constance [ kɔ̃stɑ̃s ] n. f.
• v. 1220 sens 2; de constant
1 ♦ (v. 1265) Vieilli Force morale, fermeté d'âme. ⇒ courage. Endurer son mal avec constance. « La constance n'est-elle pas la plus haute expression de la force ? » (Balzac).
2 ♦ Littér. Persévérance dans ce que l'on entreprend. Travailler avec constance. ⇒ ténacité. La constance d'un amour; la constance en amour. ⇒ fidélité.
♢ Fam. Patience. Quelle constance il faut pour le supporter !
3 ♦ Qualité de ce qui ne cesse d'être le même. ⇒ continuité, invariabilité, permanence, persistance, régularité, stabilité. La constance d'un phénomène. « Cette constance de la nature à reproduire toujours de la même façon ses plus infimes détails » (Loti).
⊗ CONTR. Inconstance; changement, instabilité, variabilité.
● constance nom féminin (latin constantia) Littéraire. Patience, persévérance de quelqu'un, entretenue par une force morale sans défaillance : Poursuivre un dessein avec constance. Caractère stable d'une opinion, d'un sentiment : Amour d'une rare constance. Caractère de quelque chose qui reste identique, qui ne varie pas : Constance d'un phénomène. ● constance (citations) nom féminin (latin constantia) Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 Les hommes ne veulent jamais distinguer entre la constance et la fidélité. Autre étude de femme Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 Le monde n'est qu'une branloire pérenne. […] La constance même n'est autre chose qu'un branle plus languissant. Essais, III, 2 balançoire perpétuelle mouvement Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval Paris 1808-Paris 1855 L'amour constant ressemble à la fleur du soleil, Qui rend à son déclin, le soir, le même hommage Dont elle a, le matin, salué son réveil ! Poésies diverses, Mélodie Jean-Jacques Rousseau Genève 1712-Ermenonville, 1778 Il y a souvent plus de stupidité que de courage dans une constance apparente. Julie ou la Nouvelle Héloïse Abraham Cowley Londres 1618-Chertsey 1667 Le monde est le théâtre de changements, et être constant dans la nature serait une inconstance. The world's a scene of changes and to be constant in Nature were inconstancy. Inconstancy Alexander Pope Londres 1688-Twickenham 1744 Constant en la seule inconstance. Constant in nothing but inconstancy. Essais moraux, 43 Jonathan Swift Dublin 1667-Dublin 1745 Rien n'est constant dans ce monde, que l'inconstance. There is nothing in this world constant, but inconstancy. A Critical Essay upon the Faculties of the Mind ● constance (expressions) nom féminin (latin constantia) Constance perceptive, phénomène automatique et inconscient de régulation perceptive qui fait apparaître comme subjectivement constants des objets ou des stimulus qui sont objectivement soumis à de grandes variations sensorielles. (Elle marque clairement que l'activité perceptive ne dépend que de façon très partielle du stimulus et que cette activité inclut une part considérable d'élaboration, fondée sur les connaissances acquises.) Principe de constance, principe proposé par S. Freud comme le fondement économique du principe de plaisir et selon lequel l'appareil psychique viserait à maintenir constant son niveau d'excitation par divers mécanismes d'autorégulation. ● constance (synonymes) nom féminin (latin constantia) Littéraire. Patience, persévérance de quelqu'un, entretenue par une force morale sans...
Synonymes :
- opiniâtreté
- persévérance
Contraires :
- légèreté
- mobilité
- versatilité
Caractère stable d'une opinion, d'un sentiment
Synonymes :
- fidélité
Contraires :
- infidélité
Caractère de quelque chose qui reste identique, qui ne varie pas
Synonymes :
- continuité
- invariabilité
- régularité
Contraires :
- instabilité
- irrégularité
- variabilité
Principe de constance
Synonymes :
Constance
n. f.
d1./d Persistance, persévérance, partic. dans ses attachements. La constance d'une amitié. La constance d'un amant.
d2./d état de ce qui ne change pas. Constance des liquides de l'organisme.
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Constance
(en all. Konstanz) v. d'Allemagne (Bade-Wurtemberg), au N.-O. du lac de Constance (V. ci-après).; 70 540 hab. Text., horlogerie. Import. stat. clim.
— égl. goth. St-Étienne (XIIe-XVe s., parties romanes du XIe s.).
