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ficher

1. ficher [ fiʃe ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1120; lat. pop. °figicare, puis °ficcare, de figere « attacher, fixer »
REM. — Aux sens du II, la conjug. est irrégulière : inf. et p. p. comme foutre, autres formes comme ficher I(Au p. p.FICHÉ). Vieilli Faire pénétrer et fixer par la pointe. planter. Ficher un clou dans un mur. clouer, enfoncer. Pronom. « Une épine aiguë se fiche dans son pied » (Fénelon). Mod. (au p. p.) « Des piquets fichés obliquement en terre » (Tharaud). II(par infl. de foutre,inf. cour.FICHE) Fam.
1(ficher intr. « avoir des rapports sexuels » XVIe) Loc. Envoyer qqn se faire fiche, l'envoyer promener, paître. ⇒ 1. foutre (cf. Se faire mettre, se faire voir). Va te faire fiche.
2(fichu p. p. 1611 2. fichu) (REM. Dans tous les emplois qui suivent, fiche peut être remplacé par foutre, plus mod.) Faire. Qu'est-ce que tu fiches ici ? Il ne fiche rien. Elle n'en a pas fichu lourd. Ils n'en fichent pas une rame, un coup, une secousse : ils ne travaillent pas, ne font rien. Je n'en ai rien à fiche : ça ne m'intéresse pas, ça m'est égal. ⇒ branler, cirer.
Donner. Fiche des coups. 2. flanquer. Fig. Ça lui a fichu un coup : il a été très touché, ému. Ça me fiche la trouille, le cafard, le trac. Fiche-moi la paix ! laisse-moi tranquille. Qu'est-ce qui m'a fichu un mec pareil ? Je te fiche mon billet. Iron. Je t'en ficherai ! je ne te donnerai plus de ces choses-là puisque tu ne sais pas les apprécier. Pronom. Se fiche dedans : se tromper. « Je le reconnais : je me suis trompé, fichu dedans, fourré le doigt dans l'œil » (Cl. Simon). Je t'en fiche : détrompe-toi, ce n'est pas ce que tu crois.
Mettre. Il a fichu son poing sur la table. Je l'ai fichu aux ordures. Répandre. Elle en a fichu partout. Fiche par terre. renverser. Pronom. Elle s'est fichue par terre. 1. tomber. Fig. Ils ont fichu le gouvernement par terre. Cela fiche par terre tous mes plans. bouleverser. Il a été fichu dehors, à la porte. chasser, expulser. Ça l'a fichu en colère. Il fiche son argent par les fenêtres. Fiche le camp.
3 ♦ SE FICHE DE qqn, qqch. :se moquer de, ne pas prendre au sérieux. Il se fiche de nous. Elle se fiche de ce qui peut arriver. Elle s'est fichue de moi. Je m'en fiche : ça m'est égal. ⇒ 1. foutre; je-m'en-fichisme. Je m'en fiche et je m'en contrefiche. Loc. Je me fiche du tiers comme du quart. Il s'en fiche comme de sa première chemise, comme de l'an quarante. « Vous vous fichez pas mal de son bonheur » (Colette). (Avec inf.) Je me fiche d'être là ou ailleurs. (Avec que et subj.) Elle se fiche pas mal qu'on parte.
ficher 2. ficher [ fiʃe ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1934; de 1. fiche
Mettre sur une fiche, sur des fiches (classées dans un fichier). Ficher une personne, établir une fiche à son nom portant des informations personnelles ( fichage) . « ils ont peur d'être fichés par la police » (Le Clézio).

ficher verbe transitif (latin populaire ficcare, du latin classique figere, attacher, fixer) Faire entrer quelque chose par la pointe, enfoncer : Ficher des pieux en terre. Introduire du mortier dans les joints des pierres au moyen d'une fiche. ● ficher (homonymes) verbe transitif (latin populaire ficcare, du latin classique figere, attacher, fixer) fichet nom masculinficher (synonymes) verbe transitif (latin populaire ficcare, du latin classique figere, attacher, fixer) Faire entrer quelque chose par la pointe, enfoncer
Synonymes :
ficher verbe transitif (de fiche) Inscrire un renseignement sur une fiche de manière à pouvoir le classer. Établir une fiche de renseignements sur quelqu'un, un groupe et la classer afin de l'utiliser comme source de documentation : Ficher toute la population d'un pays. Inscrire quelqu'un sur une liste de personnes à surveiller : On l'a fiché au commissariat comme dangereux.ficher (homonymes) verbe transitif (de fiche) fichet nom masculinficher (synonymes) verbe transitif (de fiche) Inscrire un renseignement sur une fiche de manière à pouvoir...
