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sévérité

sévérité [ severite ] n. f.
• fin XIIe; lat. severitas
1Caractère ou comportement d'une personne sévère. dureté, rigueur. Élever un enfant avec sévérité. « Il se juge lui-même avec une âpre et douloureuse sévérité » (Duhamel).
Caractère sévère, rigoureux (d'une peine, d'une mesure). La sévérité du verdict, de ses critiques.
2Littér. Caractère austère, sérieux. austérité, gravité. « La sévérité des mœurs » (Mme de Staël).
3Par ext. (de sévère,3 o) emploi critiqué Gravité, caractère dangereux. « le docteur, aussitôt appelé déclara “préférer” la “sévérité”, la “virulence” de la poussée fébrile » (Proust).
⊗ CONTR. Douceur, indulgence.

sévérité nom féminin (latin severitas) Manière d'agir de quelqu'un qui est sévère, sans indulgence : Traiter ses subordonnés avec sévérité. Littéraire. Caractère de quelqu'un dont l'attitude, le comportement sont empreints de gravité, de sérieux : La sévérité de sa personne en impose. Caractère de ce qui est dépourvu d'ornements, très sobre : Une architecture d'une grande sévérité. Caractère de ce qui est grave, dangereux : La sévérité du mal nous surprit tous.sévérité (citations) nom féminin (latin severitas) Pierre Reverdy Narbonne 1889-Solesmes 1960 Sévérité bien ordonnée commence envers soi-même. En vrac Éditions du Rocher Romain Rolland Clamecy 1866-Vézelay 1944 Cette indulgence était pire que la sévérité. Jean-Christophe, le Matin Albin Michel Mocharrafoddin ebn Moslehoddin Sadi Chiraz vers 1213-Chiraz vers 1292 L'excès de la sévérité produit la haine. L'excès de l'indulgence affaiblit l'autorité. Le Jardin des roses, VIII sévérité (synonymes) nom féminin (latin severitas) Manière d'agir de quelqu'un qui est sévère, sans indulgence
Synonymes :
- dureté
- inclémence
- inflexibilité
- intransigeance
Contraires :
- clémence
- indulgence
Littéraire. Caractère de quelqu'un dont l'attitude, le comportement sont empreints de...
Synonymes :
- austérité
- froideur
- puritanisme
- rigidité
- rigorisme
- rigueur
Contraires :
- bienveillance
- bonhomie
- douceur
- gentillesse
- tendresse
Caractère de ce qui est dépourvu d'ornements, très sobre
Synonymes :
- austérité
- sobriété
Contraires :
- fantaisie
Caractère de ce qui est grave, dangereux
Synonymes :
- gravité

sévérité
n. f.
d1./d (Personnes) Fait d'être sévère; caractère de ce qui est sévère. La sévérité d'un juge, d'une sentence.
d2./d Litt. Austérité de l'aspect, des formes. Sévérité d'une architecture.

