mer [ mɛr ] n. f.
• 1050; lat. mare
1 ♦ Vaste étendue d'eau salée qui couvre une grande partie de la surface du globe. ⇒ océan. Haute mer, pleine mer : partie de la mer la plus éloignée des rivages. ⇒ large. Brise, vent de mer, qui souffle de la mer vers la terre. Au-dessus du niveau de la mer. Eau de mer (opposé à eau douce) . Sel de mer. ⇒ 1. marin. Bord de mer. ⇒ côte, littoral, rivage; 1. grève, 2. plage. Boulogne-sur-Mer. Fond, profondeur de la mer. ⇒ fond; abyssal, pélagique. Le Nautilus « reposait au fond des mers » (Jules Verne). État de la mer : hauteur moyenne des vagues. ⇒ bonace, 1. calme, tempête. Mer calme, belle. Mer d'huile. Mer agitée, forte, houleuse (cf. Coup de chien, raz-de-marée, gros temps). Mouvement, ondulations de la mer (⇒ flot, houle, lame, 1. vague; déferlement, ressac) . Paquet de mer. Mal de mer. ⇒ naupathie. La mer est pleine, a atteint son niveau le plus haut pendant la marée. La mer est basse, a atteint son niveau le plus bas. Mer étale. La mer monte, descend (⇒ marée; flux, reflux) . Bruit, mugissement de la mer. — Écume de mer. ⇒ magnésite, sépiolite. Poissons de mer. Truite de mer. Tortue de mer. Chien de mer. Lion de mer. Cochon de mer. ⇒ marsouin. Éléphant de mer. Anémone de mer. ⇒ actinie. Fruits de mer. Araignée de mer. Amande de mer. Étoile de mer. Les « albatros, vastes oiseaux des mers » (Baudelaire). « Les oiseaux de mer volent autour de nous en criant, mouettes, sternes, pétrels blancs » (Le Clézio). Fig. Serpent de mer. — Divinités de la mer. ⇒ sirène, 1. triton. — Navigation en mer. Gens de mer : marins. Port de mer. ⇒ maritime. Prendre la mer : quitter le mouillage. Courir, écumer les mers; bourlinguer sur toutes les mers. Vieux loup de mer. Au-delà des mers. ⇒ outre-mer. Périr en mer. Voyage, commerce par mer. Fortune de mer. Combat sur mer. ⇒ naval. Armée de mer : marine militaire. — Étude des mers. ⇒ océanographie. — Droit de la mer (dr. publ. internat.) :ensemble des règles régissant les rapports juridiques issus des activités maritimes, et statuant sur les espaces maritimes. — Mer territoriale.
♢ Eau de mer. La mer est chaude. Bains de mer. Loc. Ce n'est pas la mer à boire : ce n'est pas difficile, ce n'est pas très important. Il boirait la mer et les poissons : il a une soif inextinguible. C'est une goutte d'eau dans la mer. Un homme à la mer, tombé à l'eau. ⇒fam. baille.
♢ Région côtière, station balnéaire. Passer ses vacances à la mer. Préférer la mer à la montagne.
2 ♦ Bassin océanique, plus ou moins isolé, de dimensions limitées. Mer secondaire, bordière, intercontinentale, fermée, intérieure. Mer du Nord, mer Rouge, mer Noire, mer Baltique, mer d'Aral, mer Caspienne, mer des Caraïbes. Bras de mer.
3 ♦ Fig. Vaste étendue. Mer de sable : vaste désert de sable. La mer de Glace : grand glacier des Alpes françaises. Quelques orangers « perdus dans cette mer de goudron et de béton » (Le Clézio).
♢ Grande quantité (de ce qui est comparé à un liquide). « cette immersion violente dans une mer de mots » (Fromentin).
⊗ HOM. Maire, mère.
● mer nom féminin (latin mare) Ensemble des eaux océaniques, communiquant entre elles et ayant le même niveau de base. Division de l'océan mondial définie du point de vue hydrographique (limites continentales ou insulaires) et hydrologique (température, salinité, courants). Bord de mer, région, ville côtières, plages, etc., considérés du point de vue des résidences, des loisirs, des activités qui y ont trait, etc. : Aller à la mer pour les vacances. Eau de la mer, de l'océan : La mer est chaude, froide. Grande quantité de liquide répandu : Une mer de sang. Littéraire. Vaste étendue, vaste superficie : Une mer de sable. Astronomie Sur la Lune, vaste étendue plane, sombre, constituée de roche basique et généralement bordée de montagnes. ● mer (citations) nom féminin (latin mare) Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 Homme libre, toujours tu chériras la mer. Les Fleurs du Mal, l'Homme et la Mer Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 Quel démon a doté la mer, rauque chanteuse, Qu'accompagne l'immense orgue des vents grondeurs, De cette fonction sublime de berceuse ? Les Fleurs du Mal, Moesta et errabunda Louis Brauquier 1900-1976 La liberté des mers, avec leur solitude, Qui parleront toujours au sel de notre sang… Eau douce pour navires Gallimard Jean-Baptiste Chassignet Besançon vers 1578-1637 Notre vie est semblable à la mer vagabonde, Où le flot suit le flot, et l'onde pousse l'onde, Surgissant à la fin au havre de la mort. Le Mespris de la vie et consolation contre la mort Édouard Estaunié Dijon 1862-Paris 1942 Académie française, 1923 Les êtres ont la mobilité et l'éphémère durée des vagues ; seules, les choses qui leur ont servi de témoins sont comme la mer et demeurent immuables. Les Choses voient Grasset José Maria de Heredia La Fortuna, près de Santiago de Cuba, 