indigner [ ɛ̃diɲe ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1355; au p. p. 1330; s'endeignier,XIIe; lat. indignari
1 ♦ Remplir d'indignation. ⇒ écœurer, outrer, révolter, scandaliser. Sa conduite a indigné tout le monde.
2 ♦ S'INDIGNER v. pron. Être saisi d'indignation. ⇒ s'emporter, se fâcher, s'irriter, s'offenser. S'indigner d'un procédé. S'indigner contre qqn. ⇒ maudire, vitupérer. « Car s'indigner de tout, c'est tout aimer en somme » (Hugo). Il s'indigne de voir ce crime impuni. Je m'indigne qu'il soit si lâche. Il s'indigne de ce que je fais; de ce que je fasse si peu.
⊗ CONTR. Enthousiasmer (s').
● indigner verbe transitif (latin indignari, s'indigner) Provoquer la colère, la révolte de quelqu'un : Il m'indigne avec son égoïsme. ● indigner (difficultés) verbe transitif (latin indignari, s'indigner) Construction 1. S'indigner, être indigné que (+ subjonctif) : vous vous indignez qu'il agisse ainsi, mais il a ses raisons ; je suis indigné qu'on répande de telles calomnies. Recommandation La construction s'indigner de ce que, être indigné de ce que (+ indicatif ou subjonctif), courante dans l'expression orale relâchée, est à éviter dans l'expression soignée, en particulier à l'écrit, en raison de sa lourdeur. 2. S'indigner, être indigné de (+ infinitif) : je suis indigné de constater un tel laisser-aller. 3. S'indigner de qqch, contre qqch : l'opinion publique s'était indignée de cette injustice, contre cette injustice. 4. S'indigner contre qqn : on s'indigne contre des lampistes, mais les responsables sont en fuite. ● indigner (synonymes) verbe transitif (latin indignari, s'indigner) Provoquer la colère, la révolte de quelqu'un
Synonymes :
- exaspérer
- révolter
indigner
v.
d1./d v. tr. Exciter l'indignation de (qqn). Votre conduite cruelle l'indigne.
d2./d v. Pron. éprouver et manifester de l'indignation. S'indigner contre qqn. S'indigner de qqch.
⇒INDIGNER, verbe trans.
A. — Emploi trans. Remplir d'indignation. On comprend combien de pareilles avanies, qui se renouvelaient à chaque bourgade, indignaient les voyageurs (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 316) :
• 1. C'était une invitation qui, il y a deux ans, eût indigné M. Vinteuil, mais qui, maintenant, le remplissait de sentiments si reconnaissants qu'il se croyait obligé par eux à ne pas avoir l'indiscrétion de l'accepter.
PROUST, Swann, 1913, p. 149.
B. — Emploi pronom. et passif. Éprouver de l'indignation. Je fus violemment indigné et je me souvins que mon père l'appelait un homme léger (STENDHAL, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 52). S'indigner ici est à peu près aussi raisonnable que de déclamer contre le froid, contre le brouillard ou contre le verglas (ALAIN, Propos, 1921, p. 343) :
• 2. Je m'ennuie tellement avec eux, ils sont vraiment comme les enfants qui aiment surtout les histoires qu'ils connaissent déjà, et répètent à chaque fois que je les vois les mêmes choses, en riant et s'indignant de la même façon.
TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 339.
1. [Suivi d'une prép.]
— Être indigné par, être indigné/s'indigner contre, de + subst. Vous étiez indignée, vous, ma sœur farouche, de l'intérêt que j'accordais à un homme (SAND, Lélia, 1833, p. 155). Je suis indigné par les opinions littéraires du gars Proudhon dans son livre la Justice (FLAUB., Corresp., 1859, p. 309) :
• 3. — « Retire donc cela », lui dit Mâtho, « je sais que tu es un brave! » car il était si écrasé par l'injustice des dieux qu'il n'avait plus assez de force pour s'indigner contre les hommes.
FLAUB., Salammbô, t. 2, 1863, p. 60.
— Être indigné/s'indigner de +inf. Taine s'indigne de voir Jean-Jacques peiner sur son style — mais si Jean-Jacques ne voulait que mieux plier ce style à sa pensée? (PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p. 80).
2. [Suivi d'une subordination] Être indigné/s'indigner que. Je sais qu'un critique a été indigné que je ne lui aie pas fait de visite (FLAUB., Corresp., 1874, p. 129) :
• 4. ... s'il s'enorgueillissoit de la voir si belle (...), il s'indignoit qu'aux transports d'admiration qu'elle excitoit, on osât joindre le nom de Lusignan, et que cet arrogant souverain eût le droit de tenir de son triomphe, la faveur de se placer auprès d'elle...
COTTIN, Mathilde, t. 2, 1805, p. 156.
