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nager

nager [ naʒe ] v. intr. <conjug. : 3>
XIIe; nagier 1080; lat. navigare
1Vx Naviguer. (1280) Mod. Mar. Ramer, aller à l'aviron. Nager de l'avant, à culer, à couple, en pointe. « nager à la vénitienne » (Gautier).
2(mil. XIVe ) Cour. Se soutenir et avancer à la surface de l'eau, se mouvoir sur ou dans l'eau par des mouvements appropriés. Nager en mer, dans une piscine. Il ne sait pas nager, il apprend à nager. Nager sous l'eau. Nager comme un poisson, très bien. — Loc. Nager entre deux eaux : ménager deux partis, éviter de s'engager à fond. ⇒ louvoyer. Nager en eau trouble : savoir profiter d'une situation peu claire.
Trans. Pratiquer (un genre de nage); parcourir à la nage, disputer (une épreuve de nage). Nager la brasse, le crawl. Nager un cent mètres dos. Il a nagé le 400 mètres.
3Baigner, être plongé dans un liquide (trop) abondant. Un plat « où un pilon de poulet nage dans une sauce brune » (Sartre). Littér. Nager dans le sang : être à terre dans le sang répandu.
4Fig. Être dans la plénitude d'un sentiment, d'un état. baigner. Nager dans la joie. Son père « ne nageait pas dans l'opulence » (Rousseau).
5Fam. Être au large (dans ses vêtements). Elle nage dans son pantalon. 1. flotter.
6(1916) Fam. Être dans l'embarras, dans l'incertitude. Je nage complètement. patauger (cf. Perdre pied).

nager verbe intransitif (latin navigare, naviguer) Se déplacer à la surface de l'eau ou dans l'eau par des mouvements appropriés : Apprendre à nager. Nager comme un poisson. Flotter sur un liquide : Le bois nage sur l'eau. Être plongé dans un liquide surabondant : Quelques haricots nageaient dans une sauce insipide. Être plongé dans un sentiment, un état : Nager dans la joie. Familier. Être dans l'embarras, ne pas comprendre : Je nage complètement dans ce dossier. Imprimer un mouvement de rame aux avirons d'une embarcation, pour la faire avancer. ● nager (difficultés) verbe intransitif (latin navigare, naviguer) Conjugaison Le g devient -ge- devant a et o : je nage, nous nageons ; il nagea. ● nager (expressions) verbe intransitif (latin navigare, naviguer) Familier. Nager dans un vêtement, y être trop au large. Nager à couple, nager avec les avirons symétriques et montés à couple, chaque banc de nage portant deux nageurs côte à côte. Nager comme un poisson, très bien nager. Nager en pointe, nager dans une embarcation dans laquelle il n'y a, sur chaque banc, qu'un seul homme, placé du bord opposé à celui où se trouve la dame de son aviron. Littéraire. Nager dans son sang, être couvert de sang. Familier. Savoir nager, savoir se tirer d'affaire habilement, se débrouiller. ● nager (homonymes) verbe intransitif (latin navigare, naviguer)nager (synonymes) verbe intransitif (latin navigare, naviguer) Familier. Être dans l'embarras, ne pas comprendre
Synonymes :
- patauger (familier)
- s'embourber
Imprimer un mouvement de rame aux avirons d'une embarcation, pour...
Synonymes :
- ramer
nager verbe transitif Pratiquer tel ou tel type de nage : Nager le crawl. Disputer telle ou telle épreuve de natation : Nager le cent mètres.nager (homonymes) verbe transitif

nager
v. intr.
d1./d Se soutenir et avancer sur l'eau, ou sous l'eau, par des mouvements adéquats. Nager comme un poisson. Apprendre à nager.
|| Fig., Fam. Savoir nager: savoir manoeuvrer, être habile en affaires, et souvent peu scrupuleux.
Nager contre le courant: lutter contre le cours des choses.
d2./d (Choses) être plongé, noyé, dans un liquide; flotter. Quelques morceaux de viande nageant dans la sauce.
d3./d Fig. être pleinement dans tel état, telle situation. Nager dans le bonheur, dans l'opulence.
d4./d Fam. être très au large (dans un vêtement).
d5./d Fam. Se trouver très embarrassé. Tout cela le dépasse, il nage.
d6./d MAR Ramer.

