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serviteur

serviteur [ sɛrvitɶr ] n. m.
XIe; bas lat. servitor
1Littér. Celui qui sert (qqn envers lequel il a des devoirs). « Le souverain est le premier serviteur de l'État » (Frédéric II).
Vieilli Domestique. Fig. Péj. Personne qui se met entièrement au service (de qqn). séide, valet. « les plus obséquieux serviteurs de Napoléon » (Chateaubriand).
2Support où l'on peut poser, accrocher des objets usuels. Serviteur de salle de bains. valet.
3Vx (t. de politesse) Votre très humble et très obéissant serviteur. Je suis votre serviteur, ou ellipt Serviteur, ancienne formule de salut, de remerciement poli, ou iron. de refus.
Mod. Iron. Votre serviteur : moi-même.
⊗ CONTR. Maître.

serviteur nom masculin (bas latin servitor) Littéraire. Celui qui est au service d'un souverain, de l'État, d'une collectivité : Les hauts fonctionnaires, serviteurs de l'État. Synonyme vieilli de domestique. ● serviteur (citations) nom masculin (bas latin servitor) Alexandre Dumas, dit Dumas fils Paris 1824-Marly-le-Roi 1895 L'argent […] est un bon serviteur et un mauvais maître. Préface de la Dame aux camélias Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Bon appétit, Messieurs ! Ô ministres intègres ! Conseillers vertueux ! Voilà votre façon De servir, serviteurs qui pillez la maison. Ruy Blas, III, 2, Ruy Blas Bible Agissez en hommes libres, non pas en hommes qui font de la liberté un voile sur leur malice, mais en serviteurs de Dieu. Épîtres de saint Pierre, Ire, II, 16 Bible Maintenant, ô Maître, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s'en aller en paix ; car mes yeux ont vu ton salut que tu as préparé à la face de tous les peuples. Évangile selon saint Luc, II, 29-32 Frédéric II le Grand, roi de Prusse Berlin 1712-Potsdam 1786 Le souverain est le premier serviteur de l'État. Der Fürst ist der erste Diener des Staats. Commentaire Cette maxime de Frédéric II fut adoptée par ses successeurs, qui en firent leur devise. ● serviteur (expressions) nom masculin (bas latin servitor) Serviteur de Dieu, prêtre, religieux ou homme voué à la pratique des œuvres religieuses. ● serviteur (synonymes) nom masculin (bas latin servitor)
Synonymes :
- domestique

serviteur
n. m.
d1./d Vieilli Domestique.
|| Litt. Serviteur de...: celui qui sert (qqn, qqch en vertu d'obligations). Serviteur de l'état.
d2./d Plaisant Votre serviteur: moi qui vous parle.

