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bille

1. bille [ bij ] n. f.
• 1164; p.-ê. frq. °bikkil « dé »
Petite boule.
1Boule d'ivoire ou de matière synthétique, avec laquelle on joue au billard. Billes blanches. Bille rouge. Coller la bille. Attaquer, prendre la bille en plein, en dessous, sur le côté. Prendre la bille fin, l'effleurer à peine. Frapper, prendre la bille en tête, au milieu vers le haut.
Loc. fig. BILLE EN TÊTE : avec audace, détermination. Il arrive bille en tête. Fam. Toucher sa bille : être compétent. Il touche sa bille en mécanique.
2Petite boule de pierre, d'argile, de verre, servant à des jeux d'enfant. Une bille d'agate. Grosse bille. 2. calot. Un sac de billes.
Les billes : ce jeu. Jouer aux billes. Une partie de billes. Loc. fig. Reprendre ses billes : cesser de participer à une action, une affaire collective, en reprenant éventuellement ce qu'on a donné, concédé. « Chacun de ces partis a l'air de reprendre plus ou moins ses billes » (L'Entreprise, 1960). Placer ses billes : savoir se placer, se mettre en bonne position pour obtenir qqch.
Par anal., fam. Les billes : les yeux. Rouler des billes : regarder avec étonnement.
3(1892) Techn. Roulement à billes, où des billes d'acier suppriment le contact direct entre des pièces en rotation. — Bombe à billes, qui explose en projetant une multitude de petites balles. — Petite sphère métallique imbibée d'encre grasse, qui remplace la plume ordinaire. Un crayon, un stylo à bille ou stylo-bille. Par anal. Déodorant à bille.
4(1883) Fam. Figure, face. tête; fam. 2. balle, 2. bouille. Bille de clown : figure comique, ridicule. Bille de billard : crâne chauve. — Vieilli Niais, imbécile. Quelle bille, ce type ! Adj. « On rigolait parce qu'il était bille, et qu'on lui posait des colles » (Vercel).
bille 2. bille [ bij ] n. f.
XIVe; lat. pop. °bilia « tronc d'arbre »
1Pièce de bois découpée dans une grume. billon. Bille de pied, provenant du fût. Une bille de chêne, d'acajou. « un char lourdement chargé de billes de sapin qui s'entrechoquent » (Ramuz).
2Région. Bille de chocolat ( barre) .

bille nom féminin (francique bikkil, dé) Petite boule de marbre, d'agate, d'argile, de verre dont les enfants se servent pour jouer. Boule d'ivoire avec laquelle on joue au billard, à la roulette ou à la boule. Familier. Tête, figure. Sphère d'acier dur utilisée dans les organes de liaison, les roulements afin de diminuer le frottement. ● bille (expressions) nom féminin (francique bikkil, dé) Familier. Bille en tête, en allant droit au but, carrément, sans hésiter. Crayon (à) bille, stylo (à) bille, stylo réservoir contenant une encre d'imprimerie très grasse déposée sur le support d'écriture par une petite bille de métal dur. Familier. Placer ses billes, s'assurer une position favorable dans une entreprise, une action. Familier. Reprendre ses billes, se retirer d'une affaire, d'une entreprise. Populaire. Toucher sa bille, être très compétent dans sa partie. Transporteur à billes, ensemble de sphères métalliques reposant chacune sur un roulement à billes, dans les alvéoles présentées par un support, et sur lequel des objets plats peuvent être déplacés soit par poussée à la main, soit par gravité. Essai à la bille, essai de détermination de la dureté d'un métal au moyen d'une bille en acier spécial très dur. Bille de verre, bille, pesant environ 10 à 15 g, utilisée pour l'alimentation automatique des filières de fabrication de la fibre de verre textile. ● bille nom féminin (gaulois bilia, de l'irlandais bile, tronc d'arbre) Tronçon découpé dans une grume.

bille
(S. Corinna) (1912 - 1979) écrivain suisse de langue française; épouse de Maurice Chappaz. Ses nouvelles s'interrogent sur la condition féminine: la Fraise noire (1968), la Demoiselle sauvage (1974).