⇒NAGER, verbe
I.Emploi intrans.
A.Vieilli ou MAR. et SPORTS (aviron). [Le suj. désigne une pers. ou un groupe de pers.] Faire avancer un bateau, une embarcation au moyen de rames, d'avirons. Synon. ramer. De temps en temps, il regardait derrière lui (...) puis il recommençait à tirer, d'une façon rythmée, méthodique et forte, pour montrer, une fois de plus, à ces mauvais matelots du Midi, comment nagent les hommes du Nord (MAUPASS., Contes et nouv., t.2, Champ d'oliv., 1890, p.76). Dans son rafiot de garde-pêche, (...) Chuchin remontait la Seine (...). Rien qu'à le voir nager, à sa molle façon de tenir les rames, (...) on sentait l'absence du maître (A. DAUDET, Pte paroisse, 1895, p.223):
1. En une minute, l'embarcation fut mise à la mer. Les deux enfants du capitaine, Glenarvan, John Mangles, Paganel, s'y précipitèrent, et elle déborda rapidement sous l'impulsion de six matelots qui nageaient avec rage.
VERNE, Enf. cap. Grant, t.3, 1868, p.233.
Nager à culer, à couple, en pointe. V. nage A 2.
B. — 1. [Le suj. désigne un être vivant, animal ou homme] Se soutenir ou se déplacer dans ou sur l'eau grâce à des mouvements appropriés. Nager sur le côté, sur le dos; nager à l'indienne; nager sous l'eau. Il n'est pas aisé de ne pas quitter un cheval qui nage. L'eau vous soulève, et votre propre poids submerge l'animal à chaque instant (SAND, Hist. vie, t.3, 1855, p.356). Apprendre à nager, c'est acquérir l'habitude de réprimer des mouvements spontanés et d'en exécuter d'autres (LANGLOIS, SEIGNOBOS, Introd. ét. hist., 1898, p.49). Une de ces mares croupies des oasis, verdâtres, où un serpent nage avec une vitesse affreuse (MONTHERL., Lépreuses, 1939, p.1443):
2. ... plus loin, les berges s'élargissant, on rencontrait un petit lac paisible où nageaient des truites parmi toute cette chevelure verte qui ondoie au fond des ruisseaux calmes.
MAUPASS., Contes et nouv., Pte Roque, 1885, p.1018.
P. métaph. Nager dans. Ce faquin nage avec sérénité dans l'ordure liquide, en laquelle il a le pouvoir de transmuer tout ce qui l'approche. C'est le Midas de la fange (BLOY, Désesp., 1886, p.280). Il cède à cet instinct qui porte les très jeunes gens à rechercher l'amitié d'hommes en passe de réussir et à nager dans leur sillage (MAURIAC, Vie Racine, 1928, p.26):
3. La vie coulait à pleins bords; il y nageait avec volupté, et, entraîné par elle, il se croyait pleinement libre.
ROLLAND, J.-Chr., Adolesc., 1905, p.267.
Locutions
Nager comme un poisson (fam.). Nager très bien. Une foule de jeunes femmes qui plongeaient et nageaient comme des poissons, avec la plus insouciante gaieté du monde (LOTI, Mariage, 1882, p.262). Nager comme un fer à repasser; nager comme un chien de plomb, comme une pierre, comme une meule de moulin (vieilli). (Dict. XIXe et XXe s.). Aller au fond.
Nager entre deux eaux. Nager sous l'eau, près de la surface. Me glissant par un sabord, je me laissai couler dans le fleuve, puis je nageai entre deux eaux, ne respirant qu'à de longs intervalles (DUMAS père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.649). Au fig. Se ménager deux partis opposés. Synon. louvoyer. Jean de La Faucille, le plus riche et le plus notable bourgeois, qui avait toujours servi les intérêts du comte, mais qui ne voulait pas perdre l'amour de ses concitoyens, s'était déjà retiré, et se tenait en arrière des uns et des autres, nageant, comme on disait, entre deux eaux (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t.1, 1821-24, p.175).
