opprobre [ ɔprɔbr ] n. m.
• 1120; lat. opprobrium, de probrum « action honteuse »
♦ Littér.
1 ♦ Ce qui humilie, mortifie à l'extrême d'une manière éclatante et publique. ⇒ déshonneur, 2. flétrissure, honte, ignominie. Accabler, couvrir qqn d'opprobre. Jeter l'opprobre sur qqn.
♢ Sujet de honte, cause de déshonneur. Elle est l'opprobre de sa famille. « je viens de mettre au monde un fils, mon opprobre et mon désespoir » (Beaumarchais).
2 ♦ État d'abjection, de déchéance extrême. ⇒ avilissement, ignominie. « j'ai vécu dans une sorte d'opprobre où le bien a perdu sa récompense et le mal sa hideur » (A. Gide ).
⊗ CONTR. Considération, gloire, honneur.
● opprobre nom masculin (latin opprobrium, de probrum, action honteuse) Littéraire Réprobation publique qui s'attache à des actions jugées condamnables : Couvrir quelqu'un d'opprobre. Cause, sujet de honte pour quelqu'un : Fils qui est l'opprobre de la famille. État d'abjection, d'avilissement : Vivre dans l'opprobre. ● opprobre (difficultés) nom masculin (latin opprobrium, de probrum, action honteuse) Littéraire Orthographe La finale est -bre et non -be (ne pas se laisser influencer par probe, honnête). Genre Masculin : encourir un éternel opprobre. ● opprobre (synonymes) nom masculin (latin opprobrium, de probrum, action honteuse) Littéraire Réprobation publique qui s'attache à des actions jugées condamnables
Synonymes :
- affront
- anathème
- avanie
- blâme
- camouflet (littéraire)
- désaveu
- flétrissure
Cause, sujet de honte pour quelqu'un
Synonymes :
- déshonneur
- honte
- infamie
État d'abjection, d'avilissement
Synonymes :
opprobre
n. m. Litt. Honte extrême et publique, déshonneur.
⇒OPPROBRE, subst. masc.
Littéraire
A.—Déshonneur extrême et public infligé à quelqu'un. J'attacherai la gloire à tout ce qu'on insulte; Je jetterai l'opprobre à tout ce qu'on bénit! (HUGO, Châtim., 1853, p.429). La trahison (...) qui inspire en somme une manière de considération pour son auteur surtout quand elle réussit et n'appelle l'opprobre que si elle échoue (ARNOUX, Roi, 1956, p.46).
— Être l'opprobre de. Être cause de déshonneur pour. L'oncle Hyacinthe enfin, la terreur et l'opprobre de la famille (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p.177). Je vous avais prévenu que c'était [la collection Nelson] un opprobre de la librairie moderne (TOULET, Corresp. avec un ami, 1920, p.169):
• ♦ ... songez enfin qu'en persévérant dans ce honteux déréglement, après avoir été l'opprobre de votre sexe, vous deviendrez dans peu d'années l'horreur et le rebut du nôtre.
GENLIS, Chev. Cygne, t.2, 1795, p.86.
B. —P. méton.
1. Souvent au plur. Acte ou parole d'opprobre. Couvrir d'opprobres. La certitude qu'il n'existe pas d'autre monde, leur est [aux classes éclairées] une consolation des opprobres de celui-ci (CONSTANT, Esprit conquête, 1813, p.237). Enfin, au bout de cette journée de calamités et d'opprobres, un rafraîchissement, une éclaircie (ARNOUX, Crimes innoc., 1952, p.69).
2. État de déchéance extrême, cause d'opprobre. Synon. abjection, avilissement. Nous ne sommes pas encore arrivés à ce dernier terme de l'opprobre et du malheur où conduisent la crédulité des peuples et la perfidie des tyrans (ROBESP., Discours, Jug. Louis XVI, t.9, 1792, p.92). Belette était d'abord la fille des Beulet, tribu de pouilleux, fainéants et chapardeurs, rebut de Vaux-le-Dévers qu'ils avaient quitté pour s'installer à Roncières où ils continuaient à vivre dans l'opprobre (AYMÉ, Vouivre, 1943, p.29).
