triompher [ trijɔ̃fe ] v. <conjug. : 1>
• v. 1265 sens II, 2; lat. triumphare
I ♦ V. tr. ind. (1559) TRIOMPHER DE... qqn,le vaincre avec éclat à l'issue d'une lutte, d'un jeu, d'un match. Triompher de son adversaire. ⇒ battre, dominer (cf. Avoir l'avantage, le dessus). « Le meilleur moyen de triompher de son adversaire, c'est de lui survivre » (Colette). — Par ext. Venir à bout de (qqch.). Triompher de la résistance de qqn. Triompher d'une difficulté. ⇒ surmonter. « l'on ne triomphe des passions qu'en les opposant l'une à l'autre » (Rousseau). ⇒ dompter, maîtriser. — Par anal. (sujet chose) « la science et la paix triompheront de l'ignorance et de la guerre » (Pasteur). « il avait toujours pensé que l'obstination finit par triompher de tout » (Camus).
II ♦ V. intr.
1 ♦ (1538) Antiq. rom. Avoir un triomphe.
2 ♦ (v. 1265) Remporter une éclatante victoire. « À vaincre sans péril on triomphe sans gloire » (P. Corneille). Son parti a triomphé aux élections, l'a emporté. — Avoir raison d'une façon éclatante, définitive. « L'habileté de l'avocat, qui espérait faire triompher son client » (Maurois). — (Choses) S'imposer, s'établir de façon éclatante. « nous vivons en un temps où le jargon international triomphe » (Duhamel). ⇒ dominer. « pour faire triompher leurs convictions, ils ne reculent devant rien » (Martin du Gard).
3 ♦ (1550) Éprouver et manifester un sentiment de triomphe. ⇒ s'applaudir, se féliciter, jubiler, pavoiser, se réjouir (cf. Chanter, crier victoire). « Ne triomphez point tant : vous ne tarderez guère à me faire avoir ma revanche » (Molière).
4 ♦ (1636) Réussir brillamment. ⇒ exceller. « Je veux des maladies d'importance : [...] c'est là que je me plais, c'est là que je triomphe » (Molière). — Être l'objet des acclamations, de l'enthousiasme du public. Acteur qui triomphe dans un rôle.
● triompher verbe intransitif (latin triumphare) Remporter une victoire éclatante : Notre équipe a triomphé. S'établir, s'imposer définitivement : Ses thèses ont fini par triompher. Remporter un très grand succès, un triomphe : Artiste qui triomphe dans le tour de chant. Manifester une joie rayonnante pour un succès, une victoire, une supériorité quelconque, en tirer vanité : Il triomphe de le voir si malheureux. ● triompher (citations) verbe intransitif (latin triumphare) Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Faut-il tant de fois vaincre avant que triompher ? Polyeucte, V, 3, Polyeucte André Gide Paris 1869-Paris 1951 On ne triomphe que de ce que l'on s'assimile. Journal Gallimard ● triompher (synonymes) verbe intransitif (latin triumphare) Remporter une victoire éclatante
Synonymes :
- gagner
- vaincre
S'établir, s'imposer définitivement
Synonymes :
- dominer
- prévaloir
- primer
Remporter un très grand succès, un triomphe
Synonymes :
- briller
- exceller
Manifester une joie rayonnante pour un succès, une victoire, une...
Synonymes :
- exulter
- jubiler
● triompher
verbe transitif indirect
Remporter sur quelqu'un, quelque chose un succès total : Notre cause triomphera de tous les obstacles.
● triompher (synonymes)
verbe transitif indirect
Remporter sur quelqu'un, quelque chose un succès total
Synonymes :
- anéantir
- battre
- défaire
- dominer
- dompter
- écraser
- vaincre
triompher
v.
rI./r v. tr. indir. Triompher de: l'emporter sur (un adversaire), se rendre maître de (une force contraire). Syn. vaincre, battre. Triompher d'une difficulté. Syn. surmonter.
rII./r v. intr.
d1./d Remporter un grand succès.
|| S'imposer avec éclat. La vérité triomphera.
d2./d Litt. Exceller. Rembrandt triomphe dans le clair-obscur.
d3./d Chanter victoire. Ne triomphe pas tant!