Au fig.
Nager avec le courant ou contre le courant (ou à contre-courant). Suivre l'opinion courante ou lutter contre celle-ci. On se rend mal compte aujourd'hui de la puissance de ce grand fleuve révolutionnaire et réformiste [de 1848]; aussi apprécie-t-on mal la force que Baudelaire dut déployer pour nager à contre-courant (SARTRE, Baudelaire, 1947, p.191). Pierre Mendès-France n'a jamais nagé avec le courant, c'est son honneur (MAURIAC, Nouv. Bloc-Notes, 1961, p.133).
Nager en grande, pleine eau; nager dans les mêmes eaux (que qqn) ou dans les eaux de qqn.
Nager en eau trouble. Savoir profiter d'une situation peu claire. L'article de Pichat sur lui [Hugo] est de fond honnête, quoiqu'il y eût mieux à dire; mais enfin l'intention est bonne. Cet article est probablement pour racheter ceux de Castille (dans le prochain numéro le philosophe y passera). Ces gaillards-là nagent en eau trouble (FLAUB., Corresp., 1853, p.227).
(Savoir) nager (fam.). (Savoir) se débrouiller; se tirer d'affaire en toutes circonstances, éventuellement en faisant taire ses scrupules. Les frères Standaert ont montré leur habituelle valeur. Eux aussi ont su «nager» pour se bien placer au moment psychologique (La Pédale, 9 nov. 1927, p.13, col.1). Enfin, tout ça, ça étale. Je ne cherche pas à me mélanger avec l'indigène. Je fais ce qu'il faut, mais je n'en remets pas (...). Enfin je nage. Et pas mal. La question galette est tout à fait arrangée (GIONO, Gds chemins, 1951, p.127):
4. Si j'avais été aux sous comme toi, lui dit-il, et que j'aie eu ton instruction, j'te jure qu'ils ne m'auraient pas vu venir au rif comme ça. J'aurais demandé à suivre les cours d'officier, je serais allé passer quelques mois au camp et on m'aurait nommé sous-lieutenant au milieu de 1915. Et à ce moment-là, la guerre sera finie... À mon idée, t'as pas su nager.
DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p.30.
2. P. anal. (en imitant les mouvements d'un nageur), ÉQUIT. [Le suj. désigne un cheval] Jeter les pattes en dehors. (Dict. XIXe et XXe s.).
C.P. anal.
1. [Le suj. désigne un inanimé] Flotter à la surface d'un liquide. Mon regard vous adore et votre belle image Erre sur mes pensers comme un liège qui nage (M. DE GUÉRIN, Poés., 1839, p.110). La cave immense et voûtée était noyée d'eau. Il y nageait des choses mousseuses, ouatées, d'un moisi blanc et vert (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p.196).
P. métaph. ou au fig. [Le suj. désigne un corps léger, lumineux] Avoir une présence diffuse; envelopper, environner. Synon. flotter. À l'orient sombre, abandonné depuis longtemps par le soleil, nageaient des vapeurs, îles de nuages, entre lesquelles sortaient, comme du fond d'un lac, des baguettes rouges, expirante végétation de la forêt (GOZLAN, Notaire, 1836, p.184). La pièce, emplie des effluves d'un parfum pénétrant qui nageait autour des fourrures et des draperies claires (GRACQ, Argol, 1938, p.173):
5. Des plans de montagnes de toutes formes et de toutes hauteurs fuient les uns derrière les autres, laissant quelquefois entre leurs cimes inégales de hautes vallées où nage la lumière argentée de la lune...
LAMART., Voy. Orient, t.2, 1835, p.322.
2. a) [Le suj. désigne un inanimé] Baigner, être immergé dans un liquide. Une espèce de lampion posé sur un escabeau, et dont la mèche nageait dans une graisse fétide (DUMAS père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.95). Des moules cuites nageant dans une eau claire, au fond de grands saladiers de faïence (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p.784).
En partic.
