effacement [ efasmɑ̃ ] n. m.
1 ♦ Action d'effacer; son résultat. Effacement accidentel d'un fichier informatique. ⇒ destruction, disparition. — Ling. Ellipse syntaxique.
♢ Fig. L'effacement d'un souvenir.
2 ♦ Action de s'effacer, attitude effacée. « ils avaient manqué de cette modestie, de cet effacement de soi » ( Proust).
● Effacement fait pour quelqu'un de s'effacer, de se tenir à l'écart ; attitude effacée.
effacement
n. m.
d1./d Fait d'effacer, action d'effacer; son résultat.
d2./d Fig. Action de s'effacer, attitude de celui qui est effacé.
⇒EFFACEMENT, subst. masc.
Action d'effacer, de s'effacer; résultat de cette action.
A.— [Correspond à effacer I A]
1. Disparition de ce qu'on efface ou de ce qui s'efface.
a) Disparition totale d'un tracé ou d'une marque. Effacement d'une ligne, d'un contour.
— Spéc. Disparition progressive. Effacement d'une trace, d'un pastel; effacement et usure. L'automne a jalonné l'effacement des pas dans les talus (ARAGON, Rom. inach., 1956, p. 22).
b) P. ext. Suppression ou réduction (de quelque chose).
— Spéc., LING. (en gramm. générative). ,,Opération consistant à supprimer un constituant d'une phrase dans des conditions définies par une transformation`` (Ling. 1972).
2. P. métaph. ou domaine abstr. Disparition (généralement progressive).
— [Avec une idée de suppression] Ils [le Marquis et Savrit] s'y étendirent (...) savourant ces âpres piments de la déroute, l'effacement des préjugés sociaux, des disciplines et des protocoles (ARNOUX, Nuit St-Avertin, 1942, p. 72). Ils dissertaient sur l'effacement des nations et sur la domination des empires (MAURIAC, Bâillon dén., 1945, p. 395).
— [Avec une idée d'oubli] Effacement d'un souvenir. C'est une chose triste que cet effacement complet des morts (SAND, Lélia, 1839, p. 484). L'effacement de tant d'œuvres qui furent portées aux nues (VALÉRY, Eupalinos, 1923, p. 62).
B.— [Correspond à effacer I B]
1. Action, fait d'effacer, de réduire au minimum l'espace occupé par (quelqu'un, quelque chose). C'étaient des effacements de corps permettant d'évoluer dans la place restreinte (HUYSMANS, Oblat, t. 2, 1903, p. 17) :
• ... au milieu de l'effacement des redingotes, les chapeaux de soie miroitaient, sous la lumière diffuse, qui tombait du vitrage.
ZOLA, L'Argent, 1891, p. 333.
2. Au fig.
a) [Le compl. désigne un comportement, une attitude, une manière d'être ou de faire] Mise en retrait, manque d'originalité. Effacement de la personnalité. Elle [Manette] avait un ensemble de qualités soumises (...) une sorte d'aimable effacement de caractère (GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p. 320).
— Absol. C'était, en dehors de son cabinet de vieux bureaucrate, comme un bain d'effacement et de médiocrité, où il se reposait du souci de gouverner la terre (ZOLA, Rome, 1896, p. 143).
b) Usuel. Comportement de celui, de celle qui se tient à l'écart en évitant de se faire remarquer, qui est effacé. Effacement volontaire, excessif; geste d'effacement; effacement de soi; désir d'effacement; modeste jusqu'à l'effacement; se résigner à un effacement; dévouement, résignation et effacement; renoncement, abnégation et effacement. L'un a réussi par son effacement et l'autre par son éclat (MAURIAC, Bloc-notes, 1958, p. 107).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1878 et 1932. Pour [] ouvert à l'initiale, cf. effacer. Étymol. et Hist. 1. XIIIe s. [ms.] esfacement « action d'effacer, de disparaître » (Queste du S. Graal, ms. du Mans 354, f° 1 v° ds GDF. Compl.); 2. 1839 « action de s'effacer » (SAND, loc. cit.). Dér. du rad. de effacer; suff. -(e)ment1. Fréq. abs. littér. :211. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 9, b) 365; XXe s. : a) 395, b) 455.
effacement [efasmɑ̃] n. m.
ÉTYM. XIIIe, esfacement; de effacer.
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1 (XIIIe). Action d'effacer (qqch.). ⇒ Effaçage. Fait de s'effacer; résultat de cette action. ⇒ Biffage, gommage. || L'effacement des lettres, des lignes d'un manuscrit, d'un palimpseste. || Cette inscription est peu lisible à cause de son effacement partiel. — Touche d'effacement d'une machine à écrire.
♦ Par métaphore :
1 L'oubli n'est autre chose qu'un palimpseste. Qu'un accident survienne, et tous les effacements revivent dans les interlignes de la mémoire étonnée.
Hugo, l'Homme qui rit, II, IV, I.
♦ Fig. Destruction, suppression (→ Effacer, 2.). || L'effacement des péchés par la contrition. || L'effacement des caractères d'un peuple, d'une civilisation. || Effacement d'une impression, d'un souvenir, sous l'action du temps. ⇒ Affaiblissement, disparition, évanouissement.
2 (…) le souvenir d'un rêve de la dernière nuit, qui peut nous paraître plus lointain dans son imprécision et son effacement qu'un événement qui date de plusieurs années.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XIII, p. 147.
♦ Didact. (ling.). Suppression (d'un constituant d'une phrase) dans des conditions définies (par la grammaire transformationnelle).
2 (1839). Fig. Action de s'effacer (2.), attitude effacée (3.). || Effacement de soi-même : état de qqn qui s'efface, qui tient à rester dans l'ombre (→ Anéantissement, cit. 7). || Rester, vivre dans l'effacement, sans se manifester, par modestie, discrétion, prudence.
3 (…) ils avaient manqué de cette modestie, de cet effacement de soi, de cet art sobre qui se contente d'un seul trait juste et n'appuie pas, qui fuit plus que tout le ridicule de la grandiloquence (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. IV, p. 137.
4 Tous nos invités furent conquis par la grandeur si simple du Général, par la noblesse de son esprit, par le volontaire effacement — qu'on pourrait dire pudique — avec lequel il parlait des actions militaires qu'il avait combinées (…)
Georges Lecomte, Ma traversée, p. 568.
Encyclopédie Universelle. 2012.