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lustre

1. lustre [ lystr ] n. m.
• 1611; « sacrifice » 1213; lat. lustrum « cérémonie purificatrice célébrée tous les cinq ans »
Littér. Cinq années. « Mes douze lustres » (Rousseau) :mes soixante ans. — Par ext. Des lustres : période de temps longue et indéterminée. Je ne l'ai pas vu depuis des lustres. Ça fait des lustres. lustre 2. lustre [ lystr ] n. m.
• 1482; it. lustro
I
1Éclat naturel ou artificiel d'un objet brillant ou poli. Donner du lustre à qqch. « Le jais, l'ébène n'approchent pas de ce lustre miroitant » (Gautier).
2Techn. Enduit, apprêt pour lustrer les étoffes, les peaux. Émail irisé de poterie.
3Fig. et littér. Éclat que confère la beauté, le mérite, élément remarquable qui rehausse, met en valeur, en relief. relief; gloire, réputation. Redonner du lustre, tout son lustre à qqch. « Anne redonna un lustre à l'hôtel d'Orgel » (Radiguet). « Dépouillons l'écrivain du lustre que lui conserve encore la tradition » (Valéry).
II(1657) Cour. Appareil d'éclairage suspendu au plafond et supportant plusieurs lampes. plafonnier, suspension. Lustre de cristal. « des lustres hollandais à boules et à branches de cuivre jaune » (Gautier).

lustre nom masculin (latin lustrum) Littéraire Période de cinq années. Longue période (surtout pluriel) : Il y a des lustres que je ne l'ai pas vu. À Rome, période de cinq ans entre deux censures ; sacrifice de purification qui se pratiquait tous les cinq ans. ● lustre nom masculin (italien lustro) Brillant, poli de quelque chose : Le vernis de Chine a un beau lustre. Littéraire. Éclat, relief pris par quelqu'un, quelque chose : Le festival a donné du lustre à la petite ville. Appareil décoratif d'éclairage suspendu au plafond ou à la voûte d'un local. Fixation, par cuisson en réduction, d'une fine pellicule liquide (or, argent, platine, cuivre) sur la surface émaillée d'une céramique pour lui donner ainsi un aspect métallique. ● lustre (citations) nom masculin (italien lustro) Clément Marot Cahors 1496-Turin 1544 Petit feu ne peut jeter grand lustre. Épîtres, le Dépourvu lustre (synonymes) nom masculin (italien lustro) Brillant, poli de quelque chose
Synonymes :
- brillant
- éclat
- luisant
- poli
- siècle
Littéraire. Éclat, relief pris par quelqu'un, quelque chose
Synonymes :
- vernis
Appareil décoratif d'éclairage suspendu au plafond ou à la voÛte...
Synonymes :
- plafonnier
- suspension

lustre
n. m.
d1./d Brillant, poli d'un objet, d'une matière.
|| TECH Produit utilisé pour donner ce brillant.
d2./d Fig. éclat, relief que donne la parure, le mérite. Cette distinction lui rend un peu de lustre.
d3./d Luminaire à plusieurs lampes, que l'on suspend au plafond.
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lustre
n. m. Litt. Période de cinq ans.
Par ext., Fam. Longue période. Cela fait des lustres qu'on ne l'a revu.

I.
⇒LUSTRE1, subst. masc.
A.ANTIQ. ROMAINE. Sacrifice expiatoire qui avait lieu tous les cinq ans lors du recensement de la population; le recensement lui-même. (Dict. XIXe et XXe s.). Dans l'année païenne, dont Quintus Aucler proposait le rétablissement, les jours de fête ne manquaient pas (...). Telles (...) le grand Lustre, qui ne revient que tous les cinq ans (NERVAL, Illuminés, 1852, p. 429).
B.P. méton.
1. Littér. Période de cinq années. Jacques Cadignan avait alors atteint son neuvième lustre (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 62). Un moment passa, peut-être un an, un lustre, une décade; vraiment, je ne saurais dire (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 181).
