Akademik

coutume

coutume [ kutym ] n. f.
custume fin XIe costume; lat. pop. °cosetudine, class. consuetudo, inis « habitude »
Façon d'agir établie par l'usage. habitude, mœurs, tradition, usage.
1Dans une collectivité, Manière à laquelle la plupart se conforment. Vieille, ancienne coutume. tradition. Coutume ancestrale, abandonnée. Coutume passagère. 1. mode. « le mur qui tient enfermé selon la coutume saintongeaise le jardin et l'habitation » (Chardonne). Les coutumes d'un peuple, d'une société, d'un pays. Les coutumes locales. Mœurs et coutumes des Lapons. Us et coutumes.
2Dr. Habitude collective d'agir, transmise de génération en génération. La coutume est fondée sur la tradition et elle peut être transmise oralement. La coutume a force de loi. La coutume, source du droit. Vx Pays de coutume. coutumier.
Par ext. Recueil de droit coutumier.
3Vx ou littér. habitude. « La coutume est une seconde nature » (Pascal). « Les coutumes de l'esprit » (Cocteau). Mod. Loc. prov. Une fois n'est pas coutume : changer une fois sa manière de faire est une exception qui n'engage pas l'avenir; faites une exception. — Avoir coutume de (et inf.) :être accoutumé à, avoir l'habitude de. « Il n'avait pas coutume de manquer la messe, et il se mit en route avec les autres » (Sand).
Loc. adv. De coutume (surtout employé dans les compar.). habituellement, ordinairement (cf. À l'accoutumée, d'habitude, d'ordinaire). Il est moins aimable que de coutume. Comme de coutume.
⊗ CONTR. Exception, innovation, nouveauté.

coutume nom féminin (latin consuetudo, -inis, habitude) Manière d'agir établie par l'usage chez un peuple, dans un groupe social ; tradition : Une coutume ancestrale. L'une des sources du droit, issue d'un usage général et répété, et dont l'autorité est reconnue par tous, à condition de ne pas aller à l'encontre d'une loi. Recueil des coutumes d'un pays. ● coutume (citations) nom féminin (latin consuetudo, -inis, habitude) Roger Caillois Reims 1913-Paris 1978 Académie française, 1971 Il n'est pas pour la civilisation de danger plus redoutable que le fossé que l'on voit parfois s'élargir entre le discours et la coutume. Circonstancielles Gallimard Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Jean Lapin allégua la coutume et l'usage […]. Fables, le Chat, la Belette et le Petit Lapin Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Deux époux ? C'est trop pour la coutume. Les Femmes savantes, V, 3, le notaire Blaise Pascal Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1623-Paris 1662 Les preuves ne convainquent que l'esprit. La coutume fait nos preuves les plus fortes et les plus crues ; elle incline l'automate, qui entraîne l'esprit sans qu'il y pense. Pensées, 252 Commentaire Chaque citation des Pensées porte en référence un numéro. Celui-ci est le numéro que porte dans l'édition Brunschvicg — laquelle demeure aujourd'hui la plus généralement répandue — le fragment d'où la citation est tirée. Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues Aix-en-Provence 1715-Paris 1747 La coutume fait tout, jusqu'en amour. Réflexions et Maximescoutume (expressions) nom féminin (latin consuetudo, -inis, habitude) Littéraire. Avoir coutume de, être accoutumé à, avoir l'habitude de. Certificat de coutume, document délivré par un juriste qualifié en vue de faire connaître à une autorité étrangère un point particulier du droit d'un pays donné. Faire la coutume, en Nouvelle-Calédonie, offrir un cadeau de bienvenue. Littéraire. Plus, moins, autant que, comme de coutume, exprime une comparaison avec l'usage habituel. Littéraire. Selon sa coutume, selon son habitude. ● coutume (synonymes) nom féminin (latin consuetudo, -inis, habitude) Manière d'agir établie par l'usage chez un peuple, dans un...
Synonymes :
- habitude
- pratique
- rite
- tradition
- usage

coutume
n. f.
d1./d Manière d'agir, pratique consacrée par l'usage qui se transmet de génération en génération. Respecter les coutumes d'un pays. La coutume veut que vous fassiez un voeu. Syn. tradition.
|| Les us et coutumes.
d2./d Ensemble des manières d'agir et croyances traditionnelles. Vivre selon la coutume. Syn. tradition.
|| (Nouv.-Cal.) Ensemble de gestes et cérémonies (échange de présents, etc.) accomplis à l'occasion d'un événement concernant la communauté.
Loc. Plaisant Faire la coutume: partager; faire un échange, un cadeau.
d3./d Habitude individuelle. Il a coutume de faire la sieste.
|| Prov. Une fois n'est pas coutume: l'habitude ne naît pas d'une manière d'agir exceptionnelle.
|| De coutume: à l'ordinaire. Il est aussi gai que de coutume.
(Québec) (Employé de façon plus générale.) De coutume, il passe me saluer à midi.
d4./d DR Droit né de l'usage.
d5./d DR Recueil du droit coutumier d'un pays.
d6./d (Plur.) HIST Redevances annuelles que les Européens payaient aux chefs des régions d'Afrique où ils commerçaient.

