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fendre

fendre [ fɑ̃dr ] v. tr. <conjug. : 41>
Xe; lat. findere
I
1Couper ou diviser (un corps solide), le plus souvent dans le sens de la longueur. Fendre du bois avec une hache. Fendre une bûche en deux. Fendre un diamant, de l'ardoise. cliver, diviser; fendage. Geler à pierre fendre. Il s'est fendu le crâne en tombant. s'ouvrir. Fam. Se fendre la pipe, la gueule, la pêche, la poire : rire aux éclats. « on est une bande de jeunes, on s'fend la gueule » (Coluche).
Fig. Fendre le cœur, l'âme : faire éprouver un vif sentiment de chagrin, de pitié. « Tu me fends le cœur » (Pagnol, « Marius »). affliger, désoler. Sa maîtresse « poussait des cris à fendre l'âme » (Gautier).
2Pénétrer en coupant. Le coutre de la charrue fend la terre. éventrer.
(1549) Littér. S'ouvrir un chemin à travers (un fluide). Le navire fend les flots, l'onde. sillonner. L'hirondelle fend l'air d'un vol rapide. Fam. Fendre la bise : aller très vite. — Cour. Fendre la foule pour se frayer un passage. 1. écarter.
II
1 ♦ SE FENDRE v. pron. S'ouvrir, se couvrir de fentes. Sous l'effet du tremblement de terre, ce gros rocher s'est fendu. se disjoindre, s'entrouvrir, s'ouvrir. Un vieux mur qui se fend. se craqueler, se crevasser, se fendiller, se fissurer, se lézarder. Vase qui se fend. se fêler. Dans le feu, les châtaignes se fendent. éclater. Matière qui peut se fendre. fissile, scissile.
Fig. Se briser. « son cœur, à lui, se fendait de chagrin » (Sand).
2Escr. Porter vivement une jambe loin en avant pour toucher l'adversaire. « il se fendit comme un escrimeur » (Martin du Gard).
3(1846) Fam. Se fendre de : se décider à offrir, à payer. Il s'est fendu d'une bouteille. Absolt Il ne s'est pas fendu : ce cadeau n'a pas dû lui coûter cher.

fendre verbe transitif (latin findere, séparer) Couper, trancher une matière solide, en général dans le sens de la longueur : Fendre du bois avec une hache. Couper la peau, les lèvres, fracturer le crâne de quelqu'un : Il lui fendit la lèvre d'un coup de poing. Produire des fentes, des crevasses sur une surface : La sécheresse a fendu le sol. Procéder au fendage de l'ardoise. ● fendre (difficultés) verbe transitif (latin findere, séparer) Conjugaison Comme vendre. ● fendre (expressions) verbe transitif (latin findere, séparer) Fendre la foule, se frayer brutalement un chemin à travers la foule. Fendre l'air, fendre le vent, avancer très vite. Fendre le cœur, fendre l'âme, exciter un sentiment très vif de compassion. Littéraire. Fendre la mer, avancer très vite dans l'eau. Geler à pierre fendre, geler très fort. ● fendre (homonymes) verbe transitif (latin findere, séparer)fendre (synonymes) verbe transitif (latin findere, séparer) Couper, trancher une matière solide, en général dans le sens...
Synonymes :
- cliver
- tailler
- trancher
Produire des fentes, des crevasses sur une surface
Synonymes :
- craqueler
- crevasser
- fendiller
- fissurer
- gercer
- lézarder
Fendre la foule
Synonymes :
- écarter
- ouvrir
- percer

fendre
v.
rI./r v. tr.
d1./d Couper, diviser (un corps solide), généralement dans le sens longitudinal. Fendre du bois.
d2./d Ouvrir un sillon, un chemin dans (le sol, un fluide). La charrue fend la terre. Frégate qui fend l'air et les eaux.
Par anal. Loc. Fendre la foule.
d3./d Loc. fig. Fendre le coeur, l'âme: faire ressentir un grand chagrin. Cela me fend le coeur de l'abandonner.
rII./r v. Pron.
d1./d Se diviser, se couvrir de fentes. Le sol se fend sous l'action de la sécheresse.
d2./d SPORT En escrime, se porter en avant par déplacement du pied avant et extension de la jambe opposée.

