polissonnerie [ pɔlisɔnri ] n. f.
• 1695; de polisson
1 ♦ Action d'un enfant espiègle, turbulent. ⇒ espièglerie.
2 ♦ Vx Badinage.
♢ (1738 ) Vieilli Acte ou propos plus ou moins licencieux. Des « polissonneries à double sens qui faisaient un peu rougir la mariée » (Maupassant).
● polissonnerie nom féminin Facétie de polisson. Action, geste, parole licencieuse. ● polissonnerie (synonymes) nom féminin Action, geste, parole licencieuse.
Synonymes :
- gaudriole (familier)
polissonnerie
n. f. Parole, tour d'un enfant polisson.
⇒POLISSONNERIE, subst. fém.
Vieilli
A.— 1. Action, tour de polisson. Enjamber un mur, casser une branche, chiper des pommes, pour un enfant, c'est une polissonnerie; pour un homme, c'est un délit (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 257).
2. Facétie d'enfant espiègle. Synon. espièglerie. Faire des polissonneries (Ac.). Les tours et toutes les polissonneries des enfants de nos collèges sont du repos, en comparaison de l'agilité, de l'adresse, et surtout de l'inépuisable invention qu'il y avoit dans les jeux de ces petits sauvages (BONSTETTEN, Homme Midi, 1824, p. 153).
B.— 1. a) Comportement polisson, tempérament libertin, paillard (d'une personne, d'un groupe de personnes). Cet homme sortant de l'enfance, avait apporté à sa première liaison (...) les froids instincts de polissonnerie qu'éveillent chez les enfants les mauvais livres (GONCOURT, G. Lacerteux, 1864, p. 87). [La presse] est assez mal venue de s'indigner et de prêcher, quand un confrère s'avise de se tailler un petit coin de succès en chatouillant la polissonnerie du public (ZOLA, Doc. littér., Moral. ds litt., 1881, p. 289). Déplacés et ridicules la polissonnerie française et l'esprit du Boulevard; déplacés et ridicules la morale bourgeoise du Nord protestant, les gens à vie pure et leurs livres propres (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 299).
b) Caractère égrillard, licencieux
— d'une action, d'un propos. Le tortillement des hanches, la langueur du sourire, la polissonnerie du regard, toutes les fariboles usitées en pareil cas (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 116).
— d'une pièce littéraire, d'une représentation artistique; p. méton., de leur auteur. Polissonnerie d'une gravure. Nous lisions, ces jours-ci, les Mœurs de La Popelinière, ce livre d'une si jolie polissonnerie, qui se jette à la fin dans une mer de culs fripons (GONCOURT, Journal, 1863, p. 1360).
2. P. méton.
a) Acte ou propos licencieux. Elle arriva tout indignée contre Hussonnet, qui venait de se permettre des polissonneries, au club des femmes (FLAUB., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 139). Tous les commérages de l'atelier, les polissonneries chuchotées, l'esprit souillé par toutes les ordures racontées, la chasteté perdue (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Print., 1881, p. 388). Bernard et Peters se montrent bourgeois égrillards, qui disent beaucoup de polissonneries, et se taquinent mutuellement, au sujet de leurs femmes (ROLLAND, Beethoven, t. 2, 1937, p. 584).
b) Pièce littéraire, représentation artistique de caractère grivois. Ici, au milieu du mur, est accrochée la petite polissonnerie à la gouache de Maller, représentant un peintre du Directoire tenant sur ses genoux son modèle nu (GONCOURT, Mais. artiste, t. 2, 1889, p. 190).
Prononc. et Orth. :[]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1696 « facétie de polisson » (Arlequin Misantrope, I 1 ds E. GHERARDI, Théâtre italien, t. 6, p. 466); 1718 (Ac. : Polissonnerie, bouffonnerie, plaisanterie basse); 2. 1791 « action ou parole trop libre, plus ou moins licencieuse » (SCHWAN, Nouv. dict. de la lang. fr. et all.). Dér. de polisson; suff. -erie. Fréq. abs. littér. :74.
polissonnerie [pɔlisɔnʀi] n. f.
ÉTYM. 1695; de polisson.
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♦ La polissonnerie d'un enfant, son naturel polisson, espiègle.
2 Vx. (La polissonnerie). Manière de vivre de polisson, de jeune dévoyé. || Basse polissonnerie. ⇒ Canaillerie.
1 Les goûts les plus vils, la plus basse polissonnerie, succédèrent à mes aimables amusements, sans m'en laisser même la moindre idée.
Rousseau, les Confessions, I.
3 Vx. (Une, des polissonneries). Badinage, plaisanterie bouffonne, espiègle ou puérile (cf. Rousseau, les Confessions, III, p. 168).
♦ Spécialt. Se dit d'actes ou de propos plus ou moins licencieux, de chansons (→ Mesure, cit. 32), de peintures polissonnes.
2 (…) les polissonneries de Baudouin et des Biard du XVIIIe siècle, où une porte entrebâillée permet à deux yeux écarquillés de surveiller le jeu d'une seringue entre les appas exagérés d'une marquise.
Baudelaire, Curiosités esthétiques, IX, VI.
3 Alors ce fut une pluie de polissonneries à double sens qui faisaient un peu rougir la mariée, toute frémissante d'attente.
Maupassant, Contes de la Bécasse, « Farce normande ».
4 (La polissonnerie). Caractère quelque peu licencieux.
4 Elles étaient un mélange de candeur, de polissonnerie poétique, et d'ironie parisienne. Elles disaient des choses énormes sans s'en douter; et de choses toutes simples elles se faisaient des mondes.
R. Rolland, Jean-Christophe, « Les amies », p. 1105.
Encyclopédie Universelle. 2012.