⇒COUTUME, subst. fém.
A.— DR. (au sing.)
1. DR. ANC. Droit, non-écrit ou codifié tardivement, propre à un peuple puis à un groupe social et formé par un ensemble de règles juridiques (régissant les affaires publiques comme les affaires privées) établies sur des usages locaux, règles qui ont force de lois, sans avoir été promulguées comme telles, pour autant qu'elles soient acceptées par tout le groupe intéressé. La coutume normande; la coutume d'Andalousie; la coutume des bourgeois. Synon. droit coutumier; anton. droit écrit, droit romain. La somme avec les intérêts au taux fixé par la loi de Venise et la coutume des Lombards (A. FRANCE, Puits ste Claire, 1895, p. 264). Il [Louis XI] songeait à établir dans tout le royaume l'unité de coutume, de poids et de mesures (THIERRY, Tiers-état, 1853, p. 84) :
1. Et qu'y a-t-il donc de sûr parmi les hommes, si la coutume, non contredite surtout, n'est pas la mère de la légalité?
J. DE MAISTRE, Du Pape, 1819, p. 211.
Locution proverbiale Coutume de Lorris :les battus paient l'amende. C'est souvent celui qui a raison qui est finalement condamné. (À Lorris, du temps de Philippe le Bel, le créancier réclamant une somme sans preuve était tenu à un combat au poing avec le débiteur).
2. DR. MOD.
Coutume constitutionnelle. Coutume qui se greffe sur une constitution écrite pour l'interpréter, la compléter ou même la modifier (d'apr. Jur. 1971).
Coutume internationale. Pratique juridique acceptée comme de droit, impliquant un ensemble de précédents et la conviction des États qu'ils obéissent à une règle de droit (d'apr. Jur. 1971).
B.— Usuel (au sing. et au plur.)
1. Manière de se comporter, ordinaire et courante, d'un groupe social. Vieille coutume; respecter la coutume; les coutumes et les institutions. La bizarre coutume de peindre en rouge antique ou sang de bœuf les volets (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p. 16). La coutume de certaines gens de campagne (MAUPASS., Une Vie, 1883, p. 256). Les rites, les formes, les coutumes, accomplissent le dressage des animaux humains (VALÉRY, Variété II, 1929, p. 56) :
2. ... la coutume des étrennes est une superstition coupable (...) cette coutume vient des Romains qui (...) divinisaient le commencement de l'année.
A. FRANCE, Les Contes de Jacques Tournebroche, 1908, p. 142.
SYNT. Coutume ancienne, constante, héréditaire, traditionnelle, invariable; coutume morale; coutume barbare, inhumaine; louable, touchante, plaisante, sotte coutume; observer, enfreindre la coutume; se conformer à, déroger à la coutume. PARAD. La coutume et l'atavisme; les coutumes et les mœurs, et les rites, et les usages; les coutumes et les lois.
Les us et coutumes. Ensemble des conduites habituelles d'un groupe humain. Obligés de vivre selon les us et coutumes de tout le monde (ZOLA, Contes Ninon, 1864, p. 192).
