étonner [ etɔne ] v. tr. <conjug. : 1> I ♦ (sens étym.; XVe) Vx Ébranler, faire trembler par une violente commotion.
♢ (XIXe) Techn. Étonner une voûte (⇒ 1. lézarder) . Étonner un diamant, le fêler.
II ♦ (XIe)
1 ♦ Vx Causer une violente commotion morale à (qqn), par admiration ou par crainte. ⇒ bouleverser, foudroyer. Spécialt ⇒ effrayer. « La mort ne vous étonne-t-elle point ? » (Racine).
2 ♦ Langue class. Donner à (qqn) une violente émotion par la surprise. ⇒ ébahir, effarer, renverser, stupéfier, suffoquer; fam. sidérer, souffler (cf. Couper bras et jambes).
3 ♦ Mod. Causer de la surprise à (qqn). ⇒ abasourdir, ahurir, ébahir, frapper, surprendre. Étonner par la beauté, la grandeur, l'importance. ⇒ éblouir, émerveiller, impressionner; fam. épater, époustoufler, estomaquer, scier (cf. En boucher un coin). Cela m'a beaucoup, bien étonné. Cela ne m'étonne pas, j'en ai vu bien d'autres. Plus rien ne l'étonne (cf. Il est blasé, revenu de tout). Tu m'étonneras toujours ! Le dandysme, « c'est le plaisir d'étonner et la satisfaction orgueilleuse de ne jamais être étonné » (Baudelaire). « J'ai grande horreur des paradoxes, et ne cherche jamais à étonner » (A. Gide). « une des caractéristiques du rêve est que rien ne nous y étonne » (Cocteau). Vous en êtes sûr ? Cela m'étonne un peu. Ça ne m'étonne pas : j'en étais sûr. Tu m'étonnes ! je ne te crois pas; iron. cela ne m'étonne pas. Loc. Ça m'étonnerait : je considère cela comme peu probable, peu vraisemblable. Et s'il vient ? Ça m'étonnerait (cf. Il n'y a pas de danger). — ÊTRE ÉTONNÉ DE, PAR. Vous serez étonnés du résultat, par le résultat.
III ♦ S'ÉTONNERv. pron.
1 ♦ Vx Être ébranlé (pr. et fig.), chanceler. « Quoi ? déjà votre foi s'affaiblit et s'étonne ? » (Racine).
2 ♦ Vx S'affoler, s'effrayer. « Le sang coule; on s'étonne, on s'avance, on s'écrie » (Voltaire).
3 ♦ Mod. Trouver étrange; être surpris. S'étonner à l'annonce d'une nouvelle. S'étonner de tout. « l'homme ne s'étonne presque plus à l'annonce de nouveautés plus merveilleuses » (Valéry). — vieilli S'étonner de ce que. « Je ne m'étonne pas de ce que les Grecs ont fait l'Iliade » (Pascal). — S'étonner de (et inf.). Elle s'étonne de le voir arriver si vite. « On ne devrait s'étonner que de pouvoir encore s'étonner » (La Rochefoucauld). — S'étonner que (et subj.). Je m'étonne qu'il n'ait pas écrit. — Avec si (forme interrog. ou négative). Ne t'étonne pas si je ne viens pas.
