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écraser

écraser [ ekraze ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1560; moy. angl. to crasen, probablt d'o. scand.
1 Aplatir et déformer (un corps) par une forte compression, par un choc violent. broyer, comprimer, fam. écrabouiller, presser. Écraser sa cigarette dans le cendrier. « Comme j'écraserais un insecte entre mes doigts » (Rousseau). La machine lui a écrasé la main. Pronom. Après une chute de vingt mètres il s'est écrasé sur le sol, au sol. Voiture qui s'écrase contre un arbre. se crasher. Être écrasé par une avalanche, un éboulement.
Par exagér. Attention, vous m'écrasez le pied !
Spécialt Renverser et passer sur le corps de (qqn), en parlant d'un véhicule. Attention en traversant, tu vas te faire écraser !
Presser ou broyer (une substance) pour la réduire en poudre, en purée... Écraser le raisin. fouler. Écraser du poivre, de l'ail. concasser, égruger, moudre, 1. piler, pulvériser. Écraser des pommes de terre pour faire une purée. mixer, mouliner. Écraser du gravier. concasser, cylindrer.
Fam. Appuyer fortement et à fond sur. Écraser la pédale d'accélérateur (cf. Appuyer sur le champignon).
2Par anal. Dominer par sa masse, faire paraître bas ou petit. « Ma vieille ville sombre, écrasée par sa cathédrale » (Renan). Sa tête « qu'écrase l'ampleur phénoménale d'une casquette officielle » (Courteline).
Fig. Dominer, humilier. Il nous écrase de son luxe, de son mépris. « Il vous domine, il vous écrase sous tant de hardiesse » (E. Delacroix).
3Par ext. Faire succomber sous un poids excessif, sous l'action d'une force irrésistible. accabler, surcharger. Être écrasé de travail, de sommeil. Le peuple était écrasé d'impôts. « Les grandes entreprises écrasent les petites » (Chardonne). abattre, ruiner. « Les faibles, ceux qu'il faut écraser [...] maintenir en obéissance » (Romains).
Vaincre, réduire totalement (un ennemi, une résistance). anéantir. Écraser l'ennemi, l'insurrection. Par exagér., sport Notre équipe a été écrasée, a subi une lourde défaite.
4(1908) Fam. En écraser : dormir profondément. Elle en écrase !
5(1956) Fam. Écrase ! n'insiste pas, laisse tomber !
Fam. S'ÉCRASERv. pron. Ne pas protester, n'oser rien dire. Tu as intérêt à t'écraser !
6Inform. Détruire (un fichier) en copiant un autre fichier à la place.
⊗ CONTR. Décharger.

écraser verbe transitif (moyen anglais to crasen, peut-être du scandinave) Faire subir à quelque chose une pression ou des chocs tels qu'il en est broyé, brisé : Écraser de l'ail avec un pilon. Tuer un insecte en l'aplatissant contre quelque chose. Blesser gravement en exerçant une compression très forte : Écraser la patte d'un chien. Renverser et tuer quelqu'un, un animal (ou le blesser grièvement) en lui passant sur le corps : Le chien s'est fait écraser par une voiture. Aplatir quelque chose en le comprimant fortement : Écraser un pli au fer. Faire subir une forte compression en faisant mal : La robe, trop serrée, lui écrasait la poitrine. Appuyer fortement de telle sorte que quelque chose ou quelqu'un soit comprimé ou aplati : Écraser son nez contre la vitre. Familier. Appuyer fortement sur quelque chose : Écraser la pédale d'accélérateur. Faire succomber quelqu'un sous une charge excessive ; accabler : Écraser le peuple d'impôts. Accabler physiquement quelqu'un : Un soleil qui vous écrase. Dominer quelqu'un, quelque chose par le volume, par la taille, la masse, à un point tel qu'ils en semblent plus petits : De hautes tours écrasaient le reste des constructions. Être tellement supérieur à quelqu'un qu'il en semble amoindri, diminué, sans valeur, et, péjorativement, le dominer en l'humiliant, en le diminuant : Vouloir écraser tout le monde par son luxe. Remporter sur un adversaire, un ennemi une victoire très nette, décisive, les dominer facilement. Éteindre une cigarette, un cigare en appuyant fortement le bout incandescent sur une surface. Détruire un fichier de données informatiques. ● écraser (citations) verbe transitif (moyen anglais to crasen, peut-être du scandinave) Jacques Audiberti Antibes 1899-Paris 1965 Hormis ce qui dépasse, je n'écraserai rien. La Fourmi dans le corps Gallimardécraser (expressions) verbe transitif (moyen anglais to crasen, peut-être du scandinave) Populaire. Écraser le coup, ne pas insister. Écraser une étoffe, en serrer trop la trame sur le métier lors du tissage. Écraser la hiérarchie, l'éventail des salaires, diminuer fortement les différences. Écraser une larme, l'essuyer du doigt en pleurant. Écraser les prix, les faire le plus bas possible. Populaire. En écraser, dormir profondément. ● écraser (synonymes) verbe transitif (moyen anglais to crasen, peut-être du scandinave) Faire subir à quelque chose une pression ou des chocs tels...
