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habiller

habiller [ abije ] v. tr. <conjug. : 1>
• v. 1200 s'abillier « se préparer »; p.-ê. de 1. a- et du gaul. °bilia (proprt « préparer une bille de bois »; 2. bille), avec infl. de hable, abille « propre à », du lat. habilis ( habile)
ITechn. Apprêter (qqch.) pour un usage, procéder à l'habillage (I) de. ajuster, préparer. Habiller un bœuf, un poisson. Habiller une montre, des peaux. II (XVe; avec infl. de habit)
1Couvrir (qqn) de vêtements. vêtir. Habiller un enfant le matin. Habiller qqn de façon ridicule. accoutrer, affubler, fagoter, harnacher; fam. attifer. Habiller un enfant de laine. Fournir (qqn) en vêtements. Habiller ses enfants pour la rentrée. équiper. « Il me fit habiller à ses frais des pieds à la tête » (Lesage). Loc. Habiller qqn pour l'hiver, en dire du mal (cf. Tailler un costard). — Fabriquer les vêtements de (qqn). Elle habille sa famille elle-même. Se faire habiller par les grands couturiers.
(Sujet chose) Cette robe habille bien. 1. aller, convenir, 2. seoir. Un rien l'habille : tout lui sied.
2Couvrir (qqch.) comme d'un vêtement. Habiller de housses des fauteuils ( envelopper, protéger, recouvrir) . Recouvrir. Habiller le bois d'un siège. « Sur la petite place, les siècles ont habillé de mousse une fontaine » (Colette). Habiller un livre d'une jaquette illustrée.
3Fig. Revêtir. « Les passions dépouillées de ce qui les habille » (Suarès). Orateur qui habille des idées banales de belles formules. enjoliver, orner, 1. parer. Habiller une transaction douteuse. 1. farder, maquiller, travestir.
III ♦ S'HABILLER v. pron. (XVe) .
1Mettre ses habits. se vêtir; fam. se fringuer, se nipper. Aide-le à s'habiller. s'arranger. S'habiller de pied en cap. Il lui faut une heure pour s'habiller. Je ne sais pas comment m'habiller aujourd'hui (cf. Quoi mettre). S'habiller avec recherche. s'endimancher, fam. se saper (cf. Se mettre sur son trente et un). Absolt Mettre des vêtements de cérémonie, une tenue de soirée. Faut-il s'habiller pour ce dîner ? ( habillé) .
♢ S'HABILLER EN... : mettre le costume, la tenue de. S'habiller en Pierrot pour le carnaval. se costumer, se déguiser, se travestir.
2(Qualifié) Porter des habits de façon habituelle. Façon de s'habiller ( look) . S'habiller court, long. S'habiller toujours en noir. S'habiller à la dernière mode. S'habiller jeune. S'habiller sur mesure, en confection. S'habiller aux puces. Absolt Elle ne sait pas s'habiller, elle n'a aucun goût.
⊗ CONTR. Déshabiller, dévêtir.

habiller verbe transitif (ancien français abillier, de bille, avec l'influence de habit) Mettre à quelqu'un un vêtement, lui faire revêtir des vêtements d'une certaine sorte : Elle l'avait habillée d'une petite robe de velours. Fournir quelqu'un en vêtements : Habiller ses enfants pour la rentrée. Confectionner ou vendre des vêtements à quelqu'un : Elle habille elle-même entièrement ses enfants. Faire porter à quelqu'un un costume, un déguisement typique de tel personnage : Habiller un petit garçon en Pierrot. Convenir à quelqu'un, être seyant : Ce costume vous habille merveilleusement bien. Recouvrir, revêtir, garnir une surface, un appareil de quelque chose, pour le protéger et surtout le décorer : Habiller ses murs de tissu. Littéraire. Envelopper, arranger quelque chose au moyen de quelque chose qui orne ou dissimule : Habiller un refus de considérations élogieuses. Boucherie Pratiquer l'habillage (ou la dépouille) des animaux de boucherie. Cuisine Préparer une volaille, un gibier à plume ou un poisson avant de l'accommoder. Technique Pratiquer l'habillage d'une montre, d'une presse, etc. ● habiller (expressions) verbe transitif (ancien français abillier, de bille, avec l'influence de habit) Familier. Un rien l'habille, tout lui va. ● habiller (synonymes) verbe transitif (ancien français abillier, de bille, avec l'influence de habit) Mettre à quelqu'un un vêtement, lui faire revêtir des vêtements...
