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ASSISE
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ASSISE

La petite ville aux toits roux, dominant une vallée ouverte sur les horizons clairs de l’Ombrie, est aujourd’hui une cité hors du temps, recueillie dans le souvenir de saint François. Mais Assise avait déjà vécu une longue histoire lorsque apparut le Poverello et, après la mort de celui-ci, elle fut, grâce au culte franciscain, un foyer artistique rayonnant qui vit l’apparition de l’architecture gothique en Ombrie, puis, dans le dernier quart du siècle, l’éclosion de la peinture italienne avec Cimabue et Giotto. Assise n’est donc pas seulement un lieu de pèlerinage particulièrement attachant: elle appartient au passé historique de l’Italie et elle a joué, autour de 1300, un rôle privilégié dans la définition même de son art.

L’histoire d’Assise commence avec celle des Ombriens, groupe ethnique d’origine italique qui, par la suite, donna son nom à la province entière. Ils occupaient la rive gauche du Tibre, face aux Étrusques établis sur la rive droite. Les deux peuples s’unirent pourtant dans une résistance désespérée à la conquête romaine. Après la défaite de Sentino (\ASSISE 295), Ombriens et Étrusques deviennent fidèles sujets de leurs vainqueurs. Asisium connaît bientôt une grande prospérité dont témoignent d’importants vestiges antiques: restes de murailles, forum, amphithéâtre, temple de Minerve (dont la cella , transformée au XVIe siècle est devenue l’église Santa Maria sopra Minerva).

Au cours des invasions barbares, les Goths de Totila s’emparent d’Assise et de Pérouse (546). Les Lombards mettent ensuite la cité sous la dépendance du puissant duché qu’ils établissent à Spolète en 569. Assise devient commune libre au XIe siècle. Fidèle à l’empereur, elle est en lutte permanente avec Pérouse, ralliée aux Guelfes (le futur saint François est fait prisonnier au cours de l’un de ces affrontements). Puis la ville se soumet au pape. Au XIIIe siècle, son activité est déterminée par le développement extraordinaire du culte franciscain. Mais, après 1398, Assise tombe aux mains de différents seigneurs (les Visconti, les Montefeltre, les Sforza), avant de revenir à l’Église, au temps de Pie II. Troublée quelque temps encore par des rivalités et des factions internes, elle entre bientôt dans une sérénité toute franciscaine, rompue seulement, de temps à autre, par le déferlement, alterné ou confondu, des pèlerins et des touristes.

Lorsque, en 1202, Francesco di Bernardone, fils d’un riche marchand d’Assise est emmené en captivité à Pérouse, il a tout juste vingt ans et appartient à la jeunesse dorée de sa ville natale. L’année passée dans les cachots du Campo Battaglia puis la maladie dont il est atteint l’année suivante sont peut-être les premières étapes d’une conversion qu’achève un fait miraculeux: priant dans l’église San Damiano devant un crucifix, il entend la voix du Christ: «François, va restaurer ma maison qui tombe en ruines.» Alors vont se succéder les épisodes devenus légendaires, dont les peintres toscans fixeront l’image merveilleuse: le renoncement à l’héritage familial et le mariage avec dame Pauvreté, l’assemblée des premiers frères à la Portioncule et l’approbation de la règle par le pape Innocent III (1209-1210), les débuts de la prédication franciscaine. En 1212, François accueille sainte Claire à San Damiano où s’établit la première communauté des Clarisses. Il meurt, en 1226, à la Portioncule et son corps est porté triomphalement dans l’église San Giorgio (aujourd’hui Santa Chiara) avant d’être transféré en 1230 dans le sanctuaire dédié à sa gloire.

