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veiller

veiller [ veje ] v. <conjug. : 1>
• déb. XIIe; lat. vigilare
I V. intr.
1Rester volontairement éveillé pendant le temps habituellement consacré au sommeil. « Il regagna la chambre [...] , décidé à veiller jusqu'au jour » (Musset). Veiller au chevet d'un malade.
2Être de garde. « Et la garde qui veille aux barrières du Louvre » (Malherbe).
Être en éveil, vigilant. La police veille. Antoine « sous ce masque débonnaire, veillait » (Martin du Gard).
3Faire la veillée. « Aussi l'hiver, veillait-on là [...] bien à l'aise » (Zola).
II V. tr.
1(1580) Vx Surveiller (qqn).
Mod. Rester la nuit auprès de (un malade pour s'occuper de lui; un mort). « Et Jean, semblable à ceux qui veillent un être cher qu'une longue maladie affaiblit lentement » (Proust).
2Trans. ind. (1538) VEILLER À qqch. :y faire grande attention et s'en occuper activement (cf. Prendre soin de). Veiller à la bonne marche des opérations. Veiller au grain (II). Le préfet « veillera à ce que l'ordre ne soit pas troublé » (Mérimée). Veillons à garder notre calme. Veiller à ne pas être en retard (cf. Faire en sorte que). « Dès que je ne veillais pas à soigneusement respirer » (A. Gide). songer (cf. Prendre garde).
(1553) Veiller sur qqn, prêter grande attention à ce qu'il fait, à ce qui lui arrive (pour intervenir au besoin). — Vieilli « Victoire veillait sur son linge » (Zola),s'en occupait.
⊗ CONTR. (du I, 3o) Dormir.

veiller verbe intransitif (latin vigilare) Ne pas aller dormir le soir, rester éveillé : Veiller jusqu'à minuit. Être en état d'éveil, faire preuve de vigilance : Les gardiens veillent.veiller (citations) verbe intransitif (latin vigilare) Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux Paris 1636-Paris 1711 Qui frappe l'air, bon Dieu ! de ces lugubres cris ? Est-ce donc pour veiller qu'on se couche à Paris ? Satires Bible Rappelle-toi de quel cœur tu accueillis la parole ; garde-la et repens-toi. Car si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur sans que tu saches à quelle heure je te surprendrai. Apocalypse de saint Jean, III, 3 Bible Et ce que je vous dis à vous, je le dis à tous : « Veillez. » Évangile selon saint Marc, XIII, 37 Bible Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure. Évangile selon saint Matthieu, XXV, 13 Bible Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation ; l'esprit est ardent, mais la chair est faible. Évangile selon saint Matthieu, XXVI, 41 veiller (synonymes) verbe intransitif (latin vigilare) Être en état d'éveil, faire preuve de vigilance
Synonymes :
- surveiller
veiller verbe transitif indirect Porter ses soins attentifs sur quelque chose, quelqu'un pour les protéger : Veiller sur sa santé. Faire attention à quelque chose, s'en occuper : Veillez à ce que cela ne se reproduise plus.veiller verbe transitif Passer la nuit au chevet de quelqu'un, pour le surveiller dans son sommeil : Veiller un malade. Passer la nuit près du lit où est couché un mort. ● veiller (citations) verbe transitif indirect Anonyme Veillons au salut de l'empire ! Commentaire Chanson patriotique extraite de Renaud d'Ast, opéra de Dalayrac. En 1791, Boy composa les couplets. C'est une des premières chansons de la Révolution française. Le mot empire signifie ici « État ». Voici le début : « Veillons au salut de l'empire, Veillons au maintien de nos droits ! Si le despotisme conspire, Conspirons la perte des rois. » ● veiller (difficultés) verbe transitif indirect Construction 1. Veiller à ce que (+ subjonctif) : veillez à ce qu'elle s'habille chaudement. (et non veillez qu'elle s'habille chaudement). 2. Veiller à (+ nom ou infinitif) : veiller à la bonne marche d'une opération ; veiller à ne pas faire de fautes. 3. Veiller sur (+ nom ou pronom) : veillez mieux sur vos affaires. 4. Veiller qqn : veiller un malade (= rester la nuit à son chevet). ● veiller (synonymes) verbe transitif indirect Porter ses soins attentifs sur quelque chose, quelqu'un pour les protéger
Synonymes :
- prendre soin
- s'occuper

veiller
v.