Synonymes :
- broyer
- moudre
- piler
- pulvériser
Tuer un insecte en l'aplatissant contre quelque chose.
Synonymes :
- écrabouiller (familier)
Faire succomber quelqu'un sous une charge excessive ; accabler
Synonymes :
- accabler
- pressurer
- surcharger
Être tellement supérieur à quelqu'un qu'il en semble amoindri, diminué...
Synonymes :
- dominer
- éclipser
- opprimer
- surclasser
- surpasser
- tyranniser
Remporter sur un adversaire, un ennemi une victoire très nette...
Synonymes :
- abattre
- culbuter
- enfoncer
- terrasser
écraser verbe intransitif s'écraser verbe pronominal Populaire. Ne pas insister, se taire, quand on n'a pas le dessus : Écrase ! tu as tort.

écraser
v. tr.
d1./d Aplatir, déformer par une forte compression, un coup violent; tuer en aplatissant. écraser un insecte.
écraser sa cigarette, pour l'éteindre.
|| (Madag.) Fig., arg. (des écoles.) écraser un cours: ne pas se présenter à un cours (V. brosser, sécher).
|| v. Pron. L'avion s'est écrasé au sol.
d2./d Broyer en pressant. écraser du grain. écraser des légumes, des fruits.
Par exag. Sa poigne énergique vous écrasait la main.
Spécial. Tuer en passant sur (qqn) en voiture. Tu as failli écraser un piéton.
|| v. Pron. Par exag. On s'écrasait: la foule était très dense.
d3./d Vaincre, anéantir. L'armée fut écrasée.
|| Opprimer. Le fort écrase le faible.
d4./d Fig. Faire supporter une charge excessive à. écraser le peuple d'impôts. être écrasé de travail. Syn. accabler.
d5./d Dominer de sa masse; faire paraître plus petit, plus bas, plus court. La citadelle écrase la ville.
Fig. Humilier. écraser qqn de son mépris.
d6./d INFORM écraser des données, les supprimer involontairement par superposition.
d7./d Fig., Fam. En écraser: dormir profondément.

ÉCRASER, verbe trans.
A.— Aplatir, broyer (une chose, un être vivant) en exerçant une forte pression, sous l'effet d'un choc violent. Écraser (qqc.) sous ses doigts, au mortier, à la meule. Il écrasa du pied la bougie, furieusement (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 519). On dirait que, là-haut, on écrase une portée de chatons à coups de talon (GIONO, Colline, 1929, p. 29). Elle épluchait les légumes, écrasait des fruits (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 52) :
1. Le grand gaillard s'effondra d'une masse, écrasa la bête sous son poids. Il eut, debout, le geste familier aux chasseurs de grillages, une traction appuyée dont craquèrent les frêles vertèbres : le lapin tomba au fond du sac.
GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 252.
Spécialement
Écraser le raisin. Fouler aux pieds les grappes de raisin pour en extraire le jus. Josille écrasait les grappes, et Mariette, par paniers, les jetait sous ses pieds (PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 63).