Synonymes :
- vêtir
Contraires :
- déshabiller
- dévêtir
Fournir quelqu'un en vêtements
Synonymes :
- équiper
Convenir à quelqu'un, être seyant
Synonymes :
Recouvrir, revêtir, garnir une surface, un appareil de quelque chose, pour...
Synonymes :
Littéraire. Envelopper, arranger quelque chose au moyen de quelque chose qui orne ou...
Synonymes :

habiller
v.
rI./r v. tr.
d1./d Mettre des vêtements à (qqn). Habiller une mariée. Habiller un enfant en costume traditionnel. Quel est le grand couturier qui habille cette comédienne?
|| Pp. être habillé de neuf. être bien, mal habillé.
Absol. être habillé, élégamment vêtu.
d2./d Aller (en parlant des vêtements que l'on porte). Cette robe l'habille à ravir. Un rien l'habille: même un vêtement très simple lui sied.
d3./d Couvrir, envelopper (qqch). Habiller un meuble d'une housse.
d4./d AGRIC Raccourcir les racines et la partie aérienne d'une plante que l'on transplante pour éliminer les blessures dues à l'arrachage.
d5./d TECH Ajouter des accessoires à (une pièce).
|| Habiller une montre, disposer dans le boîtier les pièces du mécanisme.
d6./d TECH Préparer (telle ou telle marchandise) pour la vendre. Habiller une volaille.
rII./r v. Pron.
d1./d Se vêtir. S'habiller chaudement, légèrement.
Savoir s'habiller, avec goût.
d2./d Absol. Revêtir des vêtements de cérémonie. S'habiller pour une soirée de gala.

⇒HABILLER, verbe trans.
I. — Habiller qqn
A. — Emploi trans.
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) Mettre des habits, couvrir de vêtements.
Habiller + compl. d'obj. dir. Habiller un enfant, un malade, une poupée, un vieillard. Nous habillâmes notre pauvre mère et la portâmes dans une voiture de remise (SAND, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 415) :
1. Mais elle me fit comprendre qu'elle n'était pas enseignée et qu'elle n'enseignait pas, qu'elle était chargée d'habiller les enfants de la petite classe...
A. FRANCE, Bonnard, 1881, p. 413.
B.-A. Draper une figure nue. Les pourpoints dont Rubens habillait ses princes, debout dans la grandeur des ciels (FAURE, Hist. art, 1921, p. 27).
Habiller + compl. d'obj. dir. + adv. ou compl. adv. Habiller qqn légèrement, à la hâte, avec soin. Je vous dis, Madame, elle me démonte, cette enfant-là, pour ses treize ans. Oh! elle ne les porte pas, et puis on l'habille en plus jeune pour la scène (COLETTE, Music-hall, 1913, p. 185). Le café bu, l'époux servi, les enfants à l'essor, maman m'habilla chaudement (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 151).
Habiller de + subst. compl. de moyen. Voyant qu'ils étaient nus, je les habillai de soie et d'or (A. FRANCE, St Pierre, 1918, p. 79). [Le chasseur de serpents :] des millions de petits pieds de femmes que j'habille de mes peaux lisses et glissantes (CENDRARS, Homme foudr., 1945, p. 305).
Habiller en + subst. (désignant une pers.) compl. de manière. Déguiser. Enfants qu'on habille en Pierrot, en Sioux pour le Mardi Gras (Pt ROB.).
b) Faire, confectionner un vêtement pour quelqu'un, être le couturier, la couturière de quelqu'un. Qui vous habille donc, milady? Cette robe vous fait une taille affreuse! (DUMAS père, Kean, 1836, V, p. 108) :
2. Mademoiselle Burguy, la petite ouvrière qui habillait mes cousines De Gonneville et moi, s'était vraiment surpassée. Jamais elle n'avait fait aussi laid.
GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 311.
c) Pourvoir à l'habillement de quelqu'un. C'était le mois de septembre, il fallait habiller les enfants pour la rentrée (CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1646). Ma mère m'habillait mal et mon père me reprochait d'être mal habillée (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 181).