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1330 indigné « qui éprouve de l'indignation » (Renart le Contrefait, éd. G. Raynaud et H. Lemaître, t. 1, p. 260 a); 1352-56 soi indigner contre « éprouver de l'indignation contre » (BERSUIRE, T. Liv., BN 20312 ter [XIVe s.], fol. 19 a ds GDF. Compl.); 2. 1366 trans. dir. « braver » (doc. ds DU CANGE, s.v. indignare); 3. 1611 « provoquer l'indignation » (COTGR.). Empr. au lat. indignari « s'indigner »; cf. les verbes de formation pop. : a.fr. soi endeignier « s'indigner » (1130-40 part. passé, WACE, Conception, 463 ds KELLER, p. 119 b) et m.fr. soi endaigner « (d'un tissu humain) s'enflammer » (XVIe s. [ms.] Lanfranc [BN fr. 1323] fol. 20 ds LITTRÉ), ce dernier issu de l'accept. méd. du lat. de basse époque : « s'envenimer, s'enflammer ». Fréq. abs. littér. : 2 014. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 056, b) 4 293; XXe s. : a) 3 688, b) 2 292.
indigner [ɛ̃diɲe] v. tr.
ÉTYM. V. 1355, pron.; p. p., v. 1330; s'endeignier, XIIe; lat. indignari « s'indigner, regarder comme indigne », de indignus. → Indigne.
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♦ (1611; « braver », 1366). Remplir d'indignation. ⇒ Colère (mettre en), écœurer, révolter, scandaliser. || Sa conduite a indigné tout le monde. || Ce qui m'indigne ou m'afflige (cit. 15).
1 L'exécution du duc d'Enghien, affligeant et indignant bien des amis du nouveau régime, avait, on le pense, révolté les royalistes.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Avènement de l'Empire, X.
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s'indigner v. pron.
♦ Être saisi d'indignation. ⇒ Emporter (s'), fâcher (se), irriter (s'), offenser (s'). || S'indigner de qqch. (→ Apitoyer, cit. 2; apostolat, cit. 1; excuser, cit. 11; gausser, cit. 3; gourmander, cit. 6). || S'indigner contre qqn, contre une injustice. ⇒ Maudire, vitupérer. || S'indigner devant, au spectacle de qqch. || Il s'indigne de voir ce crime impuni. || S'indigner que, suivi du subj. (→ Étrenne, cit. 4). || S'indigner de ce que, suivi de l'indic. (ou parfois du subj., selon la nuance). — Absolt. || S'indigner : éprouver, exprimer de l'indignation (→ Assoter, cit. 3; enthousiasmer, cit. 4). ⇒ Fulminer, gronder, protester.
2 Je l'admirais moi-même, et mon cœur combattu
S'indignait qu'un chrétien m'égalât en vertu.
Voltaire, Zaïre, IV, 5.
3 D'où venait ce murmure ? Je le cherchai, je le trouvai; il venait de l'amour-propre qui, après s'être indigné contre les hommes, se soulevait encore contre la raison.
Rousseau, Rêveries…, 8e promenade.
4 Car s'indigner de tout, c'est tout aimer, en somme (…)
Hugo, la Légende des siècles, LV.
5 Quand je cesserai de m'indigner, j'aurai commencé ma vieillesse.
Gide, Nouveaux prétextes, Journal sans dates, p. 169.
6 Que ceux qui s'indignent devant ces violences disent comment un poussin peut sortir de l'œuf sans briser la coque.
Gide, Journal, 13 mai 1931.
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indigné, ée p. p. adj.
ÉTYM. (V. 1330).
♦ Rempli, transporté d'indignation (→ Face, cit. 61; faveur, cit. 28; féliciter, cit. 12; fracasser, cit. 1; haridelle, cit. 1). ⇒ Outré. || Être indigné de qqch. (→ Exécration, cit. 2), d'avoir entendu une chose pareille (→ Graveleux, cit. 3). || Être indigné par qqch., par qqn. || Il est indigné qu'on ait pu lui faire cela (→ Ambassadrice, cit. 2). ⇒ Révolté, scandalisé.
7 Et les Dieux, contre moi dès longtemps indignés.
Racine, Iphigénie, II, 5.
8 (…) on ne peut être irrité à tort; on n'est indigné que lorsqu'on a raison au fond par quelque côté. Jean Valjean se sentait indigné.
Hugo, les Misérables, I, II, VII.
9 (…) Mary était bien souvent indignée par l'attitude de Byron et par ses cyniques propos.
A. Maurois, Ariel…, II, V.
♦ (XIXe). Qui exprime, qui marque de l'indignation. || Visage, regards indignés. || Fureur (cit. 32) indignée. || Un ton de protestation indignée (→ Accent, cit. 2).
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CONTR. Enthousiasmer (s').
Encyclopédie Universelle. 2012.