vair [ vɛr ] n. m.
• XIIe; adj. « gris-bleu, bigarré » 1080; lat. varius
1 ♦ Vx Fourrure de petit-gris. La pantoufle de vair (ou de verre, selon Perrault), dans le conte de Cendrillon.
2 ♦ (1549) Une des deux fourrures du blason, composée de petites pièces en forme de clochetons, disposées tête-bêche sur des lignes horizontales.
⊗ HOM. Ver, verre, vers, vert.
● vair nom masculin (latin varius, tacheté) Nom ancien de la fourrure du petit-gris. En héraldique, fourrure censée représenter les ventres et les dos de l'écureuil gris et constituée d'une alternance de clochettes (ou cloches ou pans) d'argent et d'azur, disposées sur plusieurs rangées horizontales (ou tires). ● vair (homonymes) nom masculin (latin varius, tacheté) ver nom masculin verre nom masculin vers nom masculin vers préposition vert adjectif vert nom masculin
⇒VAIR, subst. masc.
A. — Fourrure grise et blanche de l'écureuil petit-gris, au dos gris et au ventre blanc, et qui était réservée aux rois, aux hauts dignitaires pendant le Moyen Âge. Quoique doublé de vair, ce manteau n'est pas chaud; j'aurais mieux fait (...) de prendre mon armure (BARBIER, Satires, 1865, p. 219). V. gris1 ex. de Faral.
— P. métaph. Les cieux sont de vair, et la terre est recouverte d'une broderie. Chaque chemin d'herbes foulées sous la gelée blanche est comme une traîne lamée (CLAUDEL, Tête d'Or, 1890, 3e part., p. 119).
— Pantoufle de vair. [P. allus. au conte de Ch. PERRAULT, Cendrillon, où le mot était orthographié verre] Certaines fourrures rares, comme le vair, (...) ne pouvaient être portées que par les rois, par les ducs et par les seigneurs (...). Ce mot, depuis cent ans, est si bien tombé en désuétude que, dans un nombre infini d'éditions de contes de Perrault, la célèbre pantoufle de Cendrillon, sans doute de menu vair, est présentée comme étant de verre (BALZAC, Martyr calv., 1841, p. 53). C'est par erreur (...) qu'on a dit que les pantoufles de Cendrillon étaient de verre? (...) Des chaussures de vair, c'est-à-dire des chaussures fourrées, se conçoivent mieux (A. FRANCE, Livre ami, 1885, p. 321). P. métaph. V. pantoufle ex. 1.
— En compos. Menu-vair.
B. — HÉRALD. ,,Une des fourrures de l'écu, consistant en points (en forme de petites cloches) d'argent et d'azur alternés; disposés par quatre, cinq ou six sur un même nombre de lignes horizontales ou tires`` (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 766). Les armoiries (...) de cette famille (l'écusson bandé de vair et de gueules de six pièces) (NERVAL, Filles feu, Angélique, 1854, p. 562).
— En compos. Contre-vair. ,,Fourrure constituée par des cloches d'azur et d'argent réunies par deux à l'inverse du vair où elles sont alternées`` (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 758).
Prononc. et Orth.:[]. Homon.: ver, verre, vers, vert. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. ca 1100 « gris-bleu, clair et vif » (Roland, éd. J. Bédier, 283: Guenes [...] vairs out les oilz); 2. 1155 « bigarré » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 10357: peliçuns [...] vairs e gris). B. Subst. 1. a) ca 1140 « fourrure blanche et grise de quelques écureuils, en particulier le petit-gris » (GEOFFROI GAIMAR, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 5554: or e argent e veir e gris); ca 1165 (Troie, éd. L. Constans, 26892: n'i remest or ne vair ne gris); b) [1697 pantoufles de verre (Ch. PERRAULT, Les Contes des fées, Cendrillon, Paris, Jean de Bonnot, 1972, p. 189: une paire de pantoufles de verre)] 1841 (BALZAC, loc. cit.); 2. ca 1180 hérald. (THOMAS, Tristan, éd. B. H. Wind, 910: escu ot d'or a vair freté). Du lat. varius « varié, nuancé, tacheté, bigarré, moucheté; divers, différent; mobile, inconstant, changeant ». Fréq. abs. littér.:24.