2. [Le suj. désigne un vêtement, un ensemble de vêtements] Convenir, être plus ou moins seyant. C'est vraiment riche, cette mousseline avec rien dessus. Ça habille bien (COLETTE, Music-hall, 1913, p. 164).
3. P. anal.
a) Couvrir quelque chose comme avec un vêtement. La locomotive est habillée de drapeaux tricolores (LARBAUD, Enfantines, 1918, p. 93). J'habille les maisons de panneaux, de moulures (ROLLAND, C. Breugnon, 1919, p. 23) :
3. Les sièges se présentent comme des carcasses sans âme, qu'on habille de tentures au même titre que le lit ou la fenêtre; ils sont destinés à être vus de face, alignés à un mur.
VIAUX, Meuble Fr., 1962, p. 132.
b) Au fig., vx
Orner, arranger une chose pour la présenter sous un jour plus attrayant ou pour la dissimuler. Shakespeare renonce à habiller d'un langage affecté les grands sentiments simples (COLETTE, Jumelle, 1938, p. 209) :
4. ... il invente péniblement un conte à dormir debout, mêle la thèse religieuse à ce conte avec une inhabileté remarquable et habille le tout de sa prose.
ZOLA, Mes haines, 1866, p. 16.
Habiller la vérité. La gauchir, la masquer. Habiller d'oripeaux. Les amoureux et les amoureuses ne se font pas faute non plus d'habiller la vérité (A. DAUDET, Crit. dram., 1897, p. 160).
Habiller qqn; habiller qqn de toutes pièces. Le calomnier, l'injurier. Les gentilshommes du Grand-Club (...) qu'elle habillait de main d'ouvrier (A. DAUDET, Rois en exil, 1879, p. 128) :
5. ... il avait au fond tant d'aversion pour les coupe-jarrets, que, sans son respect pour ma parenté, il les eût de bon cœur habillés, en ma présence, comme ils méritaient de l'être.
SAND, Mauprat, 1837, p. 252.
B. — Emploi pronom.
1. Mettre des habits, se couvrir de ses vêtements.
a) S'habiller. Elle descendit doucement du lit et s'habilla en contemplant Guillaume qui sommeillait encore (ZOLA, M. Férat, 1868, p. 23) :
6. ... dans la mansarde du cabaret, une jolie paysanne assise en chemise sur son lit s'habillait près de sa fenêtre toute grande ouverte, laquelle laissait entrer à la fois les rayons du soleil levant et les regards des voyageurs quelconques juchés sur les impériales des diligences.
HUGO, Rhin, 1842, p. 51.
b) S'habiller + adv. ou compl. adv. Se vêtir de telle ou telle manière. S'habiller convenablement, simplement, avec soin; s'habiller court, long. Il s'habillait avec recherche sinon avec préciosité (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 24). Je m'habille en noir (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 37).
c) S'habiller de + subst. compl. de moyen. Ces hommes, ou ces femmes, qui sont derrière ces quatre murs, ils s'habillent de bure, ils sont égaux, ils s'appellent frères (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 617).
d) S'habiller en + subst. (désignant une pers.) compl. de manière. Se déguiser. Vous vous habillerez en hindou, dit le fakir (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 61).
2. Absol. Mettre des habits de soirée, une tenue de cérémonie. Le peintre s'habillait pour aller à une soirée ou à un bal (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 256). Mon Dieu, que c'est ennuyeux de s'habiller, de sortir quand on aimerait tant rester chez soi! (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 583).
3. Acheter des vêtements, se faire confectionner des vêtements. S'habiller sur mesure; s'habiller chez un couturier. S'habiller dans une maison de confection (Ac.).
II. — Habiller qqc.
A. — Apprêter une chose pour un usage déterminé.
1. AGRON. Couper, juste après l'arrachage, l'extrémité des racines, des rameaux des plantes que l'on désire transplanter. Cf. CARRIÈRE, Encyclop. hortic., 1862, p. 267.
2. ALIM. Préparer des pièces de viande ou de gibier, du poisson, en les dépouillant, les éviscérant, les parant avant de les vendre ou de les cuire. Après avoir limoné et habillé six lottes un peu grosses, levez-en les filets (Gdes heures cuis. fr., Carême, 1833, p. 136). Cf. AUDOT, Cuisin. campagne et ville, 1896, p. 114.
