élite [ elit ] n. f.
1 ♦ Ensemble des personnes considérées comme les meilleures, les plus remarquables d'un groupe, d'une communauté. ⇒ fleur; fam. crème, gratin (cf. Le dessus du panier). L'élite intellectuelle. Culture réservée à l'élite. ⇒ élitaire. « Dans une société, ceux qui ont des lumières, de l'aisance et de la conscience, ne sont qu'une petite élite » (Taine).
♢ Loc. adj. D'élite : hors du commun; distingué, éminent, supérieur. Tireur d'élite. « Les hommes triés pour la cavalerie d'élite » (Balzac). Une nature, un sujet d'élite. « Pour les âmes d'élite, il y a des souffrances de choix » (A. Gide).
2 ♦ (1928) Au plur. Les personnes qui occupent le premier rang, de par leur formation, leur culture. « Cette aristocratie plébéienne où dorénavant se recrutent les élites » (Martin du Gard). Les élites locales. ⇒ notable. Favoriser la formation des élites, plutôt que la culture populaire. ⇒ élitisme, élitiste.
⊗ CONTR. 1. Masse.
● élite nom féminin (ancien français eslit, participe passé de élire) Groupe minoritaire de personnes ayant, dans une société, une place éminente due à certaines qualités valorisées socialement : Élite intellectuelle. Le poids social des élites. Premier ban des obligations militaires (de 20 à 32 ans), dans l'armée suisse. ● élite (citations) nom féminin (ancien français eslit, participe passé de élire) Henry Becque Paris 1837-Paris 1899 L'élite, c'est la canaille. Notes d'album G. Crès Georges Bernanos Paris 1888-Neuilly-sur-Seine 1948 On ne refera pas la France par les élites, on la refera par la base. Les Grands Cimetières sous la lune Plon Gustave Le Bon Nogent-le-Rotrou 1841-Paris 1931 Le véritable progrès démocratique n'est pas d'abaisser l'élite au niveau de la foule, mais d'élever la foule vers l'élite. Hier et demain Flammarion Lucain, en latin Marcus Annaeus Lucanus Cordoue 39 après J.-C.-Rome 65 Le genre humain vit grâce à quelques hommes. Humanum paucis vivit genus. Pharsale, V, 343 Sénèque, en latin Lucius Annaeus Seneca, dit Sénèque le Philosophe Cordoue vers 4 avant J.-C.-65 après J.-C. Le travail réclame l'élite des humains. Labor optimos citat. De la providence, 5 ● élite (expressions) nom féminin (ancien français eslit, participe passé de élire) D'élite, d'une valeur hors du commun, d'une qualité supérieure : Tireur d'élite. ● élite (synonymes) nom féminin (ancien français eslit, participe passé de élire) Groupe minoritaire de personnes ayant, dans une société, une place...
Synonymes :
- crème (familier)
- fine fleur
- fleur
- gratin (familier)
Contraires :
- bas-fond
- déchet
- écume
- lie
- menu fretin (familier)
- rebut
élite
n. f.
d1./d Ensemble formé par les meilleurs éléments d'une communauté. OEuvre destinée à une élite.
|| D'élite: parmi les meilleurs.
— Un tireur d'élite, particulièrement habile.
d2./d (Plur.) Les élites: les membres des catégories sociales jouissant d'une position particulièrement élevée.
⇒ÉLITE, subst. fém.
I.— [Avec ou sans déterminant] Ce qu'il y a de meilleur dans un ensemble composé d'êtres ou de choses; produit d'une élection qui, d'un ensemble d'êtres ou de choses, ne retient que les meilleurs sujets.
A.— Usuel. [À propos d'êtres hum.]
1. Au sing. Minorité d'individus auxquels s'attache, dans une société donnée, à un moment donné, un prestige dû à des qualités naturelles (race, sang) ou à des qualités acquises (culture, mérites). Synon. crème, fleur.
a) [Sans déterminant] La jeune tribu du désert était déjà une élite (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 424). Il n'y a que l'élite qui compte et l'élite ne se constitue pas avec des diplômes (LÉAUTAUD, Passe-temps, 1929, p. 219) :
• 1. Ainsi quand on oppose l'élite à la masse, on est sans ressource pour comprendre comment un individu se hausse au-dessus de ses propres représentations collectives.
RICŒUR, Philos. de la volonté, 1949, p. 118.