⇒FENDRE, verbe trans.
A.— [Le suj. désigne une pers. ou, p. méton., un instrument]
1. [L'obj. désigne un animé ou un inanimé concr.] Séparer (le plus souvent par un coup, un choc) partiellement ou totalement un corps en plusieurs parties, généralement dans le sens de la longueur. Fendre des bûches. Ses poings serrés semblaient déjà fendre les cailloux rebelles (ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 150). Il ne se ménageait plus, au risque de fendre les enclumes en deux (ID, Assommoir, 1877, p. 555). Il fendait en quartiers des billes de chêne d'un mètre de long (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 32). V. coin ex. 1 et engager ex. 5 :
1. Là aussi la porte est fermée. Pourtant, il y a un billot où on a fendu du bois à la hache. Il y a des entailles fraîches dans le billot et des copeaux frais dans l'herbe...
GIONO, Regain, 1930, p. 97.
Fendre la terre. Bêcher, labourer. Le reste du soleil dans mes champs je le passe (...) à fendre avec la bêche un sol dur (LAMART., Jocelyn, 1836, p. 706).
Emploi pronom. réfl. à sens passif et emploi intrans. Ce bois fend mal. Les bois qui se fendent le mieux [sont] le tremble, le sapin (Al. BRONGNIART, Arts céram., t. 1, 1844, p. 214) :
2. Ils s'avancent sur le chemin semé de feuilles d'ardoises que le vent y a transportées et elles se sont fendues par le milieu en retombant, ayant des fibres comme du bois.
RAMUZ, Derborence, 1934, p. 48.
2. [L'obj. désigne une pers. ou une partie du corps humain]
a) [Même sens que A 1] Moi, je suis d'avis de lui ficher un grand coup d'épée qui le fendra de la tête à la ceinture (JARRY, Ubu, 1895, I, 7, p. 44). Joseph, se précipitant sur lui, d'un coup de poing lui fendit les lèvres et lui cassa cinq dents (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 377). Un coup de matraque, qui lui avait fendu le crâne (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 112) :
3. Je la [la bêche] pris, je revins; je la levai comme une massue et, d'un seul coup, par le tranchant, je fendis la tête du pêcheur. Oh! il a saigné, celui-là!
MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Fou, 1885, p. 1016.
) Emploi pronom. réfl. indir. Se blesser, se faire une fracture ou une plaie à. Se fendre le genou, la lèvre. Mais, dit-elle, s'il allait tomber de son haut, et se fendre le crâne à quelque meuble! (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 313).
) Loc. verbales fig., fam.
Fendre la tête à qqn. Lui donner mal à la tête, le fatiguer par un bruit ou des propos importuns. Synon. assommer, casser la tête. Le carillon des vêpres m'a fendu le crâne pour toute l'après-dînée (MUSSET, Caprices Mar., 1834, II, 1, p. 157).
Fendre l'âme, le cœur. Causer une vive douleur morale; exciter la compassion. Un petit garçon qui se désolait à fendre l'âme (E. DE GUÉRIN, Journal, 1835, p. 42). Quand je t'ai vue, l'autre soir, pleurer si abondamment, ta désolation me fendait le cœur (FLAUB., Corresp., 1863, p. 123).
Pousser des soupirs à fendre l'âme :
4. Flip, qui n'avait cessé de pleurnicher, se mit soudainement à brailler et Fons et Peer l'imitèrent, poussant des sanglots à fendre l'âme.
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 259.
Emploi pronom. réfl. Mon (ton, son, etc.) cœur se fend et emploi trans. indir., vieilli, le cœur me fend. J'éprouve une grande compassion, une grande tristesse. Quand elle [Gervaise] lui [à Lalie] portait des restants de viande en cachette, elle sentait son cœur se fendre, en la regardant avaler avec de grosses larmes silencieuses, par petits morceaux, parce que son gosier rétréci ne laissait plus passer la nourriture (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 694). Si j'eusse été seul, je l'aurais embrassée, cette petite servante qui sanglotait près de moi et que secouait la douleur. Mon cœur se fendait de l'entendre (GIDE, Journal, 1890, p. 15). Monsieur... vous savoir jeûner... le cœur me fend (ROSTAND, Cyrano, 1898, I, 4, p. 49).