3. HORLOG. Habiller une montre. ,,Disposer convenablement les diverses parties du mécanisme`` (DG).
4. PEAUSS. Habiller une peau. ,,Lui faire subir les préparations nécessaires pour qu'elle puisse être employée`` (HAVARD 1888).
5. POTERIE. ,,Mettre des anses et des pieds à un vase de terre`` (HAVARD 1888)
B. — Recouvrir quelque chose pour l'embellir ou le protéger.
1. IMPR. Revêtir le cylindre ou la platine qui agit sur le papier à imprimer d'une garniture, pour assurer la netteté de l'impression. Tous les imprimeurs lithographes n'habillent pas le cylindre des presses mécaniques de la même façon (...) certains (...) emploient le blanchet recouvert de moleskine (CHELET, Lithogr., 1933, p. 182).
TYPOGR. Habiller une gravure. ,,Disposer un texte autour d'une gravure`` (COMTE-PERN. 1963).
2. TECHNOL. Habiller des bouteilles. Les revêtir d'étiquettes, de coiffes, de papier d'étain. V. chemiser ex. de Hamp.
REM. Habillable, adj. Qu'on peut habiller. Rien ne lui va : il n'est pas habillable (ROB. Suppl. 1970).
Prononc. et Orth. : [abije], (il) habille [abij]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. Ca 1200 verbe pronom. « se préparer, s'apprêter », s'abille (Escoufle, 1722 ds T.-L.); 2. ca 1340 « équiper (ici pour la guerre) » (Bâtard de Bouillon, 6258, ibid.); 3. techn. a) ca 1450 terme de cuisine « apprêter (une viande) » (Le Mistere du Viel Testament, éd. de Rothschild, XIX, 12357); b) 1456 terme de méd. « soigner » abillier (A. DE LA SALE, Jehan de Saintré, éd. J. Misrahi et Ch. A. Knudson, p. 133); c) 1559 terme de tanneur (Journal de Gouberville, I, 69 ds IGLF); d) 1680 terme de potier (RICH.); e) 1701 habiller un arbre (L. LIGIER, Nouvelle Maison Rustique, I, 759); f) 1752 habiller la morue (Trév.). II. 1. Début XVe s. verbe pronom. « se vêtir » (CHR. DE PISAN, Enseignemens moraux, éd. M. Roy, III, XXVI, p. 31 : Tiens toy a table honnestement Et t'abilles de vestement En tel atour qu'on ne s'en moque); 1456 verbe actif (A. DE LA SALE, op. cit., p. 236); 2. 1478-80 en parlant de la manière de se vêtir (G. COQUILLART, Œuvres, éd. M. J. Freeman, Nouveaulx Droitz, 1451 : Puis ilz s'abillent de satin, en gensdarmes, et advocatz, En Escossois, en Biscain, A la mode de Carpentras); spéc. 1548 mal habillee (N. DU FAIL, Baliverneries, éd. J. Assézat, p. 190). III. Fig. 1463 « garnir » (Comptes du Roi René, éd. A. Lecoy De La Marche, p. 15 : il est necessaire faire réparer et abiller la galerie de plomb près nostre chambre); 1665 (BOILEAU, Sat. VII, v. 61 : Souvent j'habille en vers une maligne prose). Dér. de bille, dés. -er, préf. a- proprement « préparer une bille »; l'orthographe avec h (XVe s., Ph. de Commynes, Mémoires, éd. J. Calmette I, VII, p. 133) résulte prob. du rapprochement qui s'est établi avec la famille de habit, qui se traduit aussi par le déplacement du noyau sémique dans III. Fréq. abs. littér. : 2 202. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 271, b) 4 675; XXe s. : a) 3 455, b) 2 841. Bbg. SPITZER (L.). Fr. habiller - prov. avol - fr. billet. Z. fr. Spr. Lit. 1919, t. 45, pp. 366-374.

habiller [abije] v. tr.
ÉTYM. Av. 1453; abillier, v. 1307; de a (préf. marquant le but), 2. bille-, et -er, proprt « préparer une bille de bois », « ébrancher et écorcer », « préparer, arranger, apprêter »; habiller au sens II, « vêtir », v. 1400, sous l'influence de habit et de habile.
