Akademik

fatal

fatal, ale [ fatal ] adj.
XIVe; lat. fatalis, de fatum « destin »
1Du destin; fixé, marqué par le destin. Le moment, l'instant fatal. fatidique. « Cette grande figure une et multiple, lugubre et rayonnante, fatale et sacrée, l'Homme » (Hugo). Un héros fatal, marqué par un destin malheureux.
2Littér. Qui est signe de mort ou qui accompagne la mort. « à la seule idée d'assister aux fatals apprêts, je sens un frisson de mort dans mes veines » (Balzac).
Qui donne la mort. Porter le coup fatal. mortel. Issue fatale.
3 ♦ FATAL À, POUR (qqn, qqch.) :qui entraîne inévitablement la ruine, qui a des conséquences désastreuses. ⇒ funeste, malheureux, néfaste. C'est une maladresse qui peut vous être fatale. « Il eût été fatal pour sa raison que je me mette à le contredire » (Céline). (Sans compl.) Un oubli fatal. Erreur fatale.
Choisi par le destin pour perdre, porter malheur. funeste. « L'œil câlin et fatal » (Baudelaire). Une femme fatale, une beauté fatale, qui attire irrésistiblement ceux qui l'approchent. ⇒ vamp. « Être à la fois femme fatale et amazone, épouse irréprochable et maîtresse adorée » (Maurois).
4Par ext. (fin XIXe) Qui doit arriver inévitablement. immanquable, inéluctable, inévitable, obligatoire. « Et il faut que ça arrive, c'est fatal » (Zola). forcé. « Le paupérisme est la conséquence fatale du capitalisme » (R. Gonnard).
⊗ CONTR. Favorable, heureux, propice.

fatal, fatale, fatals adjectif (latin fatalis, de fatum, destin) Qui doit nécessairement arriver ; inévitable : La guerre n'est pas fatale. Familier. Qui est prévu et qui ne manque pas d'arriver : Et après, l'entrée, le fatal gigot aux haricots. Qui entraîne des conséquences désastreuses, la ruine : Décision fatale à son entreprise. Qui entraîne la mort, qui est le signe de la mort : Porter un coup fatal. Se dit d'un sous-produit, valorisable ou non, qui est inévitablement généré dans le processus de production ou de transformation d'un bien. ● fatal, fatale, fatals (difficultés) adjectif (latin fatalis, de fatum, destin) Orthographe Masculin pluriel : fatals. Sens et emploi Fatal signifie « fixé d'avance par le sort, qui doit arriver inévitablement », et, par extension, « qui entraîne inéluctablement la ruine, la mort ». Ce sens étendu conduit à employer fatal dans des expressions telles que destinée fatale, destin fatal (= destin de qqn qui va à sa perte, à sa mort), lesquelles constituent des pléonasmes si l'on se réfère au sens premier du mot. Recommandation Dire plutôt pente, entraînement, enchaînement fatal ou destin, destinée funeste, tragique. ● fatal, fatale, fatals (expressions) adjectif (latin fatalis, de fatum, destin) Femme fatale, femme au charme irrésistible. ● fatal, fatale, fatals (synonymes) adjectif (latin fatalis, de fatum, destin) Qui doit nécessairement arriver ; inévitable
Synonymes :
- fatidique
- immanquable
- inéluctable
- inévitable
- nécessaire
- obligatoire
Qui entraîne des conséquences désastreuses, la ruine
Synonymes :
- funeste
- malheureux
- maudit
- néfaste
- nuisible
- pernicieux
Contraires :
- heureux
- propice

fatal, ale, als
adj.
d1./d Litt. Fixé par le destin.
d2./d Litt. Voué inexorablement à un destin tragique. Le héros fatal des romantiques.
|| Femme fatale, à la beauté envoûtante, et qui semble faite pour perdre les hommes.
d3./d Qui entraîne la perte, la ruine, la mort. Ce coup lui fut fatal.
d4./d Inévitable. Il a fini par se faire prendre, c'était fatal.