⇒TRIOMPHER, verbe
A. — Empl. trans. indir.
1. Triompher de qqn. Avoir l'avantage d'une manière éclatante, remporter un succès total sur quelqu'un. Synon. écraser, surclasser, vaincre. Triompher de ses adversaires, de ses concurrents, de ses rivaux. Vous n'aurez pas de peine à triompher d'un ennemi si peu digne de vous (GENLIS, Chev. Cygne, t. 2, 1795, p. 126). Si l'on avait admis les ministres dans l'assemblée, M. Necker, qui plus que personne était capable de s'expliquer avec force et chaleur, aurait, je le crois, triomphé de Mirabeau (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 207).
— Littér. Triompher d'une femme. Vaincre sa résistance. — C'est bien mal, monsieur, dit-elle en faisant un brusque effort et en se rejetant à un coin de l'appartement vers la porte qu'elle essaya d'ouvrir. La porte était fermée en dehors. — Quelle infamie! s'écria-t-elle; et vous avez cru triompher de moi par des moyens semblables? (CHAMPFL., Bourgeois Molinch., 1855, p. 267). Triompher de Gina, certes, mais comment? J'étais beaucoup moins gonflé qu'en montant à une tribune (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 78).
2. Triompher de qqc.
a) Faire reculer ou disparaître. Synon. vaincre.
— [Le suj. désigne une pers.] Il avait l'air d'un homme qui accomplit sans illusion un devoir rigoureux, urgent, non dans l'espoir de triompher de l'injustice, mais simplement pour ne pas tourner le dos à son malheur (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1490).
— [Le suj. désigne une chose] À la longue, pourtant, la fatigue triompha de l'inquiétude, et lorsqu'on entra le matin dans notre chambre, nous dormions l'un et l'autre (MÉRIMÉE, Dern. nouv., 1869, p. 133). L'odeur de toile chaude et de terre moite qui triomphe de celle du maquillage (COLETTE, Entrave, 1913, p. 30).
b) Venir à bout de, l'emporter sur. Synon. surmonter. Triompher d'une difficulté, d'une résistance; triompher de toutes les oppositions. Elle éprouvait la jouissance ineffable de triompher d'obstacles immenses (BALZAC, Splend. et mis., 1847, p. 592). En quinze jours, il avait triomphé de tout et s'offrait calmement désormais l'immense satisfaction de bafouer l'ordre hitlérien (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 209).
♦ Triompher du temps. ,,Avoir une durée très longue`` (LITTRÉ).
c) Se rendre maître de, être plus fort que. Synon. dominer, maîtriser, surmonter. Triompher d'une habitude, d'une tentation; triompher de ses passions. Mais, arrivés près d'ici... devant un groupe de quinze ou vingt promeneurs, monsieur Dufouré triomphe enfin de sa timidité! (BARRIÈRE, CAPENDU, Faux bonsh., 1856, I, 7, p. 22). Ce maître accompli [Talleyrand] en l'art de séduire et de plaire aura certes bien su ce qu'il faisait en triomphant de sa paresse pour écrire (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 12, 1869, p. 13).
♦ Triompher du destin. Comme pour exprimer les détours du destin Dont le héros triomphe, un graveur florentin Avait sur son écu sculpté le labyrinthe (HUGO, Légende, t. 2, 1859, p. 513).
♦ Triompher de la maladie. Rieux avait acquiescé, disant simplement que la séparation commençait à être longue et que lui aurait peut-être aidé sa femme à triompher de sa maladie, alors qu'aujourd'hui, elle devait se sentir tout à fait seule (CAMUS, Peste, 1947, p. 1372).
♦ Triompher de la mort. Elle paraît aussi éternelle que la magnificence du firmament et les chants harmonieux de la nature environnante. Elle triomphe de la mort (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 446).
♦ Triompher de soi-même. Se maîtriser, se dominer. Quelle femme plus éclairée que vous, plus habituée à la réserve, plus faite enfin pour triompher d'elle-même et en imposer aux autres! (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1808).
B. — Empl. intrans.
1. ANTIQ. ROMAINE. Obtenir les honneurs du triomphe. Pompée triompha trois fois (Ac.). Sous l'Empire, seul l'empereur pouvait triompher. Ses généraux recevaient alors les ornements triomphaux (PELL. 1972).
