révolter [ revɔlte ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1530 pron.; « s'enrouler » v. 1500; it. rivoltare « échanger, retourner », de rivolgere, lat. revolvere
I ♦
2 ♦ Soulever d'indignation, remplir de réprobation. ⇒ choquer, dégoûter, écœurer; indigner, scandaliser; révoltant. « Toutes ces simagrées de la fausse dévotion le révoltaient » (Renan). Ça me révolte de voir ça, qu'il ait pu dire ça.
II ♦ SE RÉVOLTER v. pron.
1 ♦ Se dresser, entrer en lutte contre l'autorité ou s'y préparer, en parlant d'un groupe. ⇒ se dresser, s'élever, s'insurger, se mutiner, se rebeller, se soulever. Se révolter contre un dictateur.
♢ Par ext. Se révolter contre l'autorité de qqn, contre qqn, refuser de s'y soumettre, de lui obéir. ⇒ se cabrer, désobéir, résister. Enfant qui se révolte contre ses parents. — Fig. Se révolter contre le destin. — Absolt « Je me révolte, donc nous sommes » (Camus).
2 ♦ (v. 1650) Être rempli d'indignation, de dégoût et de colère (contre ce qu'on rejette). ⇒ s'indigner.
⊗ CONTR. Apaiser, charmer. Obéir, résigner (se).
● révolter verbe transitif (italien rivoltare, retourner, de rivolto, participe passé de rivolgere, retourner, du latin revolvere) Heurter quelqu'un, lui inspirer de la réprobation, de l'indignation, de la colère : Sa désinvolture me révolte. Il révolte ses partenaires par ses procédés. ● révolter (synonymes) verbe transitif (italien rivoltare, retourner, de rivolto, participe passé de rivolgere, retourner, du latin revolvere) Heurter quelqu'un, lui inspirer de la réprobation, de l'indignation, de...
Synonymes :
- dégoûter
- écoeurer
- indigner
- outrer
révolter
v.
rI./r v. tr. Indigner, choquer vivement. Propos qui révoltent.
rII./r v. Pron.
d1./d Se soulever (contre une autorité); refuser de plier (devant qqn, qqch). Se révolter contre ses chefs.
d2./d S'indigner. Je me suis révolté devant cette injustice.
⇒RÉVOLTER, verbe trans.
A. — Empl. trans.
1. Domaine soc., pol., vieilli. [Le compl. désigne un ensemble d'êtres hum.] Pousser à la rébellion, au soulèvement contre l'autorité établie. Le despotisme (...) révolte le peuple, et le peuple le renverse (CONSTANT, Esprit conquête, 1813, p. 244). Une fois majeur, le roi, qui avait un pouvoir absolu, le remit tout entier aux mains de M. d'Armansperg, Bavarois qui gaspilla les finances et révolta le peuple (ABOUT, Grèce, 1854, p. 72).
— P. métaph. Après avoir inutilement essayé de prononcer les noms barbares d'Harry Grant et de Plumket, dont les sons durs révoltaient leurs gosiers maoris, elles décidèrent de les désigner par les mots Rémuna et Loti, qui sont deux noms de fleurs (LOTI, Mariage, 1882, p. 2).
2. Domaine métaphys. ou mor. [Le compl. désigne un être hum. ou une composante de la personnalité, du comportement] Révolter la conscience, l'esprit.
a) Pousser à la désobéissance, à la résistance intérieure, à l'insoumission. Le clergé constitutionnel révoltait tellement les esprits, qu'il fallut employer la violence pour le fonder (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 286). Absol. L'effet de la persécution est de révolter contre ce qu'elle commande (CONSTANT, Princ. pol., 1815, p. 132).
b) Soulever d'indignation violente. Être révolté par l'injustice. La Montagne en fureur se leva tout entière (...): l'aristocratie du talent les révoltait autant que celle de la naissance (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 371). Un autre capucin, le Père Bernard (...) prit acte à l'instant des paroles de l'abbesse pour prêcher si sévèrement la Communauté, qu'il choqua et révolta les bonnes sœurs (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 97).