⇒SERVITEUR, subst. masc.
A. — 1. Celui qui a des devoirs, des obligations envers un souverain, un État, une collectivité, qui est à leur service. Dautry, avec une largeur de vues caractéristique de ce grand serviteur de l'État, comprend l'importance du problème et donne à Joliot des facilités exceptionnelles: crédits illimités, possibilité de rappeler des armées tout collaborateur qui lui serait nécessaire (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 28):
— Son Excellence peut compter sur moi, s'écria le préfet. J'ai déjà mes hommes; il y a un pharmacien à Péronne, un marchand de drap et un fabricant de papier à Doullens; quant aux avocats, ils ne manquent pas, c'est une peste... Oh! j'assure à Son Excellence que je trouverai les douze... Je suis un vieux serviteur de l'Empire.
ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 243.
Serviteur de Dieu. Celui qui a voué sa vie au service de Dieu (prêtre, religieux, etc.). Serviteur de Yahvé; serviteur inutile; serviteur vigilant. Ainsi escortés, nous arrivâmes jusqu'au pied d'une grande croix, qui se trouvoit sur le chemin. C'étoit là que le serviteur de Dieu avoit accoutumé de célébrer les mystères de sa religion (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 230). Je ne suis, en effet, qu'un humble serviteur de Dieu, bien infirme, bien privé peut-être de lumières propres, bien indigne peut-être. Mais, le service que je fais, je le fais selon ma conscience, et je le fais d'une force inébranlable, parce que c'est l'unique vérité que je sers (MONTHERL., Port-Royal, 1954, p. 1043).
Serviteur des serviteurs (de Dieu). [Formule appliquée aux Papes] Allez à Rome, vous y verrez son vicaire, le serviteur des serviteurs de Dieu, et il vous fera baiser sa pantoufle (L. MÉNARD, Rêv. païen, 1876, p. 49). Le Frère Mineur: C'est du Pape en effet qu'il est écrit qu'il est le Serviteur des serviteurs. Le Pape Pie: Telle est la place qui est par excellence la Nôtre, la plus basse entre tous les hommes (CLAUDEL, Père humil., 1920, II, 1, p. 517).
Serviteur de la loi. Magistrat. Le Juge: Je suis le serviteur de la loi, je ne puis t'accueillir ici. Diego: Tu servais l'ancienne loi. Tu n'as rien à faire avec la nouvelle. Le Juge: Je ne sers pas la loi pour ce qu'elle dit, mais parce qu'elle est la loi (CAMUS, État de siège, 1948, 2e part., p. 251).
P. anal. Le serviteur d'une dame. Son chevalier servant. — Qui êtes-vous donc, vous? — Juan Moreno, ancien lieutenant aux chasseurs de Ségovie, aujourd'hui cornette aux dragons d'Imérétie, grand serviteur des dames, mais assez entêté (GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p. 66).
2. Celui qui engage toute son activité, son énergie, sa passion au service d'un idéal, d'une noble cause, d'une œuvre, etc. Les idées ne sont rien que des faits généralisés. Si elles sont justes, les événements sont tenus de s'y adapter, et le serviteur de l'idée devient ainsi — quel qu'il soit — un serviteur de l'humanité elle-même (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 535).
B. — Vieilli. Employé attaché à la personne ou à la maison de son employeur. Synon. domestique. Le premier soin de Raphaël, en recueillant l'immense succession de son oncle, avait été de découvrir où vivait le vieux serviteur dévoué sur l'affection duquel il pouvait compter (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 198). Le suicide est la forme de mort qui, plus que tout autre, donne à l'entourage le sentiment de culpabilité. Et tout le monde dans l'hôtel, maîtres et serviteurs, avait un air coupable. Même les enfants se demandaient si leur jeu de l'autre jour n'avait pas attiré la punition du Bon Dieu (DRUON, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 122).
P. anal. ou avec une nuance péj. Celui qui a l'esprit servile ou qui n'appartient pas à la classe dominante. La haine de l'université contre Jeanne d'Arc est la même qui avait associé les docteurs aux bouchers, les intellectuels aux cabochiens. L'odieux du procès et de la condamnation doit équitablement se partager entre les Anglais et leurs serviteurs français, du parti bourguignon, le parti de l'Angleterre, le parti de l'étranger (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 122). Dans un monde brutalement divisé en maîtres et en serviteurs, il faut enfin avouer publiquement une alliance longtemps cachée avec les maîtres, ou proclamer le ralliement au parti des serviteurs. Aucune place n'est laissée à l'impartialité des clercs (NIZAN, Chiens garde, 1932, p. 239).
P. métaph. Dumas fils disait: « L'argent est un bon serviteur et un mauvais maître ». Ne pas se subordonner à l'argent. Il est magnifique de l'avoir et d'en user; il est détestable de vivre pour l'avoir (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1917, p. 308).
C. — Vx. [Dans des formules de politesse ou pour prendre congé] J'ai l'honneur d'être, Monsieur, votre très humble et obéissant serviteur. Ma femme, Monsieur, me charge de vous dire de sa part mille choses obligeantes (COURIER, Lettres Fr. et Ital., 1821, p. 901). Vos trois hôtes vous renouvellent leurs remerciements et vous prient de faire accepter leurs hommages à Mme de La Morvonnais. Votre dévoué serviteur et ami respectueux (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1833, p. 98).
Serviteur! [Interjection exprimant un départ précipité] Quand on fut sorti de la charmille, Bouvard, pour étonner son monde avec l'écho, cria de toutes ses forces: — « Serviteur! Mesdames! » Rien! Pas d'écho (FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 51). Oui! Je comprends, Colonel. Je comprends tout, j'arrangerai. Pas la peine d'expliquer. Je suis maître de la situation. Serviteur! Il raccroche (GHELDERODE, Pantagleize, 1934, II, 5e tabl., p. 94).
Vx. Faire un serviteur (à qqn). Faire la révérence. Les enfants mêmes, sur le trottoir, autrefois dressés à lui faire « un beau serviteur », se sauvèrent d'elle (GONCOURT, G. Lacerteux, 1864, p. 99).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 servitor « celui qui sert Dieu » (Alexis, éd. Chr. Storey, 169); 2. gén. 1155 servitur « celui qui est au service de qqn » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 10458); 3. 1564 formule de politesse (à la fin des lettres) votre tres humble et tres obéissant serviteur (THIERRY d'apr. FEW t. 11, p. 547a); 1608-13 formule de civilité (RÉGNIER, Sat., III ds LITTRÉ); 4. 1680 (RICH.: Serviteur. Ce mot se dit en parlant à de petis enfans et veut dire révérence [Faites serviteur à Monsieur, C'est à dire, baisez la main et faites lui la révérance]); faites serviteur qualifié de « vieille loc. » dep. Lar. 19e. Empr. au b. lat. des inscriptions servitor, -oris « serviteur de Dieu », « fidèle serviteur d'un saint; desservant d'une église », et « servant (à table dans un monastère) » ca 530 ds BLAISE Lat. chrét., formé sur le supin servitum de servire, v. servir. Fréq. abs. littér.:2 626. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 5 446, b) 4 120; XXe s.: a) 3 357, b) 2 293. Bbg. RICHARD (W.) 1959, p. 116, 118, 120. — VARDAR Soc. pol. 1973 [1970], p. 306.