2. a) Remporter une victoire éclatante, un grand succès dans une bataille, une compétition, une confrontation. Synon. gagner, vaincre. Napoléon triomphe de nouveau à Wurtchen et à Bautzen (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 15). Les Soviétiques triomphent en gymnastique où la meilleure représentante française (...) est la première et la seule à s'inscrire parmi les huit meilleurs gymnastes du monde (Jeux et sports, 1967, p. 1305).
b) [Le suj. désigne une chose]
— S'imposer avec éclat, s'établir définitivement. Doctrine, idée, projet, théorie qui triomphe. C'est par la vérité que la raison doit triompher (LAMART., Confid., 1849, p. 110). La république finira par triompher dans toute l'Europe (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 392).
♦ [Dans une tournure factitive] Faire triompher la vérité, son point de vue. Cet avocat a fait triompher le bon droit (Ac. 1935). La liberté enfante l'anarchie, l'anarchie conduit au despotisme, et le despotisme ramène à la liberté. Des millions d'êtres ont péri sans avoir pu faire triompher aucun de ces systèmes (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 56).
— Avoir la suprématie, une influence prépondérante. Cocteau donnait Parade au Châtelet, dont Picasso avait dessiné les costumes et brossait les décors et le rideau des Ballets Russes. Le cubisme triomphait (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 392). C'est aux environs de 1855, à l'Exposition universelle que triomphe le style Pompadour (VIAUX, Meuble Fr., 1962, p. 165).
3. a) Afficher un air de triomphe; être transporté de joie, de fierté. Synon. exulter, jubiler, rayonner1. Quand on lui parle de ses enfants, elle triomphe (Ac. 1935). Qui triomphe d'avance en est bientôt puni (CONSTANT, Wallstein, 1809, II, 2, p. 49).
♦ [Suivi d'un compl. de cause] Il triomphait de n'avoir pas la manie des autres, sans penser qu'il avait aussi la sienne et que c'était elle qui le préservait d'une autre (PROUST, Guermantes 1, 1920, p. 305). Elle triomphait gentiment d'avoir su suivre son mari les yeux fermés dans la liberté nocturne de la petite ville (J. BOUSQUET, Trad. du sil., 1936, p. 98).
— En partic. Dire, proclamer avec un air de triomphe. Le soir, au dîner, Paul triomphait: « C'est elle qui t'a lâché, mon cher. Ça c'est drôle, c'est bien drôle » (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Sœurs R., 1884, p. 1277). Il se contenta de triompher, d'un air goguenard: ah! ah! le fort des forts était donc par terre? (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1534).
♦ En incise. Alors! triompha Gilbert. Qu'attendez-vous? C'est l'instant ou jamais (ARLAND, Ordre, 1929, p. 63).
b) [Le suj. désigne une chose] Se manifester avec éclat. La radieuse matinée d'avril triomphait au-dessus du champ de massacre (ZOLA, Bête hum., 1890, p. 232). À la fin triomphe le God save the King (PROD'HOMME, Symph. Beethoven, 1921, p. 311).
4. Réussir brillamment, avoir beaucoup de succès.
a) [Le suj. désigne une pers.] Il triomphait dans les rôles où l'acteur doit paraître la figure blanchie avec de la farine et recevoir ou donner un nombre infini de coups de bâton (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 142). Il me plaît de croire que, si le bouffon entre en scène, c'est parce qu'il y a dans la troupe un acteur aimé du public et qui triomphe dans ce genre (ALAIN, Propos, 1921, p. 224).
b) [Le suj. désigne une forme d'art, une réalisation artist.] Pièce de théâtre qui triomphe à Paris. Le succès fut colossal. Depuis 1912, Pathé n'a jamais cessé d'exploiter ses versions successives du roman de Victor Hugo [Les Misérables], bientôt imité par l'Amérique, où le film triompha (SADOUL, Cin., 1949, p. 75).
