1. aviser [ avize ] v. tr. <conjug. : 1> I ♦ V. tr.
1 ♦ Vx ou littér. Apercevoir, commencer à regarder. ⇒ apercevoir, distinguer, remarquer, pop. 1. viser, voir. « J'aperçois une boutique d'antiquaire; j'entre, je regarde, j'avise une statuette ravissante » (Henriot). Mod. Apercevoir inopinément qqch. (pour le prendre, s'en servir). Il avise un portefeuille oublié sur un banc, il le ramasse.
2 ♦ Tr. ind. AVISER À. Réfléchir, songer à (qqch.). « J'aviserai à ce que je dois faire » (Sand). « il faut aviser au plus pressé » (Proust). ⇒ 2. parer. — Absolt On avisera le moment venu.
II ♦ S'AVISER v. pron. (XIIIe)
1 ♦ Faire attention à qqch. que l'on n'avait pas remarqué tout d'abord; trouver une idée à laquelle on n'avait pas encore songé. Je me suis brusquement avisé de cela. ⇒ s'apercevoir. Je ne m'en étais jamais avisé. « Nul ne s'aviserait de critiquer ce changement » (Duhamel). ⇒ 1. penser, songer (à). « Haverkamp s'avisa qu'il ne serait pas maladroit de s'éclipser » (Romains). ⇒ découvrir, trouver.
2 ♦ S'aviser de (et l'inf.) :être assez audacieux, assez téméraire pour. S'il s'avise de bavarder, cet élève sera puni. ⇒ essayer, oser, se permettre, tenter. « Prends ! et ne t'avise pas de refuser » (Colette).
aviser 2. aviser [ avize ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1275; de avis
♦ Littér. ou admin. Avertir (qqn de qqch.) par un avis. ⇒ apprendre, avertir, 1. conseiller, informer, prévenir. Mon correspondant m'a avisé que les marchandises étaient arrivées. « Nous avons écrit au Gouverneur, pour l'aviser de la date de notre arrivée » (A. Gide). — Plus cour. (au passif) Elle avait été avisée du mariage de son frère par le consulat.
● aviser verbe transitif (de viser) Apercevoir soudain quelque chose, quelqu'un alors qu'on ne les avait pas d'abord remarqués : Aviser dans la foule une personne que l'on connaît. ● aviser (difficultés) verbe transitif (de viser) Construction Plusieurs constructions sont possibles en fonction des différents sens du verbe. 1. Aviser qqn, qqch = apercevoir, découvrir subitement. Il a avisé une connaissance au fond de la salle et l'a apostrophée ; avisant un fusil, il s'en saisit. 2. Aviser qqn de qqch = l'en prévenir, l'en avertir. Je l'ai déjà avisée de notre visite. - Fréquent au passif : vous serez avisés des résultats par voie d'affichage. Aviser qqn que (+ indicatif ou conditionnel) : nous l'avons avisé qu'il serait prochainement muté. 3. Aviser à qqch = parer à, pourvoir à, veiller à. Nous aviserons au bon déroulement de l'opération. Aviser à ce que (+ subjonctif) : avisons à ce que tout soit prêt à temps. Aviser à (+ infinitif) : avisons à organiser le départ. Dans ce sens, la construction sans complément est plus fréquente : la situation devient préoccupante, il serait temps d'aviser. 4. S'aviser de qqch = s'apercevoir subitement de. Elle s'est avisée de son oubli. S'aviser que (+ indicatif ou conditionnel) : « Il s'avisa que rien ne valait de boire frais »(M. Aymé). Recommandation Éviter s'aviser de ce que, qui est lourd. 5. S'aviser de (+ infinitif) = oser témérairement, être assez audacieux pour. Elle s'était avisée de lui faire un reproche. Fréquent pour exprimer une menace (à l'impératif ou avec si) : ne t'avise pas de recommencer ; si tu t'avises de recommencer, tu auras affaire à moi. ● aviser (synonymes) verbe transitif (de viser) Apercevoir soudain quelque chose, quelqu'un alors qu'on ne les avait pas...