1842-château de Bourdonné, près de Houdan, 1905 Académie française, 1894 Mais l'homme indifférent au rêve des aïeux Écoute sans frémir au fond des nuits sereines La mer qui se lamente en pleurant les sirènes. Les Trophées, Antoine et Cléopâtre Lemerre Jules Laforgue Montevideo 1860-Paris 1887 Ô mers, ô volières de ma Mémoire ! Les Complaintes, Complainte du pauvre chevalier-errant Marcel Pagnol Aubagne 1895-Paris 1974 Si vous voulez aller sur la mer, sans aucun risque de chavirer, alors, n'achetez pas un bateau : achetez une île ! Fanny, II, 3, Panisse Fasquelle Marie-René Alexis Saint-Leger Leger, dit, en diplomatie, Alexis Leger, et, en littérature Saint-John Perse Pointe-à-Pitre 1887-Giens, Var, 1975 J'ai pris la marche vers la Mer comme une illustration de cette quête errante de l'esprit moderne, aimanté toujours par l'attrait même de son insoumission. Amers, Note sur la thématique Gallimard Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Ce toit tranquille, où marchent des colombes, Entre les pins palpite, entre les tombes […]. Charmes, le Cimetière marin Gallimard Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 La mer, la mer, toujours recommencée ! Charmes, le Cimetière marin Gallimard Horace, en latin Quintus Horatius Flaccus Venusia, Apulie, 65-Rome ? 8 avant J.-C. Demain nous prendrons les routes de la vaste mer. Cras ingens iterabimus aequor. Odes, I, VII, 32 Rafael Alberti Puerta de Santa Maria 1902-Puerta de Santa Maria 1999 […] Il est des portes sur la mer que l'on ouvre avec des mots. […] Hay puertas al mar que se abren con palabras. Sobre los ángeles, El ángel de las bodegas John Donne Londres 1572-Londres 1631 La mer est aussi profonde dans le calme que dans la tempête. The sea is as deepe in a calme as in a storme. Sermons, Mundus Mare Félix Lope de Vega Carpio Madrid 1562-Madrid 1635 Mettre un frein à la femme, c'est mettre une limite à la mer. Poner freno a la mujer es poner limite al mar. La dama boba, III, 4 ● mer (difficultés) nom féminin (latin mare) Orthographe Dans les noms propres formés de mer suivi d'un adjectif ou d'un complément, c'est l'adjectif ou le complément qui prend la majuscule : la mer Rouge, la mer Méditerranée, la mer Adriatique, la mer Baltique ; la mer du Nord. ● mer (expressions) nom féminin (latin mare) Au-delà des mers, de l'autre côté de l'océan ; très loin. Familier. Ce n'est pas la mer à boire, cela n'offre pas une telle difficulté. En mer, loin du rivage ; au cours de la navigation en mer. Par mer, par voie de mer, par bateau. Par mer et par terre, en de nombreux lieux, partout dans le monde. Droit de la mer, ensemble des règles internationales, applicables aux espaces maritimes, et relatives à la souveraineté, la navigation et l'utilisation économique des eaux et des fonds marins. Mer fermée, mer qui n'a qu'un seul État riverain et qui communique avec la mer libre par un détroit dominé par cet État. (Lui sont appliquées les règles des baies et des golfes.) Mer intérieure, mer bordée par un seul et même État et considérée comme faisant partie de son territoire. Mer nationale, synonyme de eaux intérieures. Mer territoriale, synonyme de eaux territoriales. Mer continentale ou intercontinentale, mer profonde séparée de l'océan par des seuils ou des détroits. (Elle est individualisée par l'isolement, le cloisonnement par des seuils, l'existence de circuits autonomes, la variété des bilans hydrologiques et l'élévation de la température de fond.) Mer fermée, lac de grandes dimensions (Caspienne, Aral, etc.). Mer intérieure, mer ne communiquant avec l'océan que par une autre mer. Coup de mer, lame qui vient se briser contre le bord d'un bateau et déferle par-dessus celui-ci. Prendre la mer, commencer la navigation, quitter le mouillage. Armée de mer, ensemble des navires et des formations aériennes et terrestres relevant de la marine militaire. Mal de mer, malaise causé par les oscillations d'un bateau, variété de mal des transports. ● mer (homonymes) nom féminin (latin mare) maire nom masculin mère nom féminin ● mer (synonymes) nom féminin (latin mare) Ensemble des eaux océaniques, communiquant entre elles et ayant le...
Synonymes :
- eaux (poétique)
- océan
Grande quantité de liquide répandu
Synonymes :
- déluge
- flots
Droit. Mer nationale
Synonymes :
- eaux intérieures
Droit. Mer territoriale
Synonymes :
Hydrologie. Mer continentale ou intercontinentale
Synonymes :
- méditerranée
mer
n. f.
d1./d Vaste étendue d'eau salée qui entoure les continents.
|| Partie de cette étendue couvrant une surface déterminée. La mer Baltique.
— La mer Morte.
|| (Québec) Par ext. La mer: le fleuve Saint-Laurent dans sa partie large, en aval de Rivière-du-Loup.
|| Prendre la mer: s'embarquer.
— Pleine mer, haute mer, la partie de la mer éloignée des côtes.
— Un homme à la mer, tombé d'un bateau dans la mer; fig., un homme perdu, désemparé.
