caprice [ kapris ] n. m.
• 1558; it. capriccio; rad. capra « chèvre »
1 ♦ Détermination arbitraire, envie subite et passagère, fondée sur la fantaisie et l'humeur. ⇒ désir, envie; accès, boutade, coup (de tête), fantaisie, foucade, lubie, tocade. Disposition à agir par caprice. ⇒ inconstance, instabilité, légèreté. Avoir, faire des caprices. Céder aux caprices d'autrui. Passer à qqn tous ses caprices. « Le mot caprice est gracieux. Il évoque les bonds de la chèvre, son instabilité » (Duhamel).
2 ♦ (Choses) Plur. Changements fréquents, imprévisibles. « Les caprices et les virevoltes de la mode » (Duhamel). Les caprices de la chance, du hasard.
3 ♦ Spécialt Amour, inclination qui naît brusquement et ne dure pas. ⇒ 1. amourette, béguin, passade, tocade.
4 ♦ Exigence obstinée d'un enfant, accompagnée de colère. Un enfant insupportable, qui ne cesse de faire des caprices.
⊗ CONTR. Constance, entêtement. Raison.
● caprice nom masculin (italien capriccio, frisson, puis désir soudain) Volonté soudaine, irréfléchie et changeante de quelqu'un, parfois d'un animal ; lubie : Il obéit au moindre de ses caprices. Amour soudain et passager, engouement pour quelqu'un ou quelque chose, objet de cet amour ; toquade. Changement et irrégularité auxquels sont exposées certaines choses (surtout pluriel) : Les caprices de la mode. En peinture, gravure, dessin, surtout aux XVII et XVIIIe s., œuvre d'imagination et de fantaisie, qu'il s'agisse d'un paysage aux ruines et monuments inventés ou transposés (F. Guardi, M. Ricci, etc.) ou d'une scène grotesque ou pittoresque (Callot, G. B. Tiepolo), voire fantastique (Caprices de Goya, suite de gravures publiée en 1799). Morceau vocal ou instrumental qui contient des éléments de fantaisie ou de virtuosité. ● caprice (citations) nom masculin (italien capriccio, frisson, puis désir soudain) Charles Fourier Besançon 1772-Paris 1837 Tous ces caprices philosophiques appelés des devoirs n'ont aucun rapport avec la nature. Théorie de l'unité universelle ● caprice (expressions) nom masculin (italien capriccio, frisson, puis désir soudain) Faire un caprice, manifester un désir irréfléchi. ● caprice (synonymes) nom masculin (italien capriccio, frisson, puis désir soudain) Volonté soudaine, irréfléchie et changeante de quelqu'un, parfois d'un animal ;...
Synonymes :
- coup de tête
- envie
- foucade
- lubie
Amour soudain et passager, engouement pour quelqu'un ou quelque chose, objet...
Synonymes :
- béguin (familier)
- flirt
- passade
- toquade (familier)
Changement et irrégularité auxquels sont exposées certaines choses (surtout pluriel)
Synonymes :
- variations
Contraires :
- uniformité
Morceau vocal ou instrumental qui contient des éléments de fantaisie...
Synonymes :
caprice
n. m.
d1./d Fantaisie, volonté soudaine et irréfléchie. Satisfaire les caprices d'un enfant.
d2./d (Plur.) Changements imprévisibles. Les caprices de la mode.
d3./d Fantaisie amoureuse. "Les Caprices de Marianne", comédie de Musset (1833).
⇒CAPRICE, subst. masc.
A.— Le plus souvent au sing. Disposition de l'esprit à des enthousiasmes passagers, à des changements brusques dans l'humeur, les résolutions ou les sentiments. Agir au gré de son caprice, par caprice; suivre son caprice. Synon. inconséquence, inconstance, versatilité. Je suis avant tout l'homme de la fantaisie, du caprice, du décousu (FLAUBERT, Correspondance, 1846, p. 225) :
• 1. ... l'œuvre d'art n'est pas un décalque de la réalité, mais une transposition, soumise au caprice, à la volonté, et même « aux infirmités » de l'artiste.
LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p. 19.
PARAD. a) (Quasi-)synon. contextuels arbitraire, besoin, délire, désir, enfantillage, fantaisie, hasard, humeur, incohérence, passion; b) (Quasi-)anton. contextuels constance, raison.