— Domaine milit., région. (Suisse romande). Troupe formée des hommes âgés de vingt à trente deux ans. Incorporé dans l'élite. La compagnie, réduite de moitié par l'absence de l'élite occupant le poste, prend possession du matériel (A. HALLER, À l'extrême frontière, La Chaux-de-Fonds, 1948, p. 183).
♦ Cours d'élite. Périodes de service que le soldat doit accomplir pendant qu'il est incorporé dans cette classe d'âge.
Rem. La docum. atteste un emploi du mot pour désigner un individu déterminé. Mon Dieu! j'aime tant Cécile que j'aurais souhaité pour elle un mari absolument parfait, une exception, une élite exquise (FEUILLET, Journal femme, 1878, p. 56).
b) [Avec adj. épithète ou compl.]
[Qualificatif] Élite cultivée; brillante, fausse élite. Une élite intelligente, une aristocratie d'artistes (MICHELET, Insecte, 1857, p. 330). Je n'avais pas pensé aux raffinements de la « haute bourgeoisie » et de « l'élite pensante » (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 1027).
c) [Déterminatif]
— [Le déterminant désigne l'ensemble, le mil. d'où est issue l'élite] L'élite polytechnicienne, rurale; l'élite de la nation, de la roture. C'était surtout aux Camaldules que l'élite des hautes classes se plaisait à l'[le cardinal Annibal] entendre (SAND, Lélia, 1839, p. 507). L'élite ouvrière éveillée aux réalités sociales (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p. 249) :
• 2. Oui, malgré les difformités de mon intelligence, qui me vouaient au mépris de M. Beaussier et me retranchaient à jamais de l'élite scolaire, j'aurais voulu briller sur les bancs de la classe et recueillir les lauriers comme un héros antique.
FRANCE, La Vie en fleur, 1922, p. 359.
— [Le déterminant désigne les sujets qui composent l'élite] Élite de gens riches. Vous ne partagez votre rare compétence et votre scrupuleuse susceptibilité qu'avec une élite restreinte de connaisseurs (ARNOUX, Roi, 1956, p. 184).
— [Le déterminant désigne le domaine dans lequel l'élite manifeste sa prééminence] Élite morale, politicienne. L'élite intellectuelle militaire d'alors (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 31).
Rem. Le mot est souvent empl. dans une intention iron., p. allus. au sentiment de suffisance des individus ou des groupes qui s'attribuent le titre d'élite; dans ce cas, il est parfois mis entre guillemets. De ces jeunes gens qui se figurent de bonne foi constituer « l'élite » et restaurent en faveur de l'argent la théorie du droit divin (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 135).
2. Au plur. avec art. déf. (néol. début XXe s.). Classe minoritaire composée de gens qui, du fait de leur naissance et de leurs mérites, de leur culture et de leur capacité sont reconnus (ou se reconnaissent) comme les plus aptes soit à occuper les premières places de la société à laquelle ils appartiennent, soit à donner le ton à leur milieu. Les élites ouvrières, locales; le poids des élites. Son astuce a été de persuader nos élites que l'anticléricalisme était « primaire » (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 72). Il me fallait donc prendre appui dans le peuple plutôt que dans les « élites » qui, entre lui et moi, tendaient à s'interposer (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 8).
— En partic., péj. Milieux restreints d'une société dont les membres s'arrogent le droit de juger des choses de l'esprit, de faire et de défaire les réputations. Son [de Jean Marais] instinct le dresse contre le chœur, le vox populi, le verdict des élites (COCTEAU, Poés. crit. I, 1959, p. 236).
B.— Vieilli ou rare. [S'appliquant à des choses] Dans un lot d'objets, ceux qui sont choisis parce que, par leur qualité, ils en constituent la partie la plus saine, la meilleure ou la plus belle. L'élite de leurs fruits [des hommes d'après le déluge], le choix de leurs troupeaux (DELILLE, « Paradis perdu », 1804, pp. 313-315). En plaçant dans le grand salon une élite de tableaux, on doit bien se garder d'ôter à la grande galerie toutes ses œuvres capitales (MÉRIMÉE, Mél. hist. et littér., 1855, p. 349).
II.— Loc. adj. D'élite. D'une valeur hors ligne, d'une qualité supérieure.
