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CRÂNE
CRÂNE

Le crâne des Vertébrés est un édifice squelettique complexe, qui se développe autour du cerveau et des organes sensoriels spéciaux de la région céphalique. Il prolonge la colonne vertébrale et constitue avec elle le squelette axial. Le crâne humain, sans doute celui que nous connaissons le mieux, est le résultat d’une longue évolution. La boîte crânienne, très dilatée, et la face, qui en sont les deux constituants essentiels, ne peuvent être interprétées clairement que si l’on suit cette évolution au cours de l’histoire des Vertébrés.

1. Le crâne d’un Sélacien

Anatomie

On prendra comme point de départ un Sélacien tel qu’une roussette, chez lequel le squelette céphalique, particulièrement simple, entièrement cartilagineux puisque ces poissons n’ont pas de tissu osseux, comprend deux parties (fig. 1): le neurocrâne, qui est une boîte cartilagineuse à peu près complètement fermée autour de l’encéphale; le splanchnocrâne (ou squelette viscéral), qui est l’ensemble des éléments squelettiques pairs (arcs viscéraux) disposés dans la paroi latérale du pharynx, en particulier entre les fentes branchiales.

Le neurocrâne forme sous le cerveau un plancher continu, qui se prolonge vers le haut par des parois latérales; au-dessus du cerveau, le plafond crânien, incomplet, comporte une ou plusieurs larges fontanelles, d’ailleurs recouvertes par la peau, avec un derme fibreux épais et résistant. On y distingue de l’avant vers l’arrière quatre régions: ethmoïdienne, formée par une paire de capsules nasales entourant les sacs olfactifs (organe du sens de l’odorat); orbitaire, correspondant à une dépression de la paroi latérale qui abrite l’œil; otique, constituée principalement par une paire de capsules otiques entourant les oreilles internes; occipitale, en arrière, articulée sur la colonne vertébrale et percée sur sa face postérieure d’une large ouverture médiane, le foramen magnum , par où la moelle épinière pénètre dans la cavité crânienne en se transformant en bulbe rachidien.

Les faces latérales du crâne sont en outre percées d’un certain nombre de petits orifices par lesquels passent les nerfs crâniens et les vaisseaux.

Du splanchnocrâne , on ne retiendra ici que le plus antérieur des arcs viscéraux, l’arc mandibulaire , constitué par deux paires de grosses pièces cartilagineuses. En premier lieu, sous la région orbitaire, solidaire du crâne par quelques ligaments, deux «palato-carrés», unis par leur extrémité antérieure et s’écartant vers l’arrière, représentent la mâchoire supérieure du squale. En second lieu, deux «cartilages de Meckel», unis l’un à l’autre en avant, et articulés par leur extrémité postérieure sur les palato-carrés, représentent l’élément ventral de l’arc mandibulaire et forment la mâchoire inférieure.

Développement

Le splanchnocrâne d’un Sélacien se développe d’une manière simple; chaque pièce a pour origine une ébauche distincte qui s’accroît en se modelant. Il n’en est pas de même du neurocrâne, qui provient d’un certain nombre d’éléments d’abord indépendants qui fusionneront secondairement (fig. 2).

De part et d’autre de l’extrémité antérieure de la corde dorsale, sous la partie postérieure du cerveau (rhombencéphale), se forme une paire de baguettes cartilagineuses, les paracordaux . Plus en avant, sous le cerveau antérieur, une paire de cartilages semblables est désignée sous le nom de trabécules . L’accroissement de ces ébauches primordiales du neurocrâne aboutit à leur fusion en une plaque basale , sur laquelle repose l’encéphale et qui représente donc le plancher du neurocrâne. La plaque basale possède quelque temps une ouverture à la limite des paracordaux et des trabécules. Il s’agit de la fenêtre hypophysaire , qui se fermera après que la poche de Rathke, évagination épithéliale de la cavité buccale (stomodéum) l’aura traversée pour constituer l’adénohypophyse. Vers l’avant, l’extension des trabécules autour des sacs olfactifs forme les capsules nasales.

Dans la région moyenne, les parois latérales du crâne sont constituées par des plaques cartilagineuses entourant les yeux (cartilages orbitaires ). Plus en arrière, les vésicules auditives s’entourent d’une paire de capsules otiques , complètement closes, qui s’appuient sur les paracordaux et forment donc aussi les parois crâniennes au niveau du rhombencéphale. Enfin, la région postérieure du crâne est composée d’un nombre variable d’éléments vertébraux modifiés qui constituent l’arc occipital.

2. Le crâne d’un Tétrapode primitif

Le crâne des poissons osseux et des Vertébrés terrestres diffère fondamentalement, à l’état adulte, du crâne des Sélaciens, quant à sa structure histologique, puisqu’il est fait essentiellement de tissu osseux et non de cartilage, et quant à son architecture, beaucoup plus complexe.

Le développement embryonnaire du crâne chez ces Vertébrés débute de la même façon que celui du crâne d’un Sélacien. Un chondrocrâne s’édifie avec les mêmes éléments de base (trabécules, paracordaux, capsules...). Puis interviennent des phénomènes d’ossification de deux types.

