indulgence [ ɛ̃dylʒɑ̃s ] n. f.
• 1190 sens 2; lat. indulgentia « bonté », puis « remise d'une peine »
1 ♦ (1564) Facilité à excuser, à pardonner. ⇒ bienveillance, bonté, charité, clémence, compréhension, générosité, humanité, longanimité, mansuétude, miséricorde, 1. patience, tolérance. Indulgence excessive. ⇒ complaisance, faiblesse, laxisme, mollesse. Cette « indulgence que la femme trouve dans son cœur pour les folies qu'elle inspire » (Balzac) . Avoir, montrer de l'indulgence pour les fautes de qqn. Faire preuve d'indulgence envers qqn, à l'égard de qqn. L'avocat demande pour son client l'indulgence de la cour. Être reçu à un examen grâce à l'indulgence du jury. — Par ext. Regard plein d'indulgence, sans indulgence.
♢ Une, des indulgences. Acte indulgent. « ses indulgences soudaines et ses complaisances [...] pour Robespierre » (Sainte-Beuve).
2 ♦ Relig. cathol. Rémission par l'Église des peines temporelles que les péchés méritent. L'indulgence plénière, partielle.
♢ Par ext. (1298) Une indulgence : rémission accordée dans une circonstance et dans des conditions précises. Indulgence plénière et générale (⇒ jubilé) . La querelle des indulgences, sous le pape Léon X (déb. du XVI e s.).
⊗ CONTR. Âpreté, cruauté , dureté, férocité, inclémence, rigueur, sévérité; austérité.
● indulgence nom féminin (latin indulgentia) Aptitude à excuser, à pardonner les fautes, à ne pas les sanctionner sévèrement : Faire appel à l'indulgence du jury. Caractère de ce qui n'est pas sévère : L'indulgence de la loi pour ce genre de délit. Rémission totale ou partielle, devant Dieu, de la peine temporelle due pour les péchés déjà pardonnés. ● indulgence (citations) nom féminin (latin indulgentia) Remy de Gourmont Bazoches-au-Houlme, Orne, 1858-Paris 1915 L'indulgence, c'est la forme aristocratique du dédain. Les Chevaux de Diomède Mercure de France Romain Rolland Clamecy 1866-Vézelay 1944 Cette indulgence était pire que la sévérité. Jean-Christophe, le Matin Albin Michel Mocharrafoddin ebn Moslehoddin Sadi Chiraz vers 1213-Chiraz vers 1292 L'excès de la sévérité produit la haine. L'excès de l'indulgence affaiblit l'autorité. Le Jardin des roses, VIII ● indulgence (synonymes) nom féminin (latin indulgentia) Aptitude à excuser, à pardonner les fautes, à ne pas...
Synonymes :
- clémence
- compréhension
- mansuétude
- patience
- tolérance
Contraires :
- dureté
- exigence
- intolérance
- rigidité
- rigueur
- sévérité
indulgence
n. f.
d1./d Facilité à excuser, à pardonner. Traiter qqn avec indulgence.
d2./d Bienveillance. Cet artiste débutant demande l'indulgence du public.
d3./d RELIG CATHOL Remise de la peine attachée au péché. Indulgence plénière.
⇒INDULGENCE, subst. fém.
A. — Attitude ou caractère d'une personne qui excuse, pardonne les fautes d'autrui, qui n'est pas sévère, qui s'abstient de punir ou punit avec peu de sévérité. Synon. bienveillance, bonté, clémence, compréhension, mansuétude, miséricorde, tolérance; anton. dureté, rigueur, sévérité. Indulgence d'un regard, d'un sourire, d'un verdict. Je crois à un dieu d'indulgence et de miséricorde; le dieu de vengeance est mort et ne renaîtra plus (DU CAMP, Mém. suic., 1853, p. 236). Il s'obstinait à nier tout, le vol et sa qualité de forçat. Un aveu (...) eût mieux valu, à coup sûr, et lui eût concilié l'indulgence de ses juges (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 326). On n'avait eu aucune indulgence pour ses plus légères peccadilles (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 248) :
• 1. La direction jésuite n'est point sévère, elle n'a pas la dureté que lui prête le préjugé populaire : elle est plutôt faite à l'image du gouvernement romain, de ce gouvernement généralement doux, un gouvernement d'indulgence presque paternelle et de facile absolution pour les fautes qui ne s'attaquent pas à son principe...
