invoquer [ ɛ̃vɔke ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1397; lat. invocare
1 ♦ Appeler à l'aide par des prières. ⇒ conjurer, prier. Invoquer Dieu. « une image de saint qu'on peut invoquer à l'heure du danger » (Gautier). Invoquer les Muses. — Par ext. Implorer, réclamer. Invoquer le secours, la clémence d'un roi.
2 ♦ Faire appel, avoir recours à. Invoquer une loi, le témoignage d'un ami. « ils n'invoquaient que les textes, les vieux livres » (Michelet). Invoquer contre qqn une autorité supérieure. — Invoquer un précédent. Arguments invoqués à l'appui d'une thèse. « ne m'est-il pas permis d'invoquer une circonstance atténuante ? » (Pasteur).
● invoquer verbe transitif (latin invocare, de vocare, appeler) Appeler une puissance surnaturelle à son aide par des prières : Invoquer Dieu, les saints, la Vierge. Solliciter de quelqu'un de plus puissant, par des prières, une aide, l'expression d'un sentiment : Invoquer l'aide de ses alliés. Donner quelque chose comme argument, comme justification pour quelque chose ou quelqu'un : Invoquer un prétexte pour ne pas venir. ● invoquer (difficultés) verbe transitif (latin invocare, de vocare, appeler) Sens Ne pas confondre ces deux verbes. 1. Évoquer = rappeler au souvenir, faire penser à. Nous avons longuement évoqué le passé ; ce nom ne m'évoque rien. 2. Invoquer = appeler à son secours par une prière ; citer en sa faveur. Invoquer les saints ; l'argument que vous invoquez n'est guère convaincant. ● invoquer (synonymes) verbe transitif (latin invocare, de vocare, appeler) Appeler une puissance surnaturelle à son aide par des prières
Synonymes :
- adjurer
- conjurer
Solliciter de quelqu'un de plus puissant, par des prières, une...
Synonymes :
- implorer
Donner quelque chose comme argument, comme justification pour quelque chose ou quelqu'un
Synonymes :
- alléguer
- arguer
- mettre en avant
- produire
invoquer
v. tr.
d1./d Appeler à son secours (Dieu, un saint, une puissance surnaturelle).
d2./d Fig. En appeler à, recourir à. Invoquer de mauvais arguments.
⇒INVOQUER, verbe trans.
A. — Qqn invoque qqn/qqc.
1. [L'obj. désigne Dieu, une puissance divine ou surnaturelle, un saint] Appeler à l'aide par des prières. Invoquer la Vierge Marie; invoquer Jupiter. Les capitaines et les routiers du parti français (...) l'invoquaient [sainte Catherine] préférablement à toute autre (FRANCE, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 260). Elle jetait des regards aveugles autour d'elle, dans les moments où elle invoquait le ciel et la terre, où elle les prenait à témoin de son infortune (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1939, p. 135) :
• 1. Le Pontife commence par invoquer l'assistance divine. Il ôte sa mitre et appelle sur l'ordinand la bénédiction du ciel : « Ô Dieu, (...) c'est à vous de répandre sur ce nouveau serviteur que je viens d'élever à l'honneur de la prêtrise le secours de votre bénédiction... »
BILLY, Introïbo, 1939, p. 147.
a) En partic. Invoquer le nom de Dieu, du Seigneur. Confesser la gloire de Dieu, l'adorer et l'implorer, en faisant un acte de religion. Énos commença d'invoquer le nom du Seigneur (Ac.).
b) P. anal., littér. [Le suj. désigne un poète] Invoquer la muse, les muses. Implorer la muse, les muses, afin d'obtenir l'inspiration :
• 2. Le poëte commence par invoquer la muse qui doit l'inspirer, et l'invite à chanter la foudre étincelante qui fit accoucher Sémelé au milieu des feux et des éclairs...
DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 152.
