mouvoir [ muvwar ] v. tr. <conjug. : 27; rare sauf inf., prés. indic. et participes>
• muveir déb. XIIe; lat. movere
I ♦ V. tr. Littér. ou style soutenu
1 ♦ Mettre en mouvement. ⇒ actionner, animer, ébranler, remuer (cf. Faire fonctionner). Mouvoir ses membres. — Machine mue par la force de l'homme, l'électricité. Automates mus par un mécanisme. « On le voyait sortir de chez lui, mû comme par un ressort » (Jouhandeau).
2 ♦ Fig. Mettre en activité, en action. ⇒ émouvoir, exciter, pousser (cf. Faire agir). Le mobile qui le meut. « toujours mû par un perpétuel sentiment de bonté, par une intention délicate » (Balzac). ⇒ animé.
II ♦ SE MOUVOIR v. pron. (XIIe) Plus cour. Être en mouvement. ⇒ bouger, se déplacer, remuer. Qui ne peut se mouvoir. ⇒ immobile. — Spécialt ⇒ 1. aller, bouger, courir, marcher. Se mouvoir avec lenteur. Le commandant « ne se mouvait que tout d'une pièce à la fois » (Jouhandeau). — Fig. Évoluer, vivre. Se mouvoir dans un univers factice, dans le mensonge.
♢ Ellipt FAIRE MOUVOIR : faire se mouvoir. « une roue que l'eau du torrent fait mouvoir » (Stendhal).
⊗ CONTR. Arrêter, enchaîner, fixer, immobiliser, paralyser, river; freiner.
⊗ HOM. Mus :mue (muer); murent :mure (murer).
● mouvoir verbe transitif (latin movere) Mettre quelque chose en mouvement, le faire changer de place, le bouger : Mouvoir une pierre avec un levier. Mouvoir sa jambe. Littéraire. Faire agir quelqu'un de telle ou telle manière, le pousser vers tel but. ● mouvoir (difficultés) verbe transitif (latin movere) Orthographe Attention à l'accent circonflexe du participe passé au masculin singulier : mÛ, absent au féminin et au pluriel : mue, mus, mues. Conjugaison ● mouvoir (homonymes) verbe transitif (latin movere) mu nom masculin mu nom masculin invariable mue nom féminin ● mouvoir (synonymes) verbe transitif (latin movere) Mettre quelque chose en mouvement, le faire changer de place, le...
Synonymes :
- agiter
- balancer
- bouger
- branler
- remuer
mouvoir
v.
rI./r v. tr.
d1./d Faire changer de position. Le mécanisme qui meut un automate.
d2./d Fig. Faire agir (qqn). être mû par l'ambition.
rII./r v. Pron. Se déplacer, bouger. Vieillard qui se meut péniblement.
⇒MOUVOIR, verbe trans.
A.— Emploi trans.
1. Qqn, qqc. meut qqc. [L'obj. désigne un inanimé concr.] Mettre en mouvement. Synon. animer, bouger, remuer. Elle mouvait une énorme quantité de linges et de jupes quand elle voulait trouver l'une des deux ouvertures de sa robe par où elle atteignait ses poches (BALZAC, Béatrix, 1839, p. 35).
— [L'obj. désigne le corps ou une partie du corps d'un animé] Assises sur des chaises voisines, elles parlent bas, sans mouvoir les lèvres (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 297). La nuit a été fort dure après une journée vraiment noire où je suis resté sans pouvoir mouvoir un doigt (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1929, p. 508) :
• 1. C'est dans l'intérieur de la poitrine que sont contenus les muscles qui meuvent les ailes et les quatre dernières pattes, comme nous le verrons en traitant des membres.
CUVIER, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 449.
— [L'obj. désigne une ouverture, un mécanisme, un véhicule] Souvent au passif. Mû par un ressort. Le store de la baie était mû par une cordelette (BENOIT, Atlant., 1919, p. 251).
2. Au fig. Qqc. meut qqn. Mettre en action, animer. La liberté, d'ailleurs, dans le doute général où nous sommes, a sa valeur en tout cas; puisqu'elle est une manière de laisser agir le ressort secret qui meut l'humanité, et qui bon gré mal gré l'emporte toujours (RENAN, Avenir sc., 1890, p. XVII) :
• 2. L'intérêt est sans doute fort peu de chose pour mouvoir les hommes, — mais leur instinct dramatique toujours en éveil, voilà un ressort auquel on ne fera presque jamais appel en vain.
