accoutumance [ akutymɑ̃s ] n. f.
• acostomance 1160 ; de accoutumer
1 ♦ Le fait de s'habituer, de se familiariser. « Il y a certainement une accoutumance au malheur » (A. Gide). ⇒ acclimatement, adaptation, habituation. « Dans mon accoutumance à la voir malade » (Proust). — Absolt L'accoutumance. ⇒ habitude.
2 ♦ Méd. Processus par lequel un organisme tolère de mieux en mieux un agent extérieur (⇒ immunisation, insensibilisation); son résultat (⇒ immunité). Accoutumance à un poison. ⇒ mithridatisation. — État dû à l'usage prolongé d'un médicament, d'une drogue (désir de continuer, effets nuisibles, etc.). Ce médicament n'a pas d'effet d'accoutumance (⇒ besoin, dépendance, toxicomanie) .
● accoutumance nom féminin Fait de s'accoutumer à quelque chose, d'être accoutumé à quelque chose. Écologie Résistance de plus en plus grande d'une population d'insectes aux insecticides. (Obligeant parfois à multiplier par 1 000, au bout de 20 ans, la dose nécessaire pour détruire la population nuisible, l'accoutumance a pour cause une sélection naturelle des lignées les plus résistantes, dès l'origine ou à la suite de mutations favorables.) Éthologie Forme simple d'apprentissage caractérisée par la disparition d'une réponse à une stimulation particulière et qui résulte de la répétition de cette stimulation si elle n'est pas suivie de renforcement. Médecine Atténuation ou disparition de l'activité d'un médicament à la suite de son administration répétée, nécessitant une augmentation des doses. Psychiatrie Dépendance psychique à l'égard d'une drogue. ● accoutumance (synonymes) nom féminin Fait de s'accoutumer à quelque chose, d'être accoutumé à quelque chose.
Synonymes :
- coutume
- habitude
- manie
- pli
- routine
- us (vieux)
- usage
Contraires :
- dépaysement
- désaccoutumance
Éthologie. Forme simple d'apprentissage caractérisée par la disparition d'une réponse à...
Synonymes :
Médecine. Atténuation ou disparition de l'activité d'un médicament à la suite...
Synonymes :
- immunité
- tolérance
Contraires :
- intolérance
accoutumance
n. f.
d1./d Fait de s'accoutumer, de s'habituer.
d2./d MED Phénomène d'adaptation de l'organisme à un médicament ou à une drogue, qui entraîne la nécessité d'en augmenter les doses pour obtenir l'effet habituel.
⇒ACCOUTUMANCE, subst. fém.
A.— Fait, pour un être animé, de s'accoutumer ou d'être accoutumé (à qqn ou à qqc.).
1. [Suivi d'un compl. introd. par la prép. à; le verbe correspondant serait s'accoutumer à, être accoutumé à] :
• 1. Plusieurs jours consécutifs ce fut ainsi, une accoutumance lente et calme aux êtres et aux choses, dans l'attente d'une délivrance qu'elle espérait toujours prochaine et dont elle manifestait le désir en cognant à coups de bec aux barreaux de sa prison.
L. PERGAUD, De Goupil à Margot, 1910, p. 218.
• 2. Il y a certainement une accoutumance au malheur, un endurcissement, ou mieux : l'habitude du retrait, certaine faculté de repliement, par quoi les natures non épanouies n'offrent aux coups du sort presque plus de surface sensible.
A. GIDE, Journal, 1915, pp. 515-516.
• 3. Les coudes sur les tubes de mon fauteuil, je me sens envahi par une torpeur très spéciale, à la fois patiente et résignée, celle que me donne une accoutumance déjà longue aux mœurs et aux manières espagnoles.
A. T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, p. 118.
2. [Sans compl.] :
• 4. « ... j'imagine que d'autres êtres (qui sont mes semblables) y persévèrent souvent jusqu'à la mort, sauvés par l'accoutumance peut-être, chloroformés par l'habitude, abrutis, endormis contre le sein de la famille maternelle et toute-puissante. Mais moi, mais moi, mais moi... »
F. MAURIAC, Thérèse Desqueyroux, 1927, p. 253.
• 5. Il semble que le travail scolaire soit d'apprivoiser les classiques; ils paraissent tempérés, assagis, adoucis inoffensifs; leurs armes les plus acérées, l'accoutumance les émousse. On ne les lit pas bien sans leur redonner du tranchant.