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bille
n. f.
d1./d Boule pour jouer au billard.
d2./d Petite boule de pierre, de verre, d'acier, d'argile, avec laquelle jouent les enfants. Les jeux de billes remontent à l'Antiquité. Syn. (Madag., Maurice) canette.
|| Loc. fig. Bille en tête: avec audace.
Reprendre ses billes: ne plus participer à une affaire.
d3./d TECH Roulement à billes: organe de roulement muni de sphères métalliques qui réduisent le frottement d'un axe tournant.
d4./d Crayon, stylo à bille, dont le bout est constitué d'une petite bille de métal en contact avec de l'encre très grasse.
d5./d Fam. Tête, figure. Une bille de clown, comique.
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bille
n. f. Pièce de bois de toute la grosseur du tronc, destinée à être équarrie et débitée.

I.
BILLE1, subst. fém.
Petite boule pleine, de matière dure :
1. Des boules noires voyageaient dans les mailles, de vraies boules d'escamoteur, d'abord grosses comme des billes, puis grosses comme des boulets; ...
ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 788.
A.— JEUX
1. Boule d'ivoire ou de matière synthétique, pour le jeu de billard. Faire une bille. La pousser dans la blouse avec sa propre bille. Toucher pleine bille; jouer, prendre la bille fine (Lar. Lang. fr.) :
2. À la poule, le hasard avait donné à Lucien la bille numéro 6. Un grand jeune homme silencieux, apparemment adorateur muet de la maîtresse de la maison, eut le 5, et Madame Grandet le numéro 4. Leuwen essaya de tuer le 5, réussit, et se trouva par là chargé de jouer sur Madame Grandet et de la faire perdre, ce dont il s'acquitta avec assez de grâce. Il tentait toujours les coups les plus difficiles, et avait le malheur de ne jamais faire la bille de Madame Grandet et de la placer presque toujours dans une position avantageuse. Madame Grandet était heureuse. (...) Lucien se laissa tuer; alors, ce fut au numéro 7 à jouer sur Madame Grandet. Ce numéro était tenu par un préfet en congé, grand hâbleur et porteur de toutes les prétentions, même de celle de bien jouer au billard. Ce fat montrait une exaltation de mauvais goût à parler des coups qu'il allait faire, à menacer Madame Grandet, à faire sa bille ou à la mal placer.
STENDHAL, Lucien Leuwen, t. 3, 1836, pp. 10-11.
Bille en tête. Au propre. Jouer en puissance (cf. billard ex. 1). Au fig. Avec audace, en allant droit au but (GIONO, Le Hussard sur le toit, 1951, p. 264 et Bonheur fou, 1957, p. 294). Au fig. Être à billes pareilles, à billes égales. N'avoir aucun avantage l'un sur l'autre (cf. Ac. 1798-1932). Arg. Retirer ses billes (A. SIMONIN, Le Cave se rebiffe, 1954, p. 74), Abandonner, se retirer d'une association en reprenant son argent.rendre ses billes (M. STÉPHANE, Ceux du Trimard, 1928, p. 218). Abandonner, se retirer d'une association en reprenant son argent.
SYNT. Bloquer, coller, doubler une bille; partie à deux billes, à toutes billes (Lar. 19e, GUÉRIN 1892, Nouv. Lar. ill., etc.); bille de billard (RENARD, Journal, 1898, p. 476).
2. Petite boule de pierre peinte ou de verre, servant aux jeux des enfants. Bille d'agate; jouer (encore) aux billes :
3. Le tapis bariolé de cette antichambre présentait de grands dessins géométriques, parmi lesquels il était on ne peut plus amusant de jouer aux billes avec le fameux « ami Pierre ». Un petit sac de filet contenait les plus belles billes, qu'une à une l'on m'avait données et que je ne mêlais pas aux vulgaires.
GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, p. 351.
3. Petite boule pour jouer à la roulette (cf. PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 483), au billard électrique, etc. :
4. Il se rabattit sur un appareil à billes, mit vingt sous dans le monnayeur. Bientôt, il y eut cercle autour de lui, et cercle admiratif. C'était merveille de voir les petites boules réussir les itinéraires maximum, s'engager dans les couloirs les mieux défendus par les plus astucieux obstacles, tomber dans les cuvettes, éclairer les bornes, tapoter les plots.