serviteur [sɛʀvitœʀ] n. m.
ÉTYM. XIVe; servitor « celui qui est dévoué à Dieu », 1050; bas lat. servitor, de servire. → Servir.
1 (V. 1225, servitour). Littér. Celui qui sert (I., 1.) qqn envers lequel il a des devoirs, des obligations. Ministre (vx). || Serviteur dévoué (cit. 12) de l'État, du prince… || « Le souverain est le premier serviteur de l'État » (Frédéric II). || « Serviteurs qui pillez la maison » (→ Appétit, cit. 15, Hugo). || L'État, agent (cit. 8) et serviteur du citoyen.Serviteur de Dieu : celui qui est au service de Dieu (prêtre, religieux, etc.). → Face, cit. 11; 1. louer, cit. 1; mondain, cit. 3. || Serviteur de Mahomet (→ Ramadan, cit. 3).Fig. || Le serviteur d'une dame, son cavalier servant.
(V. 1155, servitur). Vieilli. Domestique attaché à la personne ou à la maison d'un employeur. || Les maîtres et les serviteurs (→ Dérision, cit. 2; égalité, cit. 7; familiarité, cit. 7). Famille (cit. 2 et 4). || Braves (cit. 13), fidèles serviteurs (→ Gage, cit. 20; et aussi livrée, cit. 6). || Renvoyer (cit. 6), congédier un serviteur (→ Irréprochable, cit. 3).
1 Il y avait, à la Borderie, les cinq charretiers pour cinq charrues, trois batteurs, deux vachers ou hommes de cour, un berger et un petit porcher, en tout douze serviteurs, sans compter la servante.
Zola, la Terre, II, I.
Péj. Valet. || Les plus obséquieux serviteurs de Napoléon (→ Honneur, cit. 55). || Les Anglais et leurs serviteurs français. Satellite, suppôt (→ Odieux, cit. 4).Fig. || Le mot (cit. 1) est le serviteur de l'idée.
2 (1564). Vx. (Dans des formules de politesse). || Votre très humble et très obéissant serviteur (→ Considération, cit. 11; et aussi désirer, cit. 8; protocole, cit. 1). || Je suis votre serviteur (ellipt. : votre serviteur, ou serviteur), formule de salut, de remerciement poli, (iron.) « pour dire à qqn qu'on se moque de lui, qu'on ne se soucie point de lui », ou « pour faire entendre qu'une proposition ne plaît ou ne convient pas » (Académie, 1694). → Bien, cit. 32. || Serviteur de…, serviteur à… (pour dire : « ne pas vouloir de, n'avoir pas de goût pour »).REM. Le mot servante était employé par les femmes dans les mêmes sens.
2 Je louerai, si l'on veut, son train et sa dépense (…)
Mais pour louer ses vers, je suis son serviteur (…)
Molière, le Misanthrope, IV, 1.
Mod., repris par plais. dans l'expression votre serviteur (« soi-même ») quand on s'adresse à qqn.
3 Loc. (1680). Vx. Faire serviteur, faire un (et adj.) serviteur : faire la, une révérence.
4 Franç. d'Afrique. Serveur, garçon de restaurant, de bar.
CONTR. Dominateur, maître.

Encyclopédie Universelle. 2012.