A. GIDE, Journal, 1936, p. 1243.
• 6. C'est ici qu'on peut parler d'une médication de l'habitude-accoutumance par l'émotion-surprise; Descartes disait que « toutes les passions sont bonnes pourvu qu'elles soient réglées par la connaissance ». La surprise qui associe le corps à la découverte de l'insolite, de l'étrange, du neuf, nous arrache à l'accoutumance. Quant tout est attendu, banal, « tout naturel », « l'admiration » peut rompre le pacte tacite de familiarité désarmante entre notre vie et notre décor. et rendre une jeunesse nouvelle aux gestes les plus usés; ...
P. RICŒUR, Philosophie de la volonté, 1949, p. 299.
Rem. 1. Au plur., le mot signifie « variété ou espèce d'accoutumance » :
• 7. Enfin il faut songer, en supposant un homme assez adroit et assez vigoureux pour se soustraire à cette alternative, à un autre danger, fatal, terrible, qui est celui de toutes les accoutumances. Toutes se transforment bientôt en nécessités. Celui qui aura recours à un poison pour penser ne pourra bientôt plus penser sans poison. Se figure-t-on le sort affreux d'un homme dont l'imagination paralysée ne saurait plus fonctionner sans le secours du haschisch ou de l'opium?
Ch. BAUDELAIRE, Paradis artificiels, Le Poëme du haschisch, 1860, p. 386.
Rem. 2. Sur le modèle de par habitude s'est créée la loc. par accoutumance « par le fait que qqn s'accoutume à qqc. » :
• 8. J'arrivai ainsi aux murs de la maisonnette, qui me parut un peu plus accessible que la veille, car il en est de nos habitudes comme de nos études, et un esprit patient et résolu se forme à tout par accoutumance. Je m'arrêtai cependant avant d'entrer au bruit extraordinaire qui partait de l'intérieur.
Ch. NODIER, La Fée aux miettes, 1831, pp. 168-169.
• 9. ... le courant continu devenait par accoutumance presque insensible, mais l'on se rendait compte de sa très réelle puissance; par sa propre faiblesse à soi, aussitôt qu'il se trouvait interrompu.
J.-K. HUYSMANS, L'Oblat, t. 2, 1903, p. 256.
3. Emplois spéc.
— PHYSIOL., PSYCH. L'accoutumance ,,c'est le phénomène biologique qui permet à l'organisme de s'adapter progressivement à certaines substances toxiques et à en tolérer des doses quotidiennes qui seraient mortelles pour un organisme vierge``. (POROT 1960) :
• 10. Il ne faut redouter ni l'accoutumance, ni les phénomènes d'intolérance.
LANGERON ds (F. Widal, J. Teissier, G.-H. Roger, Nouveau traité de médecine, fasc. 4, 1920-1924, p. 508).
• 11. L'usage de l'opium exige beaucoup de sagesse, de « modération » au sens antique du mot. Il y a une dose d'opium au-delà de laquelle l'effet s'émousse au lieu de s'accentuer, — effet optimum, effet maximum, ce qui distingue le biologique du mécanique —, dose optima qui varie perpétuellement selon le degré d'accoutumance, selon aussi que le fumeur reste étendu ou se promène, parle ou se tait, travaille ou dort, optimum qu'il faut sans cesse chercher par tâtonnements, guetter, calculer, aménager, piéger.
R. VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 37.
— PÊCHE. ,,On dit qu'il y a accoutumance, dans la pêche des poissons carnassiers, lorsque ces derniers ont appris à différencier le leurre de l'esche véritable. Pour les pêcheurs de poissons blancs, créer l'accoutumance c'est habituer le poisson à goûter puis à apprécier un appât ou une esche qu'il n'a pas l'habitude de trouver à l'état naturel dans la rivière. Les esches cuites sont aussi appelées esches d'accoutumance à cause de l'emploi qu'on en fait à cette fin.`` (Lar. encyclop.).
B.— Vx ou région. Habitude, coutume (gén. anc.).
1. Arch. Accoutumance de, avoir accoutumance de + inf. :
• 12. « Le docteur Johnson fait une observation fort juste (et pleine de sentiment, ce que malheureusement on ne peut pas dire de toutes ses observations), c'est que nous ne faisons jamais sciemment pour la dernière fois, sans une tristesse au cœur, ce que nous avons depuis longtemps accoutumance de faire. Je sentis profondément cette vérité, quand j'en vins à quitter un lieu que je n'aimais pas et où je n'avais pas été heureux. (...) »
Ch. BAUDELAIRE, Paradis artificiels. 1860, p. 393.
