infamie [ ɛ̃fami ] n. f.
• mil. XIVe; lat. infamia → infâme
1 ♦ Vx ou dr. Flétrissure sociale ou légale faite à la réputation de qqn. ⇒ déshonneur, honte. Couvrir qqn d'infamie. « N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? » (P. Corneille). « Je voulais vous sauver de l'infamie d'aller en prison » (Balzac).
2 ♦ (1647) Littér. Caractère d'une personne infâme, vile. ⇒ abjection, bassesse, ignominie, turpitude, vilenie. — Caractère infâme d'une chose. Infamie d'un crime. ⇒ horreur.
3 ♦ Littér. Une des infamies. Action, parole infâme. Dire des infamies à qqn (⇒ injure, insulte) , de qqn (⇒ calomnie) . « c'est une infamie que de tuer l'adversaire qui sommeille » (Daniel-Rops).
⊗ CONTR. Gloire, honneur, noblesse.
● infamie nom féminin (latin infamia) État de honte, d'ignominie : Vivre dans l'infamie. Littéraire. Caractère de quelqu'un d'infâme. Action vile, honteuse : Commettre une infamie. Parole, acte capables de nuire à la réputation : Dire des infamies. ● infamie (citations) nom féminin (latin infamia) Gustave Flaubert Rouen 1821-Croisset, près de Rouen, 1880 Académie française, 1880 Une sottise ou une infamie, en se renforçant d'une autre, peut devenir respectable. Collez la peau d'un âne sur un pot de chambre, et vous en faites un tambour. Carnets Jean Genet Paris 1910-Paris 1986 Ils sont dans l'infamie comme un poisson dans l'eau. Pompes funèbres Gallimard ● infamie (synonymes) nom féminin (latin infamia) État de honte, d'ignominie
Synonymes :
- déshonneur
- flétrissure
- honte
- opprobre
Action vile, honteuse
Synonymes :
- bassesse
- vilenie
Parole, acte capables de nuire à la réputation
Synonymes :
- horreur
infamie
n. f. Action, parole infâme, vile.
⇒INFAMIE, subst. fém.
A. — 1. Flétrissure morale infligée par la loi ou par l'opinion publique et portant atteinte à la réputation, à l'honneur d'une personne. Couvert d'infamie; signe d'infamie. Je serais un vil séducteur, et vous une fille dénaturée. Ah! n'acceptons pas le bonheur au prix de l'infamie (DURAS, Édouard, 1825, p. 180) :
• 1. Il n'est pas de peuple, ayant acquis dans le monde quelque renom, qui ne se glorifie avant tout de ses annales militaires : ce sont des plus beaux titres à l'estime de la postérité. Allez-vous en faire des notes d'infamie?
PROUDHON, Guerre et paix, 1861, p. 32.
2. Caractère, condition, état d'une personne ou d'une action infâme. Mourir dans l'infamie; l'infamie d'un traître, d'un crime :
• 2. ... ces trous sont des bouches par lesquelles se proclame l'honneur, et telle toile de frise ou de Hollande toute neuve et godronnée à la dernière mode de la cour cache souvent l'infamie d'un bélître parvenu, concussionnaire et simoniaque...
GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 96.
♦ Banc d'infamie. Banc des accusés. À bout de souffle, je le laisse crier ses insultes. Il me prédit que je finirai au banc d'infamie (AYMÉ, Vaurien, 1931, p. 239).
B. — 1. Action ou parole vile, honteuse. Commettre, subir une infamie. Votre Rodolphe est un homme ignoble, dit-elle à Mimi, sa proposition est une infamie. Il veut vous faire descendre par cette démarche au rang des plus viles créatures (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 168) :
• 3. Balzac, plus sombre encore [que Stendhal], assemble autour de soi, pour se faire une idée plus approfondie, et comme plus mordue, de la société, tous ceux que leur métier fait observateurs et chercheurs d'infamies et de choses honteuses, le confesseur (...), l'homme de police, tous préposés à déceler, à définir, et, en quelque sorte, à administrer toute l'ordure sociale.
VALÉRY, Variété II, 1929, p. 121.
— [Par suite d'affaiblissement de sens] Indécence. Ces portefaix, matelots, aubergistes normands se plaignent toujours d'un voyageur qui a eu l'infamie de ne vouloir donner que trois francs pour le transport de ses effets, ce qu'un homme du pays aurait payé quinze sous (STENDHAL, Mém. touriste, t. 2, 1838, p. 97).
— Vx. Œuvre littéraire de mauvaise qualité. Au jugement de tous les hommes de bon sens, Marie Tudor est une infamie, et ce qu'il y a de plus mauvais comme pièce (BALZAC, Lettres Étr., t. 1, 1850, p. 85).
2. Tout ce qui cause de la répugnance par sa laideur, sa saleté. Il n'y a que ces affreuses lunettes... Pourquoi donc portez-vous des infamies pareilles? (PAILLERON, Monde où l'on s'ennuie, 1869, I, 8, p. 32).
3. En partic., au plur. Paroles injurieuses pouvant porter atteinte à la réputation, à l'honneur d'une personne. Dire des infamies sur le compte de qqn. Voilà qu'elle me ressert les infamies inventées par la femme Joujou (LÉAUTAUD, Journal littér., t. 4, 1922-24, p. 382).