Il se produit, d’une part, une ossification enchondrale, c’est-à-dire que le tissu osseux se substitue peu à peu au tissu cartilagineux qui est détruit plus ou moins complètement. D’autre part, autour de cet édifice primaire s’ajoutent des os, dits de membrane, qui s’édifient dans le tissu conjonctif, sans ébauches cartilagineuses préalables. Chez un Labyrinthodonte (fig. 3), Vertébré terrestre primitif, le chondrocrâne s’ossifie en un nombre variable d’éléments. La région occipitale comprend deux os impairs (supraoccipital et basioccipital) et une paire d’exoccipitaux entourant la large ouverture du foramen magnum. Sur la face postérieure du crâne, la première vertèbre s’articule, semble-t-il, primitivement par trois condyles correspondant au basioccipital et aux exoccipitaux. Par la suite, il n’y aura, suivant les groupes, que deux condyles (exoccipitaux), chez les Amphibiens et chez les Mammifères, ou un seul (basioccipital), chez la plupart des Reptiles et chez les Oiseaux.

Le basisphénoïde est un os impair de la base du crâne entre la région de l’oreille (deux os pairs opisthotiques et prootiques) et l’orbite (sphénethmoïdes). Il porte une paire de tubercules latéraux où s’articulent les éléments du palais. Vers l’avant, la région ethmoïdienne, associée aux capsules nasales, reste souvent cartilagineuse.

Le parasphénoïde est un os de membrane qui renforce la base du crâne, ventralement, depuis le basioccipital jusqu’à la région ethmoïdienne. Avec les os dérivés du chondrocrâne, le parasphénoïde constitue l’endocrâne .

La voûte dermique , plus ou moins bombée, recouvre dorsalement l’endocrâne et le déborde de chaque côté. Elle est formée d’os plats, pairs, strictement juxtaposés et unis entre eux par des sutures. L’ensemble est parfaitement continu, présentant seulement deux ouvertures latérales paires, qui sont les narines externes vers l’avant, les orbites au milieu, et une petite ouverture impaire médiane, le foramen pinéal (ou pariétal). Celui-ci correspond au complexe pinéal du diencéphale, sorte d’«œil médian», qui existe encore chez quelques lézards. La figure 3 donne la disposition et la nomenclature des constituants de la voûte dermique à laquelle se rattachent, en bordure, les os dentés qui forment la mâchoire secondaire, maxillaires et prémaxillaires. Il faut noter enfin, au bord postérieur du dermocrâne, une paire de larges échancrures, les incisures otiques , proches de l’oreille interne; sur elles étaient tendues les membranes tympaniques sauf, selon J. Clak, chez les premiers Trétrapodes, où, ouvertes, elles auraient eu un rôle respiratoire.

Sous l’endocrâne, une mosaïque osseuse, comprenant des os de membrane (qui rejoignent sur le bord les éléments de la voûte dermique) et des os de cartilage (représentant le palato-carré embryonnaire, élément du squelette viscéral), forme la charpente du plafond de la cavité buccale, le palais , ou complexe palatin (fig. 3). On note, dans la région antérieure, l’ouverture paire des narines internes (choanes ). Jointifs en avant, les ptérygoïdes se séparent vers l’arrière et, dans l’échancrure ainsi dégagée, apparaît la face ventrale de l’endocrâne (en particulier le parasphénoïde et les os de la région occipitale). Postéro-latéralement, le carré, étroitement associé à la voûte crânienne, est une ossification de la partie postérieure du palato-carré sur laquelle s’articule la mandibule. Dérivé aussi du cartilage palato-carré, l’épiptérygoïde, souvent réduit, se dresse en avant du carré entre la voûte et l’endocrâne. Là existe de chaque côté un large espace, la fosse sous-temporale, occupée sur l’animal vivant par la musculature qui actionne la mandibule et s’insère d’une part sur celle-ci, d’autre part sur la face interne de la voûte dermique. Ces muscles traversent le palais par les fenêtres sous-temporales.

3. Le crâne des Reptiles

Malgré des variations dans ses proportions et dans l’extension des perforations de la voûte du palais, ce plan de l’édifice crânien se retrouve avec les mêmes composants chez tous les Tétrapodes primitifs qui apparaissent à la fin du Primaire et à l’aube des temps secondaires, et même chez les plus primitifs des Reptiles.

Mais, chez ces derniers, on observe une certaine réduction du nombre des ossifications de la région temporale de la voûte dermique, ainsi que la disparition de l’encoche otique. En outre, une certaine diversité crânienne va se manifester en rapport avec l’apparition de perforations latérales dans la région postorbitaire de la voûte dermique. Ce sont les fenêtres temporales , laissant place libre à la musculature mandibulaire dans la fosse sous-temporale. La disposition de ces fenêtres temporales (fig. 4) permet de reconnaître chez les Reptiles quatre types de structures crâniennes principales, correspondant à autant de lignées évoluant séparément.

Chez les Reptiles primitifs (Captorhinidés), comme chez les Labyrinthodontes, la voûte temporale est continue, ce qui caractérise le type anapside . Dans le type euryapside , il existe de chaque côté une fenêtre temporale située en arrière de l’orbite, venant au contact du pariétal et bordée ventralement par le post-orbitaire et le squamosal. Cette architecture du crâne est réalisée surtout chez deux groupes de Reptiles marins, les Ichthyosaures et les Plésiosaures.