Synonymes :
ficher ou fiche verbe transitif (de ficher 1, avec l'influence de foutre) se ficher se fiche verbe pronominal (de ficher 1, avec l'influence de foutre) être fichu verbe passif (de ficher 1, avec l'influence de foutre) Synonyme familier et atténué de foutre. ● ficher ou fiche (difficultés) verbe transitif (de ficher 1, avec l'influence de foutre) se ficher se fiche verbe pronominal (de ficher 1, avec l'influence de foutre) être fichu verbe passif (de ficher 1, avec l'influence de foutre) Conjugaison Ce verbe présente la particularité d'avoir deux infinitifs : maintenant, tu vas me ficher la paix ! ou : me fiche la paix ! Participe passé : fichu (et non fiché). Qu'est-ce que tu as fichu pendant tout ce temps ? Registre Familier (euphémisme pour foutre). ● ficher ou fiche (homonymes) verbe transitif (de ficher 1, avec l'influence de foutre) se ficher se fiche verbe pronominal (de ficher 1, avec l'influence de foutre) être fichu verbe passif (de ficher 1, avec l'influence de foutre) fichu nom masculinficher ou fiche (synonymes) verbe transitif (de ficher 1, avec l'influence de foutre) se ficher se fiche verbe pronominal (de ficher 1, avec l'influence de foutre) être fichu verbe passif (de ficher 1, avec l'influence de foutre)
Synonymes :
- foutre (populaire)

ficher ou fiche
v. tr.
rI./r Enfoncer par la pointe. Ficher un pieu.
Pp. adj. Fig. Avoir les yeux fichés sur quelque chose.
rII./r Infinitif cour. fiche; pp. cour. fichu. Fam. (Employé par euph. pour foutre.)
d1./d (En loc.) Mettre, donner (avec force). Ficher qqn dehors.
Ficher une claque.
|| Fichez le camp!: déguerpissez!
d2./d Faire. Il n'a rien fichu cette année.
rIII/r v. Pron. Fam. Se moquer. Se ficher de qqn.
Je m'en fiche!
————————
ficher
v. tr. Noter (un renseignement) sur une fiche.
|| Spécial. Faire figurer (qqn) dans un fichier (documentaire, de police, etc.).

I.
⇒FICHER1, verbe trans.
[Correspond à fiche1 A]
A.—1. Faire pénétrer quelque chose (dans quelque chose) par la pointe. Ficher un pieu en terre. Ficher un clou, ficher bien avant (Ac.) Fantaisiste, il jouait avec sa ménagerie. Au coin d'un museau de lièvre, il fichait un brûle-gueule de terre (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 125) :
Il essuya le sang qui avait sauté sur ses mains, parut balancer, et brusquement ficha le coutelas dans l'arbre, au-dessus de la malheureuse, avec tant de violence que la lame entrant de deux travers de doigt resta à trembler comme un jonc dans l'eau.
POURRAT, Gaspard, 1925, p. 72.
Emploi pronom. passif. Pénétrer (par la pointe) dans quelque chose. Des hommes lançant dans un bloc de bois des couteaux dont la pointe se fichait à la place désignée d'une façon miraculeusement précise ne l'amusèrent pas (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 237). La pâtisserie (...) se composa (...) de pâtés aussi lourds à la main que la chair elle-même, où la fourchette se fichait comme un pieu (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 98).
2. Fixer quelque chose sur quelque chose de pointu. Les septembriseurs se massèrent un matin devant la prison de la Force (...) décollèrent la princesse de Lamballe, fichèrent sa tête au bout d'une pique (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 106).