Synonymes :
- découvrir
● aviser
verbe transitif indirect
Réfléchir à quelque chose, y pourvoir, faire un plan pour atteindre un but : Les vacances arrivent : il va falloir aviser ; où va-t-on ?
● aviser
verbe transitif
(de avis)
Informer quelqu'un de quelque chose, le lui faire savoir ; avertir, prévenir : Il m'a avisé de son refus.
● aviser (difficultés)
verbe transitif indirect
Construction
Plusieurs constructions sont possibles en fonction des différents sens du verbe.
1. Aviser qqn, qqch = apercevoir, découvrir subitement. Il a avisé une connaissance au fond de la salle et l'a apostrophée ; avisant un fusil, il s'en saisit.
2. Aviser qqn de qqch = l'en prévenir, l'en avertir. Je l'ai déjà avisée de notre visite. - Fréquent au passif : vous serez avisés des résultats par voie d'affichage.
Aviser qqn que (+ indicatif ou conditionnel) : nous l'avons avisé qu'il serait prochainement muté.
3. Aviser à qqch = parer à, pourvoir à, veiller à. Nous aviserons au bon déroulement de l'opération.
Aviser à ce que (+ subjonctif) : avisons à ce que tout soit prêt à temps.
Aviser à (+ infinitif) : avisons à organiser le départ.
Dans ce sens, la construction sans complément est plus fréquente : la situation devient préoccupante, il serait temps d'aviser.
4. S'aviser de qqch = s'apercevoir subitement de. Elle s'est avisée de son oubli.
S'aviser que (+ indicatif ou conditionnel) : « Il s'avisa que rien ne valait de boire frais »(M. Aymé).
Recommandation Éviter s'aviser de ce que, qui est lourd.
5. S'aviser de (+ infinitif) = oser témérairement, être assez audacieux pour. Elle s'était avisée de lui faire un reproche. Fréquent pour exprimer une menace (à l'impératif ou avec si) : ne t'avise pas de recommencer ; si tu t'avises de recommencer, tu auras affaire à moi.
● aviser (synonymes)
verbe transitif indirect
Réfléchir à quelque chose, y pourvoir, faire un plan pour atteindre...
Synonymes :
- parer à
- pourvoir à
- veiller à
● aviser (difficultés)
verbe transitif
(de avis)
Construction
Plusieurs constructions sont possibles en fonction des différents sens du verbe.
1. Aviser qqn, qqch = apercevoir, découvrir subitement. Il a avisé une connaissance au fond de la salle et l'a apostrophée ; avisant un fusil, il s'en saisit.
2. Aviser qqn de qqch = l'en prévenir, l'en avertir. Je l'ai déjà avisée de notre visite. - Fréquent au passif : vous serez avisés des résultats par voie d'affichage.
Aviser qqn que (+ indicatif ou conditionnel) : nous l'avons avisé qu'il serait prochainement muté.
3. Aviser à qqch = parer à, pourvoir à, veiller à. Nous aviserons au bon déroulement de l'opération.
Aviser à ce que (+ subjonctif) : avisons à ce que tout soit prêt à temps.
Aviser à (+ infinitif) : avisons à organiser le départ.
Dans ce sens, la construction sans complément est plus fréquente : la situation devient préoccupante, il serait temps d'aviser.
4. S'aviser de qqch = s'apercevoir subitement de. Elle s'est avisée de son oubli.
S'aviser que (+ indicatif ou conditionnel) : « Il s'avisa que rien ne valait de boire frais »(M. Aymé).
Recommandation Éviter s'aviser de ce que, qui est lourd.
5. S'aviser de (+ infinitif) = oser témérairement, être assez audacieux pour. Elle s'était avisée de lui faire un reproche. Fréquent pour exprimer une menace (à l'impératif ou avec si) : ne t'avise pas de recommencer ; si tu t'avises de recommencer, tu auras affaire à moi.