rI./r v. intr.
d1./d S'abstenir volontairement de dormir pendant le temps destiné au sommeil. J'ai dû veiller pour terminer ce travail.
d2./d être de garde pendant la nuit.
Par ext. être vigilant.
d3./d Faire une veillée; y participer.
rII./r v. tr.
d1./d v. tr. dir. Rester la nuit auprès de (un malade, un mort). Veiller un blessé.
d2./d v. tr. indir. Veiller à qqch, y prendre garde, s'en occuper activement.
|| Veiller sur qqn, faire en sorte qu'il ne lui arrive rien de fâcheux.
|| (Réunion) Veiller son tour: attendre son tour.
rIII/r v. Pron. (France rég., Suisse) Faire attention. Veille-toi! Tu as failli renverser ton verre.

⇒VEILLER, verbe
A. — Empl. intrans.
1. Vieilli. [Corresp. à veillée A] Assister à une veillée; passer la soirée en compagnie. Veillé chez les ; lecture, causerie et parties de dames (AMIEL, Journal, 1866, p. 250).
2. Être en état de veille, ne pas être endormi. La douleur aiguë à son flanc, il doutait maintenant s'il l'avait vraiment éprouvée; il ne comprenait plus où commençait, où s'arrêtait son rêve, ni si maintenant il veillait, ni s'il avait rêvé tout à l'heure (GIDE, Caves, 1914, p. 702).
3. Ne pas dormir volontairement pendant le temps consacré normalement au sommeil. Veiller tard, jusqu'à minuit, jusqu'au matin, toute la nuit; veiller pour attendre qqn, pour lire, pour travailler; veiller pour rester auprès/près d'un malade, d'un mort; veiller au chevet de qqn. Adolescent, il tirait un vif sentiment d'orgueil à veiller quand tous dormaient; il attendait l'ange qui vient visiter celui qui a résisté le plus longtemps au sommeil (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 120).
P. métaph. Au fond du sanctuaire À peine on aperçoit la tremblante lumière De la lampe qui brûle auprès des saints autels. Seule elle luit encor, quand l'univers sommeille: Emblème consolant de la bonté qui veille Pour recueillir ici les soupirs des mortels (LAMART., Médit., 1820, p. 196).
♦ [Le suj. désigne une lumière] Bougie qui veille. Une petite lampe électrique veillait, sur la table de nuit (DUHAMEL, Nuit St-Jean, 1935, p. 194).
4. Être de garde, en particulier, la nuit. Un réseau de barbelés encerclait la conférence. Des postes américains veillaient au-dehors et au-dedans et ne laissaient entrer, ni sortir, personne (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 77). V. vedette I A ex. de Hugo.
P. métaph. Sur les pitons aigus veillent en sentinelles d'étranges petites villes, dont les maisons-forteresses (...) se ramassent dans une étroite enceinte (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 343).
5. Être en éveil, être vigilant. Les chevaux faillirent s'emballer. Heureusement que le cocher veillait, et put les retenir à temps (RAMUZ, A. Pache, 1911, p. 149).
P. métaph. Sa présence d'esprit, sa vertu, veillaient dans le péril le plus extrême (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 133).
B. — Empl. trans.
1. Empl. trans. dir.
a) Vieilli. Surveiller.