QUENEAU, Pierrot mon ami, 1942, p. 59.
B.— P. ext.
1. Objet dont la forme (ovoïde, sphérique et aplatie aux extrémités, etc.) rappelle celle d'une bille (cf. MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, p. 102) Spéc. Balle de fusil le pot de chambre te protège suffisamment l' caberlot contre les billes de plomb.(BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 229).
2. Fam. Tête, visage. (Avoir) une bonne bille (MALRAUX, L'Espoir, 1937, p. 778; G. MAGNANE, La Bête à concours, 1941, p. 296). Faire une (drôle de) bille (VERCEL, Capitaine Conan, 1934, p. 27; L. RIGAUD, Dict. de l'arg. mod., 1881, p. 40). Bille de clown (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 616). Bille de billard. Crâne chauve (cf. F. JAMMES, Mémoires, 1922, p. 88; L. LARCHEY, Dict. hist. d'arg., 2e Suppl., 1883, p. XIV) :
5. Mal lavé, décravaté, hirsute, pommelé de cocards, il [Arthur] ne saurait fournir qu'une tête de gangster. — Une belle bille de clochard! rectifie l'opérateur, qui ajoute : va te refringuer.
H. BAZIN, La Tête contre les murs, 1949, p. 143.
Yeux en billes (COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, 2e part., X, p. 206); plus ronds que billes (T. GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 306).
Emploi adj. Stupide, maladroit, naïf dont les autres profitent :
6. On avait un adjudant qui avait tout de la vache! On rigolait pourtant, parce qu'il était bille, et qu'on lui poussait des colles. Quand il disait au cours de comptabilité : « Les livrets matricules sont conservés dans une boîte ad hoc. « Qu'est-ce que ça veut dire, ad hoc, mon adjudant? — En bois, qu'il répondait. Une boîte ad hoc, c'est une boîte en bois »...
VERCEL, Capitaine Conan, 1934, p. 31.
C.— Techn. Petite boule, souvent métallique, servant à divers usages. Essai à la bille. ,,Mesure de la dureté des métaux au moyen d'une bille`` (BARB.-CAD. 1963); cf. M. GASNIER, Dépôts métalliques directs et indirects, 1927, p. 128). Synon. essai Brinell (UV.-CHAPMAN 1956). Crayon à bille, stylo-bille. Sorte de stylographe dont la plume est remplacée par une minuscule bille :
7. Paliers à billes. — Les billes sont semblables aux billes à jouer, mais elles sont en acier chromé ou nickel chrome très dur : ...
P. GORGEU, Machines-outils, 1928, p. 15.
8. Elle entre [la jeune mariée], (...) s'excusant auprès de votre voisin de droite, (...) qui lève le nez de son illustré dans lequel il s'essayait à résoudre un problème de mots croisés, l'appuyant sur son genou pour écrire avec un crayon à bille...
M. BUTOR, La Modification, 1957, p. 26.
Spéc. Petite boule sur laquelle s'opèrent certaines rotations. Roulement à billes :
9. [les] Billes. — [sont de] Petites boules d'acier trempé que l'on place dans les coussinets afin de diminuer la résistance provenant du frottement.
L. BAUDRY DE SAUNIER, Le Cyclisme, 1892, p. 583.
10. Cette année 1869 est d'ailleurs notable à d'autres titres. C'est celle où le Parisien Suriray inventa le roulement à billes, ...
P. ROUSSEAU, Hist. des techniques et des inventions, 1967, p. 348.
PRONONC. :[bij]. Enq. :/bij/.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1164 « petite boule » exprime ici une chose de peu de valeur (CHR. DE TROYES, Erec et Enide, 542 dans T.-L.); 1269-78 « petite boule » (J. DE MEUN, Roman de la Rose, éd. F. Lecoy, 20266); 1611 « boule de billard » (COTGR.); p. ext. arg. 1579 « argent » (LARIVEY, Les Esprits, I, 3, Bibl. elz. dans GDF.); ca 1900 technol. « petite boule sur laquelle s'opère la rotation de certains mécanismes » (DG).