⇒SÉVÉRITÉ, subst. fém.
A. — 1. [Corresp. à sévère A 1] Caractère d'une personne sévère. Sévérité agressive; montrer une sévérité impitoyable. L'homme qui, chaque jour, s'interroge sans faiblesse sur lui-même et se juge avec sévérité, devient rapidement meilleur (COPPÉE, Bonne souffr., 1898, p. 183).
[Avec un compl. prép.] Il redoubla tellement de sévérité envers notre cafetier, qu'il le fit mettre en prison pour récidive (CHAMPFL., Avent. Mlle Mariette, 1853, p. 139). Pour ma grand'mère et ma mère, il était trop visible que leur sévérité pour moi était voulue pour elles, et même leur coûtait (PROUST, Prisonn., 1922, p. 108).
2. P. méton.
a) Souvent au plur. Action ou jugement sévère; en partic., acte de répression physique. Un critique dont les sévérités honorent une œuvre et dont nous étions déjà les très-obligés, M. Jules Janin (GONCOURT, Journal, 1860, p. 697). [Naïs] gardait pendant des semaines les épaules bleues des sévérités du père (...). La jeune fille, après ces corrections, restait frémissante (ZOLA, N. Micoulin, 1884, p. 16). Vous savez aussi bien que moi le résultat des sévérités excessives: la révolte, ou, ce qui est pire encore, l'hypocrisie (MARTIN DU G., Thib., Cah. gris, 1922, p. 687).
b) [Corresp. à sévère A 2] Rigueur qu'exprime ou que manifeste une personne sévère. Ceci est du vaudeville, reprit Rodolphe d'un ton où la sévérité se mêlait à l'indulgence (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 72). Il sourit de nouveau, et mit dans sa voix une sorte de sévérité caressante: « Prends bien garde, Thibault, de tout croire ce que tu entends! » (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 53).
B. — Caractère austère, grave.
1. [Corresp. à sévère B 1; en parlant d'une pers.] Son regard indifférent à la salle bondée de monde illustre, aux sévérités des vieux visages de l'orchestre (...) ne cherchait obstinément de sa pupille aiguë, qu'une silhouette dans l'ombre (E. DE GONCOURT, Faustin, 1882, p. 204). Après le 10 décembre, date anniversaire de la mort de son mari, elle (...) adoucit légèrement la sévérité de ses toilettes (FEUILLET, Veuve, 1884, p. 113).
2. [Corresp. à sévère B 2; en parlant d'un lieu, d'un paysage, d'un intérieur] On entendit les dernières paroles échangées sur le seuil, des paroles qui sonnèrent fâcheusement, dans la sévérité bourgeoise de l'escalier (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 222). Ce lieu n'est point mélancolique. La sévérité en est adoucie par la présence de quelques oliviers qui entourent l'enclos (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 89).
Au plur. La vallée, qui est celle du Tarn, participant des douceurs de la Garonne et des sévérités de l'Auvergne, n'a pas encore les productions méridionales qu'on trouve pourtant à Bordeaux (MICHELET, Oiseau, 1856, p. XII). Lieu affreux, lieu terrible, et dont les sévérités lui avaient toujours paru être l'iniquité de la justice et le crime de la loi (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 678).
3. [Corresp. à sévère B 3; dans un cont. artist.] Absence d'ornement. Synon. austérité, froideur. Sévérité du langage. Il faut le grand art, la forme exquise et la sévérité de ton travail [de Flaubert] pour se passer des fleurs de la fantaisie (SAND, Corresp., t. 5, 1869, p. 337). Le vase grec, sauf les grandes amphores panathénaïques qui ont la sévérité de leur destination, le vase grec, quand on le regarde de près, vous accueille presque toujours avec une familiarité charmante (FAURE, Hist. art, 1909, p. 129).
C. — [Dans un cont. sc., intellectuel] Sérieux, rigueur (v. ce mot C). On m'avait donné une méthode, on avait mis dans mon esprit une sévérité scientifique qui ne pouvaient s'accommoder du dogmatisme de la plupart de ces traités (JOUFFROY, Nouv. Mél. philos., 1842, p. 96). La rédaction d'un journal de province (...) est plus soignée, plus sérieuse, trop sérieuse parfois. Cette sévérité de la presse provinciale explique le succès prodigieux des hebdomadaires d'échos, légers et satiriques (Civilis. écr., 1939, p. 38-1).
[Corresp. à sévère C; dans un cont. admin., officiel] Rigueur. Malgré la vigilance de l'administration et la sévérité des lois fiscales, la contrebande est toujours considérable (Monopole et impôt sel, 1833, p. 34). Une sévérité accrue dans l'établissement des budgets (Univ. écon. et soc., 1960, p. 50-6).
D. — [Corresp. à sévère D; en parlant des conditions naturelles, climatiques] Rigueur (v. ce mot B 3). L'hiver a repris ici avec une grande sévérité (BALZAC, Lettres Étr., t. 3, 1845, p. 25).
E. — [Corresp. à sévère E] Gravité (d'un état). Le docteur aussitôt appelé, déclara « préférer » la « sévérité », la « virulence » de la poussée fébrile qui accompagnait ma congestion pulmonaire et ne serait qu'un « feu de paille » à des formes plus « insidieuses » et « larvées » (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 496).
Rem. V. sévère rem.
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: severité; dep. 1740: sévé-. Étymol. et Hist. I. 1. Ca 1200 severiteit « rigueur, en parlant de Dieu » (Dialogue Grégoire, 206, 4 ds T.-L.); au plur. 1638 « actes témoignant de ce caractère » (SULLY ds DOCHEZ 1860: Le roi estait contrainct à user de pareilles sévérités); 2. 1530 « rigidité, rigueur, absence d'indulgence » (PALSGR., p. 264); 3. 1663 « caractère qui ne s'écarte pas de la règle morale » (MOLIÈRE, Crit. de l'école des femmes, sc. III); 4. 1690 « caractère de ce qui n'est pas égayé par la fantaisie » ici en parlant du style d'un écrivain (FUR.). II. 1. 1808 « caractère de ce qui est durement ressenti » la sévérité d'une nature marâtre (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 2, p. 31); 1810 la sévérité du climat (STAËL, Allemagne, t. 1, p. 200); 2. 1918 méd. « gravité, caractère dangereux » (PROUST, J. filles en fleurs, p. 496); 3. 1928 la sévérité des épreuves que nous traversons (GYP, Souv. pte fille, p. 227). I empr. au lat. class. severitas « sévérité, austérité, gravité, sérieux; rigueur, dureté », dér. de severus, v. sévère. II empr. à l'angl. severity « rigueur d'un climat », 1676 the severity of the winter (HALE ds NED) « gravité d'une maladie », 1808 (Med. Jrnl, ibid.) « dureté d'une épreuve », 1890 (ibid.), lui-même dér. de severe, v. sévère. Fréq. abs. littér.:997. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 903, b) 1 397; XXe s.: a) 1 173, b) 1 161.

