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marabout

marabout [ marabu ] n. m.
• 1628; morabuth 1575; port. marabuto, de l'ar. morâbit « moine-soldat »
I
1Pieux ermite, saint de l'islam, dont le tombeau est un lieu de pèlerinage.
Fr. d'Afrique Musulman sage et respecté. Envoûteur, sorcier ( marabouter).
2Par ext. Tombeau d'un marabout. koubba. « la tour carrée d'un minaret, le dôme d'un marabout » (Perec).
IIPar anal.
1(1740; de la forme du tombeau) Vx Bouilloire à ventre large et couvercle en coupole (primitivement importée de Turquie).
Par appos. Tente marabout, de forme conique.
2(1820; de l'attitude du saint en prière) Grand oiseau des marais d'Afrique (ciconiiformes), au plumage gris et blanc, à gros jabot. Le marabout, chasseur et charognard, est un compétiteur du vautour.
Plume de la queue de cet oiseau, utilisée comme parure.

marabout nom masculin (arabe murābiṭ) Dans les pays musulmans, et particulièrement en Afrique, saint local reconnu comme protecteur des moissons et dont le tombeau est l'objet d'un culte populaire. En Afrique, maître d'une confrérie islamique. Objet vénéré comme lié à un marabout. Tombeau d'un marabout. En Algérie, tente de forme ronde, dont l'aspect rappelait les tombeaux des marabouts. Bouilloire en cuivre étamé ou en fer battu, à gros ventre et à couvercle en forme de dôme. Dans le gréement latin, voile de mauvais temps. Grande cigogne des régions chaudes de l'Ancien Monde, à la tête et au cou dépourvus de plumes, au bec fort et épais, et pourvu d'un sac rose, proéminent à la base du cou. (Le marabout niche dans les arbres au voisinage immédiat des villages, se nourrissant de détritus et de charognes.) [Nom usuel philosophe.]

marabout
n. m.
rI./r
d1./d Mystique musulman qui mène une vie contemplative et se livre à l'étude du Coran. Les marabouts sont consultés comme docteurs et interprètes de la loi.
|| (Afr. subsah.) Chef religieux musulman.
Grand marabout: chef suprême d'une confrérie. Le grand marabout de Touba. Syn. khalife général.
|| (Djibouti) Musulman.
d2./d (Afr. subsah.) Jeteur de sorts. Syn. charlatan.
|| Homme connu pour ses pouvoirs de devin et de guérisseur.
d3./d (Maghreb) Monument à coupole blanche élevé sur la tombe d'un marabout (sens I, 1).
d4./d adj. inv. et n. (m. ou f.) (Québec) Se dit d'une personne qui est de mauvaise humeur. Elle s'est levée marabout.
rII./r Grand oiseau ciconiiforme (genre Leptoptilos) d'Asie et d'Afrique, charognard au bec puissant et au cou déplumé enfoncé entre les ailes.