GRACQ, Beau tén., 1945, p. 86.
— Souvent au passif. Mû par l'instinct. Ici, mû par un premier succès, emporté par une trop ardente espérance, je fais une tentative et une sorte de raid vers des territoires que nous n'avons pas encore abordés (BARRÈS, Pays Lev., t. 1, 1923, p. 275).
— Emploi abs. Aristote le disait avant Ravaisson : la volonté ne meut que par le désir (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 214).
B.— Emploi pronom.
1. Être en mouvement, se déplacer.
a) Qqc. se meut. Les choses se meuvent à contresens pour former de nouveaux dessins (COCTEAU, Enfants, 1929, p. 112). V. mouvement ex. 1 :
• 3. ... on suppose que toutes les molécules gazeuses se meuvent en tous sens avec de grandes vitesses et qu'elles suivent des trajectoires rectilignes qui ne sont troublées que quand une molécule passe très près des parois du vase ou d'une autre molécule.
H. POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p. 252.
b) Qqn se meut. Thérèse et Robert, les yeux accoutumés à l'obscurité, se mouvaient aisément parmi les objets familiers (A. FRANCE, Lys rouge, 1894, p. 62).
c) P. ell. du pron. Faire mouvoir. Les causes qui font mouvoir les ressorts de l'âme semblent être tout à fait étrangères aux résultats (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 401). Mais parce que précisément les ficelles qui font ici mouvoir l'automate sont beaucoup trop fines, on nie l'automatisme, on conclut à la responsabilité (GAULTIER, Bovarysme, 1902, p. 169).
2. Au fig. Qqn se meut dans qqc. Vivre, se complaire dans. Il admirait le calme guilleret de ce peuple, qui se mouvait dans la contradiction, comme un poisson dans l'eau (ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 684).
C.— Emploi trans. indir., DR. FÉOD. Mouvoir de. Être dans la mouvance de. Tous les fiefs de France mouvaient de la tour du Louvre (HUGO, Quatre-vingt-treize, 1874, p. 92).
REM. 1. Mouvoir, subst. masc. a) Rare, littér. Synon. de mouvement. Après tant d'orgueil, après tant d'étrange Oisiveté, mais pleine de pouvoir, Je m'abandonne à ce brillant espace, Sur les maisons des morts mon ombre passe Qui m'apprivoise à son frêle mouvoir (VALÉRY, Charmes, 1922, p. 148). b) Synon. de mouvette. (Dict. XIXe et XXe s.). 2. Mû, part. passé en emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. C'est dans cette synthèse du mû et du mouvant que Saint-Exupéry réalise l'unité de l'avion et de l'aviateur au moment de l'envol (BACHELARD, L'Air et les songes, Paris, Corti, 1943, p. 293).
Prononc. et Orth. :[], (il se) meut [mø]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. ind. prés. : je meus, tu meus, il meut, nous mouvons, vous mouvez, ils meuvent; imp. : je mouvais; passé simple : je mus (rare); fut. simple : je mouvrai (rare); impér. : meus, mouvons, mouvez; subj. prés. : que je meuve, que nous mouvions, que vous mouviez, qu'ils meuvent; subj. imp. : que je musse (rare); part. prés. : mouvant; part. passé : mû, mue, mus, mues. Noter l'accent circonflexe uniquement au masc. sing. (< anc. hiatus meu); comme dans dû, crû. Comparer avec ému et promu. Étymol. et Hist. A. Trans. 1. ca 1100 « causer (un mal) » (Roland, éd. Serge, 290 : Jo t'en muvra un [e] si grant contraire Ki durerat a trestut tun edage); 2. a) début du XIIe s. « mettre en mouvement » ([i]St Brendan, éd. I. Short et B. Merrilees, 915 : Sur les undes que il [uns marins serpenz] muveit, Pur grant turment plus n'estuveit); b) 1694 « mettre en action, en fonctionnement (un mécanisme, une machine) » (Ac.); 3. 1225-30 estre meüz de (pitié,...) « être animé, poussé (par quelque chose) » (GUILLAUME DE LORRIS, Rose, éd. F. Lecoy, 5615); 1289 (Trésor des Chartes du Comté de Rethel ds RUNK, p. 18 : meut et ajoint par fins amor envers lesdis R. et P.). B. Intrans. 1. ca 1100 « se mettre en marche, partir » (Roland, 1335); 2. début du XIIe s. « bouger, se mettre en mouvement » (St Brendan, 455); 3. 1236 féod. « dépendre, relever d'un fief » (Charte ds Documents linguistiques de la France, Série française, Haute-Marne, éd. J.-G. Gigot, p. 8 [6.6] : de cui fyé la chouse muet). C. Réfl. 1. début du XIIe s. « se déplacer, bouger (d'une personne) » (St Brendan, 392); 2. 1150 « id. (d'un objet) » (WACE, St Nicolas, 927 ds T.-L.). Du lat. « remuer, agiter, pousser, déterminer, émouvoir, provoquer ». Fréq. abs. littér. : 1 729 (mû :129). Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 622, b) 1 524; XXe s. : a) 1 894, b) 2 305.