La basilique San Francesco, d’une monumentalité impressionnante, comporte, sur un soutènement de hautes arcades, deux églises superposées, la première consacrée en 1230, la seconde en 1253. La puissance de leurs structures gothiques est tempérée, à l’intérieur, par un décor de fresques où se sont affirmés, dans le dernier quart du XIIIe siècle, les créateurs de la peinture italienne. Déjà, avec Cimabue, qui a travaillé à partir de 1277 (Vierge avec saint François dans l’église inférieure, Crucifixion , Histoire de la Vierge dans l’église supérieure), la tradition byzantine est dépassée par la recherche d’une intensité expressive nouvelle, d’une force et d’une cohérence accrues dans les compositions. Giotto, appelé en 1296, laisse dans la basilique supérieure le premier grand cycle consacré à la vie de saint François, auquel participent d’autres peintres venus, comme lui, de Rome. La monumentalité, la densité des figures s’affirment en même temps que leur individualité, dans un décor où les éléments d’architecture interviennent selon des rythmes linéaires et chromatiques parfaitement maîtrisés. Les émules de Giotto travaillent aussi à l’église inférieure. Mais le décor en sera complété seulement au siècle suivant par deux maîtres de Sienne: Pietro Lorenzetti et Simone Martini qui fera connaître, de Naples à Avignon, le pittoresque délicat du gothique siennois.

Cette effervescence artistique d’Assise n’est pas née spontanément, ni uniquement, de la dévotion à saint François. Le mouvement créé par son enseignement et par son exemple, le culte dont il a fait l’objet ont cristallisé des aspirations qui ont leur source dans un plus large contexte historique. La rivalité du Sacerdoce et de l’Empire provoque en Italie une prise de conscience «nationale», en même temps qu’une réaction mystique chez des individus à la recherche d’une spiritualité plus intérieure, plus personnelle, celle qu’apporte précisément le message franciscain. La culture gibeline favorise, entre la tradition romane, les courants byzantins, les suggestions du gothique, une synthèse dont le chantier d’Assise permettra la formulation, grâce à l’afflux des artistes attirés par le prestige et l’ampleur de l’entreprise.

Après cette grande période créatrice (durant laquelle s’élève également la basilique de Santa Chiara), les pèlerinages, les jubilés entraînent, au cours des siècles, la rénovation ou l’agrandissement des églises d’Assise: fresques du XIVe et du XVe siècle à Santa Maria Maggiore, remaniement à la cathédrale San Rufino, par Galeazzo Alessi en 1571, à Santa Maria sopra Minerva en 1539 et en 1634, et au couvent de San Francesco (Chiostro Grande en 1476, avec fresques de Dono Doni, Dernière Cène de Solimena, dans le réfectoire), construction de Santa Maria degli Angeli, sur les plans d’Alessi, englobant le petit oratoire de la Portioncule et la cellule où mourut saint François.

Mais ces transformations ont préservé la physionomie d’Assise, et à peine estompé les témoignages d’un éveil artistique et spirituel sans équivalent dans l’histoire de l’Occident.

assise [ asiz ] n. f.
• déb. XIIIe; asise v. 1170; p. p. subst. de asseoir
1Rangée de pierres qu'on pose horizontalement pour construire un mur. Première, seconde assise. Égaliser les assises d'un mur. araser.
2(1823) Fig. base, fondement, soubassement. Les assises d'une doctrine. Servir d'assise à une science. La civilisation est exposée « à périr lorsqu'elle perd son assise matérielle » (Bainville).
3(1845) Géol. (plur.) Couches parallèles. strate. Les assises de granit.
Biol. Ensemble de cellules disposées sur une couche. Bot. Assises génératrices (qui produisent les tissus secondaires : liège, liber, bois), pilifères. L'assise subéreuse.