Prononc. et Orth.:[], (il) triomphe []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. « Remporter un avantage décisif, une victoire dans un affrontement militaire, une compétition quelconque » a) ) ca 1265 intrans. part. prés., cont. milit. (BRUNET LATIN, Trésor, éd. F. J. Carmody, I, XXVII, 4, p. 39: il [Alexandre] ala triumphant par le monde); ca 1460 id. (Mystère du siège d'Orléans, éd. F. Guessard et E. de Certain, 19667: La Pucelle desmesuree Y est triomphant); 1466 part. prés. subst. masc. « triomphateur » (JEAN DE BUEIL, Le Jouvencel, II, VI, éd. C. Favre et L. Lecestre, t. 1, p. 122); 1559 trans. ind. triompher de (un ennemi) (AMYOT, trad. PLUTARQUE, Hommes illustres, Coriolan, LV, éd. G. Walter, t. 1, 1959, p. 511); ) 1538 antiq. « avoir les honneurs du triomphe » (EST., s.v. triumphus); 1680 part. prés. adj. (RICH.); b) déb. XIVe s. trans., en parlant du Christ (JEAN CHAPUIS, Trésor, 708 ds G. DE LORRIS et J. DE MEUN, Rose, éd. Méon, t. 3, p. 359: Quant tu triomphas le deable); c) « sortir vainqueur de toutes sortes de difficultés, les surmonter » 1470 [éd. 1537] part. prés. adj., en parlant d'une chose (Livre de la discipline d'amour divin, fol. 139 b: est amour fort, vaillant, triomphant); fin XVIe s. trans. indir. (A. D'AUBIGNÉ, La Création ds Œuvres, éd. E. Réaume et Fr. de Caussade, t. 3, p. 327: le tems Semble bien trionpher de tout ce qu'on peut voir); 2. « exceller, faire merveille dans un domaine » a) ca 1482 part. prés. adj. « excellent dans son genre, éclatant, magnifique » (MATHIEU D'ESCOUCHY, Chron., CLIII, éd. G. Du Fresne de Beaucourt, t. 2, p. 44: une chapelle à cinq croix [à la basilique Saint Denis] [...] aussi triomphante que celle de Paris); b) ca 1535 trans. ind. (NIC. DE TROYES, 21 ds HUG.: aux escoles [...] où il triumphoit d'apprendre); 1636 intrans. (MONET); 3. ca 1540 trans. indir. « être ravi de joie à propos d'un avantage, en tirer vanité » (EST. DOLET, Deux Dial. de Planton, p. 56 ds GDF. Compl.); 1550 intrans. (Bible Louvain, 4 Esdras, 1 b d'apr. FEW t. 13, 2, p. 310 a); 1694 avoir un air triomphant (Ac.). Empr. au lat. triumphare intrans. « obtenir les honneurs du triomphe, triompher », trans. « vaincre, triompher de quelqu'un »; fig. « exulter, être transporté ». Fréq. abs. littér.:2 465. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 4 250, b) 3 134; XXe s.: a) 3 618, b) 3 002.
triompher [tʀijɔ̃fe] v.
ÉTYM. 1260; du lat. triumphare, de triumphus. → Triomphe.
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I V. tr. ind. || Triompher de… : vaincre (qqn) avec éclat, à l'issue d'une lutte, d'un jeu, d'un match. || Triompher de son adversaire (→ Survivre, cit. 3), de son pire ennemi, de ses rivaux. → Avoir l'avantage, le dessus. ⇒ Battre, dominer, gagner (sur); avoir (fam.). || Il en a triomphé aisément (→ Ne faire qu'une bouchée de…).
1 Les vrais Juifs et les vrais Chrétiens ont toujours attendu un Messie qui les ferait aimer Dieu, et, par cet amour, triompher de leurs ennemis.
Pascal, Pensées, IX, 607.
♦ Par ext. || Triompher de la résistance de qqn. ⇒ Forcer (→ Conquérant, cit. 2). || Triompher d'une difficulté, d'un obstacle. ⇒ Franchir, surmonter (→ Venir à bout de, l'emporter sur; et aussi jongler, cit. 1). || Triompher d'une passion, d'une habitude, d'une tentation, de l'envie de… ⇒ Dompter, maîtriser. || Triompher de soi-même (→ 1. Supporter, cit. 3) : se dominer.
2 (…) la froide raison n'a jamais rien fait d'illustre, et l'on ne triomphe des passions qu'en les opposant l'une à l'autre.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, IV, XII.
