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atteler

atteler [ at(ə)le ] v. tr. <conjug. : 4>
• fin XIIe; lat. pop. °attelare, du bas lat. protelare « conduire jusqu'au bout », avec changement de préf.
1Attacher (une ou plusieurs bêtes) à une voiture, une charrue ( attelage). Atteler des chevaux en file. « Deux chevaux attelés en paire » (Colette).
Atteler une voiture, y atteler le cheval.
Absolt Dites au cocher d'atteler.
2Par anal. Attacher (un véhicule à un autre). Atteler une locomotive aux wagons.
3Fig. Atteler qqn à un travail, à une tâche, l'y mettre. — Pronom. S'atteler à un long travail. s'appliquer, se livrer. Je vais m'y atteler dès ce soir.
⊗ CONTR. Dételer.

atteler verbe transitif (latin populaire attelare, du bas latin protelum, attelage) Harnacher un animal de trait et le relier par des pièces du harnais à un véhicule ou à une machine agricole. Relier un véhicule ou une machine agricole à un animal de trait. Relier un véhicule à un autre pour le tracter. Mettre quelqu'un à une tâche, dans la position de l'exécuter : Je l'ai attelé au dépouillement de ces documents. Réaliser un attelage entre deux pièces. ● atteler (difficultés) verbe transitif (latin populaire attelare, du bas latin protelum, attelage) Conjugaison Attention à l'alternance -ll-/-l-: il attelle, nous attelons ; il attelait ; il attela ; il attellera. ● atteler (homonymes) verbe transitif (latin populaire attelare, du bas latin protelum, attelage) attelée nom féminin attelet nom masculinatteler (synonymes) verbe transitif (latin populaire attelare, du bas latin protelum, attelage) Harnacher un animal de trait et le relier par des...
Contraires :
- dételer
Mettre quelqu'un à une tâche, dans la position de l'exécuter
Synonymes :
- assujettir
- astreindre
- attacher
- enchaîner
- lier
- river

atteler
v.
d1./d v. tr. Attacher (des animaux de trait) à une charrue, à une voiture.
Par ext. Atteler un wagon, une remorque, l'attacher au véhicule qui doit le (la) traîner.
d2./d v. Pron. Fig. S'atteler à un travail: entreprendre un travail long, s'y appliquer avec ardeur et persévérance.

⇒ATTELER, verbe trans.
I.— Emploi trans.
A.— 1. Atteler (un animal de trait) à (une voiture) :
[L'obj. désigne l'animal, l'obj. indir. une chose] Attacher un cheval, un bœuf à une voiture, une charrue, etc., qu'il doit tirer. Atteler un cheval à une carriole; atteler les cavales ailées au char rapide (MORÉAS, Sylves, 1896, p. 167) :
1. Ici, le véritable animal de trait n'est pas le cheval; je n'ai pas encore vu d'âne : c'est le chien, le chien courageux et docile qu'on attelle à de petites voitures et qui les traîne au grand trot, en tirant la langue et en baissant la queue.
DU CAMP, En Hollande, 1859, p. 17.
2. Sachant que, pour pousser haut, le blé doit s'enraciner profond, il attelle les bœufs les plus puissants à la charrue la plus lourde, et il défonce le sol jusqu'en ses couches vierges de tout le poids des bêtes et du fer.
PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 137.
[Sans obj. second.] :
3. Le postillon attelle les chevaux dans la cour.
GIDE, Les Nourritures terrestres, 1897, p. 207.
4. ... Mme de Séryeuse, ne pouvant tenir en place, avait fait atteler et donné l'ordre d'une promenade dont elle n'avait pas l'habitude.
RADIGUET, Le Bal du comte d'Orgel, 1923, p. 125.
SYNT. Chevaux attelés de front (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 164). Rosses attelées en arbalète (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, La Bête à Maît'Belhomme, 1885, p. 194). Deux chevaux, attelés en flèche (ZOLA, Nana, 1880, p. 1382).
P. méton. [L'obj. désigne le véhicule auquel on attelle les animaux] Atteler le break, le cabriolet, le traîneau; cabriolet bien attelé (emploi part. passé pris comme adj.).
Absol. Atteler à six chevaux; atteler à huit; atteler à la daumont.
