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bouffi

bouffi, ie [ bufi ] adj.
boffi apr. 1150; de bouffir
1Gonflé, de manière disgracieuse. boursouflé, déformé, enflé, gonflé, mafflu, soufflé , littér. vultueux. Elle est bouffie de graisse. Visage bouffi d'un alcoolique. Des yeux bouffis, dont les paupières sont bouffies. Yeux bouffis de fatigue, de sommeil. Loc. fam. Tu l'as dit, bouffi ! tu as raison. — Hareng bouffi, ou ellipt un bouffi : hareng saur légèrement fumé. ⇒ bouffir. Fig. « style à la fois plat et bouffi » (Hugo). ampoulé.
2Fig. Bouffi de (qqch.). gonflé, plein, 1. rempli. Bouffi d'orgueil. « Je ne suis qu'un néant bouffi de vanité » (P. Corneille).
⊗ CONTR. Creux, émacié, 1. maigre.

bouffi nom masculin Hareng bouffi. ● bouffi (synonymes) nom masculin Hareng bouffi.
Synonymes :
- craquelin
- craquelot

bouffi, ie
adj. Boursouflé, gonflé. Bouffi de graisse. Yeux bouffis.
Fig. Bouffi d'orgueil.

⇒BOUFFI, IE, part. passé, adj. et subst.
I.— Part. passé de bouffir.
II.— Adjectif
A.— [Au sens physique]
1. [En parlant d'une partie du corps] Qui a pris du volume de façon excessive. Des yeux, un visage bouffi(s) de fatigue, de sommeil :
1. Je comprenais que je devais être défiguré par le sommeil; je me sentais les traits épais, bouffis, les yeux pochés, les cheveux secs et emmêlés; mais tout m'était égal : ...
G. DUHAMEL, La Confession de minuit, 1920, p. 82.
SYNT. Une face, une figure, une tête bouffie; des doigts, des traits bouffis; des mains, des paupières bouffies.
2. P. ext. [En parlant d'une pers. souvent suivi d'un compl. prép. de indiquant la cause de la bouffissure] Bouffi de graisse. Il est un peu court; un peu bouffi; les mains sont grassouillettes (GIDE, Journal, 1910, p. 322). Synon. gros, replet.
P. anal. Anges, amours, chérubins bouffis. La retombée des arcs de la voûte médiale du transept est soutenue par des amours bouffis (DU CAMP, En Hollande, 1859, p. 116). Synon. joufflu, rond.
[Avec un compl. désignant un sentiment, etc.] Bouffi de colère, de rage. Qui a le visage enflé sous l'effet de la colère. Il allait recommencer, bouffi de colère, comme un coq d'Inde (POURRAT, Gaspard des montagnes, Le Château des sept portes, 1922, p. 191).
3. P. anal.
a) [En parlant d'un obj. concr.] [Les] massifs bouffis de cannas et de marguerites (CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 473).
SYNT. Un brick (...) les voiles pleines, bouffi de vent (FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, 1848, p. 334); un sac à main bouffi d'ordonnances (CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 432); le lit (...) bouffi d'oreillers (COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, p. 111).
b) CONSERV. Hareng bouffi. Hareng ayant séjourné quelque temps dans la saumure; par opposition à hareng saur qui séjourne plus longtemps. Ma seule distraction ou volupté consiste à manger beaucoup de harengs. (...). J'en absorbe de frais et de marinés, de rôtis, de sauris et de bouffis (FLAUBERT, Correspondance, 1879, p. 281).
B.— Au fig. [En parlant d'une pers.] Qui manifeste une excessive satisfaction de soi au point d'en être ridicule. Synon. plein, rempli :
2. Je vois des hommes d'esprit qui ne croient qu'en eux-mêmes; ils sont bouffis d'orgueil, toujours contents de ce qu'ils disent; ils s'imaginent que le monde les admire...
MAINE DE BIRAN, Journal, 1820, p. 276.
SYNT. Bouffi d'assurance, de génie, d'idées morales, de lieux communs, de prétention, de (vaine) science, de soi, de succès, de suffisance, de vanité.
P. anal., LITT. et ART. Éloquence, langage, style bouffi(e). Synon. ampoulé, emphatique, grandiloquent.
Rem. Bien attesté dans les dict. gén. à partir de Ac. 1798.
III.— Subst., péj. (Gros) bouffi. Personne exagérément grosse. Et elle lui criait dans la figure :« (...) ça crèvera comme un sac à grain, ce gros bouffi! » (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Toine, 1885, p. 178). Synon. gros plein de soupe, gros porc.
P. exclam., loc. pop. [Pour renforcer une affirmation] Tu l'as dit, bouffi! Rouletabille, ricanant, ajouta : — Tu l'as dit, bouffi! (G. LEROUX, Le Mystère de la chambre jaune, 1907, p. 109).
Au fém., sans nuance péj., en manière de parole affectueuse. « Pourtant, ma petite bouffie, des fois qu'il y a, tu sens bien que tu as une âme, dis? » (A. DAUDET, La Petite paroisse, 1895, p. 180).
Rem. On rencontre dans la docum. l'adj. bouffaré, synon. ici de bouffi. Les anges bouffarés en robe rose jetaient les fleurs de leurs corbeilles (POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 262). Il s'agit sans doute d'une graph. phon. pour bouffaret « joufflu », de bouffer au sens de « gonfler, enfler les joues ».
PRONONC. ET ORTH. :[bufi]. Pour ROUSS.-LACL. 1927, p. 140, ,,les voyelles suivies d'un e muet final sont généralement fermées et quelque peu plus longues que si elles étaient seules [ex. bouffie]``. FÉR. Crit. t. 1 1787 propose la graph. boufi avec un seul f.
STAT. — Fréq. abs. littér. :269. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 189, b) 373; XXe s. : a) 657, b) 387.