2. P. ext., au plur. Période approximative, relativement longue. Jamais épingle avalée et reparue après des lustres à votre genou droit (...) ne vous causa mal plus bref mais plus aigu (GIRAUDOUX, Siegfried et Lim., 1922, p. 208). Il y avait encore dans le tiroir de la commode (...) deux ou trois de ces chemises tuyautées (...) jaunies depuis des lustres (DRUON, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 42).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1213 «sacrifice expiatoire pratiqué dans la Rome antique tous les cinq ans, lors du recensement» (Faits des Romains, éd. L.-F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, p. 337, 26); 2. 1611 «période de cinq ans» (COTGR.). Empr. au lat. lustrum «id.».
II.
⇒LUSTRE2, subst. masc.
A. — 1. Éclat, naturel ou artificiel, de ce qui est brillant ou poli. Le lustre de l'argenterie, du parquet. L'aspect terne et mat de cette peinture [à fresque] qui ressemble à du pastel fixé, surprend l'œil habitué au lustre de l'huile (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 100). Un méchant complet bleu sombre dont le pantalon tirebouchonne, dont la mauvaise teinture vire au violâtre, sous un lustre d'usure à la limite de l'effrangement (GENEVOIX, Avent. en nous, 1952, p. 68):
1. ... M. Mercoeur, ancien capitaine de dragons qui (...) avait obtenu quelque richesse maintenant visible dans le lustre de ses bottes à glands (...), de son col en satin, et de ses moustaches lissées à la pommade hongroise.
ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 265.
Loc. Donner du lustre (à qqc.). Faire briller (quelque chose). Une eau merveilleuse pour donner du lustre à la peau (LABICHE, Trente millions Gladiator, 1875, I, 8, p. 26). J'ai baigné, j'ai savonné mon pauvre chien dans ma baignoire. J'espérais que la propreté allait donner quelque lustre à son poil! (GIDE, Journal, 1906, p. 210).
2. P. méton.
a) Apprêt (des étoffes, des fourrures) qui donne de l'éclat. Ses vêtements un peu neufs, mais d'un lustre éteint et d'une coupe irréprochable (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 311).
b) CÉRAM. Enduit irisé, brillant et peu épais que l'on applique le plus souvent sur l'émail cuit. Les lustres utilisés en céramique sont constitués par des résinates métalliques (COFFIGNIER, Vernis, 1921, p. 627).
B.Au fig. et littér. Éclat, relief que confère (à une personne, un peuple, une oeuvre) une qualité particulière, une valeur positive. Servir de lustre (Ac. 1798-1935). Dépouillons l'écrivain du lustre que lui conserve encore la tradition et regardons-le dans la réalité de sa vie d'artisan d'idées et de praticien du langage écrit (VALÉRY, Regards sur monde act., 1931, p. 210).
En loc. verb. Elle [la science] est nécessaire comme toute autre chose; elle orne, elle donne du lustre à un pays (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 123). [Les] fugues du clavecin (...) en ut majeur et en si bémol ne prennent tout leur lustre que jouées avec la plus exquise délicatesse (Gide, Journal, 1929, p. 919).
Vieilli. Dans son lustre (Ac. 1798), dans tout son lustre (Ac. 1835, 1878). Dans toute sa beauté, dans tout son éclat.
Rem. Toujours au sing. dans les emplois A et B.
C. —Appareil d'éclairage décoratif formé de plusieurs branches portant autrefois des bougies, des becs de gaz, aujourd'hui des lampes électriques, suspendu au plafond d'une pièce d'appartement, d'une salle, d'un théâtre ou d'une église. Lustre électrique; lustre à cristaux; lustre en cristal; lustre de style. Au plafond, un lustre hollandais dont une seule lampe est allumée; économie. Une mouche d'hiver se chauffe, mélancolique, sur l'ampoule (DUHAMEL, Journal Salav., 1927, p.162). Un lustre en baccarat compliqué pendait au plafond (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 153).
Au fig., loc. [En parlant d'un bruit, de mouvements particulièrement importants] À en décrocher les lustres. Au milieu du bastringue, plusieurs couples dansaient le cancan à en décrocher les lustres (BENOIT, Atlant., 1919, p.204):
2. Et dès que vous avez fini, ce sont des applaudissements à décrocher les lustres, et vous ne pouvez même pas vous en aller en paix. Il faut revenir saluer dix fois, douze fois et même davantage.
DUHAMEL, Cécile, 1938, p. 135.