3. Au part. passé
[Avec un compl. introd. gén. par sur/dans] Planté, piqué. Cierge fiché dans un bougeoir. Elles la mirent à cheval sur un piquet de bois qui était fiché au milieu du tronc (, Aphrodite, 1896, p. 157). Le jour où il s'était arraché les muscles de l'épaule en tâchant d'enrayer, de son piolet fiché dans la glace, le glissement de sa cordée (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 32).
Au fig. ,,Avoir les yeux fichés en terre, les yeux fichés sur qqc. Avoir les yeux baissés vers la terre, les avoir fixement arrêtés sur quelque chose`` (Ac.).
[Avec un compl. introd. par de] Sur lequel est planté ou piqué quelque chose. Le trafic des légumes occupait la chaussée, par tas, en hottes et en sacs fichés de plaquettes émaillées (HAMP, Marée, 1908, p. 55).
Emploi abs., HÉRALD. (Croix, croisette) qui a le pied déguisé. D'or, à trois pals alésés, au pied fiché de sable (Lar. 19e).
B.— TECHNOLOGIE
MAÇONN., vx. Faire entrer, à l'aide de la fiche, du mortier entre les pierres. (Ds Ac. 1835, 1878).
En partic. PAVAGE. Introduire du sable à l'aide d'une fiche entre les pavés. (Dict. XIXe et XXe s.).
REM. Fichage, subst. masc. Action de ficher les joints entre les pavés. Il ressort que ces taches seraient dues à l'action de l'humidité sur certains sels solubles existant dans le ciment employé pour le fichage (Arts et litt., 1935, p. 2005). La pose s'effectue par assises sur lit de mortier, plâtre ou ciment en observant des joints de 0,01 cm environ : c'est le fichage (LAMBERTIE, Industr. pierre et marbre, 1962, p. 96).
Prononc. et Orth. :[], (il) fiche []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1130-40 « attacher, fixer » (WACE, Conception, 1656 ds KELLER, p. 317b); 2. 1160 intrans. « se planter, s'enfoncer » (Eneas, 9471 ds T.-L.); 3. 1628 « donner » (Jargon de l'arg. réformé ds SAIN. Sources Arg., p. 194). Du lat. vulg. figicare puis ficcare dér. du class. figere « enfoncer, planter; fixer, attacher » (cf. les corresp. rom. de même orig. ds REW3, 3290) utilisé comme euphémisme de foutre comme le montre la réfection du part. passé fichu sur foutu et celle de l'inf. fiche sur foutre. Bbg. Archit. 1972, p. 210.
II.
⇒FICHER2, verbe trans.
A.— Ficher qqc. Mettre sur fiche. Ficher un renseignement (ROB. Suppl. 1970).
B.— Ficher qqn. Noter sur une fiche, des renseignements concernant quelqu'un. Il est fiché par la police. Le 28 mai 1970, pendant les manifestations pour Le Dantec et Le Bris, la police vient perquisitionner au domicile de Letourneur, conduisant ce dernier au commissariat et le fichant (illégalement) (L'École émancipée, La Répression dans l'enseign., 1972, p. 15).
Au part. passé. Elle [la Sûreté] procède aux élections à l'aide d'un personnel, soigneusement contrôlé et « fiché », qu'on désigne sous le nom :« agents confidentiels » (L. DAUDET, La Police politique, 1934, p. 96). C'est du jour où j'appris que j'étais fiché à la Préfecture que je pris conscience que mon destin était orienté et lié à la révolution (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 43).
REM. Fichard, subst. masc. Partisan de l'utilisation du fichier pour la promotion des officiers lors de l'Affaire des fiches (1901-1904). On ne savait pas comment les choses allaient tourner. Si l'opposition prenait le pouvoir... Si on ordonnait des perquisitions chez les fichards et les francs-mouchards (L. DAUDET, Av.-guerre, 1913, p. 24).
Prononc. :[], (il) fiche []. Étymol. et Hist. 1934 « mettre sur fiche » (L. DAUDET, La Police pol., p. 96). Dér. de fiche; dés. -er.
III.
FICHER3, verbe trans.; FICHE2, substitut verbal.
Fam., supplétif euphémique de foutre.
I.— [Sans compl. second.]
