crouler [ krule ] v. intr. <conjug. : 1>
• crodler, croller « vaciller » XIe; p.-ê. du lat. pop. °corrotulare « faire rouler » ou de °crotalare « secouer »
1 ♦ (XIIIe) Tomber en s'affaissant (construction, édifice). ⇒ s'abattre, s'affaisser, s'ébouler, s'écrouler, s'effondrer. Cette maison menace de crouler. Masse de neige qui croule (⇒ avalanche) . « Une seule pierre arrachée de cet édifice, l'ensemble croule fatalement » (Renan). — Plus cour. Crouler sous (qqch.) :être écrasé, s'affaisser sous le poids de. L'arbre croule sous les fruits.
♢ Par exagér. En ce moment, je croule sous le travail. — Salle de spectacle qui croule sous les applaudissements.
2 ♦ Fig. S'effondrer. « si la Société est telle que vous la dépeignez, il faut qu'elle croule ! » (Huysmans). Faire crouler un projet. ⇒ échouer.
⊗ CONTR. Dresser, redresser, relever, résister, tenir.
● crouler verbe intransitif (latin populaire crotalare, secouer) S'affaisser, s'effondrer, s'écrouler, s'ébouler : Un pan de mur qui croule. Aller à sa ruine, échouer : Ce régime politique croulait de toutes parts. Porter un tel poids, une telle quantité qu'une impression d'affaissement est donnée : L'arbre croule sous les fruits, croule de fruits. ● crouler (expressions) verbe intransitif (latin populaire crotalare, secouer) Crouler sous les applaudissements, être submergé par les applaudissements du public. ● crouler (homonymes) verbe intransitif (latin populaire crotalare, secouer) ● crouler (synonymes) verbe intransitif (latin populaire crotalare, secouer) S'affaisser, s'effondrer, s'écrouler, s'ébouler
Synonymes :
- s'ébouler
- s'écrouler
Aller à sa ruine, échouer
Synonymes :
- disparaître
- expirer
- mourir
- périr
Contraires :
- résister
- tenir
● crouler
verbe intransitif
(origine germanique)
Crier, en parlant de la bécasse.
● crouler (homonymes)
verbe intransitif
(origine germanique)
crouler
v. intr.
d1./d Tomber en se désagrégeant. Un mur qui croule.
d2./d Fig. S'effondrer. L'empire croulait de toutes parts.
— Crouler de fatigue.
I.
⇒CROULER1, verbe trans.
A.— VÉN. [En parlant d'un chien] Crouler la queue. Agiter la queue (de peur). La langue retraite, croulant la queue, il [le Vieux] avait cet aspect tragique de l'animal bientôt sur ses fins (GENEVOIX, Dern. harde, 1938, p. 131).
B.— MAR., vx et rare. Crouler un navire. Lancer un navire à la mer sur des glissières (d'apr. BONN.-PARIS 1859).
Prononc. et Orth. :[], (je) croule []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Cf. crouler2 B.
II.
⇒CROULER2, verbe intrans.
A.— [Implique l'idée du mouvement d'une masse vers le bas et, gén., celle d'une destruction]
1. S'affaisser, s'effondrer de toute sa masse. Synon. s'écrouler.
a) [Le suj. désigne une masse solide] Crouler en ruines. Le feu dévore tout : les combles embrâsés Croulent de toute part sur les plafonds brisés (LAYA, Ami loix, 1793, IV, 5, p. 80). Les bûches croulaient une à une dans la cendre (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1539) :
• 1. ...elle [la Crécy] tira une épingle d'or qui retenait sa chevelure. Son chignon croula, et roula d'un seul côté.
GONCOURT, Charles Demailly, 1860, p. 183.
— Emploi factitif. Faire crouler. Détruire, abattre. Faire crouler un mur, une maison :
• 2. ...il faut un tremblement de terre pour renverser un bâtiment neuf; une détonation un peu forte suffit pour faire crouler une masure.
JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 5, 1814, p. 192.