2. P. ext. Comportement fréquent, répétitif et attendu d'une personne qui le considère comme une quasi obligation. Tu n'as plus de coutumes et pas encore d'habitudes (CENDRARS, Du monde entier, Ma danse, 1957, p. 89).
Avoir coutume de. Se conduire habituellement de telle façon. Plusieurs personnes qui ont coutume de m'écrire, depuis quelque temps ne m'ont point écrit (CHATEAUBR., Corresp., t. 1, 1789-24, p. 380). Votre Dieu et votre Providence n'ont pas coutume de nous gâter (ARNOUX, Crimes innoc., 1952, p. 286) :
3. Je me rappelai (...) une maxime de feu mon grand-père qui avait coutume de dire que tout est permis aux dames.
A. FRANCE, Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1881, p. 358.
Prendre coutume (rare). Prendre l'habitude. L'homme apeuré s'arrête pour bégayer une prière (...) et prend coutume à jour fixe de revenir pour le sacrifice et l'offrande (KAHN, Conte, 1898, p. 180).
Loc. prépositives. M. l'abbé Lantaigne (...) et M. Bergeret (...) conversaient, selon leur coutume d'été (A. FRANCE, Orme, 1897, p. 99). Elle s'en était allée par les champs, à sa coutume (ZOLA, Fécondité, 1899, p. 547). À cette heure-ci, nous devrions, comme de coutume, Hamond et moi, remuer de mauvais vieux souvenirs (COLETTE, Vagab., 1910, p. 88).
Loc. proverbiale. Une fois n'est pas coutume. Faire quelque chose une fois ne signifie pas qu'on va le faire habituellement. Et pourtant cette fois — une fois n'est pas coutume — il a gargarisé sa voix (VERLAINE, Œuvres compl., t. 1, Jadis, 1884, p. 397).
Prononc. et Orth. :[kutym]. Ds Ac. depuis 1694. Noter qu'il n'y a pas d'accent circonflexe sur -ou- bien qu'il y ait eu disparition d'un s dans le mot (lat. consuetudinem > coustume). Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 custume « manière d'agir habituelle » (Roland, éd. J. Bédier, 141); 1160-74 avoir custume (WACE, Rou, éd. H. Andresen, III, 285); 1467 de coustume « habituellement » (A.N. JJ 200, f° 69 r° ds GDF. Compl.); 2. 1130-40 costume « manière d'être établie par l'usage et à laquelle la plupart des gens se conforment » (WACE, Conception ND, éd. W. R. Ashford, 833); d'où 3. début XIIe s. dr. custumes « législation établie par l'usage » (Lois G. le Conquérant, éd. J. E. Matzke, introd.). Du lat. class. consuetudinem acc. de consuetudo « habitude », « genre, manière d'agir d'un peuple » (cf. lat. médiév. costuma ds NIERM.); pour l'évolution phonét., cf. NYROP t. 3, § 294, 1° et FEW t. 2, p. 1092 b; 3 attesté en lat. médiév. consuetudo (790 ds NIERM.). Fréq. abs. littér. :2 653. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 4 295, b) 3 238; XXe s. : a) 3 788, b) 3 603. Bbg. FLUTRE (L. F.). Termes comm. aux 17e et 18e s. R. Ling. rom. 1961, t. 25, p. 278. — GOTTSCH. Redens. 1930, pp. 424-425. — GOUG. Mots t. 3 1975, p. 81. — KOEHLER (E.). Le Rôle de la costume ds les rom. de Chrétien de Troyes. Romania. 1960, t. 81, pp. 336-397. — ROHLFS (G.). Traditionalismus und Irrationalismus in der Etymologie. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 2, pp. 207-210.

