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muette

muette [ mɥɛt ] n. f.
muete 1387 « gîte du lièvre »; a. orthogr. de meute meute
Vx Petite maison qui servait de logis aux chiens de meute. Pavillon qui servait de rendez-vous de chasse. ⊗ HOM. Muette (muet).

muette nom féminin La grande muette, nom donné avant 1945 à l'armée active, en raison des restrictions apportées par la loi aux libertés individuelles des militaires (droits de vote, d'association, d'expression, etc.). ● muette (expressions) nom féminin La grande muette, nom donné avant 1945 à l'armée active, en raison des restrictions apportées par la loi aux libertés individuelles des militaires (droits de vote, d'association, d'expression, etc.). ● muette (homonymes) nom féminin muette adjectif fémininmuette nom féminin (ancienne forme de meute) Local où sont réunis les bois, ou mues, des cerfs. ● muette (homonymes) nom féminin (ancienne forme de meute) muette adjectif fémininmuet, muette adjectif et nom (ancien français mu, du latin mutus) Qui est privé de l'usage de la parole. ● muet, muette (citations) adjectif et nom (ancien français mu, du latin mutus) Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Voilà justement ce qui fait que votre fille est muette. Le Médecin malgré lui, II, 4, Sganarelle muet, muette (homonymes) adjectif et nom (ancien français mu, du latin mutus) muaient forme conjuguée du verbe muer muais forme conjuguée du verbe muer muait forme conjuguée du verbe muer muette muette nom fémininmuet, muette adjectif Qui refuse de parler, qui s'abstient volontairement de répondre : On a eu beau le questionner, il est resté muet. Qui est momentanément empêché de parler par un sentiment violent : Être muet d'admiration. Se dit d'un sentiment qui ne se manifeste pas par des paroles : Une douleur muette. Qui ne parle pas de quelque chose, n'en fait pas mention : La loi est muette sur ce sujet. Qui ne comporte pas les indications habituellement contenues : Carte de géographie muette. Se dit au théâtre d'un acteur qui n'a pas de texte à dire, d'une scène ou d'une action sans paroles. Se dit d'une unité graphique non prononcée (par exemple le h dans théâtre, le t dans fort, le l dans fils). ● muet, muette (citations) adjectif Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 La bêtise a deux manières d'être : elle se tait ou elle parle. La bêtise muette est supportable. Pierrette muet, muette (expressions) adjectif Cinéma muet ou muet (nom masculin), période de l'histoire du cinéma où l'on ne savait réaliser que des films muets. (Le dialogue était donné par des intertitres. Ces films étaient projetés avec accompagnement musical, par orchestre dans les grandes salles, par pianiste dans les salles modestes.) E muet, voyelle transcrite par [ə] et dont la chute et le maintien sont régis en français par des règles complexes. (Par exemple [ə] est maintenu dans la prononciation afin d'éviter une succession de trois consonnes, comme dans justement.) Être muet comme une carpe, comme une tombe, garder un silence complet. Film muet, film ne comportant pas de bande sonore. ● muet, muette (homonymes) adjectif muer verbemuet, muette (synonymes) adjectif Qui refuse de parler, qui s'abstient volontairement de répondre
Synonymes :
- coi
- interdit
- interloqué
Qui ne parle pas de quelque chose, n'en fait pas mention
Synonymes :
- silencieux
E muet
Synonymes :
- e caduc
- e latent
Film muet
Contraires :
- parlant

⇒MUETTE, subst. fém.
CHASSE
A.— ,,Gîte où le lièvre a fait ses petits`` (LITTRÉ).
B.— Pavillon où étaient logés les chiens de meute, l'équipage de chasse, les officiers de la vénerie (d'apr. DUCHARTRE 1973).
C.— Pavillon qui servait de rendez-vous de chasse. (Dict. XIXe et XXe s.).
Prononc. et Orth. :[], []. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. 1387-89 muete « gîte du lièvre » (GASTON PHÉBUS, Livre de chasse, 6, 33, éd. G. Tilander, p. 79); 2. 1556-57 « pavillon où se trouvent la meute des chiens, les personnes qui les soignent et les officiers de la vénerie » (Compte premier de Jean Durant, trésorier ds HAVARD); 3. 1835 « pavillon qui sert de rendez-vous de chasse » (Ac.). Anc. graphie de meute, qui s'est maintenue dans le vocab. cynégétique et dans le nom de l'ancien château de la Muette, dans le bois de Boulogne (BL.-W.1-5; TILANDER Essais, pp. 36-39; FEW t. 6, 3, p. 171a, note 3). Bbg. Archit. 1972, p. 218.