Emploi pronom. réfl. indir., pop. Se fendre (le cul) en quatre. Se donner beaucoup de mal. Synon. pop. se casser le derrière, le tronc.
Fendre un (les) cheveu(x) en quatre. Ergoter sur quelque chose. Synon. usuel couper les cheveux en quatre. Nous fendions les cheveux en quatre et nous tournions des pensées avec une subtilité extraordinaire (MÉRIMÉE, Lettres Mme de Beaulaincourt, 1870, p. 7).
b) P. ext. Écarter, ouvrir largement. Il prit le parti de rire, d'un rire énorme qui lui fendait les mâchoires (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 16). Un rire d'allégresse fendait sa bouche jusqu'aux oreilles (FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 120).
Emploi pronom. réfl. Se fendre en. Quand je me nommai, la bouche de Boutin se fendit en éclats de rire comme un mortier (BALZAC, Chabert, 1832, p. 50).
Emploi pronom. réfl. indir., pop. Se fendre la pêche, la pipe. Rire aux éclats. Les mômes ils se fendaient bien la gueule de l'entendre encore brailler (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 627).
Rire à se fendre les mâchoires. Rire à se disloquer les mâchoires. Lapoulle en riait à se fendre les mâchoires (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 82).
Emploi pronom. à sens passif. Offrir un écartement. Se fendre en. Le menton se fendait en deux plis de graisse (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 10). La pâleur mate de la physionomie, où des yeux d'une acuité extraordinaire se fendaient en amande (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 146).
3. Arg. milit., au fig. Fendre l'oreille à qqn. Briser sa carrière, le mettre à la retraite contre sa volonté (par allusion à l'usage ancien de fendre l'oreille aux chevaux réformés de l'armée) :
5. ... je n'ai point de grâces à rendre aux Bourbons, qui m'ont fendu l'oreille, privé de mes commandements, après m'avoir fait courir de camp en camp, cinq ou six années.
ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 428.
B.— P. ext. [Le suj. désigne gén. un élément naturel]
1. Provoquer des crevasses, des fissures. Synon. disjoindre, faire éclater. Du vieux poirier qui semble mort Aucun bourgeon ne fend l'écorce (BOUILHET, Dern. chans., 1869, p. 262). Ils aperçurent qu'une des vitres (...) était fendue dans toute sa longueur (ROMAINS, Copains, 1913, p. 129). Ces pierres que le soleil cuit, que le gel fend (SARTRE, Nausée, 1938, p. 196) :
6. ... le soleil était brûlant, aigu, un de ces soleils qui fouillent la terre et la font vivre, qui fendent les graines pour animer les germes endormis, et les bourgeons pour que s'ouvrent les jeunes feuilles.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Chats, 1886, p. 1059.
Loc. Geler à pierre(s) fendre. Geler très fort. Cette année-là, décembre et janvier furent particulièrement durs. Il gelait à pierre fendre (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 543). Il faisait un froid à fendre les dolmens (MAUPASS., Contes et nouv., Bapt., 1885, p. 575).
Emploi pronom. à valeur passive. Un verre qui se fend pour avoir été rempli d'eau trop chaude (AMIEL, Journal, 1866, p. 137). Les sommiers de chêne qui soutiennent les grosses cloches se sont fendus, si bien que Louis a peur qu'ils ne s'effondrent (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 224) :
7. La terre avait soif. Elle se fendait par places, entr'ouvrant, au creux des sillons, de larges crevasses dans l'argile desséchée.
MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 234.
Au fig. Soupirer, pousser des soupirs à fendre les pierres. Dame Léonarde (...) parut (...) poussant des soupirs à fendre le roc (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 122). Nous pleurons et nous saignons. Roi, cela fendrait des pierres (HUGO, Légende, t. 3, 1877, p. 258).
2. Littér. Former une séparation. La baie qui fend la colline et par laquelle on voit tout notre pays jusqu'à Digne (GIONO, Colline, 1929, p. 60). Au delà de la ville basse, New-York est fendu dans toute sa longueur par un certain nombre d'avenues (MORAND, New-York, 1930, p. 111).
