infinitif, ive [ ɛ̃finitif, iv ] n. et adj.
• XIVe; lat. gramm. infinitivus modus
I ♦ N. m. Forme nominale du verbe exprimant l'idée de l'action ou de l'état, sans indication de personne ni de temps. « Aimer », « finir », « perdre », « vouloir » sont des infinitifs. Verbe à l'infinitif. L'infinitif peut avoir toutes les fonctions du nom (ex. Souffler n'est pas jouer. La peur de mourir). Infinitif présent, infinitif passé (ex. On ne peut être et avoir été). Infinitif à valeur d'impératif (ex. Ralentir !), d'optatif (ex. Voir Naples et mourir !), de proposition interrogative (ex. Que faire ?).— Infinitif de narration introduit par la préposition de (ex. « Grenouilles aussitôt de sauter dans les ondes » [La Font.]).
II ♦ Adj. Mode infinitif. Proposition infinitive, ou n. f. une infinitive : proposition subordonnée complétive dont le verbe est à l'infinitif et possède un sujet propre différent de celui de la principale (ex. Je l'ai vu venir).
● infinitif nom masculin Forme nominale du verbe, exprimant l'état ou l'action, mais sans porter de marque de nombre et de personne. ● infinitif, infinitive adjectif (bas latin infinitivus modus) Proposition infinitive ou infinitive (nom féminin), proposition subordonnée complétive dont le verbe est à l'infinitif (par exemple j'entends chanter les oiseaux). ● infinitif, infinitive (expressions) adjectif (bas latin infinitivus modus) Proposition infinitive ou infinitive (nom féminin), proposition subordonnée complétive dont le verbe est à l'infinitif (par exemple j'entends chanter les oiseaux).
infinitif, ive
n. m. et adj. GRAM Mode impersonnel qui exprime d'une manière indéterminée ou générale l'idée marquée par le verbe. C'est l'infinitif des verbes qui figure à la nomenclature des dictionnaires français. Infinitif substantivé (ex.: le boire et le manger). Infinitif historique ou de narration, employé avec la préposition de (ex.: "Et grenouille de se plaindre", La Fontaine).
|| adj. Mode infinitif.
— Proposition infinitive, dont le verbe est à l'infinitif (ex.: j'entends les oiseaux chanter).
⇒INFINITIF, -IVE, subst. masc. et adj.
GRAMMAIRE
I. — Subst. masc. ,,Forme nominale dont la fonction essentielle est d'énoncer purement et simplement le procès exprimé par le verbe. En tant que terme nominal, l'infinitif peut être substantivé (le manger, le boire); en tant que verbal il peut avoir un régime (manger du pain); exceptionnellement, ainsi en latin et en grec, il peut exprimer la voix et le temps (infinitifs actif, passif, présent, passé, futur), mais non le nombre et la personne; de ce fait il est apparu aux grammairiens anciens comme un mode incomplet, inexplicite (...) par rapport à l'indicatif (...)`` (MAR, Lex. 1951). L'infinitif mode non personnel et non temporel; l'infinitif nominal; infinitif sujet, attribut, complément circonstanciel; infinitif substantivé; construction des infinitifs compléments d'un verbe. Au sortir du lycée Henri IV tu t'es mis à m'expliquer, un soir, sur la place du Panthéon, que les mots français qui provenaient d'un verbe latin étaient formés, en général, du supin, et non pas de l'infinitif ou de l'indicatif (DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p. 53). L'R final des infinitifs mourir, recevoir, etc... n'a pu s'amuïr et par là ces infinitifs se sont nettement distingués du type aimer (BAILLY, Lang. et vie, 1952, p. 107). Mots français réduits à une forme canonique, généralement celle que donne le dictionnaire : verbes à l'infinitif, etc... (COYAUD, Introd. ét. lang. docum., 1966, p. 42).
♦ Infinitif de narration. ,,L'infinitif est quelquefois substitué à un temps du passé de forme personnelle dans un énoncé rapide de caractère narratif (...). Il est dit alors historique ou descriptif ou de narration`` (MAR. Lex. 1951). L'infinitif de « narration », dont ce vers de La Fontaine nous donne l'exemple classique : Ainsi dit le renard, et flatteurs d'applaudir. Tel journaliste (...) semble se complaire à répandre (...) ces infinitifs (...) : M. Aragon d'applaudir... Et de montrer... Et de dire... (R. LE BIDOIS ds DUPRÉ 1972).
II. — Adjectif
♦ Mode infinitif. L'infinitif. Sur le mode infinitif. À l'infinitif. Parfois, au cours d'un salut, devant un doux chant flexible et calme, il se donnait des conseils sur le mode infinitif : « de l'abandon, de la douceur, prendre modèle sur ces chants » (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 250).
♦ Proposition infinitive, p. ell. une infinitive. Proposition comportant un sujet propre et dont le verbe est un infinitif. ,,Sur le modèle des propositions latines (...) dites propositions infinitives les écrivains humanistes ont parfois construit à l'infinitif le complément des verbes régents qui évoquent une opération de l'intelligence ou un acte de volonté (...). Ce tour est exceptionnel en français moderne : elle jugeait cette récréation lui être profitable (G. Flaubert)`` (WAGNER-PINCHON 1962) :
• Considérons la proposition infinitive latine traduite ainsi : « Moi aller en voyage »; elle exprime un noyau de signification qui peut être commun à des actes très différents qui le visent de façons elles-mêmes très différentes.
RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 43.
Prononc. et Orth. : [], fém. [-i:v]. Att. ds Ac. dep. 1694 en tant que substantif. Étymol. et Hist. 1368 muef infinitif « mode infinitif » (E. DESCHAMPS, Chartre des Fumeux, 118 ds Œuvres, éd. G. Raynaud, t. 7, p. 316). Empr. au lat. des grammairiens infinitivus (modus) « l'infinitif ». Fréq. abs. littér. : 38. Bbg. IMBS (P.). L'Emploi des temps verbaux en fr. mod. Paris, 1960, pp. 151-158. - JENSEN (J.S.). L'Infinitif et la constr. rel. en fr. et en ital. contemp. R. rom. 1973, t. 8, pp. 122-132. - KJELLMAN (H.). La Constr. mod. de l'infinitif dit sujet logique en fr. Uppsala, 1919, passim. - PINCHON (J.). Emploi de l'infinitif complément de phrase. Fr. Monde. 1974, n° 104, pp. 46-47; n° 106, pp. 48-49; n° 107, pp. 45-46.
infinitif, ive [ɛ̃finitif, iv] n. m. et adj.
ÉTYM. 1368, muef infinitif « mode infinitif »; lat. grammatical infinitivus (modus), du lat. class. infinitus. → Infini.
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I N. m. Forme nominale du verbe exprimant l'idée de l'action ou de l'état sans spécification de temps ni d'aspect, d'une façon abstraite et indéterminée, sans relation nécessaire à un sujet. — Aimer, finir, perdre, vouloir sont des infinitifs. || Verbe à l'infinitif. || Dans les dictionnaires français, les entrées concernant les verbes sont à l'infinitif. || Mot suivi d'un infinitif (→ Aimer, cit. 50). — Infinitif employé comme nom : infinitif sujet (« rire est le propre de l'homme »), infinitif attribut (« souffler n'est pas jouer »), infinitif en apposition (« être ou ne pas être, voilà la question »); infinitif complément d'un substantif ou d'un verbe (« la peur de mourir »; « il convient d'agir »). — REM. L'infinitif substantivé précédé de l'article (« Le naître et le mourir sont frères jumeaux », France), très fréquent dans l'ancienne langue, est devenu, dans certains cas, un véritable nom (le devoir, le rire…).
1 Use donc hardiment de l'infinitif pour le nom, comme l'aller, le chanter, le vivre, le mourir (…)
Du Bellay, Défense et illustration de la langue franç., II, 9.
♦ Infinitif employé comme verbe. || L'infinitif, mode impersonnel. || Les deux temps (présent, passé) de l'infinitif (« on ne peut être et avoir été »). || Proposition à l'infinitif. → ci-dessous, II., Infinitive. — Emplois stylistiques de l'infinitif : infinitif à valeur d'impératif (« ralentir ! »), d'optatif (« voir Naples et mourir ! »), de proposition interrogative (« que faire ? »). — Infinitif de narration (ou descriptif, ou historique), introduit par la préposition de (cit. 97 et 98) et pouvant avoir un sujet propre (« Grenouilles aussitôt de sauter dans les ondes », La Fontaine, Fables, II, 14). || Infinitif de succession introduit par la préposition pour.
2 Infinitif de succession. — On se sert aussi, pour une suite rapide de faits, d'un infinitif précédé de pour, qui suit le passé simple (…) M. Moronval s'éloigna pour revenir quelques instants après (Daudet, Jack, 14).
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 481.
3 Infinitif de narration. — L'action passée peut être exprimée dans un infinitif, qui emprunte sa valeur de passé au contexte : Et les dentel(l)ières d'aller demander au curé leur sainte (Champfleury, Contes, 191). C'est là l'infinitif dit de narration.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 478.
4 L'infinitif représente l'idée verbale débarrassée de tous les éléments accessoires et adventices. Il ne connaît ni la personne ni le nombre. L'idée de la voix (actif, moyen et passif) lui est, au fond, étrangère. L'idée du temps elle-même n'y est entrée que par une sorte de superfétation et grâce à des retouches tardives (…) Il n'est pas un mode, il est, comme le disaient avec raison les anciens, la forme la plus générale du verbe (…) le nom de l'action.
M. Bréal, Essai de sémantique, p. 89.
5 L'infinitif exprime l'idée verbale de la façon la plus dépouillée, indépendamment de toute valeur personnelle, voire temporelle, car l'infinitif simple, hors de tout contexte, se situe hors du temps (avoir, dormir, marcher). C'est seulement l'entourage de la phrase qui lui donne une valeur de présent, mais aussi de futur ou de passé. Quant à l'infinitif composé, c'est l'auxiliaire qui lui donne la valeur de passé.
A. Dauzat, Grammaire raisonnée, p. 227.
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II Adj. || Mode infinitif. || Construction, tournure infinitive. — (1877). || Proposition infinitive, dont le verbe est à l'infinitif.
♦ N. f. Proposition infinitive. || Une infinitive. || Remplacer une relative par une infinitive. || Infinitive sujet (« lui prêter de l'argent ne servirait à rien »), infinitive complément, très fréquente en latin et peu usitée en français, sauf après les verbes de perception (« je l'ai vu venir ») et les verbes faire (cit. 196), laisser (« laissez-le venir »). || Infinitive causale, consécutive, finale.
Encyclopédie Universelle. 2012.