— Mal de mer.
|| Loc. fig. Ce n'est pas la mer à boire: ce n'est pas un travail, une tâche très difficile.
d2./d Fig. étendue vaste comme la mer. Le Sahara, vaste mer de sable.
d3./d Importante quantité (de liquide). Une mer de sang.
|| Fig. Une mer de difficultés.
⇒MER, subst. fém.
I. A. — Vaste étendue d'eau salée qui occupe la plus grande partie de la surface terrestre. Synon. flots (littér. et poét.), océan. Lorsqu'elle voyait la mer monter, balayer la terre de sa houle (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 904). La phosphorence [sic] verte de la mer qui venait grésiller à leurs pieds (NIZAN, Conspir., 1938, p. 26). La mer est déserte, la mer qui roule des galets, la mer qui n'a pas de limites et qui enrobe les cinq parties du monde (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 167):
• 1. Au delà commençait la grande mer, frémissante et grise, dont l'extrémité se perdait dans les brumes. Il fallait y regarder attentivement pour comprendre où se terminait la mer, où le ciel commençait, tant la limite était douteuse, tant l'un et l'autre avaient la même pâleur incertaine, la même palpitation orageuse et le même infini.
FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 164.
SYNT. Mer agitée, creuse, démontée, dure, forte, grosse, houleuse, moutonneuse; mer belle, calme, étale, immobile, plate, sereine, tranquille; mer bleue, verte; bord, fond, rivage de la mer; bruit, grondement, mugissement de la mer; flux et reflux de la mer; avoir la maîtrise, l'empire de la mer; courir terre et mer, traverser la mer.
1. Locutions
a) Loc. adj. ou adv. Par mer. Par la voie maritime, par bateau. Commerce par mer; voyager par mer. Il s'en travaillait [du coton] à présent au delà de trente millions de livres, bien que nous ne pussions en recevoir par mer, et qu'il nous vînt d'aussi loin par terre que de Constantinople (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 450). Les transports par mer ont permis la spécialisation des pays sur le plan international (LESOURD, GÉRARD, Hist. écon., t. 1, 1968, p. 274).
— Fam. Chercher quelqu'un par mer et par terre. Chercher quelqu'un partout, sans se décourager. (Dict. XIXe s., ROB.).
b) Loc. adv. En mer. En cours de navigation. Il s'était joint à un groupe de missionnaires qui se rendaient à Madagascar et était mort en mer (LACRETELLE, Silbermann, 1922, p. 103). [Le capitaine Davis] ne quittait pas la passerelle lorsqu'il pouvait y avoir en mer le moindre danger (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p.15).
c) Loc. nom.
— DR. MAR.
♦Haute mer. Zone maritime qui jouit d'un régime de liberté en ce qui concerne la navigation et la pêche (d'apr. BARR. 1974). Oui, la mer est libre, tout au moins tant qu'il s'agit de la haute mer, jusqu'aux limites parfois imprécises des eaux territoriales (M. BENOIST, PETTIER, Transp. mar., 1961, p. 13).
♦Mer territoriale. Zone maritime, située entre la côte et le large, sur laquelle s'exerce l'autorité de l'État riverain. Synon. eaux territoriales:
• 2. Jusqu'en 1971, la législation française ne contenait aucune règle générale relative à la largeur de la mer territoriale mais seulement des textes particuliers relatifs à certaines compétences exercées par l'État français sur une frange plus ou moins étendue d'eaux côtières.
QUID, 1979, p. 1374, col. c.
— MAR. Basse mer; coup de mer; écumeur de mer; gens de mer; homme de mer; haute mer; loup de mer; mer d'huile; paquet de mer; pleine mer. MINÉR. Écume de mer. MYTHOL. Serpent de mer. PÊCHE. Fruits de mer. ZOOL. Anémone de mer; chien de mer; éléphant de mer; étoile de mer; lion de mer; ortie de mer; veau de mer.
Rem. On dit aussi éléphant marin, lion marin, veau marin.
d) Loc. verb.
— Fam. Être salé comme mer. Être excessivement salé. Cette viande, cette soupe, cette sauce est salée comme mer (Ac.).
— Lancer la (une) bouteille à la mer.
— MARINE
♦Mettre à la mer (vieilli), en mer (vieilli). Quitter le port. Cet amiral, ce capitaine vient de mettre en mer (Ac. 1798-1878):
• 3. Après le coucher du soleil, aucune chaloupe ne pouvait mettre à la mer; les bateaux pêcheurs étaient comptés, et la nuit ils restaient au port sous la responsabilité d'un lieutenant de marine.
CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 658.
♦Mettre un canot à la mer. Débarquer un canot du bord:
• 4. Le bateau vint mouiller sous le vent de ces falaises raides, qui faisaient planer sur la mer une accalmie et une fraîcheur de cave; on mit un canot à la mer; Vanessa me fit signe de descendre avec elle seule.
GRACQ, Syrtes, 1951, p. 158.
♦Prendre la mer
[Le suj. désigne une pers.] S'embarquer. J'ai beaucoup voyagé, disait Eric Vidame, et j'ai souvent pris la mer (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 300).
[Le suj. désigne un bateau] Quitter le mouillage, commencer à naviguer. À un seul cri de commandement le canot de sauvetage, près du sémaphore, avait largué ses palans. Il prenait la mer, déjà, avec ses six hommes et le patron (MILLE, Barnavaux, 1908, p. 88).
♦Tenir la mer. Naviguer au large. Anton. caboter. Ce vaisseau a beaucoup souffert: il n'est plus en état de tenir la mer (Ac. 1935). Ce sont [les cuirassés d'escadre] des navires capables de bien tenir la mer (CRONEAU, Constr. nav. guerre, t. 1, 1892, p.123).
