prune [ pryn ] n. f. et adj. inv.
• 1265; lat. pruna, de prunum
1 ♦ Fruit du prunier, de forme ronde ou allongée, à peau fine, de couleur variable, à chair juteuse, sucrée, agréable au goût. ⇒ mirabelle, quetsche, reine-claude. La prune est une drupe à noyau. Prune d'Agen, prune de Monsieur, prune d'ente. Prune sauvage. ⇒ 1. prunelle. Tarte aux prunes. Confiture de prunes. Prune séchée. ⇒ pruneau. Prunes à l'eau-de-vie. — Eau-de-vie de prune. Ellipt Une vieille prune. Un petit verre de prune.
♢ Loc. fam. POUR DES PRUNES : pour rien (en parlant d'une action, d'un travail inutile). Je me suis dérangé pour des prunes. « Danton n'était pas éloquent pour des prunes » (Céline).
2 ♦ Adj. inv. (v. 1780) D'une couleur violet foncé rappelant celle de certaines prunes. « Une robe prune si foncée qu'elle paraissait noire » (Huysmans).
3 ♦ Fam. Contravention.
● prune nom féminin (latin populaire pruna, du latin classique prunum) Fruit du prunier, drupe dont on consomme le péricarpe charnu qui entoure le noyau. (Les principales variétés de prunes sont la reine-claude, la prune d'Agen, ou prune d'ente, la mirabelle, la quetsche.) Populaire. Coup. Eau-de-vie obtenue par distillation des prunes. ● prune (expressions) nom féminin (latin populaire pruna, du latin classique prunum) Familier. Des prunes !, exprime une fin de non-recevoir à une demande excessive. Familier. Pour des prunes, en vain, inutilement, sans rémunération. ● prune adjectif invariable et nom masculin Couleur violet foncé.
prune
n. f. et adj. inv.
|| Prune mombin: fruit comestible du mombin.
— Prune de brousse ou de mer: fruit comestible du ximénia.
— Prune icaque: icaque.
d2./d adj. inv. Couleur violet sombre tirant sur le rouge.
⇒PRUNE, subst. fém.
Fruit du prunier.
A.— Fruit d'été comprenant de nombreuses variétés, plus ou moins gros, sphérique ou ovoïde, à noyau, de couleur variable (le plus souvent violette, jaune ou verte), à la chair juteuse, agréable, que l'on consomme frais, cuit ou séché. Prune abricotée; prune d'Agen ou d'ente, de Damas, (de) (la) reine-claude; odeur de prune; prunes à l'eau-de-vie; confiture de prunes; tarte aux prunes. Il faisait très beau, tous les vergers étaient pleins de fruits : pommes, poires, prunes, qui se penchaient aux branches par-dessus les haies (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 370). [Les délicats] n'ont que l'embarras du choix : les reines-Claude (...), la prune de Monsieur (le frère de Louis XIV), la mirabelle, la quetsche (Ac. Gastr. 1962) :
• Un soir de septembre, elles allèrent au jardin. Un parfum de coings et de feux d'herbes traînait dans les venelles. Une prune bleue tombait sur les tuiles, roulait parmi les orties.
POURRAT, Gaspard, 1930, p. 121.
— P. méton. Eau-de-vie obtenue à partir de ce fruit; verre d'eau-de-vie de ce fruit. Il allait acheter son tabac à la Petite Civette, rue des Poissonniers, où il prenait généralement une prune (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 516). De son petit panier, il tire un litre. C'est un mélange, à sa façon, de prune et de marc, vieux de trois ans (RENARD, Journal, 1901, p. 668).
B.— [P. réf. à la prune violette et, plus partic., à la prune de Monsieur] Empl. adj. inv., en appos. couleur (ou bleu, violet...) prune, ou p. ell., prune. D'un violet tirant sur le bordeaux. Soie, velours prune. Toilette de promenade couleur prune (MALLARMÉ, Dern. mode, 1874, p. 796). Comme était Gilbert le Mauvais dans le vitrail où il passait du vert chou au bleu prune (PROUST, Swann, 1913, P. 171). Elle porte depuis longtemps cette bonne robe prune, rayée de mauve et de bleu (FAURE, Hist. art, 1921, p. 118).
