1. fourrager [ furaʒe ] v. <conjug. : 3>
• 1357 « faire du fourrage, généralt en ravageant les champs, pour les chevaux des soldats »; de 1. fourrage
1 ♦ V. intr. Chercher en mettant du désordre, en remuant. ⇒ fouiller, fourgonner, fureter. Fourrager dans un tiroir, dans ses papiers. « elle fourrage nerveusement des dix doigts dans ses cheveux » (H. Bazin).
2 ♦ V. tr. Mettre en désordre en manipulant, en fouillant. Fourrager des papiers. Il « resta pendant plus d'un quart d'heure à fourrager sa tignasse en bâillant » (Duhamel).
fourrager 2. fourrager, ère [ furaʒe, ɛr ] adj.
• 1829; de 1. fourrage
♦ Qui fournit du fourrage (usité surtout au fém.). Betterave fourragère. « La culture du pays était toute aux céréales et aux plantes fourragères » (Zola). ⇒ 1. fourrage.
● fourrager verbe intransitif Vieux. Couper ou amasser du fourrage. ● fourrager (homonymes) verbe intransitif ● fourrager verbe transitif Mettre quelque chose en désordre en remuant : Fourrager sa barbe. ● fourrager verbe transitif indirect Familier. Fouiller dans quelque chose en y mettant du désordre, de la confusion : Fourrager dans des papiers. ● fourrager (homonymes) verbe transitif fourrager adjectif ● fourrager (difficultés) verbe transitif indirect Conjugaison Le g devient -ge- devant a et o : je fourrage, nous fourrageons ; il fourragea. ● fourrager (homonymes) verbe transitif indirect fourrager adjectif ● fourrager (synonymes) verbe transitif indirect Familier. Fouiller dans quelque chose en y mettant du désordre, de la...
Synonymes :
- farfouiller (familier)
- fouiller
- fourgonner (familier)
- trifouiller (familier)
● fourrager, fourragère
adjectif
Se dit des plantes utilisées comme fourrage pour les animaux domestiques ; se dit de leur culture, de leur production.
● fourrager, fourragère (homonymes)
adjectif
fourrager
verbe
fourragèrent
forme conjuguée du verbe fourrager
fourragère
fourragère
nom féminin
fourrager, ère
adj. Propre à être employé comme fourrage. Plantes fourragères.
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fourrager
v. intr. Fam. Fouiller sans méthode, en mettant du désordre. Fourrager dans une armoire.
|| v. tr. Fourrager des papiers.
I.
⇒FOURRAGER1, verbe.
A.— Emploi intrans.
1. a) [Correspond à fourrage1 A] Amasser du fourrage pour le bétail; se nourrir de fourrage. Un méchant loup a mangé mon mari le chevret, et (...) nous sommes en grand misère, l'orpheline et moi, depuis qu'il ne va plus fourrager pour nous (NODIER, Trésor Fèves, 1833, p. 39). Cultures en grand désordre où fourragent des animaux (FROMENTIN, Voy. Égypte, 1869, p. 90).
— Au fig., fam., dans le domaine littér. Recueillir (des idées, des exemples). Fourrager dans des livres, chez des écrivains. C'est Molière. Ce grand homme a pris à tout le monde (...). Il fourragea tout à son aise dans Cyrano, dans Bois-Robert, chez le pauvre Scarron et chez Arlequin (FRANCE, Vie littér., 1892, p. 160).
b) Domaine milit., vx, rare. [Correspond à fourrage1 B] Approvisionner en fourrage les chevaux des troupes, aller au fourrage. Fourrager dans un champ, dans un village; l'armée a fourragé dans ce pays-là; fourrager au vert, au sec (Ac.). Il (...) alla avec le reste de ses troupes fourrager en Haute Égypte (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 200).
— P. métaph. La critique, qui a besoin de pâture et qui ne trouve guère où fourrager, se replie en pays ami (SAINTE-BEUVE, Corresp., t. 5, 1818-69, p. 632).