Péj. [Dans un cont. culinaire] Baigner dans un liquide (une sauce, du beurre) surabondant. Un petit plat d'étain où un pilon de poulet nage dans une sauce brune (SARTRE, Nausée, 1938, p.146). Le ventre alourdi par des viandes trop rôties et les légumes nageant dans le beurre (MORAND, P. de Saligny, 1947, p.93).
P. exagér. [Le suj. désigne une pers. blessée ou morte] Nager dans son sang. Il l'avoit trouvé évanoui et nageant dans son sang (GENLIS, Chev. Cygne, t.1, 1795, p.44).
P. métaph. ou au fig. Les montagnes nageaient dans une légère teinte violette qui les grandissait et les éloignait en les effaçant (LAMART., Raphaël, 1849, p.176). Sa figure est pâle comme autrefois, ses yeux nagent dans les larmes (RENAN, Drames philos., Eau jouvence, 1881, IV, 4, p.496). Il faisait chaud, et c'était bon dans ce grand air. La prairie nageait dans l'été (POURRAT, Gaspard, 1930, p.304).
b) Au fig. [Le suj. désigne une pers.] Être plongé dans une situation, dans un état. Pendant que les pauvres curés de campagne avaient à peine de quoi vivre de leur petite dîme, les moines et les capucins nageaient dans l'abondance (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t.1, 1870, p.288). Les fonctionnaires, les colons français, les notables autochtones, avec qui je pris contact, nageaient en pleine euphorie patriotique (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p.111):
6. ... il est inouï de penser que sur trois expéditionnaires, l'un soit fou, le deuxième gâteux et le troisième à l'enterrement. Ça a l'air d'une plaisanterie; nous nageons en pleine opérette!
COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, 1er tabl., II, p.36.
SYNT. Nager dans l'allégresse, le bonheur, les difficultés, l'extase, l'incertitude, la joie, le luxe, l'opulence; nager en plein(e) horreur, intrigue, poésie, rêve, sublime.
[Sans compl. prép.] Fam. Être embarrassé; se sentir dépassé, débordé; ne savoir que faire. Synon. patauger. Le nouveau comptable nage complètement (DAVAU-COHEN 1972):
7. Une supposition qu'avant d'aller rendre compte à l'inspecteur-chef, je prépare ma conversation mot à mot, demandes et réponses, il y aura un moment où ça ne collera plus, je nagerai.
BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p.983.
3. [Le suj. désigne une pers. ou une partie de son corps] Être (très) au large dans. Les savates dans lesquelles nageaient ses pieds (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p.172). Un jour elle m'a donné une belle robe à traîne mais que je n'ai jamais pu mettre. Je nageais d'dans (CENDRARS, Lotiss. ciel, 1949, p.38).
II.Emploi trans.
A.MAR. Faire avancer un bateau, une embarcation à l'aide de rames. Nos deux canots furent nagés avec la plus grande force, le cap au nord, pour nous éloigner de la passe (Voy. La Pérouse, t.2, 1797, p.170). Une norvégienne se détacha de l'ombre, nagée par quatre hommes (LA VARENDE, Saint-Simon, 1955, p.415).
B.NATATION
1. Pratiquer une forme particulière de nage. Ce jeune garçon, là-bas, près du môle, est en train de nager le crawl (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.161).
2. Parcourir une distance déterminée à la nage. Le 27 octobre 1962, l'Australienne Dawn Fraser nageait le cent mètres en cinquante neuf secondes huit dixièmes (Jeux et sports, 1967, p.1303).