) [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Il a de mauvais desseins, il faut le veiller de près (Ac. 1835, 1878). [L'alpiniste aveugle] a le pied montagnard, puis son fils est là qui le veille, lui place les talons (A. DAUDET, Tartarin Alpes, 1885, p. 187).
) [Le compl. d'obj. désigne une chose] Jean-Louis, va-t'en veiller la bécane, garçon. Vois-tu que le type saute dessus et file derrière notre dos (BERNANOS, Crime, 1935, p. 749).
MAR. Veiller les icebergs. Maintenant on veille l'horizon, et la première terre qui paraîtra tout à l'heure sera une terre bretonne (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 150). Veillant les éperons sous-marins, nous nous sommes engagés dans les couloirs étroits et sinueux dont les crêtes semblaient atteindre le ciel (CHARCOT, Mer Groëland, 1929, p. 62).
b) ) Passer la nuit auprès d'un malade pour le surveiller, pour s'occuper de lui. Le médecin sortit. Il faudra veiller Jacques pendant cette nuit, mère Colas. S'il vous disait qu'il étouffe, vous lui feriez boire de ce que j'ai mis dans un verre sur la table (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 132). Moi qui l'ai veillé, toutes les nuits à l'époque de sa congestion pulmonaire (MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p. 164).
) Passer la nuit au chevet d'un mort. Le commandant (...) fait porter son corps à l'église (...). Toute la nuit, à tour de rôle, nous l'avons veillé. Moi, de dix heures à minuit (ARLAND, Ordre, 1929, p. 197).
P. métaph. Entr'ouverts ces cercueils ornés de fleurs mouillées Une lampe y demeure et veille mes noyées (GENET, Poèmes, 1948, p. 54).
c) Veiller que + subj. Synon. vieilli de veiller à ce que (infra 2 b). Veillez que chose pareille ne recommence pas (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Nos Angl., 1885, p. 53). Prends garde et veille que le char Qui porte mon enfant n'échappe à ton regard (MORÉAS, Iphigénie à Aulis, 1903, p. 150).
2. Empl. trans. indir.
a) Veiller à qqc./qqn. Prendre soin de quelque chose/quelqu'un, s'en occuper attentivement.
) Rare. [Le compl. d'obj. désigne une chose concr.] Des domestiques (...) versaient les vins, veillaient au pain et aux carafes (ZOLA, Curée, 1872, p. 340). Femmes qui vivent au logis, font la soupe, veillent aux hardes (MILLE, Barnavaux, 1908, p. 238).
Veiller au grain. V. grain II A.
) [Le compl. d'obj. désigne une chose abstr.] Veiller au bonheur, à la conservation, à la défense, à l'éducation, à l'exécution, aux intérêts, au maintien, au salut, à la sécurité, à la sûreté de qqn/qqc. Quel délice ce m'est de me souvenir de ma vie chez toi, de ces quelques jours (...) où j'ai cessé de me contraindre, de me dissimuler, de veiller à mes paroles, de me faire une attitude! (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p. 272).
HIST. Veillons au salut de l'empire. [Chant patriotique sous la Révolution]
) Rare. [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Je jure de veiller avec soin aux fidèles dont la direction m'est confiée (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 360).
b) Veiller à ce que + subj. Faire en sorte que, prendre garde que. Il faut (...) protéger la reproduction naturelle [des poissons] (...) en veillant à ce que les espèces ne soient ni pêchées, ni troublées, au moment du frai (Code pêche fluv., 1875, p. 136).
c) Veiller à + inf. Faire en sorte que, prendre garde à. Un pré marécageux où il faut veiller à ne pas s'enfoncer (DURANTY, Malh. H. Gérard, 1860, p. 226). Dieu sait si les nazis veillaient à empêcher toutes relations entre Français et Allemandes (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 197).
d) Veiller sur qqc./qqn. Surveiller attentivement quelque chose/ quelqu'un, en prendre soin.