Empr. à l'a.b.frq. bikkil « dé » correspondant au m.h.all. bickel « dé, osselet » (Lexer30), à rapprocher du néerl. bikkel « osselet » (GALLAS), v. GAM. Rom.2 t. 1, p. 399.
BBG. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 119. — GRIMAUD (F.) Pt gloss. du jeu de boules. Vie Lang. 1968, p. 111. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 134; t. 2 1972 [1925], p. 294.
II.
⇒BILLE2, subst. fém.
A.— Portion de tronc d'arbre débitée à la scie et non équarrie. Les branches (...) sont sciées, et les fûts à leur tour débités en billes (PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, p. 49).
SYNT. Bille de chêne (BOYLESVE, La Leçon d'amour dans un parc, 1902, p. 264; VAN DER MEERSCH, L'Empreinte du dieu, 1936, p. 32), de sapin (RAMUZ, Derborence, 1934, p. 65). Bille de pied, première bille. ,,Celle comprise entre la base de l'arbre et suivant le cas la première couronne, la première grosse branche ou le premier gros nœud. C'est celle qui fournit le plus de bois de sciage (ou même d'ébénisterie et tranchage)`` (PLAIS. 1969).
B.— P. anal. Bille d'acier. ,,Morceau d'acier carré tel qu'il sort de l'usine où il a été fabriqué`` (JOSSIER 1881). P. ext., arg. Argent, monnaie (cf. F. VIDOCQ, Les Voleurs, 1836, p. 25). De la bille (Dict. complet de l'arg., 1844, p. 19). Fausse bille, bille à l'estorque. Fausse monnaie (cf. HOGIER-GRISON, Les Hommes de proie, Le Monde où l'on vole, 1887, p. 203; FRANCE 1907). V. billon.
C.— TECHN. Morceau de bois façonné ou de fer, servant à divers usages. (Cf. P. MARTELLIÈRE, Glossaire du Vendômois, 1893, p. 45; DESGROUAIS, Les Gasconismes corrigés, 1768, p. 58). V. biller2 C D.
Prononc. :[bij]. Étymol. et Hist. Ca 1198 lat. médiév. billia « tronc d'arbre » (Charte de Louis, Comte de Blois, pour le monastère de Bonneval [Eure-et-Loir] dans DU CANGE t. 1, p. 660b, s.v. billia); 1372 m. fr. plur. billes « quilles » (Lettres de rémission, Reg. 104, ch. 151, ibid., p. 660, s.v. billa); 1393 « pièce de bois probablement allongée » (Ménagier de Paris, II, 184 dans T.-L.); 1532 « bâton, baguette » (RABELAIS, II, 16 dans HUG.); divers emplois techn. a) 1680 (RICH. : Bille. Gros bâton de bouïs, avec quoi on serre les balots lorsqu'on les corde); b) 1690 mar. fluviale (FUR.); c) 1741 pâtiss. (SAVARY DES BRUSLONS, Dict. universel de comm., Paris). Peut-être et de même que ses corresp. de l'Italie du Nord (FEW t. 1, p. 368a), d'un gaul. bilia qu'on déduit de l'irl. bile « tronc d'arbre », gaélique bile « petite feuille » (DOTTIN, p. 234). Fréq. abs. littér. :307. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 134, b) 452; XXe s. : a) 395, b) 710.
BBG. — GOUG. Mots t. 2 1966, p. 130. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 266. — SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 116; t. 3 1972 [1930], p. 261. — SPITZER (L.). Frz. habiller. Z. fr. Spr. Lit. 1919, t. 45, pp. 368-369.

1. bille [bij] n. f.
ÉTYM. 1164; p.-ê. du francique bikkil « dé », attesté par le moy. haut all. et le néerl., mais le sens de « petite boule » semble relativement récent, bille signifiant d'abord « boule » en général; Guiraud postule une métonymie de bille « bâton courbe » (→ Billard) par biller « frapper la boule », le rad. initial étant bigus « double » par l'idée de « courbé, en travers ».
