale à 1. Se dit d'une fonction définie d'une partie A de R dansR telle que, pour tout x de A, − x appartient à A et f (− x) = f (x). ● pair, paire (expressions) adjectif (latin par, paris, égal) Côté pair (d'une rue), côté des numéros pairs. Train pair, train circulant sur voie paire. Voie paire, voie dont le sens de circulation se rapproche de l'origine de la ligne. ● pair, paire (homonymes) adjectif (latin par, paris, égal) pair nom masculin paire nom féminin perd forme conjuguée du verbe perdre perds forme conjuguée du verbe perdre père nom masculin pers adjectif masculin ● pair, paire (synonymes) adjectif (latin par, paris, égal) Qui est affecté d'un numéro, d'un nombre pair
Contraires :
- impair
pair, paire
adj.
d1./d Nombre pair, qui, divisé par deux, donne un nombre entier.
————————
pair
n. m.
rI./r
d1./d Personne placée sur un pied d'égalité avec une autre. être jugé par ses pairs.
— Traiter qqn de pair à compagnon, de pair à égal, en égal ou comme s'il était un égal.
— Pair de l'or d'une monnaie: égalité de valeur de l'unité monétaire envisagée et du poids légal de métal fin qu'elle renferme.
— Pair du change: égalité des rapports de deux monnaies à leurs parités-or respectives.
d3./d Loc. Au pair: se dit d'un employé logé et nourri mais non rémunéré.
— Aller de pair, ensemble sur le même plan.
rII./r En Grande-Bretagne, membre de la Chambre des lords (en angl. peer).
I.
⇒1, subst. masc.
A. — 1. Personne de même situation sociale, de même titre, de même fonction qu'une autre personne. Être condamné, jugé par ses pairs; être, se trouver parmi ses pairs. Nul ne vous ressemble dans nos lettres françaises. Vous n'avez pas de pair. Vous comparer à quelqu'un, c'est vous fausser ou fausser l'autre. Ce qu'il y a de certain, c'est que vous êtes un maître (LOTI, Journal, 1878-81, p.217). Henri de Régnier est le pair de ces grands poètes [Lamartine, Vigny] et siègera dans notre admiration bien au-dessus des Parnassiens en apparence inaccessibles (PROUST, Chron., 1922, p.176). Gauss —appelé par ses pairs prince des mathématiciens (Gds cour. pensée math., 1948, p.90).
— Empl. adj., rare. Deux lutteurs à peu près pairs (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p.276).
— Vieilli. De pair à compagnon. D'égal à égal. Parler de pair à compagnon avec qqn. Je ne me soucie pas que vous m'attiriez la société de ce vieil ivrogne, qui vit de pair à compagnon avec les paysans (SAND, Péché de M. Antoine, t.1, 1845, p.86):
• 1. ... Catherine eut à entrer dans les appartements du grand-duc pour remettre la paix et le bon ordre parmi ses gens, avec qui il avait l'habitude de boire, qu'il traitait de pair à compagnon, et qu'ensuite il rossait à coup de bâton ou de plat de sabre sans pouvoir les réduire...
SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t.2, 1862, p.200.
2. Spécialement.
a) HIST. INSTIT.
) FÉOD. ET ANC. RÉGIME. Chacun des vassaux d'un même suzerain obligés au service de sa cour et de sa justice.
♦Être jugé par ses pairs; jugement par les pairs. (Avoir le) droit, pour le vassal, d'être jugé par les autres vassaux de même rang que lui. L'exigence des féodaux «d'être jugés par leurs pairs» s'applique à tous les milieux (Traité sociol., 1968, p.200).
— Les douze pairs de Charlemagne. Les douze seigneurs (dont Roland) constituant, dans la tradition des chansons de geste, la garde d'honneur de Charlemagne. [Charlemagne] a le coeur triste, il s'écrie: —Roncevaux! Roncevaux! ô traître Ganelon! Car son neveu Roland est mort dans ce vallon Avec les douze pairs et toute son armée (HUGO, Légende, t.1, 1859, p.185). Charlemagne demande à ses pairs de marcher contre Renaut (BARRÈS, Cahiers, t.11, 1914, p.119).