⇒FATAL, ALE, ALS, adj.
A.— Marqué par le destin.
1. Qui est soumis à l'accomplissement du destin. Le cours fatal des choses; être enchaîné par une force fatale. Si celle-ci [l'homosexualité] comporte des prédispositions congénitales, elle est loin d'être fatale, et des éducations absurdes en portent souvent la responsabilité (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 152) :
1. Il y eut un brusque affaissement en elle. Ses nerfs trop tendus se brisèrent, sa nature sèche et violente s'amollit. Déjà elle avait eu des attendrissements pendant les premiers jours du mariage. Ces attendrissements revinrent, comme une réaction nécessaire et fatale.
ZOLA, T. Raquin, 1867, p. 197.
Déesses fatales. Les Parques, qui filaient le temps accordé à chaque homme par le destin.
2. Qui est envoyé par le destin pour entraîner le malheur. Un amour fatal :
2. — Ah! ce fatal amour, qui me traîne à la tombe! mon cœur, mon pauvre cœur, pourquoi l'as-tu conçu? Tais-toi! meurs! pourquoi ne pas être restée dans cette triste indifférence, pleine de regrets, peut-être, mais insupportable et dont je ne souffrais plus?
GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 295.
Femme, beauté fatale. Envoyée par le destin pour perdre ou, plus communément, séduire ceux qui l'approchent. Comme elle [la Salomé de Luini] exprime bien la cruauté douce des femmes fatales (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 55). Cela me gêne, que la Duse aime ce rôle grossier de femme fatale. Serait-elle plus actrice que femme? (RENARD, Journal, 1905, p. 965).
Œil, air, regard fatal. Qui reflète le poids d'un destin malheureux. Est-ce qu'ils reviendront avec leurs habits rouges, Portant sur leur front morne et dans leur œil fatal La domesticité monstrueuse du mal? (HUGO, Légende, t. 2, 1859, p. 708). Vaudoyer à l'air ténébreux et fatal (GIDE, Journal, 1910, p. 306).
B.— Inscrit dans le temps.
1. Qui ne peut que se produire; qui doit arriver inévitablement. C'était fatal! Objectivement, il n'est pas prouvé que le monde doive devenir américain ou russe. — À plus ou moins longue échéance, c'est pourtant fatal (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 35) :
3. Deux ans s'étaient passés, dans cette vie active et monotone des campagnes; et Rognes avait vécu, avec le retour fatal des saisons, le train éternel des choses, les mêmes travaux, les mêmes sommeils.
ZOLA, Terre, 1887, p. 146.
2. À quoi l'on doit s'attendre; auquel on n'échappe pas. — Je ne suis pas fâché que nous ayons évité le fatal voyage de noces. Je n'aime pas ce qui nous rapproche du mariage de tout le monde (CHARDONNE, Épithal., 1921, p. 175) :
4. Après notre repas qui, outre l'inévitable omelette et le veau fatal, se composa en grande partie des fraises de la petite fille, nous montâmes dans nos appartements.
FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 327.
C.— Marqué par la mort.
1. Qui entraîne la mort. Le bourreau lui passa [à Musdoemon] le fatal nœud coulant autour du cou (HUGO, Han Isl., 1823, p. 555) :
5. ... plusieurs se passant au cou un lacet fatal s'attachent aux cornes des bœufs, et s'étranglent en se faisant traîner misérablement.
CHATEAUBR., Martyrs, t. 1, 1810, p. 302.
2. Qui annonce la mort. Tout-à-coup l'heure fatale vient à frapper (CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 269) :
6. Tels, vers l'affreux nocher [Charon] ils [les morts] étendent les mains,
Implorent l'autre bord. Lui, dans ses fiers dédains,
Les admet à son gré dans sa fatale barque.
DELILLE, Énéide, 1804, p. 241.
3. Dont les conséquences mènent inexorablement à (la perte de quelqu'un, la ruine de quelque chose). Fatal à :
7. La société se meurt du suffrage universel. C'est, de l'aveu de tous, l'instrument fatal de sa ruine prochaine. Par lui, l'armée est enlevée à la soumission, à la discipline, au devoir.
GONCOURT, Journal, 1871, p. 827.
Rem. On rencontre ds la docum. le dér. fataliser, verbe trans. Rendre fatal; donner un air fatal à. Mlle Sarah Bernhardt use son charme et sa puissance poétique sur le personnage de Mrs Clarkson auquel elle a donné plastiquement une physionomie inoubliable, mais qu'elle fatalise et « mélodramatise » encore (A. DAUDET, Crit. dram., 1897, p. 61). L'instinct ne se contente pas de fataliser l'esprit humain où il s'introduit (L. DAUDET, Rêve éveillé, 1926, p. 143).
Prononc. et Orth. :[fatal]. Ds Ac. 1694-1932. Au plur. (rare) fatals. Mais comme pour banal, il y a parfois hésitation entre fatals et fataux qu'on rencontre au XVIe s. (cf. DUPRÉ 1972, p. 981). Étymol. et Hist. a) Av. 1380 « conduit par un destin inexorable » (BERS., T. Liv., ms. Ste-Gen., f° 421e ds GDF. Compl.); b) 1651 « qui entraîne inévitablement la ruine » (CORNEILLE, Nicomède, III, 2). Empr. au lat. class. fatalis « du destin, du sort; funeste, pernicieux » (de fari « prédire », fatum). Fréq. abs. littér. :2 776. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 6 169, b) 4 524; XXe s. : a) 3 173, b) 2 207. Bbg. PAULI 1921, p. 97. — SHORT (J.-P.). The Concept of fate in the tragedies of Racine. In :[Mél. Lawton (H. W.)]. Manchester, 1968, pp. 315-329.