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I Petite boule, petite masse sphérique (d'une matière donnée). REM. À la différence de boule, bille est assez rarement employé pour désigner abstraitement une forme ou un objet non spécifié. → Boule.
1 C'est une bille de verre ordinaire, d'environ deux centimètres de diamètre. Toute sa surface est parfaitement régulière et polie. L'intérieur est tout à fait incolore, d'une transparence absolue (…)
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 142.
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II (Objets spécifiques).
1 (1611). Boule d'ivoire ou de matière synthétique avec laquelle on joue au billard. || Billes blanches. || Billes rouges. || Coller la bille, doubler la bille. || Attaquer, prendre la bille en plein, en dessous, sur le côté. || Bloquer, coller une bille. || Attaquer, prendre une, la bille en tête. || Prendre la bille fine, fin ( Fin). || « Faire sa bille », « tuer la bille » d'un adversaire (Stendhal, Lucien Leuwen, p. 1170).
2 Bientôt madame Grandet perdit la boule (de billard) mais Lucien avait fait de tels progrès dans son esprit qu'elle jugea à propos de lui adresser une petite dissertation géométrique et profonde sur les angles que forment les billes d'ivoire en frappant les bandes du billard (…)
Lucien invoqua des expériences. On mesura des distances sur le billard.
Stendhal, Lucien Leuwen, XLVIII, Pl., p. 1171.
Loc. fig. Bille en tête : avec audace; avec franchise.
3 Au lieu de me demander ce que je maquille (fais) chez lui, il me fonce dessus, bille en tête !
San-Antonio, le Secret de Polichinelle, p. 148.
4 J'étais entré bille en tête, à plus de soixante à l'heure dans une couche de fumier très « géorgique » sous une pellicule de neige.
Jean-Louis Bory, Ma moitié d'orange, p. 49.
Loc. Être à billes pareilles, à billes égales, à égalité.
Fam. Toucher sa bille : être compétent. || Il touche sa bille en mécanique.
2 Petite boule de pierre, d'argile, de verre…, servant à des jeux d'enfants. || Une bille d'agate. Agate (cit. 2). || Grosse bille. Calot. || Taper la bille contre un mur. Tapette (jouer à la tapette).
5 (…) je suis une bille sur une pente, condamnée à rouler jusqu'en bas, à rouler de plus en plus vite.
Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 145.
6 C'était une bille d'agate. Il se rappela aussitôt que c'était celle que Marie Kossichef lui avait donnée un jour aux Champs-Élysées. Comme on ne lui donnait jamais d'argent, il ne pouvait jamais acheter de billes et si on lui en donnait c'étaient des billes de pierre, d'une seule couleur, opaques, des billes d'un sou.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 768.
Au plur. || Les billes, le jeu. || Jouer aux billes. || Une partie de billes. || Jeux de billes : bloquette, pot, poursuite, pyramide, tapette, triangle, trime.
7 Le soir est une grande plaine
Où les anges jouent aux billes
Avec les étoiles.
Maurice Carême, Poèmes de gosses, 1933.
Loc. fig. Argot anc. Des billes : de l'argent.
8 Celui-là (…) il ne faudrait pas (…) le rencontrer au coin d'un bois ayant des billes (argent) (…)
Louise Michel, la Misère, t. III, p. 510.
Loc. Reprendre ses billes : cesser de participer à une action, une affaire collective. || « Chacun des partis a l'air de reprendre plus ou moins ses billes » (Entreprise, 29 mars 1960). || Garder ses billes. || Je ne veux pas mettre toutes mes billes, trop de billes dans cette affaire.
3 (1892, Baudry de Saulnier). Techn. || Bille d'acier, de métal. || Roulement à billes, où des billes d'acier suppriment le contact direct entre l'arbre mobile et le coussinet fixe. || Le roulement à billes atténue les frottements. || Palier à billes. || Essai à la bille de Brinell, pour évaluer la dureté des métaux au moyen d'une machine munie d'une bille.