● aviser (synonymes)
verbe transitif
(de avis)
Informer quelqu'un de quelque chose, le lui faire savoir ; avertir, prévenir
Synonymes :
- donner avis
- informer
- prévenir
Contraires :
- cacher
- taire
aviser
v. tr. Informer par un avis. On m'a avisé que... Syn. avertir.
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aviser
v.
d1./d v. tr. ind. Aviser à: réfléchir sur. Aviser à la situation.
|| (S. comp.) Prendre une décision. Il est temps d'aviser.
d2./d v. Pron. S'aviser de: se rendre compte brusquement de, avoir soudainement l'idée de. S'aviser de l'arrivée de qqn. S'aviser d'un stratagème.
|| S'aviser de (+ inf.): être assez audacieux pour. Si jamais vous vous avisez de me tromper...
⇒AVISER, verbe trans.
I.— [L'accent est mis sur l'activité de l'esprit réfléchissant sur une action précise à venir]
A.— Trans. dir., vieilli. [L'idée dominante est celle d'une prise de connaissance accompagnée de conseils, etc.] Aviser qqn. Donner des avis, conseiller, persuader.
1. [Dans des expr. proverbiales] Un fou avise bien un sage. Un verre de vin avise bien un homme.
Rem. Attesté ds les dict. gén. du XIXe s. de Ac. 1798 à Nouv. Lar. ill.
2. Aviser qqn de faire qqc. :
• 1. Elle lui dit les attentions du comte Franz, ses présents de galanterie, comment elle l'avait traité pour mieux l'enflammer, et que, découragé un moment, il venait de se repiquer, et hasardait de nouveau des bouquets. Arcangeli daignait parfois secouer la tête et approuver; puis, le récit terminé, il avisa Émilia de le laisser conduire l'intrigue.
BOURGES, Le Crépuscule des dieux, 1884, p. 58.
B.— Trans. indir. [Le compl. d'obj. indir. désigne un inanimé concr. ou abstr.] Aviser à qqc. Réfléchir aux meilleurs moyens d'atteindre un but, de pourvoir à quelque chose, et prendre une décision en conséquence. Synon. songer à, parer à, veiller à.
1. Aviser à + subst.; aviser à ce qui peut (résoudre un problème, etc); aviser au plus pressé :
• 2. Tous les jockeys de la basoche sont en campagne, et font leur chemin à travers une nuée d'employés, de commis, qui se rendent lentement à leurs bureaux, avisant au moyen d'en sortir le plus tôt possible.
JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 3, 1813, p. 135.
2. Aviser à + inf. :
• 3. En lui donnant par testament l'héritage de tout ceci, nous n'avons fait que lui rendre ce qui lui appartient; mais nous serions ingrats envers cet enfant si nous n'avisions à lui procurer un rang plus convenable dans le monde que celui de marchand de fèves.
NODIER, Trésor des fèves et Fleur des pois, 1833, p. 34.
Rem. Dans la lang. fam. on trouve parfois, pour l'expr. de la défense, aviser de ne pas + inf. :
• 4. Pars donc, mon petit Trésor, puisque tu as fini ton brouet, et avise de ne pas t'attarder en courant après les papillons...
NODIER, Trésor des fèves et Fleur des pois, 1833 p. 37.
3. Aviser à ce que :
• 5. CHARLOTTE, continuant de lire. — Mais comme vous tenez à cette maison, que vous avez habitée avec votre frère, à partir d'aujourd'hui, cette maison est la vôtre; et j'avise à ce que le nouveau curé soit logé dans un autre presbytère.
A. DUMAS Père, La Jeunesse des Mousquetaires, 1849, prol. 1.
4. Absol. Il faut aviser, il est temps d'aviser. Il est temps de prendre une décision.
A.— Emploi trans.