B.— Manifestation de cette disposition.
1. [Dans l'ordre de la volonté, du comportement]
a) Manifestation irréfléchie de la volonté, généralement soudaine, obstinée et sujette à de brusques revirements. Ce qui semble caprice, aux yeux des gens sans âme, m'a toujours semblé la raison du cœur (BALZAC, Correspondance, 1836, p. 46) :
• 2. ... il [Roosevelt] fit une allusion transparente à de Gaulle, en évoquant telle « prima donna » à qui son caprice de vedette avait fait manquer un utile rendez-vous.
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, p. 89.
SYNT. Caprice d'enfant, de femme, de malade; avoir des caprices, être plein de caprices, être le jouet des caprices; céder, obéir, se plier, se soumettre aux caprices de qqn; faire les caprices de qqn.
♦ Loc. Passer un caprice à qqn, se passer un caprice :
• 3. Soyez sérieuse et soyez sage! Nous vous avons passé votre caprice, un caprice prolongé. Mais le caprice est fini, madona. Il faut partir.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Suzanne et les jeunes hommes, 1941, p. 270.
— P. ext. [En parlant d'un attribut, d'une faculté de l'homme] Réaction, revirement, modification imprévisible et incontrôlable. Je redoutais surtout mes propres sens et leurs caprices (S. DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 166) :
• 4. ... soucieuse avant tout qu'une règle d'existence disciplinât les caprices de mes nerfs, ce qu'elle [ma mère] regrettait, c'était moins de me voir renoncer à la diplomatie que m'adonner à la littérature.
PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 481.
— [En parlant d'un animal, d'un groupe d'animaux] Comportement incontrôlé, imprévu :
• 5. ... c'est (...) de l'ingratitude que de vous garder rancune pour les caprices de votre attelage, car c'est à l'un de ces caprices que je dois d'avoir vu le comte de Monte-Cristo, ...
A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 701.
b) En partic., PSYCHOL., lang. cour. Exigence obstinée et irréductible souvent accompagnée de colère. Les « caprices » ou « entêtements » de l'enfant (MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 412).
2. [Dans l'ordre du sentiment] Affection, inclination vive, subite et passagère pour une personne. Inspirer un caprice à qqn. Synon. toquade :
• 6. La froideur subite de ses discours (...) porta presque jusqu'à la passion le caprice de Madame d'Hocquincourt; elle lui disait [à Lucien Leuwen] même devant sa société, les choses les plus tendres.
STENDHAL, Lucien Leuwen, t. 2, 1836, p. 183.
♦ Vieilli. Faire des caprices. Séduire, avoir des succès galants (cf. PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 268).— P. méton., fam. Personne qui est l'objet d'une inclination passagère :
• 7. ...en comparant les photographies des divers « caprices » d'une fille ou d'une grande dame (...) on demeure étonné de la fixité de ces âmes soi-disant mobiles.
P. BOURGET, Physiol. de l'amour mod., 1890, p. 54.
3. P. anal., le plus souvent au plur.
a) Variations imprévisibles auxquelles certaines réalités concrètes ou abstraites sont sujettes. Les caprices de la langue, du langage (Ac. 1835-1932). Nous craignons les retards et les caprices du chemin de fer de Suez (FROMENTIN, Voyage en Égypte, 1869, p. 131). Le docteur était persuadé que la ville serait livrée aux caprices de la maladie (CAMUS, La Peste, 1947, p. 1389).
SYNT. Les caprices de la fortune, du hasard, de la mode, de la nature, du sort, des saisons.
b) P. ext. Changement fréquent dans la forme ou le mouvement :
• 8. Tout à l'heure je voyais une charmante vallée. À droite et à gauche, de beaux caprices de terrain, de grandes collines coupées par les cultures, et une multitude de carrés amusants à voir; ...
HUGO, Le Rhin, 1842, p. 16.
Rem. On rencontre ds la docum. un emploi adj. région. ou pop., avec le sens de « capricieux ». L'était si caprice, eç'te femme ed' l'ancien meunier d'And'lot, qu'un soir, à souper, s'était mis en tête, eç'te péronnelle, de n' manger ses pois chiches qu'un par un, avec un' épingl' ed' bonnet (R. MARTIN DU GARD, La Gonfle, 1928, III, 3, p. 1232).