) [Le compl. d'obj. désigne une chose concr.] Veiller sur le linge. Il se pratiquait des lectures gratuites à l'étalage des libraires par les jeunes gens affamés de littérature et dénués d'argent. Les commis chargés de veiller sur les livres exposés laissaient charitablement les pauvres gens tournant les pages (BALZAC, Illus. perdues, 1839, p. 293). [Les] adultes (...) apprennent au petit à veiller sur sa pelle lorsqu'on le mène au jardin public (Jeux et sports, 1967, p. 129).
P. métaph. L'étroit passage entre les Corbières et la mer, sorte de Thermopyles sur lesquelles veillait le château de Salses (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 353).
) [Le compl. d'obj. désigne une chose abstr.] Veiller sur le bonheur, la conduite, les jours, le sommeil, la vie de qqn. Si l'homme ne veille pas sur les desirs de son ame, et sur sa priere même, il peut encore augmenter son infortune, parce que les desirs de l'homme sont puissants (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p. 72). Il faut que tu veilles sur ta santé cérébrale pour qu'elle ne soit plus troublée par le moindre malaise (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p. 285).
P. métaph. Une de ces lampes antiques et pâles qui veillent au milieu de la nuit sur le sommeil ou la volupté (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 411).
) [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Veiller sur ses enfants. Matrena Pétrovna erre, dans la maison, de la cave au grenier, veillant sur l'époux comme une chienne de garde, prête à mordre, à se jeter au-devant du danger, à recevoir les coups, à mourir pour son maître (G. LEROUX, Roul. tsar, 1912, p. 22).
Prononc. et Orth.:[], [ve-], (il) veille [], []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Intrans. 1. ca 1120 veillier « être en état de veille; ne pas dormir pendant le temps destiné au sommeil » (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, 101, 8); 2. 1176-84 villier (GAUTIER D'ARRAS, Eracle, éd. G. Raynaud de Lage, 3202); 3. 1210 « rester constamment en éveil pour intervenir en cas de besoin » (HERBERT DE DAMMARTIN, Foulque de Candie, éd. O. Schulz-Gora, 6101). B. Trans. 1. 1340 « tenir quelqu'un dans l'état de veille » (GILLES LE MUISIT, Li Lamentations ds Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 1, p. 63) — 1573 [éd.], J. A. DE BAIF ds GDF. Compl.; 2. a) 1409 « passer la nuit au chevet d'un mort » Avoir... veliet le corps de le ditte feue (3 août, Exéc. test. de Maigne Esquiequelme, Ve Destamquierque, A. Tournai, ibid.); b) 1465 « passer la nuit auprès d'un malade, pour l'assister en cas de besoin » (Exéc. test. Grard Le Crich, A. Tournai, ibid.: Pour avoir veillié ledit deffunct durant sa malladie); 3. ca 1590 [éd.] « exercer une surveillance sur quelque chose ou sur quelqu'un » (MONTAIGNE, Essais, I, 23, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 111); 4. 1794 « (d'une source lumineuse) rester allumée auprès de quelqu'un, constituant ainsi une sorte de présence » (CHÉNIER, Élégies, p. 53: C'est moi, près de son lit, qui fis veiller les feux Pour garder mes amours, pour éclairer nos jeux). C. Trans. indir. 1. veiller à a) 1538 + subst. « s'occuper activement de quelque chose, y donner tous ses soins » (EST.); b) 1538 « prendre garde à » (ibid.); c) 1549 veiller à faire qqc. (ibid.); mil. XVIIIe s. veiller à ce que + subj. (MONTESQUIEU, Esprit des Lois, XV, XVII, éd. J. Brethe de la Gressaye, t. 2, p. 232); 2. 1553 veiller sur qqn, qqc. (La Bible, s.l., impr. J. Gérard, Nomb. 31, 30). D. Subst. 1536 ung... veiller nocturne (R. DE COLLERYE, Le Blason des Dames ds Œuvres, éd. Ch. d'Héricault, p. 127). E. 1690 « passer la veillée avec des parents, des amis, pour se distraire » (FUR.: On va ce soir veiller chez un tel, on y jouëra, on y dansera). Du lat. class. vigilare « veiller, être éveillé, être sur ses gardes, attentif », dér. de vigil « éveillé, vigilant, attentif », comme subst. « garde de nuit, veilleur ». E est dér. de veille étymol. I; dés. -er. Fréq. abs. littér.:3 756. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 5 501, b) 6 119; XXe s.: a) 5 816, b) 4 500.