3. Domaine esthét., intellectuel. Heurter le bon sens, le bon goût; être contraire aux règles établies; susciter la réprobation. Synon. choquer. Une exécution (...) qui révolte à la fois le goût et le bon sens (BERLIOZ, À travers chants, 1862, p. 93). L'écœurant fumet des gargotes, l'âcre encens frelaté (...) tout ce qui révoltait ses sens excitait son génie [de Huysmans] (VALÉRY, Variété II, 1929, p. 220). V. aune ex. 1. Absol. Quand ce roman ne révolte pas, il ensorcelle (BOURGET, Essais psychol., 1883, p. 242).
B. — Empl. pronom.
1. a) [Le suj. désigne un ensemble d'êtres hum.] Se soulever contre l'autorité établie ou s'y préparer. Synon. s'insurger, se mutiner. Les Polonais seraient toujours tentés de se révolter, non par un esprit révolutionnaire, mais parce qu'il est dans la nature humaine qu'une nation veuille conserver son nom et refuse de perdre son indépendance (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 161).
b) [Le suj. désigne un être hum.] Refuser d'obéir à quelqu'un, se rebeller. Synon. se dresser contre qqn, s'élever contre qqn. Vous étiez mon enfant, depuis quand a-t-on vu les enfants se révolter contre leurs mères? (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p. 224). Absol. Jamais Lalie ne se révoltait (...) elle se retenait de crier, afin de ne pas révolutionner la maison (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 689).
— P. anal. Florent souffrit alors de cet entassement de nourriture (...). Son estomac étroit d'homme maigre se révoltait, en passant devant ces étalages de poissons (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 730). Il lui parut que la matière aussi se révoltait. Le moteur, à chaque plongée, vibrait si fort que toute la masse de l'avion était prise d'un tremblement comme de colère (SAINT-EXUP., Vol nuit, 1931, p. 123).
2. Domaine métaphys. ou mor. [Le suj. désigne une pers. ou une composante de la personnalité] Se révolter contre l'injustice; se révolter à l'idée de.
a) Être soulevé d'indignation, de mépris, de dégoût. Je comprends qu'au premier abord, une La Seiglière se révolte et s'indigne à l'idée d'une mésalliance (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 275):
• ... le mensonge du monde contre lequel se révolte Alceste recouvre un mensonge plus profond et qui nous est essentiel (...). Tout le malheur d'Alceste (...) vient de cette exigence d'absolu que nous apportons en amour qui est le sentiment le plus relatif. Alceste écarte avec fureur tous les faux semblants...
MAURIAC, Journal 2, 1937, p. 172.
— Absol. Toute âme un peu haute et fière se révolte quand on la prétend forcer (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 394).
b) Être agité intérieurement par refus de l'inéluctable, de l'inévitable. Il faut que tu saches bien à quoi tu dois t'attendre (...), afin que tu ne te révoltes pas contre la destinée, que tu te prépares à beaucoup supporter, à beaucoup languir, à beaucoup souffrir (LAMART., Nouv. Confid., 1851, p. 33). L'expérience de Mauriac, une acuité sans espoir, et qui pas plus ne se révolte devant la vie qu'on ne se révolte devant le cours naturel des saisons (DU BOS, Journal, 1925, p. 339).
3. Domaine esthét., intellectuel. Être choqué profondément par quelque chose; refuser les règles établies; être plein de réprobation pour quelque chose. Les douloureuses madones de Botticelli (...) sont probablement quelques-uns des derniers soubresauts d'une société qui s'était révoltée trop tôt contre le moyen-âge (GILLES DE LA TOURETTE, L. de Vinci, 1932, pp. 27-28). Des psaumes beuglés en français (...) Platitude honteuse des traductions dont il est fait usage. Comment les catholiques ne se révoltent-ils pas contre tant de laideur? On regrette amèrement le latin de jadis (GREEN, Journal, 1956, p. 182).