Prononc. et Orth. : []. MARTINET-WALTER 1973 [-a-]/[--] (15/2). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1364-73 « action, parole déshonorante » (BERSUIRE, T.-Liv., B.N. 20312 ter, f° 42 v° ds GDF. Compl.); au plur. 1690 (FUR.); b) 1647 « caractère déshonorant, honteux d'une chose, d'un acte » (CORN., Héracl. IV, 1 ds LITTRÉ); 2. 1492 [éd.] « flétrissure imprimée à l'honneur, la réputation par l'opinion publique » (Sept Sages de Rome, éd. G. Paris, p. 19 : estre menée par les places publiques en infamie et a honte perpetuelle); en partic. 1549 « flétrissure imprimée par la loi » estre noté d'infamie (EST.) d'où 1592 « état d'une personne flétrie par la loi, l'opinion publique » (MONTAIGNE, Essais, éd. A. Thibaudet, II chap. I, p. 372 : lasche à l'infamie [...] ferme à la pauvreté); 3. av. 1614 « chose infâme, sale, répugnante » (BRANTÔME, Œuvres, éd. L. Lalanne, V, 25). Empr. au lat. infamia « mauvaise renommée, déshonneur, honte »; a éliminé le plus anc. infame subst. « déshonneur, mauvaise réputation » (ca 1223-XVIe s., cf. FEW t. 4, p. 658a) adapté du lat. de basse époque infamium « id. », VIe s. ds TLL s.v., 1342, 50. Fréq. abs. littér. : 688. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 116, b) 1 428; XXe s. : a) 1 385, b) 374.
infamie [ɛ̃fɑmi] n. f.
ÉTYM. Mil. XIVe au sens 2; aussi infame, XIIIe, et infameté, XVe; lat. infamia « mauvaise renommée, déshonneur, honte », de infamis. → Infâme.
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1 a Vx ou dr. (sauf dans quelques expressions, comme : marque d'infamie). Flétrissure sociale ou légale faite à la réputation de qqn. ⇒ Déshonneur, honte. || Couvrir, noter qqn d'infamie (→ Accusateur, cit. 2). || Note, marque d'infamie. ⇒ Stigmate, tache. || Condamner des citoyens à l'infamie (→ Considération, cit. 8). || Peine qui porte infamie. || L'infamie de subir une peine légale (→ Honte, cit. 3).
1 L'infamie est pareille, et suit également
Le guerrier sans courage et le perfide amant.
Corneille, le Cid, III, 6.
2 N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Corneille, le Cid, I, 4.
3 (…) je lui ai envoyé en nantissement votre tabatière de diamants, je voulais vous sauver de l'infamie d'aller en prison.
Balzac, l'Initié, Pl., t. VII, p. 415.
4 Ce qui est gloire aux yeux des hommes est infamie devant Dieu.
France, Thaïs, II, p. 120.
b (1580, Montaigne). Vx. Condition d'une personne flétrie par l'opinion. || Vivre dans l'infamie. || Sortir de l'infamie (→ Galérien, cit. 1).
c (1647). Vx. Caractère d'une personne infâme, vile. ⇒ Abjection, bassesse, ignominie, turpitude, vilenie (→ Honte, cit. 21). || L'infamie d'un espion (→ Espionnage, cit. 1), d'un calomniateur.
d (Mil. XVIIe). Vieilli. Caractère infâme (d'une chose). || Infamie d'un crime. ⇒ Horreur. || L'infamie de la prostitution (→ Hiérarchie, cit. 14).
5 « C'est moi qui ai fait instituer ce tribunal infâme : j'en demande pardon à Dieu et aux hommes ! » phrase qui plus d'une fois a été pillée. C'était avant d'être traduit au tribunal qu'il fallait en déclarer l'infamie.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 21.
2 (Mil. XIVe). || Une, des infamies. Littér. Action, parole infâme. ⇒ fam. Saleté, saloperie; → Bienfaiteur, cit. 1. || Infamie que l'on dit, que l'on fait (→ Furieusement, cit. 2). || Quelle infamie ! || C'est une infamie ! || Quel mensonge éhonté, quelle infamie ! — Dire des infamies à qqn (⇒ Injure, insulte), de qqn. ⇒ Calomnie (→ Traîner qqn dans la boue, salir qqn).
6 Fi !… Quelle infamie !
Peste soit le coquin, de battre ainsi sa femme !
Molière, le Médecin malgré lui, I, 2.
7 (…) mais l'univers saura votre infamie !
Beaumarchais, la Mère coupable, V, 7 (→ Frère, cit. 4).
8 Il s'irritait peu à peu contre la comtesse, n'admettant point qu'elle osât le soupçonner d'une pareille vilenie, d'une si inqualifiable infamie (…)
Maupassant, Fort comme la mort, II, III.
9 (…) je suis disposée à tout, même à te livrer, si tu l'exiges, un secret qui n'est pas le mien. Dois-je commettre cette infamie ?
Courteline, Boubouroche, II, 4.
10 Aujourd'hui encore, au désert, c'est une infamie que de tuer l'adversaire qui sommeille (…)
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, p. 176.
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Encyclopédie Universelle. 2012.