● étonner verbe transitif (latin populaire extonare, du latin classique attonare, frapper de la foudre) Surprendre quelqu'un, un groupe, par quelque chose d'extraordinaire : Tu m'étonnes tous les jours. Créer chez quelqu'un, un groupe un effet de surprise ; être inattendu : Ça m'étonne qu'il ne soit pas venu. ● étonner (citations) verbe transitif (latin populaire extonare, du latin classique attonare, frapper de la foudre) Roger Caillois Reims 1913-Paris 1978 Académie française, 1971 Il est bon d'étonner, mais […] il faut étonner justement. Art poétique Gallimard Antoine Rivaroli, dit le Comte de Rivarol Bagnols-sur-Cèze 1753-Berlin 1801 Rien n'étonne quand tout étonne : c'est l'état des enfants. Maximes et pensées ● étonner (expressions) verbe transitif (latin populaire extonare, du latin classique attonare, frapper de la foudre) Familier. Ça m'étonnerait, c'est peu vraisemblable, peu probable. ● étonner (homonymes) verbe transitif (latin populaire extonare, du latin classique attonare, frapper de la foudre) ● étonner (synonymes) verbe transitif (latin populaire extonare, du latin classique attonare, frapper de la foudre) Surprendre quelqu'un, un groupe, par quelque chose d'extraordinaire
Synonymes :
- ahurir
- déconcerter
- ébahir
- ébaubir
- éberluer
- épater (familier)
- époustoufler (familier)
- estomaquer (familier)
- saisir
- stupéfier
● étonner
verbe transitif
(de étonner)
Vieux. Ébranler, lézarder une construction.
● étonner (expressions)
verbe transitif
(de étonner)
Étonner le verre, faire couler du verre fondu incandescent dans de l'eau pour le fragmenter en petits morceaux.
étonner
v.
d1./d v. tr. Causer de l'étonnement, de la surprise à (qqn). Son silence m'étonne un peu. Je n'en suis pas étonné.
d2./d v. Pron. Trouver étrange, singulier. Elle ne s'étonne de rien.
— S'étonner de (+ inf.). Il s'étonne de vous voir.
— S'étonner que (+ subj.). Il s'étonne qu'elle ne vienne pas.
— S'étonner de ce que (+ indic. ou subj.). Il s'étonne de ce qu'elle ne vient pas ou ne vienne pas.
⇒ÉTONNER, verbe trans.
A.— Emploi trans.
1. Étonner qqc.
a) [Concr.] Ébranler à la manière du tonnerre. Il [le travail au feu] était utilisé dans l'antiquité pour « étonner » les roches les plus dures (J. CAHEN, BRUET, Carrières, 1926, p. 64, 65).
— En partic., ARCHIT. Provoquer des fissures. Une charge excessive peut étonner une voûte (Lar. 19e).
b) [Abstr.] Ébranler, secouer dans ses fondements, dans son assurance :
• 1. ... un homme généreux, magnanime et modeste, sensible au degré qu'il le faut pour être bon par excellence, d'une droiture incorruptible, d'une sagesse inaltérable, d'un sang-froid, d'un courage que rien n'étonne et que rien n'ébranle...
MARMONTEL, Essai sur rom., 1799, p. 340.
2. Étonner qqn. Surprendre par quelque chose d'extraordinaire ou d'inattendu. Les passages qui vous ont étonné et, je le crains, choqué, s'expliquent par la même raison (MAURIAC, Cah. noir, 1943, p. 382) :
• 2. — Vous avez vécu longtemps en France?
— Moi? Je n'y ai jamais mis les pieds... C'est mon français qui vous étonne? Mais tout le monde parle français à Constantinople...
FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 176.
♦ Constr. impers., rare. Il m'étonne que + subj. Il m'étonne que personne n'ait élevé des objections (CAPUT 1969).
— [S'y ajoute une idée de doute] Vous m'étonnez beaucoup :
• 3. Vous m'étonnez bien davantage en m'apprenant que l'autre épisode, à la louange de la beauté, est assez connu. Je le croyais de mon invention.
COURIER, Lettres Fr. et It., 1803, p. 677.
Rem. Dans la lang. class. on retrouve le sens étymol. du verbe, l'obj. étant ou non exprimé : « épouvanter comme le ferait la foudre ». Les puissances coalisées n'ont pas fait ce qu'il [le prince de Ligne] souhaitait; elles ont laissé à la France le temps de s'aguerrir. Il aurait voulu qu'on commençât par tonner et étonner : on a manqué ce premier coup (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 8, 1851-62, p. 264).
B.— Emploi pronom. Ressentir, éprouver de la surprise ou manifester un doute.