— Au fig.
♦Fam. Avaler la mer et les/ses poissons.
♦Labourer le rivage de la mer (vieilli). Entreprendre l'impossible, perdre sa peine. (Dict. XIXe et XXe s., sauf Ac.).
♦Porter (de) l'eau à la mer, en la mer. Accomplir une tâche inutile, perdre sa peine. C'est porter l'eau à la mer (Ac.).
2. Expressions
— MARINE
♦Il y a de la mer. La mer est houleuse. L'hydroplanage [action pour un hydravion de glisser sur l'eau] devient délicat lors qu'il y a de la mer (A.-B. DUVAL, HÉBRARD, Nav. aér., 1928, p. 183).
♦Un homme à la mer!
— Au fig.
♦Fam. C'est, ce n'est pas la mer à boire.
♦(C'est) une goutte d'eau dans la mer.
B. — En partic. [Gén. suivi d'un adj. ou d'un compl.] Étendue d'eau salée, de dimensions relativement limitées, qui est plus ou moins isolée de la masse océanique principale. Mer équatoriale, tropicale; mers antarctiques; mer Baltique, mer Méditerranée, mer Noire; mer d'Irlande, mer du Nord. Dans un silence des mers polaires (VALLÈS, Réfract., 1865, p. 54). Il n'y a pas de mer plus mal faite que la mer Rouge. On croirait qu'elle est large: ce n'est qu'une apparence et qu'une illusion (MILLE, Barnavaux, 1908, p. 115):
• 5. De leur côté les Alpes achèvent sur ce littoral le grand demi-cercle concave qu'elles opposent à la Méditerranée. Cette mer a peu d'ouvertures vers l'intérieur; presque partout elle est bloquée par des montagnes.
VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. de Fr., 1908, p. 19.
— OCÉANOGRAPHIE
♦Bras de mer.
♦Mer bordière. Mer située sur une plate-forme continentale, en bordure d'un océan avec lequel elle communique largement (d'apr. Géomorphol. 1979):
• 6. Cette communication assez précaire avec le Pacifique (...) justifie qu'on puisse considérer l'océan Arctique comme dépendant uniquement de l'Atlantique, ou, suivant une expression consacrée, comme une mer bordière de l'Atlantique.
ROUCH, Régions polaires, 1927, p. 12.
♦Mer fermée ou mer intérieure. Mer totalement isolée des océans ou ne communiquant avec eux que par un détroit. La mer Caspienne est une mer intérieure (Ac. 1878, 1935):
• 7. Trois «parties du monde», c'est-à-dire trois mondes fort dissemblables, bordent ce vaste lac salé [la mer Méditerranée]. (...) cette mer fermée, qui est en quelque sorte à l'échelle des moyens primitifs de l'homme, est tout entière située dans la zone des climats tempérés: elle occupe la plus favorable situation du globe.
VALÉRY, Variété III, 1936, p. 247.
II. A. — P. anal.
1. a) Vaste étendue d'eau non salée. La rivière débordée couvrait la campagne, c'était une mer (Ac. 1835-1935):
• 8. ... le torrent, cette mer souterraine, la terreur des houillères du Nord, une mer avec ses tempêtes et ses naufrages, une mer ignorée, insondable, roulant ses flots noirs, à plus de trois cents mètres du soleil.
ZOLA, Germinal, 1885, p. 1528.
b) Vaste étendue (d'un élément non liquide). Synon. océan (de qqc.). Mer de blé, de sable, de toits. La mer moutonnante des frondaisons (PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 171). La mer de boutons d'or et de myosotis des prairies (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 12):
• 9. C'est une vaste mer de glace [le glacier de Grindelwald en Suisse] traversée en sillons brisés, et en tous sens, de larges crevasses de couleur bleue, et hérissée d'espace en espace de hautes pyramides.
CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1820, p. 104.
— Spécialement
♦ASTRON. ,,Vaste étendue du paysage lunaire ne présentant que des accidents faibles ou isolés`` (Astron. 1973). La terre (...) dont l'océan est beaucoup plus grand que toutes les mers de la lune (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p.372):
• 10. Les principales mers lunaires sont la mer des Pluies et l'océan des Tempêtes dans la partie nord-est (...), enfin des mers moins bien délimitées dans les zones beaucoup plus couvertes de cratères de la moitié sud de la lune...
MULLER 1980.
♦MÉTÉOR. Mer de nuages. ,,Aspect de la surface supérieure d'une couche de nuages, lorsque celle-ci comporte des ondulations plus ou moins nettement apparentes, des largeurs très diverses, dont l'ensemble suggère les vagues de l'océan`` (VILLEN. 1974). Les montagnards connaissaient aussi les mers de nuages (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 143).
2. a) Grande quantité (d'un liquide), écoulement abondant. Synon. flots (de qqc.). Une mer de sang (Ac. 1878, 1935).
b) P. méton.
— Mer d'airain. Grand bassin de bronze qui, dans le Temple de Jérusalem, servait à la purification des prêtres. La purification se faisait, chez les Juifs, dans des vases de métal (...); au temple de Jérusalem, la mer d'airain était un vaste bassin rond (LENOIR, Archit. monast., 1852, p. 101).
— Vieilli. Grand vase de terre contenant une certaine quantité de vin, qu'on remplit à mesure qu'on y puise. Il a une mer de vin de Chypre (Ac. 1798-1878).