Rem. Le mot est parfois empl. au fém. Voir A. FRANCE, P. Nozière, 1899, p.321 et GIRAUDOUX, Électre, 1937, I, 3, p.37.
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1re moitié XIIe s. «blâme, déshonneur publique, outrage» (Psautier Oxford, 14, 4 ds T.-L.); 1496 opprobre de (qqn) «être sujet de honte, cause de déshonneur pour» (J. DE RELY, Bible française, I v° 235 ds J. TRENEL, L'Anc. Test. et la lang. fr. du Moy. Âge, p.622); 2. 1737 «état d'abjection, de déchéance extrême» (VOLTAIRE, Mérope, II, 7). Empr. au lat. opprobrium «opprobre, honte, déshonneur», «injure, parole outrangeante» (de probrum «honte, infamie»). Fréq. abs. littér.:287. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 662, b) 365; XXe s.: a) 409, b) 212.
opprobre [ɔpʀɔbʀ], fautif [ɔpʀɔb] n. m.
ÉTYM. 1120; lat. opprobrium, de ob-, et probrum « action honteuse ».
❖
♦ Littéraire.
1 a Ce qui humilie à l'extrême d'une manière éclatante et publique; réprobation vive et générale. ⇒ Déshonneur, 2. flétrissure, honte (cit. 4, 8 et 9), ignominie. || Accabler, charger, couvrir qqn d'opprobre (→ Diffamation, cit. 2). || Traîner qqn dans la fange (cit. 5) de l'opprobre (→ Traîner aux gémonies). || Calomniateurs (cit. 6) qui jettent l'opprobre sur les belles-lettres. — Chasser, proscrire avec opprobre, d'une manière infamante (→ Furieux, cit. 8; janissaire, cit. 2).
1 Ainsi, pour vous venger tant de rois assemblés
D'un opprobre éternel retourneront comblés (…)
Racine, Iphigénie, I, 2.
2 L'opprobre, dans ce cas, ne pouvait être évité par la famille, qu'en s'amputant du membre gangrené, en le rejetant, en le reniant, à la face des hommes.
F. Mauriac, Thérèse Desqueyroux, IX.
b (Un, des opprobres). Témoignage particulier de cette réprobation. || Femmes abreuvées (cit. 9) d'opprobre. ⇒ Humiliation.
2 (1496). || L'opprobre de… : sujet de honte, cause de déshonneur pour… || Il est l'opprobre de sa famille. || « Les prostituées sont l'opprobre de la société » (→ Fléau, cit. 10, France). ⇒ Infamie.
3 Aujourd'hui, jour de saint Léon, patron de ce lieu et le vôtre, je viens de mettre au monde un fils, mon opprobre et mon désespoir.
Beaumarchais, la Mère coupable, II, 1.
4 Ce n'est pas même un juif ! C'est un païen immonde,
Un renégat, l'opprobre et le rebut du monde (…)
Hugo, les Chants du crépuscule, X.
3 (XVIIIe). État d'abjection, de déchéance extrême. ⇒ Avilissement. || Vivre, mourir dans l'opprobre (→ Espoir, cit. 12). ⇒ Abjection, ignominie.
5 Pendant que la plus grande partie d'une nation languit dans la pauvreté, l'opprobre et le travail, l'autre qui abonde en honneurs, en commodités, en plaisirs, ne se lasse pas d'admirer le pouvoir de la politique (…)
Vauvenargues, Réflexions et maximes, 301.
6 J'ai vécu dans l'opprobre et l'asservissement,
Ployant mon cou rebelle au joug d'un maître rude (…)
Leconte de Lisle, Poèmes tragiques, « Les Érinnyes », II, III.
7 Je n'ai jamais souhaité que son amour, que son approbation, que son estime. Et depuis qu'elle m'a retiré tout cela, j'ai vécu dans une sorte d'opprobre où le bien a perdu sa récompense et le mal sa hideur, la douleur même son aiguillon.
Gide, Et nunc manet in te, p. 108.
❖
CONTR. Considération, gloire, honneur.
Encyclopédie Universelle. 2012.