C.— B.-A., LITT., MUS. Œuvre aux contours imprévisibles, dont l'inspiration, la réalisation s'écarte des règles et des conventions habituelles. Synon. fantaisie. Il [le comte] paraissait écouter un caprice d'Hérold écorché sur le piano par sa femme, et courut chez la marquise (BALZAC, La Femme abandonnée, 1832, p. 304).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1558 (BONAVENTURE DES PÉRIERS, Nouv. récréations, nouv. 127 in Conteurs fr. du XVIe s., éd. Gallimard, p. 589). Empr. à l'ital. capriccio attesté ds BATT. d'abord au sens de « frisson (de peur, d'horreur) » au XIIIe s. (Giamboni) puis au sens de « désir soudain et bizarre; idée fantasque » au XVIe s. (Bandello). Fréq. abs. littér. :2 225. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 4 006, b) 4 072; XXe s. : a) 2 982, b) 2 067. Bbg. BRINKMANN (F.). Metapherstudien. Arch. St. n. Spr. 1876, t. 56, p. 344. — BRÜCH (J.). Bemerkungen zum französischen etymologischen Wörterbuch E. Gamillschegs. Z. fr. Spr. Lit. 1927, t. 49, pp. 316-317. — GIR. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 17. — GONIN 1903, p. 290. — HOPE 1971, p. 174. — KOHLM. 1901, p. 36. — QUEM. 2e s. t. 4 1972, p. 44. — SAR. 1920, p. 12. — WIND 1928, p. 186, 206.
caprice [kapʀis] n. m.
ÉTYM. 1558; adapt. de l'ital. capriccio « frisson (de peur) », XIIIe, « idée fantastique », XVIe; de capo « tête », du lat. caput.
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1 (Le caprice). Disposition à des enthousiasmes brefs, à des désirs passagers, à des changements d'intention fréquents. ⇒ Inconstance, instabilité, versatilité. || Agir par caprice. || C'est le caprice qui le mène. || « Je suis avant tout l'homme de la fantaisie, du caprice, du décousu » (Flaubert, in T. L. F.). — Le caprice de qqn, son caprice, sa tendance à de tels changements (→ ci-dessous, cit. 2 et 5). || Le caprice des enfants (→ ci-dessous, cit. 4), leur tendance à faire des caprices.
1 (…) le chef de cette république,
Par caprice ou par politique,
Le changea bientôt de logis.
La Fontaine, Fables, VII, 6.
2 Et ne connaissant d'autres lois
Que son caprice (…)
La Fontaine, Fables, Appendice aux Fables, 3.
3 Cette amoureuse ardeur qui dans les cœurs s'excite
N'est point, comme l'on sait, un effet du mérite :
Le caprice y prend part, et quand quelqu'un nous plaît,
Souvent nous avons peine à dire pourquoi c'est.
Molière, les Femmes savantes, V, 1.
4 Le caprice des enfants n'est jamais l'ouvrage de la nature, mais d'une mauvaise discipline : c'est qu'ils ont obéi ou commandé; et j'ai dit cent fois qu'il ne fallait ni l'un ni l'autre.
Rousseau, Émile, II, 122.
5 Du reste, aucun choix dans ses relations. Sa facile humeur, la vivacité de son caprice le jetaient à la tête du premier venu et le reprenaient aussi lestement.
Alphonse Daudet, Numa Roumestan, III, p. 51.
♦ (Par jeu de mots étymologique). → Chèvre, cit. 1.
2 (Un, des caprices). Effet de cette disposition; volonté subite, désir passager; détermination arbitraire fondée sur la fantaisie. ⇒ Désir, envie; accès, bizarrerie, boutade, coup (de tête), fantaisie, foucade, lubie, toquade. || Agir selon ses caprices. || Il a des caprices, il est sujet à des caprices. || Faire, passer à qqn tous ses caprices; céder à ses caprices. || Imposer ses caprices à son entourage. || Les dangereux caprices d'un despote, d'un tyran, d'un dictateur. — Les caprices de la foule, de l'opinion.