muet, muette [mɥɛ, mɥɛt] adj. et n.
ÉTYM. XIIe; dimin. de l'anc. franç. mu, du lat. mutus, éliminé au XVIe et resté seulement dans la loc. rage mue.
———
I Adj.
1 Qui est privé de l'usage de la parole. Mutité. || Il est muet de naissance. || Un enfant sourd et muet. Sourd-muet (→ 1. Gens, cit. 2). — ☑ Allus. littér. || « Voilà justement ce qui fait que votre fille est muette » (→ cit. 1, ci-dessous), phrase que l'on rappelle pour se moquer d'une explication verbeuse et incohérente.
1 (…) une certaine malignité, qui est causée (…) par l'âcreté des humeurs engendrées dans la concavité du diaphragme, il arrive que ces vapeurs (…) Ossabandus, nequeys, nequer, potarinum, quipsa milus. Voilà justement ce qui fait que votre fille est muette.
Molière, le Médecin malgré lui, II, 4.
2 Elle devient sourde, puis muette; et puis, après six mois de mutisme absolu, de surdité complète, tout à coup l'ouïe et la parole lui reviennent.
Balzac, l'Initié, Pl., t. VII, p. 352.
Par anal. (Animaux). Qui n'a naturellement pas de cri. || Les poissons sont muets.
(Choses). Qui ne produit (par nature) aucun son. || Horloge (cit. 3) sonnante et horloge muette.
Mus. || Clavier muet : clavier silencieux sur lequel on s'exerce sans produire de son.
(1929). || Cinéma, film muet, qui ne comporte pas l'enregistrement ni la reproduction de la parole, du son. || « C'était au temps où Bruxelles rêvait, c'était au temps du cinéma muet… », refrain de J. Brel (Bruxelles).N. m. Le cinéma muet. || Le muet et le parlant. || Au temps du muet. || Vedette du muet.
3 Les films parlants n'ont pas tenu les promesses du muet. Hollywood piétine dans de vieilles ornières.
Sartre, Situations III, p. 123.
2 Qui, sous l'effet d'une émotion violente, d'un sentiment vif, est momentanément incapable de parler, de s'exprimer. || Être muet d'admiration, d'étonnement, de peur, de terreur, de stupeur. || En rester muet. Coi (cf. En perdre la parole; demeurer sans voix). || Il reste muet, foudroyé (cit. 9), frappé de stupeur. || Confus et muet (→ 1. Être, cit. 82).
4 L'étonnement rendit muet le jeune prisonnier, qui ne pouvait comprendre un tel langage (…)
A. de Vigny, Cinq-Mars, XXV.
5 Près d'elle, il devenait muet, incapable de rien dire et même de penser (…)
Maupassant, Clair de lune, « L'enfant ».
6 (…) Christophe, hors de lui, lui cracha au visage. Ce fut une affaire épouvantable. L'outrage était inouï; l'oncle en resta d'abord muet de saisissement; puis la parole lui revint, avec un torrent d'injures.
R. Rolland, Jean-Christophe, Le matin, I, p. 119.
3 Qui s'abstient de parler, de répondre aux questions (soit de manière habituelle, soit dans une circonstance particulière). Silencieux, taciturne; mutisme. || Il, elle, reste muet, muette pendant des heures (cf. Ne pas dire un mot, pas un traître mot; ne pas souffler mot; avoir, mettre sa langue dans la poche; être peu causant; on ne peut en tirer un mot, lui arracher une parole…). — ☑ Muet comme un poisson, comme une carpe (1. Carpe, cit. 3), comme les pierres, comme une statue, comme la tombe… || Insurgés attentifs, muets, prêts à faire feu (1. Feu, cit. 50; et → aussi Farouche, cit. 9; heaume, cit. 1).Vx. || Muet à… : qui garde le silence devant…, ne répond pas à… || Muet à mes soupirs (Racine).
7 (…) J'ai promis que je ne dirais rien
— Suffit. — Dès à présent je suis muet. — Fort bien.