A.— [Le compl. désigne une pers.] Aller se faire fiche [S'emploie pour signifier qu'on ne veut plus entendre parler de qqn/qqc.]. Synon. aller se faire foutre (pop.), aller se faire voir. « Je renonce, dit-il, de plus en plus, à être aimé par un autre que Jésus-Christ. Que tout le reste aille se faire fiche! ! ! » (BLOY, Journal, 1905, p. 263).
En partic. Va te faire fiche! [S'emploie pour présenter un fait ou une situation comme contraire à ce qui était attendu] Synon. va te faire foutre (vulg.). Le jour où vous discuterez le dogme catholique, va te faire fiche, tout s'écroule! (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 96) :
1. Et puis, la populace... C'est comme Boulanger. Ils criaient tous : « Vive Boulanger! » un beau jour, va te faire fiche! Plus personne. Paris. Allez-y comprendre quelque chose...
ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 252.
B.— [Le compl. réfère à une activité] Faire. Qu'est-ce que tu fiches? Synon. fabriquer, foutre (vulg.). — Des obligations, des obligations! Mais jamais!... Que voulez-vous fiche avec des obligations? C'est de la matière morte... (ZOLA, Argent, 1891, p. 120). Comme si vous ne devriez pas avoir honte de vous faire flanquer quatre mille balles pour ne rien fiche, que rigoler tout bas et que ronfler tout haut (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, 4e tabl., 1, p. 130). Mais alors, mon excellent cher, qu'est-ce que vous fichez, depuis un mois que vous êtes ici! (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 49).
[Le compl. est explicité] Ficheicher le bordel, la pagaille. Synon. flanquer (fam.), foutre (vulg.).
Locutions
1. Ne pas en ficheicher une datte, une rame, une secousse. Ne rien faire. Les gens qui partiront dans trois semaines, et qui déjà « partent » moralement en n'en fichant plus une datte (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 830).
2. Ficheicher le (son) camp
a) S'en aller promptement. Fiche le camp d'ici. Synon. déguerpir, foutre le camp (vulg.). Si le siège de Paris a lieu (ce que je crois maintenant), je suis très résolu à ficher mon camp avec le fusil sur le dos (FLAUB., Corresp., 1870, p. 143). — Alors, je souffre trop ici, je m'en vais. — C'est ça, fichez le camp, bon voyage! (ZOLA, Terre, 1887, p. 417).
b) Tomber en ruines, partir en morceaux. Jean avait ramené ses regards sur le pont de bateaux, au-dessous d'eux. — Regarde donc!... Tout va fiche le camp. Jamais nous ne passerons (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 155).
Au fig. L'écriture de M. Dandillot se défaisait, fichait le camp de toutes parts : cadavre d'écriture (MONTHERL., Pitié femmes, 1936, p. 1203). Quelqu'un a raconté (...) que les rentes fichent le camp (NIZAN, Conspir., 1938, p. 114).
II.— [Avec un compl. prép. locatif; avec indication de mouvement] Envoyer, mettre quelque chose quelque part. Fiche, ficher à la porte; fiche, ficher qqn dehors, en l'air. Synon. flanquer (fam.), foutre (vulg.), mettre. Depuis un an (...) il n'a pas fichu les pieds chez nous (BLOY, Journal, 1902, p. 91). Vous avez manqué fiche votre vin par terre (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 154) :
2. La mère avait été fichue à l'eau, une pierre au cou, dans le raz de Sein. Personne n'avait pu rien voir ni rien entendre. Des goélands peut-être, pas des hommes...
QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 186.
[Avec un datif éthique] Fiche-moi ça dehors.
Loc. Ficheicher (qqn) dedans. Fiche (qqn) sur la paille.
Emploi pronom. réfl. Synon. envoyer (s'), flanquer (se), foutre (se) (vulg.). Se ficheicher en l'air; se fiche (la figure) par terre. — Non, puisque je me suis retenue en me fichant sur mes reins (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 39). Chaque fois que je titubais, Que j'allais de guingois, en biais, Il manquait se ficher par terre (PONCHON, Muse cabaret, Dégustations, 1920, p. 61). « ... La bagnole s'est fichue en l'air, juste à temps » (BERNANOS, M. Ouine, 1946, p. 1410).