— Les pairs (de France). Titre surtout honorifique, donnant accès au conseil du roi, accordé aux douze principaux seigneurs du royaume, six ecclésiastiques (trois ducs et trois comtes) et six laïcs (trois ducs et trois comtes), dont le nombre s'éleva à trente-huit à la veille de la Révolution. En 1702, le maître de chapelle de musique était: «M. Charles Maurice le Tellier, archevêque duc de Reims, premier pair ecclésiastique de France, commandeur de l'ordre du St Esprit (...)» (GRILLET, Ancêtres violon, t.2, 1901, p.40). Le comte de Flandre était du reste vassal du roi, et l'un des six pairs laïcs qui l'assistaient à son sacre, ayant l'honneur de lui porter l'épée (TOULET, Notes art, 1920, p.105).
) Membre de la haute assemblée législative, entre 1814 et 1848. L'ancien secrétaire général de M. le comte de Vaize dans la dernière préfecture qu'il avait occupée avant que Louis XVIII l'appelât à la Chambre des Pairs était à Paris (STENDHAL, L. Leuwen, t.3, 1835, p.248). la Chambre des Pairs de 1830 comprend des membres nommés par le roi et pris obligatoirement parmi les titulaires de certains titres ou fonctions, ou grands industriels, ou grands propriétaires (VEDEL, Dr. constit., 1949, p.173):
• 2. ... en 1815, Napoléon prononça la dissolution des deux Chambres de la monarchie restaurée, et établit un comité pour rédiger de nouvelles dispositions constitutionnelles. Celles-ci furent incorporées dans un Acte additionnel aux Constitutions de l'Empire (...). L'acte prévoyait des institutions qui ressemblaient en de nombreux points à celles de la monarchie restaurée. Le législatif comprenait une Chambre des pairs et une Chambre des représentants.
LIDDERDALE, Parlement fr., 1954, p.20.
b) [En Grande-Bretagne] Membre de la Chambre haute du Parlement ou Chambre des Lords. Quel beau rêve n'était-ce pas pour un juge de village de se voir élever en France à une dignité pareille à celle des pairs d'Angleterre? (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p.1591).
B. —[Dans des loc.]
1. Loc. verb.
a) Tirer qqn du pair, se tirer du pair (vieilli). Élever quelqu'un, s'élever au-dessus de ses semblables. Ce que je lui dois est immense: j'eusse été sans lui un coquin subalterne, et pas assez coquin pour n'être pas haï et persécuté par les autres. Il m'a fait un homme du monde (...). Je lui dois cette croix et l'apparence de services diplomatiques qui me tirent du pair (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p.433).
b) Mettre, ranger qqn ou qqc. de pair (avec qqn ou qqc.). Mettre au même niveau, au même rang que. Ce bon chef-d'oeuvre [Manon Lescaut] échappé en un jour de bonheur à l'abbé Prévost (...) soutient à jamais son nom au-dessus du flux des années, et le classe de pair, en lieu sûr, à côté de l'élite des écrivains et des inventeurs (SAINTE-BEUVE, Portr. littér., 1831, p.262). Il reste encore beaucoup à faire pour mettre l'administration postale française de pair avec les administrations étrangères: il importe notamment de remédier aux lenteurs du service dans les régions rurales et montagneuses (PRADELLE, Serv. P.T.T. Fr., 1903, p.227).
c) Aller, marcher au pair/de pair (avec qqn ou qqc.). [Vieilli avec un suj. animé] Être sur un pied d'égalité (avec quelqu'un ou quelque chose). Il faut que je m'habille. Je ne veux pas aller de pair avec vos belles dames, mais il ne faut pas être ridicule (PICARD, Manie de briller, 1806, p.396). Parmi les jeunes filles à la mode, nulle mieux qu'elle ne savait (...) déverser son impertinence sur tous ceux qui essayaient de marcher au pair avec elle (BALZAC, Bal Sceaux, 1830, p.90). La concentration des habitations marche le plus souvent de pair avec la concentration des voies de circulation. Plus une ville est grande, plus le réseau des routes qui l'entoure est touffu (BRUNHES, Géogr. hum., 1942, p 85).