1. Vieilli et littér. [L'obj. peut désigner une pers., un inanimé concr.] Prendre conscience de la présence d'une personne, d'une chose, en portant par hasard les yeux sur elle. Synon. apercevoir, découvrir, distinguer, remarquer :
• 6. Elle me salua d'une révérence quasi monacale, puis entr'ouvrant son grand châle, en sortit une gerbe de tubéreuses qu'elle me présenta. Après quoi elle s'en fut, sur une deuxième révérence. Le tout, sans avoir ouvert la bouche. Je demeurais, les fleurs en main, un peu ahuri, quand j'avisai une lettre, très cachetée, qu'on avait insinuée parmi les tiges.
FARRÈRE, L'Homme qui assassina, 1907, p. 213.
— Spéc., VÉN. Aviser le gibier. L'apercevoir.
Rem. Attesté ds BESCH. 1845, Lar, 19e, LITTRÉ, Nouv. Lar. ill.
— Au fig. [L'obj. désigne une chose, une action] Aviser qqc., aviser que. Découvrir :
• 7. Comme un soir Stephen, avec quelques-uns de ses compagnons, rentrait fort avant dans la nuit, ils avisèrent qu'ils n'avaient pas soupé et se mirent en quête d'une hôtellerie...
KARR, Sous les tilleuls, 1832, p. 175.
• 8. Hors le singulier et doux embarras dans lequel nos premiers regards et nos premiers mots se trouvent empêchés, qu'avez-vous avisé en moi qui trahît du trouble ou de l'orage?
M. DE GUÉRIN, Correspondance, 1837, p. 287.
• 9. Ils revinrent aux leçons et les boules à facettes, les rayures, le bureau typographique, tout avait échoué, quand ils avisèrent un stratagème. Comme Victor était enclin à la gourmandise, on lui présentait le nom d'un plat...
FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, t. 2, 1880, p. 154.
— Emploi conatif, rare. Chercher à découvrir :
• 10. Et, pendant un quart d'heure, toutes les deux [Emma et Félicité], elles avisèrent les différentes personnes d'Yonville disposées peut-être à la secourir [Emma].
FLAUBERT, Madame Bovary, t. 2, 1857, p. 158.
2. Emploi factitif, usuel, lang. admin. [L'obj. désigne toujours une pers.] Faire connaître à quelqu'un, lui donner avis de quelque chose. Aviser qqn de qqc.; aviser qqn que, de ce que; aviser qqn par la voie hiérarchique. Synon. avertir, informer, prévenir :
• 11. — J'y compte, répondit Léon avec un dédain qui, au milieu de mon désespoir, me fit plaisir; car il devait humilier Félix : j'y compte, mon bon ami, comme vous dites; mais en attendant, je vous avise, mon très-bon ami, que vous êtes un sot.
Toute la résolution du capitaine céda à cette injure.
SOULIÉ, Les Mémoires du diable, t. 1, 1837, p. 314.
• 12. Je suis toujours au 23e. On ne m'avise de rien. Je suis dans l'attente et l'angoisse. Après cet espoir que m'ont donné mes parents, j'ai peur de rester là!
ALAIN-FOURNIER, Correspondance [avec Rivière], 1907, p. 305.
• 13. Il doit notifier au ministre les dates de départ et de retour; il doit aussi l'aviser de ce qu'un congé accordé n'a pas été utilisé.
J. BARADAT, L'Organ. d'une préfecture, 1907, p. 57.
Rem. 1. La gramm. normative enseigne qu'on doit employer aviser que de préférence à aviser de ce que (cf. HANSE 1949, THOMAS 1956, COLIN 1971). 2. Dans le style épistolaire admin. un supérieur avise un inférieur de qqc., mais un subordonné porte qqc. à la connaissance de son supérieur.
B.— Emploi pronom. (cf. supra A 1). S'aviser de, s'aviser que.