fatal, ale, als [fatal] adj.
ÉTYM. XIVe; lat. fatalis, de fatum « destin ».
1 Vx ou littér. Du destin; fixé, marqué par le destin. || Se croire le jouet d'une puissance fatale. || Le moment, l'instant fatal, décisif. || Échéance (cit. 4) fatale. || Le cours fatal des choses, des événements. || Être entraîné par une force fatale (→ Bouillonnement, cit. 2).
1 Car tout homme dès le naître reçoit en l'âme je ne sais quelles fatales impressions, qui le contraignent (à) suivre plutôt son Destin que sa volonté.
Ronsard, la Franciade, Au lecteur apprentif.
2 La mort ne surprend point le sage (…)
Ce temps, hélas ! embrasse tous les temps (…)
(…) Il n'en est point qu'il ne comprenne
Dans le fatal tribut (…)
La Fontaine, Fables, VIII, 1.
3 Vous aimez. On ne peut vaincre sa destinée.
Par un charme fatal vous fûtes entraînée.
Racine, Phèdre, IV, 6.
4 (…) cette grande figure une et multiple, lugubre et rayonnante, fatale et sacrée, l'Homme (…)
Hugo, la Légende des siècles, Préface de la 1re série.
Un héros fatal, marqué par le destin.
4.1 Sa séduction sera implacable. S'il ne tenait qu'à moi, j'en ferais un héros fatal comme je les aime. Fatal, c'est-à-dire décidant du sort de ceux qui les regardent, médusés.
Jean Genet, Notre-Dame des fleurs, Folio, p. 39.
Loc. Les Déesses fatales : les Parques.
2 (Fin XIXe). Qui doit arriver inévitablement. Immanquable, inévitable, obligatoire. || Une conséquence fatale (→ Art, cit. 37; capitalisme, cit. 2). || C'était fatal !
5 — Et il faut que ça arrive, c'est fatal, comme qui dirait un caillou qu'on a lancé en l'air et qui retombe, forcément (…)
Zola, la Terre, IV, V.
Littér. Auquel le destin donne une importance décisive. || Époque, conjoncture fatale. || Le moment fatal qui devait le rendre à jamais heureux ou malheureux.
6 Prince, l'heure fatale est enfin arrivée
Qu'à votre liberté le ciel a réservée.
Racine, Bajazet, II, 1.
3 Littér. Qui est signe de mort ou qui accompagne la mort. || L'instant fatal. || Un diagnostic fatal (→ Aggravation, cit.). || L'urne fatale de Minos, la barque (cit. 10, 11) fatale de Caron.
7 La Reine touche presque à son terme fatal.
En vain à l'observer jour et nuit je m'attache :
Elle meurt dans mes bras d'un mal qu'elle me cache.
Racine, Phèdre, I, 2.
8 (…) à la seule pensée de monter avec lui sur la charrette des criminels, à la seule idée d'assister aux fatals apprêts, je sens un frisson de mort dans mes veines.
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 620.
