fourrure [ furyr ] n. f.
• forreüre 1160; de fourrer
I ♦
1 ♦ Peau d'animal munie de son poil, préparée pour servir de vêtement, de doublure, d'ornement. ⇒ pelleterie. Fourrure à long poil, à poil ras. Fourrure unie, tachetée. Couverture, descente de lit en fourrure. Chasseur de fourrures. ⇒ trappeur. Préparation des fourrures : lavage, dégraissage, assouplissement, teinture, brossage, peignage, lustrage, dressage. Industrie, commerce de la fourrure (⇒ fourreur) . Principales fourrures : agneau, astrakan, castor, chat, chèvre, chinchilla, civette, écureuil, genette, hamster, hermine, kolinski, lapin, loup, loutre, lynx, marmotte, martre, mouflon, mouton, murmel, ocelot, opossum, otarie, ours, ourson, panthère, petit-gris, phoque, poulain, putois, ragondin, rat musqué ou ondatra, renard, singe, sconse, taupe, vison, zibeline. « Le marché aux fourrures étalait des dépouilles d'animaux sans nombre [...] L'ours blanc, le renard bleu, l'hermine, étaient les moindres curiosités de cette incomparable exhibition » (Nerval). Manteau de fourrure. Col, étole, manchon, toque de fourrure. Vêtement doublé de fourrure. ⇒ canadienne, pelisse. Fausse fourrure : tissu synthétique imitant la fourrure. ⇒ peluche, teddy-bear. — Par ext. (1816) Vêtement de fourrure. Elle aime les bijoux et les fourrures.
♢ Blas. Émail de l'écu représentant de la fourrure. ⇒ hermine, vair; aussi contre-hermine, contre-vair.
2 ♦ Poil particulièrement beau, épais de certains animaux. ⇒ 1. pelage. Le chat angora a une très belle fourrure.
II ♦ (1324 « mélange de textiles »; de fourrer,I, 1o) Bât. Pièce rapportée pour doubler un élément.
● fourrure nom féminin (de fourrer 1) Peau d'animal garnie de poils fins et serrés, qui, préparée, sert de vêtement, de doublure, de garniture ou d'accessoire : Manteau de fourrure. Vêtement en fourrure : Mettre sa fourrure. Industrie et commerce de ces peaux. Peau d'animal très touffue ; peau de certains oiseaux : La fourrure des pingouins est épaisse. Bâtiment Doublage d'un élément trop mince, pour le renforcer ou pour le mettre à niveau (notamment en menuiserie). En architecture antique, synonyme de blocage. Héraldique Combinaisons d'émaux représentant de manière stylisée les peaux (hermine ou vair, surtout) dont les écus étaient parfois recouverts. Monnaies et Orfèvrerie Opération frauduleuse qui consiste à augmenter la teneur en métal commun d'un alliage déterminé. ● fourrure (synonymes) nom féminin (de fourrer 1) Peau d'animal très touffue ; peau de certains oiseaux
Synonymes :
- pelage
- poil
- toison
Héraldique. Combinaisons d'émaux représentant de manière stylisée les peaux (hermine ou...
Synonymes :
- panne
Synonymes :
- Bâtiment. blocage
fourrure
n. f.
rI./r
d1./d Peau garnie de son poil et préparée pour la confection de vêtements, de parures, etc.
|| Vêtement de fourrure.
d2./d Peau d'un animal vivant, à poils touffus. La fourrure d'un chat.
rII./r TECH Pièce rapportée servant à remplir un vide, à masquer un joint.
⇒FOURRURE, subst. fém.
A.— Peau de certains animaux (mammifères notamment) garnie de son poil.
1. Pelage partic. épais et fin, composant la robe de certains mammifères; p. anal. peau de quelques oiseaux. La fourrure du chat angora, du cygne, de l'ours. Hamilcar (...) était couché en rond, le nez entre ses pattes. Un souffle égal soulevait sa fourrure épaisse et légère (FRANCE, Bonnard, 1881, p. 268). Les glaces reculent de nouveau vers la fin de l'acheuléen; alors le mammouth et le rhinocéros à fourrure épaisse nous arrivent (S. BLANC, Init. préhist., 1932, p. 26) :
• 1. KIKI-LA-DOUCETTE. — (...) à peine sentais-je, à la surface de la fourrure profonde, les petits pieds agaçants de ces mouches que tu poursuis. Un effleurement, une caresse parfois ridait d'un frisson l'herbe inclinée et soyeuse qui me revêt...