1. [L'obj. désigne un inanimé] Prendre conscience par les sens ou par l'esprit, d'une chose, d'un fait réel auquel on n'avait pas prêté attention auparavant. Synon. s'apercevoir de, constater, remarquer.
a) S'aviser de + subst.; s'aviser de ce qui; s'aviser d'une ressemblance :
• 14. Je réveillai ma mère par mes cris. Ma sœur, qui dormait près de moi, s'avisa de ce qui me tourmentait et porta le polichinelle dans la cuisine, en disant que c'était une vilaine poupée pour un enfant de mon âge.
G. SAND, Histoire de ma vie, t. 2, 1855, p. 163.
• 15. Je m'étais voulue sans bornes : j'étais informe comme l'infini. Le paradoxe, c'est que je m'avisai de cette déficience au moment même où je découvris mon individualité...
S. DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 114.
b) S'aviser que, de ce que + ind. :
• 16. Ensuite, il s'avisa que, du côté de la route, à gauche, une autre porte ouvrait sur la cour, de plain-pied.
ZOLA, La Terre, 1887, p. 108.
Rem. La constr. s'aviser de ce que est critiquée par la gramm. normative (cf. COLIN 1971 et II A 2 rem.).
2. Au fig. [L'obj. désigne une production de l'esprit conçue en vue de l'action] Concevoir, imaginer. S'aviser de moyens, d'expédients :
• 17. Elle traita Conrad comme un ennemi; elle le déchira à plaisir, et lui fit tout le mal dont elle put s'aviser, et, comme elle le tenait terrassé dans ses serres, elle eut satisfaction entière de son procédé!
GOBINEAU, Les Pléiades, 1874, p. 322.
3. Péj. Se mettre dans l'esprit une idée inattendue ou étrange et la mettre à exécution. S'aviser de faire un caprice. Synon. s'aventurer à, se hasarder à, se permettre de :
• 18. ... cette idée fixe, touchant le côté voluptueux des choses, ne me quitta pas; mais, en devenant plus profonde, elle se matérialisa pour moi sous une forme bizarre, chimérique, tout à fait malicieuse, qui ne saurait s'exprimer en détail dans sa singularité. Qu'il me suffise de vous dire que je m'avisai un jour de me soupçonner atteint d'une espèce de laideur qui devait rapidement s'accroître et me défigurer.
SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 1, 1834, p. 19.
• 19. — Pas un mot de plus sur la comtesse de Sérisy, jeunes gens! s'écria le comte. Je suis l'ami de son frère (...) et qui s'aviserait de mettre en doute l'honneur de la comtesse aurait à me répondre de ses paroles.
BALZAC, Un Début dans la vie, 1842, p. 386.
— Emploi fam. (pour marquer une défense). Ne t'avise pas de. Ne va pas te mettre en tête l'idée de, te hasarder à :
• 20. — Tu vas peut-être me dire ce que tu es venu foutre chez eux, comme ça, derrière mon dos, sans m'avertir.
— C'est bien simple, tu vas comprendre.
— Je ne veux pas de ça du tout. Ne t'avise pas de recommencer.
— Écoute. Ce matin, j'ai reçu une lettre... une lettre de qui tu sais...
AYMÉ, La Jument verte, 1933, p. 192.
— Fam. et iron. [Le compl. d'obj. désigne un fait inattendu mais indépendant de la volonté hum.] S'aviser de mourir, de tomber malade. Synon. fam. avoir la bonne ou la mauvaise idée de :
• 21. Voyez, cher ami, si ce n'est pas une fatalité! Ma femme, qui se porte bien toute l'année, s'avise d'être incommodée aujourd'hui, et incommodée de la seule incommodité peut-être qui puisse altérer un profil. Elle a horriblement mal aux dents et, en outre, les lèvres enflées et cuisantes.
HUGO, Correspondance, 1828, p. 453.
