endurcissement [ ɑ̃dyrsismɑ̃ ] n. m.
• 1495; de endurcir
1 ♦ Rare Fait de devenir plus dur au mal, plus résistant. ⇒ endurance, résistance. L'endurcissement à la fatigue, à la douleur. « Une accoutumance au malheur, un endurcissement » (A. Gide).
2 ♦ Diminution ou perte de la sensibilité morale. ⇒ dessèchement, insensibilité. « quelque chose qui serait pire que la mort et qui serait l'endurcissement de notre cœur » (Duhamel).
⊗ CONTR. Attendrissement, sensibilité.
● endurcissement nom masculin Accroissement de la résistance physique de quelqu'un ; endurance : Endurcissement à la fatigue. Littéraire. Diminution de la sensibilité affective ou morale : L'endurcissement du cœur. ● endurcissement (synonymes) nom masculin Accroissement de la résistance physique de quelqu'un ; endurance
Synonymes :
- entraînement
- résistance
Contraires :
- délicatesse
- fragilité
Littéraire. Diminution de la sensibilité affective ou morale
Synonymes :
- dessèchement
- dureté
- insensibilité
Contraires :
endurcissement
n. m. état d'une personne devenue insensible. L'endurcissement d'un criminel.
⇒ENDURCISSEMENT, subst. masc.
Action, fait d'endurcir ou de s'endurcir; état qui en résulte.
A.— Vx, rare, PATHOL. Fait de durcir, de devenir dur. Synon. durcissement. L'endurcissement du tissu cellulaire chez les nouveau-nés (LITTRÉ).
B.— Rare, domaine de la sensibilité
1. [En parlant d'un organe physiol.] Diminution progressive ou perte totale de la sensibilité (au chaud, à la douleur, etc.). Il s'aperçut (...) d'un certain endurcissement, d'un manque de sensibilité dans l'estomac, qui semblait présager quelque affection squirreuse (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p. 438).
2. [En parlant de la pers.] Fait de s'endurcir physiquement, de devenir plus résistant, de supporter plus énergiquement, une épreuve physique ou morale (fatigue, douleur, intempéries, malheur, etc.). Synon. endurance, force, résistance, trempe.
a) [Épreuve physique] L'endurcissement, qui est si souhaitable. M. Magnin (...) sortait en veston, quelles que fussent l'heure et la saison. Il ne s'enrhumait guère (DUHAMEL, Journal Salav., 1927, p. 60).
b) [Épreuve psychol., morale] Endurcissement au malheur. Il y a certainement une accoutumance au malheur, un endurcissement, ou mieux : l'habitude du retrait (GIDE, Journal, 1915, p. 515) :
• ... au front tout le monde avait peur (...). La fréquentation du péril peut vous donner un endurcissement, mais pas toujours. Souvent au contraire elle exaspère la sensibilité, augmente le frémissement préalable.
ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Verdun, 1939, p. 225.
C.— Domaine de la sensibilité morale et spirituelle. Fait de s'endurcir, de devenir dur, moins sensible ou insensible, inaccessible à des sentiments d'humanité. Endurcissement du cœur, de l'âme. (Quasi-)synon. dessèchement, durcissement, insensibilité; anton. attendrissement, sensibilité. Le monde endurcit le cœur à la plupart des hommes; mais ceux qui sont moins susceptibles d'endurcissement sont obligés de se créer une sorte d'insensibilité factice pour n'être dupes ni des hommes, ni des femmes (CHAMFORT, Max. et pens., 1794, p. 51).
— En partic. Opiniâtreté, obstination. Le journal, érigé en système, et pratiqué avec endurcissement (ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Verdun 1939, p. 6). Les lois implacables, les principes sans retour. C'est le style guillotine. Un tel endurcissement dans la logique suppose cependant une passion profonde (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 159).