B. — Au fig., littér.
1. Caractère houleux (d'un sentiment, d'une situation); milieu plein d'agitation et de fluctuations. Mer de l'existence, des passions. Le tournoiement des intérêts, des passions, des plaisirs qui font de Paris une mer aussi dangereuse aux chastes amours qu'à la pureté des consciences (BALZAC, Lys, 1836, p. 183). Le matin arriva, où je devais me lancer sur la mer du monde (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p. 393).
2. Grande quantité de quelque chose. Libre de nager, de patauger, de s'ébattre en une pleine mer de documents officiels, de débats jurisprudentiels, de rapports administratifs accumulés les uns sur les autres depuis les premiers âges de la Direction, il passait d'exquises journées à galoper de son cabinet aux archives (COURTELINE, Ronds-de-Cuir, 1893, I, 3, p. 42). Une mer de mots. V. immersion A 3 ex. de Fromentin.
III. — Loc. adj. De mer
A. — Qui appartient à la mer ou qui en provient. Synon. marin. On reproche au sable de mer d'être trop fin (BOURDE, Trav. publ., t. 2, 1929, p. 220):
• 11. Ils ne souffraient pas beaucoup, excepté ceux qui burent de l'eau de mer — car il y avait un peu de biscuit à manger, mais pas d'eau douce à boire — et qui devinrent fous.
MILLE, Barnavaux, 1908, p. 276.
— En partic. [En parlant d'un animal] Qui vit dans la mer. Poissons de mer. La tortue de mer va sortir des eaux (AUDIBERTI, Quoat, 1946, 2e tabl., p. 54).
B. — 1. Qui se trouve au bord de la mer; qui dépend de la mer. Synon. côtier, marin, maritime. Dans les provinces et dans les ports de mer (MARAT, Pamphlets, Nouv. dénonc. Necker, 1790, p. 185). Le 17 octobre 1854, vingt-six vaisseaux de ligne français et anglais s'embossaient devant les forts de mer de Sébastopol (LEDIEU, CADIAT, Nouv. matér. nav., t.2, 1899, p.478).
2. En partic.
a) [En parlant d'un animal] Qui vit près de la mer. Aux îles Foeroé, il assista à la recherche des nids d'oiseaux de mer, dans les crevasses à pic (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p. 150). Des embruns lui mouillaient les cheveux, des puces de mer lui sautaient dans les jambes (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 42). V.courlis ex. 1.
b) [En parlant du climat, d'une condition atmosphérique] Qui vient de la mer, qui est marqué par l'influence de la mer. Elle voulait s'imprégner de l'air de mer (MICHELET, Journal, 1858, p. 429). La rude brise de mer le lavait des odeurs du Quartier Latin (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 848). Les pins faisaient rideau contre le vent de mer (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 901).
C. — Qui se fait sur mer, par mer. Synon. maritime. Aventures de mer. Ses longues croisières et ses dures campagnes de mer (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 244).
♦Fortune de mer. V. fortune B 3 .
♦Voie de mer. Liaison maritime. En concurrence avec la voie de mer, une voie terrestre (...) fut organisée par les Marseillais (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. de Fr., 1908, p. 22).
D. — 1. Propre à la navigation sur mer, à la marine. Synon. maritime, naval. Ce n'est qu'en 1838 que la construction en fer fut appliquée aux bâtiments de mer (CRONEAU, Constr. nav. guerre, t. 1, 1892, p. 3).
♦Biscuit de mer.
♦Mal de mer.
2. En partic. Qui relève de la marine militaire. Synon. naval. Armée de mer. Non moins considérable avait été l'autre faute de M. Hanotaux, celle qui consistait à risquer un choc avec l'Angleterre avant d'avoir vérifié l'état de nos forces de mer (MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p. 229).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. maire, mère. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1050 «vaste étendue d'eau salée» (Alexis, éd. Chr. Storey, 79); ca 1145 halte mer «partie de la mer éloignée du rivage» (WACE, Conception N.D., 67 d'apr. KELLER); 1672 (c'est) ... la mer à boire (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettres, éd. M. Monmerqué, III, 85); 1808 ce n'est pas la mer à boire (HAUTEL t. 2); 2. 1607 basse mer «marée basse» (OUDIN, Thresor des deux langues); 1691 pleine mer «marée haute» (OZANAM, p. 361); 1849 mer d'huile (LAMART., Confid., Graziella, p. 153); 3. ca 1155 (entrer) en mer «s'embarquer» (WACE, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 839); 1671 prendre la mer «faire voile» (POMEY); 1677 mettre à la mer «lancer un navire à l'eau» (ds JAL); 1831 un homme à la mer! sens propre (WILL.); 1893 fig. (DG); 4. 1859 dr. mer territoriale (BONN.-PARIS); 5. ca 1135 «partie de mer portant un nom spécial» (Couronnement Louis, 310 ds T.-L.: La Roge Mer); 1691 mer intérieure «mer privée d'écoulement vers l'océan» (OZANAM, p. 359); 1865 mers polaires (VALLÈS, Réfract., p. 54); 1874 mer équatoriale, tropicale (Lar. 19e); 6. 1740 mer (des humeurs) «tache du disque de la lune» (Trév.). B. 1. 1721 «élément liquide abondamment répandu» (ibid.); 2. 1786 mer des glaces (BESSON, Manuel pour les savans et les curieux qui voyagent en Suisse, t. 1, p. 150 ds QUEM. DDL t. 21); 1791 mer de glace (STAËL, Lettres jeun., p. 461); 3. ca 1460-65 fig. mer de Desplaisance (CH. D'ORLÉANS, Œuvres, éd. P. Champion, 450). C. 1798 «grand vase de terre empli de vin, qu'on remplit à mesure qu'on y puise» (Ac.). Du lat. mare «mer», au sens propre et fig., et «vaste récipient». Fréq. abs. littér.:17 782. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 29456, b) 28793; XXe s.: a) 22688, b) 21416. Bbg. LA LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 140. — QUEM. DDL t. 19.
mer [mɛʀ] n. f.