III.— [Avec un compl. prép. introd. par en désignant un état physique ou psychol.] Mettre quelqu'un (dans tel ou tel état). Il m'a fichu en rogne. Synon. foutre (vulg.). Non, vrai, c'était à ficher en colère et à démoraliser le bon Dieu en personne! (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 246).
Emploi pronom. réfl. Je veux bien encore recevoir un billet..., sinon, M. Dupuis va se fiche en colère et il fera trembler toute la maison (BECQUE, Corbeaux, 1882, IV, 10, p. 244).
IV.— [Avec un compl. datif]
A.— Donner. Je vous fiche ma démission. Je vous ficherai à souper et je vous coucherai (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 297). Qui est-ce qui lui avait fichu un gaillard qui se trompait sur la chaux, la brique, la meulière (ZOLA, Œuvre, 1886, p. 342).
Je vous/t'en ficherai (!); on t'en fichera (!). [S'emploie, accompagné de la reprise des paroles de l'interlocuteur pour montrer qu'on n'est pas d'accord avec ses propos] Il veut faire l'artiste lui aussi, et discute :« Vous ne trouvez pas que les joues sont bien jaunes? » ou « Le blanc de l'œil me semble un peu froid. » Je t'en ficherai du blanc de l'œil (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 78).
Loc. Ficheicher son billet à qqn.
B.— [Le compl. désigne une action nuisible ou désagréable pour qqn] Donner. Ficheicher un coup de poing à qqn; ficheicher le feu. Ficher une gifle, ficher un coup de pied (Ac.). Synon. flanquer, foutre (vulg.). C'est une frime pour me faire venir auprès de toi et pour me ficher une ratapiole (SUE, Myst. Paris, t. 3, 1842, p. 152). D'ailleurs, tu feras bien d'obéir, parce que, sans ça, je te ficherai une fessée... (COLETTE, Dialog. bêtes, 1905, p. 50). On ne m'a pas mangé, non, mais, il s'en est fallu d'un poil qu'on me fiche un coup de fusil (GIONO, Baumugnes, 1929, p. 61).
Emploi pronom. réciproque. Se donner. Se fiche/ ficher des tornioles. Synon. se flanquer, se foutre (vulg.). La cuisinière dit qu'ils ont des figures, là-dedans, enfin des figures de gens qui se ficheront des claques avant ce soir (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 216).
C.— [Le compl. désigne un état psychol. ou physique] Mettre quelqu'un (dans tel ou tel état). Ça me fiche le trac, la trouille; le cinéma lui fiche le cafard. Synon. donner, flanquer (fam.), foutre (vulg.). Jean. — Oui, mais ça m'a fichu la migraine! (GUITRY, Veilleur, 1911, p. 12).
En partic. Ça me/te/etc., fiche que. Ça me (te, etc.) met dans tel ou tel état, telle ou telle situation. Synon. faire. Françoise (...) ne se tourna même pas. — Qu'est-ce que ça me fiche? — Ça te fiche, que tu l'aurais pour beau-frère, et que je désire savoir s'il te plairait (ZOLA, Terre, 1887, p. 130).
Qu'est-ce que ça peut me/te/lui/etc., fiche que... Je (tu, il, etc.) me (te, se, etc.) moque de... (Dict. XXe s.).
Loc. Ficheicher la paix (à qqn). Laisser (quelqu'un) tranquille. — Si la Ligue des Droits de l'Homme veut avoir la paix, qu'elle commence par nous la fiche (PÉGUY, Argent, 1913, p. 1263). Vous avez le don de me porter sur les nerfs à un point que je ne saurais dire. Donc, fichez-moi la paix et que ça ne traîne pas. Je ne suis pas à la rigolade aujourd'hui, je vous en préviens (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, 2e tabl., 1, p. 60).
V.— Emploi pronom. [Avec un compl. introd. par de] Se moquer (de quelque chose, de quelqu'un). Ils se fichent de nous; on s'est fichu de leur figure. Vous ramassiez tout, jusqu'à la pièce de 40 sous, en vous fichant bien d'exposer à des privations deux petits enfants (BLOY, Journal, 1899, p. 295). — Je ne comprends pas du tout. À quoi ce petit bout de fossé peut-il servir? C'est se ficher du monde (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 144) :
3. « Quoi! Après tout on s'en fiche? » Mais il avait beau vouloir dire par là qu'après tout on se fichait des conséquences, il est probable qu'il ne s'en fichait pas tant que cela...