Le type diapside , caractérisé par deux paires de fenêtres temporales superposées, séparées par le squamosal et le postorbitaire, est plus répandu. Il est représenté, en particulier, par les dinosaures (les Reptiles «dominants» du Secondaire) et, parmi les formes actuelles, par les crocodiles, les lézards et les serpents. Enfin, les représentants du type synapside , qui sont les ancêtres des Mammifères, ont de chaque côté du crâne une seule fenêtre temporale, en position basse, sans contact avec le pariétal, au-dessous du squamosal et bordée ventralement par un arc quadratojugal.

On trouve dans la classe très diverse des Reptiles quelques variations sur ces thèmes principaux. Les Chéloniens (tortues), considérés comme des anapsides, n’ont pas de fenêtres temporales. Mais le bord postérieur du crâne est souvent érodé en arrière de la région temporale, et cette «émargination» a longtemps été interprétée à tort comme une fenêtre qui aurait perdu sa limite postérieure. Ailleurs peuvent exister des perforations supplémentaires de la voûte dermique (fenêtre anté-orbitaire de certains Archosauriens). La réduction de la région temporale est poussée à l’extrême chez les Squamata , qui sont caractérisés par la perte de la barre temporale inférieure (Lacertiliens; [fig. 4]), et aussi de la barre supérieure (Ophidiens).

4. Le crâne des Mammifères

Le crâne des Mammifères se caractérise par une architecture crânienne très différente, que l’on comprend cependant aisément lorsqu’on suit les modifications qui se sont déroulées au cours de l’évolution de la lignée des Reptiles synapsides d’où sont issus les Mammifères.

Comme celui des Reptiles synapsides primitifs (les Pélycosauriens du Permien), le crâne des Mammifères a une fenêtre temporale, mais les relations topographiques des différents constituants crâniens se sont modifiées. Le trait essentiel du crâne des Mammifères est le grand accroissement de la cavité crânienne, lié à l’expansion du cerveau (fig. 5).

Plusieurs transformations réalisent l’accroissement de la boîte crânienne: les os frontaux et les pariétaux, qui représentent chez les Reptiles le toit de la cavité crânienne et sont limités à sa partie dorsale, se sont largement étendus chez les Mammifères en direction ventrale et forment les parois latérales du crâne; la région otique et l’ensemble de l’endocrâne sont alors limités essentiellement à la partie ventro-latérale; les squamosaux, éléments latéraux de la voûte osseuse dermique, sont incorporés à la paroi de la boîte crânienne et un processus de cet os, l’arcade zygomatique, représente de chaque côté ce qui reste de la voûte primitive.

Un élément du squelette viscéral des Reptiles, l’épiptérygoïde (fig. 3), est maintenant incorporé à la paroi crânienne où il forme l’alisphénoïde (fig. 5). Cette modification présente un grand intérêt évolutif en ce qu’elle réalise un type crânien nouveau. Mais l’accroissement de volume de la cavité cérébrale n’interviendra que dans une étape ultérieure, et n’est pas encore réalisé chez les premiers Mammifères.

Le plafond de la cavité buccale des Mammifères n’est pas homologue du palais des Reptiles primitifs. Il s’agit d’un palais secondaire (fig. 5), formé par des expansions médianes des os dermiques de la bordure du crâne (prémaxillaires et maxillaires), ou du palais primaire (palatins...). Ce palais secondaire osseux, prolongé par le repli membraneux du «faux palais», délimite un canal nasopharyngien au-dessus de la cavité buccale; caractéristique des Mammifères, il a été réalisé progressivement dans les lignées de Reptiles thérapsides avancés. On le rencontre également chez les Crocodiliens par convergence (associant ici les ptérygoïdes) et il est ébauché chez quelques Chéloniens. Le palais secondaire a pour conséquence de reporter très en arrière les narines internes (choanes).

La région ethmoïdienne des Mammifères présente des particularités. Les deux narines sont rapprochées sur la ligne médiane. Les fosses nasales sont divisées par de minces lames osseuses enroulées d’une manière compliquée, les turbinaux (ou cornets), rattachées aux nasaux, aux maxillaires et à l’ethmoïde. Ce dispositif, déjà indiqué chez quelques Reptiles, a pour effet d’accroître la surface de la muqueuse nasale, richement vascularisée, où se réchauffe l’air inspiré.

Il n’existe pas, chez les Mammifères, de parasphénoïde. Certains anatomistes ont voulu retrouver cette ossification reptilienne (ou au moins une partie) dans le vomer, os dermique impair qui occupe le toit du canal nasal. On admet généralement que celui-ci représente les vomers pairs des Reptiles, fusionnés.

Le crâne des Mammifères adultes est remarquable par le nombre réduit de pièces osseuses qui le constituent. Mais, en fait, beaucoup de ces pièces sont composites et résultent de la fusion d’éléments indépendants chez les Reptiles. La figure 6 montre deux complexes osseux du crâne humain, l’occipital et le temporal. L’occipital est une association de plusieurs os enchondraux entourant le foramen magnum : basioccipital, supraoccipital et une paire d’exoccipitaux. Il s’y ajoute un os dermique de la voûte des Reptiles, l’interpariétal soudé au supraoccipital.

L’écaille du temporal, avec l’apophyse zygomatique, représente le squamosal des Reptiles. Cet os de la voûte crânienne primitive est donc devenu, lui aussi, partie intégrante de la boîte crânienne par incorporation à la paroi de la cavité cérébrale.