6 Malouet a dit un mot très pénétrant : « Il n'y avait à la gauche de l'Assemblée que deux hommes qui ne fussent point des démagogues, Mirabeau et Robespierre ». Il entendait par là qu'ils suivaient leur pensée et développaient leur plan sans plier aux caprices de la foule, aux mouvements passagers de l'opinion.
Jaurès, Hist. socialiste, t. I, la Constituante, p. 421.
7 (…) l'homme est toujours heureux qu'on lui fasse sur le champ ses caprices, et pardonne aisément qu'on soit infidèle à ses volontés plus anciennes, dont lui-même ne sent plus l'aiguillon.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. I, p. 79.
8 Avant la guerre, les clients, êtres augustes dont on ne parlait qu'avec une terreur respectueuse, imposaient sans efforts leurs caprices cruels à des industriels divisés et toujours affamés de travail.
A. Maurois, Bernard Quesnay, VI, p. 38.
9 « Allons… » soupira-t-elle comme si le choix de ce restaurant à quarante-cinq kilomètres de Paris n'était qu'une concession de plus aux caprices d'un despote.
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 12.
♦ Par ext., littér. Volonté arbitraire; bon plaisir. || Le caprice de l'imagination, du désir.
10 Ces exigences ridicules (de la Grammaire) ne méritent aucun respect. Les grands écrivains n'ont jamais été faits pour subir la loi des grammairiens mais pour imposer la leur, et non pas seulement leur volonté, mais leur caprice.
Claudel, Positions et Propositions, p. 84.
♦ Par allus. étymologique :
11 Le mot caprice est gracieux, irritant et d'une origine parlante. Il évoque les bonds de la chèvre, son instabilité, son humeur vagabonde.
G. Duhamel, Inventaire de l'abîme, VII, p. 101.
♦ ☑ Loc. Passer un caprice à qqn : se plier de bonne grâce au désir de qqn. || Se passer un caprice : contenter son envie.
♦ Spécialt. Exigence obstinée, souvent accompagnée de colère (notamment en parlant des enfants). ⇒ Capricieux. || Cet enfant est insupportable, il ne cesse de faire des caprices. || Il ne faut pas céder à ses caprices. || Il a fait un gros caprice.
3 (Choses). || Le, les caprices de… (le plus souvent, au plur.), changements fréquents, imprévisibles. || Les caprices de la mode. || Les caprices de la fortune, de la chance, du sort.
12 Le caprice de notre humeur est encore plus bizarre que celui de la fortune.
La Rochefoucauld, Maximes, 45, p. 250.
13 (…) les caprices du hasard ou les jeux de la fortune.
La Bruyère, les Caractères, VI, 80.
14 En attendant les caprices et les virevoltes de la mode, caprices et virevoltes d'autant moins improbables que le nombre des formes n'est point indéfini (…)
G. Duhamel, Cri des profondeurs, I, p. 9.
4 Spécialt. Amour, inclination, passion qui naît brusquement et ne dure pas. ⇒ Amourette, béguin, passade, toquade (fam.). || Avoir un caprice pour qqn. || Inspirer un caprice à qqn. || Un caprice, comédie en un acte de Musset.
15 On nomme hardiment amour un caprice de quelques jours, une liaison sans attachement, un sentiment sans estime, des simagrées de sigisbée, une froide habitude, une fantaisie romanesque, un goût suivi d'un prompt dégoût : on donne ce nom à mille chimères.
Voltaire, Questions sur l'Encyclopédie.
16 — … Eh bien ! oui, les caprices. Il est certain qu'un homme peut en avoir, et qu'une femme…
— … En a quelquefois…
A. de Musset, Un caprice, 8.
17 Les caprices ont de la grâce, mais le crime est, pour satisfaire un caprice, d'éveiller une passion durable.
A. Maurois, Un art de vivre, II, 5, p. 83.
♦ Vx. Objet de cette inclination. || Garder dans un album les photographies de ses divers caprices.
5 Arts. Œuvre d'art s'écartant des règles ordinaires. ⇒ Fantaisie. || Les Caprices, de Goya. — Mus. ⇒ Capriccio.
6 Par ext. (Au plur.). Changements fréquents et brusques dans la forme ou le mouvement. || Les caprices du terrain. || Les caprices de la lumière dans un ciel orageux.
Encyclopédie Universelle. 2012.