2. P. ext. Faire appel à, réclamer. Synon. implorer, demander. Invoquer l'appui d'un ami, la clémence du bourreau :
• 3. ... en novembre 1944, j'approuve la proposition du garde des sceaux tendant à accorder à M. Maurice Thorez, condamné pour désertion cinq ans plus tôt, le bénéfice de la grâce amnistiante (...). Il y a beau temps, d'ailleurs, qu'à son sujet et des côtés les plus divers on invoque mon indulgence.
DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 100.
— Qqn invoque qqn contre qqc. ou qqn :
• 4. Sire, (...) ce sont (...) les cris perçants que m'arrache le meurtre de mon maître, exécuté à mes yeux. Sire, (...) j'en appelle à votre intercession; c'est contre l'homicide que je vous invoque.
LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 593.
B. — Au fig. Qqn invoque qqc. (moins souvent qqn). Mettre en avant (quelque chose, quelqu'un qui sert d'appui ou d'excuse). Synon. alléguer, arguer de. Invoquer des arguments, une excuse, un précédent, un prétexte, une loi, un texte. Gérard essaya la toilette des grands jours, et, contre son habitude, il sortit seul, en invoquant un dîner en ville (CHAMPFL., Avent. Mlle Mariette, 1853, p. 17). Sans alléguer mon incompétence, — certaines choses se peuvent apprendre, — j'invoquerai deux objections essentielles (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. XV) :
• 5. ... il se hasardait à dire (...) des auteurs les plus invoqués dans l'école : « Ce sont eux (...) qui ont ravagé la vraie théologie... »
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 323.
— Invoquer qqc. contre qqc. ou qqn. Quoique leur existence [des guerres] ait été souvent invoquée contre la doctrine historique sur la décadence continue de l'esprit militaire (COMTE, Philos. posit., t. 5, 1839-42, p. 502). L'autre jour vous avez invoqué contre moi le personnel des ministères que les Dubardeau ont dirigés (GIRAUDOUX, Bella, 1926, p. 92). L'homme n'invoque l'égalité que contre ceux dont il est jaloux; l'homme suit son intérêt, son plaisir, ses passions (ALAIN, Propos, 1935, p. 1258).
REM. 1. Invocant, -ante, invoquant, -ante, part. prés., adj. et subst., littér. a) Part. prés. de invoquer. b) Adj. et subst. (Personne) qui invoque. Un marmottage de foi amoureuse, suppliante, invocante (GONCOURT, Mme Gervaisais, 1869, p. 138). Rien ne nous garantit qu'il y ait une communauté réelle entre l'invoquant et l'invoqué (G. MARCEL, Journal, 1922, p. 274). 2. Invoqué, -ée, part. passé de invoquer. En emploi subst. Personne qui est invoquée. Voir G. MARCEL, loc. cit.
Prononc. et Orth. : [], (il) invoque []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Av. 1473 (JUV. DES URSINS, Ch. VI, an 1397 ds GDF. Compl. : invoquant ... la grace de Dieu); b) 1609 (M. RÉGNIER, Satire XI, éd. G. Raybaud, p. 136 : O Muse, je t'invoque! emmielle moy le bec); 2. 1536 « demander le secours de quelqu'un » (G. CHRÉTIEN, Philalethes sur les Erreurs anat. ds FEW t. 4, p. 804 a); 3. 1752 « citer (une autorité, une preuve, une référence) en sa faveur » terme de procédure (Trév.). Empr. au lat. invocare « appeler, appeler au secours; invoquer les dieux; les prendre à témoin, invoquer leur témoignage » ces accept. étant bien attestées en lat. chrét.; cf. la forme plus adaptée a. fr. envochier (1re moitié XIIe s. Ps. d'Oxford, XIII, 9 ds T.-L.). Fréq. abs. littér. : 1 585. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 525, b) 1 927; XXe s. : a) 2 140, b) 2 262. Bbg. GOHIN 1903, p. 337.
invoquer [ɛ̃vɔke] v. tr.