A.— Usuel. [En parlant d'un être hum.] Âme, bataillon, homme, troupe d'élite. Comme tous les hommes, triés pour la cavalerie d'élite, sa taille [de Michaud], belle et svelte encore, pouvait faire dire du garde qu'il était bien découplé (BALZAC, Paysans, 1844, p. 96) :
• 3. L'Allemagne restait le grand pays, au-dessus des autres (...). Et la race allemande méritait de dominer. Ces choses, il ne les voyait pas par lui-même. Il ne voulait bien entendu pas se citer, ni ses camarades, ni personne de ceux qu'il connaissait autour de lui. Tous ces gens-là étaient des gens comme les autres, exactement pareils aux Français. Mais il devait y avoir au-dessus de tout cela des êtres d'élite, représentant cet idéal.
VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 331.
B.— Vieilli et rare. [En parlant d'une chose] Dans certaines années on arrivait à vider les fûts que donnait ce vignoble d'élite (MAUPASS., Mt-Oriol, 1887, p. 33). Ses eaux-fortes [de Guérard] méritent une place d'élite aux cartons des bons collectionneurs, elles sont vigoureuses et larges (MAUCLAIR, Maîtres impressionn., 1904, p. 178).
Rem. La docum. atteste a) Élitaire, adj. Qui caractérise l'élite, réservé à une/l'élite. Art élitaire. La conception élitaire de Comte avec sa théocratie du savoir (M. YOUNG, L'Europe de l'an 2000, Paris, Fayard, 1972, p. 204). b) Élitisme, subst. masc., péj. Politique qui vise avant tout à former et à sélectionner une élite intellectuelle. Une autre caractéristique néfaste du système scolaire français tient à son élitisme (Entreprise, 21 mars 1971, p. 9, col. 3). c) Élitiste, adj. et subst. masc. (Celui) qui est favorable à l'élitisme. La vieille société hiérarchique et élitiste (G. Suffert ds L'Express, 19 avr. 1971, p. 74, col. 2). Les « élitistes », soit 7 %. C'est l'aristocratie, le sang bleu de la culture (M. Motte ds L'Express, 19 oct. 1970, p. 58, col. 2).
Prononc. et Orth. :[elit]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1176 a vostre eslite « à votre choix » (CHR. DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 4233); fin XIVe s. elite « ce qu'il y a de meilleur » (CHR. DE PISAN, Livre du duc des vrais amans, éd. M. Roy, t. 3, p. 71, 396). Substantivation de l'anc. part. passé eslit (du XIIe s. ds GDF. au XVIe s. ds HUG.). de élire. Fréq. abs. littér. :868. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 847, b) 873; XXe s. : a) 1 434, b) 1 637. Bbg. GALL. 1955, p. 58. — Nouv. venus. Amis Lex. fr. Lex. dern. 1975, n° 3, p. 3 (s.v. élitisme). — QUEM. Fichier.
élite [elit] n. f.
ÉTYM. XIVe; « choix, action d'élire (1.) », au XIIe (1176); substantivation du fém. de élit, anc. p. p. de élire « choisir ».
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1 Ensemble des personnes considérées comme les meilleures, dans un groupe, une communauté, formant une minorité caractérisée par sa supériorité (le choix des critères étant ou non exprimé). — (Avec un compl. de n. désignant le milieu, le groupe auquel appartient et dont se distingue l'élite). || L'élite de la population, d'une nation. || L'élite de la bourgeoisie, de la cour, de la haute société. ⇒ Aristocratie (4.), fleur (I., 5.); fam. crème, gratin; → Le dessus du panier. || L'élite d'une profession.
REM. Certains compléments, désignant un groupe considéré comme « bas », ne sont pas usuels (« l'élite de la roture », in T. L. F.) ou entraînent un effet stylistique (ironique, etc.). En outre, le mot a aujourd'hui une valeur abstraite qu'il n'avait pas dans la langue classique.
1 L'élite de leurs troupes était là (…)
Racine, les Campagnes de Louis XIV.
♦ Une élite de… (compl. au plur.) : un groupe supérieur parmi les… || Une élite d'artistes, de connaisseurs.
♦ (Qualifié par un adj. désignant le groupe). || L'élite ouvrière, syndicaliste. || L'élite rurale. — (Qualifié par un adj. désignant le domaine de supériorité). || L'élite, une élite intellectuelle, morale, artistique. || « L'élite intellectuelle militaire d'alors » (Joffre, in T. L. F.).