sévérité [seveʀite] n. f.
ÉTYM. XVIe; severiteit, fin XIIe; lat. severitas, de severus. → Sévère.
———
I
A
1 Caractère ou comportement d'une personne sévère (I., 1.). || La sévérité d'un professeur (→ Fort, cit. 9), d'un chef (→ Armature, cit. 3). || La sévérité produit l'obéissance (cit. 2). || Élever un enfant avec sévérité. || Avoir de la sévérité pour qqn, qqch. (→ Émigration, cit. 5). || Sévérité envers soi-même (→ Essentiel, cit. 5). || Juger (→ Profiteur, cit.), se juger avec sévérité (→ Infériorité, cit. 2). || Grande sévérité. Dureté.
1 Peut-être ne haïssons-nous pas la sévérité quand elle est justifiée par un grand caractère, par des mœurs pures, et qu'elle est adroitement entremêlée de bonté.
Balzac, la Peau de chagrin, Pl., t. IX, p. 75.
2 L'une d'elles (les pensées de Talleyrand) livre bien son état d'âme parfaitement équilibré : Quand on a trop de sévérité ou trop d'indulgence, on s'expose à traiter les faiblesses comme des crimes et les crimes comme des faiblesses.
Louis Madelin, Talleyrand, V, XXXIX.
Vx. || Sévérité d'une femme (→ Fard, cit. 4; 1. ombre, cit. 49).
2 (1530). Caractère sévère (I., 2.). || Sévérité du regard (→ Misanthropie, cit. 1). Gravité; sérieux. || Sévérité du caractère (→ aussi Dispersion, cit. 4). || La profonde joie (cit. 9) a plus de sévérité que de gaieté.
3 (Choses). Caractère sévère (I., 3.); importance, gravité (d'une punition). || La sévérité d'un châtiment, d'une peine.
4 (Av. 1690). Absence de séduction, d'ornement. || Sévérité d'une tenue sombre. || Sévérité d'un style ( Froideur); d'un sujet ( Aridité).
5 Caractère sévère (I., 5.); rigueur (d'une contrainte). || Sévérité de l'éducation, des mœurs. Austérité, rigidité, rigorisme (→ aussi Honneur, cit. 27). || Sévérité de la défense. Âpreté (→ Augmenter, cit. 12).
3 On n'y va point pour rencontrer l'objet auquel on désirerait de plaire : la sévérité des mœurs et la tranquillité de l'âme concentrent, en Autriche, les affections au sein de sa famille.
Mme de Staël, De l'Allemagne, I, VIII.
B (Une, des sévérités). Action ou jugement sévère. || Des sévérités inexorables. Cruauté (→ Humilier, cit. 39). || Les sévérités du harem (→ Porte-drapeau, cit. 2).
4 (…) si célèbre par ses sévérités que les libéraux de Milan appelaient des cruautés.
Stendhal, la Chartreuse de Parme, I, VI.
———
II (De sévère, II.). Gravité; caractère dangereux.REM. Ce sens, comme celui de l'adjectif qui lui correspond, est critiqué comme anglicisme abusif; il est néanmoins déjà ancien dans l'usage médical (→ ci-dessous, cit. 5).
5 (…) le docteur, aussitôt appelé, déclara « préférer » la « sévérité », la « virulence » de la poussée fébrile qui accompagnait ma congestion pulmonaire (…) à des formes plus insidieuses et larvées.
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Pl., t. I, p. 496.
CONTR. Clémence, complaisance, compréhension, débonnaireté, indulgence, mansuétude. — Badinage, facilité. — Abandon, douceur, enjouement, séduction. — Laisser-aller, relâchement. — Faveur.

Encyclopédie Universelle. 2012.