PRONONC. :[avize], j'avise []. Demi-longueur chez PASSY 1914 pour le de [avize]. FÉR. [i]Crit. t. 1 1787 indique la différence de durée du en notant : ,,la 2e est brève devant la syll. masculine : [i]nous avisons, j'avisai, avisant, etc. Elle est longue devant l'e muet : j'avîse, j'avîserai, etc.``
ÉTYMOL. ET HIST.
I.— Trans. 1. a) ca 1040 « reconnaître » (Alexis, éd. G. Paris et L. Pannier, 48c ds T.-L. : Sovent le virent..., Par nule guise onques ne l'aviserent) — fin XIVe s. (J. LEFEBVRE, Resp. de la mort, Richel. 994, f° 22a ds GDF.) b) ca 1160 « regarder, examiner » (Énéas, 123 ds GDF. Compl. : Chascune d'eles esguarda Et longuement les avisa); c) 3e quart XIIIe s. au fig. (avec ind. ou subj.) « faire attention à, veiller à » (ROBERT DE BLOIS, Beaudous, éd. J. Ulrich, 38 ds T.-L. : Qui c'onkes vuet autrui blamer, Bien ce doit en soi aviser Que il si nès et si purs soit, C'om ne puist lui blasmer par droit) — 1466 (Reg. des Consaux, A. Tournai ds GDF. Compl. : Adviser a qui on baillera la garde des clefs de noquetz nouvellement mises aux portes de la ville); 2. 2e moitié XIIIe s. aviser de « donner avis de, informer, avertir » (Gaufrey, éd. F. Guessard et P. Chabaille, 301 ds T.-L. : Des journeez qu'il font ne sui pas avisé).
II.— Pronom. av. 1577 s'aviser de « se permettre de, se décider à » (MONTLUC, Commentaires, liv. VI ds Dict. hist. Ac. fr. : A la fin il s'advisa la nuict d'envoyer tous les petits batteaux, qu'il avoit mené, avecques luy chargez de soldats).
STAT. — Fréq. abs. littér. :1 475. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 226, b) 1 873; XXe s. : a) 1 653, b) 2 373.
BBG. — BAUDR. Chasses 1834. — Canada 1930. — JAL 1848. — LE ROUX 1752. — PIERREH. Suppl. 1926.
aviser [avize] v. tr.
ÉTYM. 1050; de 1. a-, et viser.
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I V. tr.
1 Vx ou littér. Apercevoir, commencer à regarder. ⇒ Apercevoir, distinguer, remarquer, voir.
1 Furieuse elle approche; et le loup qui l'avise
D'un langage flatteur lui parle et la courtise.
Mathurin Régnier, Satires, III.
2 Comme dit l'autre, je les ai le premier avisés (…)
Molière, Dom Juan, II, 1.
3 Le roi, après avoir parlé à quelques-uns, avise enfin ce chapeau gris (…)
Saint-Simon, Mémoires, 60, 8.
4 Il ne fallut pas que le champi regardât la meunière par deux fois pour aviser ses yeux rouges et sa figure toute blêmie.
G. Sand, François le Champi, IX.
4.1 Le père Grandet pensait alors à se marier et voulait déjà monter son ménage. Il avisa cette fille rebutée de porte en porte.
Balzac, Eugénie Grandet, éd. 1838, p. 54.
♦ Mod. Apercevoir tout à coup. Apercevoir inopinément qqch. (pour le prendre, s'en servir). || Il avise un portefeuille oublié sur un banc, il le ramasse.
5 (Il) se met en quête d'un cabaret à portée de son escarcelle (…) Juste en face les casernes, il en avise un propret, reluisant, avec une belle enseigne toute neuve (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, p. 47.
5.1 (…) la pluie devenant sérieuse, ils avisèrent, au fond d'un bouquet d'arbres, une sorte de chalet, un petit café-restaurant, où ils coururent se réfugier.
Zola, Paris, t. II, p. 9.
6 (…) J'aperçois une boutique d'antiquaire; j'entre, je regarde, j'avise une statuette ravissante, la Vénus Callipyge en terre cuite, je tombe en arrêt : ma vue se trouble, mon cœur se serre (…)
Émile Henriot, le Diable à l'hôtel, XIV.