⇒MARABOUT, subst. masc.
I. A. — 1. HIST. Moine-soldat musulman servant dans un couvent fortifié de l'ancien empire arabe. (Dict. XIXe et XXe s.).
2. Pieux musulman vénéré comme un saint de son vivant ou après sa mort. Tedjini n'est plus un saint homme, c'est un saint, et sa maison devient une chapelle. Selon la coutume des marabouts, il a achevé sa vie à côté de son tombeau (FROMENTIN, Été Sahara, 1857, p. 268):
♦ Si certains marabouts sont de simples illuminés, voire des simples d'esprit (...) ou des mendiants gyrovagues déguenillés, d'autres ont exercé une grande influence. Leurs missionnaires ont propagé l'islam en le mettant à la portée des masses, surtout en Afrique noire.
Encyclop. univ. t. 10 1971, p. 472.
P. anal. Sorcier, prêtre d'une religion fétichiste. Cette étrange procession [des révoltés de Saint-Domingue en 1791] était de temps à autre coupée par des détachements hétérogènes (...) de marabouts (HUGO, Bug-Jargal, 1826, p. 178).
P. iron. Il [Léon Schleiter] est beaucoup plus à gauche que son patron, beaucoup plus à gauche que Jaurès et Guesde, ses marabouts (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 99).
B.P. méton.
1. Tombeau à coupole d'un marabout. On montre encore (...) un marabout qui est le tombeau de Bellal. Chaque bon musulman doit en passant y déposer une pierre et réciter une profession de foi (DU CAMP, Nil, 1854, p. 172). Sur la hauteur quelque marabout, peint à la chaux, éblouissant, pareil à un gros décoiffé d'une moitié d'orange (A. DAUDET, Trente ans Paris, 1888, p. 180).
2. P. anal.
a) Bouilloire ventrue à couvercle articulé en forme de coupole. La batterie de cuisine (...) consistait en une cuisinière, un chaudron, un gril, une casserole, deux ou trois marabouts et une poêle à frire (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p. 312).
b) Arg. milit., vieilli. Tente de forme ronde, dans l'armée d'Orient. (Ds DAUZAT, Arg. guerre, 1918, p. 269 et ESN. 1966).
II. — Échassier de grande taille, vivant en Afrique et en Inde, charognard, à la stature presque verticale, à la tête et au cou déplumés, ayant un bec très fort et une poche à la base du cou. Synon. cigogne à sac. Deux marabouts hantaient son toit, claquant du bec au soleil, allongeant gravement leur cou chauve au-dessus de la rue droite et déserte (LOTI, Spahi, 1881, p. 7).
P. méton. Plume de marabout utilisée comme parure. Être coiffé de marabouts; aigrette de marabouts. Un chapeau de femme en gaze verte ombragé de marabouts exubérants (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 473).
III.TEXT. Organsin très fin ayant reçu une forte tension. Le marabout est obtenu par deux moulinages successifs de 3 fils de soie grège très blanche (WURTZ, Dict. chim., 2e Suppl., t. 1, 1892, p. 778).
P. méton. Étoffe formée de cette manière. À la Grande Maison de Blanc les liseuses sont en crêpe satin ouatiné (...). Il y en a même en marabout rose, bleu ou blanc, doublées de crêpe de Chine! (Le Monde, 17 janv. 1952, p. 9, col. 2).
REM. Maraboutage, subst. masc. Apprêt consistant en une forte torsion des soies dans la fabrication des crêpes. (Dict. XIXe et XXe s.).
Prononc. et Orth.: []. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. A. 1. 1560 moabite «dévôt musulman» (G. POSTEL, De la Republique des Turcs, I, p. 57 ds Z. rom. Philol. t. 60, p. 379: un Moabite ou Hermitte à leur mode [en Algérie]); 1575 morabuth (THÉVET, Cosmographie universelle, t. 1, l. 1, chap. 5, f° 10b); 1617 marabou (J. MOCQUET, Voyages en Afrique, Asie..., p. 202 ds Fr. mod. t. 9, p. 138); 1628 marabout (DE BRÈVES, Relation des voyages..., p. 99-100 ibid., t. 17, p. 137); 2. 1743 «bouilloire» (Trév.); 3. a) 1840 «tombeau d'un marabout» (Ac. Compl. 1842); b) 1846 «tente» (Arg. des soldats d'Afrique ds ESN.). B. 1. a) 1820 ornith. «genre d'échassiers» (LAV.); b) 1823 «plume de cet oiseau» (H. DE SAINT-AUBIN, La Dernière fée ou La Nouv. lampe merveilleuse, ch. II, t. I, 30 ds QUEM. DDL t. 16); 2. a) 1845-46 «ruban de gaze» (BESCH. Suppl.); b) 1873 «organsin très fin; étoffe formée de cette matière» (Lar. 19e). Empr. au port. maraboto (1552 ds MACH.), marabuto (1588, ibid.), et celui-ci à l'ar. ( dans la prononc. vulg., à cause du emphatique, v. FEW t. 19, p. 131b et DEVIC; cf. chott), à l'orig. «homme vivant dans un , sorte de couvent fortifié établi aux frontières de l'empire pour la défense de celui-ci contre les infidèles»; plus tard, le caractère relig. du s'accentua, et vint à désigner un homme pieux, un ermite, un saint, et p. ext., s'appliqua au tombeau d'un marabout, puis à tout objet ou animal considéré comme sacré (v. Encyclop. univ. t. 10, pp. 470-472). Au sens A 2, soit en raison de la ressemblance de cette bouilloire avec la silhouette du pieux musulman blotti en prières, les jambes croisées (FEW t. 19, p. 132a, note 1), soit plutôt p. anal. de forme avec le tombeau à coupole d'un marabout. Au sens B 1 a, nom donné à cet oiseau au début du XIXe s. par le naturaliste hollandais Temminck (v. NED, s.v. marabou1), prob. d'apr. le qualificatif mrabt (forme dial. de ) «saint», donné à la cigogne dans des pays arabes (cf. DOZY t. 1, p. 502b, citant Pagni, voyageur ital. du XVIIe s.). Fréq. abs. littér.:134.
DÉR. 1. Maraboutique, adj. [Correspond à supra I] a) Relatif à un marabout. Sidi-Mohammed (...) appartient à une famille maraboutique originaire du Maroc et descendante du prophète (BARRÈS, Scènes et doctr., t. 2, 1902, p. 73). b) Caractéristique du maraboutisme (infra dér. 2). Culte maraboutique. L'Islam (...) s'est transformé suivant les milieux où il s'enracinait: maraboutique en Berbérie, chiite en Perse (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 208). []. 1re attest. 1877 (Gazette des Tribunaux, 5-6 mars, p. 224, 4e col. ds LITTRÉ Suppl.); de marabout, suff. -ique. 2. Maraboutisme, subst. masc. [Correspond à supra I] Courant de l'islam maghrébin et africain caractérisé par le culte des marabouts. Le culte des saints (...) qui caractérise le maraboutisme va d'une conception très spirituelle des rapports de l'homme avec Dieu jusqu'à la thaumaturgie la plus grossière (Encyclop. univ. t. 10 1971, p. 470). []. 1re attest. 1963 (Lar. encyclop.); de marabout, suff. -isme.
BBG. — BOULAN 1934, p. 37, 59. — QUEM. DDL t. 16.