Prononc. et Orth.:[], (il) nage []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. A. Intrans. 1. ca 1100 «faire avancer un bateau à l'aide de rames, ramer» (Roland, éd. J. Bédier, 2631); ca 1140 «naviguer» (GEOFFROI GAIMAR, Estoire des Engleis, éd. A. Bell, 493: Dous nefs i ot tuit veirement, Lur veilz drescent cuntre le vent. Tant unt nagied e governez Qu'en Danemarche sunt arivez); ca 1210 (Dolopathos, 372 ds T.-L.: Toz fut li voilles desploiez; Moult par orent bon vant a droit. Tant nagierent a grant esploit C'a Rome furent repairet); 2. fig. a) 1176-81 (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier à la charrette, éd. M. Roques, 1570: Molt ai hui bien et droit nagié, Qu'a molt boen port sui arrivez); b) av. 1370 nager entre deux yauues «refuser de s'engager dans une voie, de prendre parti» (JEAN LE BEL, Chron., éd. J. Viard et E. Déprez, t.1, 1904, p.136), voir G. ROQUES ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t.20 n°1 1982, pp.41-42; 1916 pop. nager «être embarrassé, ne savoir que faire» (d'apr. ESN.); c) ca 1380 nager en grant joie (JEAN LEFÈVRE, La Vieille, 150 ds T.-L.); 1620 (MALHERBE, Poésies, XLIV, 27 ds Œuvres, éd. L. Lalanne, t.1, p.157: Les douceurs où je nage...); d) 1588 nager en plus grande eau «jouir d'une situation importante» (ARGENTRÉ, H. de Bret., fol. 401 v° ds GDF. Compl.); e) 1914 pop. savoir nager «savoir se débrouiller» (d'apr. ESN.). B. Trans. ca 1150 «conduire [quelqu'un] en bateau» (WACE, St Nicolas, éd. E.Ronsjö, 382). II. 1. Fin XIIe s. «se déplacer dans l'eau par des mouvements adéquats» fig. «se maintenir, ne pas sombrer» (BÉROUL, Tristan, éd. E. Muret4, 3428: Ge oi dire que souef nage Cil qui on sostient le menton; cf. ca 1180 Proverbe au vilain, 148 ds T.-L., s.v. nöer); 2. 1530 «[en parlant d'un inanimé] flotter sur un liquide» (Translat. prem. guerre pun., à la suite de Prem. vol. des grans decades de Tit. Liv., fol. 182b ds GDF. Compl.); 1552 (EST., s.v. innato: Nager sur l'eaue; flotter); 3. 1552 «baigner dans un liquide» (EST., s.v. nonato:le pavé nageoit tout en vin); 1636 (MONET: les bles nagent an l'eau); 1671 (POMEY: cet homme ... nageoit dans son sang); 4. 1680 «être au large dans quelque chose» (RICH.: son pié nage en son vieux soulié). Du lat. navigare «naviguer, voyager sur mer» (d'où I). Nager a peu à peu supplanté l'a. fr. nöer «nager» (1160-74, WACE, Rou, éd. J. Holden, III, 5238; encore largement att. au XVIe s., HUG., au propre et au fig.), issu du b. lat. , forme dissimilée du class. natare «nager»; de natare, l'a. prov. nadar (XIIIe s., MARCOAT ds LEVY Prov.), l'esp. cat. port. nadar; de notare, l'a. roum. nota (qui en atteste l'ancienneté), l'ital. nuotare. Cette nouvelle signification de nager (II) a rendu difficile l'emploi courant du verbe dans la signification primitive de «naviguer», d'où l'empr. au lat., de naviguer. La cause de l'éviction de nöer serait sa collision homon. avec l'a. fr. nöer (< lat. ), v. nouer, W. VON WARTBURG, Problèmes et méthodes de la linguistique, 2e éd., pp.163-166. La plupart des emplois figurant sous I A 2 sont dans la lang. mod. compris comme dér. du sens II. Fréq. abs. littér.:1238. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 2117, b) 2349; XXe s.: a) 1385, b) 1361.