À la base de l’apophyse zygomatique, une cavité glénoïde plus ou moins marquée reçoit le condyle articulaire de la mandibule. L’articulation mandibulaire des Mammifères est donc bien différente de celle des Reptiles et des Tétrapodes inférieurs, cela en rapport avec l’évolution du squelette viscéral et de l’oreille moyenne [cf. SPLANCHNOCRÂNE].

Le pétreux, disposé sous l’écaille temporale, a une origine enchondrale. Il provient de la capsule otique et contient l’oreille interne (l’anneau tympanique est l’homologue de l’angulaire des Tétrapodes non mammaliens). La bulle tympanique, peu développée chez l’homme, associée aussi au temporal, est la paroi ossifiée de la cavité tympanique qui contient les trois osselets de l’oreille moyenne. L’apophyse styloïde du temporal dérive du splanchnocrâne.

À partir du moment où l’ossification de la voûte du crâne est engagée, la croissance de cette région entraîne des modifications morphologiques des os dermiques concernés (frontaux, pariétaux, etc.), en particulier des changements de leur courbure. A priori, de telles variations de la courbure des os plats ne peuvent se faire que par une combinaison très précisément coordonnée des processus d’apposition et de résorption. L’emploi de marqueurs vitaux (substances fluorescentes qui se fixent sur l’os en cours de minéralisation) met en évidence ce double phénomène.

5. Interprétation du crâne des Vertébrés

Influencé sans doute par ses études antérieures sur la morphologie florale et par ses conceptions d’anatomie végétale, J. W. von Gœthe, observant un crâne de mouton, le vit constitué d’une série de pièces osseuses et fit le rapprochement avec la série des vertèbres dans le tronc. Il édifia ainsi, en 1820, la «théorie vertébrale du crâne», selon laquelle chacun des constituants du crâne est assimilable (on dira plus tard «homologue»), à une vertèbre.

Cette thèse fut développée par Lorenz Oken (1807), en Allemagne, par Richard Owen, en Angleterre, et admise, malgré les réserves de Cuvier, par la plupart des anatomistes de la première moitié du XIXe siècle, Thomas Huxley mit les choses au point en 1858, en montrant que le développement du crâne se déroule de manière semblable chez tous les Vertébrés et sans trace de segmentation comparable à celle de la colonne vertébrale.

Mais si la théorie vertébrale du crâne est complètement abandonnée, une compréhension de l’architecture crânienne doit tenir compte de l’interprétation segmentaire de la tête. La région céphalique des Vertébrés présente en effet des traces manifestes – nettes surtout chez les Vertébrés inférieurs – d’une disposition métamérique. Au cours de son développement, la métamérie de la tête se traduit par la formation d’un certain nombre de somites, dont trois (dits somites prootiques parce que situés en avant de l’oreille) donnent naissance aux muscles du globe oculaire. En arrière de l’oreille, les deux somites métaotiques ont leur évolution entravée par le développement de la capsule otique et ne fournissent pas de musculature.

Les somites suivants, constitués d’un nombre variable d’éléments vertébraux annexés au crâne (3 chez l’homme) fournissent une musculature qui, repoussée en arrière par le développement du pharynx, revient ventralement vers l’avant pour constituer les muscles hypobranchiaux qui relient les arcs viscéraux et ont chez les Poissons un rôle respiratoire, tandis que chez les Tétrapodes ils deviennent muscles sous-hyoïdiens et linguaux.

Finalement, les meilleures indications de la métamérie céphalique sont fournies par les nerfs crâniens (Gegenbaur), tout au moins par certains d’entre eux, reliés au tronc cérébral et associés au squelette viscéral. Mais une grande partie du crâne, celle qui protège le cerveau antérieur, n’a aucune relation avec la métamérie céphalique.

1. crâne [ kran ] n. m.
cran 1314 ; lat. médiév. cranium, gr. kranion
1Boîte osseuse renfermant l'encéphale, et spécialt ensemble des os de la tête (à l'exclusion de la mandibule). Les os du crâne (occipital, sphénoïde, temporal, pariétal, frontal, ethmoïde) et ceux de la face. Os surnuméraires du crâne. wormien. Forme du crâne. brachycéphale, dolichocéphale; -céphale, crani(o)-. Se briser, se fendre le crâne. Fracture du crâne. Chirurgie du crâne. craniectomie, trépanation; endocrânien.
2Cour. Tête, sommet de la tête (d'un être humain). Crâne chauve, pelé. fam. caillou. Fam. Avoir mal au crâne. céphalée, migraine. Loc. fig. N'avoir rien dans le crâne, dans la tête (cf. Tête sans cervelle). Enfoncer, mettre qqch. dans le crâne à qqn, lui faire comprendre péniblement qqch. Enfonce-toi ça dans le crâne ! Bourrer le crâne à qqn. Bourrage de crâne.
crâne 2. crâne [ kran ] adj.
• 1787; de 1. crâne
Vieilli Qui a, qui montre du courage, de la bravoure. Un air crâne. brave, courageux, décidé. ⊗ CONTR. Peureux , poltron.