assise nom féminin (de asseoir) Rangée de pierres de même hauteur, posée de niveau ou rampante. Ensemble des éléments qui donnent de la solidité à un système ; base, fondement (surtout pluriel) : Établir son pouvoir sur des assises solides. Biologie Couche continue et unistratifiée de cellules vivantes, animales ou végétales. (Une assise est dite génératrice lorsque, nourrie par l'une de ses faces, elle engendre sur l'autre face de nouvelles couches cellulaires : épiderme animal, bois, liber ou liège chez les végétaux.) Géologie Couche identifiable, d'âge déterminé et pouvant servir de repère. Travaux publics Synonyme de couche. ● assise (expressions) nom féminin (de asseoir) Assise de parpaing, assise dont les pierres ont l'épaisseur même du mur. Bâtir par assises réglées, bâtir avec des pierres de même hauteur et dont le milieu correspond en principe aux joints de l'assise inférieure. ● assise (synonymes) nom féminin (de asseoir) Rangée de pierres de même hauteur, posée de niveau ou...
Synonymes :
- rang
Ensemble des éléments qui donnent de la solidité à un...
Synonymes :
- fond
- fondation
- fondement
- soubassement
Géologie. Couche identifiable, d'âge déterminé et pouvant servir de repère.
Synonymes :
- niveau
Synonymes :
- Travaux publics. couche

assise
n. f. CONSTR Rang de pierres, de briques qu'on pose horizontalement pour construire un mur.
|| Fig. Base, fondement. Les assises d'un raisonnement.
————————
assise
v. d'Italie (Ombrie), dans la prov. de Pérouse; 24 440 hab.
Centre religieux; basilique St-François, aux deux églises superposées (1228-1253), que décorèrent à fresque Cimabue et Giotto (Vie de saint François).