PROUST, Temps retr., 1922, p. 822.
Loc. Se ficheicher de qqc. comme de l'an quarante, de colin-tampon, de sa première chemise, d'une guigne. N'avoir cure de quelque chose. (Dict. XXe s.).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1932, s.v. ficher. Les 2 formes ds DUB. et Lar. Lang. fr. Étymol. et Hist. 1. 1695 pronom. « se moquer de » (GHÉRARDI, Le Théâtre italien [t. V, p. 459, VI, p. 310]); 2. av. 1834 « ne pas se tourmenter » (BÉRANGER, On s'en fiche ds LITTRÉ). V. ficher1.
STAT. — Ficher1, 2 et 3. Fréq. abs. littér. :1 190. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 243, b) 1 253; XXe s. : a) 3 646, b) 1 999.
Bbg. ORR (J.). Qq. étymol. scabreuses. Archivum linguisticum. 1950, t. 1, pp. 52-73. — PAULI 1921, p. 46. — QUEM. DDL t. 1, 5.

1. ficher [fiʃe] ou fiche [fiʃ] v. tr.
ÉTYM. 1120; du lat. pop. figicare, puis ficare, de figere « attacher, fixer »; Guiraud suppose un dér. de fictus, p. p. de figere « fixer ».
———
I (Au p. p. fiché). Vieilli. Faire pénétrer et fixer par la pointe. Planter. || Ficher un pieu en terre. || Ficher un clou dans un mur. Clouer, enfoncer.
1 (Les Romains) ne savaient compter leurs années qu'en fichant des clous dans une muraille par la main de leur grand-pontife.
Voltaire, Dict. philosophique, Histoire, II.
1.1 (…) il a mis des guêtres et fiché une fausse perle dans sa cravate (…)
R. Queneau, le Chiendent, p. 255.
Au p. p. (Plus cour.) :
2 Des piquets, fichés obliquement en terre, relèvent les portes des tentes (…)
Jérôme et Jean Tharaud, Rabat, VIII, p. 167.
Par ext., vx. Introduire, mêler, mettre.
3 (…) nous fichons quelquefois de l'italien dans nos lettres (…)
Mme de Sévigné, 475, 8 déc. 1675.
Fig. || Avoir les yeux fichés en terre, fichés sur quelque chose : avoir les yeux baissés vers la terre, les avoir fixement arrêtés sur quelque chose.
4 Mais, comme il marchait la tête basse et les yeux fichés en terre, il sentit quelqu'un qui lui tapait sur l'épaule (…)
G. Sand, la Petite Fadette, VIII.
Pron. || La flèche alla se ficher dans l'arbre.
5 Pendant qu'un jeune prince parcourt les sentiers hérissés de buissons, une épine aiguë se fiche dans son pied.
Fénelon, Œuvres, t. XIX, p. 467.
———
II
1 (V. intr., ficher « avoir des rapports sexuels », XVIe, Béroalde de Verville, in Guiraud, Dict. érotique; cf. ficheuse « femme de mauvaise vie », in Godefroy; ficherie, Béroalde de Verville, in Huguet). Vx. Pénétrer, lors d'un rapport sexuel. Foutre. — ☑ Loc. fam. Mod. Envoyer quelqu'un se faire fiche : l'envoyer promener, paître. Mettre (se faire mettre), voir (se faire voir).Va te faire fiche.REM. Cette loc. n'est plus sentie comme obscène, et se rattache consciemment au sens 3.
2 (Au p. p. fichu, 1611; des deux infinitifs ficher et fiche, le second est le plus couramment utilisé aujourd'hui). Fam. et cour.
REM. Dans tous les emplois qui suivent, fiche peut être remplacé par foutre. Fiche est généralement présenté comme un euphémisme de foutre, mais J. Cellard et A. Rey (Dict. du français non conventionnel) considèrent que, le sens premier de foutre étant resté très vivant jusqu'au XIXe siècle, foutre, dans ses emplois figurés (1797), a été employé au contraire pour renforcer fiche, devenu anodin.
a (Dans des loc.). Fam. Faire.Il n'a rien à fiche. || Il ne fiche rien. || Qu'est-ce que tu fiches ici ? Branler. || Elle n'en a pas fichu lourd.Ils n'en fichent pas une datte, une rame, une secousse, un coup.J'en ai rien à fiche : ça ne m'intéresse pas, ça m'est complètement égal. Branler, foutre. || J'en ai rien à fiche de tes histoires.