DÉR. 1. Nagée, subst. fém. a) [Correspond à nager I A] Petit déplacement en bateau à rames. Je faisais des nagées en bateau sur la Tamise (CHATEAUBR., Mém., t.1, 1848, p.519). P. métaph. Courte distance. Je n'étais pas à une nagée du sein de ma mère que déjà les tourmentes m'avaient assailli. J'ai erré de naufrage en naufrage; je sens une malédiction sur ma vie, poids trop pesant pour cette cahute de roseaux (CHATEAUBR., Mém., t.4, 1848, p.170). b) [Correspond à nager I B] Vx. Espace parcouru par le nageur à chaque mouvement simultané des bras et des jambes. Il a traversé ce bras de rivière en vingt nagées (Ac. 1835, 1878). []. Ac. 1835, 1878 nagée. 1re attest. 1668 «espace parcouru en nageant, à chaque brassée» (LA FONTAINE, Fables, II, 10); de nager, suff. -ée. 2. Nageot(t)er, (Nageoter, Nageotter)verbe intrans., fam. Nager un peu ou savoir un peu nager. Vous pouvez tout d'même vous mettre à l'eau (...) vous nageotez un tout p'tit brin (GYP, Le 13e, 1894, p.46). Je suis en train de me demander s'il y a assez d'eaux à La Roque pour nageotter (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1895, p.242). Elle [la sirène] était restée là, longtemps, nageotant sur place, dans l'eau noire, à regarder le navire et le jeune prince rêvant, accoudé au bastingage (G. DORMANN, Le Bateau du courrier, Paris, Éd. du Seuil, 1974, p.142). P. métaph. ou au fig. Sous le feu des mitrailleuses arrière des internationaux, les cinq junkers repartaient vers leurs lignes, le sixième nageotant au-dessus des champs (MALRAUX, Espoir, 1937, p.521). []. 1re attest. 1868 (LITTRÉ); de nager, suff. -oter.
BBG. — BECKER (K.). Sportanglizismen im modernen Französisch... Meisenheim, 1970, p.26, 322. — DARM. Vie 1932, p.137, 168. — GOHIN 1903, p.332. — ROTHWELL (W.). Sink or Swim?... Z. rom. Philol. 1976, t.92, pp.386-393.

nager [naʒe] v.
CONJUG. bouger; prend un e devant a et o : il nagea, nous nageons.
ÉTYM. V. intr., 1080, nagier « naviguer »; du lat. navigare. → Naviguer.
1 a V. intr. Vx. Naviguer.(1280). Mod. Mar. Ramer, aller à l'aviron.REM. Ce sens est encore très courant dans la langue de la marine, où l'on n'emploie pas le verbe ramer, et dans celle des sports (aviron). Nage (1.). || Nager de l'avant, en couple, en pointe. || Nager à culer. || Nager ferme. || Nager en douceur.
b Trans. || Nager une chaloupe.
2 (Fin XIIe). Cour. a V. intr. (En parlant d'une personne, et, par ext., d'un animal). Se soutenir et avancer à la surface de l'eau, se mouvoir dans l'eau par des mouvements appropriés. Nage (2.), natation (→ Indolemment, cit. 2; manquer, cit. 26). || Il aimait à nager et à plonger (→ Handicap, cit. 2). || Savez-vous nager ? || Nagez-vous ? || Aller d'un bord à l'autre d'une rivière en nageant, à la nage. || Nager comme un poisson. || Nager régulièrement (→ Écume, cit. 4), à grandes brasses. || Nager à l'indienne, à la marinière. || Nager sous l'eau.
1 (…) descendre rapidement à la nage pour nous plonger dans la mer et nager quelques minutes dans une petite calanque, dont le sable fin brillait à travers la transparence d'une eau profonde (…)
Lamartine, Graziella, Épisode, XXIV.
2 Vers midi, ils se jetaient à l'eau. Bernard nageait bien (…) Simone avait plus de style.
A. Maurois, Bernard Quesnay, XI.
b V. tr. Pratiquer (un genre de nage déterminé). || Nager la brasse, le crawl ( Crawler), la brasse papillon. || Il nage mieux l'indienne que le crawl.Parcourir (la distance de telle épreuve) à la nage. || Nager un cent mètres dos.
c V. intr. Par métaphore et fig. Être à son aise dans un milieu, dans une fonction. || Il nage dans ce milieu comme un poisson dans l'eau.Absolt. (Avec une nuance péj.). Agir, manœuvrer avec habileté. || Il sait nager : il sait se débrouiller, manœuvrer (→ C'est un nageur). || Dans ce métier-là, il faut savoir nager.