C.— P. anal.
1. Se frayer un passage à travers un fluide. Le vaisseau à vapeur fend la vague sans s'informer du caprice des vents et des mers (MICHELET, Introd. Hist. univ., 1831, p. 404). L'aigle qu'ils avaient vu tournoyer sur l'abîme fendait maintenant l'air d'un trait calme et sublime (LAMART., Chute, 1838, p. 917). Le projectile fendit l'air avec un ronflement léger (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 299).
2. En partic. Fendre la foule, la presse. S'y frayer un passage avec effort. Cette jeune fille qui, voyant marcher à la mort le roi Charles Ier, fendit la presse des curieux indifférents (SAND, Lélia, 1833, p. 35). Il n'avait pas à fendre la foule du mouvement impatient de ses coudes. Elle s'écartait à son approche (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 28).
D.— Emploi pronom. spécifique
1. ESCR. Porter vivement une jambe en avant en laissant l'autre en place. Il s'élança sur un des hommes qui s'était trop fendu pour lui porter ce coup d'épée, il le tua d'un coup de dague dans la figure (STENDHAL, Abbesse Castro, 1839, p. 204). Soudain, le bras raide, il se fendit comme un escrimeur (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 10). Le développement naît du déploiement du bras suivi de la fente. On se fend par extension de la jambe arrière, pied à plat, tandis que le pied droit se porte en avant au maximum, sans écrasement (Jeux et sp., 1968, p. 1434).
P. anal., SKI. Un skieur qui se fend pour tourner avec le ski extérieur ferait rire les virtuoses du « christiania coulé » (Comment parlent sportifs ds Vie Lang., 1953, p. 139).
2. Au fig. et pop. Se fendre de. Acquérir ou donner quelque chose en se gênant. Je me fends d'un supplément!... Victor, une troisième confiture! (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 549). Je me serais même fendu d'un haut de forme s'ils avaient seulement insisté... pour leur faire un grand plaisir (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 291) :
8. ... Armand fut aveuglé de confetti ramassés par terre. C'était pas propre, mais les types n'avaient pas de quoi se fendre de neufs, à cinq sous le sac.
ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 165.
REM. 1. Fend-le-vent subst. masc., région. (Canada). Synon. de fendant (v. ce mot A). Je la trouve folle à mener aux loges, elle, de verser des larmes pour un fend-le-vent qui prenait son argent et qui allait le boire avec des rien-de-drôle (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 268). 2. Fendif, adj. Qui se fend trop facilement. On se décida pour le sapin, bois un peu « fendif », suivant l'expression des charpentiers, mais facile à travailler (VERNE, Île myst., 1874, p. 301).
Prononc. et Orth. :[], (je) fends []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Mil. XIe s., ici en emploi intrans. « se déchirer, se diviser » (Passion, éd. D'A. S. Avalle, 328); 2. ca 1100 fig. Si grant doel ad que par mi quiet fendre (Roland, éd. J. Bédier, 1631); ca 1165 A poi que li cuers ne li fant (G. d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 862); 3. a) 1168-91 [li oel] Riant et veir de cler fandu (CHR. DE TROYES, Perceval, éd. F. Lecoy, 1819); b) 1694 équit. homme bien fendu (Ac.); 1835 escr. Fendez-vous (Ac.); 4. ca 1306 fendant les ondes (G. GUIART, Royaux lignages, éd. N. de Wailly et L. Delisle, 9984). Du lat. findere « fendre, séparer, diviser ». Fréq. abs. littér. :1 003. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 285, b) 1 849; XXe s. : a) 1 731, b) 1 135. Bbg. ARVEILLER (R.). R. Ling. rom. 1975, t. 39, p. 207. — QUEM. DDL t. 1, 5, 7.

fendre [fɑ̃dʀ] v. tr. [CONJUG. rendre.]
ÉTYM. Fin Xe; du lat. findere « fendre, séparer, diviser ».