Rem. Écraser est souvent employé quand on tue des animaux qui inspirent le dégoût. Écraser une araignée, un serpent. P. compar. Avec dégoût, je regarde cet abominable visage de mourant aux cartilages d'une transparence jaunâtre. J'ai envie de l'écraser comme un sale cancrelat (AYMÉ, Vaurien, 1931, p. 211).
Écraser (qqn ou un animal). Renverser et blesser ou tuer par une automobile. Se faire écraser :
2. C'est ce moment que le chauffeur choisit pour écraser un basset. Quelle peine, au moment où l'on tuerait volontiers des hommes, de voir soudain couler le sang d'un chien.
GIRAUDOUX, Bella, 1926, p. 153.
Locutions
Écraser une cigarette. Presser le bout incandescent afin de l'éteindre. Elle jeta sa cigarette et, comme font les Landais, l'écrasa avec soin (MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p. 276).
Écraser une larme. Essuyer une larme du doigt ou de la main, généralement pour tenter de dissimuler sa peine. P. métaph. Faire semblant d'avoir de la peine. Je n'aime pas les images d'Épinal de la guerre. Le rude guerrier y écrase une larme, et dissimule son émotion sous des boutades bourrues (SAINT-EXUP., Pilote guerre, 1942, p. 276).
Écraser l'accélérateur; écraser le champignon (fam.). Enfoncer la pédale de l'accélérateur à fond. Et Pierre rit, écrasant l'accélérateur de tout son pied (MORAND, Homme pressé, 1941, p. 28).
P. anal. Charger, appuyer.
Écraser sous une charge, un poids (une personne, un animal). Plier en portant un fardeau. Le chemin montait et Patissot soufflait, écrasé sous le sac (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 290).
Écraser le corps, la bouche (de qqn). Embrasser, tenir embrassé. Soudain elle sentit deux lèvres ardentes lui écraser la bouche (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 114).
Écraser (une partie du corps). Appuyer contre une surface dure. Écraser son front contre la vitre, son dos contre le mur :
3. J'écrase mon nez contre un carreau de la fenêtre qui donne sur la grande cour extérieure, et j'aperçois les plantons qui causent sur un banc.
GYP, Souvenirs d'une petite fille, 1927, p. 55.
Rem. On rencontre ds la docum. plusieurs composés dont le premier élément, formé sur le rad. de écraser, sert à former des subst. désignant dans la lang. fam. ou arg. une pers. ou un inanimé concr. a) [Pers.] ) Écrase-chrétiens. Des mange-vert, des écrase-chrétiens, pour dire tous les surnoms que les hommes apprivoisés leur donnent. Mais pour leur mettre leur véritable nom : des Bergers (GIONO, Eau vive, 1943, p. 40). ) Écrase-museaux. Boun Diou! criai-je en le reconnaissant [le divin blond], écrase-museaux et casse-gueules! — Sans doute que c'est lui! tu t'en avises seulement? (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 322). b) [Obj.] ) Écrase-cigarettes. Cendrier (...) avec écrase-cigarettes (Catal. jouets [Trois-Quartiers], 1936). ) Écrase-merde. Chaussure de ville sans clous et à semelle plane (cf. ESNAULT, [Commentaire (IGLF 1948) de l'ouvrage de Bruant, Dict. fr.-arg. (1901)]).
Écraser la figure, écraser son poing sur la figure (de qqn). (Le) frapper au visage. Pendant la promenade, il [Léopold] avait pris à partie l'un des gardiens, le menaçant de lui écraser la gueule (AYMÉ, Uranus, 1948, p. 150).
B.— Au fig.
1. Écraser qqn de. Faire succomber (quelqu'un) sous une charge excessive. Écraser de fatigue, de travail; écraser de dettes, d'impôts; écraser de chaleur, de fièvre. J'ai vu que d'innombrables chefs de peuples, écrasés de responsabilités, se réfugient dans l'imaginaire (BARRÈS, Cahiers, t. 12, 1919-20, p. 234). Sa nation [du clerc] lui met un sac sur le dos si elle est insultée, l'écrase d'impôts même si elle est victorieuse (BENDA, Trahis. clercs, 1927, p. 196). Pas un bruit ne venait des différents bâtiments de la fazenda. Le soleil écrasait tout (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 355) :
4. ... je me sens en vacances; et mon devoir, — oui, mon devoir — est de préserver cette sensation, de ne pas l'écraser sous le poids des labeurs nombreux qui m'accompagnent jusqu'ici...