1. S'étonner ou s'étonner de + subst. Il s'étonnait de cette notoriété soudaine qui lui tombait des nues (ROLLAND, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1091) :
• 4. ... lorsque Marthe put descendre pour la première fois et se mettre à table dans la salle à manger, elle s'étonna, elle demanda son mari avec un commencement d'inquiétude. — Voyons, chère dame, ne vous faites pas de mal, dit Mme Faujas; vous retomberez au lit.
ZOLA, Conquête Plassans, 1874, p. 1135.
• 5. Il marche vite. À travers les citronniers, des sentiers de pierres qu'il a suivis vingt fois avec Sybil. Annetta s'étonne. Tu es sûr du chemin? Il tourne à gauche.
MARTIN DU G., Thib., La Sorell., 1928, p. 1185.
2. S'étonner que + subj. Le mari de Mme de F ... s'étonne que je n'aille pas en Italie; il me cite les lacs du nord de l'Italie comme des merveilles qu'il faut voir absolument (DELACROIX, Journal, 1853, p. 33) :
• 6. Je m'étonne toujours à neuf que J.-E. Blanche puisse trouver quelque plaisir que ce soit à me voir; il me semble que je détesterais celui que je me montre à lui, si je le rencontrais quelque part.
GIDE, Journal, 1916, p. 582.
Rem. 1. La constr. s'étonner que + subj. est, dans une lang. moins recherchée, souvent remplacée par s'étonner de + inf. ou s'étonner de ce que + ind. 2. Notons également, après les tournures négatives ou interr. ne pas s'étonner, faut-il s'étonner, la constr. par si + ind. Jusque-là, ne soyez pas étonné si j'ai de la gêne avec vous (STAËL, Lettres jeun., 1790, p. 349). Ne vous étonnez pas s'il bat la campagne cette nuit (ZOLA, Terre, 1887, p. 409). 3. L'empl. pronom. étant de sens passif, le sens et les constr. gramm. de cet empl. se retrouvent sous les formes passives : je suis étonné de, que, de ce que, etc. 4. On rencontre ds la docum. étonneur, subst. masc. Celui qui étonne. L'homme est M. Rivière, l'officier de marine, l'auteur de « Pierrot et Caïn », étonneur vulgaire, qui semble vouloir doubler Dumas en apportant dans le monde des grossièretés plus grosses que son maître (GONCOURT, Journal, 1869, p. 538). Étonneur de bourgeois. Artiste qui s'efforçait, aussi bien dans ses créations et théories artistiques que dans son comportement, de scandaliser le bourgeois de son époque. Ce que j'appellerai les étonneurs de bourgeois et les « épaffeurs, » même de talent, — Taine, — manquent d'une conscience intérieure de la tête. Aussi ne sont-ils jamais des artistes (ID., ibid., 1862, p. 1011).
Prononc. et Orth. :[], (j')étonne []. Enq. : /eton/ (il) étonne. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1100 intrans. « être étourdi (par un coup violent) » (Roland, éd. J. Bédier, 3438), le plus souvent trans. « étourdir » du XIIe au XVIe s. (T.-L.; HUG.); ca 1220 « frapper de stupeur, surprendre » (G. DE COINCY, éd. F. Koenig, II, Mir. 21, 159). Du lat. pop. extonare, issu par changement de préf. du lat. class. adtonare, attonare « frapper de la foudre, frapper de stupeur ». Fréq. abs. littér. : 6 827. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 7 749, b) 8 819; XXe s. : a) 11 414, b) 10 831. Bbg. BRUNET (L.). Qd les nouv. Trissotin « confortent » à tour de bras. Déf. Lang. fr. 1972, n° 62, pp. 16-17. — SCHMITZ (H.). « Wundern und Staunen » im Französischen. Diss. Heidelberg 1939.
étonner [etɔne] v. tr.
ÉTYM. 1080, estoner, Chanson de Roland; du lat. pop. extonare, class. attonare, adtonare « frapper du tonnerre », de ex- (au lieu de ad-), et tonare. → Tonner.