D.— RELIG. JUDÉO-CHRÉT. et cour. [Correspond à endurcir D]
1. [En parlant de Dieu] Action d'endurcir l'homme, le peuple pécheur qui s'obstine à vivre séparé de Dieu (cf. endurcir). L'endurcissement d'Israël, de Pharaon. Synon. aveuglement, obstination (dans le péché). L'endurcissement (...) sanctionne le péché dont l'homme ne se repent pas (Théol. bibl. 1970).
2. [En parlant de l'homme pécheur, du peuple pécheur] Fait de s'endurcir, de s'obstiner dans le péché; absence de contrition, de repentir. Endurcissement du cœur, de l'âme; endurcissement au péché. (Quasi-)synon. impénitence; anton. conversion, pénitence. Pharaon! Pharaon! songeait Costals. L'endurcissement de Pharaon... Mais c'est Jéhovah qui l'endurcit, et le punit ensuite de son endurcissement (MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1362). L'endurcissement de l'âge, (...) l'impossibilité où l'âme se trouve de se convertir, une fois que le moment est passé (GREEN, Journal, 1942, p. 186).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1495 « diminution ou perte de la sensibilité » (J. de Vignay ds DG : l'endurcissement des orgueilleus); 1548 « action de rendre plus dur; état de ce qui est endurci (physique) » (N. DU FAIL, Cont. d'Eutr., XXXV ds GDF. Compl.). Dér. du rad. du part. prés. de endurcir; suff. -(e)ment1. Fréq. abs. littér. : 60.
endurcissement [ɑ̃dyʀsismɑ̃] n. m.
ÉTYM. 1495; de endurcir.
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1 (1864). Rare. Le fait de s'endurcir, de devenir plus dur au mal, plus résistant. ⇒ Accoutumance, endurance, entraînement, habitude, résistance. || Endurcissement à la fatigue. || Endurcissement d'un organe à la douleur : perte de la sensibilité.
1 Il s'aperçut (…) d'un certain endurcissement, d'un manque de sensibilité dans l'estomac, qui semblait présager quelque affection squirreuse.
Baudelaire, les Paradis artificiels, « Un mangeur d'opium », V.
♦ Spécialt (agric.). Accroissement de la résistance du blé au froid, par adaptation préalable.
2 Diminution ou perte de la sensibilité morale. ⇒ Dessèchement, dureté, insensibilité. || L'endurcissement du cœur, de l'âme. — Endurcissement au péché. ⇒ Impénitence. || Endurcissement au malheur, à l'infortune. ⇒ Accoutumance (cit. 4).
2 Dom Juan, l'endurcissement au péché traîne une mort funeste (…)
Molière, Dom Juan, V, 6.
3 Dieu a voulu racheter les hommes et ouvrir le salut à ceux qui le cherchaient; mais les hommes s'en rendent si indignes qu'il est juste que Dieu refuse à quelques-uns, à cause de leur endurcissement, ce qu'il accorde aux autres par une miséricorde qui ne leur est pas due.
Pascal, Pensées, VII, 430.
4 On a dit que les dissolus sont compatissants, que ceux qui sont portés à l'incontinence paraissent d'ordinaire chatouilleux et fort tendres à pleurer, mais que les âmes qui travaillent à demeurer chastes n'ont pas une si grande tendresse. Cela ne contredit nullement, mon ami, ce que je vous dénonce de l'endurcissement et de la facilité de violence qui suit les plaisirs.
Sainte-Beuve, Volupté, XXI, p. 213.
5 (…) j'ai peur de quelque chose qui serait pire que la mort et qui serait l'endurcissement de notre cœur.
G. Duhamel, Récits des temps de guerre, IV, XIX, p. 72.
6 (…) je regrette de ne pas lui avoir dit, hier soir, que le terme d'« endurcissement » dont je me suis servi à son propos et qui l'a peiné, je crois, trahit ma pensée, car il est péjoratif. C'est « durcissement » que je voulais dire. Mitterrand s'est durci et non endurci.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 269.
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Encyclopédie Universelle. 2012.