GONCOURT, Mme Gervaisais, 1869, p. 189.
— P. méton. Manifestation de cette attitude. Des rires et des indulgences pour les fautes du mari et des sévérités pour les peccadilles de la femme (GONCOURT, Journal, 1895, p. 865).
B. — RELIG. (CATH.)
1. Rémission totale (indulgence plénière) ou partielle (indulgence partielle) des peines temporelles dues aux péchés déjà pardonnés, accordée par l'Église. Gagner des indulgences. Le promeneur qui, au pied du calvaire, dit un Pater et un Ave, a droit à quarante jours d'indulgences (RENARD, Journal, 1906, p. 1070). Avec quelle douceur je parlai en prêtre à cette âme si bien disposée, lui donnai l'absolution et lui appliquai l'indulgence plénière à l'article de la mort! (BILLY, Introïbo, 1939, p. 196) :
• 2. Quand on a cherché quelles causes avaient déterminé ce grand événement, les adversaires de la Réforme l'ont imputée à des accidens, à des malheurs dans le cours de la civilisation, à ce que, par exemple, la vente des indulgences avait été confiée aux Dominicains, ce qui avait rendu les Augustins jaloux; Luther était un Augustin, donc c'était là le motif déterminant de la Réforme.
GUIZOT, Hist. civilisation, leçon 12, 1828, p. 16.
♦ Loc. fig. et fam., vieilli. Gagner, mériter les/des indulgences (plénières). Accomplir quelque chose de pénible, de difficile ou de désagréable. Vous avez mérité des indulgences par votre empressement (Ac. 1835, 1878).
— HIST. L'affaire, la querelle des indulgences. Conflit religieux au début du XVIe siècle, né de l'abus avec lequel étaient accordées ou prêchées les indulgences, et qui conduisit à la crise de la Réforme. De l'affaire des indulgences à la rupture avec Rome (Hist. des relig., t. 2, 1972, p. 918 [Encyclop. de la Pléiade]).
2. P. méton., au sing. Démarche de foi (pèlerinage, prière) qui entraîne cette rémission. Indulgence du chemin de la Croix, de la Terre sainte. L'indulgence de croisade avait longtemps dû son prestige à ce qu'elle était la seule indulgence plénière; de même à son tour l'indulgence du jubilé (E. DELARUELLE, E.-R. LABANDE, P. OURLIAC, L'Église au temps du grand schisme et de la crise conciliaire, Paris, Bloud et Gay, 1964, p. 815).