9 Un fabriquant de roulement à billes qui exposait dans sa vitrine des rebondissements mathématiques de petites sphères d'acier sur des tambourins de même métal.
R. Queneau, Pierrot mon ami, p. 48.
(V. 1970). || Bombe à billes, qui explose en projetant une multitude de petites balles. || « Les obus qui pleuvent sur les kibboutzim comme les bombes à billes qui tombent sur les populations syriennes » (le Nouvel Obs., 22 oct. 1973).
(V. 1950). || Crayon, stylo à bille, dont le bout est une petite sphère imprégnée d'encre grasse, qui remplace la plume pour écrire. Bic (marque déposée).
10 Un simple signe, une espèce de petite croix au crayon à bille qui les marquait (…)
J.-M. G. Le Clézio, le Déluge, II, p. 98.
La bille de métal d'un fermoir.Techn. || Bille de chape : fermoir en métal.
(1942, Queneau). Loc. Appareil à billes : billard électrique.
4 Loc. compar. Des yeux ronds comme des billes, des yeux en billes, tout ronds.
———
III
1 (1883, Larchey). Fam. Figure, face. te; balle, binette, bouille, boule. || Avoir une bonne bille.Bille de clown : visage comique.Faire une drôle de bille, de tête, avoir l'air surpris.
11 Ma « bille » quand j'ai chaviré était, paraît-il, tordante… pardon terrible…
Pierre Daninos, Un certain monsieur Blot, p. 110.
Bille de billard : crâne chauve. Boule.
2 (P.-ê. de : yeux comme des billes). Niais, imbécile. || Quelle bille, ce type !
Adjectif :
12 Vous êtes amer, cher Babinet, remarqua Toine Launois. — C'est à la vie que je le dois. Avant, j'étais bille, moi aussi, seulement à force de me faire rouler, j'ai compris.
R. Dorgelès, Tout est à vendre, p. 276.
13 On rigolait parce qu'il (l'adjudant) était bille, et qu'on lui posait des colles.
Roger Vercel, Capitaine Conan, p. 31.
COMP. Billebaude.
HOM. 2. Bille.
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2. bille [bij] n. f.
ÉTYM. 1372; billia, 1198; du lat. médiéval bilia « tronc d'arbre » probablt mot gaulois (cf. irlandais bile « tronc »).
1 Pièce de bois prise dans la grosseur du tronc ou de grosses branches et qui est destinée à être équarrie, mise en planches. || Une bille de chêne, d'acajou ( 2. Billon; 2. billette, billot).
1 (…) une fillette chassant du bout d'une badine un troupeau d'oies indignées, un traîneau de billes de sapins tiré par deux chevaux.
M. Tournier, le Roi des Aulnes, p. 191.
2 Sans doute, de toute son existence passée à traîner des billes de loupe de la forêt jusqu'à la plaine, n'avait-il jamais mangé autre chose que l'herbe desséchée et jaunie des terrains défrichés et, au point où il en était, n'avait-il plus le goût d'autre nourriture.
M. Duras, Un barrage contre le Pacifique, p. 15-16.
2 Techn. Lingot (de métal). || Une bille d'acier, d'or.
Argot. anc. || De la bille : de l'argent (1836, Vidocq).
3 Régional (notamment Sud-Ouest). || Bille de chocolat. Barre.
3 De grandes et grosses billes de chocolat arrangées les unes sur les autres (…)
Saint-Simon, Mémoires, II, 433.
4 (…) il peut voir par la porte ouverte la femme s'affairer, asseoir la petite sur une chaise, sortir d'un placard deux billes de chocolat qu'elle distribue avec une tranche de pain.
Claude Simon, le Vent, p. 50.
4 (1393; 1532, Rabelais, « bâton, baguette »). Techn. Rouleau, pièce de bois servant à biller, à serrer des ballots (1680), à haler un bateau (1690), à rouler la pâtisserie (1741).
DÉR. Billard, biller, 2. billette, 1., 2., 3. billon, billot.
COMP. Billebarrer, habiller. — Surbille.
HOM. 1. Bille.

Encyclopédie Universelle. 2012.