2. Loc. adj.
a) Loc. adj. inv. Hors de pair, hors du pair (vieilli), hors pair. Sans égal, exceptionnel, hors du commun. On sait son histoire [de Georges de La Tour], la même que celle de Vermeer, ou du Greco. Son originalité hors pair sur le plan plastique pur l'a mis à l'abri du succès, et trop longtemps de la gloire (FAURE, Hist. art, 1921, p.89). Darwin poursuivit sans relâche son effort et publia encore une série d'ouvrages, qui lui assurent une place hors de pair dans la biologie du XIXe siècle (Hist. gén. sc., t.3, vol. 1, 1961, p.546).
b) Loc. adj. variable, vieilli. Sans pair. Sans égal. On avait négligé de former son caractère [de Louis XIII] et d'élever ses idées à la hauteur du rang sans pair qu'il devait occuper (BALZAC, OEuvres div., t.3, 1836, p.45). Cette autorité salutaire dont la vertu, la beauté et le mérite sans pairs constituent le privilège irréfragable (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p.165). [Il est des îles de bonheur dont on garde] Mieux encor que la cité Prospère, Un souvenir de volupté Sans paire (RICHEPIN, Paradis, 1894, p.211).
C. —Spécialement
1. ÉCON. POL.
a) Valeur nominale d'une action ou d'une obligation fixée lors de l'émission. Comme cette valeur [le cinq pour cent] dépassait le pair, l'avocat les prêcha [les Rogron] pour en opérer le remplacement en terres, leur promettant, à l'aide du notaire, de ne pas leur faire perdre un liard d'intérêt au change (BALZAC, Pierrette, 1840, p.78).
♦Action, obligation, etc. émise, remboursée au pair. Action, obligation, etc. dont le prix d'émission ou de remboursement est égal à la valeur nominale. Cet emprunt, d'une valeur de 60 millions de francs suisses, au taux de 4 %, et d'une durée de vingt-trois ans, sera émis au pair (Le Monde, 19 janv. 1952, p.11, col. 4). Le décret du 3 messidor an III, qui vint au secours des propriétaires fonciers, maintint le paiement des loyers en assignats au pair (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p.563).
b) ,,Rapport qui définit la valeur de l'unité d'une monnaie en fonction d'un bien réel (un poids d'or par exemple) ou d'une autre monnaie`` (Gestion fin. 1979).
♦Change au pair. Change entre monnaies étrangères, fondé sur le poids d'or fin qu'elles contiennent légalement (d'apr. GRAW. 1981). On faisait le change au pair, c'est-à-dire en comptant strictement le poids du métal précieux contenu dans la monnaie. Par exemple on changeait 100 dollars contre 3952,38F. Il y a dans 100 dollars et dans 3952,38F exactement le même poids d'or (LESOURD, GÉRARD, Hist. écon., 1968, p.64).
2. Locutions
a) Être, se mettre au pair (vieilli). Être, se mettre à jour; ne pas avoir de retard dans son travail, dans ses occupations. Mon traité avec elle [la Revue des Deux Mondes] est expiré, je suis à peu près au pair dans mes comptes, ou tout au moins très à même de payer la différence (SAND, Corresp., 1858, p.143).