Arg. Atteler à deux, à trois, à quatre, à plusieurs. ,,Avoir plusieurs maîtresses`` (BRUANT 1901, p. 300) :
5. Et les Maltais? Encore dans le secteur [de la prostitution à Londres]? — Oui... chacun attelé à cinq, six gonzesses.
A. LE BRETON, Du Rififi chez les Hommes, 1953, p. 128.
2. P. anal.
a) [L'obj. désigne un véhicule] Atteler la locomotive à son convoi :
6. ... au pont de l'Europe, il lui [à la Lison] fallut attendre; et il n'était que l'heure réglementaire, lorsque l'aiguilleur l'envoya sur l'express de six heures trente, auquel deux hommes d'équipe l'attelèrent solidement.
ZOLA, La Bête humaine, 1890, p. 117.
P. ext. Atteler un wagon :
7. À la recette inférieure du plan incliné se tient un receveur qui détache les wagons pleins et attelle les wagons vides...
J.-N. HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Cours d'exploitation des mines, 1905, p. 903.
b) Rare. [L'obj. désigne une pers.] :
8. Les hommes, attelés à la corde à court intervalle les uns des autres, arc-boutés dans les trous de l'herbage, tiraient à l'unisson. — Ensemble! Criaient-ils, balançons-le! ... Une! ... Deux! Leurs huit bras ne faisaient qu'une chair brune, qu'une courroie veineuse et musclée. Alors quelque chose d'insolite se passa dans l'ormeau. Puis, avec indifférence, sa cime oscilla, parut se déplacer.
CHÂTEAUBRIANT, M. des Lourdines, 1911, p. 16.
SYNT. [Homme] attelé à la charrette (GIONO, Regain, 1930, p. 74). Hâleur attelé à une péniche (R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, Épilogue, 1940, p. 906).
Spéc., arg. ,,Unir deux détenus transférés au moyen d'une chaîne à cadenas (Forban 1829)`` (ESN. 1966).
P. métaph. Atteler qqn à son char, au char de qqn. Le placer sous son autorité, en faire son collaborateur. Atteler au même char. Mettre ensemble :
9. Si l'on attèle au même char des hommes qui ont des volontés et des sentiments opposés dans ce qui tient au gouvernement en général et à la ligne de conduite à suivre pour l'assurer, on sera dans l'anarchie et le trouble.
MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p. 130.
10. Ainsi, pour mes mœurs et mon art,
C'est la période védique
Qui seule a bon droit revendique
Ce que j'en « attelle à ton char ».
LAFORGUE, L'Imitation de Notre-Dame la Lune, 1886, p. 237.
11. L'influence qu'il [M. Thorez] exerce sur la classe ouvrière, le désir qu'éprouve l'opinion et que je ressens moi-même de le voir revenir à la nation, me déterminent à lui donner sa place dans le travail de redressement. Ruant, mordant, se cabrant, mais attelé entre les bancards et subissant le mors et la bride, il va donc, lui aussi, tirer la lourde charrette. C'est mon affaire de tenir les rênes.
DE GAULLE, Mémoires de Guerre, 1959, p. 99.
Péj. Se laisser atteler au char de l'ennemi (ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Le 6 octobre, 1932, préface, p. XX).
Atteler l'audace à leur talent (MURGER, Scènes de la Vie de bohème, 1851, p. 13).
B.— P. ext.
1. TECHN. Atteler (une chose) à (une autre). L'y attacher de manière qu'elle lui communique son mouvement ou son énergie :
12. Les moteurs d'épuisement à commande directe... sont attelés en tandem aux pompes qu'ils actionnent.
J.-N. HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Cours d'exploitation des mines, 1905, p. 577.
2. Au fig. Atteler qqn à (une tâche, un travail). L'en charger de manière qu'il en prenne la responsabilité. Consciences difficiles à atteler à une grande œuvre (RENAN, L'Avenir de la sc., 1890, p. 521) :
13. ... à peine rentrées, on nous attelle à des exercices de ronde et de bâtarde en vue des examens proches.
COLETTE, Claudine à l'école, 1900, p. 63.
II.— Emploi pronom.
A.— Emploi pronom. à sens passif, rare. [En parlant d'un animal] Un âne... qui pouvait s'atteler à tous les véhicules (ALAIN-FOURNIER, Le Grand Meaulnes, 1913, p. 215).
À sens actif. [En parlant d'un homme] :
14. Lorsque le fleuve est profond et que les perches ne peuvent en atteindre le lit, les matelots se jettent à la nage, une corde aux dents, puis se réunissent sur le rivage, s'attellent au long câble rattaché au mât de la barque et la tirent en allant à la file comme des chevaux de halage.