♦ P. anal. Les millions croulaient de toutes parts (ZOLA, Argent, 1891, p. 373).
b) [Le suj. désigne un être animé] Tomber brusquement de tout son poids. Se laisser crouler; crouler à la renverse. Un garçon boucher surgit près de nous; d'un coup de bras fauche le voleur qui croule juste au ras du trottoir à nos pieds (GIDE, Journal, 1905, p. 184). Le vieux plongea son poignard. Le taureau croula sur le côté, étirant des pattes raidies, vite immobiles (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 546).
2. Au fig.
a) [Le suj. désigne un état social ou historique] Être renversé, détruit. Synon. s'écrouler, s'effondrer. Si ce vieux monde social devait crouler un jour, est-ce qu'un homme comme lui n'allait pas encore trouver le temps et la place de combler ses désirs, avant l'effondrement? (ZOLA, Argent, 1891, p. 46).
— Spéc. [Le suj. désigne une entreprise commerciale ou financière] Faire faillite. La compagnie avait croulé, et Arnoux, civilement responsable, venait d'être condamné (FLAUB., Éduc. sentim., t. 1, 1869, p. 220).
b) [Le suj. désigne une construction de l'esprit, un sentiment] Être réduit à néant, disparaître. Que de beaux projets depuis longtemps chéris au fond de sa pensée le pauvre homme voit crouler en un instant! (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 434). Satan est l'orgueil, méprisez-le et aussitôt son audace croule (HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 207). Dans une heure, une minute, une seconde, maintenant peut-être, tout pouvait crouler (CAMUS, Env. et endr., 1937, p. 112) :
• 3. La découverte des officiers faussaires avait mis à néant l'instruction contre le colonel Picquart. Tous ses accusateurs étaient perdus, compromis, entachés tout au moins de suspicions graves. Le procès croulait par la base.
CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, p. 213.
B.— Par emphase. Crouler de..., sous...
1. [L'accent est mis sur l'aspect d'un élément] Être écrasé sous le poids d'une masse.
a) [Le suj. désigne une chose; le compl. prép. un ensemble concr.] Être surchargé de. Je regardais la maison grise, le jasmin de Virginie croulant de fleurs rouges autour de la baie vitrée de l'atelier (A. DAUDET, R. Helmont, 1874, p. 4) :
• 4. C'est des espèces de « tartanes » ... Je m'y connais moi en navires. (...). Elles croulent sous les nourritures. Y a des légumes pour un monde... Y a des choux rouges, des oignons, des radis noirs, des navets en monticules, en cathédrales, ...
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 257.
b) [Le suj. désigne une pers.; le compl. prép. un fait considéré comme pénible] Être accablé de. Crouler de sommeil; crouler sous le ridicule. Après cinq cents mètres de marche nous croulons de fatigue (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 239).
2. [L'accent est mis sur l'idée d'un bruit intense : le suj. désigne une salle de spectacle] Crouler sous les applaudissements, les bravos. La salle croulait sous les bravos et les « encore » (MORAND, New York, 1930, p. 171).
Prononc. et Orth. Cf. crouler1. Étymol. et Hist. A. Intrans. 1. Fin Xe s. terra crollet, parf. 3° sing. « vaciller, trembler » (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 322); 1155-60 en parlant d'une pers. âgée (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 6854 : Pere ... viex ... et crollanz); 2. 1177-80 « tomber en ruines (d'un mur) » (CHR. DE TROYES, Chevalier Lyon, éd. M. Roques, 6532); 3. fig. et p. exagér. 1831 (BALZAC, Sarrasine, p. 412 : Des applaudissements à faire crouler la salle). B. Trans. 1. a) Ca 1100 croller « secouer, agiter (ici un javelot) » (Roland, éd. J. Bédier, 442); b) 1754 vén. crouler la queue (Encyclop. t. 4); 2. 1721 mar. « lancer à la mer un vaisseau » (Trév.). Soit du lat. vulg. crotalare « secouer », du lat. impérial crotalum « crotale (instrument de musique) » v. ce mot (REW3 n° 2339); soit moins vraisemblablement du lat. vulg. corrotulare (DIEZ5, p. 113, FEW t. 2, p. 1228 b; composé de cum, « avec, ensemble » et de rota « roue »), par l'intermédiaire de corrotare attesté au sens de « s'écrouler » dans les parlers rhétoromans et en ital. septentrional (FEW t. 2, p. 1227b). Fréq. abs. littér. :599. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 722, b) 1 063; XXe s. : a) 1 321, b) 565.