b) Être, travailler au pair. Recevoir la nourriture et le logement en échange d'un travail fourni. Jeune fille au pair. Sylvie Rogron fut envoyée à cent écus de pension en apprentissage (...). Deux ans après, elle était au pair: si elle ne gagnait rien, ses parents ne payaient plus rien pour son logis et sa nourriture (BALZAC, Pierrette, 1840, p.17).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 980 souvent employé avec l'adj. poss. peer «semblable» (Jonas, éd. G. de Poerck, v°, 28), ne survit guère que dans des loc.: ca 1170 Sanz Per «sans égal» (MARIE DE FRANCE, Lais, Milon, éd. J. Rychner, 340); 1534 hors du per «id.» (MAROT, Rondeaux, éd. C. A. Mayer, LXIV, 22 var. M); 1718 hors de pair (Ac.); 1896 hors pair (VERLAINE, OEuvres posthumes, Voyages en France, VI, t.3, p.121); ca 1580 aller du pair avec «être sur un pied d'égalité avec» (DU VAIR, Medit. sur Job, ch. 9 ds HUG.); av. 1615 aller de pair avecques (PASQUIER, Recherches, éd. d'Amsterdam, 1723, 650); 2. 1578 comm. pair «valeur du change d'une monnaie» (J. BODIN, Disc. sur le rehaussement et diminution des monnaies, Paris ds GDF.); 3. a) 1835 fig. (Ac.: Être au pair, N'avoir point de travail en arrière); 1875 se mettre au pair «se mettre à jour (dans ses affaires)» (Lar. 19e); b) 1840 être au pair (BALZAC, loc. cit.). B. 1. Ca 1050 per «personne de même condition» (Alexis, éd. Chr. Storey, 18); 1160-74 en liaison avec compagnon (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, II, 4063: en seronz et compaingnon et per); 1549 per a compaignon «d'égal à égal» (EST., s.v. compaignon); 1668 de per à compagnon «en se considérant comme l'égal de qqn» (LA FONTAINE, Fables, livre IV, fable 5, 13); 2. ca 1100 les douze pairs (de Charlemagne) (Roland, éd. J. Bédier, 262); ca 1100 «grands vassaux de la couronne» (ibid., 2865); 1258 per de France «celui qui possédait des terres érigées en pairies et qui avait droit de séance au Parlement de Paris» (28 mai Tr. d'Abbev., A.N. J 629, pièce 4 ds GDF. Compl.); 3. 1704 (Trév.: Pair, en Angleterre est un Seigneur qui a droit de seance et de suffrage à la Chambre haute du Parlement); 1814 Pair «en France, membre de la Chambre des pairs instituée par la Charte de 1814» (Charte constitutionnelle du 4 juin, art. 28 ds M. DUVERGER, Constitutions et documents politiques, p.83); 1814 Pair de France, Chambre des Pairs (ibid., art. 27, p.83 et art. 24, p.82). Du lat. par, paris «égal (en quantité, dimension, valeur)», att. comme subst. au sens de «compagnon, personne de même rang» et en lat. médiév. «homme du même seigneur» 856 ds NIERM. Au sens A 1 pair a été supplanté par pareil et égal. B 3 par l'intermédiaire de l'angl. peer «id.» (1382 ds NED), lui-même empr. au fr. pair. Fréq. V. pair2.
II.
⇒PAIR2, PAIRE, adj. et subst. masc.
I. —Adj. Anton. impair.
A. —MATH. Qui est divisible par deux en donnant deux entiers égaux. Indice pair. 5 sera le nombre du mariage, somme du premier nombre pair qui est 2 et du premier nombre impair qui est 3 (l'unité demeurant hors série) (Gds cour. pensée math., 1948, p.524). La majorité est la moitié plus un des membres en exercice; lorsque ce nombre est impair elle se calcule sur le chiffre pair immédiatement inférieur. Ainsi, si ce nombre est de 11, la majorité sera de 6 (FONTENEAU, Conseil munic., 1965, p.108):
• ♦ Comme le total de ces mois donnait 354 jours [dans le calendrier des Anciens Romains] et que le nombre pair était réputé fatal, on voulut, pour la même raison qu'on avait fait les mois impairs, donner aussi à l'année 355 jours. Pour cela, on en ajouta un au dernier mois qui, de 27, en eut forcément 28, et dès lors, à cause de ce chiffre pair, fut réputé mois fatal.
CHAUVE-BERTRAND, Question calendrier, 1920, p.61.
— Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. V. impair ex. de Ch. Blanc et d'Arnoux.
— Fonction paire. Fonction dont la valeur ne change pas lorsqu'on change le signe de la variable. La fonction est paire quand on a: F(x) = F(-x) (BOUASSE, Acoust. gén., 1926, p.2).