DU CAMP, Le Nil, 1854, p. 88.
B.— Au fig.
1. Emplois métaph. :
15. L'œuvre intellectuelle cesse de la sorte d'être un monument pour devenir un fait, un levier d'opinion. Chacun s'attelle au siècle pour le tirer dans sa direction; ...
RENAN, L'Avenir de la sc., 1890, p. 227.
Spéc. S'atteler au char de qqn. Le suivre, accepter d'être placé sous son autorité :
16. Les peuples ont revu César;
Les rois s'attellent à son char.
QUINET, Napoléon, 1836, p. 169.
2. S'atteler à une besogne, à une tâche. En prendre l'initiative et/ou la responsabilité. S'atteler aux grandes réformes indispensables (DE GAULLE, Mémoires de Guerre, 1959, p. 591). S'atteler immédiatement à cette tâche urgente (JOFFRE, Mémoires, 1931, p. 37).
PRONONC. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[atle], j'attelle []. 2. Forme graph. — Fait partie des verbes en -eler qui doublent la consonne l devant un e muet : j'attelle.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1165-70 « attacher une bête à une voiture » (CHR. DE TROYES, Erec et Enide, éd. W. Foerster, 4731 ds T.-L. : Erec ont sus couchié anvers, S'i ont deus chevaus atelez); 1210-40 « (l'objet désigne un moyen de locomotion), munir (un véhicule) de bêtes de trait » (Gui de Bourgogne, éd. E. Guessard et H. Michelant, 50 ibid. : Les chars ont fait estruire et mult bien ateler); 2. 1676, 17 mai, pronom. fig. fam. « s'associer (avec qqn) » (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettres à Mme de Grignan ds Dict. hist. Ac. fr. : Il faut que M. de la Garde ait de bonnes raisons pour se porter à l'extrémité de s'atteler avec quelqu'un; je le croyais libre, et sautant, et courant dans un pré; mais enfin il faut venir au timon, et se mettre sous le joug comme les autres); av. 1850 « se consacrer, se dévouer (à qqc.) » (BALZAC ds Lar. 19e : On pouvait compter que ces deux fractions de l'opposition s'attelleraient de tout cœur au succès d'un candidat aussi ridicule).
Du lat. attelare, issu, avec substitution de préf., du b. lat. protelare, attesté dep. TERTULLIEN (Poenit., 4 ds FORC.) au sens de « conduire jusqu'au bout », mais qui a prob. pris ultérieurement le sens de « atteler » d'apr. le subst. protelum, attesté au sens de « attache de l'attelage » dep. CATON (cité par Nonnius, p. 363, 6, ibid.) et de « attelage » dep. PLINE (Hist. Nat., 9, 15, 17, 45, ibid.).
STAT. — Fréq. abs. littér. :453. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 482, b) 1 031; XXe s. : a) 862, b) 441.
BBG. — Atteler des chevaux sur un duc. Intermédiaire (L') des chercheurs et des curieux. 1882, t. 15, col. 37, 84-85. — BARB.-CAD. 1963. — BÉL. 1957. — Canada 1930. — DUL. 1968. — ESN. 1966. — FÉN. 1970. — Forest. 1946. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 120, 265, 271, 323. — GOUG. Mots t. 1 1962, p. 228. — LE BRETON 1960. — POPE 1961 [1952] § 729, 926. — SANDRY-CARR. 1963.

atteler [atle] v. tr. [CONJUG. appeler.]
ÉTYM. V. 1165; lat. attelare, issu par substitution de préf. du bas lat. protelare « conduire jusqu'au bout, atteler ».
1 Attacher (une ou plusieurs bêtes de trait) à une voiture, à une charrue, etc. || Atteler des chevaux au timon d'une voiture, d'une charrue, des bœufs à la flèche d'une charrette. Attelage. || Atteler des bœufs au joug deux à deux. || Atteler des chevaux en paire, en file, en arbalète.
1 Elle (Cérès) leur présentait une charrue et y faisait atteler des bœufs.
Fénelon, Télémaque, XVII.
2 Voyez nos postillons atteler leurs chevaux; ils les poussent aux brancards à coups de botte dans le flanc, à coups de manche de fouet sur la tête, leur cassent la bouche avec les mors pour les faire reculer, accompagnant le tout de jurements, de cris et d'insultes au pauvre animal.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, IV, 3.