1.1 Nous nous trouvons donc là en présence d'une élite politique, religieuse et économique qu'il serait insensé d'ignorer, de méconnaître et de ne pas utiliser car, associée étroitement à l'œuvre que nous avons à réaliser au Maroc, elle peut et doit l'aider puissamment.
L. H. Lyautey, Paroles d'action, p. 173.
♦ (Qualifié par un adj. qualificatif). || L'élite, une élite brillante, cultivée. || Une petite élite. || Une minuscule élite. — Iron. || L'élite pensante. — Fausse élite : groupe qui se considère ou est considéré comme une élite, mais ne le mérite pas (selon le locuteur). || Une soi-disant élite.
1.2 On doit en finir avec cette idée des chefs-d'œuvre réservés à une soi-disant élite, et que la foule ne comprend pas; et se dire qu'il n'y a pas dans l'esprit de quartier réservé comme il y en a pour les rapprochements sexuels clandestins.
A. Artaud, le Théâtre et son double, En finir avec les chefs-d'œuvre, Idées/Gallimard, p. 103.
♦ (Non qualifié). || Une élite, l'élite. || Opposer l'élite à la masse, au peuple. ⇒ Élitisme. || « Il n'y a que l'élite qui compte » (Léautaud). || Une culture réservée à l'élite. ⇒ Élitaire.
2 (…) dans une société, ceux qui ont des lumières, de l'aisance et de la conscience, ne sont qu'une petite élite; la grosse masse, égoïste, ignorante, besogneuse, ne lâche son argent que par contrainte (…)
Taine, les Origines de la France contemporaine, III, t. I, p. 110.
3 Et n'est-ce pas faire tort à Normale, dont le tamis sans pareil extrait de l'élite même une poignée, que de la comparer à Polytechnique, où l'on est bien forcé de croire qu'il se glisse, dans le tas, pas mal de tout venant ?
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XVIII, p. 200.
2 Milit. Régional (Suisse). Troupe composée des hommes âgés de vingt à trente-deux ans. || Être incorporé dans l'élite. || Troupes d'élite. || Cours d'élite : période de service correspondant à cette classe d'âge. ⇒ Landsturm, landwehr.
3 (1928). Au plur. || Les élites : les personnes qui, dans tous les domaines, occupent le premier rang. || Le recrutement des élites (→ Cellule, cit. 10). || La responsabilité des élites. — (Qualifié). || Les élites locales. ⇒ Notable. || Les élites ouvrières. || Favoriser la formation des élites, plutôt que la culture populaire.
4 On a dit souvent que les peuples valent ce que valent leurs élites. C'est vrai. Encore faut-il s'entendre sur le sens de ce mot. Trop longtemps l'élite a été définie comme une classe pourvue d'un droit. Elle le tint d'abord de la naissance (…) Elle le tint ensuite de la richesse (…) Ou enfin elle le tint de l'intelligence (…) Si nous assistons aujourd'hui à la disparition de ces anciennes élites, ce dont il est de bon ton de se désoler, c'est parce qu'elles avaient cessé d'assumer le rôle qui doit être celui d'une aristocratie véritable; de provoquer la marche en avant de la société tout entière.
Daniel-Rops, Ce qui meurt et qui naît, I, p. 28.
4 Vx. || L'élite de… (compl. n. de chose) : la partie la meilleure.
5 D'élite : qui appartient à l'élite; distingué, éminent, supérieur. || Soldat d'élite. || Tireur d'élite. || Un corps d'élite (→ Créer, cit. 18). || Troupes d'élite. — Âme, caractère, créature, nature, sujet d'élite (→ Donner, cit. 57).
REM. Élite ne se dit plus en parlant des choses matérielles. On dira par exemple : Les cuisiniers d'élite n'emploient que des produits de choix. Cf. cependant « ce vignoble d'élite » (Maupassant, in T. L. F.).
5 (…) la bonne société, la société délicate, la société d'élite, la société fine et maniérée qui, d'ordinaire, a des nausées devant le peuple qui peine et sent la fatigue humaine.
Maupassant, la Vie errante, Lassitude.
6 (…) chacun a les aventures qu'il mérite; et, pour les âmes d'élite, il y a des situations privilégiées, des souffrances de choix, dont précisément sont incapables les âmes vulgaires.
Gide, Journal, 20 juil. 1921.
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CONTR. Déchet, écume, lie, rebut.
Encyclopédie Universelle. 2012.