DU BOS, Journal, 1924, p. 143.
2. Abattre, anéantir (une force ennemie). Écraser une armée, un pays, une révolution. Jamais le père n'a heurté de résistance qu'il n'ait écrasée. Il feint le calme (MARTIN DU G., Thib., Sorell., 1928, p. 1190). Après Sedan et la chute de Paris, il n'était que d'en finir, traiter et, le cas échéant, écraser la Commune, comme, dans les mêmes circonstances, Thiers l'avait fait jadis (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 60) :
5. ... l'obsession communiste le mènera [Borodine] à unir contre lui un Kuomintang de droite singulièrement plus fort que celui de Tcheng-Daï et à faire écraser par celui-ci les milices ouvrières.
MALRAUX, Les Conquérants, 1928, p. 148.
Locutions
Écraser dans l'œuf. Anéantir (un complot, une révolte, au stade des préparatifs). Ils disent qu'en 1668 la France pouvait s'étendre d'un coup jusqu'à Anvers, c'est-à-dire écraser dans l'œuf la future Belgique (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 241).
Écraser dans le sang. Elle n'a pas d'autre issue que les révoltes serviles, écrasées dans le sang, ou le hideux espoir du suicide atomique (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 271).
3. [Avec ou sans compl. de cause] Accabler, dominer. Écraser d'ennui, de honte; écraser par la grandeur, la puissance.
a) [D'un point de vue moral] Je ne savais que dire, ne voulant pas paraître étonné, et écrasé par tant de mensonges (PROUST, Prisonn., 1922, p. 335) :
6. Le jour où il [Balthazar] eut achevé la série de ses travaux, le sentiment de son impuissance l'écrasa : la certitude d'avoir infructueusement dissipé des sommes considérables le désespéra.
BALZAC, La Recherche de l'absolu, 1834, p. 203.
b) [D'un point de vue intellectuel, spirituel] L'idée, au moins, que Sade se fait de Dieu est donc celle d'une divinité criminelle qui écrase l'homme et le nie (CAMUS, Homme rév., 1951 p. 55). Un esprit timoré et rassis, toujours prêt à écraser sous le poids des « réalités solides » toute tentative audacieuse, toute velléité d'évasion (SARRAUTE, Ère soupçon, 1956, p. 60) :
7. Le nombre et la répétition ont pour effet de nous faire sentir la loi et la machine, et presque leur ridicule; et tantôt écrasent l'esprit, tantôt lui font inventer pour sa défense ce qu'il lui faut pour se croire unique et maître de soi.
VALÉRY, Variété II, 1929 p. 29.
c) Submerger. Écrase-moi de détails; je suis comme un aveugle tant que tu ne m'en donnes pas (STENDHAL, Corresp., t. 1, 1800-42, p. 226).
4. Éclipser, rabaisser.
a) [Le suj. et le compl. désignent une pers.] Ils [les Rogron] sont puants, dit Julliard. Il semble qu'il n'y ait qu'une maison dans Provins. Ils veulent nous écraser tous (BALZAC, Pierrette, 1840, p. 35). Mademoiselle de Halbois, qu'elle [Erneste] écrasa de son luxe et de ses diamants en la traitant comme sa meilleure amie, en sécha de douleur (SAND, Mlle Merquem, 1868, p. 304). Il avait le dernier mot, et quand il s'attaquait à des absents, il les écrasait (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 108) :
8. Elle se souvenait de mes mots d'enfant et me les ressortait pour m'éblouir. Elle voulait m'écraser avec ça. Elle me rappelait que je me voyais déjà pape, académicien, empereur!
QUENEAU, Loin de Rueil, 1944, p. 148.
b) [D'un point de vue esthétique; le suj. et le compl. désignent un obj. représenté ou représentable] Faire paraître plus petit ou plus massif. Une armoire de poirier noir, énorme, opprime cette chambre basse aux murs blancs, écrase entre elle et le lit une chaise de paille (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 110). Les rares femmes que l'on rencontre portent toutes la mantille noire, mais sans peigne, ce qui leur écrase la tête et les raccourcit (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 70) :
9. En pleine verdure (cette épaisse verdure anglaise entassée par les siècles, respectée par les hommes), courent les hauts autobus rouges ou les bas autocars verts, dont les masses écrasent les vieilles fermes élisabéthaines et les vieilles auberges aux enseignes naïves, ...