crâne nom masculin (latin médiéval cranium, du grec kranion, tête) Cavité osseuse qui contient l'encéphale (cerveau, cervelet, tronc cérébral). Familier. Tête, cervelle, intelligence, esprit : Mets-toi bien cette idée dans le crâne.crâne (citations) nom masculin (latin médiéval cranium, du grec kranion, tête) Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Une tempête sous un crâne. Les Misérables Lucien de Samosate Samosate, Syrie, vers 125-vers 192 MÉNIPPE — Mais montre-moi Hélène ; je ne saurais la reconnaître. HERMÈS — Tiens ! c'est ce crâne-là, Hélène. Dialogues des morts, XVIII, 1 crâne (difficultés) nom masculin (latin médiéval cranium, du grec kranion, tête) Orthographe À l'exception des dérivés savants, les mots de la famille de crâne s'écrivent tous avec un accent circonflexe sur le a : crânement, crâner, crânerie, crâneur, crânien. Les dérivés savants (craniométrie, craniopharyngiome, craniosténose, etc.) s'écrivent sans accent sur le a. ● crâne (expressions) nom masculin (latin médiéval cranium, du grec kranion, tête) Populaire. Faire un crâne, en parlant d'un policier, procéder à une arrestation. ● crâne (homonymes) nom masculin (latin médiéval cranium, du grec kranion, tête) crâne adjectif crâne forme conjuguée du verbe crâner crânent forme conjuguée du verbe crâner crânes forme conjuguée du verbe crânercrâne (synonymes) nom masculin (latin médiéval cranium, du grec kranion, tête) Cavité osseuse qui contient l'encéphale (cerveau, cervelet, tronc cérébral).
Synonymes :
- boîte crânienne
crâne adjectif (de crâne) Littéraire. Qui affiche du courage, de la décision ; brave, décidé : Très crâne, il fit face à ses adversaires. Littéraire. Vaniteux, prétentieux, qui affecte la bravoure : Un air crâne. Familier. Gaillard, bien portant : Il relève de maladie et n'est pas encore bien crâne.crâne (homonymes) adjectif (de crâne) crâne nom masculin crâne forme conjuguée du verbe crâner crânent forme conjuguée du verbe crâner crânes forme conjuguée du verbe crâner

Crane
(Stephen) (1871 - 1900) journaliste et écrivain américain. La Conquête du courage (1895) montre l'absurdité de la guerre (de Sécession).