DÉR. Veilloir, subst. masc. a) Région. Lieu où se déroule une veillée. Les vieilles riaient dans le veilloir, arrêtant le mouvement de leurs pauvres mains tremblantes, qui tricotaient des bas ou filaient de l'étoupe (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 17). b) Technol. Table où travaillent les bourreliers, les cordonniers, les selliers. (Dict. XIXe et XXe s.). []. 1res attest. a) 1680 « table sur laquelle le bourrelier place ses outils et ses matériaux » (RICH.), b) 1881 région. « cave dans laquelle les femmes veillent ensemble en travaillant » (MENIÈRE, Gloss. du pat. ang.), 1893 id. « lieu où l'on se réunit pour faire la veillée » (MARTELLIÈRE, Gloss. Vendômois); a dér. de veiller étymol. A, suff. -oir, cette table étant ainsi appelée parce que les ouvriers se rangent autour pour travailler le soir à la chandelle (v. FEW t. 14, p. 438b, note 10); b mot du centre de la France, dér. de veiller étymol. E au sens de « faire la veillée », suff. -oir.

1. veiller [veje; vɛje] v.
ÉTYM. 1120; du lat. vigilare « être éveillé; être vigilant ».
———
I V. intr.
1 Être en état de veille, ne pas dormir. || Chacun songe en veillant (→ Doux, cit. 10). || Doutera (cit. 14)-t-il s'il veille, si on le pince, si on le brûle ?
0.1 Veillé-je, et n'est-ce point un songe que je vois ?
La Fontaine, Fables, X, 9.
2 Rester volontairement éveillé pendant le temps habituellement consacré au sommeil. || Veiller lorsque tout dort (cit. 28), jusqu'au jour (→ Messager, cit. 1). || Veiller pour travailler, étudier; pour s'amuser ( Noctambule), pour prier (→ Chair, cit. 44), pour s'occuper de qqn. || Veiller au chevet d'un malade. Veillée.Par métaphore et fig. || Souvenir inexorable qui veille (→ Recoin, cit. 4).
1 — Quel silence ! dit Ginevra. Mon ami, je trouve un grand plaisir à veiller. La majesté de la nuit est vraiment contagieuse, elle impose, elle inspire (…)
Balzac, la Vendetta, Pl., t. I, p. 919.
(Sujet n. de chose). Littér. Rester allumé pendant la nuit. || Une petite lampe veillait. Veilleuse (→ Abat-jour, cit. 1).
3 (1180). Être de garde. || « (…) les gardes Qui veillent aux créneaux Des arsenaux » (→ Fors, cit. 1). || « Et la garde (1. Garde, cit. 71) qui veille aux barrières du Louvre (…) ». || « Je veille (…) comme une sentinelle » (→ Guetter, cit. 2).
Être en éveil, vigilant. || Il veillait, circonspect (cit. 3), prêt à tout. || La police veille. || L'homme du rideau (cit. 5) veillait.
———
II V. tr.
1 Trans. dir. (1580). Vx. Surveiller (qqn).(1465). Mod. Rester la nuit auprès de (un malade, pour s'occuper de lui). → Soucier, cit. 8.
2 — Que faites-vous là ?
— Je te veille. Tu es mon serviteur, quand je suis malade ou bien portant; mais je suis le tien quand tu te portes mal.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 561.