REM. Indulgencier, verbe trans. a) Relig. (cath.). Attacher une indulgence à un acte, à un objet de piété, à une pratique pieuse. Indulgencier un chapelet (Ac. 1935). Part. passé en emploi adj. Médaille indulgenciée. Son chapelet d'or indulgencié (BOREL, Champavert, 1833, p. 49). b) Rare. Faire preuve d'indulgence envers quelqu'un. Synon. excuser, pardonner. Lockroy disait que toutes les accusations portées contre Baüer, toutes étaient vraies, mais qu'on avait voulu l'indulgencier (GONCOURT, Journal, 1888, p. 766). Nous avons affaire à un féministe convaincu, et disons-le bienvaillant. S'il rend pleine justice aux trente beautés d'Hélène ou de Bellotte, en séance, ses clémences n'en savent pas moins indulgencier jusqu'à Laideronnette (MONTESQUIOU, P. Helleu, 1913, p. 40).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin XIIe s. « pardon (cont. relig.) » (Sermons de S. Bernard, 106, 32 ds T.-L. : ensi cum li pechiet habondent, habonst assi li indulgence); spéc. 1268, relig. cath. « remise accordée par l'Église de la peine temporelle due aux péchés; acte accordant cette rémission » (Lettre ds G. ESPINAS, Vie urbaine de Douai au Moy. Age, t. 3, p. 383 : jou renonce... à toutes indulgences... à toutes lettres impetrées... d'apostoile ou de legat); 2. 1606 « facilité à excuser, à pardonner » lang. commune (NICOT). Empr. au lat indulgentia « bienveillance, complaisance » à l'époque class.; « remise d'une peine, pardon » en b. lat.; « pardon des péchés » en lat. chrét., spéc. « remise de la peine due au péché » à l'époque médiév. (XIe s., plur. ds BLAISE Latin. Med. Aev.). Fréq. abs. littér. : 1 400. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 561, b) 1 413; XXe s. : a) 1 752, b) 1 956.
indulgence [ɛ̃dylʒɑ̃s] n. f.
ÉTYM. 1190, relig. (sens 2); lat. indulgentia « bonté, complaisance, bienveillance », puis « remise d'une peine » en bas lat. et « remise de la peine due au péché » en lat. ecclés., de indulgens, -entis. → Indulgent.
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1 (1606). Facilité à excuser, à pardonner. ⇒ Bienveillance, bonté, charité, clémence, compréhension (cit. 2), douceur, facilité (→ Facile, cit. 25), générosité, humanité, longanimité, mansuétude, miséricorde, patience, tolérance (→ Attention, cit. 21; avant, cit. 39; gamme, cit. 12). || L'indulgence de qqn, son indulgence pour, à l'égard de qqn, d'un acte (→ Attention, cit. 21; avant, cit. 39; gamme, cit. 12). || Actes d'indulgence. ⇒ Absolution, excuse, grâce, pardon. || Grande, inépuisable indulgence (→ Apostolique, cit. 6). || Indulgence excessive, exagérée, coupable. ⇒ Bénignité, complaisance, faiblesse (→ Canon, cit. 2). || Mélange de férocité (cit. 4) et d'indulgence. || Demander, implorer, chercher, réclamer l'indulgence de qqn (→ Élasticité, cit. 7; excuse, cit. 4; fuir, cit. 3; hôtel, cit. 14). || Mériter l'indulgence (→ Excuse, cit. 14); être digne d'indulgence, avoir droit à l'indulgence. || Avoir besoin d'indulgence. || Son indulgence m'excusera (cit. 10). || Acte qui rencontre, sinon l'approbation, du moins l'indulgence (→ 3. Fort, cit. 78). || Inspirer l'indulgence (→ Concilier, cit. 2). || Avoir, montrer de l'indulgence pour les fautes de qqn (→ Émigration, cit. 5). || User d'indulgence. || Se forcer à l'indulgence (→ Dénigrement, cit. 3). || Avoir trop d'indulgence envers un enfant. ⇒ Gâter; gâterie. || Souffrir, supporter, tolérer, tout permettre par indulgence. || L'avocat demande pour son client l'indulgence du jury. — Indulgence pour soi, pour sa personne. ⇒ Complaisance, faiblesse, mollesse (→ Confirmer, cit. 7). || Se voir, voir sa conscience (cit. 12) sans indulgence. — Implorer l'indulgence de Dieu, l'indulgence divine pour ses péchés. || L'indulgence des dieux (→ Acheter, cit. 9). || La Vierge Marie est toute indulgence (→ Ignorer, cit. 20).
1 Comme les dieux sont bons, ils veulent que les rois
Le soient aussi : c'est l'indulgence
Qui fait le plus beau de leurs droits (…)
La Fontaine, Fables, XII, 12.