2.1 Voici comment le postillon, l'iemschik, les avait attelés : l'un, le plus grand, était maintenu entre deux longs brancards qui portaient à leur extrémité antérieure un cerceau, appelé « douga », chargé de houppes et de sonnettes; les deux autres étaient simplement attachés par des cordes aux marchepieds du tarentass.
J. Verne, Michel Strogoff, p. 121-122.
Ellipt. || Atteler une charrue, une voiture, y atteler une bête.
(Sans compl. direct). Donner un attelage à une voiture. || Atteler à six chevaux, à la Daumont.
Absolt. || Faites atteler. || Dites au cocher d'atteler.
Par anal. || Atteler une locomotive à un train, à un convoi.
Par ext. || Atteler un wagon, le rattacher au convoi (opposé à détacher).
2 Par ext. (Vx).Atteler des rois à son char (au propre et au figuré). Traîner.
3 Il (Sésostris) fit atteler à un char les plus superbes d'entre les rois qu'il avait vaincus.
Fénelon, Télémaque, XIX.
4 (Napoléon) attelait des rois aux chars de ses victoires (…)
Hugo, Odes, II, 4.
Fig. et vieilli. Atteler qqn à son char : entraîner qqn derrière soi. — ☑ Atteler (plusieurs personnes) au même char, les mettre ensemble.
3 Fig. || Atteler qqn à un travail, à une tâche, l'y mettre (→ ci-dessous, S'atteler).
5 (…) j'attelle le comité à cette tâche.
Georges Lecomte, Ma traversée, p. 392.
4 Techn. || Atteler (une chose) à (une autre), l'y attacher pour qu'elle communique son mouvement, sa force, son énergie (se dit d'organes moteurs). || Atteler un moteur à une pompe.
——————
s'atteler v. pron.
(En parlant des personnes).
1 (Concret). || Ils s'attelèrent au chariot et le traînèrent.
Loc. fig. (Vx et littér.). S'atteler au char de qqn. Attacher (s'), servir, suivre. || S'atteler au char d'une femme : s'assujettir, s'enchaîner à une femme.
Vieilli. || S'atteler avec qqn, s'associer avec lui.
6 Il faut que M. de la Garde ait de bonnes raisons pour se porter à l'extrémité de s'atteler avec quelqu'un (se marier) mais enfin il faut venir au timon et se mettre sous le joug comme les autres.
Mme de Sévigné, Lettres, 17 mai 1676.
2 Fig. et cour. || S'atteler à un long travail, à une besogne qui laisse peu de loisirs. Appliquer (s'), assujettir (s'), attacher (s'), dévouer (se), enchaîner (s'), livrer (se livrer à). || L'ouvrage auquel il s'est attelé.
7 Allons, cherchez, et à la besogne ! Il faut que vous soyez le fainéant que vous êtes, pour ne vous y être pas attelé, il y a beau jour.
Courteline, Boubouroche, p. 23.
——————
attelé, ée p. p. adj.
1 (Animaux). Attaché pour tirer (une voiture, etc.).
8 Six chevaux attelés à ce fardeau pesant
Ont peine à l'émouvoir sur le pavé glissant (…)
Boileau, Satires, VI.
9 (…) Je vois qu'ils se soucient
D'avoir chevaux à leur char attelés
De même taille, et même chiens couplés.
La Fontaine, Contes, « Calendrier ».
10 (…) deux chevaux attelés en paire (…)
Colette (→ Accorder, cit. 34).
Par anal. (Personnes). || Hommes attelés à une charrette, à une corde… || « Hâleur attelé à une péniche » (Martin du Gard).Par métaphore :
11 (…) attelés tous deux au char de la fortune, et tous deux fort éloignés de s'y voir assis.
La Bruyère, les Caractères, VIII, 19.
Voiture attelée, la voiture et son cheval (ou ses chevaux) d'attelage.
2 Pas attelé, trot attelé : pas, trot d'un cheval attelé.
3 Mar. || Vapeur attelé, accouplé à un bâtiment pour le remorquer.
4 Fig. Entraîné (derrière, à la suite, à la poursuite).
C'est une charrette mal attelée, se dit d'un couple mal assorti, d'associés qui ne s'accordent pas, l'un tirant à hue, l'autre à dia.
CONTR. Dételer.
DÉR. Attelable, attelage, attelée, attèlement.

Encyclopédie Universelle. 2012.