2 (1275; de avis). Littér. ou admin. Avertir (qqn de qqch.) par un avis. ⇒ Apprendre, avertir, conseiller, informer, prévenir. || Mon correspondant m'a avisé que les marchandises étaient arrivées.
7 Va le faire aviser que je suis ici (…)
Molière, la Princesse d'Élide, III, 4.
♦ Plus cour. (au passif). Sans compl. || Elle avait été avisée du mariage de son frère. || Je n'ai pas été avisé.
8 Quand, plus tard, par exemple, il apprit mon mariage, il fut presque offensé de n'avoir pas été sinon pressenti, du moins précocement avisé.
G. Duhamel, le Temps de la recherche, V, p. 62.
3 Vx. || Aviser (qqn) de faire qqch. : donner ordre, conseiller à (qqn) de faire quelque chose.
9 Le prince de Conti et M. de Luxembourg avisèrent Clermont de s'attacher à la Choin, et de paraître vouloir l'épouser (…)
Saint-Simon, Mémoires, XXIV, 18.
9.1 (…) il y a trois semaines, nous avons écrit au Gouverneur, sur sa demande, pour l'aviser de la date de notre arrivée (…)
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 797.
♦ ☑ Prov. Un fou avise bien un sage : les bons avis viennent parfois de sources inattendues.
♦ ☑ Vx. Un verre de vin avise bien un homme : le vin est parfois bon conseiller, il aide à l'inspiration.
———
II V. tr. ind. || Aviser à qqch., à faire qqch., réfléchir, songer, penser à. || Avisons aux moyens de nous tirer d'affaire. || Aviser au plus pressé. ⇒ Parer. || Aviser à faire qqch. || Aviser à ce que qqch. se fasse. || J'y aviserai.
10 Une seconde fois avisez, s'il vous plaît,
À traiter Laodice en reine comme elle est (…)
Corneille, Nicomède, II, 3.
11 C'est à moi de choisir, c'est à vous d'aviser
À quel choix vos conseils doivent me disposer.
Corneille, Pompée, I, 1.
12 C'est à vous, Monsieur, d'aviser promptement aux moyens de sauver des fers un fils que (…)
Molière, les Fourberies de Scapin, II, 7.
13 J'aviserai à ce que je dois faire pour vous prévenir d'une étourderie de jeunesse.
G. Sand, la Petite Fadette, XXIX.
14 (…) il serait toujours temps d'aviser à combattre ses raisons.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XII, p. 239.
15 Tout cela ne signifie rien, me dis-je, c'est même meilleur que je ne pensais, car comme elle ne pense rien de tout cela, elle ne l'a évidemment écrit que pour frapper un grand coup, afin que je prenne peur. Il faut aviser au plus pressé, c'est qu'Albertine soit rentrée ce soir.
Proust, la Fugitive, Pl., t. III, p. 421.
15.1 Sa réponse me calma, car tant qu'elle était là je sentais que je pouvais aviser à l'avenir (…)
Proust, la Prisonnière, Pl., t. III, p. 400.
♦ Au p. p. :
16 C'est prudemment avisé.
Molière, Monsieur de Pourceaugnac, I, 4.
17 C'est fort bien avisé : allons prendre nos places.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, V, 6.
♦ Absolt. || Il est temps d'aviser. || Avisons !
——————
s'aviser v. pron.
ÉTYM. (XIIIe).
1 Faire attention à quelque chose que l'on n'avait pas remarqué tout d'abord; trouver une idée à laquelle on n'avait pas encore songé. || Je me suis brusquement avisé de cela. ⇒ Apercevoir (s'), découvrir, penser (à), songer, trouver. || Il s'est avisé qu'il n'y avait plus personne. — ☑ Prov. On ne s'avise jamais de tout. — REM. Sans être vieilli, cet emploi, très courant dans la langue class., est aujourd'hui marqué (style soutenu). — Vx (langue class.). || S'aviser de faire qqch., s'y décider (ci-dessous cit. 21 à 25).