B. —Qui est représenté par un nombre pair, qui porte un nombre pair. Jours pairs. Je souligne 34, parce qu'ici les nos se ressemblent, sans se suivre par pairs et par impairs, mais papillonnent scandaleusement au gré du vent (VERLAINE, Corresp., t.1, 1872, p.85). Sur les épreuves en pages, elles [les corrections] s'inscrivent de préférence dans la marge extérieure: droite pour les pages impaires, gauche pour les pages paires (GOURIOU, Mémento typogr., 1961, p.7). Certaines duites sont tendues et d'autres sont lâches. Les duites tendues séparent les fils de chaîne pairs des fils impairs et le divisent [le tapis] en deux rangées, l'une supérieure, l'autre inférieure (THIÉBAUT, Fabric. tissus, 1961, p.119).
♦[P.méton. du subst.] Nous entrâmes successivement dans tous les bars de la rue, en commençant par le côté pair (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p.141).
— MUS. Tons, modes pairs. Tons, modes plagaux figurés dans les tables par des nombres pairs. Les modes plagaux ou pairs ont leur finale à peu près au milieu de l'échelle (BOUASSE, Acoust. gén., 1926, p.67).
— CH. DE FER. Voie paire. Sur une ligne à deux voies, voie dont le sens de circulation se dirige vers l'origine de la ligne. Synon. voie descendante; anton. voie impaire, voie montante. V. impair C 5 ex. de Albitreccia.
C. —Dont les éléments sont en nombre pair.
1. ANAT. Qui a son double symétrique. Nerf pair. [Le larynx] est formé de trois muscles, l'un impair horizontal et les deux autres pairs, allant de la base d'un aryténoïde au sommet de l'autre (BARATOUX, La Voix, 1912, p.8). [Le sac impair] devient énorme chez les Alouates (...) où il coexiste avec des sacs pairs qui se dirigent dorsalement (E. PERRIER, Zool., t.4, 1932, p.3465). En 1950-53, Gabe met en évidence dans le céphalon de certains crustacés une glande endocrine paire, l'organe Y ou glande de mue (Hist. gén. sc., t.3, vol. 2, 1964, p.675).
2. MUS. En nombre pair de temps. Si la mesure est paire l'appoggiature s'attribue la moitié de la valeur de la note qu'elle est destinée à orner (GARCIA, Art chant, 1840, p.73).
II. —Subst. masc., JEUX (de hasard). Le(s) pair(s). L'ensemble des numéros pairs. Anton. impair. Jouer (les) pair(s). V. impair II A ex. de Balzac.
— En partic. Pair et/ou impair (v. impair II A). Synon. (jouer) à pair ou non. L'existence même de la Russie se joue en ce moment à pair ou non (J. DE MAISTRE, Corresp., 1812, p.225). Tu as des écus, tant mieux pour toi!... Tiens, je te joue dix sous à pair ou non (KOCK, Pucelle, 1834, p.9).
REM. Pairement, adv., rare, math. Nombre pairement pair. ,,Nombre pair, dont la moitié est aussi un nombre pair, ou, ce qui revient au même, nombre divisible par quatre. Huit, douze sont des nombres pairement pairs`` (Ac.).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Mil. XIIIes. «divisible par deux» (Algorisme, éd. E. G. R. Waters ds Isis, vol. 11, 1, p.76); 1288 per ou nonper «jeu de dé» (JEHAN DE JOURNI, Dîme de pénitence, 2594 ds T.-L., s.v. nonper). Du lat. par, paris «id.».
STAT. —Pair1 et 2, paire adj. fém., paire subst. fém. Fréq. abs. littér.:1076. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 3308, b) 1000; XXes.: a) 671, b) 812.
1. pair [pɛʀ] n. m.
ÉTYM. Fin XIe; per, v. 1050; peer, adj., « égal, semblable », v. 980; du lat. par, adj., « égal ».
❖
A Vx. Ce qui est égal, pareil. ⇒ Pareil. — ☑ Loc. (XIIIe). Vx. Sans pair : sans égal. || « Cette main sans pair » (Marivaux). || C'est un homme sans pair (Académie), qui n'a pas son pareil, qui est unique.