5.1 (…) il appartient à la catégorie nombreuse, assez banale, qui s'intéresse à tout et ne fiche rien.
Colette, la Vagabonde, p. 88.
b Loc. Fiche (qqn) dedans : tromper, abuser (qqn). Avoir, baiser, mettre (dedans). || C'est ça qui l'a fichu dedans.Pron. || Il s'est fichu dedans. || Elle risque de se fiche dedans (→ ci-dessous, cit. 10.2).
c Loc. fam. (1750, Vadé « sur le champ le camp il fichit »; orig. obscure). Ficher le camp : s'en aller, partir; (fig.) se dégrader. Camp (I., A., 5.); → Foutre le camp. || Il ficherait le camp (→ Redoute, cit. 3).(Vieilli). || Fiche son camp.
5.2 (…) non, je regardais tout qui fichait le camp, dans cette sacrée toile (…)
Zola, l'Œuvre, p. 334.
6 Allez-vous-en, Soupe, fichez le camp !
Courteline, Messieurs les Ronds-de-cuir, 2e tableau, II.
d Ficher, fiche quelqu'un, quelque chose (suivi d'un compl. indiquant un lieu ou un état). Flanquer, mettre.Vx. || Ficher son chapeau par terre. Jeter, mettre.
Mod. || Il a fichu son poing sur la table. || Elle s'est fichu un chapeau à plume sur la tête. || Il s'est fichu des vieilles fringues.Fig. || Ils ont fichu le gouvernement par terre. Renverser. || Cela fiche par terre mes prévisions. Bouleverser. || Il a été fichu dehors, à la porte du lycée. Chasser, expulser. || Ça l'a fichue en colère. || Il fiche son argent par la fenêtre. — ☑ Fig. Se ficher le doigt dans l'œil : se tromper, se faire des illusions. Fourrer.
Pron.Se ficher par terre : tomber.Il s'est fichu à côté de moi : il s'est mis à côté de moi.
e Ficher, fiche quelque chose à quelqu'un : faire subir, faire profiter de quelque chose à quelqu'un. Donner. || Il a fichu une raclée à son fils. Flanquer. || Il va te ficher, te fiche des coups, une correction, une gifle. — ☑ Fig. Ça lui a fichu un coup : il a été très touché, ému.Ça me fiche la trouille, le cafard, le trac. — ☑ Ficher la paix (cit. 29). || Fiche-lui donc la paix.Qu'est-ce qui m'a fichu un mec pareil ?Je te fiche mon billet qu'il viendra. Parier; assurer. — ☑ Iron. Je t'en ficherai : je ne te donnerai plus de ces choses-là, puisque tu ne sais pas les apprécier.
7 D'ailleurs, tu feras bien d'obéir parce que, sans ça, je te ficherai une fessée (…)
Colette, Histoires pour Bel-Gazou, Le voyage.
8 La bagnole s'est fichue en l'air, juste à temps.
Bernanos, Monsieur Ouine, in Œ. roman., Pl., p. 1410.
9 Il s'était accoudé à une planche où il y avait des verres, un compotier; je ne sais pas comment il n'a rien fichu par terre.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 98.
10 Ces piles ! Ça me fiche le cafard ! (…)
A. Maurois, Bernard Quesnay, XXI.
10.1 Métier, dit le jeune homme, sans ça je vous fiche mon billet que je jouerais la fille de l'air, et sans attendre.
J. Giono, le Hussard sur le toit, p. 48.
Pron.Se ficher dedans : se tromper.
10.2 Je le reconnais : je me suis trompé, fichu dedans, fourré le doigt dans l'œil, tout ce que vous voudrez. Et pas à moitié. Du tout au tout.
Claude Simon, le Vent, p. 14.
Je t'en fiche [ʃtɑ̃fiʃ]  : détrompe-toi, ce n'est pas ce que tu crois.