I.
⇒CRÂNE1, subst. masc.
A.— ANAT., cour. [Chez l'homme et les vertébrés]
1. Cavité osseuse de la tête renfermant l'encéphale et les principaux organes des sens. Les os du crâne; se fendre le crâne; fracture du crâne. Synon. boîte crânienne. Son père, tombant à la renverse, était allé se briser le crâne sur l'angle de la première marche (ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 325). — Voilà! dit Poil de Carotte, en jetant les perdrix mortes sur la table. (...) Des petits crânes brisés du sang coule, un peu de cervelle (RENARD, Poil Carotte, 1894, p. 8) :
1. Comme celui du pithécanthrope, le crâne du sinanthrope est, par son architecture comme par ses dimensions, intermédiaire entre celui du singe et celui de l'homme. Aplati, renflé à l'occiput, il présente sa plus grande largeur près de la base, dans les régions temporales et non dans les régions pariétales.
J. ROSTAND, La Vie et ses problèmes, 1939, p. 186.
SYNT. Cavité, base, voûte, peau, bosses du crâne; sutures du crâne; capacité, forme, développement du crâne; blessure, lésion, chirurgie, trépanation du crâne; un blessé du crâne; crâne allongé, aplati, bombé, bossué, épais, pointu; se briser le crâne.
En partic. Ossature de la tête d'un mort (os du crâne et de la face). Des crânes et des squelettes; déterrer un crâne. Synon. tête de mort. Cloué des quatre membres (...) Au lieu appelé Golgotha. C'est-à-dire la place du crâne (PÉGUY, Myst. charité, 1910, p. 90). Le crâne de Spy ou la calotte de Néanderthal (TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p. 219) :
2. Le Muséum était tendu comme un catafalque. Trois flambeaux brûlaient au bord de la table poussée contre le mur, sous le portrait du père Bouvard que dominait la tête de mort. Ils avaient même fourré une chandelle dans l'intérieur du crâne, et des rayons se projetaient par les deux orbites.
FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, t. 2, 1880, p. 83.
2. P. ext., fam. Tête. Recevoir qqc., un coup sur le crâne. Des lapins qu'on assomme d'un coup de poing sur le crâne (MONTHERL., Pte Inf. Castille, 1929, p. 591). Mais M. Tortose, prévenu, alerte la police, et bientôt les bâtons blancs résonnent sur les crânes forcenés (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 18) :
3. Un coup de vent (...) s'engouffra dans le parapluie qui, cessant d'abriter son maître, lui fit recevoir sur le crâne toute la douche des gouttières comblées.
HUYSMANS, Les Sœurs Vatard, 1879, p. 40.
P. méton.
a) Sommet de la tête; partie supérieure normalement couverte de cheveux. Crâne chauve, nu, lisse, dégarni, pelé, rasé, luisant; se passer la main sur le crâne. La casquette du garde-chiourme passe le long de ces murs où l'on voyait rêver jadis le crâne tonsuré des vieux bénédictins travailleurs (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 393). Ferdinand était un garçon taciturne et patient, au visage long et osseux, avec un crâne en pain de sucre (AYMÉ, Jument, 1933, p. 15) :
4. ... son chapeau enlevé, il ne restait qu'un énorme crâne chauve, avec deux rares mèches de cheveux blancs du côté des oreilles.
CHAMPFLEURY, Les Aventures de Mlle Mariette, 1853, p. 60.
♦ Front. Avoir le crâne haut, puissant.
b) Cerveau, siège des sensations, des impressions localisées à la tête ou au cerveau (douleurs, éblouissements, étourdissements, etc.). Le gosier brûlant et des battements d'artères à lui rompre le crâne (SUE, Atar Gull, 1831, p. 11). Il se plaignait d'étourdissements qui l'empêcheraient de calculer, il avait le crâne serré comme dans un étau (BALZAC, Lys, 1836, p. 78).
Loc. Avoir mal au crâne; un mal de crâne :
5. Il passa la main sur son front d'un air harassé : « Quel mal de crâne!
— Veux-tu un cachet d'Ortédrine?... »
BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 388.
B.— Au fig., fam. Tête, cerveau, considéré en tant que siège des facultés intellectuelles, mentales. Synon. cervelle, intelligence, esprit.
Loc. fam.
1. [Siège des facultés mentales] Synon. raison, bon sens.
Avoir le crâne fêlé. Avoir le cerveau dérangé, être un peu fou. Il est fou, des plus fous! Au crâne il a sa fêlure! (APOLL., Casanova, 1918, I, 12, p. 985).
Être tombé sur le crâne. Émettre une idée folle; déraisonner.
Le soleil lui a tapé sur le crâne. Il perd un peu la raison. Le soleil de ce pays a dû lui taper sur le crâne. J'ai d'abord pris pour du délire ce qui est bel et bien de la folie (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1233).
♦ [P. allus. à l'intitulé d'un chapitre des Misérables de V. HUGO] Tempête sous un crâne. Conflit intérieur où la conscience se débat, en proie à des pensées ou à des désirs contradictoires :
6. La célèbre Tempête sous un crâne nous montre Jean Valjean délibérant et plus d'une fois, toujours dans sa conscience et, par une invention dramatique admirable, condamné à être méprisé justement quand il mériterait l'admiration.
ALAIN, Propos, 1932, p. 1097.
Spéc. [Siège de la pensée, de la mémoire, du jugement] Je m'imaginais qu'elle lisait clairement dans nos crânes, qu'elle savait très bien ce que nous voulions faire (ZOLA, Bête hum., 1890, p. 172).
Avoir le crâne vide. Se sentir momentanément incapable de réfléchir, de se souvenir :
7. Il me semble par moments que je deviens idiot, que je n'ai plus une idée et que mon crâne est vide, comme un cruchon sans bière.
FLAUBERT, Correspondance, 1874, p. 179.
Avoir le crâne dur, étroit. Avoir l'intelligence peu accueillante aux idées qu'on lui présente. Séverin était un grand jeune homme de vingt-cinq ans, le crâne mal fait, la cervelle obtuse (ZOLA, Conquête Plassans, 1874, p. 1032).
Avoir un large crâne. Être doué d'une grande intelligence :
8. Le banneret à qui suffisait jadis de porter la cotte de maille, le haubert, de bien manier la lance et de montrer son pennon, doit aujourd'hui faire preuve d'intelligence; et là où il n'était besoin que d'un grand cœur, il faut, de nos jours, un large crâne.
BALZAC, La Duchesse de Langeais, 1834, p. 220.