1. bouffi, ie [bufi] adj.
ÉTYM. Après 1150, boffi, var. de bouffé (vx); de bouffir. → 1. Bouffer.
1 Gonflé, enflé de manière disgracieuse. Boudiné, boursouflé, gonflé, gras, gros, joufflu, mafflu, soufflé, vultueux (Littér.). || Chair bouffie. || Visage bouffi. || Des yeux bouffis, dont les paupières sont bouffies.(Personnes). || Je le trouve un peu bouffi en ce moment. || Être bouffi de graisse.
1 M. Thibaut secoua les épaules, et tourna vers l'abbé son visage bouffi, dont les lourdes paupières ne se soulevaient presque jamais (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 12.
2 (1572, Ronsard). Fig. || Bouffi de (qqch.). Gonflé, plein, rempli. || Bouffi de vanité, de suffisance. || Bouffi de rage, de colère.
2 Je ne suis qu'un néant bouffi de vanité.
Corneille, l'Imitation de J.-C., III, 4109.
3 La noblesse, qui menait le roi (Charles VI), revenait bouffie de sa victoire de Roosebeke.
Michelet, Extraits historiques, p. 120.
3 Art., littér. Se dit d'un style redondant. Ampoulé; emphatique, grandiloquent; creux, vide. || Style bouffi.
4 (…) style à la fois plat et bouffi, lourd et traînant en longues queues de phrases interminables (…)
Hugo, Littérature et Philosophie mêlées, p. 112.
4 N. || Un gros bouffi. — ☑ Loc. fig. (En appellatif). Tu l'as dit, bouffi ! : tu as raison.Au fém. T. d'affection. Régional. || Ma petite bouffie.
CONTR. Creux, maigre. — Simple.
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2. bouffi [bufi] n. m.
ÉTYM. XIXe; de hareng bouffi (1549), « gonflé par la saumure », de bouffir.
Cour. Hareng saur légèrement fumé (on dit aussi hareng bouffi).

Encyclopédie Universelle. 2012.