COLETTE, Dialog. bêtes, 1905, p. 8.
2. Peau qui, après avoir subi un traitement approprié, sert à confectionner ou à garnir des vêtements, des parures, des articles d'ameublement, etc. Bonnet de fourrure, manteau garni de fourrure; fourrure à longs poils. Plusieurs avaient des vestes de soie mêlée de fils d'or ou d'argent, et des pelisses de soie bleue, doublées de riches fourrures (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 88). Les marchands de fourrures ont l'air d'être faits en fourrures : sourcils de vison, cheveux d'astrakan, regard de loutre (MORAND, Londres, 1933, p. 268) :
• 2. À côté, encadrant le seuil, pendaient (...) des lanières de fourrure, des bandes étroites pour garnitures de robe, la cendre fine des dos de petit-gris, la neige pure des ventres de cygne, les poils de lapin de la fausse hermine et de la fausse martre.
ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 390.
— P. métaph. Elle [la forêt de Rambouillet] se disperse (...) reploie méconnaissables ses pins et ses houx sous une fourrure de neige (COLETTE, Pays connu, 1949, p. 7).
SYNT. Fourrure blanche, grise, noire; fourrure brillante, épaisse, vaporeuse; fourrure à poil ras, ondulé; fourrure de lapin, de martre, de renard; col, étole, pelisse de fourrure; couverture, tapis de fourrure.
a) P. ext.
— Vêtement réalisé en fourrure. S'emmitoufler, s'envelopper dans sa fourrure. Je la fis asseoir, je la débarrassai de son chapeau, de son voile, de sa fourrure, de son manchon (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Inconnue, 1885, p. 1000) :
• 3. ... comme Mme Swann trouvait qu'on gelait chez elle, il m'arrivait souvent de la voir recevant dans des fourrures, ses mains et ses épaules frileuses disparaissant sous le blanc et brillant tapis d'un immense manchon plat et d'un collet, tous deux d'hermine, qu'elle n'avait pas quittés en rentrant et qui avaient l'air des derniers carrés des neiges de l'hiver plus persistants que les autres...
PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 634.
♦ P. méton., vieilli. Docteur, magistrat portant une robe ornée de fourrure. N'aimant point (...) les La Seiglière, qui avaient de tout temps traité de bourgeoisie les fourrures et les mortiers (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 202).
— HÉRALD. Émaux de l'écu représentant des fourrures (hermine et vair). Hermine. Une des fourrures héraldiques représentée en blason par un champ d'argent, semé de mouchetures de sable sans nombre (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 761).
b) [P. anal. d'aspect] Végétation épaisse, touffue. L'homme arrêtait la faucheuse, la retournait, l'engageait dans le foisonnement des fleurs de prairie, pour un nouveau découpage de la fourrure froide des herbes (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 205). Ils longeaient une muraille ruineuse que les vignes folles et les viornes devaient, à la belle saison, couvrir d'une fourrure bourdonnante (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 13) :
• 4. Les épis, pressés les uns contre les autres, formaient à trois pieds de terre une fourrure plus épaisse, plus sensible et mobile que celle d'une bête : nappe de grain mouvante, d'où s'échappe et s'écoule déjà l'odeur du pain...
R. BAZIN, Blé, 1907, p. 239.
B.— Ce qui enveloppe ou garnit intérieurement (un objet).
1. MARINE
a) Garniture de toile goudronnée, de fil de caret entourant et protégeant un cordage. Fourrure d'espar, d'étalingure. [J. Bart] embouque le chenal sur un navire délavé, corrodé, avec des agrès en fourrure (LA VARENDE, J. Bart, 1957 p. 194).
b) Morceau de vieille toile servant à boucher des interstices. Il n'y a pas d'autre ressource qu'un tampon. On prend les chiffons de toute espèce qu'on trouve sous sa main, tout ce que dans la langue spéciale on appelle fourrures, et l'on refoule le plus qu'on peut dans la crevasse la tumeur du prélart (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 387).
c) Fourrure de gouttière. Forte pièce de construction qui forme la ceinture intérieure d'un navire, dans le sens de la longueur. Sur les anciens vaisseaux en bois [croiseurs], les barrots étaient fixés à la muraille par (...) la fourrure de gouttière qui les recouvrait (CRONEAU, Constr. nav. guerre, t. 1, 1892, p. 219).