DÉR. 1. Croulement, subst. masc. Action de crouler. Le croulement d'une terrasse, d'un édifice. Synon. écroulement, effondrement, éboulement. J'entends le croulement des pommes de terre dans les tombereaux (RENARD, Journal, 1903, p. 852). Au fig. C'était le croulement de la monarchie! (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 53). — []. Ds Ac. 1694-1878. — 1re attest. 1re moitié XIIe s. crollement « ébranlement, tremblement, secousse » ici fig. « ruine, fléau » (Psautier Oxford, 105, 29 ds T.-L.); réputé ,,vieilli`` ds DG; du rad. de crouler1, suff. -ement (-ment1). — Fréq. abs. littér. : 5. 2. Croulier, ière, adj. [En parlant d'un sol, d'un terrain] Qui cède, s'enfonce sous les pieds, mouvant. Des près crouliers (Ac. 1798-1932); des terres croulières (Ac. 1798-1878). P. ell., croulière, subst. fém. ,,Terre sablonneuse et mouvante, impropre à la culture`` (FÉN. 1970). — [], fém. [-]. Ds Ac. 1762-1932. — 1res attest. a) Subst. fém. ca 1200 crollière « fondrière, bourbier » (Naiss. du Chev. au Cygne, éd. H.-A. Todd, 1059); b) adj. 1572 prez crouilliers (Dictionariolum latinograecogallicum, Parissiis, apud N. Chesneau); 1625 « mouvant ou marécageux » terre croullière (DE BROSSES, Le Grand dict. fr.-lat.); du rad. croul de crouler1, suff. -ier, -ière (l'adjonction de ce suff. à un rad. verbal fait difficulté; elle est peut-être due à des synon. tels mareschiere, cf. l'assoc. un croleïs et une marichiere (XIIIe s.) ds GDF.).
BBG. — JABERG (K.). Zu den französischen Benennungen der Schaukel. Vox rom. 1945-46, t. 8, p. 10. — SAIN. Sources t. 2 1972 [1925] p. 123 (s.v. croulière). — TEPPE (J.). Cris d'animaux. Vie Lang. 1961, p. 207.
1. crouler [kʀule] v.
ÉTYM. Xe; crodler, croller « vaciller »; « secouer violemment », 1080, Chanson de Roland; p.-ê. du lat. pop. corrotulare « faire rouler », de rotulare « rouler », ou de crotalare « secouer », de crotalum (→ Crotale). → Grouiller.
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1 V. tr. Vx (langue class.). Secouer, agiter.
1 Je les compare à ces ambitieux
Qui, monts sur monts, déclarèrent la guerre
Aux immortels; Jupin, croulant la terre,
Les abîma sous des rochers affreux (…)
2 (1721). Mar. Vx. || Crouler un vaisseau, le lancer, le mettre à l'eau, à la mer.
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II V. intr.
1 (V. 1177). Cour. (mais plutôt style écrit ou soutenu). Tomber en s'affaissant, en parlant d'une construction, d'un édifice… ⇒ Abattre (s'), affaisser (s'), ébouler (s'), écrouler (s'), effondrer (s'). || Cette maison croule. ⇒ Tomber (en ruine). || Masse de neige qui croule (⇒ Avalanche). || Terre qui croule sous les pieds (⇒ Croulier).
2 Quand nous verrions partout les roches ébranlées,
Et jusqu'au fond des mers les montagnes croulées,
Nous n'aurions point lieu de trembler.
Corneille, Office de la Vierge, 7.
3 Les murs évidés sont presque tout entiers occupés par les fenêtres; l'appui manque; sans les contreforts plaqués contre les parois, l'édifice croulerait (…)
Taine, Philosophie de l'art, t. I, I, II, VI, p. 84.