ÉTYM. 1050; lat. mare, même sens.
❖
———
1 Vaste étendue d'eau salée qui couvre une grande partie de la surface du globe terrestre. ⇒ Océan, flot(s); → poét. Onde amère, humide empire; plaine liquide; campagnes salées. || Relatif à la mer. ⇒ Marin, maritime. || Science qui traite des mers. ⇒ Océanographie; hydrographie.
♦ (V. 1130). || Haute mer (→ Annonciateur, cit. 3) : partie de la mer la plus éloignée des rivages. ⇒ Large. || Relatif à la haute mer. ⇒ 2. Pélagien, pélagique. — Pleine mer (même sens). || En pleine mer (→ ci-dessous, autre sens). — La mer, opposée à la terre (→ Élément, cit. 13). — Une mer, les mers. || L'étendue des mers, plus grande que celle des continents.
♦ (1863). || Brise, vent de mer, qui souffle de la mer vers la terre. || Le niveau de la mer. ⇒ Niveau (→ Goulet, cit.; ascension, cit. 5). || Les régions du bord de la mer, opposées à celles de l'intérieur des terres. || Le voisinage de la mer, facteur du climat. || Fleuves qui se jettent, se perdent dans la mer (→ Intérêt, cit. 17). || Sable de mer et sable de rivière. || L'eau de mer, riche en sel. || Salure de la mer. || Recouvert par l'eau de la mer. ⇒ Immergé.
♦ Bord (cit. 8) de la mer. ⇒ Bord, côte, littoral, rivage (→ Hécatombe, cit. 1). || Galets (cit. 1) que la mer jette sur les rivages. || Relatif au bord de la mer. ⇒ Littoral, marin, maritime. || Mer qui baigne (cit. 3) une côte. — Termes relatifs à la configuration et aux particularités des rivages de la mer. ⇒ Cap, crique, fjord, golfe (cit. 1 et 2); lagune, lagon (→ Lac, canal, grau); grève, plage, falaise (cit. 1); brisant (cit. 2), récif; banquise.
♦ Le fond de la mer. || La vase qui se dépose au fond des mers. || Science qui traite du fond de la mer. ⇒ Hydrographie. || Mesure de la profondeur de la mer. ⇒ Bathymétrie. || Appareil pour mesurer la profondeur de la mer. ⇒ Sonde. || Relief du fond de la mer. ⇒ Sous-marin. — Termes désignant des accidents du relief sous-marin. ⇒ Bas-fond (cit. 6), haut-fond, plateau; abysse, fosse; plongée, seuil.
♦ La surface de la mer. || État de la mer. ⇒ Amollie, bonace, 1. calme, coup (de chien, de mer), houle, raz (de marée), tempête, temps (gros temps). || Mer couverte de brume. || Mer belle, calme, étale, immobile, plate, sereine, tranquille. || Mer d'huile. || Mer creuse, dure, forte, grosse (→ 1. Calme, cit. 4), houleuse; agitée, courroucée, déchaînée, démontée, écumante, mauvaise, moutonneuse, soulevée, tempétueuse. || La mer moutonne, grossit, calmit, se calme, tombe. — Mouvement, ondulations de la mer. ⇒ Vague; flot, lame, onde, paquet (de mer); ballottement, clapotis, déferlement, moutonnement, ressac, risette. || Écume de la mer. || La mer brise, se brise, déferle au rivage. || Navire balancé, ballotté par la mer (⇒ Roulis, tangage). || Avoir le mal de mer (→ Payer tribut à la mer). || Être insensible au mal de mer. ⇒ Marin (avoir le pied marin).
♦ (1690). || Pleine mer : niveau le plus élevé de l'eau pendant la marée. || La mer est pleine, a atteint son niveau le plus haut. ⇒ Gros (gros de l'eau), plein (plein de l'eau; battre son plein); → ci-dessus autre sens.
♦ (1718). || Mer basse : niveau le plus bas de l'eau pendant la marée. || Mer étale. || La mer monte, descend, perd. || Terrains que la mer laisse à découvert. ⇒ Lais, laisse, relais.
♦ Les couleurs variées de la mer; l'azur, le bleu (→ Argenté, cit. 6), la couleur glauque (cit. 1 et 2) de la mer. → Beau, cit. 31; épave, cit. 4; exquis, cit. 11; grève, cit. 4; gris, cit. 25. || Vert de mer. || Phosphorescence, brasillement de la mer.
♦ Le bruit puissant et sourd de la mer (→ Brisant, cit. 2). || Le hurlement (cit. 7), le mugissement, le ronflement de la mer (→ Bercer, cit. 4). || La mer grogne (cit. 3), gronde (cit. 6 et 11)... ⇒ aussi Bruit, clapotis…
♦ La flore et la faune de la mer. || Chien de mer. ⇒ Squale. || Cochon de mer. ⇒ Marsouin. || Étoile de mer. ⇒ Astérie. || Les albatros, les alcyons, oiseaux des mers. || Hirondelle (cit. 7) de mer. ⇒ Sterne. || Poissons, fruits de mer.
