1. dégradation [ degradasjɔ̃ ] n. f.
• 1486 « dégradation ecclésiastique »; bas lat. degradatio
1 ♦ Destitution infamante (d'une personne) d'un grade, d'une dignité. Dégradation civique : peine infamante réprimant certains crimes politiques. — Dégradation militaire, qui entraîne la privation du grade et la déchéance personnelle (supprimée en France en 1965).
3 ♦ (1680) Détérioration (d'un édifice, d'une propriété, d'un site). ⇒ dégât, délabrement, dommage, mutilation. Le locataire est responsable des dégradations qu'il commet dans l'appartement qu'il occupe. — Dr. Dégradation de monuments : détérioration volontaire d'édifices ou monuments publics ou des objets d'utilité publique (⇒ vandalisme) . — Dégradation de l'environnement, son altération. ⇒ nuisance, pollution.
♢ Géogr. Processus naturel ou provoqué, destructeur de l'équilibre d'un sol entre profil, végétation et milieu.
4 ♦ Détérioration graduelle (d'une situation politique, économique ou sociale). La dégradation du climat international. — (Par modification d'un rapport) Dégradation des termes de l'échange, le prix des importations augmentant plus que celui des exportations.
5 ♦ Phys. Dégradation de l'énergie : transformation de l'énergie en formes de moins en moins utilisables (moins aptes à fournir du travail mécanique). Dégradation de l'énergie mécanique en énergie calorifique.
⊗ CONTR. Réhabilitation. Amélioration. Réfection, réparation. Régénération (sol).
dégradation 2. dégradation [ degradasjɔ̃ ] n. f.
• 1660; de 2. dégrader et it. digradazione
1 ♦ Affaiblissement graduel, continu (de la lumière, des couleurs). « Une insensible dégradation du clair au moins clair et à l'obscur » (A. Gide). ⇒ dégradé.
2 ♦ Passage progressif, continu.
● dégradation nom féminin (bas latin degradatio, -onis, destitution) Action de dégrader quelqu'un, de le destituer, de le priver de son grade. Ancienne peine militaire accessoire des peines criminelles plus graves qui entraînait l'exclusion de l'armée, la privation du grade et du droit d'en porter les insignes et l'uniforme. ● dégradation (expressions) nom féminin (bas latin degradatio, -onis, destitution) Dégradation civique, peine infamante qui prive un citoyen de ses droits civiques et politiques et de certains de ses droits familiaux. ● dégradation nom féminin (de dégradation) Action d'endommager quelque chose, fait d'être abîmé, altéré ; détérioration : La dégradation de l'environnement. Détérioration progressive d'une relation, d'une situation : Dégradation des relations internationales. Déchéance, avilissement, abjection : Dégradation morale. Agriculture Acidification et baisse de fertilité du sol, de l'humus, suivant la destruction de la végétation naturelle et souvent imputables aux mauvaises pratiques culturales. Chimie Réaction consistant à rompre une ou plusieurs liaisons à l'intérieur d'une molécule, ce qui brise souvent cette molécule en plusieurs molécules plus petites. Écologie Évolution d'une formation végétale qui l'éloigne du climax, le plus souvent sous l'action de l'homme. Polymères Destruction ou altération des propriétés d'un matériau macromoléculaire. (D'origine thermique, photochimique, oxydante ou biologique, la dégradation se fait généralement par rupture de la chaîne moléculaire et dépolymérisation. Elle peut être évitée grâce à l'emploi d'antioxydants.) Textiles Altération subie par les teintures sous l'action de différents agents (air, lumière, lessive, produits chimiques, etc.). ● dégradation nom féminin (italien digradazione) Changement insensible et continu d'un ton, d'une couleur. ● dégradation (difficultés) nom féminin (de dégradation) Sens Ne pas confondre ces deux mots que sépare une importante nuance de sens. 1. Dégradation = détérioration. 2. Déprédation = dommage causé à la propriété d'autrui par vol, pillage, destruction ; gaspillage, acte malhonnête commis dans une gestion publique ou privée. Remarque La proximité de sens de ces deux mots conduit souvent à employer déprédation au sens de dégradation. Recommandation Se rappeler que déprédation implique l'idée de dommage causé au bien d'autrui, souvent par malveillance, ou d'appropriation illégitime, conformément à l'étymologie (latin praeda, proie, butin de guerre; comparer à un animal prédateur). Emploi Déprédation : surtout au pluriel (mais le singulier n'est pas incorrect). Registre Déprédation : registre soutenu. ● dégradation (expressions) nom féminin (de dégradation) Dégradation des monuments, délit qui consiste à détériorer ou à détruire les édifices, statues ou objets élevés par l'autorité publique. Dégradation de l'énergie, transformation irréversible d'une forme d'énergie en chaleur, qui ne peut que partiellement être transformée en travail. ● dégradation (synonymes) nom féminin (de dégradation) Action d'endommager quelque chose, fait d'être abîmé, altéré ; détérioration
Synonymes :
- délabrement
- ravage
- sabotage (familier)
Contraires :
- réfection
- réparation
Détérioration progressive d'une relation, d'une situation
Synonymes :
- désagrégation
- détérioration
Contraires :
- amélioration
- épanouissement
- prospérité
Déchéance, avilissement, abjection
Synonymes :
- décadence
- déclin
- dégénérescence
- déliquescence
- dépravation
Contraires :
- élévation
- relèvement
dégradation
n. f.