❖
♦ Par ext. (Vx). || Étonner qqn. ⇒ Assommer, assourdir, étourdir.
1 Les troupes et les cors font un tel tintamarre
Que le bon homme est étonné.
La Fontaine, Fables, IV, 4.
b Mod. (Techn.). || Étonner une voûte (⇒ Lézarder, étonnement, 1.). || Étonner un diamant (⇒ Étonnure). || Étonner un caillou, une roche, le (la) fêler. — Étonner le sable (fabrication du cristal), le verre, le fendiller.
2 (V. 1220). Vx. Causer une violente commotion morale à (qqn) « soit par surprise, soit par admiration, soit par crainte » (Trévoux). ⇒ Bouleverser, foudroyer. — Spécialt. Effrayer, terroriser.
2 Incontinent qui fut bien étonné ?
Ce fut Marot, plus que s'il eût tonné.
Clément Marot, Épîtres, XIII.
3 La mort ne vous étonne-t-elle point ?
Racine, Port-Royal.
4 Nos sens n'aperçoivent rien d'extrême, trop de bruit nous assourdit, trop de lumière éblouit (…) trop de vérité nous étonne ! (…)
Pascal, Pensées, II, 72 (→ Apercevoir, cit. 11).
5 On le vit étonner de ses regards étincelants ceux qui échappaient à ses coups (…)
Bossuet, Oraison funèbre du prince de Condé.
6 L'aspect du souverain n'étonna point ce traître.
Voltaire, la Henriade, V.
3 (XVIIe). Mod. Causer de la surprise à (qqn). — REM. Dès le XVIIe s. le verbe a son sens moderne, mais il reste plus fort qu'aujourd'hui dans la langue classique et implique ou peut impliquer alors la stupéfaction. — ⇒ Abasourdir, ahurir, ébahir, ébaubir, éberluer, ébouriffer, effarer, estomaquer, étourdir, frapper, renverser, saisir, stupéfier, suffoquer, surprendre. || Étonner par la beauté, la grandeur, l'importance. ⇒ Éblouir, émerveiller, épater, époustoufler, esbroufer, impressionner (→ Couper bras et jambes, en boucher un coin). || Réplique, réaction qui étonne l'adversaire. ⇒ Confondre, déconcerter, décontenancer, interdire, interloquer. || Cela m'a beaucoup étonné, m'a bien étonné. || Cela ne m'étonne pas, j'en ai vu bien d'autres. || Cela ne devrait pas vous étonner. || Ce livre, cet ouvrage étonne mais ne séduit pas. || Cet orateur aime à étonner ses auditeurs, aime à étonner. || Discours qui étonne à la lecture (→ Ampleur, cit. 3). || Étonner quelqu'un avec, par un récit extraordinaire. || Révélation qui étonne et déroute. ⇒ Dépasser (fig.). || Étonner tout le pays (→ Bosse, cit. 7).
7 (…) un secret (…)
Qui va vous étonner autant qu'il m'a surpris.
Molière, Dom Garcie, V, 5.
8 (…) les philosophes : ils étonnent le commun des hommes — les chrétiens : ils étonnent les philosophes.
Pascal, Pensées, VII, 443.
9 Ce qui m'étonne le plus est de voir que tout le monde n'est pas étonné de sa faiblesse.
Pascal, Pensées, VI, 374.
10 Tantôt sur un pied, gardant le plus savant équilibre, et suspendu sans mouvement pendant plusieurs mesures, il (le danseur) étonne, il surprend par l'immobilité de son aplomb.
Beaumarchais, le Barbier de Séville, Lettre sur la critique.
11 Rien n'étonne quand tout étonne : c'est l'état des enfants.
Rivarol, Notes, pensées et maximes, II, p. 29.
12 En littérature, Voltaire a laissé un de ces monuments dont l'aspect étonne plutôt par son étendue qu'il n'impose par sa grandeur. L'édifice qu'il a construit n'a rien d'auguste.