Molière, le Dépit amoureux, II, 6.
8 (…) je veux savoir si tu es capable de garder un secret (…) — Oh ! cousine, je serai muette (…) — Comme un poisson ? — Comme un poisson ! (…)
Balzac, la Cousine Bette, Pl., t. VI, p. 168.
9 Muet, aveugle et sourd au cri des créatures,
Si le Ciel nous laissa comme un monde avorté,
Le juste opposera le dédain à l'absence
Et ne répondra plus que par un froid silence
Au silence éternel de la Divinité.
A. de Vigny, Poèmes philosophiques, « Mont des Oliviers », Le silence.
10 Disposé à recevoir la Nathalie d'autrefois, bavarde, étourdie, poudrée, toujours prête à rire ou à crier (…) il ne s'attendait pas au malaise qu'il éprouva en l'apercevant, n'osant approcher, déconcerté par cette femme immobile, muette, hautaine (…) qui avait des yeux fixes, un visage inerte (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 159.
Par métaphore. || « L'univers muet » (→ Aveuglement, cit. 9, Pascal).Par métonymie. || Réunion muette, où les participants restent sans parler (→ Convier, cit. 3). || Stoïcisme muet (→ Avaler, cit. 10).
4 (Sentiments, comportements). Qui s'exprime, ou exprime qqch. sans utiliser la parole. || « Les larmes (cit. 1) sont le langage muet de la douleur ». || Muette protestation (→ Impuissant, cit. 18). || De muets reproches. — ☑ Loc. (vx). Les muets interprètes (cit. 9).
11 Caché près de ces lieux, je vous verrai, madame (…)
(…) Vous n'aurez point pour moi de langages secrets :
J'entendrai des regards que vous croirez muets.
Racine, Britannicus, II, 3.
12 Il y avait dans la prunelle d'Ebenezer la muette adoration du désespoir.
Hugo, les Travailleurs de la mer, III, III, II.
Jeu muet, par lequel un acteur joue le rôle de son personnage sans parler, par les gestes, la mimique. || Le jeu muet d'un mime. || Scène muette. || Les ballets (cit. 1), qui sont des comédies muettes. || Pièce muette. Mimodrame (cit. 2).
5 Qui se trouve réduit au silence; qui n'a rien à dire, n'a pas la parole. || Corps législatif muet (→ Enchaîner, cit. 10). || Le peuple muet, sans parole et sans pensée (→ Incapable, cit. 12). → Bâillonner, museler.
Personnages muets : au théâtre, Personnages dont la présence est requise dans une pièce, une scène, mais qui n'ont rien à y dire. || Figurant muet. Comparse.Par ext. || Rôle muet : rôle de pure figuration, sans texte.
(Sentiments). Qui est tu ( Taire), reste inexprimé. || Douleur muette. || Joie muette (→ Compter, cit. 39). || Désespoir muet (→ Finir, cit. 6).
13 Les grandes douleurs sont muettes.
N. T. Barthe, les Fausses Infidélités, 17 (1768).
14 Le commencement du repas fut silencieux; les grands appétits sont muets comme les grandes passions !
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, II.
6 (Choses). Qui ne donne pas les indications (qu'on pourrait en attendre). || Le règlement est muet sur ce point, n'aborde pas cette question, ne fournit aucun renseignement.
15 (…) je ne puis consulter que ma mémoire, pleine de ses chefs-d'œuvre, mais muette sur sa vie.
P.-L. Courier, Éloge de Buffon.
7 (Choses). Qui ne fait entendre, ne produit aucun son (inhabituellement, exceptionnellement). Silencieux. || Le bourdon (cit. 4) de Notre-Dame, muet depuis dix ans. || Les cloches restent muettes du jeudi saint au jour de Pâques. || Tout était muet, tout semblait mort (→ Carillonner, cit. 1).D'où ne provient aucun bruit; où l'on n'entend aucun bruit. || Bâtisse (→ Guinder, cit. 16), église muette (→ Labial, cit. 1). || Maison (→ Associer, cit. 23), rue muette (→ Endormir, cit. 35). || « Les grands pays muets longuement (cit. 4, Vigny) s'étendront ».
16 Tout se tait. Le désert est muet, vaste et nu.
L'œil ne voit sous les cieux que l'espace sans borne.