d1./d DR Destitution infamante d'un ordre, d'une qualité, d'un grade, etc., à titre de peine. Dégradation militaire, entraînant la perte du grade et la mise au niveau d'homme de troupe.
— Dégradation civique, entraînant la perte des droits civiques.
d2./d Dégât fait à un édifice, à une propriété. Dégradation d'édifice public.
d3./d Délabrement, détérioration. Immeuble dans un état de dégradation pitoyable.
|| Fig. La dégradation de la situation économique.
d4./d PHYS Dégradation de l'énergie: tendance de toute énergie à se transformer en chaleur.
————————
dégradation
n. f. Diminution progressive (de la lumière, des couleurs).
I.
⇒DÉGRADATION1, subst. fém.
A.— Destitution infamante.
1. Destitution infamante d'une charge, d'une fonction, d'une dignité. La dégradation d'un magistrat (Ac.). On ne procédait à la dégradation d'un prêtre que lorsqu'il était condamné à mort (Ac. 1835, 1878).
2. En partic., mod.
a) Dégradation civique. ,,Peine criminelle, infamante, (...) qui entraîne (...) privation des droits civiques et politiques et de certains droits publics, civils et de famille (...)`` (CAP.).
b) Dégradation (militaire). Peine infamante consistant en la destitution d'un militaire de son grade et en son exclusion de l'armée. La dégradation de Dreyfus (GONCOURT, Journal, 1895, p. 713) :
• 1. ... attendu qu'il est constant qu'Erlane Jean-René a déserté à l'ennemi et s'est rendu de plus coupable du crime de trahison, le tribunal le condamne à la peine de mort avec dégradation militaire...
VERCEL, Capitaine Conan, 1934, p. 216.
B.— Au fig. Action de diminuer la valeur morale; p. méton., le résultat de cette action. Une dégradation de l'idéal prolétarien par le maquignonnage électoral (BOURGET, Actes suivent, 1926, p. 90) :
• 2. ... il est certain que l'introduction démesurée des mots étrangers (...) est un des signes les plus infaillibles de la dégradation morale d'un peuple.
J. DE MAISTRE, Essai sur le principe générateur des constitutions pol. et autres institutions humaines, 1810, p. 100.
C.— P. ext.
1. Action de mettre en mauvais état, de causer un dommage. Il a fait de grandes dégradations dans ces bois (Ac.). La dégradation des monuments publics est punie par la loi (Ac. 1878-1932) :
• 3. Au long des maisons, (...) deux rangées de bornes en grès (...) étaient dressées pour les protéger (...) contre les dégradations des charrettes, qui menaçaient les murs par les longues fusées de leurs essieux.
FARAL, La Vie quotidienne au temps de St Louis, 1942, p. 15.
— Au fig. Passage progressif à un état plus mauvais. La dégradation de la situation sociale, de la conjoncture économique (Lar. Lang. fr.).
2. Action d'affaiblir, de diminuer; résultat de cette action. Le principe de Carnot, ou principe de la dégradation de l'énergie (POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p. 176) :
• 4. ... je suis dans un état spécial, comparable à celui de certains psychasthéniques, c'est la première chute de potentiel, la première dégradation de la conscience avant le rêve.
SARTRE, L'Imagination, 1936, p. 65.
— Perte de valeur :
• 5. Il n'y a plus de bornes à la fabrication du papier [monnaie] et par conséquent à sa dégradation. Le rouble est tombé à 28 ou 29 sous tournois...