♦ La mer, peuplée, par l'imagination des anciens, de dieux et de déesses. || Aphrodite, née de la mer (Vénus Anadyomède). || Neptune, Thétis, divinités de la mer (⇒ Sirène, triton.)
♦ Propriétés curatives de l'eau de mer, de l'air de la mer. ⇒ Thalassothérapie. || Cure au bord de la mer, ou cure marine. || Bain de mer. ⇒ Bain (→ Flotter, cit. 2). || Boire un coup, boire la tasse en prenant un bain de mer.
♦ (1636). || Gens de mer, homme de mer. ⇒ 2. Marin, marine. || Habituer un homme, un équipage à la mer. ⇒ Amariner. || Hydravion qui se pose sur la mer. ⇒ Amerrir. || Mer territoriale. ⇒ Eau (infra cit. 7 : eaux territoriales). || Port de mer. || Prendre la mer. || Escadre (cit. 1), frégate (cit. 3) qui prend la mer, quitte le mouillage. || Mettre à la mer : quitter le mouillage, le port. Vx. || Se mettre en mer : s'embarquer (→ Février, cit.). || Tenir la mer. ⇒ Cingler, voguer. || Traverser la mer.
♦ Par mer, par voie de mer. || Commerce par mer. || Voyage par mer, au long cours. — Sur mer. || Entreprises audacieuses sur mer (→ Forban, cit. 1). || Combat sur mer. — Écumeurs des mers. || Pirates qui infestaient (cit. 2) les mers. || « Comme un pilote en mer gouverne (cit. 1) son navire ». || Se guider en mer (→ Lire, cit. 26). — Fortune de mer. — En mer. || Catastrophe en mer (⇒ Naufrage). || Marins péris en mer. — Un homme à la mer ! || Un homme est tombé à la mer (→ infra cit. 4). — Se jeter à la mer. || Jeter qqch. à la mer. || « La Bouteille à la mer », poème de Vigny. ⇒ Bouteille, cit. 8 et supra. — Débris, objets rejetés par la mer. ⇒ Épave; herpe (herpes marines). — Armée de mer. ⇒ Marine. || Armée de mer et de terre. — Maîtrise de la mer, des mers. ☑ Qui tient la mer, tient la terre : la maîtrise de la mer assure la supériorité militaire terrestre. || Empire de la mer (Affecter, cit. 1), des mers. || Tenir la mer sous ses lois. ⇒ Thalassocratie.
1 De là on découvrait la mer, quelquefois claire et unie comme une glace, quelquefois follement irritée contre les rochers, où elle se brisait en gémissant, et élevant ses vagues comme des montagnes.
Fénelon, Télémaque, I.
2 Toute une mer immense où fuyaient des galères.
J. M. de Heredia, les Trophées, « Antoine et Cléopâtre ».
2.1 Le sémaphore de Beg-Meil est situé à l'extrémité de cette presqu'île et regarde à gauche la baie de Concarneau qui la baigne à l'ouest, en face de lui et à droite l'océan qui la baigne à l'est, « la grande mer », comme on dit là-bas par opposition à la baie, mais dont les îles Glénan qu'on voit du sémaphore (ont) brisé la force et dont l'eau vient mourir là presque aussi douce que l'eau dormante de la baie.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 361.
3 La mer modèle les mœurs, comme elle fait les rivages. Tous les peuples marins ont du caprice, sinon de la folie, dans l'âme.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », I.
4 C'est pourquoi il n'est point de chose insensible qui ait été plus abondamment et plus naturellement personnifiée que la mer. On la dit bonne, mauvaise, perfide, capricieuse, triste, folle ou furieuse ou clémente; on lui donne les contradictions, les sursauts, les sommeils d'un être vivant. Il est presque impossible à l'esprit de ne pas animer naïvement ce grand corps liquide sur lequel les actions concurrentes de la terre, de la lune, du soleil et de l'air composent leurs effets. L'idée du caractère fantasque et violemment volontaire que les anciens prêtaient à leurs divinités, et nous-mêmes parfois attribuons aux femmes, s'impose assez à qui voisine avec la mer. Une tempête s'improvise en deux heures, un banc de brume se condense ou se dissipe par magie.
Valéry, Pièces sur l'art, « Regards sur la mer ».
♦ ☑ Loc. Courir la terre et les mers (→ Assoupissement, cit. 7), courir terre et mer. ☑ Chercher qqn par mer et par terre, partout, en des lieux difficiles. ☑ Un homme à la mer, désemparé, à la dérive.
♦ ☑ (1627 in D. D. L.). Il avalerait, boirait la mer et les poissons : il a extrêmement soif. ☑ Apporter de l'eau à la mer (→ Porter de l'eau, supra cit. 9, à la rivière). ☑ Labourer le rivage de la mer : prendre une peine inutile. ☑ Ce n'est pas la mer à boire : ce n'est pas tellement difficile. ☑ C'est une goutte (cit. 33) d'eau dans la mer, se dit d'une chose relativement infime, dont le rôle est dénué d'importance.
♦ (V. 1966). Techn. (milit.). Se dit d'un engin, d'une fusée, d'un missile, lancés d'un navire pour détruire un objectif aérien, marin ou terrestre. || Des engins mer-mer, des missiles nucléaires mer-sol. ⇒ Sol-air, sol-sol.
2 (XIXe). || Une mer, des mers. Bassin océanique, plus ou moins isolé, de dimensions limitées. || Mers secondaires (cf. Baulig, Voc. de géomorphologie, §294).
