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opprimer

opprimer [ ɔprime ] v. tr. <conjug. : 1>
obprimer 1356; lat. opprimere
I
1Soumettre à une autorité excessive et injuste, persécuter par des mesures de violence. asservir, assujettir, écraser, tyranniser. Opprimer un peuple, les faibles. « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre [...] c'est la liberté qui opprime et la loi qui libère » (Lacordaire).
2(1667) Empêcher de s'exprimer, de se manifester. étouffer. Opprimer les consciences, la liberté, l'opinion.
3(1904 ) Vx Oppresser.
II
1(1530) Vx ou littér. Accabler sous un poids, un fardeau. « Ô paupières qu'opprime une nuit de trésor » (Valéry).
2Vx Tuer, assassiner. « Aux yeux de tout son peuple il faut que je l'opprime ! » (Racine).
⊗ CONTR. Délivrer, libérer, soulager.

opprimer verbe transitif (latin opprimere, accabler) Soumettre quelqu'un, un groupe à un pouvoir tyrannique et violent, l'écraser sous une autorité excessive, répressive : Opprimer les faibles. Empêcher un groupe de s'exprimer librement : Opprimer la presse.opprimer (difficultés) verbe transitif (latin opprimere, accabler) Emploi Ne pas confondre ces deux verbes apparentés, mais de sens distincts. 1. Oppresser signifie « gêner, tourmenter ». Il a pour sujet un nom de chose : ce douloureux souvenir l'oppressait ; le poids de ses soucis l'oppresse. - Le verbe est aussi employé au sens concret de « gêner la respiration de » : elle a été prise d'une crise d'asthme qui l'a oppressée toute la nuit. 2. Opprimer signifie « accabler par violence, par abus d'autorité » : un régime autoritaire qui opprime le peuple. Le substantif oppression correspond aux deux verbes (l'oppression causée par le spasme des bronches ; lutter les armes à la main contre l'oppression) alors que le substantif oppresseur et l'adjectif oppressif correspondent seulement à opprimer. ● opprimer (synonymes) verbe transitif (latin opprimere, accabler) Soumettre quelqu'un, un groupe à un pouvoir tyrannique et violent...
Synonymes :
- écraser
Empêcher un groupe de s'exprimer librement
Synonymes :
- accabler
- asservir
- assujettir
- bâillonner
- enchaîner
- museler
- tyranniser
Contraires :
- délivrer
- libérer

opprimer
v. tr. Accabler par abus de pouvoir, par violence. Opprimer les faibles.
Fig. Opprimer les esprits, l'opinion.