3 Ce titre de chef de parti était ce qu'il (le cardinal de Retz) avait toujours honoré le plus dans les Vies de Plutarque, et quand il vit que les affaires s'embrouillaient, au point de lui en laisser venir naturellement le rôle, il en ressentit un chatouillement de sens et un mouvement de gloire qui semble indiquer qu'il ne concevait rien de plus beau ni de plus délicieux au delà. Il allait nager dans son élément.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 20 oct. 1851.
Loc. Nager entre deux eaux, en gardant la tête sous l'eau, en plongée.
4 Il nagea entre deux eaux jusque sous un navire au mouillage, auquel était amarrée une embarcation. Il trouva moyen de se cacher dans cette embarcation jusqu'au soir. À la nuit, il se jeta de nouveau à la nage, et atteignit la côte (…)
Hugo, les Misérables, II, III, XI.
Par métaphore ou fig. Ménager deux partis, éviter de s'engager à fond (→ Louvoyer).
5 (…) sa situation (de Sedan) dans les Ardennes et sur un bord jaloux de frontière (…) mirent ses seigneurs en état de nager entre la France et la maison d'Autriche (…)
Saint-Simon, Mémoires, II, XLIII.
Nager contre le courant, à contre-courant.Fig. et par métaphore (→ Contre-courant, cit. 2).
3 (1530). Sujet n. de choses. Flotter passivement, être à la surface d'un liquide. Flotter (→ Être à flot, surnager). || Corps qui nagent à la surface d'un liquide (→ Apsara, cit. 1; capillaire, cit. 2).
(En parlant de ce qui est en suspension dans l'air, de ce qui flotte au gré du vent, d'une impulsion… → Infinitésimal, cit. 2).
6 Au ciel, le vol des nuages blancs nageait avec une lenteur de cygne.
Zola, l'Assommoir, t. II, VIII, p. 28.
4 (1636). Être baigné, immergé, noyé dans un liquide trop abondant (généralement avec une nuance péjorative). || Haricots qui nagent dans une sauce brunâtre. Baigner.
7 À côté de ce plat paraissaient deux salades (…)
(…) Dont l'huile de fort loin saisissait l'odorat,
Et nageait dans des flots de vinaigre rosat.
Boileau, Satires, III.
Littér. Nager dans le sang : être couvert de sang (→ Assouvir, cit 8). || Blessé qui nage dans son sang.
5 Par métaphore et fig. Être, se trouver plongé dans la plénitude d'un sentiment, d'un état… Baigner. || Nager dans le sein des délices (cit. 7), dans la joie (→ 1. Masque, cit. 14).
8 Ivre d'amour et de volupté, le mien (cœur) nage dans la tristesse (…)
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, I, XXXI.
9 Il me semblait nager moi-même dans le pur éther et m'abîmer dans l'universel océan. Mais la joie intérieure dans laquelle je nageais était mille fois plus infinie, plus lumineuse et plus incommensurable que l'atmosphère avec laquelle je me confondais ainsi.
Lamartine, Raphaël, XV.
Nager dans l'abondance, l'argent (→ Genou, cit. 21), l'opulence, la prospérité… Riche (être).
10 (…) son père, qui ne nageait pas dans l'opulence, ne me fit pas non plus un bien grand accueil (…)
Rousseau, les Confessions, IV.
11 (…) nager dans l'or et refuser à une malheureuse qui n'a pas voulu commettre un crime, ce qu'elle a légitimement gagné est une infamie gratuite qui n'a point d'exemple.
Sade, Justine…, t. I, p. 102.
6 (1680). Fam. Être au large, flotter (dans ses vêtements). || Il a beaucoup maigri, il nage dans son complet.
7 Être dans une situation confuse, se débattre au milieu de difficultés. Patauger. || Nager dans une pleine mer de documents officiels (→ Archives, cit. 9). || Nager en pleine obscurité, en pleine confusion.
(1916). Absolt. Se débattre vainement, perdre pied (fig.), au milieu de difficultés quelles qu'elles soient. || Je n'y comprends plus rien, je ne m'y retrouve plus, je nage complètement.
tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
DÉR. et COMP. Nage, nageant, nagée, nageoire, nageoter, nageur. Surnager
HOM. Nagée.

Encyclopédie Universelle. 2012.