18 Je m'avisai de faire une revue des diverses occupations qu'ont les hommes en cette vie (…)
Descartes, Disc. de la méthode, 1.
19 Sans leur ouvrir les yeux (à nos maris) et leur faire prendre garde à des choses dont ils ne s'avisent pas (…)
Molière, l'Impromptu de Versailles, 5.
20 Qui diable vous a fait aussi vous aviser
À quarante-deux ans de vous débaptiser ?
Molière, l'École des femmes, I, 1.
21 De quel côté porter mes pas ? Où m'aviserai-je d'aller ?
Molière, les Amants magnifiques, V, 1.
22 Mon Dieu, Scapin, fais-nous un peu ce récit (…) du stratagème dont tu t'es avisé pour tirer de l'argent de ton vieillard avare.
Molière, les Fourberies de Scapin, III, 1.
23 (…) on s'avisa à la fin de lui donner de l'émétique.
Molière, Dom Juan, III, 1.
24 On ne s'avise plus de se tuer soi-même, et la mode en est passée (…)
Molière, George Dandin, III, 6.
25 On ne s'avise guère d'assassiner que ses ennemis.
Pascal, les Provinciales, 7.
26 On ne s'était pas encore avisé de faire un métier de la justice.
Bossuet, Disc. sur l'Hist. universelle, III, 3.
27 Le monarque des dieux s'avisa, pour bien faire,
De transporter le temps où l'aigle fait l'amour
En une autre saison (…)
La Fontaine, Fables, II, 8.
28 Lorsque ce bref fut arrivé, on s'avisa tout à coup qu'il serait inutile (…)
Racine, Abrégé de l'hist. de Port-Royal, Compl. des var., var. VI.
29 (…) s'ils (les grands) s'avisaient d'être bons, cela irait à l'idolâtrie.
La Bruyère, les Caractères, IX, 1.
30 Personne presque ne s'avise de lui-même du mérite d'un autre.
La Bruyère, les Caractères, II, 5.
31 Son naturel était bon et sincère, mais peu caressant; il ne s'avisait guère de ce qui pouvait faire plaisir aux autres.
Fénelon, Télémaque, 16.
32 Le premier qui, ayant enclos un terrain s'avisa de dire (…)
Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes, I.
33 Il s'avisa seulement après coup que, en acquiesçant à ces paroles, il acceptait aussi l'échec de sa démarche.
Martin du Gard, les Thibault, V, 1.
2 (Av. 1577; de avis). Être assez audacieux, assez téméraire pour… || S'il s'avise de bavarder, cet élève sera puni. ⇒ Aventurer (s'), essayer, hasarder (se), mêler (se), oser, permettre (se), tenter. || Parce qu'un homme s'avise de nous épouser… → Mari, cit. 4. || Ne t'avise pas de désobéir !
34 Je voudrais que quelqu'un s'avisât de vous donner des coups de bâton, vous verriez de quelle manière (…)
Molière, Dom Juan, IV, 4.
35 Jouez ces pièces à Nankin; mais ne vous avisez pas de les représenter aujourd'hui à Paris ou à Florence (…)
Voltaire, Lettre à l'Acad. franç.
36 Un soir à table, je m'avisai de mettre une pincée de poivre sur la part de tarte à la crème (…)
France, le Petit Pierre, XVII, p. 107.
37 Prends ! Et ne t'avise pas de refuser si tu ne veux pas que (…)
Colette, la Naissance du jour, p. 53.
38 Si les gens s'avisent de rire, je leur montrerai ma façon de penser.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, III, 7.
♦ Iron. Avoir l'idée bizarre, incongrue. || Il s'est avisé d'attraper un rhume à la plage !
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DÉR. Avisé.
Encyclopédie Universelle. 2012.