DÉR. Vairé, -ée, adj., hérald. ,,Se dit de l'écu, quand les points de vair (ou cloches) sont d'autre émail et métal que l'argent et l'azur`` (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 766). Maubeuge — vairé d'or et de gueules. Champagne. Chailly vairé d'argent et de sable. Bretagne (GRANDM. 1852). — [], [-]. Att. ds Ac. 1694-1798. — 1res attest. a) ca 1160 « bigarré, tacheté » (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 4027: de cent colors menu veiriez); b) ca 1229 hérald. (GERBERT DE MONTREUIL, Roman de la Violette, éd. D.L. Buffum, 2694: Couvretures, escu et lanche Avoit [...] D'or et d'asur [...] Vairies, a quartier d'argent); 1297 (MAX PRINET, Armorial de France, 140 ds Le Moyen Âge, t. 31, 1934 ds BRAULT, p. 285: vairé de [...] et de [...]); de vair, suff. -é.
BBG. — BAMBECK (M.). Lexikalisches und Etymologisches. Z. rom. Philol. 1961, t. 77, p. 328. — GEORGE (K.E.M.). Anglicisms in contemporary French... Modern Languages. 1976, t. 57, pp. 25-34. — GIAQUE (G.S.). Toward a history of old French vair. Semasia. 1977, n° 4, pp. 25-33. — GUIRAUD (P.). De la grive au maquereau... Fr. mod. 1966, t. 34, p. 286 (s.v. vairé). — SCHAFER (B.). Die Semantik der Farbadjektive im Altfranzösischen. Tübingen, 1987, pp. 92-94. — THOMAS (A.). Nouv. Essais 1904, p. 122, 141, 144.
vair [vɛʀ] n. m.
ÉTYM. V. 1168; adj., « gris-bleu, bigarré », 1080; lat. varius « tacheté, varié ». → Varier.
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1 Vx. Fourrure d'une espèce d'écureuil (le petit-gris). ⇒ Menu-vair. || La pantoufle de vair de Cendrillon. — REM. Le texte original du conte de Perrault est « la Petite Pantoufle de verre ».
1 Cette fourrure étoit faite de la peau d'une espèce d'escurieu (écureuil) qu'on nommoit aussi vair (…) qui étoit blanche par dessous, et colombine par dessus. Les Pelletiers l'appellent à présent escurieu de Hollande, ou petit-gris. On la diversifioit en grands ou petits carreaux, qu'on appeloit grand vair, ou petit vair.
Furetière, Dict., art. Vair (1690).
2 (…) le choix du verre gris comme matière dans laquelle pouvait être conçue électivement la pantoufle s'expliquait par le désir de concilier les deux substances très distinctes que sont le verre (proposé par Perrault) et le vair, son homophone, dont la substitution au premier rend compte d'une correction d'usage très significative (…À remarquer, d'ailleurs, que la fourrure de vair, lorsqu'elle n'était constituée que de dos d'écureuils, prenait le nom de dos de gris, ce qui ne va pas sans rappeler que, pour l'aînée de ses sœurs, l'héroïne de Perrault s'appelait Cucendron).
A. Breton, l'Amour fou, III, p. 53.
2 (1549). Une des deux fourrures du blason (⇒ aussi Hermine), composée de petites pièces en forme de clochetons (ordinairement d'argent et d'azur), disposées tête-bêche sur des lignes horizontales, chaque pièce du métal étant opposée par la pointe à une pièce de la couleur.
3 (…) cette idée (…) qui avait brillé aux regards de ces hommes, dupes sublimes de leur dévouement monarchique, comme un dédommagement à leurs souffrances et à leur ruine, comme un dernier lambeau de vair et d'hermine qui doublât leur cercueil et rendît moins dur leur dernier sommeil (…)
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Le dessous de cartes… ».
➪ tableau Termes de blason.
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DÉR. Vairé, 1. et 2. vairon.
HOM. Ver, verre, vers, vert.
Encyclopédie Universelle. 2012.