———
I Techn. Apprêter (qqch.) pour un usage déterminé ( Habillage). || Habiller une bête de boucherie (→ Frais, cit. 23), du gibier, de la volaille, un poisson, les dépouiller, les vider, les mettre en état pour les vendre ou les accommoder.
0.1 Ce ministre les prit (les poissons) et les porta lui-même encore dans la cuisine, où il s'enferma seul avec la cuisinière, qui commença à les habiller devant lui et qui les mit sur le feu, comme il avait fait des quatre autres le jour précédent.
A. Galland, les Mille et une Nuits, t. I, p. 70.
(1680). || Habiller une montre, disposer les diverses pièces de son mécanisme. Ajuster.(1701). || Habiller un arbre : tailler les racines et les branches d'un arbre que l'on a arraché pour le replanter ailleurs.
Techn. || Habiller le cylindre d'une presse (pour le tirage).
———
II Couvrir (qqn) de vêtements. Mettre (des vêtements à), vêtir.
1 (XVe). Couvrir (qqn) de ses vêtements habituels (→ Aller, cit. 73; endoctriner, cit. 3). || Habiller un enfant. || Il est impotent, il lui faut un domestique pour l'habiller. || La petite fille habillait sa poupée.
1 Elle faisait le lit des enfants, qu'elle venait de lever et d'habiller.
Zola, l'Assommoir, p. 12.
L'habilleuse est en train d'habiller la vedette du spectacle, la prima donna.
Art. || Peintre qui peint un personnage nu avant de l'habiller.(1690, Furetière). || Habiller une figure nue, une académie.
2 (1690, Furetière). Fournir (qqn) en vêtements. || Ses parents ne payent pas son loyer, mais ils l'habillent. || Les uniformes dont l'État habille un certain nombre de ses fonctionnaires. || Officier chargé, dans une caserne, d'habiller les recrues. Équiper. || Dame charitable qui se charge d'habiller une famille pauvre, un enfant en loques (→ Être, cit. 87; garde-robe, cit. 5).
2 Il me fit habiller à ses frais depuis les pieds jusqu'à la tête.
A. R. Lesage, Estève Gonzalez, XIX.
3 (Un prince belliqueux) trouve incontinent un grand nombre d'hommes qui n'ont rien à perdre; il les habille d'un gros drap bleu à cent dix sous l'aune, borde leurs chapeaux avec du gros fil blanc, les fait tourner à droite et à gauche, et marche à la gloire.
Voltaire, Dict. philosophique, Guerre.
3 (1631). Vêtir (d'une certaine manière). || Vous n'avez pas assez habillé cet enfant. || Habillez-le chaudement, large (→ Aise, cit. 2).Habiller qqn de… || Habillez-le de laine pour l'envoyer à la montagne.Habiller qqn de façon disgracieuse, grotesque. Accoutrer, affubler, attifer, fagoter, ficeler, harnacher. || Habiller à l'antique. Draper. || Habiller en… || Enfants qu'on habille en Pierrot, en Sioux pour le mardi gras. Costumer, déguiser, travestir.
4 (…) des couturiers qui apportaient de belles étoffes de soie pour habiller la mariée (…)
A. R. Lesage, Gil Blas, X, IX.
4 (1690, Furetière). Le sujet désigne les vêtements. Être seyant. Aller, convenir, seoir. || Ce costume, cette robe vous habille bien.Un rien l'habille : des vêtements modestes suffisent à lui donner un air d'élégance. || Ce tissu habille bien.
5 (1690, Furetière). Faire, confectionner et vendre des vêtements à. || Le même tailleur nous habille, vous et moi. || Le grand couturier qui habille la présidente. || Vous me donnez un délai trop court pour vous habiller.
5 Un philosophe se laisse habiller par son tailleur : il y a autant de faiblesse à fuir le monde qu'à l'affecter.
La Bruyère, les Caractères, XIII, 11.
Absolt. || Ce tailleur, cette couturière habille bien.
6 (Fin XVe). Couvrir (qqch.) comme d'un vêtement. Entourer, envelopper, recouvrir. || Habiller une borne-fontaine pour la protéger contre le gel. || Habiller de housses des chaises, des fauteuils. || Habiller un abat-jour, une fenêtre. || Habiller un livre d'une jaquette illustrée. || Habiller de paillons des bouteilles de vin.
