grogner [ grɔɲe ] v. intr. <conjug. : 1>
• 1190 au sens 2; lat. grunnire, var. de grundire → gronder
1 ♦ (1250) Pousser son cri, en parlant du cochon, du sanglier, et par ext. de l'ours, etc. (⇒ grognement).
♢ Émettre un bruit sourd, une sorte de grondement. ⇒ gronder. Chien qui grogne en montrant les dents.
2 ♦ Manifester son mécontentement par de sourdes protestations. ⇒ bougonner, grognasser, grognonner, grommeler, gronder, maugréer, ronchonner. Obéir en grognant. ⇒ pester; fam. maronner, râler, rouscailler, rouspéter. Enfant fatigué qui grogne (⇒ grognon) . Grogner contre qqn. « Vous étiez toujours à grogner après quelqu'un » (Sartre).
♢ Trans. Dire en grognant. Grogner des insultes. Qu'est-ce que tu grognes ?
● grogner verbe intransitif (ancien français grognir, du latin grunnire) Émettre leur cri, en parlant du cochon, de l'ours. Émettre un bruit sourd, un grondement qui manifeste de l'agressivité, en parlant d'un chien. Manifester son mécontentement en protestant sourdement : Il grogne, mais obéit. ● grogner (difficultés) verbe intransitif (ancien français grognir, du latin grunnire) Conjugaison Attention au groupe -gni- aux première et deuxième personnes du pluriel, à l'indicatif imparfait et au subjonctif présent : (que) nous grognions, (que) vous grogniez. ● grogner (homonymes) verbe intransitif (ancien français grognir, du latin grunnire) ● grogner (synonymes) verbe intransitif (ancien français grognir, du latin grunnire) Émettre un bruit sourd, un grondement qui manifeste de l'agressivité...
Synonymes :
- gronder
Manifester son mécontentement en protestant sourdement
Synonymes :
- grognasser (familier)
- grognonner (familier)
- maronner (familier)
- maugréer
- ronchonner (familier)
● grogner
verbe transitif indirect
Protester, manifester son mécontentement sans vraiment l'exprimer clairement, contre quelqu'un, quelque chose : Il grogne sans cesse après la direction.
● grogner
verbe transitif
Murmurer quelque chose entre ses dents dans une attitude qui manifeste le mécontentement ou la réticence : Grogner des insultes.
● grogner (homonymes)
verbe transitif indirect
● grogner (homonymes)
verbe transitif
grogner
v. intr.
d1./d Pousser son cri (en parlant du porc, du sanglier, de l'ours, etc.).
|| Par ext. Chien qui grogne, qui fait entendre un grondement sourd.
d2./d Exprimer son mécontentement par des paroles plus ou moins désagréables. Il grogne, mais il obéit.
⇒GROGNER, verbe
A. — Emploi intrans.
1. [Le suj. désigne le porc, le sanglier, l'ours] Pousser son cri. La vieille entend les cochons accourir en grognant : hon! hon! pour le manger (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 165).
— [P. ext. Le suj. désigne un autre animal] Émettre une sorte de grondement. Le petit hérisson des haies qui souffle et grogne, parmi les feuilles mortes (RAMUZ, A. Pache, 1911, p. 174). Anne-Marie avait remarqué que les chiens aboyaient ou grognaient sans qu'on sût pourquoi (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 205).
— P. anal.
♦ [Le suj. désigne une pers.] Émettre un bruit sourd, des sons inarticulés. Son mari grognait de douleur dans son sommeil (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1358). Elle bâillait énormément, à se décrocher la mâchoire... Ouah! Ouah! qu'elle grognait à travers la nuit (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 259) :
• 1. M. Élie, de sa chambre, avait tout entendu, et grognait de joie — hrrr... hrrr... — comme un fourmillier dans sa cage, quand on lui apporte sa pâtée.
MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 828.