Une idée lui traverse le crâne. Une idée germe dans son esprit. Fourrer, mettre, faire entrer qqc. dans le crâne. Apprendre, inculquer quelque chose :
9. ... nous les poussons [les bœufs] à grands cris du bouvier, à grand aboi du chien, espérant faire entrer par là dans le crâne massif des animaux la défense de vagabonder.
PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1932, p. 1.
Se mettre dans le crâne de..., que... Décider, s'imaginer de..., que...
Bourrer le crâne à qqn (cf. bourrer I A 2 c); bourrage de crâne (cf. bourrage B 2, ex. 1 et 2); bourreur de crâne (cf. bourreur B 1).
2. [Siège de divers états psychol., du sentiment ou du caractère] Avoir le crâne dur. Être entêté. Que n'avait-il affaire à l'opposition têtue d'une de ces races au crâne étroit et dur, qui se refusent à comprendre toute pensée nouvelle! (ROLLAND, J.-C., Révolte, 1907, p. 595). Avoir qqc. dans le crâne. Avoir une idée bien arrêtée, ne pas en démordre, s'entêter. Casser le crâne à qqn. Fatiguer, énerver quelqu'un par des paroles étourdissantes. Se casser le crâne. Se faire du souci, se tracasser :
10. ... mais toute sa logique fuyait, à quoi bon se casser le crâne inutilement? Qu'elle eût dit la vérité ou qu'elle eût menti, pour ce qu'il voulait faire d'elle, il s'en moquait!
ZOLA, L'Œuvre, 1886, p. 14.
Prononc. et Orth. :[]. Ac. 1694 et 1718 : crane; Ac. 1740-1932 : crâne. Les dér. écrits avec accent tels que crânien se prononcent avec [] post. Les dér. sav. formés à partir du préf. cranio- et qui ne portent pas d'accent tels que craniologie, -ique, hésitent entre [] post. et [a] ant. d'apr. FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 89, mais se prononcent uniquement avec [a] ant. d'apr. BUBEN 1935, § 31. Enq. :/kran, D/. Étymol. et Hist. 1. Ca 1314 cran « squelette de la tête » (Trad. H. DE MONDEVILLE. Chirurgie, éd. A. Bos, § 129); ca 1370 crane (Grande Chirurgie de Guy de Chauliac d'apr. G. Sigurs ds R. Lang. rom., t. 46, § 129); 2. av. 1679 p. méton. « le cerveau, l'esprit » crâne étroit « esprit faible » (Cardinal DE RETZ, Mémoires, éd. Champollion-Figeac, I, 32 ds LITTRÉ). Empr. au lat. médiév. cranium (trad. d'Oribase ds Latin. ital. Med. Aev.) lui-même empr. au gr. « boîte crânienne, tête ».
DÉR. Crânien, ienne, adj., anat. Du crâne, qui appartient ou se rapporte au crâne. Boîte crânienne, synon. de crâne (cf. boîte I B2 a). Os, nerfs, traumatisme crânien (s); voûte, vertèbres crânienne(s). On sait que l'état des sutures crâniennes se modifie avec l'âge, les pièces osseuses étant d'autant plus soudées que l'individu est plus vieux (J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p. 130). Le pithécanthrope de Java, longtemps représenté par une simple calotte crânienne (TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p. 213). [], fém. [-]. Cf. crâne1. Ds Ac. 1932. 1re attest. 1824 (NYSTEN); de crâne1, suff. -ien.
BBG. — Décisions rel. au lang. sc. Déf. Lang. fr. 1967, n° 39, p. 42. — ROG. 1965, p. 18.
II.
⇒CRÂNE2, adj. et subst.
Familier
A.— [En parlant de pers.]
1. (Personne) qui montre une fière témérité. Synon. fier, brave, intrépide :
1. [Le général :] « Il [le mari] me suit, il est là, sauve qui peut! » dit-il [Alexandre] (...). La dame prend peur, sachant son homme (...) violent comme un buffle et la corne dure. Le petit, très crâne, je dois le dire, refuse de se sauver.
DAUDET, La Petite paroisse, 1895, p. 138.
Péjoratif
a) Qui affecte la bravoure, fanfaron :
2. — Ils tiennent bien le coup! ... Soyez sûr qu'au fond d'eux-mêmes, ils sont mortellement inquiets : ils sont menacés de tout perdre. Demain, on en licenciera 90 pour cent, et on les lâchera, sans un léva en poche, dans un pays ruiné, vaincu, famélique. Conan les appelle des crâneurs :ils sont assez crânes, en effet! ...
VERCEL, Capitaine Conan, 1934, p. 181.
b) Qui se montre vaniteux, prétentieux. Un air crâne; faire le crâne. Synon. poseur :
3. ... l'un d'eux, en compagnie du brigadier, était entré dans l'auberge d'un air crâne, la moustache retroussée, les mains dans les poches, le képi sur l'oreille, en demandant à manger « tout de suite » et à boire n'importe quoi, fût-ce de l'arsenic, ...
FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, 1848, p. 246.
2. Rare. Gaillard, bien portant, vaillant. Je vais mieux, bien que je ne sois pas encore très crâne (FLAUB., Corresp., 1875, p. 223).
B.— Vx. [En parlant de choses] Beau, remarquable d'aspect, extraordinaire. Une crâne ville, ce Paris, qui à huit lieues, ici où je suis, de ce côté du parc, projette une réverbération d'incendie et fume à l'horizon (GONCOURT, Journal, 1861, p. 947) :
4. ... elle se laissa glisser sur la glace et (...) c'est les bras grands ouverts qu'elle avançait en souriant, comme si elle avait voulu m'y recevoir. « Brava! Brava! Ça c'est très bien, je dirais comme vous que c'est chic, que c'est crâne, si je n'étais pas d'un autre temps, du temps de l'Ancien Régime, s'écria la vieille dame... »
PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, p. 398.
Spéc., dans le domaine des B.-A. Qui révèle une certaine vigueur d'exécution. Comme peinture très résistante et très crâne, faite par un homme d'un incontestable talent, je recommande donc ces deux toiles (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 53).
Prononc. et Orth. :[]. Cf. crâne1. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1. 1757 subst. « personne hardie, téméraire » (J.-J. VADÉ, Le Mauvais plaisant, p. 30); 2. 1787 adj. « hardi, écervelé » (FÉR. Crit.). Issu de crâne1 sans doute à cause de la manière d'avancer le front (c'est-à-dire le crâne) des pers. qui vont de l'avant; cf. aussi l'esp. calavera « crâne » et « écervelé, mauvaise tête, fou furieux » (FEW t. 2, pp. 1274-1275).
STAT. — Crâne1 et 2. Fréq. abs. littér. :2 380. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 543, b) 3 548; XXe s. : a) 4 438, b) 2 522.
BBG. — DARM. 1877, p. 62. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 123, 477.