— [En parlant de la cavalerie] Se déployer en fourrageurs, en ordre dispersé. Les cavaliers de Michelotti (...) fourrageaient en ordre parfait dans la direction que leur avait fait prendre Angélo (GIONO, Bonh. fou, 1957, p. 344).
2. Usuel, fam. [Le plus souvent suivi d'un compl. de lieu] Fouiller, mettre du désordre quelque part pour y chercher quelque chose (avec une idée de fébrilité). Fourrager dans un tiroir, dans sa poche, dans son sac. Synon. fureter, fouiner (fam.), farfouiller (fam.), fourgonner (fam.), trifouiller (pop.). Les sourcils froncés, la lèvre fraîche, elle continuait à fourrager à travers les fleurs (GYP, Cœur Pierrette, 1905, pp. 257-258). Pour un oui ou pour un non, la police fourrage dans vos papiers (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 13) :
• 1. Gaspard renonça au café. Il se tourna vers l'armoire. Il ouvrit la porte en s'efforçant de l'empêcher de grincer pour Georges. Et à tâtons, il se mit à fourrager parmi les assiettes, cherchant le pain et le saindoux, et tremblant de causer du bruit.
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 209.
— En partic.
♦ Fourrager (dans le feu, dans la cendre, dans la cheminée). Tisonner avec excès. Il continuait à fourrager, faisant sortir d'entre les fumées des languettes de flamme (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 74).
♦ Fourrager dans ses cheveux, dans sa barbe. Les mettre en désordre en y passant la main. Une barbe hirsute et malpropre, où il fourrageait à pleines mains (ROLLAND, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1294).
♦ Fam. Fourrager dans + subst. désignant une partie du corps. Synon. pop. peloter. Anatole exprima le désir de palper le mollet (...) quand le jeune homme lui eut fourragé dans le gras des jambes, elle grogna : — En voilà assez (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 83).
B.— Emploi trans.
1. Vieilli ou région. (Suisse). Nourrir (le bétail) avec du fourrage. Fourrager le bétail. Synon. affour(r)ager. Un matin, (...) je descendais la rue comme à l'ordinaire pour éveiller Nicole, fourrager les bêtes et les conduire à la pâture (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 48).
2. Parcourir en ravageant. Le troupeau a fourragé cette pièce de blé; les lapins ont fourragé mon jardin (Ac.). Je regardais et laissais M. le Maire fouler, fourrager tout mon pré, comme eussent pu faire douze ou quinze sangliers (COURIER, Pamphlets pol., Gaz. vill., 1823, p. 187). Dans le jardin (...) ou entendait rire et jouer les petits Lorie qui s'en donnaient de fourrager les bordures et les plates-bandes (A. DAUDET, Évangéliste, 1883, p. 189).
3. Synon. de fourrager dans (cf. A 2). Fourrager un tiroir, une armoire. Séraphie qui (...) venait, quand elle avait le diable au corps plus qu'à l'ordinaire, visiter mes livres et fourrager mes papiers (STENDHAL, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 213). Il repartait en chasse, bondissait au bureau, fourrageait les listes (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 111).
— En partic.
♦ Fourrager la cendre, la cheminée. Le vieux, nerveux aussi mais se maîtrisant, fourrageait le feu (A. DAUDET, Pte paroisse, 1895, p. 811).
♦ Fourrager sa barbe, sa chevelure. Les lycéens, dans les salles d'étude, mordillant leur porte-plume ou fourrageant leurs cheveux (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 189) :
• 2. ... Jacques tint un grand conseil avec tante Sophie. La vieille demoiselle fourragea son bonnet de dentelles noires, d'un geste de main coutumier qui semblait tirer de ces coques la résolution de toutes les difficultés graves...
VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 94.
♦ Pop. Fourrager les seins d'une femme. Les trois copains fourragent les dessous des trois femmes (ROMAINS, Copains, 1913, p. 244). J'ai la ressource de fourrager en pensée dans les nichons de Gerty; je peux même (...) entretenir en moi cette volonté formelle de ne pas les fourrager qu'en pensée, et de les peloter réellement (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 307).
