débiner [ debine ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1790; p.-ê. de biner; cf. bêcher
♦ Fam. Décrier, dénigrer. — Pronom. « entre littérateurs, on peut s'aimer tout en se débinant » (Renard).
débiner (se) [ debine ] v. pron. <conjug. : 1>
♦ Fam. et vieilli Se sauver, s'enfuir, partir. « tous les civils des patelins, qui ont les foies, et qui se débinent ! » (Martin du Gard).
● débiner verbe transitif (peut-être de biner, bêcher) Familier. Dénigrer par des médisances ou des calomnies : Débiner son mari. ● débiner (synonymes) verbe transitif (peut-être de biner, bêcher) Familier. Dénigrer par des médisances ou des calomnies
Synonymes :
- déblatérer sur (familier)
- dénigrer
- éreinter (familier)
- esquinter (familier)
- médire
Contraires :
- encenser
- louanger
débiner (se)
v. Pron. Fam. Se sauver, partir précipitamment.
I.
⇒DÉBINER1, verbe trans.
A.— Fam. [L'obj. désigne une pers.] Dénigrer quelqu'un ou quelque chose en le discréditant par des propos malveillants ou calomnieux. Les copains existaient pour grignoter votre temps, débiner votre peinture (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 261) :
• 1. Il fait des pièces de vers détachées superbes, mais ne trouve pas de sujet de drame : c'est là ce qui le désole et lui fait prendre le genre humain en haine. Il débine tout le monde.
FLAUBERT, Correspondance, 1868, p. 354.
— Emploi pronom. réciproque. C'est étonnant comme, entre littérateurs, on peut s'aimer tout en se débinant! (RENARD, Journal, 1890, p. 69).
— P. ext., arg. Débiner le pante. ,,Voler l'homme qu'un autre voleur s'était réservé`` (FRANCE 1907).
Rem. Attesté ds LARCH. Nouv. Suppl. 1889.
B.— P. ext., pop. [L'obj. désigne une chose] Dévoiler le secret de quelque chose. Débiner le truc :
• 2. Mais le truc est débiné, ma chère! Un héros maintenant, nous savons ce que c'est! C'est un grotesque en zinc, avec un casque de zinc, un fusil en zinc, une capote et une culotte de zinc, des molletières de zinc, ...
BERNANOS, Un Mauvais rêve, 1948, p. 959.
Prononc. :[debine], (je) débine [debin]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1790 intrans. « passer aux aveux, cesser de se défendre » (Le Rat du Châtelet, 18 ds Fr. mod. t. 14, p. 52); 1821 trans. « dire du mal de quelqu'un » (Fr. mod. t. 24, p. 308); 1867 débiner le truc « révéler un secret » (DELVAU). Étymol. obscure, cf. m. fr. rebineur « qui se rétracte » (1571 La Porte ds HUG.), rangé par FEW t. 1, p. 371a, s.v. binare, v. biner; cf. aussi bêcher « dire du mal de quelqu'un ».
DÉR. 1. Débinage, subst. masc., fam. Action de dénigrer quelqu'un ou quelque chose. Jamais non plus un mot de plainte, jamais un débinage contre ses maîtres (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 172). — []. — 1re attest. 1836 « médisance » (Les Voleurs de Vidocq d'apr. ESN.); de débiner1, suff. -age. — Fréq. abs. littér. : 20. 2. Débineur, euse, subst. et adj. Qui discrédite quelqu'un ou quelque chose par ses propos malveillants. Je n'ai jamais trouvé la princesse si débineuse des gens avec lesquels elle vit tous les jours (GONCOURT, Journal, 1893, p. 454). Et j'écoute volontiers, car il y a souvent d'utiles indications à glaner dans les médisances baveuses de ce débineur toujours prêt à manger le morceau (COLETTE, Cl. s'en va, 1903, pp. 281-282). — [], fém. [-ø:z]. — 1re attest. 1875 (d'apr. ESN. 1966); de débiner1, suff. -eur2, -euse. — Fréq. abs. littér. : 13.
BBG. — QUEM. 2e s. t. 1 1970. — QUEM. Fichier. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 104 (s.v. débinage).
II.
⇒DÉBINER2 (SE), verbe pronom.
Fam. [Le suj. désigne une pers.] S'enfuir, se sauver. — Qui se bat en ce moment à la caserne? demanda l'officier. — Les officiers, les nouveaux. Les copains, eux, se débinent où ils peuvent. Doit y en avoir plein la cave (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 463). Mais il ne tarda pas à se dégonfler et se débina dans la direction d'une place vide encore (QUENEAU, Exerc. style, 1947, p. 170).
