travestir [ travɛstir ] v. tr. <conjug. : 2>
• 1580; transvesti 1569; it. travestire, de tra- (lat. trans) et vestire « vêtir »
1 ♦ Déguiser pour une fête ou un rôle de théâtre. — Pronom. Se travestir pour un bal costumé. Spécialt (1669) Se déguiser pour prendre l'apparence de l'autre sexe ⇒ 1. travesti.
2 ♦ (1690) (Abstrait) Transformer en revêtant d'un aspect mensonger qui défigure, dénature. ⇒ déformer, fausser. Travestir les faits, la réalité. Travestir la pensée de qqn, en donner une expression fausse. ⇒ falsifier. « nous travestissons en calculs et en systèmes nos impuissances ou nos faiblesses » (B. Constant).
● travestir verbe transitif (italien travestire, de vestire, vêtir) Déguiser quelqu'un en lui faisant prendre les vêtements d'un autre sexe, d'une autre condition : Travestir un homme en femme. Fausser quelque chose en lui donnant un caractère qu'il n'a pas : Travestir la pensée de quelqu'un. ● travestir (synonymes) verbe transitif (italien travestire, de vestire, vêtir) Déguiser quelqu'un en lui faisant prendre les vêtements d'un autre...
Synonymes :
- costumer
- déguiser
Fausser quelque chose en lui donnant un caractère qu'il n'a pas
Synonymes :
- masquer
travestir
v.
rI./r v. tr.
d1./d Déguiser (pour un bal costumé, un rôle de théâtre) en faisant prendre l'habit d'une autre condition ou de l'autre sexe.
|| v. Pron. Se travestir pour le carnaval.
d2./d Fig. Donner une apparence mensongère ou trompeuse à. Travestir la vérité.
— Travestir la pensée de qqn, la rendre d'une manière inexacte, la falsifier.
rII./r v. Pron. Spécial. Prendre le costume et l'apparence de l'autre sexe.
⇒TRAVESTIR, verbe trans.
A. — 1. Déguiser une personne en lui faisant prendre l'habit de l'autre sexe, d'un autre âge ou d'une autre condition. On le travestit en femme pour le sauver de prison. On a travesti des soldats en paysans pour surprendre la place (Ac. 1798-1878).
2. En partic. Déguiser quelqu'un à l'occasion d'une fête, d'un bal ou pour un rôle de théâtre. On eût dit qu'elle sortait d'une autre époque ou d'un roman, toute habillée de pied en cap et coiffée. Allait-elle jouer un rôle? Elle était travestie ou avait-elle fini de jouer son rôle et oublié de changer de costume? (JOUHANDEAU, M. Godeau, 1926, p. 29).
— Empl. pronom. réfl. C'était le temps du Carnaval (...). Déguisons-nous, dis-je à Brigitte. (...) Nous nous travestîmes tous deux; elle voulut me coiffer elle-même; nous avions mis du rouge, et nous nous étions poudrés (MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p. 277).
B. — Au fig., péj. Transformer une chose en lui donnant un aspect mensonger qui en dénature le caractère. Synon. déformer, déguiser, falsifier, fausser, maquiller. Travestir les faits; travestir un récit. La langue italienne se prête à toutes les nuances de la gaieté, avec une facilité qui ne demande qu'(...)une terminaison un peu différente pour accroître ou diminuer, ennoblir ou travestir le sens des paroles (STAËL, Corinne, t. 2, 1807, p. 251). Les païens qui, ayant ainsi connu Dieu, ne l'avaient pas glorifié comme Dieu, mais (...) avaient changé la gloire du dieu incorruptible en des images d'hommes ou d'animaux, avaient travesti sa vérité en mensonge (Théol. cath. t. 4, 1 1920, p. 757).
— Loc. verb. Travestir la pensée de qqn. L'exprimer de manière inexacte; en donner une interprétation infidèle. Je décidai de « dire la vérité, mais brutalement, sans commentaires »; ainsi éviterais-je à la fois de travestir ma pensée et de la livrer (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 192).
C. — Vx, LITT. Transposer une œuvre connue en style burlesque. Scarron a travesti Virgile. On a travesti la Henriade et Télémaque (Ac.).