2. ORFÈVR. Opération frauduleuse consistant à recouvrir d'une fine couche de métal précieux un bijou, une monnaie faits d'un métal vil, ou à augmenter la teneur en métal commun de certains alliages. (Ds Lar. 20e-Lar. Lang. fr., QUILLET 1965).
3. TECHNOL. Pièce de métal, de bois, etc., servant à compenser un vide, à masquer un joint ou un défaut dans certains assemblages. On rétablit (...) le rayon d'enroulement [sur la bobine de la machine d'extraction] en (...) introduisant, sous le câble, une fourrure supplémentaire formée d'un tronçon de vieux câble (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p. 1045). Rentrent dans cette catégorie [charpente mixte en fer et bois] (...) les fourrures en bois placées sur les pannes, le faîtage ou les sablières pour recevoir les chevrons (ROBINOT, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 2, 1928, p. 19).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1160 forrëure « peau de certains mammifères avec son poil » (Enéas, 747 ds T.-L.); b) 2e moitié du XIIIe s. « vêtement fait avec des peaux ainsi préparées » (Romances et Pastourelles, III, 48, 36, ibid.); c) 1690 « robe fourrée, garnie de fourrures des magistrats, des docteurs et qui fait état de leur qualité » (FUR.), p. ext. 1689 (éd.) « magistrat portant fourrure » (LA BRUYÈRE, Les Caractères, éd. G. Servois, t. 3, 1, p. 62); d) 1690 hérald. (FUR.); 2. a) 1690 mar. (FUR.); b) 1812 menuis. (BOISTE); 3. 1901 orfèvr. (Nouv. Lar. ill.). Dér. de fourrer; suff. -ure. Fréq. abs. littér. :727. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 632, b) 1 047; XXe s. : a) 1 095, b) 1 331. Bbg. Archit. 1972, p. 211. — QUEM. DDL t. 16.
fourrure [fuʀyʀ] n. f.
ÉTYM. 1160, forreüre; de fourrer.
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I (1324, « mélange de textiles »; de fourrer, I., 1.). Vx ou techn. Ce qui enveloppe extérieurement ou garnit intérieurement. — (1690). Mar. Enveloppe faite de merlin, de bitord dont on entoure un cordage. || Fourrure de gouttière d'un pont : pièce de construction formant une ceinture intérieure dans le sens de la longueur du navire.
♦ (1812). Bois de remplissage des pièces de construction. — Techn. Mod. Plaque de tôle que l'on place entre deux pièces à assembler (⇒ Assemblage).
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II Cour.
1 Peau d'animal munie de son poil, préparée pour servir de vêtement, de doublure, d'ornement. ⇒ Pelleterie. || Les fourrures ont constitué les premiers vêtements humains. || Fourrure à long poil, à poil ras, à poil dur, à poil ondulé, frisé, bouclé. || Fourrure brune, blanche, noire, grise, bleutée, blonde; fourrure unie, tachetée. || Fourrure douce au toucher (→ Chevelure, cit. 5), lisse, soyeuse, brillante. — Chasseur de fourrures. ⇒ Trappeur. || Préparation des fourrures : lavage, dégraissage, assouplissement, teinture, brossage, peignage, lustrage, dressage. || Industrie, commerce de la fourrure. ⇒ Fourreur. || Principales fourrures : agneau, armeline, astrakan, breitschwanz, castor, colobe, chat, chèvre, chinchilla, civette, écureuil, fouine, gazelle, genette, glouton, hamster, hermine ou roselet, isatis, kolinski, lapin, lièvre, lion, loup, loutre, lynx, marmotte, marte ou martre, menu-vair, mouffette ou sconse (skunks), mouflon, mouton, murmel, ocelot, opossum, otarie, ours, ourson, panthère, petit-gris, phoque, poulain, putois, ragondin, rat musqué ou ondatra, raton, renard, sarigue, singe, taupe, vigogne, vison, zibeline, zorille. || Fourrure de mouton. ⇒ Toison. — Par anal. (Plumages). || Fourrure de cygne, de grèbe. — Imitation des fourrures chères avec des fourrures de moindre prix comme le lapin… (→ Castorette, herminette). — Manteau de fourrure. || Col, collet, cravate, étole, boa, parements, manchon, toque… de fourrure. || Vêtement doublé (cit. 7) de fourrure. ⇒ Canadienne, pelisse. || Gants, bottes, chaussons doublés de fourrure. ⇒ Fourrer, p. p. adj. || Couverture de fourrure, (plus cour.) en fourrure. || Utilisation de la fourrure dans l'ameublement. || Descente de lit en fourrure. — Insectes qui détériorent les fourrures : artison, dermeste, mite, teigne… || Fourrure pelée, mitée, artisonnée, « mangée » par les mites.