— [Avec ell. du pron.] Y avait plus personne dans notre escalier, ni dans la boutique non plus. Tout le monde était débiné... Ils devaient être rentrés chez eux (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 392). — Maintenant, dit Bruneau (...) débinez, et plus vite que ça! (P. VIALAR, Pt jour, 1947, p. 40).
— P. métaph. [Le suj. désigne une chose] S'en aller. Tout se débine en lambeaux (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 390). La raie dans ses cheveux (...) se débine tout de traviole! (MONTHERL., Pitié femmes, 1936, p. 1107).
Prononc. :[debine], (je me) débine [debin]. Étymol. et Hist. 1852 « prendre la fuite » (Paillet ds Patrie, 2 mars ds LARCHEY, Dict. hist., étymol. anecdot. arg. paris.). Étymol. obsc. (les rapports du mot avec débiner1 sont incertains, FEW t. 31, p. 343 a).
STAT. — Débiner1 et 2. Fréq. abs. littér. :98.
BBG. — GRIMAUD (F.). Pt gloss. du jeu de boules. Vie Lang. 1968, p. 113.
1. débiner [debine] v.
ÉTYM. 1790; p.-ê. (P. Guiraud) de 1. dé-, et régional biner « s'accoupler » (aussi abiner « accoupler », rebiner « faire s'accoupler une seconde fois »), du lat. bini « deux » (→ Biner), l'idée première étant de se séparer, de se désolidariser d'un complice en parlant; ont existé aussi rembiner « rétracter, désavouer », et rebineur « qui revient sur ce qu'il a dit ». La même idée de désolidarisation apparaît dans l'emploi argotique débiner le pante « voler l'homme qu'un autre voleur s'était réservé » (Henri France, 1907, in T. L. F.).
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1 V. intr. Argot. Vx. Passer aux aveux.
2 V. tr. (1821). Fam. Décrier (qqn; qqch.). ⇒ Dénigrer; déblatérer (sur), médire. || Action de débiner qqn. ⇒ Débinage.
0.1 Ah ! c'est trop fort !… débiner mes costumes !
E. Labiche, le Choix d'un gendre, 12.
0.2 L'obscur plaisir que j'ai à débiner mon frère quand nous parlons de lui.
J. Renard, Journal, 18 févr. 1901.
1 Nous v'là deux à vivre et les copains nous débinent tant qu'ça peut (…)
Francis Carco, Jésus-la-Caille, II, VIII, p. 136.
♦ Pron. réciproque.
1.1 (…) partout où vous rencontrerez deux Français, vous les trouverez brouillés et se débinant mutuellement.
L. H. Lyautey, Paroles d'action, p. 261.
3 V. tr. (1866). || Débiner (le truc) : dévoiler (le secret de qqch.). — Au participe passé :
1.2 Peuh. Tous leurs trucs sont débinés maintenant. Dans les music-halls, on n'en veut plus.
R. Queneau, Pierrot mon ami, p. 30.
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DÉR. Débinage, débineur. — V. Débine.
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2. débiner (se) [debine] v. pron.
ÉTYM. V. 1850 (régional, début XIXe); se biner, 1771; probablt de 2. dé-, et (se) biner, anc. français (s'en) bin(n)er « s'en aller secrètement » (bignier, XIIIe), d'orig. inconnue; mais P. Guiraud ne distingue pas ce verbe de 1. débiner.
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1 Se sauver, s'enfuir, partir. ⇒ Filer. || Se débiner au dernier moment. || N'essaye pas de te débiner.
2 Sur les routes, y a non seulement les troupes, mais tous les civils des patelins, qui ont les foies, et qui se débinent !
Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 169.
3 Et débine-toi, si tu ne veux pas être fait comme un rat !
Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 187.
4 Ce qui m'amuserait, moi, ça serait de savoir comment que tu t'y prends, pour te débiner de chez ta maîtresse.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, VIII, p. 83.
REM. Parfois sans pronom : « Oh ! le beau pognon ! (…) sucrons-nous et débinons » (l'Épatant, 1908, p. 43).
5 C'est pas la peine d'attendre… Vous allez prendre froid… (Criant de plus en plus.) Allez, débinez…, débinez…, débinez !… Laissez-moi tout seul… puisque je suis tout seul… Je ne demande rien… à personne… Qu'on me foute la paix…
2 S'en aller, s'user. || Des chaussettes qui se débinent.
♦ Abstrait :
6 François, hochant la tête avec dérision. Tu as peut-être les idées larges, mais t'as la tête trop petite… Alors, les idées…, ça se débine de tous les côtés… Tout à l'heure, tu parlais de Françoise et, maintenant, c'est de Clara… Tu mélanges tout…, t'es fatigué.
Encyclopédie Universelle. 2012.