J. DE MAISTRE, Correspondance, t. 3, 1796-1821, p. 289.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1486 [1re éd.] « destitution d'un personnage » (Expos. de la reigle M. S. Benoit, f° 85 b ds GDF. Compl.) [La date XIVe s. (J. de Vignay), donnée dep. DG ne convient pas]; b) ca 1570 degradation d'armes (CARLOIX, Mémoires de la vie de François de Scepeaux, VI, 13 ds LITTRÉ); c) 1791 dégradation civique (Lepelletier, 4 juin ds l'Ancien Moniteur, VIII, 574 ds RANFT, Der Einfluss der französischen Revolution..., Darmstadt, 1908, p. 95); 2. 1539 « avilissement » (Apologie de Maistre Nicole Glotelet pour Clément Marot ds MAROT, Œuvres, La Haye, 1731, t. 4, p. 502); 3. a) 1690 « détérioration d'un édifice, d'un objet » (FUR.); b) 1883 phys. dégradation de l'énergie (E. JOUFFRET, Introduction à la théorie de l'énergie, Paris, p. 103). Empr. au b. lat. degradatio à l'orig. terme relig. « destitution d'un prêtre, d'un évêque ».
II.
⇒DÉGRADATION2, subst. fém.
Diminution graduelle de l'intensité d'une couleur, d'une lumière. Le ciel, par des dégradations insensibles, passait du rouge le plus vif à l'orange (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p. 144) :
• 1. Il [Ghirlandajo] sut distribuer ses figures en groupes, et distinguant par une juste dégradation de lumière et de couleurs les plans dans lesquels les groupes étaient placés, les spectateurs surpris trouvèrent que ses compositions avaient de la profondeur.
STENDHAL, Hist. de la peint. en Italie, t. 1, 1817, p. 151.
— P. ext. :
• 2. [Le clocher] de l'église (...) [est] quadrangulaire à sa base, puis son plan prend la forme d'une croix grecque. La dégradation des divers étages qui le composent lui donne une forme pyramidale.
LENOIR, L'Archit. monastique, 1852, p. 316.
Prononc. et Orth. Cf. dégradation1. Étymol. et Hist. 1. 1669 peint. (MOLIÈRE, Val de Grâce, 165 ds Œuvres complètes, éd. A. Régnier, t. 9, p. 551); 2. entre 1749 et 1751 fig. « modification progressive » (DAUBENTON, Hist. nat. ds Encyclop. t. 2, p. 490, s.v. cabinet d'hist. nat.). Empr. à l'ital. digradazione « id. » (fin du XVIIe s. ds BATT.).
STAT. — Dégradation1 et 2. Fréq. abs. littér. :602. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 599, b) 523; XXe s. : a) 593, b) 557.
BBG. — MAT. Louis-Philippe 1951, p. 136.
1. dégradation [degʀadɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1486, « dégradation ecclésiastique »; bas lat. degradatio, du supin de degradare. → 1. Dégrader.
❖
1 Destitution infamante d'un grade, d'une dignité. ⇒ 4. Casse, 1. || Dégradation d'un membre de la Légion d'honneur. || Dégradation civique (→ Arbitraire, cit. 9).
1 La dégradation civique consiste : 1o Dans la destitution et l'exclusion des condamnés de toutes fonctions, emplois ou offices publics; 2o Dans la privation du droit de vote, d'élection, d'éligibilité, et en général de tous les droits civiques et politiques, et du droit de porter aucune décoration; 3o Dans l'incapacité d'être juré-expert (…) etc.
Code pénal, art. 34.
2 Rien n'attriste plus profondément qu'une dégradation imméritée et de laquelle il est impossible de se relever.
Balzac, Une ténébreuse affaire, Pl., t. VII, p. 457.
♦ Dégradation militaire, sanction entraînant, outre les déchéances attachées à la dégradation civique, la privation du grade, ainsi que la déchéance personnelle (supprimée en France en 1965). || La capitulation en rase campagne entraîne la dégradation militaire (→ Capitulation, cit. 2).
♦ Dégradation ecclésiastique, qui dépose un clerc, le prive de son habit ecclésiastique et le rejette dans la vie séculière.
2 (1539). Rare. Le fait d'abaisser moralement, de se dégrader. ⇒ Abaissement, avilissement, déchéance.