mouvoir [muvwaʀ] v.
CONJUG. je meus, tu meus, il meut, nous mouvons, vous mouvez, ils meuvent; je mouvais, je mus; je mouvrai; je mouvrais; meus, mouvons, mouvez; que je meuve, que nous mouvions; que je musse; mouvant; mû, mue. REM. Mouvoir s'emploie surtout à l'indic. prés. et à l'imparfait, aux participes, aux temps composés et à l'infinitif.
ÉTYM. 1155; muveir « causer un mal », 1080; du lat. movere.
❖
———
I V. tr. Littér. ou style soutenu.
1 Mettre en mouvement. ⇒ Agir (faire), animer (cit. 4), ébranler, émouvoir (A., 1.). || Mouvoir de côté et d'autre (→ Balancer, brandiller…), en tous sens, vers le haut… ⇒ Mouvement. || Mouvoir ses membres (→ Maillot, cit. 1). || Balbutier (cit. 7) sans mouvoir les lèvres. ⇒ Remuer.
1 Lorsqu'on est blessé (…) et qu'on ne peut plus se servir du glaive, il faut mouvoir le bouclier avec le plus d'attention, d'adresse et de rapidité.
2 La création est mue par deux espèces de moteurs, tous deux invisibles : les âmes et les forces.
Hugo, Post-Scriptum de ma vie, « L'âme, Rêveries sur Dieu ».
♦ Au p. p. || Machine mue par l'électricité, par la force de l'homme (→ Manufacture, cit. 3). || Automates (cit. 5) mus par…
3 (…) toutes les fois que deux hommes voient un corps changer de place, ils expriment tous deux la vue de ce même objet (…) en disant, l'un et l'autre, qu'il est mû.
Pascal, Pensées, VI, 392.
4 On le voyait sortir de chez lui et y rentrer avec la plus exacte régularité, mû comme par un ressort.
M. Jouhandeau, Tite-le-Long, II, p. 21.
REM. Le mot est rare, même à l'imparfait.
4.1 Avec son doigt, Gerfaut actionna à plusieurs reprises le cadran du téléphone. Chaque fois qu'il le mouvait, la communication s'interrompait.
J.-P. Manchette, Trois hommes à abattre, p. 72.
2 Mettre en activité, en action. ⇒ Agir (faire), émouvoir, exciter, pousser (→ Esprit, cit. 7). || Le cours des humeurs (cit. 1) meut notre volonté. || Le mobile qui le meut.
5 Il était difficile de mouvoir le Roi, ni dans un sens, ni dans l'autre. En toute délibération, il était fort incertain, mais dans ses vieilles habitudes, dans ses idées acquises, invinciblement obstiné.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., II, VIII.
6 Il faut, disait cet homme de Mégare, que mon temple meuve les hommes comme les meut l'objet aimé.
Valéry, Eupalinos, p. 24.
♦ Au p. p. || Mû par une intention, un sentiment, un désir, une impulsion… ⇒ Animé (→ Louche, cit. 9).
7 (…) toujours mû par un perpétuel sentiment de bonté, par une intention délicate, par une connaissance intime du bien-être de cette femme, sentiments qui semblaient être innés en lui (…)
Balzac, la Femme de trente ans, Pl., t. II, p. 720.