♦ [Le suj. désigne une chose] Faire entendre un bruit sourd. La mer sombre qui grogne et crache sa salive blanche le long du rivage (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Bapt., 1885, p. 574). Le vent qui grogne ainsi qu'un chien oublié dehors (RENARD, Poil Carotte, 1894, p. 111). Cet orgue qui grogne comme dix pourceaux (GIONO, Regain, 1930, p. 197).
2. P. ext. [Le suj. désigne une pers.] Manifester un sentiment, notamment son mécontentement, par des sons ou des paroles plus ou moins articulées. Synon. bougonner, maugréer, pester, ronchonner. L'étude du droit m'aigrit le caractère au plus haut point : je bougonne toujours, je rognonne, je maugrée, je grogne même contre moi-même et tout seul (FLAUB., Corresp., 1842, p. 112). Nous sommes ces soldats qui grognaient par le monde, Mais qui marchaient toujours et n'ont jamais plié (PÉGUY, Tapisserie N.-D., 1913, p. 700) :
• 2. Napoléon a fait, avec un astucieux génie, de ce mot [grognard] le synonyme de soldat ou de brave. Et la postérité n'a que peu ou point su que le grognard grognait réellement, et que grogner cela consistait à n'être pas content...
THIBAUDET, Hist. litt. fr., 1936, p. 91.
B. — Emploi trans., rare. [Le suj. désigne une pers.]
1. Qqn grogne qqc. Murmurer entre ses dents; prononcer quelque chose avec mécontentement. Grogner une réponse, des reproches :
• 3. Il grognait des menaces terribles... « Regarde! Elle s'empoisonnera jamais cette infecte charogne!... Elle bouffera pas des champignons!... Elle bouffera pas son râtelier! Va! elle se méfie du verre pilé!... ô pourriture!... »
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 85.
— [En incise] J'ai soif, oh! j'ai soif! grognait-il continuellement (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 787).
2. Qqn grogne qqn. Exprimer son mécontentement à. Il commence bien l'année comme un mari, car il me gronde et il me grogne (BALZAC, Lettre Étr., t. 3, 1850, p. 5). Je vous ai un peu grogné, je l'avoue, dans ma dernière lettre, à propos de ce que vous me disiez de mes travaux (TOCQUEVILLE, Corresp. [avec Gobineau], 1858, p. 295).
— Emploi pronom.
♦ réfl. Elle [la petite vieille] grogne les autres, et, quand elle est seule, elle se grogne (SAND, Corresp., t. 1, 1830, p. 37).
♦ réciproque. Je leur ai dit [à vos amis] que jamais il ne pouvait y avoir entre vous et moi de dissentiment durable; que nous nous étions grognés un peu et que c'était fini (CHATEAUBR., Congrès Vérone, t. 2, 1838, pp. 160-161).
REM. 1. Grognassement, subst. masc., fam., rare. Action de grognasser; résultat de cette action. Du public qui applaudit mollement, le Roi de demain, tandis que beaucoup (...) avalent leur rancune, leurs grognassements (ARNOUX, Roi, 1956, p. 368). 2. Grognasser, verbe intrans., fam., rare. Se plaindre en grognant, grogner sans cesse à propos de tout. Tu grognasses, malappris, tu objectes. Je te clouerai le bec, et péremptoirement (ARNOUX, Calendr. Fl., 1946, p. 154). 3. Grognoter, verbe intrans. Grogner très doucement, faire un bruit très léger. Les pentes indéfinissables sont révélées et les bétoires grognotent (LA VARENDE, Normandie en fl., 1950, p. 238). 4. Grunnir, verbe intrans., vx ou région. [Correspond à A 1] Je vous préviens, le vieux grunnit tel qu'un pourceau, mais il ne répondra, lui aussi, que par des signes à nos questions (HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 156).