— Le concile de Constance (1414-1418) mit fin au grand schisme d'Occident; il condamna Jan Hus au bûcher (1415).
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Constance
(lac de) (en all. Bodensee) lac partagé entre la Suisse, l'Allemagne et l'Autriche; c'est une extension glaciaire du Rhin; 540 km².
⇒CONSTANCE, subst. fém.
A.— Fermeté de caractère, force morale permettant de supporter les épreuves. Constance de + inf. Le sourire du professeur était ma condamnation assurée; je ne sais pas où je pus trouver la constance de poursuivre jusqu'au bout du morceau (GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, p. 422) :
• 1. Il avait rendu l'âme à la question, ne voulant pas convenir, par modestie, de ses hauts faits, et refusant avec une constance héroïque de livrer les noms de ses camarades à la justice trop curieuse.
T. GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 75.
— En partic.
1. Persévérance dans la conduite d'une entreprise, ou dans une attitude déterminée. Ferdinand répète la moindre de ses phrases, dix ou treize fois, avec une constance admirable (G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, La Nuit de la Saint-Jean, 1935, p. 173) :
• 2. Il s'y trouvait d'avance, mais avait grand soin de tourner sa chaise de façon à ne pas apercevoir Mathilde. Étonnée de cette constance à se cacher d'elle, un jour elle quitta le canapé bleu et vint travailler auprès d'une petite table voisine...
STENDHAL, Le Rouge et le Noir, 1830, p. 403.
Rem. Noter la constr. rare constance à + inf. (cf. supra ex. 2).
2. Fidélité en amour, en amitié. L'envoi d'une fleur symbolisant sa constance éternelle (R. ROLLAND, Jean-Christophe, Le Matin, 1904, p. 166). Anton. inconstance :
• 3. ... les notions les plus étranges viennent bouleverser son cœur. La fidélité dans le secret, la constance dans l'amitié, l'amour de ses enfants, le respect pour la religion, ...
CHATEAUBRIAND, Essai sur les Révolutions, t. 1, 1797, p. 100.
3. P. iron. et fam. Obstination naïve. Il faut que vous ayez bien de la constance pour supporter tant de caprices (Ac. 1835-1932). La brave femme avait eu une belle constance de se tuer pour faire aller le ménage (ZOLA, Le Ventre de Paris, 1873, p. 647).
B.— Caractère d'un fait, d'une action, qui dure ou se reproduit. Synon. persistance, stabilité :
• 4. ... tout le jour, il allait d'une place à une autre, distrait, étonnant sa femme et ses domestiques par la constance de son silence.
GOBINEAU, Les Pléiades, 1874, p. 216.
— Spécialement
1. Fermeté des idées, des sentiments. Le Jésuite, (...), raille son frère sur la constance de ses sentiments politiques (DELÉCLUZE, Journal, 1826, p. 343).
2. BIOL., PHYS. Répétition invariable d'une ou de plusieurs données scientifiques observées :
• 5. ... on objecte encore que tout ce qu'on voit annonce, relativement à l'état des corps vivans, une constance inaltérable dans la conservation de leur forme; ...
LAMARCK, Philos. zool., t. 1, 1809, p. 68.
3. PSYCHOLOGIE
♦ Constance perceptive. ,,Maintien, dans la perception des réalités extérieures, de leurs caractéristiques propres, malgré les modifications que les conditions du moment entraînent`` (Piéron ds ANCELIN 1971).
♦ La constance du moi (MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 576).
Rem. On rencontre chez Baudelaire le subst. masc. constance, issu d'un nom propre de lieu (Constantia) et désignant le produit d'un vignoble d'Afrique du Sud, près de la ville du Cap de Bonne-Espérance. Je préfère au constance, à l'opium, aux nuits, L'élixir de ta bouche où l'amour se pavane (Les Fleurs du Mal, Sed non Satiata, Paris, Gallimard, 1961, [1861], p. 27).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1220 « persévérance dans l'exécution d'un dessein » (G. DE COINCY, II Mir. 29, 480); ca 1265 « fermeté d'âme » (BRUNET LATIN, Trésor, éd. Carmody II, 40, § 1). Empr. au lat. class. constantia « permanence, continuité; fermeté de caractère ». Fréq. abs. littér. :738. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 589, b) 603; XXe s. : a) 424, b) 1 203.
1. constance [kɔ̃stɑ̃s] n. f.