Prononc. et Orth.:[], (il se) révolte [-]. Ac. 1694-1740: re-; dep. 1762: ré-. Étymol. et Hist. 1. a) 1414 se revoultrer « se tourner » (L. DE PREMIERFAIT, Decameron [trad. de l'ital.], Richel. 129, f ° 9 r ° ds GDF.); 1507 se revolter (J. D'AUTON, Chron., éd. Maulde la Clavière, t. 4, p. 268); 1542 revolter « tourner » ([J. DE VAUZELLES], trad. de l'ARÉTIN, Genèse, p. 213 ds GDF.) — 1611, COTGR.; b) 1524- 26 p. ext. au fig. se revolter « changer de parti » (R. DE LA MARCK, seigneur de Fleuranges, Mém., p. 61 ds LA CURNE: Bientôt après la dite ville de Padoue se revolta venitienne); 1527 (le LOYAL SERVITEUR, Hist. de Bayart, éd. J. Roman, p. 332: L'empereur Maximilien commençoit desjà secrètement à se revolter) — 1620, D'AUBIGNÉ ds HUG.; c) 1541 se revolter de « se détourner de » cont. relig. (J. CALVIN, Instit. de la Relig. chrét., éd. J.-D. Benoît, t. 1, p. 80), seulement au XVIe s., v. HUG.; 2. 1502 « entrer en rébellion contre l'autorité établie » (J. D'AUTON, op. cit., t. 2, p. 254: elle met le peuple en murmure et rebellion, et pays conquis faict revolter); av. 1520 réfl. (Cl. DE SEYSSEL, Hist. des successeurs d'Alexandre, f ° 64 v ° ds Fonds BARBIER: A la persuasion d'auteurs se revolterent contre les Romains); 3. 1630 p. ext. « être violemment choqué, s'indigner » (MALHERBE, Traité des bienfaits de Sénèque ds Œuvres, éd. L. Lalanne, t. 2, p. 108: Aussi faut-il qu'un homme soit étrangement révolté contre les maximes naturelles, [...], qui fait mal avec cette intention de se donner du contentement). Empr. à l'ital. rivoltare, att. au sens 1 dep. le mil. du XIVe s. (trad. de Iacopo da Cessole ds TOMM.-BELL.), dér. de voltare « tourner », du lat. vulg. voltare, volvitare, fréquent. de volvere « tourner » (DEI; cf. voûte). Fréq. abs. littér.:1 006. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 166, b) 1 635; XXe s.: a) 2 077, b) 1 157. Bbg. HOPE 1971, p. 220. — KOHLM. 1901, p. 55. — WIND 1928, p. 22, 175, 205.
révolter [ʀevɔlte] v. tr. et pron.
ÉTYM. V. 1530, pron.; « se rouler, s'enrouler »; trans., « retourner, tourner », XVIe; ital. rivoltare « échanger, retourner », de rivolgere, lat. revolvere (cf. le verbe revolver en provençal et en anc. franç.).REM. Au XVIe et au XVIIe, ce verbe a signifié « faire défection, se détourner (d'un parti), abjurer », sans idée de violence.
❖
1 (Mil. XVIe). Rare. Porter à l'opposition violente, à la révolte (1.). ⇒ Soulever. || Révolter un peuple contre son souverain.
♦ (1673). Littér. Dresser, soulever violemment (contre qqch.), pousser à la révolte (2.).
1 Contre un si juste choix qui peut vous révolter ?
Racine, Mithridate, III, 5.
2 (1667). Soulever d'indignation, remplir de réprobation… ⇒ Choquer, dégoûter, écœurer, fâcher (vx); indigner; révoltant. || Des sujets qui révoltent les esprits bien faits (→ Dépraver, cit. 10). || Toutes ces simagrées le révoltaient (→ Hypocrisie, cit. 12). — Absolt. || Il s'agit d'une manière qui révolte (→ Hétéroclite, cit. 3). || Une chose qui révolte (→ Plénitude, cit. 6).
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se révolter v. pron.
1 (1530). Se dresser, entrer en lutte contre l'autorité, ou s'y préparer (en parlant d'un groupe). ⇒ Insurger (s'), mutiner (se), rebeller (se), résister, soulever (se). Cf. Arborer, lever l'étendard de la révolte, faire une levée de boucliers. || Se révolter contre un souverain. || L'esclave se révolte contre le maître (→ Émeute, cit. 5.1). || Les vaincus se révoltent (cf. Relever la tête, le front). — Se révolter contre un dogme, contre Dieu (→ Aujourd'hui, cit. 36).
♦ (1674). Par ext. || Se révolter contre l'autorité de qqn, contre qqn, refuser de lui obéir, de s'y soumettre (→ Esclave, cit. 15). ⇒ Cabrer (se), désobéir, regimber. || Enfant qui se révolte contre ses parents. ⇒ Élever (s'), dresser (se). — Par métaphore. || « Contre moi-même enfin j'osai me révolter » (Racine, Phèdre, I, 3).
