indolent, ente [ ɛ̃dɔlɑ̃, ɑ̃t ] adj.
• 1590; bas lat. indolens → indolence
♢ Vx Qui ne fait pas souffrir. ⇒ indolore. « la plaie creusée dans son flanc est mortelle, mais indolente » (Duhamel).
♢ Vx Qui manque de sensibilité morale, qui n'est touché de rien. ⇒ indifférent, insensible.
2 ♦ (av. 1660) Mod. et cour. Qui évite de se donner de la peine, de faire des efforts. Personne indolente. ⇒ apathique, avachi, endormi, fainéant, insouciant, lymphatique, 1. mollasse, 1. mou, nonchalant, paresseux. « ces Persanes se montrèrent plutôt indolentes que fougueuses » (Jules Verne). Subst. « Belle, chère indolente » (Baudelaire). — Par ext. Un air indolent. Geste, regard indolent. ⇒ alangui, languissant. « la démarche indolente d'un désœuvré qui veut tuer le temps » (Balzac).
⊗ CONTR. Insensible. Douloureux. Actif, 2. alerte, énergique, entreprenant, vif.
● indolent, indolente adjectif et nom (latin indolens, -entis, qui ne souffre pas) Qui évite de se donner de la peine, qui agit avec mollesse : Un enfant indolent. Un geste indolent. ● indolent, indolente (synonymes) adjectif et nom (latin indolens, -entis, qui ne souffre pas) Qui évite de se donner de la peine, qui agit...
Synonymes :
- actif
- amorphe
- ardent
- atone
- avachi
- diligent
- empressé
- engourdi
- expéditif
- mollasse
- mou
- rapide
- vif
- zélé
Contraires :
- brusque
- pétulant
- remuant
- vif
- vivant
indolent, ente
adj. Mou, sans volonté. Un élève indolent.
⇒INDOLENT, -ENTE, adj.
A. — MÉD. Qui n'est pas douloureux. Synon. indolore. Naturellement ce gros genou est indolent, sauf exception, et la gêne fonctionnelle n'est fonction que de la dislocation des appareils articulaires (RAVAULT, VIGNON, Rhumatol., 1956, p. 582). Il remarque que ce nodule est indolent, de consistance ferme régulière, qu'il n'adhère pas aux organes de voisinage (QUILLET Méd. 1965, p. 185).
B. — Vieilli. Qui est sans passion; que rien ne peut affecter. Synon. insensible. Ce beau jeune garçon désœuvré, tantôt exalté, tantôt indolent, dont on se demandait avec réprobation (...) ce qu'il pourrait jamais bien faire (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, p. 84) :
• 1. ... il reportait sur moi son affection tout entière. Mais ce bonheur fugitif ne servait qu'à aggraver ma souffrance. Bientôt cette âme, si indolente ou si légère devant la pensée de l'infini, était inquiète, agitée par les choses terrestres.
SAND, Lélia, 1839, p. 389.
C. — Usuel
1. [En parlant d'une pers. ou d'un animal] Qui manifeste peu de vitalité, évite de se donner de la peine, agit avec lenteur et mollesse. Synon. nonchalant; anton. actif. Attroupés autour du vieux Silène Qui, sa coupe à la main, de la rive indienne, Toujours ivre, toujours débile, chancelant, Pas à pas cheminait sur son âne indolent (CHÉNIER, Bucoliques, 1794, p. 14). Le tempérament est un facteur essentiel dans les résultats de tout entraînement. Les enfants paresseux, indolents ou déficients, ne fournissent jamais l'effort nécessaire et ne peuvent rien espérer (M. BOURGAT, Techn. danse, 1959, p. 21).
— Emploi subst. Quand je te vois passer, ô ma chère indolente, Au chant des instruments qui se brise au plafond Suspendant ton allure harmonieuse et lente, Et promenant l'ennui de ton regard profond (BAUDEL., Fl. du Mal, 1860, p. 171). Rien ne réussit à qui ne s'aide pas avec énergie (...) la société est un sauve qui peut, avec la consolante devise : chacun pour soi, et tant pis pour les indolents ou les distraits (SAND, Corresp., 1872, p. 214).
2. [En parlant du comportement d'une pers. ou d'une partie de son corps] Qui manque de vivacité. Synon. languissant. Elle voyait en opposition la jolie figure indolente, le sourire indécis de Christian (A. DAUDET, Rois en exil, 1879, p. 94). Son visage imberbe avait la grâce d'un beau visage de femme; d'une femme aussi, ses gestes indolents, et ses mains longues, très blanches (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 132) :
• 2. ... des élèves traversèrent la pelouse, un par un d'abord, puis par dizaines, et bientôt il sembla qu'il en venait de partout; on reconnaissait les anciens à leur démarche un peu indolente et les étudiants de première année à leur hâte et au sérieux de leur expression.
GREEN, Moïra, 1950, p. 181.
3. P. anal., littér. Qui évoque l'indolence, la nonchalance, la mollesse. L'orage d'automne, indolent mais brutal frappa deux ou trois grands coups dans les vallons voisins (GIONO, Hussard, 1951, p. 346). Vers Intestio, c'est le paysage de contreforts et de collines indolentes, avec les fonds gris-verts que Velasquez met dans ses portraits (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 299) :
• 3. On désancra pour gagner la rade et le port de Baltimore : en approchant, les eaux se rétrécirent; elles étaient lisses et immobiles; nous avions l'air de remonter un fleuve indolent bordé d'avenues. Baltimore s'offrit à nous comme au fond d'un lac.
CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 275.
Prononc. et Orth. : [], fém. [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Av. 1636 « insensible » (DU MAURIER in SULLY, Oecon. roy., IV, 286, éd. 1725 ds DG); 2. av. 1660 « nonchalant » (SCARRON ds Trév. 1704); 1673 (BOILEAU, Lutrin, II, éd. F. Escal, p. 200); 1704, Trév. note : ,,Il n'y a pas 50 ans qu'indolent et indolence n'étoient presque pas supportables``. Empr. au b. lat. indolens « qui ne souffre pas ».
DÉR. Indolemment, adv. D'une manière indolente. Les oisifs, fatigués de n'avoir rien fait, se dandinent, feignant de déguster indolemment la musique (BAUDEL., Poèmes prose, 1867, p. 66). Prenons au hasard une de ces pingouines dont les pingouins font si peu de cas (...); elle est jeune. Personne ne la regarde. Elle chemine indolemment sur la falaise (FRANCE, Île ping., 1908, p. 67). — []. Att. ds Ac. 1798, et de nouv., dep. 1878. — 1re attest. Av. 1742 (MASSILLON, Confér., Fuite du monde ds LITTRÉ); de indolent, suff. -ment2. — Fréq. abs. littér. : 42.
BBG. — KLEIN Vie paris. 1976, p. 100.
indolent, ente [ɛ̃dɔlɑ̃, ɑ̃t] adj. et n.
ÉTYM. 1590; bas lat. indolens « qui ne souffre pas; qui ne fait pas souffrir », de in- (→ 1. In-), et dolens, dolentis « qui souffre; qui fait souffrir », p. prés. de dolere. → Dolent.
❖
1 Vx. Qui ne souffre pas.
♦ Vx ou méd. Qui ne fait pas souffrir. ⇒ Indolore.
1 Il a eu les pieds gelés et commence à en souffrir si fort qu'il oublie la plaie creusée dans son flanc, et qui, elle, est mortelle, mais indolente.
G. Duhamel, Récits des temps de guerre, I, Nuits en Artois, III.
2 Vx (langue class.). Qui manque de sensibilité morale, qui n'est touché de rien. ⇒ Indifférent, insensible. || C'est un homme indolent qui ne s'émeut de rien (Académie). — Par ext. || Quiétude indolente (→ Cicatrice, cit. 8, Buffon).
2 (Les afflictions du monde) l'ont ému à la proportion d'un bon naturel qui ne peut être indolent en chose si sensible.
3 (…) on n'a aucune prise sur les naturels indolents.
Fénelon, De l'éducation des filles, V.
3 (Av. 1660). Mod. Qui évite de se donner de la peine, de faire des efforts. ⇒ Apathique, avachi, endormi, fainéant, insouciant, mollasse, mou, nonchalant, oisif, paresseux, veule (→ Habitude, cit. 23). || Monarque indolent (→ Bœuf, cit. 3, Boileau). || Écolier indolent. || Bœuf (cit. 6) indolent et fort. — Par ext. || Un air indolent. || Geste, regard indolent. ⇒ Alangui, languissant. || L'indolente oisiveté (→ Engendrer, cit. 5).
4 Je vous l'ai dit cent fois, c'est une nonchalanteQui s'abandonne au cours d'une vie indolente.
Alexis Piron, la Métromanie, I, 2.
5 (…) la douce personne se leva d'un air indolent (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, XL.
6 Il continua donc son chemin, et se dirigea vers le quai Voltaire en prenant la démarche indolente d'un désœuvré qui veut tuer le temps.
Balzac, la Peau de chagrin, Pl., t. IX, p. 20.
7 (…) il y a dans indolent l'idée qu'on cherche ses aises, idée qui n'est pas dans nonchalant.
Littré, Dict., art. Indolent (Syn.).
8 (…) un groupe d'enfants grouille dans le sable, court, saute à la corde sous l'œil indolent des nourrices ou sous le regard inquiet des mères.
Maupassant, Fort comme la mort, p. 98.
9 (…) il regardait Françoise décroître parmi les cultures, toute petite derrière sa vache indolente, qui balançait son grand corps.
Zola, la Terre, I, I.
10 Il vend des chaussures… Mon Dieu ! parce que son père en vendait : parce qu'il est assez indolent, et qu'il a trouvé une situation toute faite (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, X, p. 110.
♦ N. (1688). || Un indolent, une indolente (→ Espérance, cit. 4). || Belle, chère indolente (→ Balancer, cit. 4, Musset; harmonieux, cit. 8, Baudelaire).
♦ (Choses). Littér. Calme et doux; qui donne une impression d'indolence. || Le flot (cit. 4) indolent. || Fleurs indolentes (→ Bâiller, cit. 6).
❖
CONTR. (Du sens 1) Dolent, douloureux. — (Du sens 2) Sensible. — Douloureux. — Accrocheur, actif, alerte, allant, allègre, ardent, diligent, énergique, entreprenant, espiègle, vif.
DÉR. Indolemment.
Encyclopédie Universelle. 2012.