1 Dans le cygne, ce duvet est d'une grande finesse, d'une mollesse extrême et d'une blancheur parfaite; on en fait de beaux manchons et des fourrures aussi délicates que chaudes.
Buffon, Hist. nat. des oiseaux, Le cygne, Œ., t. VIII, p. 421.
2 (…) près de là, le marché aux fourrures étalait des dépouilles d'animaux sans nombre, venues soit de la haute Sibérie, soit des bords de la mer Caspienne. — L'ours blanc, le renard bleu, l'hermine, étaient les moindres curiosités de cette incomparable exhibition (…)
Nerval, les Filles du feu, « Angélique », I.
2.1 Aux poutres, et dans un ordre admirable, pendaient d'opulentes fourrures, dont pareil assortiment ne se fût pas rencontré aux plus enviables étalages de Regent street (…)
Le regard hésitait entre les fourrures de loups, d'ours gris, d'ours polaires, de loutres, de wolvénènes, de visons, de castors, de rats musqués, d'hermines, de renards argentés.
J. Verne, le Pays des fourrures, t. I, p. 3.
3 Il caressa un peu la fourrure et un parfum tiède et lourd s'en dégagea. C'est donc ça qui sentait, tout à l'heure. Il caressait la fourrure à rebrousse-poil et il était content.
Sartre, le Sursis, p. 193.
♦ (1890). Par ext. Vêtement fait de fourrure. || Ne sortez pas sans votre fourrure. || Se couvrir, s'emmitoufler de fourrure (→ Boule, cit. 1). || Femme qui aime les bijoux et les fourrures. — Fourrure de chanoine. ⇒ Aumusse. || Fourrure de magistrat.
3.1 Les hautes bourgeoises de Munich sortaient des églises, et tout ce que recélait en fourrures la capitale, du renard bleu à la loutre et à la belette, dirigeait leurs porteuses vers les retraites mêmes qu'eussent choisies les animaux vivants, le Jardin Anglais et les bords de l'Isar.
Giraudoux, Siegfried et le Limousin, p. 126.
♦ Tissu ou vêtement imitant la fourrure. || Fourrure synthétique, acrylique.
♦ Par métaphore :
4 Tous ces petits villages sous la neige, comme enveloppés de fourrures blanches.
J. Renard, Journal, 28 janv. 1895.
♦ (1690). Vx. Membre de l'Université (à cause des robes fourrées des docteurs et bacheliers). → Chat fourré (Fourrer, p. p. adj., II., 1.).
5 Le noble de province (…) traite les fourrures et les mortiers de bourgeoisie (…)
La Bruyère, les Caractères, XI, 130.
♦ (1690). Blason. Émail de l'écu représentant de la fourrure. ⇒ Hermine, vair; contre-hermine, contre-vair.
➪ tableau Termes de blason.
2 (Mil. XVIIIe). Poil particulièrement beau, épais (de certains animaux). ⇒ Pelage. || Le chat angora a une très belle fourrure. || La fourrure est plus épaisse chez les animaux des régions froides et à la saison d'hiver.
6 De sa fourrure blonde et brune (du chat)
Sort un parfum si doux, qu'un soir
J'en fus embaumé, pour l'avoir
Caressée une fois, rien qu'une.
Baudelaire, les Fleurs du mal, Spleen et idéal, LI.
7 La presque totalité des Mammifères sont couverts de poils (…) Le plus souvent celui-ci (l'épiderme) en est habillé tout entier. Mais cela ne signifie pas qu'il est toujours habillé d'une fourrure (…) Pour mériter ce nom, il faut que le revêtement soit composé d'un double, ou même triple, système pileux, celui des poils proprement dits, ou jarres qui recouvrent généralement la bourre, cette seconde production pouvant être très semblable à la première, ou s'affiner de plus en plus jusqu'à former un duvet extrêmement serré, moelleux, soyeux, qui donne habituellement à l'ensemble du pelage toute sa valeur.
René Thévenin, les Fourrures, p. 27.
Encyclopédie Universelle. 2012.