♦ ☑ Vx. Au pair, à pair de… : à égalité, au même rang que. — ☑ (1662). Vx. Tirer du pair, de pair : mettre au-dessus (des gens, des choses semblables). — Vx. || Aller, marcher du pair. — ☑ (V. 1600). Mod. Aller (marcher…) de pair, ensemble sur le même rang (vieilli en parlant des personnes). || « Il va de pair avec les plus savants » (Académie). || L'avarice et l'égoïsme vont de pair. || La corruption peut aller de pair avec la sottise. ⇒ Coudoyer (→ Incompatible, cit. 7). || Intérêts qui marchent de pair. || Phénomènes qui vont toujours de pair (→ Gonflement, cit. 3).
1 (…) vous irez de pair avec les plus grands Seigneurs de la terre.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, IV, 3.
2 Elle (la Grande Mademoiselle) s'accoutuma naturellement à se considérer comme née d'un tout autre sang que le reste des hommes, même des gentilshommes, et comme n'allant de pair qu'avec les reines et les rois.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 24 mars 1851.
3 (…) le mysticisme ardent et (…) l'ardente sensualité. (Deux choses, du reste, qui vont souvent de pair, — si inquiétante, hélas ! que cette constatation puisse être).
Loti, l'Inde (sans les Anglais), IV, VIII.
♦ ☑ (V. 1530). Vx. Hors du pair. — ☑ (1718). Mod. et littér. Hors de pair : sans pareil, sans égal. ⇒ Supérieur. || Collaborateur hors de pair. || Réussite hors de pair. — ☑ Cour. Hors pair. || Un observateur hors (cit. 10) pair.
4 Mais dans son domaine, qui est la poésie des groupes humains, Romains est hors de pair.
A. Maurois, Études littéraires, « J. Romains », V.
B (Personnes).
1 Personne semblable, sous le rapport de la fonction, de la situation sociale. || L'artiste et ses pairs (→ Aide, cit. 6). — ☑ (1668). Littér. Être avec qqn, traiter qqn de pair à compagnon, comme si on était son égal (→ Chien, cit. 14).
5 Ces gentilshommes de province (…) furent en peu de temps de pair à compagnon avec le vieux prévôt, comme s'il eût été l'un des leurs.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Bonheur dans le crime », p. 139.
6 J'y songeais en admirant que le biologiste ne pût affirmer un pas sans prendre à témoin ses pairs du Japon, de l'Europe et des Amériques.
G. Duhamel, Scènes de la vie future, Préface.
2 (XVIe). Féod. Vassal ayant même rang par rapport au suzerain. || Jugement par les pairs : droit pour le vassal d'être jugé par les vassaux du même rang que lui — Les douze pairs de France : les douze principaux seigneurs du royaume (six ecclésiastiques et six laïques). || Les douze pairs de Charlemagne, qui selon la légende étaient considérés par l'empereur comme ses égaux. || Cour (cit. 26) des Pairs. — (Sous l'Ancien Régime). Dignité conférée par les rois aux titulaires de grands fiefs (cit. 1) et aux notables de certaines communes. || Échevins, pairs et jurés de la commune (cit. 1). || Convocation des pairs au parlement (→ Noise, cit. 1). — (Dans les Constitutions de 1814 et 1830). Membre de la Haute Assemblée législative ou Chambre des pairs (→ Fort, cit. 64; mariage, cit. 17). || Être nommé pair de France (→ Genre, cit. 40), duc et pair (→ Fournée, cit. 3; gouverneur, cit. 1; jouer, cit. 25).
7 Et les douze pairs, que Charles aime tant, forment son avant-garde avec vingt mille Français.
J. Bédier, la Chanson de Roland, XLII.
8 La nomination des pairs de France appartient au Roi. Leur nombre est illimité : il peut en varier les dignités, les nommer à vie ou les rendre héréditaires, selon sa volonté.
Charte constitutionnelle, 4 juin 1814, art. 27.
9 La cour autrefois n'était autre chose que le salon du roi, où il recevait ses amis naturels; les nobles des grandes maisons, ses pairs, qui lui faisaient visite pour lui montrer leur dévouement et leur amitié, jouaient leur argent avec lui, et l'accompagnaient dans ses parties de plaisir (…)
A. de Vigny, Cinq-Mars, I.
♦ (1704; angl. peer). Mod. En Grande-Bretagne, Membre de la Chambre des pairs, ou Chambre des lords. ⇒ Chambre (supra cit. 14, → Baron, cit. 4). ⇒ aussi Pairie, pairesse.