marabout [maʀabu] n. m.
ÉTYM. 1651; morabuth, 1575; port. marabuto; arabe mǔrābǐṭ « attaché à la garde d'un poste frontière », du verbe rābǎṭǎ « camper » (en parlant d'une armée).
tableau Mots français d'origine arabe.
———
I
1 Moine-soldat de l'ancien empire arabe.Pieux ermite, saint de l'islam, dont le tombeau est un lieu de pèlerinage. || Tombeau d'un marabout. Koubba (cit. 2).
1 Il faut un intermédiaire plus humble entre lui (Allah) si grand et elles (les femmes musulmanes) si petites. Cet intermédiaire, c'est le marabout… C'est donc au tombeau du saint, dans la petite chapelle où il est enseveli, que nous trouverons la femme arabe en prière.
Maupassant, la Vie errante, « D'Alger à Tunis », I.
Par anal. (→ Invoquer, cit. 5).
2 Bonaparte tenait à maintenir solidement sa réputation de thaumaturge ou tout au moins de porte-bonheur, — de marabout.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, « Ascension de Bonaparte », XVII.
Franç. d'Afrique. Musulman sage et respecté. || « Les marabouts instruisent les enfants, célèbrent baptêmes, mariages et obsèques, confectionnent des gris-gris » (I. F. A.).
Musulman réputé pour ses pouvoirs magiques; envoûteur, sorcier. Marabouter.
2 (1845, Bescherelle). Tombeau d'un marabout.REM. Dans l'usage français, ce mot a supplanté le mot arabe koubba. Mausolée.
3 (…) ce marabout est un petit cube de plâtre autrefois blanc, devenu jaune, avec une kouba (sic) conique et une saillie dentelée à chaque angle.
E. Fromentin, Un été dans le Sahara, p. 130.
4 Il y avait tout juste près de là un vieux marabout (tombeau de saint) à coupole blanche, avec les grandes pantoufles jaunes du défunt déposées dans une niche au-dessus de la porte, et un fouillis d'ex-voto bizarres (…)
Alphonse Daudet, Tartarin de Tarascon, III, V.
———
II Par anal.
1 (1740, Trévoux; de la forme du tombeau). Vx. Bouilloire à ventre assez large et couvercle articulé en forme de coupole ( Cafetière), primitivement importée de Turquie.
5 (…) la simplicité de la batterie de cuisine qui consistait en une cuisinière, un chaudron, un gril, une casserole, deux ou trois marabouts, et une poêle à frire.
Balzac, le Cousin Pons, Pl., t. VI, p. 789.
Par appos. || Tente marabout : tente conique.
5.1 On vivait pourtant dans la plus complète promiscuité : douze hommes dans chaque tente marabout.
Raymond Abellio, les Militants, p. 70.
2 (1820; l'oiseau étant comparé à un saint homme en prière). Grand échassier au plumage gris et blanc, à gros jabot (n. sc. : leptopilus), parfois appelé cigogne à sac ou philosophe. Adjudant (zool.).
6 Ce sont (les marabouts) de fort laids oiseaux, dont le cou ne présente que quelques plumes duveteuses et dont la tête est nue (…)
P. Poiré, Dict. des sciences, art. Marabout.
tableau Noms d'oiseaux.
(1823, in D. D. L.). Par métonymie. Plume de la queue de cet oiseau (à la mode sous la Restauration). || Chapeau, aigrette de marabout (→ Flou, cit. 5).
3 (Par anal. de forme avec la plume). Vieilli. Organsin très fin. Tissu léger d'organsin et de tulle. || Écharpe de marabout (→ Chanter, cit. 8).Ruban de gaze. || Nœud de marabout.
REM. Le mot est le premier d'une série formant une sorte de poème absurde fondé sur le calembour, et ressortissant, au même titre que les comptines, à un fonds culturel enfantin de transmission orale : marabout, bout de ficelle, selle de cheval, etc.
DÉR. Maraboutique, maraboutisme.

Encyclopédie Universelle. 2012.