♦ (Sujet n. de chose). Venir à bout de…; faire disparaître ou oublier. || Son application triomphait des pires obstacles (→ Potasseur, cit.). || La médecine, le remède a triomphé du mal. || Sa physionomie triomphait de sa laideur (→ 1. Masque, cit. 24). || Ferveur intellectuelle qui triomphe de la fatigue (cit. 9) du corps.
3 Mais il faut triompher du temps et de l'espace,
Arriver ou mourir…
Vigny, Poèmes philosophiques, « la Maison du berger », I.
4 Dans cette transformation merveilleuse, l'esprit a triomphé de la matière, le général du particulier, et l'idée du réel.
Michelet, Hist. de France, III.
5 (…) la science et la paix triompheront de l'ignorance et de la guerre (…)
Pasteur, Discours prononcé le 27 déc. 1892 (jour de son jubilé).
6 (…) il avait toujours pensé que l'obstination finit par triompher de tout (…)
Camus, la Peste, p. 121.
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II V. intr.
1 (1538). Antiq. rom. Avoir les honneurs du triomphe (1. Triomphe, 2.).
2 Remporter une éclatante victoire. || « À (cit. 42) vaincre sans péril on triomphe sans gloire » (Corneille). || Quand les Montagnards eurent triomphé… (→ Sans-culotte, cit.). || Le parti qui triomphe aux élections. || Les gredins (cit. 3) triomphent. ⇒ Emporter (1.). — Avoir raison d'une façon éclatante, définitive. || Triompher dans un procès. || Le plaisir de triompher (→ Perdre, cit. 3).
7 L'habileté de l'avocat, qui espérait faire triompher son client en désavouant en son nom les opinions de sa jeunesse, parut à Shelley une insupportable hypocrisie.
A. Maurois, Ariel…, II, VII.
♦ (1636). Sujet n. de chose. S'imposer, s'établir de façon éclatante. || « … des champs de carnage (cit. 3) où triomphe la mort ». || La révolution a triomphé ! || Le mensonge opportun (cit. 2) triomphe partout. ⇒ Dominer (intrans.). || Faire triompher une idée, une pensée (→ Enthousiasme, cit. 15), la volonté de paix (→ Guerre, cit. 26), la vérité. || Faire triompher son point de vue.
8 L'Amour en tout temps pleure, et triomphe en tout lieu.
Hugo, la Légende des siècles, XXXVI, VI.
9 (…) nous vivons en un temps où le jargon international triomphe.
G. Duhamel, la Turquie nouvelle, II.
10 (…) ils sont si certains d'avoir la vérité en poche, que, pour faire triompher leurs convictions, ils ne reculent devant rien (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 239.
3 (1550). Éprouver et manifester un sentiment de triomphe, de victoire. ⇒ Applaudir (s'), glorifier (se glorifier de), prévaloir (se prévaloir de), vanter (se). → Chanter, crier victoire. || « Elle se hâte (cit. 18) trop, Burrhus, de triompher » (Racine). || « Vous triomphez, ma sœur… » (→ 1. Mine, cit. 21). || Il triomphe s'il a un arbre rare (cit. 1) dans son jardin. ⇒ Jubiler (→ Ne plus se sentir de joie).
11 Ne triomphez point tant : vous ne tarderez guère à me faire avoir ma revanche.
Molière, les Amants magnifiques, II, 1.
12 Parmi les déplaisirs où son âme se noie,
Il s'élève en la mienne une secrète joie :
Je triomphe; et pourtant je me flatte d'abord
Que la seule vengeance excite ce transport.
Racine, Andromaque, I, 1.
13 Ici, les faiseurs de romans triomphent : ils s'imaginent avoir là une preuve (…)
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 259.
4 (1636). Réussir brillamment. || Triompher dans les arts (→ Raté, cit. 1). ⇒ Exceller. — (Choses). Rare, littér. || Une prose qui triomphe dans plusieurs emplois (→ Déplacer, cit. 10).
14 Je veux des maladies d'importance : de bonnes fièvres continues (…) c'est là que je me plais, c'est là que je triomphe (…)
Molière, le Malade imaginaire, III, 10.
♦ Être l'objet des acclamations, de l'enthousiasme du public. || Acteur qui triomphe dans un rôle.
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DÉR. Triomphant.
Encyclopédie Universelle. 2012.