1 Couper ou diviser (un corps solide), le plus souvent dans le sens de la longueur. || Fendre du bois avec une hache, un coutre, un merlin (→ Bois, cit. 35). || Fendre des bûches en deux avec un coin de fer ou de bois, un ébuard (→ Cogner, cit. 1). || Fendre un diamant, de l'ardoise. Cliver, diviser; fendage. || Le soleil a fendu le sol. Gercer. || Froid rigoureux qui fend les pierres.Geler à pierre fendre, très fort. || Il lui a fendu le crâne d'un coup de sabre. Tuer.
1 Je vais te fendre en deux, comme les chevaliers du temps passé fendaient les géants qu'ils rencontraient.
A. R. Lesage, le Diable boiteux, 7.
2 Le jour du départ, (il) faisait un froid à pierre fendre (ce fut… le grand hiver de 1789 à 1790), il y avait un pied de neige sur la place Grenette.
Stendhal, Vie de Henry Brulard, V.
3 Il regretta d'avoir quitté son champ, il se mit à fendre du bois devant la porte, histoire de s'occuper.
Zola, la Terre, V, I.
Il s'est fendu le crâne en tombant.
Fam. Se fendre la pipe, la pêche, la gueule : rire aux éclats; s'amuser. Tordre (se); → 1. Pêche, cit. 4; 1. pipe, cit. 2.1.
3.1 L'abandon de Formose par eux impliquerait-il à vos yeux celui de la Sibérie par les Russes ? Il y a plus de terres libres au Nord que dans l'Asie du Sud-Est. Le maréchal rit. L'expression se fendre la gueule lui convient à merveille.
Malraux, Antimémoires, Folio, p. 504.
(1892). Se fendre l'oignon : pleurer.
Loc. fig. (vieilli). Fendre la tête à qqn : le fatiguer en faisant un grand vacarme, en le harcelant de questions ou de reproches. Casser (→ Apprêter, cit. 2).
Fendre le cœur, fendre l'âme de qqn, à qqn : faire éprouver un vif sentiment de pitié, de compassion, d'affliction, de chagrin. Crever (le cœur). || Ce spectacle me fend le cœur (cit. 33 à 47).
4 Mamie, vous me fendez le cœur.
Molière, le Malade imaginaire, I, 7.
5 Sa maîtresse, qui assistait au départ, poussait des cris à fendre l'âme (…)
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 38.
Loc. fig. (vieilli). Fendre l'oreille à qqn, briser sa carrière, le mettre à la retraite contre sa volonté. Chasser, limoger, renvoyer.
REM. Cette locution vient de l'usage ancien de fendre l'oreille aux chevaux réformés de l'armée.
6 (…) et moi je ne suis plus qu'une vieille bête à laquelle on va fendre l'oreille.
A. Maurois, les Discours du Dr O'Grady, VI, p. 71.
Loc. Vx. Fendre un cheveu, fendre les cheveux en quatre. Couper (cit. 8).
2 (Sujet n. de chose). Pénétrer (une matière) en coupant. || Le coutre de la charrue fend la terre.
(1549). Littér. S'ouvrir un chemin à travers un fluide. || Le navire fend les flots, fend l'onde. Naviguer, sillonner. || L'hirondelle fend l'air d'un vol rapide (→ Air, cit. 17; albatros, cit. 2). || Cheval qui fend l'air. Courir (→ Étalon, cit. 1). || Un éclair fendit la nue. Déchirer, traverser (→ Allumer, cit. 17).
7 Légers vaisseaux de l'Ausonie, fendez la mer calme et brillante !
Chateaubriand, les Martyrs, XXIII.
8 Tous les jours aussi, je me rencontrais dans la baie azurée avec une jeune fille anglaise, dont le corps délié fendait l'eau verte auprès de moi.
Nerval, les Filles du feu, Octavie.
9 Je pris mon vol dans la nuit, fendant l'air d'une course si rapide qu'aucun être humain n'eût pu m'atteindre.
Loti, Aziyadé, II, V.
Loc. (Vx). Fendre le vent : s'échapper. — ☑ Fendre la bise : courir très vite.N. m. || Un fend-la-bise.
Loc. mod. Fendre la foule pour se frayer un passage. Écarter; pénétrer (à travers); → Auditeur, cit. 1.
10 Louis, sans prendre le temps d'interroger personne, fendit les groupes et poussa la porte.
G. Duhamel, Salavin, Tel qu'en lui-même, XXVI.
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se fendre v. pron.