2.1 « Rentrons, avait dit Jean, j'aimerais tant t'embrasser. » Maintenant ils étaient tous deux dans la chambre, mais Françoise s'était assise loin de lui. Et Jean, semblable à ceux qui veillent un être cher qu'une longue maladie affaiblit lentement avant de l'emporter, Jean contemplait avec une attention anxieuse et découragée leur amour finissant (…)
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 816.
(1409). Passer la nuit au chevet de (un mort).
2 (1538). Trans. indir. || Veiller à (qqch.), y prêter attention et s'en occuper activement. Attention (faire attention à), aviser (à), occuper (s'), soin (prendre soin de…); vx, parer (à), soigner (à). || Garde, escorte qui veille à la sécurité, à la sûreté de qqn. || Pour veiller à leurs intérêts (→ Député, cit. 2). || Veiller nuit et jour à l'ordre public (→ Permanent, cit. 7). || Le président (cit. 4) de la République veille au respect de la Constitution. || « Veillons au salut de l'Empire » (7.). || Veillez à notre paix (→ 1. Foire, cit. 4). || Veillez-y bien (→ Souvent, cit. 3). — ☑ Mar. Veiller au grain; (fig.) guetter un péril pour y parer. Précautionner (se); vigilance (→ Plus, cit. 46).
3 Tu n'as pas plus de défense qu'un bébé. Si je ne veillais au grain, le premier venu te roulerait (…)
F. Mauriac, Genitrix, XVI.
Veiller à ce que…, suivi du subj. (→ Attention, cit. 38; round, cit.). || Veillez à ce qu'il ne manque de rien. || Il veilla à ce que la futaille (cit. 3) fût bien placée.(XVIIe). Rare. || Veiller que…, suivi du subj. Garde (prendre garde que). → Cruche, cit. 3. — Veiller à…, suivi d'un v. à l'inf. Appliquer (s'appliquer à), occuper (s'occuper à), songer (à). → Prendre garde de… || Veiller à soigneusement (cit. 2) respirer. || Veillons à conserver notre calme. || Veillez à ne pas l'oublier, à ne pas être en retard.
4 — Le préfet fera son devoir (…) Il veillera à ce que l'ordre ne soit pas troublé à Pietranera, il prendra soin que la justice soit faite.
Mérimée, Colomba, XV.
(1553). || Veiller sur… || Veiller sur qqn, prêter attention à ce qu'il fait, à ce qui lui arrive (pour intervenir, le protéger…). || Veiller sur un enfant. Garder (→ Maillot, cit. 1). || Ange gardien, bon génie qui veille sur qqn. || Saint Michel veille sur la Normandie (→ Porte-glaive, cit.). Protéger. || Jaloux qui veille sur sa femme. Surveiller (→ 1. Pas, cit. 6).Veiller sur qqch., l'observer pour exercer un contrôle. Surveiller. || Magistrats chargés de veiller sur l'ordre public (→ Lieutenant, cit. 3). || Une effigie (cit. 1) d'Osiris semble veiller sur le sommeil du mort.(Vieilli). || Elle veillait sur son linge (→ Homme, cit. 131) : elle s'occupait de son linge, en prenait soin.
CONTR. (Du I., 3.) Dormir.
DÉR. 2. Veillée; 1. veilleur.
COMP. Surveiller.
HOM. 1. Veillée, 2. veillée, 2. veiller.
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2. veiller [veje; vɛje] v. intr.
ÉTYM. 1690; de veille.
Faire la veillée (1. Veillée).
0 Aussi, l'hiver, veillait-on là, sur la terre battue, bien à l'aise, au chaud, sans autre dérangement que d'y transporter une petite table ronde et une douzaine de vieilles chaises. Chaque voisin apportait la chandelle à son tour (…)
Zola, la Terre, I, V.
HOM. 1. Veillée, 2. veillée, 1. veiller.

Encyclopédie Universelle. 2012.