— [Sous la forme prune de monsieur, prune-de-Monsieur] Précipité d'un fort beau violet ou pourpre presque prune de monsieur (BERTHOLLET, Art teint., t. 2, 1804, p. 295). Longue redingote kaki, chaudron ou prune-de-Monsieur (TOULET, Notes art, 1920, p. 24).
— Empl. subst. masc. La nuance connue sous le nom de prune de monsieur (BERTHOLLET, Art teint., t. 2, 1804 p. 330). Mordoré qui tourne progressivement au prune (GREEN, Journal, 1937, p. 110).
C.— Loc. et expr. fam. ou pop.
♦ Aux prunes (vieilli). L'été dernier ou l'été prochain. Pour ce qui est de mon âge, je vais avoir quarante-cinq ans... aux prunes (FEUILLET, Scènes et com., 1854, p. 55).
♦ Viennent les prunes (vieilli). L'été prochain. J'ai vingt-deux ans, viennent les prunes (MONSELET, Poés., 1880, p. 161).
♦ Pour des prunes. Pour rien. Je lui pardonne, je ne suis pas chrétien pour des prunes (BALZAC, Corresp., 1819, p. 49). Si j'ai fait mettre le téléphone dans toutes les pièces, ce n'est quand même pas pour des prunes (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 16).
♦ [Sous une forme exclam., pour indiquer une fin de non-recevoir à une demande] Des prunes! Synon. des clous! des guignes! Voir CARABELLI, [Lang. pop.], s.d.
♦ Rare. [Dans un empl. hypocor., pour désigner qqn] La Gouvernante; Remets ta chemise, ma prune, ma sorbe. Il fait froid (AUDIBERTI, Mal court, 1947, II, p. 164).
D.— P. anal., pop.
1. Coup, horion. Synon. pêche. Le policier cogna [le Nantais (...)] deux fois, très vite. Le Nantais eut un réflexe pour se lever. Une prune au foie le courba, mains au ventre (LE BRETON, Razzia, 1954, p. 106).
2. Balle d'arme à feu, plus particulièrement de fusil. Synon. pruneau. Le coup part, la balle ricoche, et le chamois tombe sans savoir d'où lui vient cette prune (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 394).
3. Au plur. ,,Testicules`` (FRANCE 1907).
REM. Prunelée, subst. fém. Confiture de prunes. (Dict. XIXe et XXe s.).
Prononc. et Orth. :[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Fin XIIe s. « fruit du prunier » (Audigier, éd. O. Jodogne, 51); 1846 prune à l'eau-de-vie (BALZAC, Cous. Bette, p. 337); 1877 une prune « un verre d'eau-de-vie faite avec des prunes » (ZOLA, loc. cit.); 1904 eau de vie de prunes (Nouv. Lar. ill.); b) 1733 couleur prune (Inventaire après décès du Chevalier Roze, éd. Arnaud d'Agnel, p. 9); c) loc. 2e moit. XIIe s. ne preisier une prune « n'avoir aucune estime pour » (Sermons Oyez, 1295 ds MÖHREN Négation, p. 207); ca 1202 ne pas doner une prune « n'attribuer aucune valeur » (Renart, éd. M. Roques, 16318); 1er quart XIIIe s. ne valoir une prune « ne rien valoir » (RECLUS DE MOLLIENS, Miserere ds MÖHREN, loc. cit.); 1507-08 pour des prunes « pour peu de choses; pour un maigre bénéfice » (ELOY D'AMERVAL, Le Livre de la Deablerie, éd. Ch. Fr. Ward, 123a); 1730-65 viennent les prunes « l'été prochain » (CAYLUS, Œuvres badines, t. 10, p. 529); 1848 aux prunes (Th. GAUTIER, Hist. art dram., V, p. 270 ds QUEM. DDL t. 2); 2. a) 1er tiers XIVe s. [date du ms.] « coup » (Renart Contrefait, éd. G. Raynaud et H. Lemaître, II, p. 243, var. ms. A); 1364 « coup de poing » (Miracles N.D., XXII, 1635, éd. G. Paris et U. Robert, t. 3, p. 366); b) 1650 « balle de fusil, d'arme à feu » (d'apr. ESN.). Du lat. pruna, plur. neutre de prunum « prune, prunelle », empl. comme subst. fém. en lat. pop.; cf. a. fr. beloce « prune sauvage » (XIIIe s. ds T.-L. et GDF. Compl.), issu du lat. de basse époque bulluca, d'orig. celt., qui survit dans certains parlers du Nord et de l'Est de la France (v. FEW t. 1, p. 624a et t. 9, p. 496b). Fréq. abs. littér. :255. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 149, b) 468; XXe s. : a) 508, b) 399. Bbg. CRONENBERG (A.). Die Bezeichnung des Schlehdorns im Galloromanischen. Jena und Leipzig, 1937, pp. 51-62, 70-74. — LOMMATZSCH (E.). Blumen und Früchte im altfrz. Wörterbuch. Z. fr. Spr. Lit. 1966, t. 76, pp. 333-334.