• 13. ... les tiraillements bizarres d'un grand nez tout gonflé de morgue circonspecte révélaient l'accoutumance, propre aux nomades, de flairer le vent de divers pays; ...
O.-V. MILOSZ, L'Amoureuse initiation, 1910, p. 13.
2. Région. D'accoutumance. D'habitude :
• 14. Le gniaffe possède d'accoutumance un apprenti ou un semainier, qu'il domine de toute la hauteur de son expérience et de son génie. (P. Borel, Le Gniaffe, p. 376).
Les Français peints par eux-mêmes. t. 4, 1841.
• 15. « Je le trouve plus sot que d'accoutumance. » (G. Sand).
L. VINCENT, La Langue et le style rustique de George Sand dans ses « Romans champêtres », 1916, p. 138.
3. Emploi spécial, ICONOLOGIE. ,,Homme âgé, chargé d'instruments propres aux arts, s'appuie d'une main sur un bâton, et de l'autre tient un rouleau avec cette devise : En marchant il acquiert des forces; vires acquirit eundo. Une roue tourne devant lui, pour marquer qu'il tire toute sa force de l'action.`` (BESCH. 1845).
Rem. Longtemps considéré comme vieillissant (Vaugelas, Ac. 1762) ou comme familier (Ac. 1718, 1740), puis comme vieux (Ac. 1835, Ac. Compl. 1842, Ac. 1878), ce sens est relevé sans commentaire ds Ac. 1798 et 1932 avec l'ex. : mauvaise accoutumance.
Prononc. :[]. — Rem. FÉR. 1768 note la 2e syllabe longue. Enq. ://.
Étymol. ET HIST. — 1160 « habitude que l'on prend » (BENOIT DE SAINTE-MAURE, Chron. Ducs de Norm., II, 8426 ds GDF. Compl. :Pris avoit une acostomance Dunt il out puis grant malevoillance).
Dér. de accoutumer; suff. -ance.
STAT. — Fréq. abs. litt. :100.
BBG. — BAR 1960. — BÉNAC 1956. — BOURGUIGNON (J.). Quelques archaïsmes dans les Fables de La Fontaine. In :[Mélanges Gamillscheg (E.)]. München, 1968, p. 83. — DUPIN-LAB. 1846 (s.v. acoustumance). — FROMH.-KING 1968. — GARNIER-DEL. 1961. [1958] — HUSSON 1964. — LAFON 1963. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — MOOR 1966. — POROT 1960. — Psychol. 1969. — SILL. 1965.
accoutumance [akutymɑ̃s] n. f.
ÉTYM. 1160, acostomance; de accoutumer.
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1 Le fait de s'habituer, de s'accoutumer (à qqch.), de se familiariser (avec qqch.). ⇒ Coutume, habitude, usage. || L'accoutumance de qqn à qqch. || L'accoutumance à qqch., à la douleur, au malheur. || L'accoutumance à supporter qqch. ⇒ Aguerrissement, endurcissement. || Une accoutumance rapide, lente. — Absolt. || L'accoutumance. ⇒ Habitude.
1 L'accoutumance ainsi nous rend tout familier;
Ce qui nous paraissait terrible et singulier
S'apprivoise avec notre vue (…)
La Fontaine, Fables, IV, 10.
2 La jeunesse change ses goûts par l'ardeur du sang, et la vieillesse conserve les siens par l'accoutumance.
La Rochefoucauld, Maximes, 109.
3 Dans (…) mon accoutumance à la voir malade, je ne contenais en moi qu'à l'état virtuel le souvenir de ce qu'elle avait été.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. IX, p. 201.
4 Il y a certainement une accoutumance au malheur, un endurcissement ou mieux : l'habitude du retrait, certaine faculté de repliement, par quoi les natures non épanouies n'offrent aux coups du sort presque plus de surface sensible.
Gide, Journal, 7 nov. 1915.
♦ Spécialt. Le fait de s'adapter à des situations nouvelles. ⇒ Acclimatation, adaptation.
2 Biol. Processus par lequel un être vivant devient de moins en moins sensible à l'action d'un agent. ⇒ Immunisation, insensibilisation. || L'accoutumance (humaine) à un poison. || Accoutumance des insectes aux insecticides. — État d'immunité qui en résulte. ⇒ Mithridatisation.
♦ Spécialt. État dû à l'usage prolongé d'une drogue (désir de continuer, effets nuisibles, etc.). ⇒ Dépendance, toxicomanie.
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CONTR. Désaccoutumance. — Anaphylaxie, intolérance, sensibilisation.
Encyclopédie Universelle. 2012.