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1482 [ms. 1507] au fig. «éclat» (GUILLAUME FLAMANG, Vie et passion de monseigneur St Didier, éd. J. Carnandet, p. 34: Lengres est lustre lumineux, Louange, lyesse louable); 1489 au propre et au fig. (R. GAGUIN, Le Passe-Temps d'oysiveté ds Rec. poés. fr. t. 7, p. 262: Ars et trousses nous eslevons Et nous mirons au lustre d'armes); 1547 au propre (J. MARTIN, Architecture [trad. de Vitruve], p. 104 r°: icelles incrustatures [...] pourront durer en vigueur iusques a bien longue vieillesse, et davantage avoir un lustre dont il ne se perdra tant soit peu); spéc. 1586 «apprêt qui donne aux étoffes leur éclat» (Rec. de doc. tirés des anc. minutes de notaires, déposés aux Arch. de l'Yonne, éd. E. Drot, p. 94 ds IGLF); 2. 1657 «appareil d'éclairage suspendu au plafond, et portant plusieurs bougies ou plusieurs lampes» (VILLIERS, Journal d'un voy. à Paris, p. 66 ds GAY: lustres de cristal). Empr. à l'ital. lustro «gloire, renommée» (GIORDANO DA PISA ds BATT.), «éclat, luminosité» (ca 1336, BOCCACE, ibid.), déverbal de lustrare «rendre fameux, illustre» (dep. 2e moitié XIIIe s., ibid.), aussi «illuminer, éclairer», empr. au lat. lustrare «éclairer», propr. «purifier par un sacrifice expiatoire», dér. de lustrum (lustre1). Fréq. abs. littér.:729. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 872, b) 1 595; XXe s.: a) 1 102, b) 838.
DÉR. Lustrerie, subst. fém. a) ,,Ensemble de lustres destinés à l'éclairage`` (Lar. Lang. fr.). Les migrateurs de mon espèce, qui ne s'embarrassent ni d'éclairages sous corniches (...) ni de lustrerie, vous troussent une installation en 48 heures (COLETTE ds Lar. Lang. fr.). b) Fabrique, commerce des lustres. [Lyon]. Études: quatre ans — professions: mécanique générale, mécanique de précision, chaudronnerie et chauffage central, construction électrique, bronze d'art et lustrerie (Encyclop. éduc., 1960, p. 173). []. 1re attest. 1868 (Monit. univ., 22 mai, p. 732, 3e col. ds LITTRÉ Suppl.); de lustre2, suff. -erie.
BBG. —DUCH. Beauté. 1960, p. 110. — HOPE 1971, p. 43. — KOHLM. 1901, p. 22. — WIND 1928, p. 192.

1. lustre [lystʀ] n. m.
ÉTYM. 1213; lat. lustrum « sacrifice expiatoire », probablt de luer « délier, racheter, expier » (cf. grec lutron « rançon »).
1 a Didact. (Antiq. rom.). Sacrifice expiatoire qui marquait la fin d'un recensement quinquennal; ce recensement.
b (1611). Littér. Période de cinq ans (→ Couronner, cit. 19; fidèlement, cit. 2; inquiétant, cit. 1).
1 (…) il avait deux enfants, un garçon qui achevait son cinquième lustre, et une fille qui commençait son troisième.
A. R. Lesage, Gil Blas, X, XI.
2 Les abeilles vivent depuis des milliers d'années et nous les observons depuis dix ou douze lustres.
Maeterlinck, la Vie des abeilles, VII, II.
2 Au plur. Période de temps longue et indéterminée. || Depuis des lustres, depuis quelques lustres (→ Gîter, cit. 3).
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2. lustre [lystʀ] n. m.
ÉTYM. 1482 (sens 3); ital. lustro « éclat, gloire », de lustrare « rendre illustre » et « éclairer », du lat. lustrare d'abord « purifier par un sacrifice » (→ Lustration).
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I
1 (1489). Éclat naturel ou artificiel. Brillant (II.), luisant (n.), poli (n.). || Donner du lustre à qqch. Lustrer. || Le lustre de la robe d'un cheval. || Le lustre d'une surface métallique bien polie. || Enduit, vernis donnant du lustre. Lustrage.