6 Sur la petite place, les siècles ont habillé de mousse une fontaine à coupes étagées, et chaque fibre de mousse, chaque brin de soie verte et dorée distille sa goutte d'eau vivante.
Colette, Belles Saisons, Mes cahiers, p. 151.
Spécialt. || Habiller des bouteilles, les revêtir d'étiquettes, de capsules ou de coiffes de papier métallique. || Habiller une gravure : disposer le texte autour de l'illustration.
Techn. Recouvrir (un appareil, un véhicule…) d'un habillage. Décorer, orner.
6.1 Ici, c'est autre chose : c'est un atelier de finition, où les voitures arrivent peintes, rutilantes, où on les « habille » : on recouvre l'intérieur, on monte les sièges, les phares, les chromes, on pose le bloc moteur sur le châssis, on met les vitres, on monte les roues.
Robert Linhart, l'Établi, p. 29.
7 Fig. a Vieilli. Arranger.
7 Souvent j'habille en vers une maligne prose (…)
Boileau, Satires, VII.
8 J'ai donné vos lettres au faubourg (…) on y trouve la réflexion de M. de Grignan admirable : on l'a pensée quelquefois; mais vous l'avez habillée pour paraître devant le monde.
Mme de Sévigné, 253, 1er mars 1672.
b (1661, Molière). Couvrir, déguiser, dissimuler, envelopper. || La gaze (cit. 8) pudique qui habille des galanteries assez vives. || L'orateur habillait de phrases sonores des pensées banales. Orner, parer. || Les hommes de la Révolution ont habillé à l'antique les vertus républicaines. Draper. || Habiller un drame ancien en costumes modernes (→ Embourgeoiser, cit. 1).
9 Il n'est rien si commun qu'un nom à la latine;
Ceux qu'on habille en grec ont bien meilleure mine (…)
Molière, les Fâcheux, III, 2.
10 Les passions y paraissent (…) convulsives, parce qu'elles sont peu à peu dépouillées de tout ce qui les habille.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », III, p. 221.
Habiller un texte, un rapport, le présenter de telle façon qu'on en altère, qu'on en fausse le sens, la portée.
c (1757). Fam. Vx. || Habiller qqn, en dire du mal. Calomnier, médire (de). || Il a été bien habillé par ses prétendus amis !
11 Voilà comme ils vous habillent.
d'Alembert, Lettre à Voltaire, 23 janv. 1757.
——————
s'habiller v. pron.
ÉTYM. (Déb. XVe).
1 Mettre ses habits. Vêtir (se). || S'habiller de pied en cap. || S'habiller à la hâte, précipitamment (→ Aurore, cit. 8; coiffeur, cit. 2). || Il est long à s'habiller. || Il lui faut une heure pour s'habiller. || Aidez-le à s'habiller. Ajuster (s'), arranger (s'). || Finir de s'habiller (se boutonner, etc.). || S'habiller et se chausser.
12 Les domestiques ici (…) sont plus longs à s'habiller que les maîtres.
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, III, 5.
13 (…) chaque fois maintenant que Charles sortait de bonne heure, Emma s'habillait vite et descendait à pas de loup le perron (…)
Flaubert, Mme Bovary, II, IX.
14 Tu ne sauras donc jamais t'habiller tout seul ?
Colette, Chéri, p. 14.
2 Se vêtir (d'une certaine façon). || Habillez-vous plus légèrement. || S'habiller court, long. || S'habiller de noir, de gris. Porter (du noir). || S'habiller avec chic, élégance (cit. 8), goût, décence, discrétion, recherche. || S'habiller à la dernière mode. || Femme d'un certain âge qui s'habille comme une jeune fille. || S'habiller en Colombine pour aller au bal masqué. || Soldat en permission qui s'habille en civil. || Comment t'habilles-tu ? → Qu'est-ce que tu te mets ? — Absolt. || Cette femme ne sait pas s'habiller, elle n'a aucun goût.
15 (…) un maître à danser qui s'habille comme un petit-maître (…)
A. R. Lesage, le Diable boiteux, VII.
16 Il s'habillait. Pour cette fête, il choisissait les étoffes les plus rudes, les cuirs les plus lourds, il s'habillait comme un paysan. Plus il devenait lourd, plus elle l'admirait. Elle-même bouclait cette ceinture, tirait ces bottes.
Saint-Exupéry, Vol de nuit, X, p. 93.