10 Les lords sont pairs, c'est-à-dire égaux. De qui ? du roi.
Hugo, l'Homme qui rit, II, II, XI.
1 (Déb. XXe). Écon. polit. Rapport de valeur (dans un pays donné) de deux monnaies d'après le poids de métal précieux que chacune d'elles représente. ⇒ Taux. || Pair du change. — (Surtout dans : Au pair.) || Les changes sont au pair réciproque (au pair dans les deux pays considérés). || Les changes peuvent être à la parité sans être au pair réciproque (⇒ Parité). — (1835). Bourse. Égalité entre le capital nominal d'une valeur et son cours actuel. || Valeur mobilière au pair. || Titre, rente au pair. || Obligation émise au-dessous du pair.
11 Mon cher enfant, lui dit d'Aiglemont, les rentes arrivent au pair, vends tes rentes (…)
Balzac, la Maison Nucingen, Pl., t. V, p. 610.
2 ☑ (1835, Académie). Loc. Fig. Vx. Être au pair : n'avoir point d'arriéré dans ses occupations. || Mettre son travail au pair, à jour.
12 Achevé, hier et ce matin, de mettre au pair ma correspondance.
Gide, Journal, 1er mars 1906.
3 ☑ (1840). Mod. Au pair : sans autre rémunération que son logement et sa nourriture. || Travailler au pair. || Étudiants qui sont au pair à l'étranger.
13 Deux ans après, elle était au pair : si elle ne gagnait rien, ses parents ne payaient plus rien pour son logis et sa nourriture. Voilà ce qu'on appelle être au pair, rue Saint-Denis.
Balzac, Pierrette, Pl., t. III, p. 662.
14 (…) répétiteur au pair, c'est-à-dire, selon le langage du quartier Latin d'alors, sans appointements.
Renan, Souvenirs d'enfance, Œ. compl., t. II, VI, p. 885.
15 Elle était pour l'instant en Angleterre, au pair, jusqu'au 15 août, chez un pasteur. Elle faisait des progrès incroyables en anglais (…)
Aragon, les Cloches de Bâle, I, I.
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DÉR. Pairesse, pairie, parage, parier. — Cf. Parité et dér.
HOM. Paire, père, pers; formes du verbe perdre.
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2. pair, paire [pɛʀ] adj. et n. m.
ÉTYM. V. 1283; « pareil, semblable », 1080; du lat. par, même sens, même rac. que le mot précédent, « semblable », en parlant de deux choses.
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1 Se dit d'un nombre divisible exactement par deux (étymologiquement, formé de deux nombres entiers semblables). → Géométrique, cit. 5. || Nombres pairs et nombres impairs. 2, 4, 10, 316… sont des nombres pairs. Par ext. || Numéro pair, représenté par un nombre pair. || Côté des numéros pairs (dans une rue). || Jours pairs.
1 Il avait divisé ses soldats par nombres pairs, en ayant soin de placer dans la longueur des files, alternativement, un homme fort et un homme faible, pour que le moins vigoureux ou le plus lâche fût conduit à la fois et poussé par deux autres.
Flaubert, Salammbô, VIII.
♦ (XXe). Se dit d'une fonction dont la valeur reste inchangée lorsque les variables changent de signe.
2 (1845). Anat. || Organes pairs, qui existent au nombre de deux, symétriquement. || Les yeux, les oreilles, les poumons sont des organes pairs.
3 (XXe). Techn. || Voie paire, train pair, dont le sens de circulation se dirige vers l'origine de la ligne.
4 N. m. (Mil. XIIIe). || Les pairs et les impairs : les nombres ou les numéros pairs, impairs. Jeu. || Jouer pair, sur pair. || Jeu du pair et de l'impair (cit. 2).
2 (ils) se retrouvèrent à deux mille francs, et les risquèrent sur Pair, pour les doubler d'un seul coup; Pair n'avait pas passé depuis cinq coups, ils y pontèrent la somme. Impair sortit encore.
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 840.
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DÉR. Pairement.
CONTR. Impair.
HOM. (Cf. 1. Pair).
Encyclopédie Universelle. 2012.