MORAND, Londres, 1933, p. 137.
Rem. On rencontre en fr. région. (Centre, Ouest et Canada) le verbe trans. écrapoutir, synon. de écraser et issu en 1575 du croisement de ce dernier terme avec m. fr. et dial. espoutir « broyer ». a) Domaine concr. Assis-toué pas su mon chapeau, tu vas l'écrapoutir (variantes : écrapoutiller, écrapoutiner) (Vie Lang., n° 68, nov. 1957, p. 504). Cette poire est toute écrapoutie (RÉZ-TUAILLON 1969). P. ext. J'ai reçu un coup de poing qui m'a écrapouti le nez (DIONNE 1909). Emploi pronom. [En parlant de pers.] Se blottir, se ratatiner (ibid.; Canada 1930). b) Au fig. Faire succomber. S'est-il fait écrapoutir, ce vilain menteur? (DIONNE 1909).
C.— Emploi pronom.
1. S'écraser en tombant contre; s'aplatir, éclater. Un avion s'écrase au sol, une voiture contre un mur; les projectiles s'écrasent contre le blindage d'un char. Au cours d'une de ces missions, il s'écrasa sur le sol, dans les environs de Boulogne, avec l'avion qui le portait (THARAUD, An prochain, 1924, p. 273). La neige volait, s'écrasait sur les pèlerines, étoilait les murs (COCTEAU, Enfants terr., 1929, p. 14) :
10. Avec un bruit de pierre lancée à travers les branches, un marron d'Inde tomba de l'arbre et s'écrasa sur le sol.
CHARDONNE, L'Épithalame, 1921, p. 428.
[Le suj. désigne une partie du corps] Il mit tout le paquet. Son droit s'écrasa sous l'oreille de Bervi (LE BRETON, Razzia, 1954, p. 108).
2. [Avec un suj. au plur. ou coll.] S'écraser chez qqn, quelque part. S'entasser dans un endroit où il y a foule. Synon. se presser. On s'écrasait devant certaines toiles (ZOLA, Mme Neigeon, 1884, p. 202). Tout ce monde criait, crachait, gesticulait, s'écrasait, emplissait de sa frénésie la vaste salle d'attente (THARAUD, Ombre de la Croix, 1917, p. 50). Elle était bien obligée de constater qu'on s'écrasait aux « jours » de la duchesse (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 457) :
11. Au fond de la rue étroite, les spectateurs s'écrasaient. Un barrage se rompait.
MONTHERLANT, Les Bestiaires, 1926, p. 473.
3. Au fig. [En parlant d'une pers., d'une partie du corps, ou d'un animal] S'affaisser, se tasser, être pressé. Le menton s'écrasait sur la serviette que la sœur lui avait nouée au cou (MARTIN DU G., Thib., Consult., 1928, p. 1059). Le premier patricien s'écrase sur son siège (CAMUS, Caligula, 1944, p. 87). Soudain il n'y avait plus rien qui méritât un sanglot. Je m'écrasai contre le mur (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 536).
4. Terme d'escr. ,,Il se dit de celui qui après le coup tiré, pousse le genou en avant, laisse tomber le corps et lève le pied gauche`` (Ac. Compl. 1842).
D.— Arg. ou pop.
1. En écraser; écraser de la paille, des punaises. Dormir profondément. Le môme il en écrasait dur... Je l'enferme dans le dortoir à clef (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 329).
2. Écraser le coup et, absol., écraser, ou pronom., s'écraser. Renoncer à (une prétention, une revendication). Tu vas pas remettre ça, non? Écrase le coup, merde! (LE BRETON, Razzia, 1954, p. 118). On sait que t'as cent fois raison, mais pour la tranquillité du coin, on te demande d'écraser (SIMONIN, Pt Simonin ill., 1957, p. 120).