Hugo, Littérature et Philosophie mêlées, Sur Voltaire.
13 C'est (le dandysme) le plaisir d'étonner et la satisfaction orgueilleuse de ne jamais être étonné.
Baudelaire, Curiosités esthétiques, « Le peintre de la vie moderne », IX.
14 Mon âme a plus de soif d'être étonnée que de tout autre chose. L'attente, le risque, un peu de doute l'exaltent et la vivifient bien plus que ne le fait la possession du certain.
Valéry, Monsieur Teste, p. 40.
15 J'ai grande horreur des paradoxes, et ne cherche jamais à étonner.
Gide, Dostoïevski, p. 253.
16 (…) une des caractéristiques du rêve est que rien ne nous y étonne.
Cocteau, la Difficulté d'être, p. 91.
♦ Vous êtes sûr de cela ? cela m'étonne un peu. ☑ Ça m'étonnerait : je considère cela comme peu vraisemblable. || Il gagne tant que ça ? Tu m'étonnes ! — Par antiphrase. ☑ Fam. Tu m'étonnes ! : c'est évident.
——————
s'étonner v. pron.
1 Vx. (Choses). Être ébranlé. ⇒ Chanceler, trembler. || Voûte qui s'étonne. — Figuré :
17 (…) si je la presse (ma mémoire), elle s'étonne; et, depuis qu'elle a commencé à chanceler, plus je la sonde, plus elle s'empêtre et s'embarrasse (…)
Montaigne, Essais, II, 17.
18 Quoi ? déjà votre foi s'affaiblit et s'étonne ?
Racine, Athalie, I, 2.
2 Vx. (Personnes). Être violemment frappé (par une impression, un sentiment). — S'affoler, s'effrayer.
19 (Babylone) Voyait sans s'étonner notre armée autour d'elle (…)
Racine, Bajazet, I, 1.
20 (…) sans m'étonner de sa force prodigieuse, ni de son air sauvage et brutal, je poussai ma lance contre sa poitrine, et je lui fis vomir, en expirant, des torrents d'un sang noir.
Fénelon, Télémaque, I.
21 Le monstre au même instant tire son coutelas,
L'en frappe, et dans le flanc l'enfonce avec furie.
Le sang coule; on s'étonne, on s'avance, on s'écrie (…)
Voltaire, la Henriade, V.
3 Mod. Être surpris. || S'étonner à la vue d'un spectacle, à l'annonce d'une nouvelle. || S'étonner à propos de quelque chose. || S'étonner de tout. — S'étonner bruyamment de quelque chose. ⇒ Exclamer (s').
22 Je ne m'étonne plus de cet ordre cruel.
Racine, Iphigénie, III, 5.
23 Tu la connais bien peu, puisque tu t'en étonnes.
Voltaire, Mahomet, III, 8.
24 (…) des miracles qui se précipitent et s'accumulent si rapidement que l'homme ne s'étonne presque plus à l'annonce de nouveautés plus merveilleuses (…)
Valéry, Variété IV, p. 152.
♦ Vx. || S'étonner comme, comment… (→ Bon, cit. 35).
25 Le peuple s'étonna comme il se pouvait faire Qu'un homme seul eût plus de sens Qu'une multitude de gens.
La Fontaine, Fables, II, 20.
♦ S'étonner de ce que… (et indic. ou subj.). || Je m'étonne de ce qu'il est venu, de ce qu'il soit venu.
26 Qu'il y a de différence d'un livre à un autre ! Je ne m'étonne pas de ce que les Grecs ont fait l'Iliade, ni les Égyptiens et les Chinois leurs histoires.
Pascal, Pensées, IX, 628.
♦ S'étonner de… (et inf.). → Acheter, cit. 5; apaiser, cit. 26; communion, cit. 3; durée, cit. 2. || Il s'étonna de le voir arriver si vite.
27 On ne devrait s'étonner que de pouvoir encore s'étonner.
La Rochefoucauld, Maximes, 384.