I.
⇒ASSISE1, subst. fém.
A.— ARCHIT. Rang de pierres de taille, de moellons ou de briques disposés horizontalement sur le sol même ou sur un rang inférieur, pour élever un mur ou constituer les points d'appui d'un édifice. Première assise; trembler sur ses assises :
1. Je la [l'ame végétale] compare à un maçon servi par un apprenti qui lui apporte tous les matériaux dont il a besoin, tandis qu'il les dispose par assises et par chaînes pour élever son édifice.
BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, p. 273.
2. À la fin du quinzième siècle, le formidable gibet, qui datait de 1328, était déjà fort décrépit. (...). Les assises de pierre de taille étaient toutes refendues à leur jointure, et l'herbe poussait sur cette plate-forme...
HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 568.
,,Partie servant à asseoir un élément de construction (...)`` (BARB.-CAD. 1963); cf. A. LENOIR, Archit. monastique, t. 2, 1856, p. 271).
Assises réglées. Assises constituées de pierres de même hauteur correctement alternées (le milieu de chacune correspond exactement aux joints de l'assise inférieure et supérieure). Bâtir par assises réglées.
B.— P. anal. :
3. Les falaises de la Normandie sont des couches alternatives de marne blanche et de cailloux noirs, posées par assises horizontales comme les pierres d'un monument...
BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, p. 232.
4. ... à peine étais-je assis, que, levant les yeux sur le monument qui me prêtait son ombre, je vis que ses murs, qui m'avaient paru bâtis de marbre ou de pierre blanche, étaient formés par des assises régulières de crânes humains.
LAMARTINE, Voyage en Orient, t. 2, 1835, p. 453.
Emplois spéc.
BIOL. (animale et végétale). Couche de cellules du même type juxtaposées. [Biol. animale] Assises épidermiques (cf. ROUSSY [F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouv. traité de méd., fasc. 5, 1920-24, p. 152]) [Biol. végétale] Assise nourricière, génératrice, pilifère, sporifère.
GÉOGR. Chacun des plans d'un terrain (montagne, rocher, etc.) disposé en gradins assez réguliers.
GÉOL. Série de couches minérales sédimentaires, correspondant à un âge déterminé, successivement déposées par les eaux selon une disposition rappelant celle des assises d'une construction. Synon. couche, strate.
Rem. Au plur. selon QUILLET 1965.
P. ET CH. ,,Corps de chaussée en matériaux compactés; à la différence du macadam dont la stabilité résulte de coincements, celle de l'assise provient de sa compacité; peut être naturelle (sables et graviers), concassée, ou semi-concassée`` (PLAIS.-CAILL. 1958). Jeter les assises d'une route.
C.— P. métaph. ou au fig. Chacun des éléments superposés, constitutifs d'un ensemble; élément fondamental sur lequel repose un système, une théorie, un raisonnement, une institution, etc.; élément initial, couche primitive servant de base à quelque chose. Les assises de l'État :
5. L'esthétique ainsi décrétée, d'abord et pendant fort longtemps, se développa in abstracto dans l'espace de la pensée pure, et fut construite par assises, à partir des matériaux bruts du langage commun, par le bizarre et industrieux animal dialectique qui les décompose de son mieux, en isole les éléments qu'il croit simples, et se dépense à édifier, en appareillant et contrastant les intelligibles, la demeure de la vie spéculative.
VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 242.
6. Quiconque est privé de certaines assises naturelles : une famille normale, une ambiance sociale suffisamment stable et lentement intégrée, cherchera toujours vainement une certaine solidité d'allure, un minimum d'assurance vitale. L'absence de métier elle aussi fait des incertains, des utopistes, des esprits faux et sans assiette.
MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 528.
7. On ne voit pas alors comment une psychologie unique pourrait servir d'assise à des sciences qui, pour prendre sur la réalité humaine des points de vue divers et parfois contradictoires, impliquent précisément la mise en œuvre de « psychologies » différentes.
J. VUILLEMIN, L'Être et le travail, 1949, p. 100.
Plus rare. Solidité d'assiette, fermeté, équilibre :