1 Pron. passif. Se couper, se diviser. || Le sapin est un bois qui se fend facilement.
2 Pron. réfl. S'ouvrir, se couvrir de fentes. || Sous l'effet du tremblement de terre ce gros rocher s'est fendu. Disjoindre, entrouvrir (s'), ouvrir (s'). || Ce vieux mur se fend. Craqueler (se), crevasser (se), lézarder (se). || Vase qui se fend. Fêler (se). || Dans le feu les châtaignes se fendent. Éclater. || Matière qui peut se fendre. Fissile, scissile.
11 La terre se fendait de toutes parts : l'herbe était brûlée; des exhalaisons chaudes sortaient du flanc des montagnes (…)
Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie, p. 61.
11.1 Quand il voit un homme et une femme qui se promènent dans quelque allée de platanes, il sent son corps se fendre en deux de bas en haut, et chaque partie nouvelle aller étreindre un des promeneurs; mais ce n'est qu'une hallucination (…)
Lautréamont, les Chants de Maldoror, Pl., p. 94.
Fig. Se briser. || Cœur qui se fend de tristesse.
12 (…) son cœur, à lui, se fendait de chagrin.
G. Sand, la Petite Fadette, XV.
3 Pron. réfl. Escr. Porter vivement une jambe loin en avant pour toucher l'adversaire.
12.1 Jussac, voulant en finir, porta un coup terrible à son adversaire en se fendant à fond; mais celui-ci para prime, et tandis que Jussac se relevait, se glissant comme un serpent sous son fer, il lui passa son épée au travers du corps. Jussac tomba comme une masse.
A. Dumas, les Trois Mousquetaires, t. I, p. 73.
13 Et, soudain, le bras raide, il se fendit comme un escrimeur, pour écraser sur un point très précis de la toile une touche de lumière, une seule.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 11.
Par anal. || Skieur qui se fend.
4 Pron. réfl. (1846). Fam. || Se fendre de… : se décider à donner, à payer. || Il s'est fendu d'une bouteille. || Ce cadeau n'a pas dû le ruiner, il ne s'est vraiment pas fendu. Avare.
13.1 À l'annulaire de la main ridée (…) je l'ai bien reconnu, le diamant en tourbillon dont se fendit mon père voilà un bon demi-siècle (…)
Hervé Bazin, Cri de la chouette, p. 13.
14 (…) je vous paye un exemplaire de ce groupe mille écus. Oh ! oui, sapristi ! mille écus, je me fends !
Balzac, la Cousine Bette, Pl., t. VI, p. 337.
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fendu, ue p. p. adj.
ÉTYM. (XIIIe).
1 Coupé. || Arbre fendu (→ Étançonner, cit.). || Du bois fendu.
14.1 Quatre petits poulets fendus par moitié, frappés du plat de la hachette.
Colette, la Naissance du jour, p. 60.
2 Qui présente une fente. || Montagne fendue (→ Crever, cit. 40). || Jupe fendue derrière. || Vêtement fendu (→ Caleçon, cit. 2).
3 Qui présente une lézarde, une fêlure. || Marbre fendu. Fêlé.
4 Ouvert en longueur comme une fente. || Bouche fendue jusqu'aux oreilles. || Yeux fendus en amande. || Un homme bien fendu, qui a les cuisses et les jambes longues. || Pétale fendu. Bifide.
15 (…) sa bouche, excessivement fendue, était surmontée de deux crocs de moustache (…)
A. R. Lesage, le Diable boiteux, I.
16 Ses yeux étaient obliques, mais admirablement fendus (…)
Mérimée, Carmen, II.
17 (…) pour que le caporal Gilieth se paie (…) des rafraîchissements pour la gueule. Car vous avez tous de grandes gueules, légionnaires. Toi, comme les autres (…), tu as la gueule fendue et la pente bien faite…
P. Mac Orlan, la Bandera, p. 165.
COMP. Pourfendre. — Refendre.
DÉR. Fendage, 1. fendant, 2. fendant, fenderie, fendeuse, fendiller, fendoir, fente. — (De fendu) Fendart.

Encyclopédie Universelle. 2012.