— Emploi pronom. réfl. indir. Le garçon se fourrageait la tignasse, sans me regarder (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 42).
REM. Fourragement, subst. masc. Action de fourrager. Sa barbe sanglière semblait tirée, comme tourmentée par un fourragement fiévreux de mains (HUYSMANS, Oblat, t. 2, 1903, p. 209).
Prononc. et Orth. :[], (il) fourrage []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1357-61 fourragier « couper, amasser du fourrage en parlant des troupes qui ravageaient la campagne pour approvisionner leurs chevaux » (J. LE BEL, Chron., éd. J. Viard et E. Déprez, t. 2, p. 60); 2. a) trans. 1684 « mettre en désordre en faisant des recherches » (N. LE BRETON, sieur de Hauteroche, Esprit follet, III, 4 ds LITTRÉ); b) intrans. 1691 « id. » (LA BRUYÈRE, Les Caractères, éd. G. Servois, t. 3, 1, p. 7 [var.)]. Dér. de fourrage; dés. -er.
II.
⇒FOURRAGER2, ÈRE, adj. et subst. fém.
[Correspond à fourrage1 A]
I.— Adj., surtout au fém.
A.— Propre à servir de fourrage au bétail. Plante fourragère. Certaines plantes fourragères, comme le trèfle violet, le trèfle blanc ou le lupin doux, paraissent devoir s'adapter au terrain de la Lande (Forêt fr., 1955, p. 33). La seconde année, on pourra prévoir une plante sarclée : pomme de terre, haricot, pois, fève; la troisième année, une légumineuse fourragère (LEVADOUX, Vigne, 1961, p. 102) :
• ... Vous qui savez ranger les graines fourragères,
Et compter le sainfoin et le trèfle incarnat;
Vous qui savez ranger les herbes potagères,
Et les rubans ponceau sur la robe grenat...
PÉGUY, Ève, 1913, p. 735.
— Carotte, betterave, etc. fourragère; chou, etc. fourrager. Variété de légume réservée à la nourriture du bétail. Crever ses yeux pour séparer les graines du radis ménager de celles du radis fourrager (GIRAUDOUX, Apollon, 1942, 1, p. 14). Les pommes de terre et les betteraves fourragères attendent dehors l'évacuation des céréales, pour entrer en grange (DEBATISSE, Révol. silenc., 1963, p. 62).
B.— Abondant en fourrage; qui produit du fourrage. Pré fourrager.
C.— Relatif au fourrage. Culture, production fourragère.
II.— Subst. fém.
A.— Terrain à proximité d'une ferme, réservé à la culture du fourrage. On s'enlise dans des terres lourdes (...). Le bas du village est un lac où l'on patauge, parmi les fourragères (GENEVOIX, Boue, 1921, p. 125).
B.— Région. (Suisse). Partie de l'étable où l'on prépare le fourrage et d'où on le distribue aux râteliers. Il jetait le foin dans la fourragère et donnait à manger aux vaches (G. CLAVIEN, Châtaignerouge, Sion, 1977, p. 70).
C.— Cadre de bois, claire-voie mobile aux extrémités du chariot qui transporte le fourrage; p. méton., chariot servant au transport du fourrage et p. ext. à des transports divers. Suivait (...) un immense convoi, des fourragères, des fourgons fermés pour les provisions, des chariots pour les bagages (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 77). C'était un enterrement militaire. Une fourragère, conduite par un tringlot, portait un cercueil enveloppé dans un drapeau (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 89).
Prononc. et Orth. :[], fém. [-]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1829 (BOISTE). Dér. de fourrage; suff. -ier réduit à -er devant [z]. Fréq. abs. littér. :62.
1. fourrager [fuʀaʒe] v. [CONJUG. bouger.]
ÉTYM. 1357; de 1. fourrage.
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I V. intr.