2 Tout pouvoir, en un mot, périt par l'indulgence (…)
Voltaire, Alzire, I, 1.
3 Vous trouverez sans doute que je pratique bien mal, dans ce moment, cette indulgence que je prêche; mais je ne vois plus en elle qu'une faiblesse dangereuse, quand elle nous mène à traiter de même les vicieux et l'homme de bien.
Laclos, les Liaisons dangereuses, XXXII.
4 Si je ne savais pas qu'amoureux, poète et musicien sont trois titres d'indulgence pour toutes les folies (…)
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, I, 10.
5 M. de R… était autrefois moins dur et moins dénigrant qu'aujourd'hui; il a usé toute son indulgence; et le peu qui lui en reste, il le garde pour lui.
Chamfort, Caractères et anecdotes, p. 220.
6 En général l'indulgence pour ceux qu'on connaît est bien plus rare que la pitié pour ceux qu'on ne connaît pas.
Rivarol, Notes, pensées et maximes, II, p. 50.
7 (…) il excita cette indéfinissable indulgence que la femme trouve dans son cœur pour les folies qu'elle inspire.
Balzac, la Femme abandonnée, Pl., t. II, p. 223.
8 On lui a reproché ses indulgences soudaines et ses complaisances de pinceau pour Robespierre et pour d'autres monstres.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 4 août 1851.
9 J'étais en veine d'indulgence (…) en humeur de mansuétude.
E. Fromentin, Dominique, XIV.
9.1 Sixte quatre, pasteur que le monde révère,Veut l'autel moins farouche et la foi moins sévère.L'indulgence est en lui comme la sainteté.C'est de bonté qu'il veut armer la vérité.
Hugo, Torquemada, Prologue, 7.
10 L'indulgence est tendre, elle est femme.
Sully Prudhomme, Tendresses et solitudes, L'indulgence.
11 Ce que j'aime le moins dans l'ami, d'ordinaire, c'est l'indulgence (…)
Gide, Si le grain ne meurt, p. 81.
♦ Par ext. || Regard plein d'indulgence, sans indulgence.
12 (…) un regard pâle, d'une lucidité avertie et sans indulgence.
Martin du Gard, Jean Barois, p. 130.
2 Relig. cathol. Rémission des peines temporelles que les péchés méritent. || L'indulgence est accordée par l'Église après que le châtiment éternel a été remis par l'absolution. || Indulgence plénière, partielle. || L'indulgence est accordée en vertu des mérites du Christ, de la Vierge, des saints.
♦ (1268). || Une, des indulgences : la rémission accordée dans une circonstance et dans des conditions précises. || Le droit canonique donne aux cardinaux, évêques, abbés… le droit d'accorder des indulgences. || Une indulgence plénière est attachée à la bénédiction papale, aux messes pontificales. || L'Église a enrichi d'indulgences certains textes du missel, du bréviaire, du rituel. || Indulgence de cent, trois cents jours. || Indulgence plénière et générale (⇒ Jubilé). — La querelle des indulgences, sous le pape Léon X (début du XVIe siècle).
13 (…) lorsqu'ayant égard, ou à la ferveur des pénitents, ou à d'autres bonnes œuvres qu'elle leur prescrit, elle (l'Église) relâche quelque chose de la peine qui leur est due, cela s'appelle Indulgence. Le concile de Trente ne propose autre chose à croire sur le sujet des indulgences, sinon que la puissance de les accorder a été donnée à l'Église par Jésus-Christ, et que l'usage en est salutaire (…)
Bossuet, Exposition de la doctrine catholique, VIII.
14 Il (Léon X) fit vendre, dans tous les États de la chrétienté, ce qu'on appelle des indulgences, c'est-à-dire la délivrance des peines du purgatoire, soit pour soi-même, soit pour ses parents et amis (…)
Voltaire, Essai sur les mœurs, CXXVII.
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DÉR. Indulgencier.
Encyclopédie Universelle. 2012.