ÉTYM. 1397 (av. 1473, Juvénal des Ursins, in T. L. F.); envochier, v. 1120; lat. invocare, de in-, et vocare « appeler », de vox, vocis « voix » (→ Voix; évoquer).
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1 Appeler (une puissance supérieure) à l'aide par des prières. ⇒ Appeler, conjurer, crier (à, vers), prier. || Invoquer Dieu, l'Éternel (→ Abîme, cit. 1; cas, cit. 8; consolateur, cit. 2). || Invoquer Mahomet (→ 1. Franc, cit. 4). || Invoquer les idoles (cit. 1), les fétiches (cit. 2). — Spécialt. || Exorciste (cit. 1) qui invoque le nom du Seigneur sur des possédés, qui appelle le secours de Dieu en glorifiant son nom par des invocations.
1 Il (…) invoque Neptune (pour) qu'il tourmente Ulysse (…)
Racine, Remarques sur l'Odyssée, IX.
2 Mais, seule sur la proue, invoquant les étoiles (…)
André Chénier, Bucoliques, XXI, 1.
3 (…) personne ne croit moins à Satan que les sorciers qui feignent de l'invoquer à tout propos.
G. Sand, la Petite Fadette, XXV.
4 Il paraissait plutôt sourire avec une bonté tranquille et protectrice, comme une image de saint qu'on peut invoquer à l'heure du danger.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, t. II, XVI.
5 (…) il fit le geste du serment, invoquant ses marabouts familiers (…)
G. Duhamel, Salavin, VI, VI.
2 (1536). Implorer, réclamer (une aide). || Invoquer le secours d'un allié, la clémence d'un roi (→ Députation, cit. 2). — Vx. (Compl. n. de personne). || « C'est contre l'homicide que je vous invoque » (Las Cases, Mémorial, in T. L. F.).
3 (1752). Fig. Faire appel, avoir recours à (qqch.). ⇒ Appeler (en appeler à), citer. || Invoquer une loi, des principes (→ Brave, cit. 11). || Invoquer le témoignage de qqn. ⇒ Attester, cause (mettre en), produire, témoin (prendre à). || Invoquer contre qqn une autorité (cit. 44) supérieure (→ Inconséquence, cit. 9). — Compl. n. de personne. || Invoquer un auteur, une autorité, qqn. — Invoquer un précédent, des expériences. ⇒ Alléguer, arguer; → Hérédité, cit. 13. || Invoquer des raisons, des prétextes. || Il invoquait les avantages de cet hôtel (cit. 7) pour faire venir la clientèle.
6 La jeune prêtresse invoque les serments qu'elle a prononcés, sa religion qui l'enchaîne, et sa famille et sa patrie : hélas ! c'est le dernier cri de la vertu qui succombe !
Th. Gautier, Souvenirs de théâtre…, p. 157.
7 Légistes et théologiens, ils n'invoquaient que les textes, les vieux livres; à chaque citation contestée, ils allaient chercher leurs livres (…)
Michelet, Hist. de la Révolution franç., III, IX.
8 Le peuple a entendu tant de fois invoquer la loi par ceux qui voulaient le mettre sous le joug qu'il se méfie de ce langage.
9 (…) comment jugerait-on un monsieur qui, les cartes distribuées, quitterait la table en invoquant un scrupule ?
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, I, p. 12.
10 (…) ne m'est-il pas permis d'invoquer une circonstance atténuante ?
Pasteur, cité par Henri Mondor, Pasteur, VI, p. 103.
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invoqué, ée p. p. adj.
♦ Divinités, puissances invoquées. — Arguments (cit. 8), faits invoqués à l'appui d'une thèse (→ Artisanat, cit. 3).
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DÉR. Invoquant. V. Invocateur, invocation, invocatoire.
Encyclopédie Universelle. 2012.