⇒OPPRIMER, verbe trans.
A. —1. Vx ou littér. Accabler quelqu'un sous un corps pesant ou par une forte pression. Synon. comprimer, écraser. Quelquefois le zéphir les rafle, les opprime [les oiseaux] (NOAILLES, Éblouiss., 1907, p.167). En travers de son corps, un bras d'Olivier opprime indiscrètement sa chair (GIDE, Faux-monn., 1925, p.975).
Au part. passé. L'estomac va se creusant sans cesse et se contractant comme une éponge opprimée par une main vigoureuse (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p.400).
P. métaph. Les traducteurs n'ont pas hésité à nous opprimer sous d'effroyables pavés comme la Genèse du XIXe siècle de H. S. Chamberlain (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p.177).
2. P. anal., littér. Faire peser un grand poids sur quelque chose, quelqu'un. J'ai vu la Suisse (...) où la verdure, les eaux tranquilles, les lignes les plus riantes sont opprimées par les Alpes (BALZAC, Béatrix, 1839, p.214). Quand Marco dormait, oh! quels parfums d'ambre Et de chair mêlés opprimaient la chambre! (VERLAINE, Poèmes saturn., 1866, p.87). Et la nuit, d'heure en heure, opprimait son beau sein (DIERX, Lèvres closes, 1867, p.213).
B. —1. Soumettre quelqu'un à une autorité excessive et généralement injuste, persécuter quelqu'un par des moyens violents. Synon. asservir, écraser, oppresser; anton. délivrer, libérer. Opprimer les faibles, les malheureux. Les chefs réunis dans les villes, instruments des passions des rois, y excitaient les factions et les guerres civiles, opprimaient le peuple par des jugements iniques (CONDORCET, Esq. tabl. hist., 1794, p.32). Il est aisé de m'opprimer mais difficile de m'avilir (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p.229):
1. Veut-on ramener la noblesse
Aux jours où, de l'état souveraine maîtresse,
Une femme régnait, qui nous opprimait tous...
DELAVIGNE, Enf. d'Édouard, 1833, II, 9, p.86.
Au part. passé. Dès les jours suivants, il se sentit positivement opprimé par Roberte (AYMÉ, Boeuf cland., 1938, p.147).
Emploi pronom. réciproque. Il a fallu (...) songer à leur conservation (...) sous peine de les voir s'exterminer ou se persécuter, s'opprimer éternellement (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t.2, 1823, p.120). Et perdant la funeste envie de s'opprimer les uns les autres, ils voudraient vivre et laisser vivre (COURIER, Pamphlets pol., Lettres partic., 1820, p.67).
Emploi abs. Malheur à ceux qui oppriment (Ac.). Il fut l'homme qui frappe, opprime, égorge, exile (HUGO, Légende, t.6, 1883, p.304). Économiquement, le capitalisme est oppresseur par le phénomène de l'accumulation. Il opprime par ce qu'il est (CAMUS, Homme rév., 1951, p.270):
2. ... pendant ce long changement, la noblesse a cessé d'être cette monstrueuse réalité féodale qui pouvait opprimer impunément...
SIEYÈS, Tiers état, 1789, p.49.
2. Accabler (quelqu'un) de tourments, faire souffrir à l'excès. Synon. écraser, étouffer. Bélisaire avait à côté de lui un de ces messieurs qui l'accablait, l'opprimait d'une sainte terreur (A. DAUDET, Jack, t.2, 1876, p.253). Quoi qu'il tentât, un immense ennui l'opprimait (HUYSMANS, À rebours, 1884, p.10). Peut-être l'affaire de la lettre, il faut bien le dire, volée, m'opprimait-elle un peu le coeur (ARNOUX, Crimes innoc., 1952, p.248).
3. Empêcher quelqu'un de s'exprimer, ou quelque chose de se manifester. Synon. écraser, étouffer. Afin de compléter la purification du sacerdoce, il faut aussi l'empêcher d'opprimer aucune doctrine contraire à la sienne (COMTE, Catéch. posit., 1852, p.308). On peut tout trouver dans cet art, débordant l'élément voisin, l'opprimant ou opprimé par lui (FAURE, Hist. art, 1912, p.169):
3. ... «quelque chose» qui était issu du passé mais qui restait un infra-souvenir et qui, sans doute, opprimait la conscience parce qu'elle ne pouvait plus former un souvenir sur cette matière mnémonique...
RICOEUR, Philos. volonté, 1949, p.367.
Prononc. et Orth.:[], (il) opprime []. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1355 obprimer «accabler par violence, par excès d'autorité» (BERSUIRE, Tite-Live, ms. Ste Geneviève, f° 11d ds GDF. Compl.); 2. 1381 «empêcher de se manifester, de s'exprimer» (Poème gd schisme, 14, 1 ds T.-L.: Por ce che verité est oprimee); 3. 1560 «oppresser (d'une sensation désagréable)» (CALVIN, Institution de la religion chrestienne, éd. J.-D. Benoit, t.3, p.474: nous sommes quasi opprimez de grande multitude de misères). B. 1. XVe s. [mss] «accabler sous un poids» (GUILLAUME DE DIGULLEVILLE, Pelerinage de la Vie humaine, éd. J. J. Stürzinger, 6309, var. des mss B et G); 2. 1541 «tuer» (G. MICHEL, trad. de SUETONE TRANQUILE, Des faictz et gestes des douze Caesars, V, 184 r° ds HUG.). Empr. au lat. opprimere «presser, comprimer; faire pression sur, accabler». Fréq. abs. littér.:366. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 976, b) 381; XXe s.: a) 381, b) 289. Bbg. DUB. Pol. 1962, p.357. — VARDAR Soc. pol. 1973 [1970], p.277.