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1 Littér. ou vieilli. Force morale, fermeté d'âme qui permet de garder l'empire sur soi-même. ⇒ Courage, énergie, résolution, volonté. || Rien ne peut ébranler sa constance. || Témoigner de la constance dans la douleur. || Souffrir, endurer son mal avec constance (⇒ Fermeté, résignation). || Le sort a éprouvé sa constance.
1 La constance des sages n'est que l'art de renfermer leur agitation dans le cœur.
La Rochefoucauld, Maximes, 20.
2 (…) une constance inébranlable à souffrir les plus indignes traitements.
Rousseau, les Confessions, XII.
3 Mais aussi, en toute chose humaine, la constance n'est-elle pas la plus haute expression de la force ?
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 446.
2 Littér. Persévérance dans ce que l'on entreprend. ⇒ Obstination, opiniâtreté (cit. 6), persévérance, régularité. || Travailler avec constance. || Paresse ou constance de l'esprit (→ Agréable, cit. 17.2). || La constance d'un amour, d'une amitié. ⇒ Fidélité. || La constance de son attachement.
4 La constance en amour est une inconstance perpétuelle (…)
La Rochefoucauld, Maximes, 175 (→ Inconstance).
5 Il y a deux sortes de constances en amour : l'une vient de ce que l'on trouve sans cesse dans la personne que l'on aime de nouveaux sujets d'aimer, et l'autre vient de ce que l'on se fait un honneur d'être constant.
La Rochefoucauld, Maximes, 176.
6 Non, non : la constance n'est bonne que pour les ridicules; toutes les belles ont droit de nous charmer, et l'avantage d'être rencontrée la première ne doit point dérober aux autres les justes prétentions qu'elles ont toutes sur nos cœurs.
Molière, Dom Juan, I, 2.
7 Par mon amour et ma constance,
J'avais cru fléchir ta rigueur,
Et le souffle de l'espérance
Avait pénétré dans mon cœur.
Nerval, Poésies, « Pensée de Byron ».
8 La continuité constitue le style comme la constance fait la vertu.
Flaubert, Correspondance, t. II, p. 356.
♦ Fam. Patience. || Vous avez de la constance de l'attendre si longtemps ! || Quelle constance il faut pour le supporter !
8.1 — Ah ! malheur ! s'il fallait ramasser les ivrognes. Vous avez de la constance, vous, la mère !
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 8-9 (1875).
3 Didact. ou littér. Qualité de ce qui ne cesse d'être le même; caractère constant (3.). ⇒ Continuité, durabilité, fixité, immutabilité, invariabilité, permanence, persistance, régularité, stabilité. || La constance des goûts, d'un choix. || La constance d'un phénomène. || La constance de la pluie en cette saison. — Psychol. || La constance du moi. || Constance perceptive : maintien de caractéristiques perçues des réalités extérieures, malgré les modifications dues aux conditions momentanées.
9 Quand tout ce qui est en nous change et passe, c'est un surprenant mystère que cette constance de la nature à reproduire toujours de la même façon ses plus infimes détails (…)
Loti, Mme Chrysanthème, XI, p. 72.
10 Ce que j'admire le plus, chez Valéry, c'est peut-être bien sa constance. Incapable de vraie sympathie, il n'a jamais laissé briser sa ligne, ne s'est jamais laissé distraire de soi par autrui.
Gide, Journal, 8 mai 1927, p. 838.
11 Il (mon père) avait passé toute sa vie à changer de but et de route. Il me fit, en trois points, l'éloge de la constance.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, V, p. 172.
12 La seule forme de constance du moi, c'est la mémoire.
A. Maurois, À la recherche de Marcel Proust, VI, I, p. 171.
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CONTR. Inconstance; changement, ébranlement, infidélité, instabilité, irrégularité, légèreté, trahison, variabilité.
COMP. Surconstance.
HOM. 2. Constance.
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2. constance [kɔ̃stɑ̃s] n. m.
ÉTYM. 1773, E. Parny, Opuscules poétiques, in D. D. L.; de Constantia, ville d'Afrique du Sud, dans la banlieue du Cap.
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♦ Anciennt. Vin produit dans la région du Cap de Bonne Espérance.
0 Je préfère au constance, à l'opium, au nuits,
L'élixir de ta bouche où l'amour se pavane (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, Spleen et idéal, XXVI (1861).
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HOM. 1. Constance.
Encyclopédie Universelle. 2012.