Hugo, les Châtiments, VII, VIII, II.
8 Qui se fait sans bruit. || Bête, qui saute d'un bond muet (→ Cantharide, cit.).
9 (1673). Qui ne se fait pas entendre dans la prononciation. || Lettre muette. || S final dans corps est une lettre muette.E (cit. 1) muet. || H muet. || Syllabe muette, terminée par un e muet.
10 Qui ne contient ou n'utilise aucun signe écrit. || Carte muette. Carte (supra cit. 3). || Médaille muette, sans inscription.Clavier muet d'une machine à écrire, dont les touches ne portent pas l'indication des lettres.
11 Math. || Lettre, variable muette; indice muet : lettre, variable, indice qui, figurant dans un assemblage, ne figure pas nécessairement dans une autre écriture du même assemblage. Syn. : lié (opposé à libre). || Symbole rendant muettes certaines lettres d'un assemblage. Mutificateur, mutifiant.
———
II N.
1 Personne privée de l'usage de la parole. || Un muet, une muette. || Les muets parlent par gestes (1. Geste, cit. 1) et par signes. || Dactylologie, dactylophasie utilisée par les muets. || Rééducation d'un muet. || Les sourds et muets de naissance. Sourd-muet (→ Art, cit. 35). || « La langue des muets sera déliée » (→ Boiteux, cit. 1, Bible).
17 Après qu'ils furent sortis, on lui présenta un homme muet, possédé du démon. Le démon ayant été chassé, le muet parla, et le peuple en fut dans l'admiration (…)
Bible (Sacy), Évangile selon saint Matthieu, IX, 32, 33.
18 (…) c'est un moine espagnol qui, le premier, au seizième siècle, a deviné et essayé cette tâche, crue alors impossible, d'apprendre aux muets à parler sans parole.
A. de Musset, Contes, « Pierre et Camille », I.
19 (…) il répond de travers, comme un sot ou il ne répond pas, comme un sourd ou bien il répond par des signes, comme un muet.
M. Jouhandeau, Chaminadour, « Un jésuite ».
Par ext. → 1. Grave, cit. 9.
2 N. m. Anciennt. Serviteur des anciens sultans ottomans qui devait s'exprimer seulement par signes et qui était chargé d'étrangler avec un lacet les personnes dont le souverain voulait se débarrasser. || Les muets du sérail.
20 Que la main des muets s'arme pour son supplice.
Qu'ils viennent préparer ces nœuds infortunés
Par qui de ses pareils les jours sont terminés.
Racine, Bajazet, IV, 5.
21 Les muets bigarrés armés du noir cordon.
Hugo, les Orientales, VII.
3 N. f.Loc. fig. La grande muette : l'armée (ainsi appelée parce qu'elle n'avait pas le pouvoir d'exprimer son opinion, le droit de vote étant naguère refusé aux militaires).
4 N. f. Argot. (Vieilli). || La muette : la conscience.
21.1 Le silence et la nuit s'étendaient librement. Des voix rauques sortaient des ténèbres, des mains vous agrippaient. Enfin quand d'un débit de vin, la silhouette bourrue d'un type au dos voûté traversait la zone de lumière qui, subitement s'éteignait, je comprenais en lui emboîtant le pas pourquoi, dans l'argot des « larrons » et des « murdriers », la conscience a pour nom la muette.
Francis Carco, Nostalgie de Paris, p. 61.
Loc. À la muette : sans parler, sans faire de bruit. Silencieusement.
22 Le lendemain, César et Massot s'en allèrent dans le marais. Ils y restèrent tout le jour à patauger à la muette et à fouiller comme des rats.
J. Giono, Jean le Bleu, VII.
CONTR. Babillard, bavard, parlant.
DÉR. Muettement.
COMP. Sourd-muet.
HOM. Muette; formes du v. muer.
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muette [mɥɛt] n. f.
ÉTYM. XVe, mueta, Du Cange; « gîte du lièvre », v. 1387; anc. orth. meute; mot conservé aussi dans le nom du château de la Muette au bois de Boulogne, d'où quartier de la Muette à Paris (XVIe arr.).
Vx. Petite maison qui servait de logis aux chiens de meute.Pavillon qui servait de rendez-vous de chasse.
HOM. Muette (fém. de muet).

Encyclopédie Universelle. 2012.