opprimer [ɔpʀime] v. tr.
ÉTYM. V. 1330 au sens concret II; du lat. opprimere, de ob- et premere « presser ».
———
I
1 (1370; 1356, obprimer). Accabler sous une autorité excessive et injuste, persécuter par des mesures de violence. Asservir, assujettir, écraser, fouler (cit. 11, vieilli), oppresser (vx), plier (sous sa loi), réduire (en esclavage), soumettre, tyranniser; oppression, joug (→ Entreprendre, cit. 20). || Action d'opprimer. Oppression. || Opprimer un peuple. || Opprimer les faibles. || Chaque cité grecque tendait à opprimer les autres. Abaisser, humilier. || Il opprime ses subordonnés.Absolt. || « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c'est la liberté qui opprime et la loi qui libère » (Lacordaire).
1 (…) les citoyens ne se laissent opprimer qu'autant qu'entraînés par une aveugle ambition, et regardant plus au-dessous qu'au-dessus d'eux, la domination leur devient plus chère que l'indépendance, et qu'ils consentent à porter des fers pour en pouvoir donner à leur tour.
Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes, II.
2 Les vrais magistrats sont les soutiens de tous ceux qu'on opprime.
Beaumarchais, le Barbier de Séville, IV, 8.
3 (…) elle (Sparte) savait bien que toute guerre, en donnant des armes à ces classes qu'elle opprimait, la mettait en danger de révolution, et qu'il lui faudrait, au retour de l'armée, ou subir la loi de ses hilotes, ou trouver moyen de les faire massacrer sans bruit.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, IV, X.
(1670). Compl. n. abstrait. Empêcher de s'exprimer, de se manifester. Étouffer. || Opprimer les consciences. || Opprimer la liberté, l'opinion. Comprimer (cit. 7 → Intolérance, cit. 6).
2 (1904). Oppresser (se dit d'une sensation pénible).
——————
opprimé, ée p. p. adj. et n.
Qui subit une oppression. || Populations, races opprimées (→ Étranglement, cit. 5). || Aller au secours d'un pays opprimé (→ Héroïque, cit. 23). || Défendre les innocents opprimés, et par métonymie, l'innocence opprimée (→ Ministère, cit. 1).Par métaphore. || La liberté, la vérité opprimée.N. (1535). || Un opprimé, une opprimée. || Justicier (2. Justicier, cit. 2) qui protège les opprimés. || Pitié pour l'opprimé (→ Indignation, cit. 5). || Les cris des opprimés. || Oppresseurs (cit. 3, 4, et 5) et opprimés. Esclave.
4 J'ai tiré de ce joug les peuples opprimés (…)
Corneille, Agésilas, III, 1.
5 Je ne connais rien de si puissant sur mon cœur qu'un acte de courage fait à propos, en faveur du faible injustement opprimé.
Rousseau, les Confessions, XII.
6 L'Assemblée a traité les nobles comme Louis XIV a traité les protestants. Dans les deux cas, les opprimés étaient une élite. Dans les deux cas, on leur a rendu la France inhabitable.
Taine, les Origines de la France contemporaine, t. I, III, p. 250.
7 J'avais la vision de ces Juifs à travers les âges, errant par le monde, parqués dans la campagne sur des terres de rebut, ou tolérés dans les villes entre certaines limites et sous un habit infamant. Opprimés partout, n'échappant au supplice qu'en essuyant l'outrage, ils se consolaient du terrible traitement infligé par les hommes en adorant un Dieu plus terrible encore.
J. de Lacretelle, Silbermann, III.
8 Dans chaque patelin qu'a pris Franco, tout devient plus esclave : non seulement les nôtres, ça va de soi, mais les gosses qu'on remet chez le curé, les femmes qu'on remet à la cuisine. Tous les opprimés, qu'ils le soient d'une façon ou d'une autre, sont venus combattre avec nous (…)
Malraux, l'Espoir, I, I, II, V.
———
II Vx ou littér.
1 Accabler sous un poids, un fardeau (→ Empêcher, cit. 19). Par métaphore (→ Faix, cit. 4).(1541). Fig. Accabler de tourments, faire cruellement souffrir.
9 Où sont les amis qui me chérissaient, où sont-ils ? mon infortune les épouvante. Aucun n'ose m'approcher. Je suis opprimée, et ils me laissent sans secours !
Laclos, les Liaisons dangereuses, CLXI.
10 Ô paupières qu'opprime une nuit de trésor (…)
Valéry, Poésies, « la Jeune Parque ».
2 (Mil. XVIIe). Tuer, assassiner.
11 Aux yeux de tout son peuple il faut que je l'opprime !
Laissez-moi vers l'autel conduire ma victime.
Racine, Andromaque, IV, 3 (1667).
3 (Mil. XVIIe). Écraser militairement.
CONTR. Soulager; libérer. — (Du p. p. adj.) Dominateur, oppresseur; libre.
DÉR. Opprimant.

Encyclopédie Universelle. 2012.