coutume [kutym] n. f.
ÉTYM. Fin XIe, custume; du lat. pop. cosetudine, du lat. class. consuetudo, inis, du supin de consuescere de con- (cum) et suescere « habituer ».
Façon d'agir établie par l'usage. Habitude, mœurs, tradition, usage.
1 Dans une collectivité, Manière à laquelle la majorité se conforme. || C'est la coutume en Angleterre de prendre le thé à 5 heures. || Fêter la Saint-Jean est une coutume paysanne. || Coutume d'une petite communauté. Règle. || Vieille, ancienne coutume. Tradition. || Coutume passagère. Mode. || Fait qui passe en coutume. || Coutume qui s'introduit, s'établit, se conserve… || Coutume perdue, abolie, qui tombe en désuétude. || Mœurs et coutumes des Lapons. || Observer les us et coutumes. || Adopter (cit. 6) les coutumes d'un pays.
1 (…) parfois je manie le pinceau, contre la coutume de France, qui ne veut pas qu'un gentilhomme sache rien faire (…)
Molière, le Sicilien, 9.
2 L'on peut définir l'esprit de politesse, l'on ne peut en fixer la pratique : elle suit l'usage et les coutumes reçues; elle est attachée aux temps, aux lieux, aux personnes (…)
La Bruyère, les Caractères, V, 32.
3 Quand une fois les coutumes sont établies et les préjugés enracinés, c'est une entreprise dangereuse et vaine de vouloir les réformer; le peuple ne peut pas même souffrir qu'on touche à ses maux pour les détruire, semblable à ces malades stupides et sans courage qui frémissent à l'aspect du médecin.
Rousseau, Du contrat social, II, VIII.
4 Or elles n'avaient jamais manqué à ce devoir-là, c'était même une des seules coutumes religieuses de l'Islam qu'elles observaient fidèlement encore (…)
Loti, les Désenchantées, III, p. 47.
5 (…) on rejette pour le compte de tout le monde les habitudes séculaires d'une coutume et d'un ordre social.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », III, p. 110.
6 Pauline longe le mur qui tient enfermé selon la coutume saintongeaise le jardin et l'habitation.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, III, p. 371.
2 Dr. et cour. Habitude collective d'agir, consentie à l'origine par ceux qui l'observent, et transmise de génération en génération. || La coutume est fondée sur la tradition et elle peut être transmise oralement, caractères qui la différencient de la loi. || La coutume a force de loi. || La coutume a longtemps régi le Nord de la France. || Pays de coutume. || Ensemble des coutumes. Coutumier (droit).
7 Jean Lapin allégua la coutume et l'usage.
Ce sont, dit-il, leurs lois qui m'ont de ce logis
Rendu maître et seigneur (…)
La Fontaine, Fables, VII, 16.
8 Un avocat (…) étudie pendant trois ans les lois de Théodose et de Justinien pour connaître la coutume de Paris (…)
Voltaire, Dict. philosophique, Avocat.
9 (…) la coutume diffère à l'infini suivant les lieux.
Ch. Seignobos, Hist. sincère de la nation franç., p. 77.
10 (…) ils (les Francs) doivent accepter du coupable une composition proportionnée au crime et dont le taux est fixé par la coutume.
Olivier-Martin, Précis d'hist. du droit franç., no III, p. 45.
Spécialt. || La coutume : loi non écrite et ancestrale, ensemble des règles de conduite traditionnelles (par ex. en Afrique). || Suivre la coutume (I. F. A.).
Par ext. Recueil de droit coutumier. Au plur. || Les coutumes (d'une région).
3 Vx ou littér. Manière ordinaire d'agir. Habitude. || C'est sa coutume d'arriver sans prévenir. || Il a agi selon sa coutume. || Faire prendre une coutume à qqn. — ☑ Loc. Prendre coutume de : prendre l'habitude. Accoutumance; accoutumer. — ☑ Loc prov. Mod. Une fois n'est pas coutume : changer une fois sa manière de faire est une exception qui n'engage pas l'avenir; on peut faire une exception.
11 (…) la coutume est une seconde nature, qui détruit la première.
Pascal, Pensées, II, 93.
12 Il y a trois moyens de croire : la raison, la coutume, l'inspiration.
Pascal, Pensées, IV, 245.
13 Si vous pensiez ce que vous me dites là, Fanchon, vous me diriez tu et non pas vous; car ce n'est pas la coutume des bessons de se parler avec tant de cérémonie.
G. Sand, la Petite Fadette, XXXIX, p. 249.
14 — Une fois n'est pas coutume, susurra modestement M. Chasle.
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 152.
15 La surprise des œuvres nouvelles provoquant une rupture entre les coutumes de l'esprit et la nouveauté qu'on lui soumet, le public trébuche. Il y aura donc chute et rire.
Cocteau, la Difficulté d'être, Du rire, p. 182.
Vieilli ou littér. Avoir coutume de : être accoutumé à, avoir l'habitude de. Coutumier (être), souloir (vx). || Elle avait coutume de se lever chaque matin à 6 heures.
16 (…) Germain était si fatigué qu'il eût fort souhaité avoir le temps de faire un somme auparavant; mais il n'avait pas coutume de manquer la messe, et il se mit en route avec les autres.
G. Sand, la Mare au diable, XII, p. 105.
Loc. adv. Cour. …de coutume (surtout employé dans les comparatifs). Habitude (d'), habituellement, ordinaire (d'), ordinairement, toujours. || Il est moins aimable que de coutume. || Comme de coutume. || Plus que de coutume, plus qu'il n'est coutume.
17 (…) trouver les jours plus longs que de coutume.
Racine, la Thébaïde, II, 1.
18 Peut-être bien qu'il avait simplement passé ces deux journées à bord et qu'il revenait comme de coutume, et que tout s'arrangerait encore une fois.
Loti, Mon frère Yves, LXXXI, p. 189.
19 (Sur les murs des toilettes) il y a surtout des inscriptions chinoises, pour la plupart pornographiques et dénotant plus d'imagination qu'il n'est coutume dans ce genre de lieux.
A. Robbe-Grillet, la Maison de rendez-vous, p. 134.
CONTR. Exception, inhabitude, innovation, nouveauté.
DÉR. Coutumier.
COMP. Accoutumer.

Encyclopédie Universelle. 2012.