4 Une seule pierre arrachée de cet édifice, l'ensemble croule fatalement.
Renan, Souvenirs d'enfance…, V, 3.
5 Il lui semblait voir crouler cet abri que, depuis trois ans, il s'était construit de ses mains (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 51.
5.1 Aux gueules des canons, braqués sur le vaisseau de ligne, dix longues flammes s'allumèrent, et la bordée, sifflant par mi mâts et cordages, jeta bas, comme par magie, ma moitié de cette pyramide de voiles qui surmontait le galion, et qui tout d'un coup fondit et croula, comme neige au soleil.
Claude Farrère, Thomas l'Agnelet, p. 105.
♦ Faire crouler (qqch.). ⇒ Abattre, détruire. || Faire crouler un pan de mur.
♦ Par ext. (vieilli). || Se laisser crouler à terre. ⇒ Tomber; glisser. || Crouler lourdement sur le sol.
6 Il se laissa crouler à terre, mit sa tête sur les genoux de la simple fille, et ses yeux, qu'on aurait pu croire plus arides que les citernes consumées dont il est parlé dans le Prophète lamentateur, devinrent des fontaines.
Léon Bloy, la Femme pauvre, II, p. 206.
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
♦ Fig. S'écrouler (plus cour.). || Crouler de sommeil. || Crouler de rire.
6.1 Mais n'importe quelle bêtise, des grimaces, des singeries (…) personne comme ce petit pitre, un vrai petit clown, ne sait, mettant sa langue sous sa lèvre supérieure qu'il a très longue, rapetissant ses yeux, voûtant son dos, une main sous l'aisselle, se grattant, imiter un singe (…) Ça les fait chaque fois crouler de rire (…)
N. Sarraute, Vous les entendez ?, p. 15.
♦ (1831). Fig. et cour. || Salle de spectacle qui croule sous les applaudissements, qui résonne d'applaudissements, en est ébranlée.
2 Fig. S'effondrer. || Faire crouler un projet. ⇒ Échouer. || Cette objection fait crouler votre hypothèse. ⇒ Détruire; réduire (à rien), renverser, ruiner.
7 Ce point une fois manqué, il est aisé de voir que tout le système de M. l'abbé Dubos croule de fond en comble.
Montesquieu, l'Esprit des lois, XXX, 24.
♦ Entreprise qui croule. ⇒ Faillite (faire faillite). || Société, empire qui croule. ⇒ Écrouler (s'), effondrer (s').
8 Or, la compagnie avait croulé, et Arnoux, civilement responsable, venait d'être condamné, avec les autres, à la garantie des dommages-intérêts (…)
Flaubert, l'Éducation sentimentale, II, III, p. 204.
9 Raison de plus, riposta Carhaix; si la Société est telle que vous la dépeignez, il faut qu'elle croule !
Huysmans, Là-bas, XX, p. 283.
♦ Crouler sous le poids des ans : être très âgé. || Crouler sous le ridicule. — Par ext. || Crouler sous… : être enfoui sous… || Le balcon croulait sous les fleurs.
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croulant, ante p. prés., adj. et n.
1 Qui menace ruine. || Édifice croulant (→ Aspect, cit. 19). || Des murs croulants.
♦ (Personnes). Qui se laisse tomber.
10 Et je me trouvais toute croulante de sommeil, avec un solliciteur trop tenace pour être éconduit, et trop bien placé.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XV, p. 198.
♦ Qui semble s'effondrer par une surcharge, un trop grand poids. || « Je n'ai jamais vu un tel monument de chairs croulantes, débordantes » (B. Cendrars, Bourlinguer, 1948, in T. L. F.). — Un arbre croulant de fruits.
2 Fig. En voie d'effondrement, de disparition. || Empire croulant, société croulante. — (Personnes). || Personne croulante, très âgée. ⇒ Croulant, n. m.
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DÉR. Croulant, croulement, croulier.
HOM. 2. Crouler.
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2. crouler [kʀule] v. intr.
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♦ Chasse. Crier (en parlant des bécasses) au moment des amours. ⇒ Croule.
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DÉR. Croule.
HOM. 1. Crouler.
Encyclopédie Universelle. 2012.