♦ S'étonner que… (et subj.). → Capitaine, cit. 5; comédie, cit. 5; confirmer, cit. 2; désoler, cit. 2. || Je m'étonne qu'il ne soit pas venu.
28 Je ne m'étonne plus qu'interdit et distrait Votre père ait paru nous revoir à regret.
Racine, Iphigénie, II, 4.
♦ Vx (construit avec l'indicatif) :
29 Il s'est étonné que je n'ai rien vu de tout cela.
♦ Vieilli ou littér. || S'étonner si (forme interrogative ou négative). || Ne pas s'étonner si… || Faut-il s'étonner s'il n'a pu venir ?
30 Ne vous étonnez pas si je m'informe des nouvelles de toute la famille (…)
Molière, Dom Juan, IV, 3.
31 (…) je ne m'étonne pas si vous êtes chagrin.
Mme de Sévigné, 910, 30 mars 1683.
32 Tu ne t'étonnes pas si mes fils sont perfides,
S'ils sont tous deux méchants, et s'ils sont parricides (…)
Et tu t'étonnerais s'ils étaient vertueux.
Racine, la Thébaïde, I, 1.
——————
étonné, ée p. p. adj.
1 Vx. (Choses). Ébranlé. — Archit. || Voûte étonnée.
2 Chancelant, étourdi, hébété.
33 (…) c'est un assez grand contentement (…) que votre belle-sœur, après avoir eu deux jours la tête fort étonnée, soit (…) tout à fait remise de sa chute.
Mme de Sévigné, 1245, 21 déc. 1689.
34 La faiblesse de ma tête toujours vide et étonnée m'empêcherait (…) de suivre plus loin ces réflexions.
d'Alembert, Lettre au roi de Prusse, 9 mars 1770.
♦ ☑ Loc. (vx). Être étonné comme un fondeur de cloches, ahuri par l'échec.
3 Vx. Troublé par une violente émotion (admiration, surprise, effroi…).
35 Le Seigneur est notre protection et notre aide au (dans le) besoin : ainsi nous ne serons point étonnés, encore que la terre tremblât et que les montagnes trébuchassent au profond de la mer (…)
36 De vos sens étonnés quel désordre s'empare ?
Racine, Athalie, III, 5.
4 Mod. Surpris, saisi par quelque chose d'extraordinaire, d'inattendu. ⇒ Abasourdi, ahuri, 1. baba (fam.), ébahi, ébaubi, éberlué, effaré, estomaqué, frappé, renversé, saisi, soufflé (fam.), stupéfait, suffoqué, surpris; et aussi ébloui, émerveillé, épaté. || Étonné par une réplique, une repartie inattendue. ⇒ Confondu, désorienté, interdit, interloqué (→ Rester le bec dans l'eau, bouche bée, coi, comme deux ronds de flan, le derrière par terre). || Être, paraître étonné, très étonné (→ Attendre, cit. 104). || Air étonné; regard, œil étonné (→ Ahurissement, cit. 1; arracher, cit. 48; austérité, cit. 6).
37 Julien se tourna vivement, et, frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité. Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout, même ce qu'il venait faire (…)
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, VI.
38 Si prévenu qu'il fût des profusions et des splendeurs de Vaux, Louis XIV en arrivant fut étonné et ne put s'empêcher de le paraître. Fouquet à son tour fut étonné, dit-on, de l'étonnement du maître comme si lui-même ne l'avait pas prévu et n'avait pas tout fait pour cela.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 12 janv. 1852, t. V, p. 302.
39 Je ne savais que dire, ne voulant pas paraître étonné, et écrasé par tant de mensonges.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XII, p. 167.
40 Ses yeux un peu trop ronds lui donnaient l'air d'être toujours étonnée.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, VIII.
♦ N. || Faire l'étonné, l'étonnée.
❖
DÉR. Étonnant, étonnement, étonnure.
Encyclopédie Universelle. 2012.