8. Ce livre, (...) m'a semblé avoir le défaut de montrer des individus qui ne sont pas le portrait de celui-ci ou de celui-là, mais des êtres fabriqués au moyen d'une macédoine de traits de caractère pris à l'un et à l'autre, et par là manquant de personnalité, de réalité, d'assise sur de vrais pieds humains.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1889, p. 1048.
BBG. — BACH.-DEZ. 1882. — BARB.-CAD. 1963. — BAULIG 1956. — CHABAT 1881. — CHESN. 1857. — GEORGE 1970. — GRUSS 1952. — JOSSIER 1881. — Méd. Biol. t. 1 1970. — NOËL 1968. — PIERREH. 1926. — PLAIS.-CAILL. 1958. — VIOLLET 1875.
II.
⇒ASSISE2, subst. fém.
I.— HIST. (Moy. Âge), le plus souvent au plur. Session d'une assemblée le plus souvent judiciaire.
Assemblée de seigneurs convoquée par le roi pour juger des causes importantes.
,,Séances extraordinaires que tenaient les officiers des seigneurs de fiefs pour faire rendre l'hommage, les aveux et dénombrements auxquels les vassaux étaient tenus`` (Ac. Compl. 1842).
Séance extraordinaire que des juges supérieurs tenaient dans les provinces, pour voir si les juges des tribunaux subalternes s'acquittaient de leur devoir.
P. méton. Règlements, ordonnances, lois, etc., votés par l'assemblée des principaux seigneurs d'un royaume. Assises de Jérusalem :
1. Les ducs de Bretagne envoient à des Chateaubriand copie de leurs assises.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 20.
II.— P. ext., usuel
[Le suj. désigne une pers.] Tenir ses assises. Réunir autour de soi un groupe de personnes où l'on brille, où l'on est apprécié pour une raison ou pour une autre :
2. De moins, elle [une aventure] m'émut quand il [le commandant] me la raconta, hors de Paris, d'ailleurs, très loin de l'angle du salon du club où il tenait ses assises entre cinq et sept.
P. BOURGET, Monique, 1902, p. 206.
P. métaph. :
3. La civilisation tiendra ses assises au sommet de l'Europe, et plus tard au centre des continents, dans un grand parlement de l'intelligence. Quelque chose de pareil s'est vu déjà. Les amphictyons avaient deux séances par an, l'une à Delphes, lieu des dieux, l'autre aux Thermopyles, lieu des héros.
HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 431.
4. La mort toujours, partout la mort sous la terre, sous les ondes, dans les récits marins, derrière le corps blanc de l'amour, elle tenait ses assises poudreuses et crayeuses, ...
L. DAUDET, Le Voyage de Shakespeare, 1896, p. 38.
Réunion de personnes ayant des préoccupations ou des goûts communs et se rencontrant régulièrement pour en débattre :
5. C'est au café de la Régence que le théâtre de l'Opéra tenait ses assises; c'est là que se plaidait chaque jour la cause de Rameau contre Lulli; qu'on prononçait en dernier ressort sur le mérite des airs de Mondonville et de Dauvergne, ...
JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 3, 1813, p. 231.
Partic. Assemblée plénière d'un groupement intellectuel ou politique. Le parti radical a tenu ses assises annuelles à Vichy (DUB.).
III.— DR. PÉNAL, au plur.
A.— Cour d'assises ou, p. ell., assises. Tribunal habilité à juger les faits constituant des crimes aux termes de la loi :
6. Chateaubriand en accusation et comparaissant aux assises, c'est le génie sur la sellette du crime.
CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1832, p. 136.
7. Les sessions de la cour d'assises auront été bien dramatiques durant cette quinzaine. Nous y avons vu d'abord de sérieuses et véritables tragédies, des condamnations capitales pour délits politiques. Un pauvre jeune homme, entre autres, a été condamné à mort par erreur. MM. les jurés s'étaient trompés. — Ceci serait monstrueux si ces arrêts devaient et pouvaient s'exécuter. — Ce n'est que triste et déplorable. En revanche, après le drame nous avons eu la comédie. On nous a donné le procès saint-simonien.
MUSSET, Revue des Deux Mondes, 1833, p. 638.
SYNT. Traduire qqn devant la cour d'assises, aux assises; envoyer qqn aux assises; passer à la cour d'assises; être acquitté par la cour d'assises; être cité à comparaître devant la cour d'assises; citer qqn devant la cour d'assises; déposer à la cour d'assises. Présider, tenir les assises (Ac. 1835-1932). Plaider aux assises, en assises (Ac. 1932). Affaire de cours d'assises; procès en cour d'assises; débats d'une cour d'assises; condamnation en cour d'assises; jugement de la cour d'assises. Avocat d'assises (Ac. 1932).