Prononc. et Orth. :[], (il) travestit [-ti]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1543 au part. passé transvesti « déguisé, qui a pris le costume d'une autre condition » (G. DU BELLAY ds Mém. de Martin Du Bellay, éd. 1569, f° 298 v°: soldats Italiens [...] transvestiz en païsans); 1580 travesti « id. » (MONTAIGNE, Essais, II, 25, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 688); id. se travestir (ID., ibid., I, 42, p. 264: ce sont delices aux Princes [...] de se pouvoir quelque fois travestir et démettre à la façon de vivre basse et populaire); spéc. ca 1590 « prendre le costume de l'autre sexe » (ID., ibid., I, 26, p. 162: l'une [Bradamant[e], héroïne du Roland furieux], travestie en garçon); 2. 1623 au fig. « changer le sens de quelque chose, fausser » (P. Fr. GARASSE, La Doctrine curieuse des beaux esprits de ce temps, p. 828: Il ne luy a pas esté fort difficile de travestir et desguiser la vérité pour la rendre mescreable); spéc. litt. 1648 (SCARRON, Le Virgile travesty en vers burlesques [titre]); 1902 réfl. psychanal. (Th. FLOURNOY, c.r.: Freud, in Arch. de psychol., t. 2, p. 73 ds QUEM. DDL t. 29, s.v. censure). Empr., d'abord avec adaptation aux mots fr. en trans-, à l'ital. travestire « déguiser, se déguiser » (dep. ca 1512, MACHIAVEL ds TOMM.-BELL.), d'abord travestito (XIVe s., BOCCACE, ibid.), dér. de vestire (vêtir) à l'aide du préf. tra- (trans-). Fréq. abs. littér.:47.
DÉR. Travestisseur, subst. masc., litt. [Corresp. à supra C] Celui qui compose une parodie d'une œuvre. Plaisant travestisseur, parodiste falot, Il [Scarron] reproduit très bien les charges de Callot (POMMIER, Crâneries, 1842, p. 66). — []. — 1re attest. 1771 « celui qui travestit un ouvrage » (Trév., qui cite Goujet s. réf.); de travestir, suff. -(iss)eur2.
BBG. — HOPE 1971, p. 225. — WIND 1928, p. 168, 204.
travestir [tʀavɛstiʀ] v. tr.
ÉTYM. 1580, Montaigne, pron.; 1569, transvesti, Martin du Bellay; de l'ital. travestire, du préf. tra- (lat. trans-), et vestire « vêtir » (lat. vestire).
❖
1 Déguiser pour une fête ou un rôle de théâtre. — Pron. (le plus fréquent). || Se travestir pour un bal costumé.
♦ Spécialt. Prendre l'apparence de l'autre sexe (⇒ 1. Travesti).
♦ Par métaphore (→ Portée, cit. 8). || Un roman à clé (cit. 18) où chacun avait reconnu Talleyrand simplement travesti.
2 (1690). Fig. Transformer en revêtant d'un aspect mensonger qui défigure, qui dénature. ⇒ Déformer, fausser. || On a travesti les vertus théologales (→ Immobilisme, cit.). || Il a été vilainement travesti dans ce récit (→ Compréhensible, cit. 3). || Travestir la pensée de quelqu'un, en donner une expression fausse. ⇒ Falsifier. || Travestir les faits, la vérité. ⇒ Maquiller, masquer.
1 Moi qui me sentais digne d'amour et d'estime; moi qui me croyais honoré, chéri comme je méritais de l'être, je me vis travesti tout d'un coup en un monstre affreux tel qu'il n'en exista jamais.
Rousseau, Rêveries…, VIIIe promenade.
2 Presque toujours, pour vivre en repos avec nous-mêmes, nous travestissons en calculs et en systèmes nos impuissances ou nos faiblesses (…)
B. Constant, Adolphe, II.
3 Si Lamartine, en ses écrits autobiographiques, a voulu embellir la sienne (l'image de sa destinée), ce n'est pas en l'ennoblissant de faux prestiges ajoutés (…) Quand on le surprend en flagrant délit d'arrangement, ce n'est pas un fourbe qu'on arrête, en train de travestir le réel.
Émile Henriot, les Romantiques, p. 101.
——————
travesti, ie p. p. adj.
3.1 L'escalier est orné de fleurs naturelles; vous le gravissez, précédé, suivi de dames, d'hommes plus ou moins travestis et d'autres qui ne le sont pas du tout. (Nous parlons des hommes, car les femmes ne sont reçues que déguisées au bal de l'Opéra.)
Ch. Paul de Kock, la Grande Ville, t. I, p. 374.
♦ Bal travesti, costumé. ⇒ Masqué. || Rôle travesti, joué par un acteur qui se travestit.
4 (…) toute fête, si simple soit-elle, quand elle a lieu longtemps après qu'on a cessé d'aller dans le monde et pour peu qu'elle réunisse quelques-unes des mêmes personnes qu'on a connues autrefois, vous fait l'effet d'une fête travestie, de la plus réussie de toutes, de celle où l'on est le plus sincèrement « intrigué » par les autres, mais où ces têtes, qu'ils se sont faites depuis longtemps sans le vouloir, ne se laissent pas défaire par un débarbouillage, une fois la fête finie.
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 923.
2 Fig. || Vérité travestie, complètement travestie, déformée, faussée. ⇒ Travestir (2.). — Vx ou hist. littér. Transposé en vers burlesques. || Le Virgile travesti, de Scarron. || L'Homère travesti, de Marivaux.
5 C'était le Racine travesti. Dans les costumes des Précieuses ridicules, la troupe du Théâtre-Français a joué les tragédiens ridicules.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 280.
3 N. ⇒ Travesti.
❖
DÉR. Travesti, travestissement, travestisseur.
Encyclopédie Universelle. 2012.