3. Arg. des prostituées. Se débarrasser d'une obligation importune. Quelle belle journée, j'en ai au moins écrasé une dizaine [de clients] (LACASSAGNE, Arg. « milieu », 1935, p. 75).
Prononc. et Orth. :[], (j') écrase []. Enq. : // (il) écrase. Ds Ac. 1694 et 1718 sous l'anc. forme escraser. Ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. 1. 1560 « aplatir, déformer par pression » leurs écraser les reins (RONSARD, Les Continuations des Amours, LXIX, éd. Laumonier, t. 7, p. 186); 2. 1659 s'écraser « se tuer en s'écrasant » (CORNEILLE, Œdipe, I, 3); 3. fig. 1690 écraser un adversaire (FUR.); 4. 1908 en écraser « dormir profondément » (d'apr. ESN.). Empr., avec adjonction du préf. é- au m. angl. to crasen « briser, mettre en morceaux, écraser » (ca 1440 ds MED), angl. to craze « broyer » d'orig. prob. scandinave (ODEE). Fréq. abs. littér. :2 728. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 820, b) 4 374; XXe s. : a) 4 834, b) 3 943. Bbg. CHAUTARD (É). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 66. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 128. — QUEM. 2e s. t. 2 1917. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 536. — SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 293.

écraser [ekʀɑze] v. tr.
ÉTYM. 1560; de é-, es- (lat. ex- intensif), et empr. au moy. angl. to crasen « briser, écraser », probablt d'orig. scandinave.
A
1 (1560). Aplatir et déformer (un corps), tuer ou chercher à tuer (un être vivant) par une forte compression, par un choc violent. Aplatir, broyer, comprimer, écacher, égruger, écrabouiller (fam.). Cf. provençal esquicher. || Écraser un insecte, un ver sous ses pieds. || Écraser l'herbe en marchant. || Écraser un fruit entre le pouce et l'index (→ Coque, cit. 4). || Écraser une amande avec ses dents. Croquer, mâcher.(Sujet n. de chose). || Le toit, le mur l'a écrasé en s'effondrant. || Être écrasé par une avalanche, un éboulement. || La pression qui l'écrasait.
1 L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature; mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser : une vapeur, une goutte d'eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu'il sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien.
Pascal, Pensées, VI, 347.
2 Ou qu'en tombant sur lui ces murs ne vous écrasent ?
Racine, Athalie, III, 5.
3 Le mépris que mes profondes méditations m'avaient inspiré pour les mœurs, les maximes et les préjugés de mon siècle, me rendaient insensible aux railleries de ceux qui les avaient, et j'écrasais leurs petits bons mots avec mes sentences, comme j'écraserais un insecte entre mes doigts.
Rousseau, les Confessions, IX.
4 Le chariot aux lourdes roues
Chargé de pierres et de boues,
Le wagon enragé peut bien
Écraser ma tête coupable
Ou me couper par le milieu (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, CVI.
5 Une mouche venait bourdonner autour de lui, se poser sur sa joue, sur son cou; il la chassait, essayait de l'écraser comme si elle eût été le malheur lui-même.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 347.
Par exagér. || Écraser le pied de qqn, le meurtrir en marchant dessus (→ Cohue, cit. 2). || Attention, vous m'écrasez le pied !
Renverser et passer sur le corps de (qqn); spécialt, tuer en renversant et en passant dessus. || Se faire écraser par un train, une automobile. || C'est un chauffard, il a déjà écrasé qqn.
Presser ou broyer (une substance). || Écraser le raisin. Fouler; fouloir (→ Danse, cit. 12). || Écraser du poivre, de l'ail. Piler. || Écraser du gravier. Concasser, cylindrer. || Écraser qqch. dans un mortier ( Piler, triturer), dans un moulin ( Moudre). || Écraser qqch. sous des cylindres, des meules, des rouleaux compresseurs. Cylindrer; écacher, laminer. || Bocard, broyeur, concasseur pour écraser le minerai. Concasser. || Écraser une substance avec une batte, un maillet, un marteau, un pilon, une presse, un instrument contondant. || Briser, détruire un objet en l'écrasant. || Écraser qqch. pour réduire en poudre ( Pulvériser). || Réduire le volume en écrasant. Tasser. || Débris, détritus d'un objet qu'on écrase.