Président de cour d'assises, des assises :
8. On ne verra dans les échelles de pénalité qu'un cadre offert au jury pour le dispenser d'une initiative redoutable, et dans la sentence pénale du magistrat, qu'une sanction solennelle donnée à l'appréciation du jury. Cette sanction solennelle devra être du même genre que celle que donne le président des assises, par son ordonnance d'acquittement, au verdict de non-culpabilité.
COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances, 1851, p. 428.
B.— P. méton. ,,(...) période pendant laquelle siège cette juridiction`` (CAP. 1936). Il sera jugé aux prochaines assises (Ac. 1932). Remettre la cause de qqn aux prochaines assises :
9. ... le jugement de la chambre des pairs fut renvoyé aux assises suivantes; de sorte qu'elle n'a depuis lors qu'une existence incertaine et des droits équivoques qui devront de nouveau être mis en question à la session prochaine.
LAMENNAIS, L'Avenir, 1831, p. 306.
PRONONC. :[asi:z].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Ca 1170 « redevance imposée, imposition » (Rois, p. 390, Ler. de Lincy ds GDF. : E l'un preechad par tute Juda e Jerusalem que chascuns feist venir al temple cele asise que Moyses out fait a tut le pople al desert [II Chron., XXIV, 9 : ut deferrent singuli pretium Domino, quod constituit Moyses...]) — XVe s., ibid.; 2. 1er tiers XIIIe s. « rangée horizontale de pierres qui, dans une construction, repose, soit sur le sol, soit sur une rangée inférieure » (Chevalier deux épées, 4207 ds GDF. Compl. : Et estoit [le château] mout fors a devise Que de murs que de fort assise); d'où 1838 p. anal. géogr. (Ac. Compl. 1842 : Assise. Se dit des gradins réguliers de certaines montagnes qui ne s'élèvent point de la base au sommet par une pente insensible); 1838 fig. « fondement, base solide » (T. GAUTIER, La Comédie de la mort, p. 188 : mon œuvre est ainsi faite, et sa première assise N'est qu'une dalle étroite et d'une teinte grise Avec des mots sculptés que la mousse remplit); cf. 1863 (E. RENAN, Vie de Jésus, XXVIII : Si la maison capétienne eut réussi à nous créer une bonne assise constitutionnelle ... la chicanerions-nous sur la guérison des écrouelles?); 3. fin XIIe s. jur. « session, en partic. jugement dernier » (G. DE BERNEVILLE, Gilles, éd. Paris et Bos, 3784 ds T.-L. : al jur de la grant jüise, Quant nus serrum a cele assise); début XIIIe s. « séance » (Roman d'Aubery ds DU CANGE s.v. assisa : mult vaut miex ceste Assise, que cent mil livres, ou pan de ma chemise); au plur. assises a) av. 1280 « assemblées de seigneurs rendant la justice » (RUTEBEUF, Nouv. Compl. d'Outre mer, I, 119 ds GDF. Compl. : Chevaliers de plaiz et d'axises, Qui par vos faites vos justices Sens jugement aucunes fois, Tot i soit sairemens ou foiz, Cuidiez vos toz jors einsi faire?); 1318 « assemblées judiciaires convoquées par les baillis » ([Ancien registre] Donné à Chauny le Venredi après Noël l'an 1318 ds DU CANGE, loc. cit. : Michel de Paris, Bailly de Vermandois, au Prevost de Mondidier, Salut. Nous vous mandons, que vous faciez crier nos Assises de Mondidier solempnellement aux lieus acostumés au Dimanche devant la Chandeleur prochain à venir...); actuellement « session d'une cour criminelle » 1745 (DUPIN, Œcon., I, p. 275 ds BRUNOT t. 6, p. 465 : jurés tirés au sort entre les habitants du lieu où se tiennent les « Assises »); 1810, 6 juill., création de la Cour d'Assises (ROB.); b) fig. 1665 « réunions » (BOSSUET, Sermons, sur le Jugement dernier, ds Dict. hist. Ac. fr. : Pourquoi ces grandes assises, pourquoi cette solennelle convocation, et cette assemblée générale du genre humain?).
Part. passé substantivé de asseoir; cf. lat. médiév. refait sur le fr. : assisa ou assisia, au sens 1, 1231 (Const., II, 311 ds Mittellat. W. s.v., 1080, 1); au sens 3, 1190 (Charta Philippi Augusti apud Rigordum ds DU CANGE, loc. cit.); le sens 2 est dér. de asseoir étymol. 1.
STAT. — Fréq. abs. littér. :826. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 926, b) 1 516; XXe s. : a) 1 774, b) 846.
BBG. — BACH.-DEZ. 1882. — BARB. Infl. 1919, p. 8. — BARR. 1967. — BLANCHE 1857. — BOUILLET 1859. — BRUANT 1901. — CAP. 1936. — DUPIN-LAB. 1846. — FREY 1925, p. 218. — GITEAU 1970. — LEP. 1948. — LE ROUX 1752. — PISSOT 1803. — RÉAU-ROND. 1951. — ST-EDME t. 2 1825.