3 La division du travail a produit la dégradation du travailleur.
3 (1680). Détérioration (d'un édifice, d'une propriété, d'un site). ⇒ Dégât, délabrement, destruction, dommage, endommagement, mutilation, profanation. || La dégradation d'un bâtiment. || La dégradation des murs d'une propriété. || Dégradation légère. ⇒ Égratignure (fig.). || Dégradations causées par le temps, la vétusté.
4 Je pensai pleurer en voyant la dégradation de cette terre (…)
Mme de Sévigné, Lettres, 814, 27 mai 1680.
5 Rome (…) présente le triste aspect de la misère et de la dégradation.
Mme de Stael, Corinne, IV, 4.
6 La vie, telle qu'elle est, telle qu'elle va, porte en elle comme une loi fatale de dégradation. De même qu'un marbre pur se ternit, qu'une eau se décompose, que le corps humain le plus beau se marque de rides et se voûte, tout ce qui est de la vie tend vers la destruction. C'est là cet irréversible dont parle Péguy, qui se marque dans le domaine des sentiments comme dans celui des organismes, et qui fait apparaître partout l'inéluctable présence de la mort.
Daniel-Rops, Ce qui meurt… VI, p. 237.
♦ Dr. || Dégradation de monuments : délit correctionnel qui consiste à détériorer volontairement des édifices, des monuments publics, des statues… ⇒ Destruction, mutilation. || Locataire responsable des dégradations faites dans l'appartement qu'il occupe.
♦ Dégradation de l'environnement, son altération. ⇒ Nuisance, pollution.
♦ Géogr. Processus naturel ou provoqué, destructeur de l'équilibre d'un sol entre profil, végétation et milieu. ⇒ Appauvrissement, érosion.
4 Détérioration graduelle (d'une situation politique, économique ou sociale). || La dégradation du climat international.
5 Phys. || Dégradation de l'énergie : transformation de l'énergie en formes de moins en moins utilisables (moins aptes à fournir du travail mécanique). || Dégradations énergétiques. → Regradation, cit. || Dégradation de l'énergie mécanique en énergie calorifique. ⇒ Entropie.
❖
CONTR. Réhabilitation. — Amélioration, conversion, épanouissement, sanctification. — Réfection, réparation; entretien. — Régénération.
COMP. Biodégradation.
HOM. 2. Dégradation.
————————
2. dégradation [degʀadɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1660; de 2. dégrader, et ital. digradazione.
❖
1 Affaiblissement graduel, continu (de la lumière, des couleurs). ⇒ Diminution. || Dégradation insensible de la lumière, des tons.
1 Leur dégradation (des objets représentés) dans l'espace de l'air
Par les tons différents de l'obscur et du clair (…)
Molière, la Gloire du Val de Grâce, 165.
2 (…) les diverses dégradations de couleur fondue, qui changent sa teinte générale en un relief, et donnent aux yeux la sensation de son épaisseur.
Taine, Philosophie de l'art, t. I, II, VI, III, p. 270.
3 Il faut que Léonard découvre la dégradation insensible de la lumière, pour que le recul aérien fasse émerger leurs rondeurs fuyantes et enveloppe leurs contours dans la douceur du clair-obscur.
Taine, Philosophie de l'art, t. II, V, IV, V, p. 339.
4 Notre regard, le regard moderne, sait voir la gamme infinie des nuances. Il distingue toutes les unions de couleurs entre elles, toutes les dégradations qu'elles subissent, toutes leurs modifications sous l'influence des voisinages, de la lumière, des ombres, des heures du jour.
Maupassant, la Vie errante, « Vers Kairouan », p. 240.
5 (…) la plaisance du modelé (chez Raphaël) vient surtout d'une horreur de la brusquerie, d'un besoin d'arrondir sans les dissimuler les contours; la perfection est alors d'obtenir une insensible dégradation du clair au moins clair et à l'obscur.
Gide, Journal, Feuilles de route, 16 déc. 1895.
2 Fig. Passage progressif, continu.
6 Entre l'Europe continentale et l'Asie, le passage est moins net. L'Occident proprement dit, c'est l'Europe occidentale et centrale, après quoi, vers l'Est, il y a dégradation par paliers : les fuseaux horaires divisent assez exactement le continent en bandes de civilisation.
André Siegfried, l'Âme des peuples, Conclusion, II, p. 203.
❖
HOM. 1. Dégradation.
Encyclopédie Universelle. 2012.