Écraser une cigarette, l'éteindre en en pressant le bout incandescent.Écraser une larme, l'essuyer.
Fam. Appuyer fortement et à fond sur (qqch.). || Écraser la pédale de frein, l'accélérateur.
2 Fig. Faire succomber (qqn), accabler sous l'action d'une force irrésistible. || Ce travail, cette responsabilité l'écrase. Accabler. || Écraser qqn de… || Écraser qqn de fatigue, de travail. Cour. au passif et au p. p. (→ ci-dessous, cit. 8, 9). || Être écrasé par la fatigue. Harassé, moulu (→ Être brisé, broyé de fatigue). || Être écrasé de lassitude, de tristesse, de honte, de remords.Le fort écrase le faible. Opprimer, ruiner. || Nouvelle imprévue qui écrase. Abasourdir, abattre, consterner, étonner (→ Châtier, cit. 8).Absolt. → ci-dessous, cit. 10.
6 Quoi que vous fassiez, écrasez l'infâme, et aimez qui vous aime.
Voltaire, Correspondances, 28 nov. 1762 (→ Infâme).
7 Ici (à Tadjemout) le soleil de midi consterne, écrase, mortifie, et c'est l'ombre de minuit qui répare et à son tour redonne la vie.
E. Fromentin, Un été dans le Sahara, p. 248.
8 Se peut-il qu'Elle me fasse pardonner les ambitions continuellement écrasées (…)
Rimbaud, Illuminations, « Angoisse ».
9 Alors on se sent écrasé sous le sentiment de « l'éternelle misère de tout », de l'impuissance humaine et de la monotonie des actions.
Maupassant, Au soleil, p. 9.
10 J'ai la personne et l'œuvre de Wagner en horreur; mon aversion passionnée n'a fait que croître depuis mon enfance. Ce prodigieux génie n'exalte pas tant qu'il n'écrase.
Gide, Journal, 25 janv. 1908.
11 (…) les ennemis, les faibles, ceux qu'il faut écraser, ceux qu'il faut maintenir en obéissance et en servitude.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. I, XVI, p. 172.
12 (…) pendant les périodes de prospérité les grandes entreprises écrasent les petites. C'est l'inverse dans la crise.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 488.
3 (1690, Furetière). Vaincre, réduire totalement (un ennemi, une résistance); dominer très nettement. || Notre armée écrasa l'ennemi (→ Carré, cit. 6). Abattre, anéantir, détruire. || Écraser impitoyablement une sédition.Écraser qqn dans une discussion.Sports. || Écraser un adversaire dans une compétition, un match, être beaucoup plus fort que lui. || Notre équipe a été écrasée, a subi une lourde défaite.
Loc. fig. (où écraser a le sens 1). Écraser qqch. dans l'œuf : anéantir au stade de la préparation (un complot, etc.).Écraser une révolte dans le sang.
4 (Sujet n. de chose). Dominer par sa masse, faire paraître bas ou petit. || Cet immeuble écrase tous ceux qui l'entourent. Rapetisser.
13 J'aspirais à revenir à ma vieille ville sombre, écrasée par sa cathédrale, mais où l'on sentait vivre une forte protestation contre tout ce qui est plat et banal.
Renan, Souvenirs d'enfance…, I, I, p. 27.
5 Fig. (Sujet n. de personne). Dominer, humilier. || Elle écrase de son luxe tout son entourage. Éclabousser, humilier. || Écraser qqn de son mépris. || Peintre qui écrase tous ses rivaux (→ Brutal, cit. 7; châtier, cit. 8). Dominer, éclipser.
6 Littér. Compromettre, nier brutalement (une entité morale, intellectuelle). || Une tyrannie qui écrase l'homme, l'esprit. || Une philosophie qui écrase toute initiative.
B Fig. et fam.
1 (1908). Fam. En écraser : dormir profondément.
13.1 Antoine revient vers le lit.
Regarde-moi ça s'il en écrase… Il travaille bien, tu sais… Sauf pour la géométrie… là, il n'est pas champion…
H.-G. Clouzot et J. Ferry, Quai des Orfèvres, 1947, in l'Avant-scène, 1963, p. 25.