10.3 Il part… bonne brise… vent arrière… est nord-est… dix nœuds à l'heure… qu'il aurait mouillé à Sumatra, en moins de deux mois si ça avait duré comme ça… mais je t'en fiche…
E. Labiche, la Perle de la Canebière, 4.
3 (1691, in D. D. L.). Se ficher de qqn, qqch. : se moquer de, ne pas prendre au sérieux. || Il se fiche de nous ! || Elle se fiche de son travail. Négliger.(1808). || Je m'en fiche : ça m'est égal. Foutre. || Il se fiche de tout. || Je m'en fiche et je m'en contrefiche.Il s'en fiche comme de sa première chemise, complètement. || Je m'en fiche pas mal.
11 Je me fiche de tes cadeaux. Tu me donnerais Paris, ce serait non, toujours non (…)
Zola, Nana, IX, p. 324.
12 — Ah ! çà, est-ce qu'ils se fichent de moi ? Il est déjà deux heures dix.
Zola, la Terre, III, VI.
12.1 « Quoi ! Après tout on s'en fiche ? » Mais il avait beau vouloir dire par là qu'après tout on se fichait des conséquences, il est probable qu'il ne s'en fichait pas tant que cela, car cette parole n'était suivie d'aucun mouvement pour entrer.
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 822.
13 (…) vous vous fichez pas mal de son bonheur, qui d'ailleurs ne vous regarde en aucune manière.
Colette, la Naissance du jour, p. 167.
14 J'ai mon article à finir avant ce soir. Il s'en fiche bien, l'animal !
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 9.
14.1 — Et je voulais t'annoncer une grosse nouvelle. Puisque je suis une idiote, je ne te l'annoncerai pas (…)
— Tu peux la garder, ta nouvelle, dit-il. Je m'en fiche pas mal.
Cocteau, les Enfants terribles, p. 41.
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fichu, ue p. p. adj.
ÉTYM. (1611).
Familier.
1 Détestable, mauvais. || Il a un fichu caractère. Insupportable. || C'est une fichue idée que vous avez eue là. Drôle, fâcheux. || Fichu temps ! || Fichu métier ! Maudit. || Une fichue bête ! Sale. || C'est un fichu menteur. Sacré.
15 (…) ce diable de Docteur, et de toute sa fichue doctrine (…)
Molière, la Jalousie du Barbouillé, 9.
16 (…) je maudis la fichue idée que j'ai eue de venir ici (…)
Gide, Journal, 20 févr. 1943.
2 (Av. 1695). Dans une fâcheuse situation. || Il n'en a plus pour longtemps, il est fichu. Condamné, perdu. || L'affaire est fichue. || Mon costume est fichu.C'est de l'argent fichu.
17 (…) si maintenant je soumets à trop de contrôle le tout venant primesautier, tout est fichu. C'en est fait du laisser-aller, de l'abandon.
Gide, Ainsi soit-il, p. 127.
3 (1640). Arrangé, mis dans un certain état.Il est fichu comme quatre sous, comme l'as de pique.
Mal fichu : un peu malade, souffrant; contrefait, difforme.
4 (1872). Capable de. Foutu (de). || Il n'est pas fichu de gagner sa vie. || Elle est fichue de nous faire entrer dans un arbre, en conduisant comme ça !
DÉR. Fichaise, fichant, 1. fiche, fichoir, fichtre. V. 2. Fichu.
COMP. Afficher, contreficher (se), infichu, surficher.
HOM. 2. Ficher. (Du p. p. adj.) 2. Fichu.
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2. ficher [fiʃe] v. tr.
ÉTYM. 1934, in D. D. L.; de 1. fiche.
Mettre sur une fiche, sur des fiches (classées dans un fichier). || Ficher un renseignement (d'ordre administratif, médical, anthropométrique, etc.). Répertorier.Par ext. || Ficher une personne, établir une fiche à son nom (conservée dans un fichier). || Entreprise où les employés sont fichés. || Être fiché dans les services de la police.
0 À vingt ans, il est « fiché » par l'armée « individu dangereux, tireur d'élite ».
Claude Roy, Nous, p. 47.
DÉR. Fichage.
HOM. 1. Ficher.

Encyclopédie Universelle. 2012.