♦ (1690). Dr. || Procès mus et à mouvoir, présents et futurs.
———
II V. intr. (Déb. XIIe; « se mettre en marche », 1080).
1 Vx. Être en mouvement (on dit de nos jours se mouvoir). || « Un corps qui ne vit, ne meut ni ne respire » (→ Acharner, cit. 3, La Fontaine).
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
——————
se mouvoir v. pron.
ÉTYM. (XIIe).
♦ Plus cour. (mais style soutenu). Être en mouvement. ⇒ Bouger, déplacer (se), remuer. || Qui peut (⇒ Mouvant), qui ne peut (⇒ Immobile) se mouvoir. || « L'âme (cit. 16) ne peut se mouvoir sans sentir Dieu ». || Corps qui se meut. ⇒ Mobile (→ Courbe, cit. 12; équilibre, cit. 3; inertie, cit. 1). || Véhicule qui se meut. ⇒ Fonctionner, marcher. || Disposition à se mouvoir (→ Impulsion, cit. 2). — Fig. || Pensée qui se meut (→ Grinçant, cit. 1).
8 Je sais que le fruit tombe au vent qui le secoue,
Que l'oiseau perd sa plume et la fleur son parfum;
Que la création est une grande roue
Qui ne peut se mouvoir sans écraser quelqu'un (…)
Hugo, les Contemplations, IV, XV.
8.1 Si l'un ou l'autre de ces états était un mal, pourquoi votre Dieu le laissait-il subsister ? Était-il un bien, pourquoi le change-t-il ? Mais si tout est bien maintenant, votre Dieu n'a plus rien à faire : or, s'il est inutile peut-il être puissant, et s'il n'est pas puissant peut-il être Dieu; si la Nature se meut elle-même enfin, à quoi sert le moteur ?
Sade, Justine…, t. I, p. 56.
♦ Spécialt. ⇒ Aller, bouger, courir, marcher… (→ Liberté, cit. 33; membre, cit. 3). || Chercher à se mouvoir (→ Gourd, cit. 1). || Avoir peine à se mouvoir (→ Inaction, cit. 2). || Se mouvoir avec lenteur (→ Apathique, cit. 2). || Pièce où l'on peut se mouvoir à l'aise. || Se mouvoir comme des marionnettes (cit. 6). — Fig. (Littér.). || Se mouvoir dans le crime, dans un univers factice, dans le mensonge, y vivre.
9 Tous les soldats de cette armée de rebelles paraissaient parler et se mouvoir sous la main du chef, comme les touches du clavecin sous les doigts du musicien.
Hugo, Bug-Jargal, XXIX.
10 (…) le naturel dans le mensonge; mais elle ! ah ! elle s'y mouvait et elle y vivait comme le plus flexible des poissons vit et se meut dans l'eau.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « le Bonheur dans le crime », p. 168.
11 (…) habituellement le Commandant Tite-le-Long ne se mouvait que tout d'une pièce à la fois, comme s'il n'eût pour régir ses membres, de l'aine à l'occiput, qu'un seul pas de vis ou un gond de porte.
M. Jouhandeau, Tite-le-Long, II, p. 27.
♦ (1690). Ellipt. || Faire mouvoir : faire se mouvoir, mettre en mouvement. || L'attraction (cit. 1) fait mouvoir toute la nature. || Une roue que l'eau d'un torrent fait mouvoir (→ Marteau, cit. 5.1).
12 (…) il ne faut pas une longue expérience pour sentir combien il est agréable d'agir par les mains d'autrui, et de n'avoir besoin que de remuer la langue pour faire mouvoir l'univers.
Rousseau, Émile, I.
13 (…) une espèce de bascule, qui fait mouvoir la poutre avec laquelle on ferme la barrière (…)
Mme de Staël, De l'Allemagne, I, XIII.
14 Et quand elle étendait ses bras nus ornés de bracelets jusqu'aux coudes et faisait mouvoir ses longues mains un peu maigres avec un air de voluptueux effroi, elle était décidément superbe.
E. Fromentin, Un été dans le Sahara, p. 34.
——————
mû, mue p. p. adj.
♦ Voir à l'article cit. 3, 4 et supra; 7 et supra.
❖
DÉR. Mouvance, mouvant, mouvement, mouver.
Encyclopédie Universelle. 2012.