13.2 Parvenu à la bifurcation, je remise mon baquet voiture sur le bord du fossé, je mets mon feu de position et je fais basculer le dossier de mon siège afin de pouvoir en écraser. Le sommeil commence à me gagner pour de bon et j'ai idée qu'une ronflette ne me fera pas de mal.
San-Antonio, le Secret de Polichinelle, p. 92.
Rare. || Écraser (même sens).
13.3 (…) après je monterai à la cuisine… je me trouverai bien un petit morceau… Mais après toutes ces fatigues d'abord écraser !… Ah ! ronfler !… la faim passe après !
Céline, Guignol's band, p. 215.
2 Pop. Écraser le coup, oublier volontairement.Absolt. || Écrase ! (1956, in Esnault) : n'insiste pas, ça va comme ça, laisse tomber. || Tu ferais mieux d'écraser, de ne pas insister.
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s'écraser v. pron.
1 (1659). S'aplatir (5.), éclater en tombant. || Les fruits s'écrasent en tombant. || L'avion s'est écrasé sur le sol, contre une montagne. || Les balles s'écrasent sur le blindage.
14 Le monstre, furieux de se voir entendu (…)
Du roc s'élance en bas, et s'écrase lui-même.
Corneille, Œdipe, I, 3.
15 Il avait beau tordre le cou, renverser la nuque : elles (les gouttes) battaient sa face, s'écrasaient, claquaient sans relâche.
Zola, Germinal, t. I, p. 41.
Spécialt (escrime). Se fendre en se penchant le plus en avant possible.
2 Fig. (Sujet n. de personne). Se tasser, se faire petit. || S'écraser contre le mur pour laisser passer qqn.
Fam. || S'écraser devant qqn : se sentir inférieur, n'oser rien dire. || Écrase-toi, n'insiste pas. || Il s'est écrasé, il a renoncé.
3 (Récipr.). Fam. Être très serré l'un contre l'autre, les uns contre les autres; s'entasser. || Les gens s'écrasaient à la sortie. || Beaucoup de monde à l'exposition; on s'écrasait ! || La foule s'écrasait.
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écrasé, ée p. p. adj. et n.
1 Qui est aplati, broyé, sous l'effet d'une compression, d'un choc violent. || Fruit, insecte écrasé.Couleur cerise écrasée.
Qui a été renversé par un véhicule qui lui est passé sur le corps. || Un piéton écrasé par une voiture.N. || Un écrasé, une écrasée. || « Le carrefour des écrasés » (carrefour dangereux, à Paris, v. 1880).
Loc. fam. La rubrique des chiens écrasés : les faits divers sans intérêt, dans un journal. Ellipt. || Un journaliste qui fait les chiens écrasés.
2 (1629). Qui est très aplati, court et ramassé. || Nez écrasé. Camard (cit. 1). || Visage écrasé.Archit. || Édifice écrasé, qui manque de hauteur ou dont le soubassement est trop court de proportions par rapport aux étages supérieurs.Typogr. || Lettre écrasée.
16 (…) à nos colonnes fluettes, guindées sur d'énormes bases, ou à nos porches ignobles et écrasés que nous appelons des portiques.
Chateaubriand, Itinéraire…, I.
3 Fig. Moralement abattu.N. Rare. || Un écrasé, une écrasée.
17 Si j'avais (à Dieu ne plaise !) vingt ans de moins, je serais sans doute assez fou pour essayer de prouver que cela n'était pas le repos, que vous appeliez repos la révolte silencieuse d'une pauvre petite âme écrasée.
Bernanos, Dialogues d'ombres, 1928, in Œ. roman., Pl., p. 43.
4 N. f. || Une écrasée : effondrement du sol au-dessus d'une ancienne fouille de mine qui n'a pas été boisée ou comblée.
CONTR. Décharger, soulager. — Aise (mettre à l'aise).
DÉR. Écrasable, écrasage, écrasant, écrasement, écraseur, écrasis.
COMP. Écrase-merde. — V. Écrabouiller.

Encyclopédie Universelle. 2012.