prune [pʀyn] n. f. et adj.
ÉTYM. XIIIe; du lat. pruna, plur. neutre de prunum, employé comme subst. fém. en lat. pop.
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1 Fruit du prunier (cit. 1), de forme ronde ou allongée, à peau fine, très glabre, à chair (cit. 65) juteuse, sucrée, agréable au goût. || La prune est une drupe. || Les prunes ont des couleurs allant du jaune et du brun au rouge violacé. || Parfum des prunes (→ Léger, cit. 12). || Variétés de prunes. ⇒ Agrume (2.), ente (d'ente ou d'Agen), impériale, madeleine (2.), mignonne (II., 4.), mirabelle, perdrigon, quetsche, reine-claude. || Prune de Monsieur, prune précoce de Tours. || Tarte aux prunes. || Confiture de prunes. || Prunes séchées. ⇒ Pruneau. || Prunes confites pour la pâtisserie. || Prunes à l'eau-de-vie (→ aussi Faire, cit. 89). — Prune sauvage. ⇒ Prunelle. — Eau-de-vie de prunes. Ellipt. (1877, Zola.) || De la prune. || Un petit verre de prune.
1 (…) les prunes transparentes montraient des douceurs chlorotiques de vierge; les reine-Claude, les prunes de monsieur, étaient pâlies d'une fleur d'innocence; les mirabelles s'égrenaient comme les perles d'or d'un rosaire, oublié dans une boîte avec des bâtons de vanille.
Zola, le Ventre de Paris, V, t. II, p. 99-100.
➪ tableau Noms de fruits.
♦ ☑ Loc. fam. : (1848; Gautier). Aux prunes : l'été prochain ou passé. || Il a eu seize ans aux prunes. — ☑ (1630). Fam. Pour des prunes (en parlant d'une action, d'un travail… inutile). || Je ne veux pas me déranger pour des prunes, pour rien. — ☑ Vieilli. Des prunes !, réponse ironique ou négative à une demande jugée excessive ou déplacée (cf. pop. Des clous, des nèfles, la peau…).
2 (…) mais ce le, où elle s'arrête, n'est pas mis pour des prunes.
Molière, Critique de l'École des femmes, 3.
3 Danton n'était pas éloquent pour des prunes. Par quelques coups de gueule si bien sentis qu'on les entend encore, il vous l'a mobilisé en un tour de main, le bon peuple !
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 68.
2 (1803). Par ext. (Qualifié). Nom donné aux fruits d'arbres autres que le prunier. || Prune de coco, de coton. ⇒ Icaque.
3 Adj. invar. (V. 1780). D'une couleur violet foncé rappelant celle de certaines prunes. || Étoffe, manteau prune.
4 (…) elle portait (…) une robe prune si foncée qu'elle paraissait noire (…)
Huysmans, Là-bas, XIII.
➪ tableau Désignations de couleurs.
5 D'un élan je me précipite près de Spontinini. Une prune me siffle à l'oreille. Qu'est-ce à dire ? Elle m'arrive de par-derrière.
San-Antonio, Remets ton slip, gondolier !, p. 201.
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DÉR. Pruneau, prunées, 1. prunelle, prunier.
Encyclopédie Universelle. 2012.