2 (Le pape) réussit à l'égard du prince, qui se soumit aussitôt, et donna l'exemple à ses sujets; mais quelques-uns d'entre eux se révoltèrent, et dirent qu'ils ne voulaient rien croire de tout ce qui était dans cet écrit. Ce sont les femmes qui ont été les motrices de toute cette révolte (…)
Montesquieu, Lettres persanes, XXIV.
♦ Fig. || Se révolter contre le destin, contre les maux inévitables (→ Éviter, cit. 27).
3 Messieurs, je n'ai point l'honneur d'appartenir à votre classe, vous voyez en moi un paysan qui s'est révolté contre la bassesse de sa fortune.
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, XLI.
♦ Absolt. (Au sens métaphysique). || « Je me révolte, donc nous sommes » (→ Fonder, cit. 20, Camus).
2 (V. 1650). Être rempli d'indignation, de dégoût et de colère contre ce qu'on rejette. ⇒ Crier (au scandale…), indigner (s'). || Se révolter intérieurement (cit. 2) contre une idée. ⇒ Refuser. || L'esprit se révolte contre… (→ Oppression, cit. 1).
4 (Les femmes) peuvent bien se relâcher des devoirs extérieurs que la pudeur exige; mais, quand il s'agit de faire les derniers pas, la nature se révolte.
Montesquieu, Lettres persanes, XXVI.
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révolté, ée p. p. adj. et n.
ÉTYM. (1564, « apostat »).
1 a Adj. (1596). Qui est en révolte contre l'autorité, le pouvoir… ⇒ Dissident, émeutier, rebelle, séditieux; infidèle. || Manants (cit. 1) révoltés. || Soldats révoltés. — Les anges révoltés.
♦ N. || Les Révoltés du Bounty (roman et film). ⇒ Mutin.
♦ Qui est dressé contre une autorité (quelle qu'elle soit). || Enfant révolté contre ses maîtres, ses parents. ⇒ Insoumis.
♦ Qui a une attitude de refus, d'opposition. || L'Homme révolté, essai de Camus. || Le révolutionnaire doit être révolté… (→ Policier, cit. 5).
5 L'homme du peuple est nécessairement l'un ou l'autre, ou résigné ou révolté.
A. de Vigny, Journal d'un poète, Poèmes à faire.
b N. Personne qui participe à une révolte (1.). ⇒ Insurgé, mutin, rebelle. || Les opprimés et les révoltés (→ Nuit, cit. 35; et aussi oppresseur, cit. 5). || Révoltés et révolutionnaires. || Une faction, un groupe de révoltés. ⇒ Factieux.
♦ (Mil. XIXe). Qui se dresse contre l'ordre établi (en protestant, en agissant…, mais sans participer à une révolte violente), contre une croyance… || Les révoltés en littérature (→ Impertinence, cit. 10; insolence, cit. 5). ⇒ Contestataire. || Un révolté contre tous les dogmes (→ Libre, cit. 6). || Le révolté métaphysique (→ État, cit. 79).
6 Quant à moi, je me sentis tout de suite des désirs d'indépendance, car je suis un révolté par nature.
Maupassant, les Sœurs Rondoli, « La patronne ».
7 Je suis un révolté (…) Mon existence sera une existence de combat.
J. Vallès, le Bachelier, XXX.
8 (…) la bourgeoisie sait bien que l'écrivain a pris secrètement son parti : il a besoin d'elle pour justifier son esthétique d'opposition et de ressentiment; c'est d'elle qu'il reçoit les biens qu'il consomme; il souhaite conserver l'ordre social pour pouvoir s'y sentir un étranger à demeure : en bref c'est un révolté, non pas un révolutionnaire.
Sartre, Situations II, p. 176.
2 (1667). Rempli d'indignation. ⇒ Outré.
9 Oh ! ne niez pas ! Je n'ai point compris pendant longtemps, puis j'ai deviné. Vous vous en êtes vanté même à votre sœur, qui me l'a dit, car elle m'aime et elle a été révoltée de votre grossièreté de rustre.
Maupassant, l'Inutile Beauté, I.
3 Qui exprime la révolte, l'opposition et l'indignation. || Visage ardent, révolté (→ Mêler, cit. 19).
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CONTR. Apaiser, calmer. — Soumettre. — Charmer. — (Du pron.) Céder, conformer (se), obéir, résigner (se). — (Du p. p.) Résigné, soumis. — Conformiste.
DÉR. Révoltant, révolte.
Encyclopédie Universelle. 2012.