Prononc. et Orth. : [], (il) grogne []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. [1174-76 gronir « murmurer en signe de mécontentement » (G. DE PONT-SAINTE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 5613)] fin XIIe s. grognier « grogner » (en parlant d'un homme) (Moniage Guillaume, 2312 ds T.-L.); ca 1223 (en parlant d'un animal) (G. DE COINCI, Mir. Notre-Dame, éd. V. F. Koenig, II Mir 24, 561). Altération d'apr. groin de l'a. fr. gronir, lat. grunnire « grogner (en parlant du cochon) », var. de grundire (v. gronder). Fréq. abs. littér. : 757. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 237, b) 776; XXe s. : a) 1 857, b) 1 480.
DÉR. Grogne, subst. fém., fam., vieilli. a) Mécontentement, mauvaise humeur exprimée généralement en grognant. Synon. bougonnement, grognerie, pleurnicherie. Avoir la grogne. À ces bougonneries [de son frère] Amable répondait : — Tais-toi donc, frère la grogne! (RICHEPIN, Cadet, 1890, p. 90). b) [Souvent avec majuscule] Ensemble des grognards de Napoléon. [Le vieux dragon de la Garde, pleurant :] Si les camarades de la Grogne pouvaient me voir! (D'ESPARBÈS, Grogne, 1905, p. 19). — []. — 1re attest. 1364 grongue (G. DE MACHAUT, Voir dit, éd. P. Paris, 6017); déverbal de grogner.
grogner [gʀɔɲe] v. intr.
ÉTYM. 1190, au sens 2; gronir, v. 1175; du lat. grunnire, var. de grundire. → Gronder.
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1 (1250). Pousser son cri (en parlant du cochon [cit. 5], du sanglier et, par ext., de l'ours, etc.). ⇒ Grognement. || Le sanglier grogne ou grommelle.
1 (…) l'enchanteur et la fée parurent, qui la métamorphosèrent en truie, afin qu'il lui restât au moins une partie de son nom et de son naturel grondeur : elle s'enfuit, toujours grognant, jusque dans la basse-cour.
Mme d'Aulnoy, Deux contes de fées, « L'oiseau bleu ».
2 À ce moment, une troupe de cochons déboucha à un tournant. Les bêtes flaireuses, aux petits yeux, aux jambes courtes, grognaient, gargouillaient, ronflaient, renâclaient, reniflaient.
Apollinaire, l'Hérésiarque et Cie, L'otmika.
♦ (D'autres animaux). Émettre un bruit sourd, une sorte de grondement. ⇒ Gronder. || Le chien grogne en montrant les dents.
♦ (Sujet n. de chose).
3 (…) dans les grottes où grogne la mer au fond des trous invisibles (…)
Maupassant, la Vie errante, La côte italienne.
4 (…) pendant qu'il manœuvrait les vitesses, et que grognaient les pignons (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXIII, p. 208.
2 (Sujet n. de personne). Manifester son mécontentement par de sourdes protestations. ⇒ Bougonner, grommeler, gronder, maugréer, murmurer, protester, ronchonner; → Claquement, cit. 1. || Grogner entre ses dents. || Obéir en grognant. ⇒ Pester, râler, rouspéter. || Napoléon disait des soldats de la vieille garde « ils grognent, mais me suivent toujours ». ⇒ Grognard. || Elle grogne sans cesse. ⇒ Grognon. || Grogner contre qqn, après qqn, au sujet de qqch. || Il grogne pour tout.
5 Ce nouvel Égiste grognoit toujours quand il me voyoit entrer chez sa dame (…)
Rousseau, les Confessions, II.
6 La quête se faisait en sortant du caveau, le gardien grognait même à cause d'une pièce belge qu'on lui avait refilée.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 255.
7 — J'étais tellement heureux ici. — On ne l'aurait pas cru, dit Mme Louise. Vous étiez toujours à grogner après quelqu'un.
Sartre, le Sursis, p. 178.
3 Trans. (1835; « être hostile à [qqn] », déb. XVe). Sujet n. de personne.
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DÉR. Grognant, grognard, grognasse, grognasser, grogne, grognement, grognerie, grogneur, grognon.
Encyclopédie Universelle. 2012.