1 (…) les cheveux n'ont guère de rivaux pour l'abondance et la noirceur (…) les ailes vernissées du corbeau, le jais, l'ébène n'approchent pas de ce lustre miroitant.
Th. Gautier, Portraits contemporains, Mme Damoreau.
Spécialt. || Donner du lustre à une étoffe en la pressant. Catir; catissage. || Donner à un tissu le lustre du satin. Satiner.
2 (1586). Techn. Enduit, apprêt dont on se sert pour rendre luisantes les étoffes ou les fourrures. Cati. || Passer qqch. au lustre, enduire de lustre.Spécialt. Émail brillant appliqué en couche mince sur une poterie.
3 (1482). Fig. et littér. Éclat que confère la beauté, le mérite, élément remarquable qui rehausse, met en valeur, en relief. Gloire, réputation (→ Ballade, cit. 5, Boileau; grandeur, cit. 19, Pascal). || « Que toujours vos écrits (cit. 3) empruntent d'elle seule (la raison) et leur lustre et leur prix » (Boileau). || Acquérir du lustre. || Effacer, ternir le lustre. || Redonner du lustre, tout son lustre à qqch.Donner, redonner un lustre à…(En parlant des personnes). || Le lustre que donne la culture, l'éducation, la mémoire (→ Corde, cit. 15), la tradition (→ Écrivain, cit. 11).
2 La grâce de la nouveauté est à l'amour ce que la fleur est sur les fruits : elle y donne un lustre qui s'efface aisément, et qui ne revient jamais.
La Rochefoucauld, Maximes, 274.
3 Le malheur ajoute un nouveau lustre à la gloire des grands hommes (…)
Fénelon, Télémaque, XVI.
4 Les encadrements des croisées, les corniches, enfin toute la pierre travaillée ayant été restaurée, l'extérieur de ce monument avait repris son ancien lustre.
Balzac, les Paysans, Pl., t. V, p. 155.
5 Si un homme a du mérite, à quoi bon le décorer ? S'il n'en a pas, on peut le décorer, parce que (cela) lui donnera un lustre.
Baudelaire, Journaux intimes, Mon cœur mis à nu, V.
6 Anne, aidée de Mahaut, redonna un lustre à l'hôtel d'Orgel, où naguère l'on s'était bien ennuyé.
R. Radiguet, le Bal du comte d'Orgel, p. 22.
———
II (1657). Cour. Appareil d'éclairage suspendu au plafond et supportant plusieurs lampes. Couronne (de lumière), plafonnier, suspension; astral (lampe). || Anneau, tire-fond pour accrocher un lustre. || Lustres éclairant une église, une salle de spectacle. Luminaire.Lustre orné de pendeloques (→ Balancer, cit. 6; hall, cit. 3), de lacés. || Lustre de verre taillé à facettes (cit. 2). || Lustre en forme de chandelier. || Salle éclairée par un grand lustre, par des centaines de lustres (→ Étinceler, cit. 2; illumination, cit. 7). || Cercle de lustres (→ Cristal, cit. 15). || Lustres éclatants (cit. 2).Lustre à gaz (→ Cristal, cit. 16), lustre électrique.Allumer, éteindre les lustres d'un salon.
7 Puis cet homme et son fils le portent (l'âne) comme un lustre (…)
La Fontaine, Fables, III, 1.
8 (…) au-dessus de la table blanche et éclatante, un lustre de Venise à lames plates, avec toutes sortes d'oiseaux de couleur, bleus, violets, rouges, verts, perchés au milieu des bougies (…)
Hugo, les Misérables, IV, VI, II.
9 (…) des lustres hollandais à boule et à branches de cuivre jaune, rappelant celui qui figure dans le tableau de la Femme hydropique de Gérard Dow (…)
Th. Gautier, Souvenirs de théâtre…, Vente Jollivet.
10 Ce que j'ai toujours trouvé de plus beau dans un théâtre, dans mon enfance et encore maintenant, c'est le lustre, — un bel objet lumineux, cristallin, compliqué, circulaire et symétrique… Après tout, le lustre m'a toujours paru l'acteur principal (…)
Baudelaire, Journaux intimes, Mon cœur mis à nu, XVII.
DÉR. Lustrer, lustrerie, lustrine.
HOM. 1. Lustre.

Encyclopédie Universelle. 2012.