assise [asiz] n. f.
ÉTYM. Début XIIIe; asise, v. 1170; p. p. subst. de asseoir.
———
I Une assise.
1 (Début XIIIe). Rangée de pierres, de moellons, de briques qu'on pose horizontalement pour construire un mur. || Première, seconde assise. || Assise supérieure bombée d'un quai, d'un parapet de pont. Bahut. || Assises de roches. Enrochement. || Égaliser les assises d'un mur. Araser. || L'assise d'un fût de colonne. Tambour. || Assises réglées : assises formées de pierres de même hauteur, placées de telle façon que le milieu de chacune corresponde aux joints de l'assise inférieure. || Bâtir par assises réglées.
1 (…) un maçon servi par un apprenti qui lui apporte tous les matériaux dont il a besoin, tandis qu'il les dispose par assises et par chaînes pour élever son édifice.
Bernardin de Saint-Pierre, Harmonie de la nature, Animal, V.
2 Les assises (des pierres des édifices grecs) arrivaient à un aplomb incroyable (…)
Chateaubriand, Itinéraire…, 197.
3 (…) la tour du temple (d'Our), sortie du sable qui l'enfouissait, découvre ses énormes assises.
Daniel-Rops, Peuple de la Bible, I, 1.
Techn. Matériau compact servant de corps à une chaussée. || Assise naturelle, compactée.
2 Par anal. Sciences. a Géol. (le plus souvent au plur.). Série de couches parallèles, ressemblant aux assises d'un mur. || Assises géologiques. Couche, strate.
b (1842). Géogr. || Les assises d'une montagne, d'un rocher : les plans d'une montagne, d'un rocher disposés en gradins. Gradin.
c Biol. Ensemble de cellules disposées sur une couche.
d Bot. || Assises génératrices, pilifères, libéro-ligneuses, qui produisent les tissus secondaires : liège, liber, bois. || L'assise subéreuse.
3 (1838). Métaphore (de 1.) ou fig. Base, fondation, fondement, soubassement. || Une assise solide, profonde, inébranlable. Établir une entreprise sur des assises solides (Académie). || Les assises d'une civilisation. || Les assises d'une doctrine, d'une théorie. || Les assises du capitalisme. → Réforme, cit. 6. || Construire par assises. || Servir d'assise à qqch.
4 Les mathématiques et l'induction physique ont toujours été les éléments fondamentaux de mon esprit, les seules pierres de ma bâtisse qui n'aient jamais changé d'assise et qui servent toujours.
Renan, Souvenirs d'enfance, IV, 2.
5 (La chute de l'Empire romain) nous enseigne encore la fragilité de la civilisation, exposée à subir de longues éclipses ou même à périr lorsqu'elle perd son assise matérielle, l'ordre, l'autorité, les institutions politiques sur lesquelles elle est établie.
J. Bainville, Hist. de France, p. 16.
———
II N. f. pl. || Les assises; des assises.
1 (Av. 1280). Hist. (moyen âge). Assemblée de seigneurs sous la présidence du suzerain.Par ext. Ordonnance rendue par ces assemblées. || Assises de Jérusalem : recueil des lois et usages appliqués dans les royaumes de Palestine et de Chypre durant les Croisades.Séances judiciaires des baillis au moyen âge.
6 (Les baillis) tenaient leurs « assises » périodiquement, dans les principales villes du bailliage, assistés du prévôt local, d'un conseil de praticiens ou d'hommes « jugeans ».
Olivier-Martin, Précis d'hist. du droit franç., 2e éd., no 450.
2 Mod. Dr. et cour.
a Cour d'assises : juridiction criminelle française composée de magistrats et de jurés et chargée de juger les personnes renvoyées devant elle par un arrêt de mise en accusation. || Le président de la cour d'assises et ses deux assesseurs. || Jury de la cour d'assises. → Accusation, cit. 2 et 3.
b Les assises : la cour d'assises. || Président d'assises. → Reconnaissance, cit. 17. || Être envoyé aux assises : être jugé pour un crime. || Passer devant les assises (argot, les assiettes; → Beau, cit. 114.1).
7 Il sera tenu des assises dans chaque département, pour juger les individus que la cour d'appel y aura renvoyés.
Anc. Code d'instruction criminelle, art. 251.
8 Le jour où les assises doivent s'ouvrir sera fixé par le président de la Cour d'assises.
Les assises ne seront closes qu'après que toutes les affaires criminelles qui étaient en état lors de leur ouverture, y auront été portées.
Anc. Code d'instruction criminelle, art. 250.
Par métonymie. Période pendant laquelle siège cette juridiction.
3 Réunion (d'un parti politique, d'un syndicat). Congrès. || Les assises du parti.
4 Loc. Tenir des assises : réunir un groupe de personnes pour discuter, décider de qqch.
9 Le vieux salon, où, trente-cinq ans de suite, dans une pénombre solennelle, M. Thibault avait tenu les assises familiales (…)
Martin du Gard, les Thibault, VII, 14.

Encyclopédie Universelle. 2012.