1. crâne [kʀɑn] n. m.
ÉTYM. 1314, cran; lat. médiéval cranium, grec kranion.
1 Anat. et cour. Boîte osseuse renfermant l'encéphale, et, spécialt, Ensemble des os de la tête (cranium), souvent à l'exclusion de la mandibule (calvarium). → Crânien, cit. 2. || Les os du crâne (occipital, sphénoïde, temporal, pariétal, frontal, ethmoïde) et ceux de la face (vomer, maxillaire, unguis, palatin, malaire, os du nez et des cornets inférieurs). || Os surnuméraires du crâne. Wormien. || La voûte du crâne. || La base du crâne a trois étages. || Périoste du crâne. || Sutures; bosses, protubérances, trous du crâne. || Capacité, forme du crâne. Brachycéphale, dolichocéphale; céphal-, -céphale, cranio-; macrocéphale, microcéphale. || Indice céphalique, mesurant les proportions du crâne. Céphalométrie.Crâne ovoïde, piriforme. || Crâne bossué. || Développement du crâne. || Espace membraneux entre les os du crâne d'un nouveau-né. Fontanelle. || Parties environnant le crâne. Épicrâne, péricrâne. || Peau recouvrant le crâne; la peau du crâne. || L'hypophyse est à la base du crâne.Étude du crâne. Phrénologie. || Théorie segmentaire, théorie vertébrale du crâne.Se briser, se fendre le crâne. || Fracture du crâne. || Blessé au crâne; les blessés du crâne. || Blessure, lésion du crâne. || Chirurgie du crâne. || Trépanation du crâne. || Crâne humain. || Crânes d'animaux. || Crâne de bœuf. Bucrane.
1 Les Scythes qui s'abreuvaient de sang dans le crâne de leurs ennemis.
Voltaire, Philosophie, I, 467.
2 (…) les physiologistes qui ont mesuré des crânes du XIIe siècle leur ont trouvé une capacité moindre qu'aux nôtres.
Taine, Philosophie de l'art, t. II, V, II, IV, p. 269.
2.1 L'ethnographie enfin a souligné l'importance, dans le temps comme dans l'espace, du culte des crânes. Le crâne humain et animal, spécialement le massacre des cervidés, joue un rôle de premier plan chez le sinanthrope de Chou-Kou-Tien, comme chez l'européen de Weimar, de Steinheim ou de Castillo. Les vestiges crâniens semblent avoir été soigneusement préparés et conservés par putréfaction préalable, élargissement du trou occipital, coloration et orientation rituelles (…) Pour le primitif, la tête est centre et principe de vie, de force physique et psychique, et également réceptacle de l'esprit. Le culte des crânes serait donc la première manifestation religieuse du psychisme humain.
Gilbert Durand, les Structures anthropologiques de l'imaginaire, p. 157.
2 Cour. te; sommet de la tête. || Avoir le crâne chauve, dénudé, déplumé, pelé. — ☑ Fam. Il n'a plus un poil sur le crâne : il est chauve (→ Il n'a plus un poil sur le caillou). || Crâne tonsuré d'un moine. || Avoir le crâne haut, puissant. || Crâne olympien. Front. || Avoir mal au crâne. — ☑ Se tirer une balle dans le crâne.
3 Il en éprouve une telle angoisse qu'il se sent « le casque de plomb » sur la tête, et que la sueur lui perle sur tout le devant de son crâne chauve.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, IV, p. 35.
4 Un frisson, qui n'était pas entièrement désagréable, lui parcourut la peau du crâne.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, VII, p. 79.
Loc. fam. Il est tombé sur le crâne : il est fou. Syn. : sur la tête.
Fig. Cerveau, esprit, siège de l'intelligence. Tête.Loc. Avoir le crâne étroit, peu de moyens intellectuels.Avoir le crâne fêlé : être un peu fou. || Une idée lui passa dans le crâne. Cerveau.Bourrer le crâne à qqn; bourrage de crâne. Bourrage (cit. 1 et 2).
5 J'aurais voulu retrouver Mulot, dit-il. Cette idée me pousse dans le crâne comme une mauvaise herbe avec des racines de dent gâtée.
P. Mac Orlan, la Bandera, XVII, p. 207.
(Par allus. au titre d'un chapitre des Misérables de V. Hugo). Une tempête sous un crâne : un conflit violent dans la conscience d'un individu placé devant un épouvantable dilemme.
REM. Crâne étant synonyme de tête au figuré, on peut trouver autant de locutions composées à partir de ce mot qu'il en existe avec tête, identiques de sens mais impliquant une nuance sur le plan de la signification (connotations) : se mettre qqch. dans le crâne, etc.
3 Fig., argot de police. Arrestation; affaire policière aboutissant à une arrestation (R. Beauvais, Le français kiskose, p. 16).Personne à arrêter. || « Faire tomber les “beaux crânes” » (R. Borniche, Flic story, p. 25).
DÉR. Crânien, cranio-; 2. crâne, crâner, crânerie.
————————
2. crâne [kʀɑn] adj. et n. m.
ÉTYM. 1757, Vadé, n.; 1787, adj.; de 1. crâne (« qui redresse le crâne, la tête »).
Vieilli. Qui a, qui montre du courage, de la bravoure. Audacieux, brave, courageux, décidé. || Air crâne. || Il est crâne, d'une audace un peu insolente.
N. m. Vx. Celui qui tient à se montrer courageux. || C'est un crâne. || Faire le crâne : affecter le courage.
1 Oh ! bien, elle dort, dit le petit crâne en voyant que la bossue n'avait pas bougé.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 450.
2 Le petit Deloche, joli gamin, la mine spirituelle et effrontée, arrivant la casquette en casseur, la blouse tapageuse, engueulant les modèles, faisant le crâne (…)
Ed. et J. de Goncourt, Manette Salomon, p. 21.
CONTR. Capon, couard, craintif, peureux, poltron, timoré.
DÉR. Crânement, crâner, crânerie.

Encyclopédie Universelle. 2012.