(Avec des substantifs désignant un coup, ce qui sert à porter un coup). Qui tue, ou provoque la mort. Mortel. || Recevoir un coup fatal. || Arme fatale (→ Coucher, cit. 2).
8.1 Le 23, les Feuillants se portèrent à eux-mêmes le coup fatal, ils se marquèrent du signe de mort, celui de l'inégalité, se posant comme une assemblée distinguée, privilégiée, où l'on n'entrait point si l'on n'était citoyen actif (électeur des électeurs).
Michelet, Hist. de la Révolution française, V, XII, t. III, p. 233.
4 Marqué par le destin pour porter le malheur. Funeste (→ Arracher, cit. 7). || Un amour fatal (→ Acquérir, cit. 20; avant, cit. 28). || Un coup fatal. Sort (coup du sort; → Chance, cit. 1).Spécialt. || Une femme fatale, une beauté fatale, qui semble envoyée par le destin pour attirer irrésistiblement et perdre ceux qui l'approchent.
9 Dans des fauteuils fanés des courtisanes vieilles,
Pâles, le sourcil peint, l'œil câlin et fatal.
Baudelaire, les Fleurs du mal, Tableaux parisiens, « Le jeu ».
10 Se faire aimer sans se donner, être à la fois femme fatale et amazone, épouse irréprochable et maîtresse adorée, beaux rêves, mais qui ne s'intégraient pas au réel.
A. Maurois, Lélia, II, III.
10.1 Comme ce romancier disait que « toutes les femmes sont fatales », tout homme politique qui tient la barre est providentiel — ou fatal : c'est l'endroit et l'envers de la même monnaie.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 18.
5 (Mil. XVIIIe). || Fatal (à, pour…) : qui entraîne inévitablement la ruine, qui a des conséquences désastreuses. Funeste, malheureux, néfaste, nuisible. || Action, activité fatale à autrui, à soi-même (→ Amusement, cit. 2). || C'est une erreur qui peut vous être fatale. || Chose fatale à la santé (→ Exercice, cit. 7).(Sans compl.). || Un oubli fatal. || Erreur fatale.
11 Sans ce métier fatal au repos de ma vie,
Mes jours, pleins de loisirs, couleraient sans envie.
Boileau, Satires, II.
12 Je crains de vous compromettre (…) et je ne me pardonnerais pas une imprudence qui vous deviendrait si fatale (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre LXXXIV.
13 Si Napoléon, en ce moment-là même, eût songé à son infanterie, il eût gagné la bataille. Cet oubli fut sa grande faute fatale.
Hugo, les Misérables, II, I, X,
14 Je crois d'ailleurs qu'il eût été fatal pour sa raison que je me mette à le contredire dans l'état où il s'était mis.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 394.
CONTR. Favorable, heureux, propice.
DÉR. Fatalement, fatalisme, fataliste.

Encyclopédie Universelle. 2012.