Absolt. Revêtir des habits de sortie, de cérémonie, une tenue de soirée. || Faut-il s'habiller pour cette réception ? || Il est trop tard pour m'habiller et sortir (→ Ennuyer, cit. 12), pour aller dans le monde (→ Délicat, cit. 4). || Va t'habiller; mets ton plus beau costume. → Se mettre sur son trente-et-un.
16.1 Elle devait se prendre par la peau du cou pour y aller (au bal), empoisonnée à la pensée de « s'habiller » (…)
Montherlant, Pitié pour les femmes, p. 23.
3 Se pourvoir d'habits. || Chez qui vous habillez-vous ? || S'habiller en confection; sur mesure, chez un bon tailleur. || S'habiller de neuf. || Où est-ce que tu t'habilles ? (fam.) Fringuer (se), nipper (se). || En être réduit à s'habiller chez un fripier (→ Chichement, cit. 4).
17 Il (Rubempré) courut avec une vélocité de cerf jusqu'à l'hôtel du Gaillard-Bois, monta dans sa chambre, y prit cent écus, et redescendit au Palais-Royal pour s'y habiller de pied en cap. Il avait vu des bottiers, des lingiers, des giletiers, des coiffeurs au Palais-Royal où sa future élégance était éparse dans dix boutiques.
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 609.
18 (…) les gens chic, mais là, les gens véritablement élégants, femmes ou hommes, ils ne peuvent pas attendre plus longtemps avant de s'habiller pour la saison prochaine ?
Colette, Chéri, p. 119.
4 Figuré :
19 Le monde aujourd'hui n'est plein (…) que de ces imposteurs qui (…) s'habillent insolemment du premier nom illustre qu'ils s'avisent de prendre.
Molière, l'Avare, V, 5.
——————
habillé, ée p. p. adj.
1 (XVe). Couvert de vêtements (opposé à nu). Vêtu.Spécialt. Dans une tenue où l'on peut être vu. || Attendez un instant : je ne puis vous recevoir, je ne suis pas habillé.
20 Allez-vous-en voir, vous, si ma femme est habillée.
Molière, le Malade imaginaire, II, 2.
Tout habillé. || Il se coucha tout habillé. → Excursion, cit. 2.
21 Il remonta chez lui et s'endormit tout habillé sur son lit.
Maupassant, Bel-Ami, I, IV, p. 87.
2 Couvert de tels ou tels vêtements. || Personne bien habillée. Chic, élégant. || Il est toujours mal habillé. Accoutré; → Fichu, foutu comme quatre sous, comme l'as de pique, comme un sac.
Habillé de (telle façon, telle couleur). → ci-dessus Habiller, II., 3. → Brillant, cit. 28; corsage, cit. 2; étincelant, cit. 13; fil, cit. 1; flexible, cit. 2. || Habillé de blanc (cit. 17). || Habillé dans son beau costume du dimanche. Endimanché.
3 (Av. 1696, La Bruyère). Dans une tenue qui a de l'apparat, une tenue de soirée. Mis (bien mis). || Elle est sortie, belle, habillée, élégante, tirée à quatre épingles (→ Fourberie, cit. 6). || Elle était trop habillée pour la circonstance.Absolt. || Habillé : vêtu d'un habit (5.), ou d'un vêtement prescrit par la circonstance. || Il n'y aura à cette soirée que des gens habillés.
(Av. 1825). Par ext. || Une tenue, une robe habillée, d'apparat. || Ils ne pouvaient paraître à la cour qu'en habit habillé (→ Anachronisme, cit. 3). || Un tissu, une couleur qui fait habillé.
22 Iphis voit à l'église un soulier d'une nouvelle mode; il regarde le sien et en rougit; il ne se croit plus habillé.
La Bruyère, les Caractères, XIII, 14.
23 On est beaucoup plus « habillé », dans les quartiers élégants, à New-York qu'à Paris (…)
Paul Morand, New-York, p. 217.
4 N. m. (1866, Littré). Fam. || Un habillé de soie : un cochon. || Saigner l'habillé de soie.
CONTR. Déshabiller, dévêtir. — Nu, dévêtu. — Négligé.
DÉR. Habillable, habillage, habillement, habilleur.
COMP. Déshabiller, rhabiller.

Encyclopédie Universelle. 2012.