1 Vx. Couper, faire du fourrage (particult, en parlant des troupes qui ravageaient la campagne pour approvisionner leurs chevaux). || Soldats qui fourragent dans la campagne.
1 (Ils) vinrent loger en un beau pré, où ils trouvèrent assez à fourrager pour leurs chevaux (…)
♦ Trans. (1760). Régional (Suisse). Distribuer le fourrage à (du bétail). ⇒ Affourager. || Fourrager les bêtes. — Absolument :
1.1 Je fus promptement au courant de tous les travaux : faucher, traire, atteler, hacher la paille, fourrager; je faisais l'ouvrage d'un homme.
C.-F. Ramuz, Vie de Samuel Belet, p. 30.
2 (1691). Fig. et fam. Chercher en remuant, en mettant du désordre. ⇒ Fouiller, fourgonner, fureter. || Fourrager dans un tiroir, dans des papiers. || Fourrager dans sa barbe (cit. 16). || Rat qui fourrage dans la terre (→ Creuser, cit. 2).
♦ Absolt et vx. → cit. 2, La Bruyère.
2 Il cherche, il fourrage, il crie, il s'échauffe (…)
La Bruyère, les Caractères, XI, 7.
3 Josepha se leva, fourragea dans les fleurs rares de ses jardinières, et fit un charmant, un délicieux bouquet (…)
Balzac, la Cousine Bette, Pl., t. VI, p. 455.
4 Après un moment de silence, les tuiles remuèrent de nouveau, et quelque chose racla le mur de la maison. Je pensai à l'échelle. Je ne bougeai pas. J'écoutai. On fourrageait là-haut dans le volet qui du reste semblait tenir bon.
H. Bosco, le Sanglier, p. 167.
4.1 (…) elle fourrage nerveusement des dix doigts dans ses cheveux (…)
Hervé Bazin, Cri de la chouette, p. 188.
♦ Fig. et vx. || Cet auteur a fourragé dans tous les grands romans du siècle. ⇒ Compiler, plagier.
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II V. tr. (1684).
1 (XIVe, « ravager en s'approvisionnant en fourrage », le sujet désigne des troupes). Fig. et vx. ⇒ Dévaster, ravager, saccager. Sujet n. d'animaux. || Le troupeau a fourragé cette pièce de blé (Académie).
5 Les gens dont mon gibier aura fourragé la récolte.
Rousseau, Émile, IV.
2 Mettre en désordre en manipulant, en fouillant.
6 (…) secundo, j'y étais à l'abri des incursions de Séraphie qui chez mon grand-père venait, quand elle avait le diable au corps plus qu'à l'ordinaire, visiter mes livres et fourrager mes papiers.
Stendhal, Vie de Henry Brulard, 19.
7 Mais elle se priva du plaisir de fourrager ces cheveux dorés, d'offrir son bras nu à cette bouche brillante.
Colette, la Chatte, p. 89.
8 Il s'éveilla comme la nuit tombait et resta pendant plus d'un quart d'heure à fourrager sa tignasse en bâillant.
G. Duhamel, Salavin, V, XV.
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DÉR. Fourragement, 1. fourragère, fourrageur.
HOM. V. 2. Fourrager, 1. fourragère, 2. fourragère.
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2. fourrager, ère [fuʀaʒe, ɛʀ] adj.
ÉTYM. 1829; de 1. fourrage.
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1 Qui fournit du fourrage (usité surtout au fém.). || Plantes, cultures fourragères. ⇒ 1. Fourrage. || Le trèfle, la luzerne et le sainfoin, principales plantes fourragères cultivées en France. || Betterave fourragère. || Chou fourrager. || Arbres fourragers.
0 (…) la culture du pays était toute aux céréales et aux plantes fourragères.
Zola, la Terre, I, III.
2 (1872). Qui a rapport au fourrage. || La culture fourragère.
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DÉR. 1. Fourragère. V. 2. Fourragère.
HOM. Formes du v. 1. fourrager. — (Du fém.) 1. Fourragère, 2. fourragère.
Encyclopédie Universelle. 2012.