5 Nous avons défini les mers des bassins océaniques de dimensions limitées plus ou moins isolés. Par suite de cet isolement, elles se trouvent plus ou moins tenues à l'écart de la circulation générale, qui tend à uniformiser les températures et la salinité (…) À la surface, la température varie toujours beaucoup plus, au cours de l'année, que dans l'océan voisin (…) la salinité est souvent en excès ou en déficit, parfois dans des proportions très fortes.
E. de Martonne, Traité de géographie physique, t. I, p. 393.
♦ Mers bordières : « tous les bassins un peu isolés en bordure des océans, même lorsqu'ils sont désignés sous le nom de golfes ou de détroits » (Martonne). Ex. : mer du Nord. Bras de mer. ⇒ Canal, détroit, fjord (cit. 2), 1. manche (4.); → Golfe, cit. 1. — Mers continentales, intercontinentales (⇒ Méditerranée). || Ex. : mer Rouge, mer Noire, mer Baltique… || Mers fermées, mers intérieures. || Mer et lac salé.
6 À partir du moment où un bassin rempli d'eaux marines est privé de communication avec la grande masse océanique, il est, quelles que soient ses dimensions, destiné à perdre de plus en plus les caractères maritimes (…) On peut se demander si on a affaire à une mer ou à un lac. Dans la pratique, c'est d'après les dimensions que semble avoir été décidée l'épithète. On parle de la mer Caspienne, de la mer d'Aral; on dit le lac Baïkal… Cependant on dit la mer Morte (…)
E. de Martonne, Traité de géographie physique, t. I, p. 416.
6.1 De là, on pouvait embrasser, sur un vaste périmètre, l'aspect de cette mer intérieure (…) Lac admirable, encadré de belles roches sauvages, à larges assises, encroûtées de sel blanc, superbe nappe d'eau qui couvrait autrefois un espace plus considérable (…)
J. Verne, le Tour du monde en 80 jours, p. 238.
♦ Mer située au voisinage des pôles. ⇒ Circumpolaire. || Mer prise par les glaces durant l'hiver, mais libre pendant l'été. || Mer équatoriale, tropicale. || Mer Égée. ⇒ Archipel. || Les deux mers : l'océan Atlantique et la mer Méditerranée.
♦ (1860; mer des glaces, n. commun, 1786, in D. D. L.). || La Mer de Glace, glacier des Alpes françaises (mont Blanc).
7 Que l'homme est petit quand on le contemple du haut de la Mer de Glace.
E. Labiche, le Voyage de M. Perrichon, II, 7.
♦ Le Sahara, grande mer de sable. || Plaine semblable à une mer verte (→ Îlot, cit. 4). || Une mer de feu (→ Incendie, cit. 3). || La mer des colzas (→ Étendre, cit. 35; espace, cit. 14; jauni, cit. 3). — Mer de nuages.
8 Le ciel en fusion verse sa morne flamme
Sur les longs sables roux qu'il inonde et qu'il mord,
Mer stérile, sans fin, sans murmure et sans lame.
Leconte de Lisle, Poèmes tragiques, « Le lévrier de Magnus ».
9 Déjà, l'îlot gris d'un village avait disparu à l'horizon, derrière le niveau croissant des verdures. Il ne restait que les toitures de la Borderie, qui, à leur tour, furent submergées. Un moulin, avec ses ailes (…) la mer de blé envahissante, débordante, couvrant la terre de son immensité verte.
Zola, la Terre, III, I.
b Grande quantité (de ce qui est comparé à un liquide). || Une mer de vin, de sang. || Une mer de documents (→ Archives, cit. 9). || Une mer de mots (→ Immersion, cit. 4). ⇒ Abondance, quantité.
♦ Rare. || « Élevez une mer de cochons » (→ Blé, cit. 16, Claudel). ⇒ Flot, marée.
c (Avec l'idée d'agitation, de fluctuation, de tempête). || « L'air, agité de puissants remous, semble une mer invisible » (→ Fureur, cit. 24).
♦ Fig. || La mer des passions (→ Fermenter, cit. 3).
10 Ceux qui ont voulu nous représenter l'amour et ses caprices l'ont comparé en tant de sortes à la mer, qu'il est malaisé de rien ajouter à ce qu'ils en ont dit : ils nous on fait voir que l'un et l'autre ont une inconstance et une infidélité égales, que leurs biens et leurs maux sont sans nombre, que les navigations les plus heureuses sont exposées à mille dangers, que les tempêtes et les écueils sont toujours à craindre, et que souvent même on fait naufrage dans le port; mais en nous exprimant tant d'espérances et tant de craintes, ils ne nous ont pas assez montré, ce me semble, le rapport qu'il y a d'un amour usé, languissant et sur sa fin, à ces longues bonaces, à ces calmes ennuyeux que l'on rencontre sous la ligne (…)
La Rochefoucauld, Réflexions diverses, 6.
d Image, figuration de la surface de la mer.
♦ Blason. Lignes ondulées, dans le tiers inférieur de l'écu, représentant la mer.
———
II Fig.
2 ☑ Bibl. La mer d'airain : grand bassin de bronze placé dans l'enceinte du Temple, à Jérusalem, et qui servait aux purifications des prêtres.
❖
DÉR. Marée. — (Du même rad.) Marin, maritime.
COMP. Amerrir. — Outre-mer.
HOM. Maire, 1. mère, 2. mère.
Encyclopédie Universelle. 2012.